Un dossier - Le Mensuel de Rennes
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Un dossier - Le Mensuel de Rennes
mgm-mag.info M U Z I L L A C C U LT I V E S O N I N D É P E N D A N C E MAGAZINE INDÉPENDANT - N°18 - MARS 2006 - 3,50 € S T E H C É D T N BRA r e i s s o d n U M O ENC ÉCONOMIE Les grandes entreprises locales face à la concurrence R 28038 - 0018 F : 3,5 € ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE Des ramifications à Vannes ? Moteurs de décision Moteur de l’année 2005 + L.O.A. 313 €/mois ES T R E V 2 MARS U O S E 1 et 1 T R O P S 10,1 LE Pour un CR-V 2.2 i-CTDi LS au prix de 27 500 � TTC. Tarif conseillé au 01/09/05. Location avec Option d’Achat sur une durée de 60 mois : 1er loyer à la livraison de 6875 �, suivi de 36 loyers de 312,95 � et de 23 loyers de 480,70 �. Option d’achat finale 1 375 �. Total des loyers : 29 197,30 �. Coût total en cas d’acquisition : 30 572,30 �. 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MARS 2006 04 06 08 18 p.08 CHRONO Toute l’actualité de février en images ACTU DE MARS L’essentiel de l’info DECHETS Un dossier encombrant AGORA Vos réactions à nos dossiers 20 JUSTICE SOMMAIRE DECHETS Comment éliminer les ordures ménagères dans le département ? Entre réduction à la source, incinération et enfouissement, l’équation est un véritable casse-tête pour les élus locaux. La gestion des déchets promet un débat passionnel. Instants d’audiences 21 JUSTICE Suicide de Christine Lemonnier : la famille doute 22 24 26 28 36 42 44 46 50 52 54 ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE Des ramifications à Vannes ? AUTOPORTRAIT Charlotte Sugliani, étudiante militante p.36 POLITIQUE A Sarzeau, la mairie ouvre l’appétit ECONOMIE Les grandes entreprises face à la concurrence SPECIAL MUZILLAC La ville cultive son indépendance MUZILLAC Culturellement parlant, le chef-lieu de canton bouge. Un dynamisme assorti d’une vision originale de l’environnement et d’atouts économiques émergeants. A 25 km de Vannes, Muzillac cultive son indépendance. CULTURE Cali et Miossec : un livre, une rencontre AGENDA CULTUREL Les rendez-vous sympas du mois MER p.28 Le Taillefer, entre Belle-Ile et la terre SPORT Famille Cloarec ou la vague à plein tube ASSOCIATIONS Drôles de jeux de rôles JEUX ECONOMIE Les grandes entreprises sont de plus en plus exposées à la concurrence internationale. Michelin, Evialis, Avon… : les poids-lourds de l’économie locale misent sur valeur ajoutée et productivité. Au détriment des emplois ? Des mots-croisés et cinq livres à gagner Contacts rédaction : Le Mensuel du Golfe du Morbihan, magazine indépendant, 8 rue Lesage, 56000 Vannes - Tél : 02 97 47 84 74 - Fax : 02 97 47 84 75 - Mail : [email protected] Directeur de la publication : François Maumas Rédacteur en chef : Killian Tribouillard Rédacteurs : Donovan Potin, Killian Tribouillard, François Maumas, Stéphane Lanson Secrétariat d’édition : Donovan Potin Relecture : Josette Faure Maquette PAO : Thomas Dubois Crédits photos : Romain Joly Dessinateur : Manu Mots-croisés : Jean-Jacques Egron Correspondances spéciales : Emma Gurns, Jean-Paul Delessard Ont participé à cette édition : Fabienne Grignon, Virginie Le Pape, Brice Ancelin Impression : Graphi Centre, Fougères Publicité : 02 97 47 84 74 Dépôt légal : à parution ISSN : 1768-6822 Commission paritaire : 1006 I 85567 Le Mensuel du Golfe du Morbihan est édité par Scrib, maison d’édition, SARL au capital social de 9 000 €, 8 rue Lesage, 56000 Vannes - Siret : 477 807 499 00025 - APE : 221E p.22 ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE Secte, massacres, politique et financements occultes. Un mystérieux document sème le trouble à Vannes. