Rhodes - Louvre

Transcription

Rhodes - Louvre
Dossier de presse
Exposition
Du 14 novembre 2014 au 9 février 2015
Espace Richelieu
Rhodes
Une île grecque aux portes de l’Orient.
Du XVe au Ve siècle avant J.-C.
Sommaire
Communiqué de presse
page 3
Autour de l’exposition
page 5
Préface
page 7
Introduction
page 8
Parcours de l’exposition
page 9
Regard sur quelques œuvres
page 13
Visuels disponibles pour la presse
page 17
Lettres des mécènes et partenaires
page 22
1
2
Communiqué de presse
Exposition
14 novembre 2014 9 février 2015
Rhodes, une île grecque
aux portes de l’Orient
Du XVe au Ve siècle av. J.-C.
Espace Richelieu, aile Richelieu
Célèbre dans le monde entier grâce au souvenir du Colosse,
l’une des sept merveilles du monde antique et de la présence des
chevaliers de Saint-Jean à l’époque médiévale, l’île de Rhodes, la
plus orientale des îles du Dodécanèse, fut dès l’Antiquité, un lieu
privilégié d’échanges entre l’Égée et l’Orient. Les quelques 380
œuvres réunies à l’occasion de cette exposition, en provenance
des musées de Rhodes, du British Museum, de Copenhague et du
Louvre, font découvrir la richesse de l’archéologie rhodienne
entre les XVe et Ve siècles avant J.-C. (de l’âge du bronze à la fin
de l’époque archaïque) en présentant les joyaux d’une
production très diversifiée en terre cuite, en or, en argent et en
bronze, en faïence et en verre, en pierre, en os et en ivoire...
Rhyton au poulpe. Paris, musée du Louvre
département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé
Lewandowski
Cette exposition bénéficie du généreux mécénat de la
Fondation Stavros Niarchos, de Louis Vuitton et du
soutien de l’entreprise Ipsen.
En partenariat avec l’Ambassade de Grèce en France
Informations pratiques
Lieu: Espace Richelieu, aile Richelieu
Horaires: Tous les jours de 9h à 17h30, sauf
le mardi. Nocturne les mercredis et vendredis
jusqu’à 21h30.
Tarifs: Accès avec le billet d’entrée au
musée : 12 €.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins
de 26 ans résidents de l’U.E., les enseignants
titulaires du pass education, les demandeurs
d’emploi, les adhérents des cartes Louvre
familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels
et Amis du Louvre, ainsi que le premier
dimanche des mois de septembre à mars.
Renseignements : www.louvre.fr
Direction des Relations extérieures
Anne-Laure Béatrix, directrice
Adel Ziane, sous-directeur de la communication
Sophie Grange, chef du service presse
Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient évoque d’abord
l’histoire des fouilles, menées par des archéologues français,
britanniques, danois, italiens et grecs. Un important travail sur les
archives a permis d’éclairer l’histoire méconnue des premières
fouilles franco-britanniques au XIXe siècle, notamment la
découverte du site de Camiros par l’artiste-photographe et
archéologue Auguste Salzmann.
L’ensemble des œuvres présentées nous invitent à la découverte de
la mixité culturelle de cette île du Dodécanèse, terre d’échanges en
Méditerranée orientale, les fouilles ayant mis au jour des
productions importées d’Egypte, du Levant ou d’un Orient plus
lointain (Syrie, Phénicie, Jordanie, Phrygie, Iran, Arménie…) dont
certaines vont jusqu'à associer des inscriptions grecques et
phéniciennes.
Les recherches sur l'art et l'artisanat rhodiens ont permis de souligner
l'importance des vases à parfum, en céramique, en verre et même, ce
qui est rare, en faïence, un artisanat lié d'ordinaire à l'Égypte et au
Levant. En raison de l'intensité des contacts avec la Méditerranée
orientale, Rhodes a aussi créé une orfèvrerie orientalisante très
originale, sans équivalent dans le monde grec.
Commissaires de l’exposition
Anne Coulié, conservatrice en chef au département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre et Melina
Filimonos-Tsopotou, directrice honoraire de la 22e Ephorie des
Antiquités (préhistoriques et classiques), Rhodes.
Contact presse
Christine Cuny
[email protected]
Tél. 01 40 20 51 42 / 06 22 84 55 52
3
Repères chronologiques
Âge du bronze (3200-1015 av. J.-C.)
On divise cet âge du bronze en trois périodes,
correspondant chacune à l’apogée de l’une de
ces trois zones géographiques :
- Le bronze ancien (3200-2000 av. J.-C.)
apogée de la civilisation des Cyclades (âge
Cycladique)
- Le bronze moyen (2000-1600 av. J.-C.)
apogée de la civilisation de la Crète (âge
Minoen)
Période dite « des premiers palais »
2100-1600: Minoen moyen
- Le bronze récent (1600-1050 av. J.-C.)
Apogée de la civilisation mycénienne, sur la
zone continentale du monde grec de l’âge du
bronze (âge Helladique)
Âge du fer (Xe-VIIIe siècle av. J.-C.)
Période orientalisante
VIIe siècle av. J.-C.
- Style protocorinthien 720-620
- Style des chèvres sauvages en Grèce de l’Est
Période archaïque
VIIe siècle av. J.-C.
- Céramique corinthienne
- Style de Fikellura
Période classique
480-323 avant J.-C.
Période hellénistique
323-31 avant J.-C.
Période romaine
31 avant J.-C. - 476 après J.-C.
Les différents styles de décors de
céramique :
Style des chèvres sauvages
Style animalier orientalisant ayant pour motif
de prédilection la chèvre sauvage. Il est
commun à plusieurs cités et îles de Grèce de
l’Est, avec Milet pour centre de production
principal.
Style de Vroulia
Style qui tient son nom du site de Vroulia, où
ont été découvertes des coupes présentant une
technique et un décor particuliers. Ce décor,
essentiellement floral (palmettes et lotus), est
incisé sur une surface vernie de couleur brune
et enrichi de rehauts rouges.
Style spaghetti
Appellation donnée par les archéologues
italiens à des vases de production rhodochypriote dont le décor se caractérise par des
traits sinueux et parallèles exécutés à l’aide
d’une brosse à poils multiples. Ces productions
des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C., largement
diffusées en Égée, en Grèce continentale, en
Étrurie et dans les colonies grecques
d’Occident, illustrent, comme les vases à
parfums corinthiens de la même époque,
l’essor du commerce de l’huile parfumée en
Grèce.
Auguste Salzmann, une
l’archéologie du XIXe siècle
figure
pionnière
dans
L’inauguration au Louvre d’une exposition sur Rhodes reflète le
souci d’articuler étroitement le programme des expositions aux
recherches sur ses collections. Partagées entre quatre départements
(les trois départements antiques et les Arts de l’Islam), les
collections « rhodiennes » du musée du Louvre proviennent, pour
l’essentiel, des fouilles conduites par Auguste Salzmann à Rhodes
ou dans ses environs entre 1859 et 1868.
Artiste peintre, dont les œuvres ont pratiquement disparu, mais qui
a exposé dans différents Salons entre 1847 et 1851 et dont une
toile, Les Colonnes, suscita en 1847 l’enthousiasme de la jeunesse
marseillaise ; dessinateur, notamment au cours du voyage en
Algérie qu’il effectua en 1847-1848 avec son ami Eugène
Fromentin, lequel croqua le portrait de son compagnon habillé en
Turc ; photographe médaillé en 1855 pour ses vues sur Jérusalem,
dont le talent est pleinement reconnu de nos jours ; poète qui s’est
illustré dans le conte oriental et dont Théophile Gautier salue les
dons littéraires ; architecte, qui entendait proposer une nouvelle
restitution du mausolée d’Halicarnasse, une des sept merveilles du
monde, et qui, fort de la réputation acquise à Jérusalem, en
compagnie de son ami Charles Mauss, chargé en 1862 de la
reconstruction de la coupole du Saint-Sépulcre, fut sollicité par les
autorités égyptiennes pour un programme de restauration et de
reconversion en musée de la mosquée du sultan Hassan au Caire,
un chef-d'œuvre architectural du XIVe siècle, Auguste Salzmann se
définit surtout comme un archéologue déterminé à servir la science.
