Cf. PDF Pourquoi l`Espagne gagne t`elle ? J.L. ARAGON

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Pourquoi l'Espagne gagne t-elle ?
L’Espagne et le Sport
Nous vous proposons un texte (le monde.fr) qui avance quelques arguments expliquant la réussite sportive de
l’Espagne constatée ces dernières années….
Le 10 janvier était attribuée à Zurich la plus importante récompense individuelle dans le monde du
football, le FIFA Ballon d'or. Mais cette distinction a pris, le 6 décembre, jour de la révélation du nom
des finalistes, une dimension collective : les trois prétendants au titre (les Espagnols Iniesta et Xavi,
l'Argentin Messi) jouent dans le même club, le FC Barcelone. Ce prix récompense donc le football
espagnol dont l'équipe nationale a remporté la Coupe du monde, en juillet 2010 en Afrique du Sud.
Depuis dix ans, l'Espagne n'en finit pas de faire entendre son hymne sans paroles, dans quelques-uns
des sports les plus médiatisés de la planète : football, tennis, formule 1, cyclisme. Ce pays est devenu
champion du monde de handball en 2005, champion du monde de basket en 2006 et champion
d'Europe de football en 2008.
Le tournant des JO de Barcelone Au cours de treize éditions des Jeux olympiques auxquelles elle
a participé avant 1988, l'Espagne n'avait obtenu que 27 médailles. Depuis les Jeux de Barcelone, en
1992, elle en totalise 106." Ces jeux ont constitué un moment charnière très important dans plusieurs
domaines, mais aussi sur le plan sportif, analyse Mikel Urdangarin, professeur de management du
sport à l'université du Pays basque. On n'avait jamais obtenu autant de médailles - 22 dont 13 d'or , et cela a servi de stimulant pour les jeunes. Tout d'un coup, on se savait capables d'obtenir des
résultats au niveau international ce qui, jusqu'alors, était très exceptionnel. "
Le rôle de l'ADO (Asociacion Deportes Olimpicos), entité constituée par le secrétariat d'Etat aux
sports, le Comité olympique espagnol et Radiotelevision española, commençait à porter ses fruits.
Depuis sa création en 1988, l'ADO a investi en faveur de ses champions plus de 300 millions d'euros Jeux de Londres en 2012 compris -, grâce au financement de l'Etat, mais aussi à celui d'une quinzaine
d'entreprises privées. Son action est relayée par des programmes sportifs à la charge des régions
autonomes.
Fruits du hasard... et formation Des observateurs espagnols considèrent que cette avalanche de
succès doit d'abord beaucoup au hasard. " Qu'un Rafael Nadal, l'équipe nationale de foot, des joueurs
de basket tel Pau Gasol, ou le pilote Fernando Alonso parviennent simultanément au plus haut
niveau de leur discipline est une pure coïncidence ", estime Andreu Camps. Pour le directeur de
l'Institut national d'éducation physique de Catalogne, même l'étonnante concentration d'excellents
joueurs dont bénéficie l'équipe nationale de football est fortuite, bien que plusieurs d'entre eux soient
issus du centre de formation du FC Barcelone. " Le pays qui possède les meilleures structures est la
France que nous essayons d'imiter. "
Entraîneur du club de Saint-Sébastien de 2002 à 2004, le Français Raynald Denoueix parle de
génération exceptionnelle. " Les entraîneurs nationaux ont su intelligemment s'appuyer sur ce
groupe de joueurs de très grande qualité, complété par des joueurs d'autres clubs qui jouent dans le
même esprit, mais ils sont tous le fruit d'un très grand travail de formation, essentiellement celui du
Barça ", note-t-il.
Investissements publics et privés L'existence de trois niveaux d'administration publique (l'Etat,
les communautés autonomes et les municipalités) a permis le développement de très nombreuses
installations sportives. " Après la fin de la dictature de Franco, surtout à partir de 1992, les
investissements publics se sont considérablement développés, rappelle Mikel Urdangarin. Dans
pratiquement tous les quartiers des villes importantes, des salles, des écoles et des clubs de sport ont
vu le jour. Cela a contribué à l'éclosion de sportifs. A la différence d'autres pays, l'Espagne avait une
grande marge de progression. "
La création de ces infrastructures a été accompagnée d'investissements privés croissants. " Certaines
entreprises se sont mises à sponsoriser non seulement des sportifs, mais aussi des disciplines pas
forcément très connues alors dans le pays, comme le handball, le hockey sur herbe ou la
natation, détaille Placido Rodriguez, professeur d'économie à l'université d'Oviedo. Des banques ont
pris le relais de sponsors traditionnels, dans le cyclisme notamment. Attirées par le rendement que
procure le sport, d'autres entreprises ont aussi investi dans ce secteur. " Le poids économique du
sport en Espagne est de fait très important. Selon le sociologue Ramon Llopis, le football génère à lui
seul 0,9 % du PIB espagnol et 1,2 % du PIB du secteur services.
Un public passionné Le basketteur français Stéphane Dumas, actuellement au club de Valladolid,
constate que les spectateurs ne font jamais défaut. " Notre club est le plus petit du championnat, mais
au moins 4 500 personnes assistent à chaque match. En Espagne, on aime être socio - membre
actionnaire - de père en fils. "
Ce joueur pointe aussi le rôle de la presse écrite - quatre quotidiens sportifs - et des chaînes de
télévision. " On est au courant au jour le jour de tout ce que font les sportifs, surtout les joueurs de
foot, ajoute-t-il. Les supporteurs se sentent du coup très proches d'eux et cela ne fait que renforcer
leur fidélité à leur équipe. " Principal club du pays, le FC Barcelone compte 170 000 membres et
possède un stade, le Camp Nou, de près de 100 000 places.
Jean-Louis Aragon