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 3 L’ AC TU AL IT E DU M OI S DE R E I R V E F 1 U n millier de manifestants battent le pavé. L’intersyndicale réunit les fonctionnaires jugeant « inacceptables » les propositions de revalorisation salariale du gouvernement. Autre credo : « La hausse de la précarité dans le public. » « On dit que nos salaires sont élevés, or les jeunes qui commencent à bosser touchent 800 €… Comment s’en sortir ? », s’inquiète un salarié du lycée Lesage. Les chiffres de la préfecture font état de 20% de grévistes en moyenne dans les services publics du Morbihan. 4 MGM/mars 2006 2006 V E N D R E D I 03/02 02/02 JEUDI Damgan : U n homme de 64 ans est surpris par la marée alors qu’il se trouve à bord de son Espace, à Pénerf. Ce résidant secondaire à Surzur s’est embourbé dans un chemin pour ostréiculteurs. Il donne l’alerte vers 6 h du matin en expliquant calmement que l’eau monte autour de sa voiture et qu’il ne sait pas nager. Il ne peut se localiser. La conversation dure une heure trente. Elle prend fin lorsque l’homme est englouti. Pourquoi n’a-t-il pas regagné la plage à pied ? C’est l’une des questions auxquelles l’enquête devra répondre. www.mgm-mag.info Vannes : Les lycéens ne veulent pas du CPE 07/02 Un automobiliste englouti par la marée Vannes : Les fonctionnaires dans la rue 3 MARDI 2 «N ous représentons l’avenir de ce pays mais le gouvernement ne nous en donne aucun. » Remontés les lycéens. Protestant contre le Contrat première embauche (CPE), ils le clament haut et fort dans les rues. Alternant cortèges, sit-in, blocage du lycée Lesage et rassemblements, leur mobilisation fait même de l’ombre à l’intersyndicale. Spontanée, elle connaît des soubresauts jusqu’aux vacances scolaires. Trois interpellations de perturbateurs étrangers au mouvement entachent cependant quelque peu la mobilisation. Sit-in, manifestations, blocage du lycée Lesage et rassemblements. Les lycéens se mobilisent contre le Contrat première embauche (CPE). 4 Les casseurs jouent les réalisateurs Les soins des Français à l’étranger traités à Vannes D I M A N C H E 12/02 Vannes : e pense qu’ils ont une dent contre les Twingo… », commente un policier. C’est le moins qu’on puisse dire… Dans la nuit de dimanche à lundi, trois jeunes, âgés de 19, 20 et 23 ans, crèvent les pneus et brisent les rétroviseurs de six voitures, rues des Fères-Créac’h et de Saint-Tropez. Ne s’arrêtant pas à s’acharner contre « les petites Renault », l’un des trois compères filme aussi la scène. Histoire de garder un souvenir… Les casseurs sont interpellés dans la nuit par la brigade anti-criminalité. 4 18/02 SAMEDI Le couple de profanateurs arrêté L A la maison de retraite Orpéa, un résidant est trouvé mort à l’arrière de l’établissement. La veille, il avait quitté les lieux à l’insu de tous et n’avait pu être retrouvé. L’octogénaire avait déjà fugué à deux reprises d’une autre maison de retraite à Saint-Avé. Ses enfants l’avaient alors installé dans un établissement plus surveillé. Un médecin a conclu à une mort naturelle. L’un des enfants de l’octogénaire a néanmoins dénoncé un défaut de surveillance et a annoncé qu’il porterait plainte. Vannes : La cité des Vénètes au cœur du combat anti-OGM a fin des profanations ? Un couple est mis en examen. Il reconnaît les six profanations perpétrées entre le 12 et le 30 janvier dans le Finistère et le Morbihan. Les deux jeunes revendiquent même leurs actes, au nom de leur « haine des religions ». Interpellés à Rezé, près de Nantes, ils avaient quitté leur domicile de Saint-Thurien, où des croix et des crânes ont été retrouvés. Selon le procureur, ils affirment pourtant ne pas se livrer à des pratiques sataniques. Le couple est placé en détention provisoire. 