Doté de compétences multiples rarement réunies en une seule
personne, Auguste Salzmann se distingue aussi de ses
contemporains par l’importance qu’il attache au contexte
archéologique, ainsi qu’à la restauration des objets, pour lesquels il
préconise dans une de ses lettres des méthodes de nettoyage qui
forcent l’admiration.
Tombé dans l’oubli du fait de sa mort prématurée survenue avant la
publication de ses travaux scientifiques, Salzmann est une figure
passionnante et méconnue de l’archéologie du XIXe siècle. Tout en
illustrant, de façon emblématique, le naufrage des sources, il
montre tout ce que l’étude des archives peut apporter à la
compréhension de son œuvre et des collections qu’il a mises au
jour. Bien que ses journaux de fouilles, ses photographies et ses
portefeuilles de dessins aient disparu, le dépouillement de trois
fonds d’archives a permis de revenir sur la chronologie et la
topographie des fouilles qu’il conduisit à Camiros, le premier site
archéologique à avoir été exploré à Rhodes au XIXe siècle. Les
informations recueillies dans la correspondance de Salzmann
s’avérèrent vite trop importantes pour que l’on puisse leur rendre
justice dans le seul catalogue de l’exposition. Le premier chapitre
d’un livre consacré à la céramique du style des chèvres sauvages,
un style révélé dans les fouilles de Camiros, se focalise sur
Salzmann, son apport à l’archéologie et sur les collections
rhodiennes du Louvre. Cet ouvrage accompagne une exposition
dossier « de Rhodes à Milet », conçue en marge de l’exposition
Rhodes, dont il fut le pourvoyeur.
Anne Coulié, conservateur au musée du Louvre
4
Autour de l’exposition
Actualité des collections/Présentation
« De Rhodes à Milet. La céramique du style des chèvres
sauvages (VIIe-VIe siècle avant J.-C.) »
Abondamment mise au jour à Rhodes, la céramique du style
des chèvres sauvages fut longtemps tenue pour une production
orientalisante locale. Des recherches récentes ont permis de
préciser le rôle de l’Ionie, notamment de Milet, dans la création de
ce style. Le Louvre doit l’essentiel de sa collection de vases
milésiens à Salzmann, qui identifia en 1859 le site
archéologique de Camiros. Conçue en marge de l’exposition
Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient, ce dossier
d’actualité présente, grâce à l’étude croisée du style, de la typologie
et des analyses d’argile, conduites au Centre de recherche et de
restauration des musées de France, une approche renouvelée des
ateliers de potiers et de peintres, actifs à Milet au VIIe et VIe
siècles avant JC.
Lieu : Antiquités grecques, aile Denon, salle d’actualité.
Publications
Catalogue de l’exposition
Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient. XVe - Ve siècle av.
J.-C., sous la direction d’Anne Coulié et de Mélina FilimonosTsopotou. Coédition Somogy/musée du Louvre éditions.
Avec le soutien de la Fondation A. G. Leventis et d’Arjowiggins
Graphic. Prix : 39 euros.
Catalogue de l’exposition sous la direction
d’Anne Coulié et de Melina FilimonosTsopotou. Coédition Somogy/ musée du
Louvre éditions.
Avec le soutien de la Fondation
A.G. LEVENTIS
et d’Arjowiggins Graphic.
L’île de Rhodes, célèbre pour son Colosse, l’une des sept
merveilles de l’Antiquité et pour la présence des chevaliers de Saint
Jean à l’époque médiévale, a occupé une position stratégique dans
le monde antique. Terre d’échange au croisement de nombreuses
routes maritimes, elle s’est nourrie de la rencontre des cultures
grecque, levantine, égyptienne et anatolienne. Elle présente le
visage , encore insuffisamment connu, de la Grèce d’Orient, ici
retracé aux périodes hautes de son histoire, de l’âge du bronze à
l’époque archaïque (XVe-Ve siècle avant J.-C.). Le catalogue de
l’exposition propose une synthèse inédite sur l’archéologie de l’île
de Rhodes, nourrie des contributions des archéologues et des
conservateurs des grands musées européens riches d’une
importante collection rhodienne. Il évoque l’histoire précoce et
continue des fouilles menées sur l’île, et souligne la richesse des
influences et des échanges au travers de somptueuses pièces de
céramique et d’orfèvrerie, bijoux, faïences, terres cuites, verres,
œuvres en calcaire et en albâtre. De splendides photographies
mettent en valeur des objets d’une surprenante beauté.
5
La Céramique archaïque de la Grèce de l’est : le style
des chèvres sauvages par Anne Coulié
Créature hybride jouant de la lyre
Calcaire, h. 17,2 ; l. 16,5 cm
Découverte : Lindos, acropole, « couches
archaïques »/ production : Chypre, 600-550 av. J.-C.
Acquise en 1942, don de la Fondation Carlsberg
© Copenhague, Musée national du Danemark
Avec la collaboration d’Anne Bouquillon, 208 pages, 44 euros,
coédition musée du Louvre éditions / Gourcuff Gradenigo.
L’originalité et la diversité de la céramique grecque, son
importance numérique dans les collections du département des
Antiquités grecques, étrusques et romaines, sont à l’origine de cette
collection qui, en alliant un commentaire savant et une abondante
illustration en couleurs, souhaite satisfaire tout à la fois l’exigence
de savoir de l’amateur ou du chercheur et le plaisir de l’œil.
Ce nouvel ouvrage qui porte sur la céramique archaïque de la Grèce
de l’Est, s’inscrit dans la lignée du premier volume, publié en 2011
par Martine Denoyelle et dédié aux vases paestans du IVe siècle av.
J.-C. L’examen stylistique et typologique, qui permet d’identifier
les mains de peintres et de potiers, mené de façon approfondie sur
les vases milésiens tardifs, postérieurs à l’œnochoé Lévy,
renouvelle l’étude de cette céramique. Les carrières des peintres
reconstituées par Anne Coulié ont pu être confrontées, ce qui est
rare, aux données archéométriques déjà publiées ou collectées entre
2006 et 2014 dans le cadre d’une collaboration fructueuse avec le
Centre de Recherche et de Restauration des musées de France
(C2RMF) : le présent ouvrage illustre à partir de cas précis et
complexes l’intérêt de croiser les différentes disciplines. Mais
l’auteur ne se contente pas d’une étude technique et stylistique, elle
s’attarde aussi sur l’histoire des collections. En dépit du naufrage
des sources qu’elle ne cesse de souligner, l’étude de première main
de plusieurs fonds d’archives d’une particulière richesse l’amène à
consacrer une grande part de cette monographie à Auguste
Salzmann, l’inventeur en 1859 du site de Camiros, auquel le musée
du Louvre doit sa belle collection d’antiquités rhodiennes.
Conférences
Présentation de l’exposition à l’Auditorium du Louvre
vendredi 14 novembre 2014 à 12h30
Par les commissaires de l’exposition : Anne Coulié, conservatrice
en chef au département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines du musée du Louvre et Melina Filimonos-Tsopotou,
directrice honoraire de la 22e éphorie des Antiquités (préhistoriques
et classiques).
Colloque au Goethe-Institut
Informations pratiques
Tarif : Public : 10 euros
Amis du CCHEL/Amis du Louvre :
5 euros.
Lieu : Goethe – Institut, 17 avenue
d’Iéna, 75116 Paris
Réservation par courriel :
[email protected]
par téléphone : 01 47 23 39 06
lundi 17 novembre 2014 de 14h à 18h30
« Rhodes dans l’Antiquité : L’Histoire des trois cités »
Ouverture du colloque par la Présidente du Centre Culturel
Hellénique, Mme Alexandra Mitsotaki
Interventions de :
Anne Coulié, commissaire de l’exposition du Louvre ;
Melina Filimonos-Tsopotou, directrice émérite de l’éphorie du
Dodécanèse et co-commissaire de l’exposition du Louvre ;
Kalliopi Baïrami, Toula Marketou, Maria Michalaki-Kollia et
Vassiliki Patsiada, archéologues.
6
Préface
Par Françoise Gaultier,
directrice du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du
Louvre
Nous nous réjouissons de voir présentée au musée du Louvre l’exposition « Rhodes, une île grecque aux
portes de l’Orient », un projet porté dans l’enthousiasme et gravé ici dans les pages d’un magnifique catalogue,
mais dont la genèse fut longue et complexe, à la mesure de l’histoire des fouilles de Rhodes.
L’idée d’une exposition dédiée à Rhodes avait été caressée par Dyfri Williams, alors qu’il était à la tête du
département des Antiquités grecques et romaines du British Museum, dont la collection rhodienne, l’une des
plus riches au monde après celle du Musée archéologique de Rhodes, réunit plusieurs milliers d’objets ; mais
ce projet était resté sans suite. Il a repris vie en 2008, de façon aussi inopinée que spontanée, dans le cadre
d’une collaboration entre le musée des Arts cycladiques à Athènes et le musée du Louvre : Rhodes, qui avait
fait l’objet d’études comparatives portant sur les échanges entre l’Égée et la Méditerranée orientale, une
thématique chère au musée Goulandris, était aussi au coeur des recherches menées au Louvre sur la collection
d’Auguste Salzmann, une figure trop peu connue de l’archéologie du XIXe siècle.
L’histoire européenne des fouilles et la très grande dispersion des collections rhodiennes poussèrent Nikos
Stampolidis, directeur du musée des Arts cycladiques, à envisager un programme de recherche européen
réunissant, outre la Grèce, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – les musées de Berlin abritent aussi de
riches collections rhodiennes acquises au XIXe siècle –, le Danemark, dont le Musée national conserve le
matériel archéologique mis au jour entre 1902 et 1914 lors de l’exploration de Lindos et de son territoire ;
l’Italie, en raison de sa participation aux fouilles de Rhodes dans l’entre-deux-guerres et de la présence de
collections rhodiennes au Musée archéologique national de Florence ; la Turquie enfin, avec le Musée
archéologique d’Istanbul, qui, en vertu de la législation ottomane, a reçu une part importante des antiquités
exhumées par les archéologues danois. Les difficultés économiques rencontrées par la Grèce sonnèrent
rapidement le glas de cet ambitieux projet, qui fut repris sur un mode simplifié, et sous la direction d’Anne
Coulié et de Melina Filimonos-Tsopotou, en partenariat avec les musées européens fortement impliqués dans
l’histoire des fouilles menées à Rhodes depuis le XIXe siècle.
Ainsi s’explique l’octroi de prêts aussi nombreux qu’exceptionnels, dont les plus importants sont ceux du
Musée archéologique de Rhodes, avec près de cent cinquante objets, parfois inédits, dont beaucoup sont
présentés en contexte ; ceux du British Museum, avec quelque quatre-vingts pièces, dont les magnifiques
parures qui ont fait la renommée de l’orfèvrerie rhodienne ; ceux du Musée national du Danemark, avec plus
de trente oeuvres, issues pour une part des riches dépôts votifs de l’acropole de Lindos. Au musée du Louvre,
cette exposition a été l’occasion de remettre en contexte, grâce à un important travail accompli sur les archives,
les œuvres exhumées lors des premières fouilles, conduites à Camiros, dont plus de cent sont présentées ici.
Ce projet, qui doit beaucoup à la générosité de l’ensemble de nos partenaires et à la qualité de leurs
contributions scientifiques, n’aurait toutefois pu voir le jour sans le soutien du ministère grec de la Culture et
de nos fidèles mécènes Niarchos, Leventis et Ipsen.
7
Introduction
Par Anne Coulié, conservateur en chef, département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines, musée du Louvre
Et Mélina Filimonos-Tsopotou, directrice émérite de la 22e éphorie des Antiquités
préhistoriques et classiques, Rhodes
Mondialement célèbre grâce au souvenir de son Colosse, l’une des sept merveilles du monde antique, et de la
présence des chevaliers de Saint-Jean à l’époque médiévale, Rhodes est une île dont le seul nom évoque tout
un imaginaire. Bien qu’assez peu connu du grand public, son patrimoine archéologique fut largement présenté
dans les musées européens dès le XIXe siècle, un phénomène qui s’explique par l’histoire précoce et très
particulière des fouilles menées sur ce petit territoire. […]
En dépit de sa richesse, l’archéologie rhodienne reste mal connue. L’exposition organisée au Louvre est la
première au monde à être consacrée exclusivement à Rhodes. Aussi convient-il de remercier chaleureusement
la direction du musée du Louvre, Henri Loyrette et son président actuel, Jean-Luc Martinez, d’avoir soutenu
d’emblée ce projet très ciblé, qui, tout en faisant partager au grand public la joie des archéologues, se
démarque des approches plus généralistes souvent préférées par les institutions muséales. Le cadre
chronologique, de la fin de l’âge du bronze à la fin de l’archaïsme (XV e-Ve siècle avant J.-C.), permet de
mesurer l’ampleur des échanges entre l’Orient, l’Égypte et la Grèce. La limite inférieure respecte une césure
importante de l’histoire de Rhodes : le synœcisme intervenu à l’époque classique, en 408-407 avant J.-C., qui a
transformé l’organisation territoriale de l’île, désormais unifiée autour d’une seule cité, Rhodes. À l’époque
qui nous intéresse, les cités de la tripolis, Camiros, Ialysos et Lindos, se partageaient le territoire. Cette
évolution politique souligne la coupure entre l’époque classique, hellénistique et romaine, d’une part, et les
périodes hautes, d’autre part. Par ailleurs, la rupture souvent invoquée entre l’âge du bronze et l’âge du fer est
peu marquée à Rhodes, comme le prouve l’existence d’une phase mycénienne tardive du XIe siècle, qui plus
est étonnamment riche.
Le thème de l’exposition répond à une actualité scientifique. Le renouvellement constant des études chypriotes
et, plus généralement, l’intérêt pour les échanges en Méditerranée orientale ont relancé la recherche sur les
lieux de culture mixte, comme Naukratis, un port de commerce ouvert aux Grecs en Égypte. Rhodes offre de
ce phénomène un visage très particulier, et plus spécifiquement grec. Notre choix de nous focaliser sur une
seule île, prise dans ce riche réseau d’échanges, se double d’une plongée dans le temps, celle de l’histoire des
fouilles, qui suscite une vraie curiosité de la part du public.
Le Colosse de Rhodes (érigé en -292 , détruit en -227)
Louis de Caullery
(Caullery, près de Cambrai, vers 1580 – Anvers, 1621)
Début du XVIIe siècle
H. 35 ; L. 46 cm
Paris, musée du Louvre, département des Peintures
MNR 727re
8
Parcours de l’exposition
Textes des panneaux didactiques de l’exposition
Célèbre grâce au souvenir du Colosse, l’une des
sept merveilles du monde antique et de la
présence des chevaliers de Saint-Jean à l’époque
médiévale, l’île de Rhodes fut, dès l’Antiquité, un
lieu privilégié d’échanges entre la mer Égée et
l’Orient. Les œuvres réunies à l’occasion de cette
exposition font découvrir la richesse de
l’archéologie rhodienne entre les XVe et Ve
siècles avant J.-C. (de l’âge du bronze à la fin de
l’époque archaïque). L’exposition, la première
dans le monde à être exclusivement consacrée à
Rhodes, répond à un triple objectif : elle évoque
l’histoire précoce et continue des fouilles,
auxquelles ont participé, depuis 1859, des
archéologues français, anglais, danois, italiens et
grecs Ce projet d’exposition est d’ailleurs né du
Site de Camiros
désir de mieux comprendre l’historique des
collections Salzmann, acquises par le Louvre en 1863 et en 1864. Artiste peintre, photographe, Auguste
Salzmann est aussi une figure pionnière de l’archéologie rhodienne, qui identifia en 1859 la cité de Camiros, le
premier site à avoir été mis au jour à Rhodes. Elle met en valeur la mixité culturelle de Rhodes, terre
d’échanges en Méditerranée orientale ; elle est aussi l’occasion de redécouvrir la dimension orientalisante de
l’art rhodien par l’intermédiaire de quelques-unes de ses productions les plus spectaculaires, en particulier son
orfèvrerie, sans équivalent dans le monde grec et sa faïence, un artisanat lié à l’Égypte et au Levant.
Les fouilles franco-britanniques au XIXe siècle
La découverte de Camiros
La découverte du site de Camiros en 1859 fut l’œuvre
d’Auguste Salzmann, un Alsacien, et d’Alfred Biliotti, viceconsul britannique à Rhodes. Ils conduisirent des fouilles pour
leur propre compte, pour celui du British Museum (1863-1864)
ou encore pour celui d’un mécène, Auguste Parent (18671868). Biliotti, seul, découvrit également des nécropoles à
Ialysos à partir de 1868 et poursuivit ses explorations dans l’île
jusque dans les années 1880. Les fouilles franco-britanniques
intervinrent à point nommé pour nourrir un débat sur le rôle de
l’Orient dans l’évolution de l’art grec. Elles révélèrent une
culture orientalisante, assimilée dans un premier temps à de
l’art phénicien, encore largement inconnu. Parmi les
découvertes les plus spectaculaires, citons les riches trésors
d’orfèvrerie funéraire, ainsi que les premiers témoignages de la
civilisation mycénienne, découverts dix années avant les
fouilles de Schliemann à Mycènes.
Les trésors de Camiros
La tombe aux bijoux du Louvre contenait deux joyaux de
l’orfèvrerie rhodienne. Longtemps tenus pour des bijoux de
tempe, fixés à l’aide de crochets à des sortes de diadèmes, ils
pourraient aussi être des pendentifs, d’autant que des
remaniements antiques en partie haute ne permettent plus de
Eugène Fromentin. Auguste Salzmann en turc
lors de leur voyage en Algérie © Barabara
Wright, James Thompson
9
connaître leur aspect initial. Ces interventions, qui avaient
lieu dans les ateliers des orfèvres locaux, montrent que ces
bijoux ont été portés avant d’être déposés dans la tombe.
Cette dernière, comme l’indique un article de Salzmann
publié en 1863, contenait de la céramique comparable à
celle découverte dans le tombeau A, un contexte funéraire
inédit et très diversifié, reconstitué à l’occasion de cette
exposition.
La découverte du mycénien
Un des apports des premières fouilles de Rhodes fut la mise
au jour, dix ans avant les fouilles de Schliemann à Mycènes,
d’une céramique d’un type inconnu, comme le précise
Biliotti dans un rapport sur ses fouilles d’Ialysos, daté du 16
juin 1868. Peu de temps auparavant, des chambres
sépulcrales contenant une céramique identique furent
trouvées à Camiros. C’est donc à Camiros et non à Ialysos,
comme on le dit souvent, que furent exhumés à Rhodes les
premiers exemplaires de céramique mycénienne. À cette
date, les fouilles effectuées par Salzmann à Camiros étaient
financées par un mécène passionné d’archéologie, Auguste
Parent, qui se consacra, en 1867, à la fondation d’un musée
archéologique régi par des principes très novateurs. Après la
dislocation du musée parisien survenue en 1869, à la suite
d’une faillite du mécène, les collections furent acquises très
partiellement par le Louvre. Une des œuvres les plus impressionnantes de cette série est le rhyton au poulpe,
représenté sur la bannière de l’exposition et la couverture du catalogue.
Les fouilles danoises (1902-1914)
Avec les fouilles danoises, l’archéologie rhodienne entre dans l’ère des publications scientifiques et de
l’exploration systématique des cités. Les premières recherches se concentrèrent, entre 1902 et 1905, sur
l’acropole de Lindos. Les archéologues Karl Frederik Kinch et Christian Blinkenberg, assistés par des
architectes, dont les travaux firent date, dégagèrent en grande partie le sanctuaire d’Athéna et découvrirent,
dans la cavité du rocher, deux dépôts votifs qui livrèrent un très grand nombre d’offrandes : statuettes en
calcaire chypriote, objets en ivoire souvent égyptiens ou levantins, coquillages de la mer Rouge avec des
décors gravés exotiques, œuvres en bronze ou en faïence, korés en marbre, etc. témoignent de la position
stratégique de Lindos comme escale sur la route maritime entre l’Orient et l’Occident.
Les fouilles se sont ensuite portées sur différents points du territoire de Lindos, notamment sur le site de
Vroulia, à la pointe sud de l’île et à Exochi.
Les fouilles italiennes (1912-1945)
En 1912, les troupes italiennes, se substituant à la domination de l’Empire ottoman occupèrent Rhodes et les
îles du Dodécanèse. En dehors des restaurations effectuées dans la ville médiévale (1914-1918) et de
l’installation du musée, en 1915, dans l’hôpital des Chevaliers, les archéologues italiens (Amedeo Maiuri,
Giulio Jacopi, Luciano Laurenzi, Luigi Morricone…) ont conduit d’importants programmes de fouilles à
Camiros et à Ialysos, entraînant des découvertes spectaculaires, comme les kouroi de Camiros ou le dépôt votif
du sanctuaire d’Athéna à Ialysos, dont certaines pièces encore inédites sont présentées dans la vitrine centrale
de la dernière salle. Les publications de ces fouilles furent décisives pour établir et affiner les chronologies, qui
intégraient désormais, avec la découverte de la nécropole de Trianda, près de Ialysos, la période minoenne,
encore inconnue sur l’île. En 1937, les Italiens reprirent les travaux à Lindos et firent subir aux monuments de
l’acropole de pesantes restaurations visant à projeter la rhétorique fasciste dans la magnifique scénographie
naturelle et architecturale du sanctuaire.
10
Les fouilles grecques aux XIXe et XXe siècles
Depuis 1947, le service archéologique grec a seul en charge la sauvegarde et l’investigation des antiquités à
Rhodes. Le premier éphore du Dodécanèse, Ioannis Kondis, s’est concentré sur la cité de Rhodes, un des rares
exemples de ville densément peuplée dont on puisse reconstituer avec certitude le plan hippodamien. Plus
récemment, l’éphorie a défini des zones archéologiques protégées en vue d’explorations futures. L’essentiel
des opérations consiste en des fouilles de sauvetage, destinées à protéger et à documenter des antiquités
menacées par des constructions modernes. Celles effectuées à Ialysos et dans les environs de Lindos ont
considérablement renouvelé le champ de nos connaissances, notamment pour les périodes hautes.
Nous présentons ici une sélection d’œuvres provenant des tombes mycéniennes de Pylona, ainsi qu’un
contexte funéraire inédit de la nécropole d’Aghia Agathè, datant du XIe siècle avant J.-C. et étonnamment
riche pour cette phase tardive de l’époque mycénienne.
Rhodes, terre d’échanges
Important carrefour des échanges en Méditerranée orientale, l’île de Rhodes a accueilli un nombre
impressionnant d’importations égyptiennes et surtout orientales : la Syrie, la Phénicie, la Phrygie (au nord de
l’actuelle Turquie), l’Ourartou (l’Arménie) et Chypre figurent parmi les régions bien représentées. Point
d’orgue de l’exposition, une large vitrine centrale présente, dans une muséographie aérienne, une mosaïque de
petits objets précieux, les orientalia et egyptiaca de Rhodes, qui inspirèrent parfois l’artisanat local et qui
furent trouvés pour la plupart dans les trois sanctuaires d’Athéna à Camiros, Ialysos et Lindos. On trouve aussi
des objets provenant des quatre coins du monde grec et du lointain Occident.
Egyptiaca et orientalia trouvés dans les sanctuaires d’Athéna à Rhodes
Une culture mixte : la circulation des objets et des hommes
Si l’hypothèse des premiers fouilleurs, convaincus de découvrir à Camiros une ville phénicienne, n’est plus
admise depuis longtemps, de nombreux témoignages archéologiques renseignent sur la mixité culturelle de
l’île. Quelques dossiers épigraphiques illustrent l’ampleur de ce phénomène. Le sphinx de Vroulia est une
sculpture en calcaire chypriote, dédiée dans un sanctuaire grec et présentant sur l’aile une inscription en
alphabet phénicien. Autre exemple, les fragments d’un même vase présentant une inscription grecque et une
autre, phénicienne. Par ailleurs, l’importance des vases de style chypriote, syrien ou phénicien tournés dans
11
une argile locale suggère que des Orientaux sont venus s’installer dans l’île au VIIIème siècle avant J.-C. Ils
pourraient être à l’origine de l’essor, à Rhodes, des vases à parfum et des faïences.
L’art et l’artisanat rhodiens
L’orfèvrerie rhodienne
L’orfèvrerie compte parmi les créations les plus spectaculaires de l’artisanat rhodien. À l’époque archaïque, on
assiste à l’apparition de bijoux d’un nouveau genre, constitués, pour l’essentiel, de plaquettes produites dans un
alliage d’or et d’argent et décorées d’une imagerie orientalisante : les maîtresses des animaux et les centaures
dominent, mais on rencontre aussi des sphinx, des griffons et des femmes-abeilles, ces dernières inspirées de
Crète. Ces créations éclectiques, sans équivalent dans le monde grec, doivent beaucoup à Chypre, notamment
la forme quadrangulaire des plaquettes et la technique d’exécution à l’aide d’un poinçon en relief frappé au
revers. Les plus complexes de ces bijoux présentent des éléments en ronde bosse, et certaines surfaces sont
embellies par le procédé de la granulation. La carte des diffusions et les restes d’une inscription sur la plaque
au centaure semblent indiquer que l’atelier qui créait et réparait ces bijoux se situait à Camiros.
La faïence et le verre
La faïence n’est pas une technique grecque. Largement partagée entre l’Orient et l’Égypte depuis ses origines,
elle n’est pas attestée dans le monde grec, en dehors de Rhodes, autrement que sous la forme d’importations.
S’il est certain que des Grecs à Rhodes ont contribué à la production de faïences, comme le prouve l’adoption
de formes typiquement grecques – l’œnochoé et l’aryballe rond –, certains objets sont difficiles à classer, tant
l’iconographie est égyptisante ou proche des modèles orientaux, phéniciens, voire chypriotes. Quant au travail
local du verre, il remonte au moins au XIIIème siècle avant J.-C., comme l’indique la découverte de rebuts dans
l’habitat mycénien de Trianta (Ialysos). Un agglomérat de perles de verre découvert dans le dépôt votif du
sanctuaire d’Athéna confirme la présence d’un atelier actif à la fin du VIIème siècle avant J.-C. La production
chatoyante de verres moulés sur noyaux débute à la fin de l’archaïsme.
La céramique
L’activité des potiers rhodiens est attestée tout au long de la période, de l’époque mycénienne à l’époque
archaïque. Des analyses archéométriques ont mis en évidence une forte teneur en magnésium. Cette signature
rhodienne a permis de confirmer l’attribution des vases du style de Vroulia – vases présentant un décor floral
caractéristique, incisé sur fond noir – à la production locale archaïque. En revanche, elle exclut d’autres séries,
qui avaient été un temps tenues pour rhodiennes, comme celle des plats de Doride de l’Est, dont le plus bel
exemplaire, le plat d’Euphorbe, est présenté dans la première salle.
Les analyses conduites sur les vases géométriques du musée du Louvre permettent de distinguer des sousgroupes : l’un d’eux semble provenir d’un atelier de Camiros.
Les terres cuites
L’artisanat rhodien de la terre cuite est mal connu. La présence, extraordinairement rare, d’un moule et d’un
positif, trouvés à peu d’années d’intervalle lors des premières campagnes de fouilles franco-britanniques au
XIXe siècle, prouve l’existence d’un artisanat local de qualité. Des analyses d’argile ont aussi permis
d’attribuer à Rhodes un type de figurine daté du Ve siècle av. J.-C. Les productions du VIe siècle av. J.-C sont,
elles, largement inconnues.
Les vases à reliefs
Produits de la fin du VIIIe au VIe siècle av. J.-C, les vases à reliefs rhodiens se distinguent par un goût pour
l’effet décoratif qui laisse peu de place aux motifs figurés et par l’utilisation d’un très faible relief. Ce dernier
pouvait être modelé (c’est le cas des cordées incisées, qui structurent la composition en zones et en métopes)
ou estampé à la roulette. Trois roulettes différentes ont servi à l’exécution du décor sur le col et sur la moitié
supérieure de la panse : spirales enchaînées en haut de l’épaule ; spirales en « v » présentées en frises verticales
sur le col et en frises horizontales sur l’épaule et la panse ; losanges flanqués de cercles concentriques. Ces
créations monumentales de l’artisanat rhodien, qui pouvaient dépasser deux mètres de haut, ont souvent été
retrouvées à Rhodes, réutilisées pour l’inhumation des enfants et des adolescents. L’amphore du Louvre, d’une
taille plus modeste, prouve qu’elles pouvaient être exportées dans le voisinage.
12
Regard sur quelques œuvres
Plat d’Euphorbe - Combat d’Hector et Ménélas sur
le corps d’Euphorbe
Argile / d. 38,5 cm
Découverte : Camiros/production : Cos
610-590 av. J.-C.
Fouilles Salzmann et Biliotti, 1860
Londres, British Museum
© The Trustees of the British Museum
Pendentif avec pendeloques
Alliage d’or et d’argent / h. 8 cm
Découverte : Camiros/
production : Rhodes
2nde moitié du VIIème siècle av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1863
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé
Lewandowski
Plat d’Euphorbe
Ce plat est un des plus remarquables parmi les plats doriens figurés
souvent rencontrés à Rhodes, en raison notamment de sa
représentation mythologique élaborée : après avoir tué Euphorbe,
qui gît sur le sol, Ménélas (à gauche) est attaqué par Hector (à
droite). Des inscriptions peintes donnent les noms des personnages,
en utilisant la forme dorienne et l’alphabet argivo-kélymnien. La
polychromie, qui inclut le ton de chair, est exceptionnelle. Une
analyse récente par activation neutronique rapproche l’objet des
amphores estampées de Cos. La surface endommagée indique que
ce plat – muni de trous de suspension – fut utilisé pour couper de la
nourriture, peut-être de la viande lors d’une fête (rituelle). Une
lettre d’Auguste Salzmann, adressée à son ami l’académicien Félix
de Saulcy, mentionne la découverte de ce plat prestigieux, conservé
au British Museum : « (…) Ma dernière trouvaille en poterie
archaïque est un plateau sur lequel combattent trois guerriers. Deux
sont debout, ils se nomment l’un MENELAS, l’autre EKTOP. Aux
pieds du premier est couché EUPHORBOS qui vient de mordre la
poussière, comme dit Homère. Qu’en pensez-vous, sommes-nous
en plein siège de Troie ? » .
Pendentif avec pendeloques, femme nue surmontée d’une tête
de panthère et de deux têtes de femmes
Le musée du Louvre possède, lui aussi, un contexte funéraire
exceptionnel : deux bijoux complexes, dont un est présenté ici, ont
été trouvés ensemble, dans une même tombe. Longtemps tenus
pour des bijoux de tempe, fixés à l’aide de crochets à des sortes de
diadèmes, ils pourraient aussi être des pendentifs, d’autant que des
remaniements antiques, repérés en partie haute par Dominique
Robcis, chef de travaux d’art, chargé des métaux archéologiques au
C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de
France), ne permettent plus de connaître leur aspect initial. Ces
interventions, qui avaient lieu dans les ateliers des orfèvres locaux,
montrent que ces bijoux ont été portés avant d’être déposés dans la
tombe. Bien qu’il entre dans la catégorie des chefs-d'œuvre de
l’orfèvrerie rhodienne, ce bijou se rattache à la série plus commune
des plaquettes estampées. Deux petites, disposées horizontalement,
sont ornées de têtes ; la plus grande, située au-dessous, représente,
également de face, une figure nue. Sur ce premier ensemble,
doublé d’une feuille épaisse au revers, ont été soudées une grande
rosette et une protomé de lion, d’inspiration nord-syrienne d’une
facture remarquable. Deux pendants latéraux, constitués d’une
petite rosette, de chaînettes, de perles biconiques, de fleurs de
chardon et de grenades, sont fixés, de part et d’autre, par des fils
soudés au revers des plaquettes. Parmi les finitions de surface, il
faut mentionner différents procédés de granulation, donnant lieu à
des agencements linéaires, géométriques ou densifiés au point
d’occuper tout l’espace (Streugranulation), comme sur la chevelure
de la figure nue.
13
Le tombeau A du Louvre
Comme l’indique un article de Salzmann publié en 1863, contenait
de la céramique : « Ces bijoux proviennent de la partie la plus
ancienne de la Nécropole ; de la zone la plus rapprochée de la
colline sur laquelle était située la cité de Camiros […]. Les
différents objets trouvés dans la même chambre sépulcrale avaient
été brisés par la chute du plafond ; néanmoins il m’a été possible
d’en restituer une partie ; ils sont identiques à ceux trouvés dans les
tombes voisines ». Parmi ces tombes, Salzmann distingue le
tombeau A, un contexte inédit regroupant une trentaine d’objets,
reconstitué à l’occasion de cette exposition grâce aux indications
croisées de l’article de Salzmann et d’un livre d’entrée du
département des Antiquités grecques étrusques et romaines. Son
mobilier diversifié, qui contient de nombreux vases à parfum
Découvertes provenant du contexte de la tombe A à
Camiros (extrait du catalogue)
importés de Corinthe, de la Laconie, d’Athènes et de l’Ionie, a fait
l’objet récemment d’une campagne d’analyses, destinées à
identifier leurs contenus. L’origine géographique des objets est
effectivement très différenciée. Hormis de rares productions
locales, tout est importé : de la Méditerranée orientale et surtout du
monde grec, de Corinthe, de Milet, de l’Ionie, de la Doride de l’Est,
d’Athènes et de la Laconie.
14
Le rhyton au poulpe
Le hasard des fouilles fait que de la céramique mycénienne fut
mise au jour à Rhodes dix ans avant les fouilles de Schliemann à
Mycènes. Datée du 16 juin 1868, une lettre de Biliotti mentionne la
découverte à Ialysos d’une céramique encore inconnue. Peu de
temps auparavant, des chambres sépulcrales contenant une
céramique identique avaient été trouvées à Camiros au cours de
fouilles effectuées par Salzmann et financées par le mécène
Auguste Parent. Ces collections destinées au Musée Parent furent,
après la dislocation du musée parisien en 1869, acquises très
partiellement par le Louvre. Une des œuvres les plus
impressionnantes de cette série est le rhyton au poulpe, représenté
sur les affiches et la bannière de l’exposition. La ligne épurée du
vase qui séduit nos sensibilités modernes, le caractère intrigant de
cet objet insolite, la familiarité du poulpe en pays grec associée à la
puissance d’un regard qui interpelle en font un passeur culturel
vers le monde grec antique.
Rhyton conique - poulpe
Argile, h. 37,5 / d. max. 11 cm
Découverte : Camiros/ production : Argolide
Helladique récent
Acquisition Parent, 1879 (fouilles Salzmann)
Paris, musée du Louvre, dép. des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé
Lewandowski
Plaquette : Maîtresse des animaux flanquée de deux lions
Cette plaque [décorée d’une Potnia Thérôn], dont l’alliage présente
une dominante d’argent, se distingue de la majorité des plaques
rhodiennes, plus chargées en or, même si l’utilisation d’un or pâle
est la règle dans l’atelier. Le thème central de la Potnia Thérôn a
été exécuté à l’aide de trois poinçons-matrices, un pour la figure
féminine et un pour chaque lion. Le style et les proportions de la
tête indiquent que cette plaque est une des plus anciennes de
l’orfèvrerie rhodienne. Nous ne savons rien du contexte de sa
découverte. Cette plaque en électrum […] a été donnée par
Auguste Salzmann à l’académicien Félix de Saulcy, qui la légua en
juillet 1862 au Louvre, avec sa jumelle moins bien conservée. Elle
a été vue par Gustave Flaubert, qui s’en inspira pour l’un des
costumes de Salammbô, comme il l’indique dans une lettre à
Saulcy : « Vous rappelez-vous m’avoir montré, il y a deux ou trois
ans, une plaquette d’or repoussé qui avait été rapportée de Kamiros
par Salzmann ? Cette plaquette représentait une femme qui m’a
servi pour un des costumes de Salammbô. J’aurais besoin de la
revoir. Où est-elle ? En avez-vous un dessin ou une description
minutieuse ? On m’a demandé, en très haut lieu, pour une grande
dame de votre connaissance, les costumes de Salammbô (il y en a
quatre dans mon livre, celui de la plaquette en est un)». Le bijou du
Louvre correspond au deuxième costume de Salammbô, décrit par
Flaubert au chapitre VII : « Sa chevelure était crêpée de façon à
simuler un nuage. Elle portait autour du cou de petites plaques d’or
quadrangulaires représentant une femme entre deux lions cabrés, et
son costume représentait en entier l’accoutrement de la déesse. Sa
robe d’hyacinthe, à manches larges, lui serrait la taille en s’évasant
par le bas. […]. Ses sandales, coupées dans un plumage d’oiseau,
avaient des talons très hauts. » Ce costume est reproduit dans
L’Illustrateur des dames et des demoiselles.
Plaquette
Maîtresse des animaux flanquée de deux lions
Alliage d’argent et d’or /h.4,5 ; l.2,8 cm
Découverte : Camiros/ production : Rhodes, 2nde
moitié du VIIème siècle avant J.-C.
Don Saulcy, 1862 (fouilles Salzmann)
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane
Maréchalle
15
Alabastre - Décor de filets et zigzags jaune et bleu
clair
Verre opaque bleu foncé, h. 10,5 ; d. de l’embouchure 2,8 ; d. 3 cm
Découverte : Rhodes/Fin du VIe – Ve siècle av. J.-C.
Acquisition Arapidès, 1902
Paris, musée du Louvre,
département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony
Querrec
Alabastre, décor de filets et zigzags jaune et bleu clair
L’alabastre est une forme courante parmi les vases à parfum de
petite taille. L’alabastre ci-contre est une production rhodienne qui
s’inscrit dans la catégorie des verres moulés sur noyau. À la fin du
VIe siècle av. J.-C., la technique du verre moulé sur noyau, déjà
connue en Mésopotamie et en Égypte, prend un nouvel essor en
Méditerranée orientale. Les contenants à parfum étaient obtenus par
l’application d’un fil de verre sur un corps d’argile, suivie de la
mise en place de fils de verre de couleurs différentes façonnés en
zigzag ou en spirale.
L’embouchure des alabastres prend la forme d’un disque plat, le col
est cylindrique et court, la panse est allongée et présente un fond
arrondi. Ils sont pourvus de petites anses placées dans le tiers
supérieur. Ces anses servaient à passer une fine chaînette dans leurs
orifices et l’on pouvait ainsi les suspendre. L’embouchure en
disque avait une fonction, celle de perdre le moins possible de
parfum et de l’étaler au mieux. Le mode de fermeture est mal
connu mais il s’agissait sans doute de matériaux périssables comme
le liège ou le tissu.
Le nom même d’alabastre vient des contenants en albâtre, très
répandus dans l’ensemble du monde grec. Les alabastres en verre
ont souvent des parallèles directs en albâtre. On en rencontre aussi
dans d’autres matériaux, en céramique, en faïence et en argent.
Les textes sont extraits du catalogue Rhodes, une île grecque aux portes
de l’Orient, sous la direction de Anne Coulié et Melina FilimonosTsopotou, avec la collaboration de Sophie Padel et Vassiliki Patsiada.
Coédition Somogy éditions d’art / musée du Louvre éditions.
16
Visuels disponibles pour la presse
1- Plat d’Euphorbe - Combat d’Hector et Ménélas
sur le corps d’Euphorbe
Argile / d. 38,5 cm
Découverte : Camiros/production : Cos
610-590 av. J.-C.
Fouilles Salzmann et Biliotti, 1860
Londres, British Museum
© The Trustees of the British Museum
2- Plaquette - Maîtresse des animaux flanquée de
deux lions
Alliage d’argent et d’or / h. 4,5 ; l. 2,8 cm
Découverte : Camiros/ production : Rhodes
2nde moitié du VIIe siècle avant J.-C.
Don Saulcy, 1862 (fouilles Salzmann)
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Stéphane Maréchalle
3- Sept plaquettes doubles avec pendeloques - têtes de femmes en relief
Alliage d’or et d’argent, h. moyenne des plaques 3 cm
Production : Rhodes
2nde moitié du VIIe siècle avant J.-C.
© The Trustees of the British Museum
17
4- Pendentif avec pendeloques - femme nue
surmontée d’une tête de panthère et de deux
têtes de femmes
Alliage d’or et d’argent / h. 8 cm
Découverte : Camiros/ production : Rhodes
2nde moitié du VIIe siècle av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1863
Paris, musée du Louvre, département des
AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Hervé Lewandowski
5- Rhyton conique - poulpe
Argile, h. 37,5 / d.max. 11 cm
Découverte : Camiros/ production : Argolide
Helladique récent (1380-1300 avant J.-C.)
Acquisition Parent, 1879 (fouilles Salzmann)
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Hervé Lewandowski
6- Cuillère à fard en forme de femme présentant
un bassin
Pâte siliceuse à glaçure blanche et noire/
h. 4 ; l.12 ; l.2,4 cm
Découverte : Camiros
Vers 600 av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1863
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN (Musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
18
7- Coquillage à motifs gravés - Tridacna squamosa
(mollusque bivalve vivant dans la mer Rouge)
l. 21 cm
Découverte : Lindos, acropole,
« grand dépôt d’ex-voto »
Vers 650 – 600-575 av. J.-C.
Acquis en 1942, don de la Fondation Carlsberg
© Copenhague, Musée national du Danemark
9- Créature hybride jouant de la lyre
Calcaire, h. 17,2 ; l. 16,5 cm
Découverte : Lindos, acropole, « couches
archaïques »/ production : Chypre
600-550 av. J.-C.
Acquise en 1942, don de la Fondation Carlsberg
© Copenhague, Musée national du Danemark
8- Coupe peu profonde avec quatre anses en
anneau passées dans de petites bobines
creuses fixées au rebord
Bronze/ h. 6,4 ; d. 30 cm
Découverte : Rhodes/ production : Phrygie
fin du VIIe – 1ère moitié du VIe siècle av. J.-C.
Fouilles italiennes, 1912-1945
©22e Éphorie des Antiquités, Rhodes /
G.Kassiotis
10- Plaque - sculpture en relief : lions
héraldiques
Ivoire, h. 7,4 ; l. 4,7 cm
Découverte : Ialysos/ production : Atelier
mycénien
Helladique récent (XIIIe siècle av. J.-C.)
©22e Éphorie des Antiquités, Rhodes /
G.Kassiotis
19
11- Plat à pied haut - métopes d’animaux : oies,
protomés de chèvres sauvages et de daims
Argile, h. max. 16,5 ; d. 38,1 cm
Découverte : Camiros, 1863 (fouilles Salzmann)/
production : Milet
Fin du VIIe – début du VIe siècle av. J.-C.
Legs Oppermann, 1874
Paris, Bibliothèque nationale de France
© BNF
13- Alabastre à figures noires - gorgoneion
Argile, h. 8 ; d. max. 4,1 cm
Découverte : Camiros/ production : Corinthe
620-600 av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1864
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN (Musée du Louvre) / Stéphane
Maréchalle
12- Stamnos du style de Fikellura - frise de
perdrix sur l’épaule, puis bandes de
demi-lunes et de fleurs de lotus, tresse
sur le col
Argile, h. 21 ; d. 16,9 cm
Découverte : Ialysos, Marmaro, tombe 10/
production : Milet
550-530 av. J.-C.
Fouilles italiennes, 1934
©22e Éphorie des Antiquités, Rhodes /
G.Kassiotis
14- Aryballe globulaire à figures noires deux dauphins affrontés
Argile, h. 7,1 ; d.max. 6,4 cm
Découverte : Camiros/ production : Corinthe
570-550 av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1864
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Hervé Lewandowski
20
15- Applique de bijou – décor en filigrane et
granulation, protomé de griffon et rosettes
Alliage d’or et d’argent, d. 4,7 cm
découverte : Camiros/ production : Rhodes
2nde moitié du VIIe siècle av. J.-C.
Acquisition Tyszkiewicz, 1898 (fouilles Salzmann)
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé
Lewandowski
16- Alabastre - Décor de filets et zigzags
jaune et bleu clair
Verre opaque bleu foncé, h. 10,5 ;
d. de l’embouchure 2,8 ; d. 3 cm
Découverte : Rhodes
Fin du VIe – Ve siècle av. J.-C.
Acquisition Arapidès, 1902
Paris, musée du Louvre,
département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du
Louvre) / Tony Querrec
17- Coupe du style de Vroulia - motifs floraux
Argile, h. 6,3 ; d. 11,2 ; l. 15,1 cm
Découverte : Camiros/ production : Rhodes
550-525 av. J.-C.
Acquisition Salzmann, 1863
Paris, musée du Louvre, département des AGER
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Hervé Lewandowski
21
Lettres mécènes et partenaires
La Fondation Stavros Niarchos est fière d’apporter son soutien à l’exposition « Rhodes, une île grecque
aux portes de l’Orient », qui révèle la richesse d’un patrimoine archéologique méconnu. En effet, cette
exposition temporaire réunit pour la première fois des pièces d’une importance majeure, datables du XV ème au
Vème siècle avant J.-C., conservées dans de prestigieux musées européens tels que le Musée archéologique de
Rhodes, le musée du Louvre, le British Museum et le Musée national du Danemark à Copenhague. Le
parcours de l’exposition s’attache à mettre en lumière la dimension orientalisante de l’art grec, de l’âge du
bronze à l’époque archaïque, telle que l’ont révélées les fouilles effectuées sur l’île de Rhodes.
La Fondation Stavros Niarchos accompagne depuis plusieurs années les projets du musée du Louvre et cette
exposition est l’occasion de célébrer le patrimoine et l’histoire de la Grèce, dans la continuité de l’exposition
qui s’est tenue au musée en 2011, « Au royaume d’Alexandre le Grand. La Macédoine antique ». Toutes ces
initiatives s’inscrivent dans la ligne inaugurée par son fondateur, le regretté Stavros S. Niarchos, qui éprouvait
un attachement profond pour le musée du Louvre.
La Fondation Stavros Niarchos est une organisation philanthropique internationale qui soutient des projets
dans des domaines tels que l’éducation, le sport, la santé, l’action sociale, ainsi que l’art et la culture. Elle
finance des institutions et de nombreux projets à travers une action pérenne d’une grande ampleur. De 1996 à
nos jours, la Fondation Stavros Niarchos a accordé 1,13 milliards d’euros, soit environ 2.800 dons, à des
organismes à but non lucratif dans cent dix pays à travers le monde.
Actuellement, la Fondation finance à hauteur de 566 millions d’euros la construction à Athènes d’un centre
culturel dont l’ouverture est prévue en 2016, The Stavros Niarchos Foundation Cultural Center. Le bâtiment,
conçu par le grand architecte Renzo Piano, abritera les nouvelles installations de la Bibliothèque nationale de
Grèce et de l’Opéra national grec et englobera le parc Stavros Niarchos. Ce projet d’envergure témoigne de
l’engagement de la Fondation pour l’avenir de son pays.
Le conseil d’administration
Fondation Stavros Niarchos
22
Exposition « Rhodes, une île grecque aux portes de l’orient »
Ipsen est engagé de longue date dans le domaine du mécénat culturel et participe activement à la
conservation et à l’enrichissement du fonds du musée du Louvre. Après l’acquisition par l’Etat pour le musée
du Louvre, grâce au mécénat d’Ipsen, d’un papyrus médical égyptien du Nouvel Empire en 2007, le soutien à
l’exposition « Méroé, un empire sur le Nil » en 2010, la participation dans la présentation des feuillets
exceptionnels des Belles Heures du duc de Berry en 2012, Ipsen s’associe aujourd’hui au musée du Louvre
autour de l’exposition « Rhodes, une île grecque aux portes de l’orient ». Cette exposition va permettre de
découvrir l’histoire et la richesse artistique de l’île de Rhodes entre Egée et Orient, nourrie de cultures grecque,
levantine, égyptienne et anatolienne.
Fidèle mécène du musée du Louvre, Ipsen partage ainsi avec cette prestigieuse institution,
universellement reconnue, sa politique d’ouverture sur le monde, de même que ses valeurs d’innovation, de
créativité et de diffusion des connaissances. L’adhésion d’Ipsen au Cercle Louvre Entreprises lui permet de
soutenir les grandes missions patrimoniales, éducatives et sociales.
A propos d’Ipsen
Ipsen est un groupe pharmaceutique de spécialité à vocation mondiale qui a affiché en 2013 des ventes
supérieures à 1,2 milliard d’euros. L’ambition d’Ipsen est de devenir un leader dans le traitement des maladies
invalidantes. Sa stratégie de développement s’appuie sur 3 franchises : neurologie, endocrinologie et urologieoncologie. Par ailleurs, le Groupe a une politique active de partenariats. La R&D d'Ipsen est focalisée sur ses
plateformes technologiques différenciées et innovantes en peptides et en toxines. En 2013, les dépenses de
R&D ont atteint près de 260 millions d’euros, soit plus de 21% du chiffre d’affaires. Par ailleurs, Ipsen
bénéficie également d’une présence significative en médecine générale. Le Groupe rassemble près de 4 600
collaborateurs dans le monde. Le site Internet d'Ipsen est www.ipsen.com.
Marc de Garidel
Président-directeur général
Ipsen
23
L’exposition « Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient » rassemble pour la première fois des objets
archéologiques provenant des fouilles effectuées depuis le XIX e siècle sur l’île de Rhodes par des archéologues
français, anglais, danois, italiens et grecs. L’histoire de ces fouilles, qui ont enrichi les collections des plus
grands musées, contribue aux renforcement de l’esprit européen et constitue à ce titre un chapitre essentiel de
cette exposition.
Par sa richesse et la qualité des objets exposés, l’exposition organisée au musée du Louvre offre un
véritable panorama de l’art et de la civilisation de cette île orientale de la mer Egée, de l’âge du bronze à
l’époque archaïque. En raison de sa position géographique, elle a joué un rôle important dans la genèse de la
civilisation grecque. En effet, du fait de sa position de relais avec le Proche-Orient, Rhodes a assimilé les
influences culturelles orientales et élaboré un art grec original empreint d’un certain goût pour la fantaisie dont
nous reconnaissons aujourd’hui la parenté avec celui des cités d’Asie Mineure.
Cette exposition met en lumière le caractère européen et international de Rhodes. Célèbre dès le Moyen
Âge grâce à la présence des Chevaliers de Saint-Jean et, plus récemment, grâce à sa fameuse céramique, le
foyer rhodien se situe au carrefour de nombreuses civilisations.
La fondation A.G. Leventis se réjouit tout particulièrement d’avoir pu contribuer à l’organisation de
cette exposition, qui éclaire d’un jour nouveau une période charnière de la civilisation grecque.
Anastasios P. Leventis
Fondation A.G. Leventis
24
Ambassade de Grèce en France
Rhodes, la ville fortifiée
Rhodes, la plus grande île du Dodécanèse, se situe
sur le bord sud-est de la mer Egée, très proche des
côtes de l’Asie Mineure. Elle est la dernière île de
l’Archipel sur la route de la Méditerranée orientale.
Son emplacement géographique privilégié a influencé
son histoire et son identité culturelle.
Selon le poète Pindare (Vème siècle avant J.C.), quand Zeus a partagé la terre entre les dieux de l’Olympe,
Hélios (Soleil) était absent pour son périple habituel, c’est ainsi qu’il resta sans attribut. Quand Zeus a voulu
procéder à un nouveau partage, Soleil a refusé parce qu’il a vu surgir des profondeurs de la mer une île
magnifique, Rhodes, qu’il a immédiatement baignée de ses rayons.
Des découvertes archéologiques prouvent la présence de l’homme à Rhodes cinq mille ans avant J.C.,
soit à l’époque néolithique. L’île occupait une place importante au deuxième millénaire avant J.C., lorsque
Trianda, vers 1630 avant J.C., est devenue le plus grand comptoir commercial de l’Egée orientale avec une très
forte influence minoenne, une ville comparable à Akrotiri (Santorin) et aux palais de la Crète minoenne, qui a
été détruit lors de l’éruption du volcan de Santorin. Malgré cela, la vie sur l’île a existé sans interruption durant
la période mycénienne, pour connaître un véritable essor à l’époque archaïque avec ses trois villes-états,
Lindos, Ialysos et Kamiros. Lindos était à la tête de l’expansion coloniale de Rhodes en Méditerranée orientale
et occidentale au VIIe siècle avant J.C.. Cleovoulos de Lindos, personnage illustre du VIème siècle avant J.C.,
était l’un des sept sages de l’Antiquité. Les guerres médiques et l’hégémonie athénienne ont constitué une
période transitoire pour les Rhodiens, qui à la fin du V e siècle avant J.C., ont décidé de regrouper les trois
vieilles cités et de fonder en 408/7 la ville de Rhodes, à
la pointe nord de l’île, où elle se trouve encore
aujourd’hui, avec une existence continue de 2400 ans.
L’échec de l’héritier macédonien Démétrius Poliorcete,
invaincu jusqu’alors, à s’emparer de la ville, en 305/4
avant J.C., a renforcé la confiance de l’état
indépendant de Rhodes. Afin de remercier le dieu
protecteur de la ville, Hélios, le dieu Soleil, les
Rhodiens ont construit une monumentale statue en
bronze, le célèbre Colosse, l’une des sept merveilles du
Rue de la cité médiévale
monde.
A l’époque hellénistique, Rhodes a atteint son apogée, devenant un facteur de stabilité et de puissance
économique de premier ordre en Méditerranée orientale. Sa flotte a joué un rôle primordial dans la mer Egée et
constituait le garant de la liberté des mers. La Victoire de Samothrace est une œuvre rhodienne, offrande des
Rhodiens au sanctuaire des Grands Dieux à Samothrace, après une grande victoire navale en 190 avant J.C..
En 42 avant J.C., Rhodes a été occupée par les Romains mais elle a continué d’être un centre spirituel. Elle est
considérée comme l’un des principaux centres de propagation de la culture hellénique par le biais de Rome au
sein du monde occidental.
25
Rhodes, l’île de Soleil
Ambassade de Grèce en France
A la période paléochrétienne, Rhodes est la capitale de la province
des îles avec un rôle majeur en mer Egée, tandis qu’à l’époque
byzantine elle constitue une province du vaste empire byzantin.
Lors de l’apparition des Arabes en Méditerranée, du VIIème au
IXème siècle av. J.-C, l’île se retrouve au centre de la bataille pour
la prépondérance de deux mondes, byzantin et arabe. En 1309,
dans le cadre de l’antagonisme entre occidentaux et musulmans,
l’île a été occupée par les Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de
Jérusalem, qui ont dominé l’île durant deux siècles. Pendant cette
Lindos
période, Rhodes a de nouveau excellé dans le commerce
maritime, notamment grâce à la participation active et le savoir-faire des Grecs. Les Chevaliers ont laissé leur
empreinte sur l’île avec la conversion de sa capitale en une ville fortifiée, capable de résister aux sièges les
plus terribles. Les solides fortifications avec les fossés, la monumentale rue des Chevaliers avec ses auberges
et l’Hôpital, qui abrite aujourd’hui le Musée Archéologique, sont quelques-uns des plus importants monuments
médiévaux.
En 1522, les Turcs ottomans envahissent la ville fortifiée de Rhodes. De nombreux éléments de
l’architecture ottomane ont été conservés dans la ville médiévale, comme les mosquées, les bains et les
maisons de maîtres. Aux XVIe et XVIIe siècles av. J.-C, Lindos reprend les rênes du commerce et de la
navigation et connaît à nouveau des heures de gloire.
La domination ottomane prend fin en 1912,
quand l’île, avec l’ensemble du Dodécanèse, est
occupée par les Italiens. Cette occupation durera
jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les
Italiens se sont lancés dans la restauration des
monuments médiévaux, ils ont reconstruit le Palais du
Grand Maître, devenu musée aujourd’hui, ils ont
également entrepris de grands chantiers de fouilles et
de restauration de monuments anciens. Après une
courte période de domination anglaise (1945-1947) les
Kamiros
îles ont été rattachées à la Grèce en 1948. Dans un laps
de temps très court, le Service Archéologique s’est attaché à panser les plaies que les bombardements ont
provoqué sur les monuments médiévaux de la ville, tandis que des travaux de restauration sont toujours en
cours. La ville fortifiée de Rhodes, l’une des villes médiévales les mieux conservées et toujours vivante, a été
inscrite par l’Unesco sur la liste du Patrimoine Culturel Mondial en 1988.
Rhodes est restée une ville cosmopolite et multiculturelle, avec des monuments de différentes cultures
qui ont façonné son histoire au fil du temps et que l’on peut, aujourd’hui, admirer et visiter dans un
environnement idéal, avec des sources naturelles, des forêts, de belles plages et sous les rayons bienveillants de
Soleil présent presque toute l’année.
26

Documents pareils