18/02 rançois Goulard siffle la fin de la partie lors de la réunion publique de Conleau. Le tunnel de Kérino se fera à l’endroit désigné par la mairie. L’alternative des riverains est jugée trop « contraignante et coûterait plus cher ». Le souterrain est estimé à 23 millions d’euros. Son inauguration interviendra « au mieux fin 2008 ». Le premier adjoint pense qu’il permettra « d’éviter la circulation par la place Gambetta. L’augmentation du trafic viendra de là et non d’un flux plus important entre l’est et l’ouest ». ’omniprésent Philippe Bas, ministre délégué notamment à la sécurité sociale, annonce la création d’une antenne centralisant le traitement et le remboursement des soins des Français à l’étranger. But de la manœuvre : « Simplifier la démarche des usagers, accélérer les remboursements et lutter contre les fraudes. » Dans la foulée, le ministre explique également que les cartes vitales deuxième génération contiendront des photos dès juin prochain. Toujours pour traquer les fraudeurs. Un retraité décède derrière sa maison de retraite Morbihan-Finistère : 14/02 F L Vannes : ’est la soirée où on emballe ! » Ambiance chaude pour la Nuit des étudiants au Chorus. 4 400 jeunes se donnent rendez-vous de 21 h 30 à 4 h du matin. Au gré des morceaux « boîte de nuit », on y retrouve les figures typiques : les copines qui ne dansent qu’entre elles, le playboy sapé comme un prince qui connaît ses chorégraphies par cœur, le gars éméché qui tangue, clope au bec et verre à la main… Le tout encadré par l’opération « Sam ». D’après la Fédération des étudiants, « tout s’est bien terminé » vers 4 h 30. MARDI 09/02 JEUDI «J «C Vannes : Ouverture du tunnel de Kérino fin 2008 V E N D R E D I 10/02 Morbihan : SAMEDI L’hiver est chaud pour les étudiants Vannes : 4 400 jeunes participent à la 9è Nuit des étudiants au Chorus de Vannes, jeudi 9. 17/02 Samedi 18. Ambiance familiale pour la manifestation contre les OGM. Un cortège discrètement surveillé par une forte présence policière. 2 3 VENDREDI Février aura été un mois « socialement chargé ». Jeudi 2, ce sont les fonctionnaires qui ouvrent le ban. 1 MGM/mars 2006 «V annes sera le symbole de la lutte contre les OGM. » Pourquoi ? « C’est la ville de François Goulard, le ministre en charge du projet de loi sur les cultures OGM. » Un texte dénoncé par les 1 200 manifestants qui défilent. Les organisateurs souhaitent « informer les habitants sur les risques liés aux OGM ». Une contre-proposition de loi est remise au préfet. Une délégation doit aussi être reçue par le ministre « dans les jours à venir ». Les manifestants se donnent rendezvous samedi 8 avril à Vannes. www.mgm-mag.info 5 L’ ES SE NT IE L D E L’ IN FO A « Aide-toi toi-même » S acrebleu ! Le célèbre trublion Alain Malardé, fondateur de la Confédération maritime, s’est élevé contre Josselin de Rohan, châtelain de son état et sénateur UMP du Morbihan. C’est ce que rapporte en substance Le Canard enchaîné (01/02). Le duc « s’est fait construire une piscine privée au bord de son imposant château de Josselin, datant des XIIè et XVè siècle, classé monument historique, malgré la stricte règle des 500 m ». Josselin de Rohan, administré heureux Cette règle interdit pourtant toute construction de ce type aux abords d’un tel édifice. D’autant que le village de Josselin est lui-même classé « cité de caractère » et donc soumis à des normes urbanistiques drastiques qui empêchent n’importe quel manant d’ouvrir un vélux. L’autorisation de procédure aux travaux a été délivrée à son propriétaire en 1998 « par un certain Josselin de Rohan alors sénateur maire » de la cité éponyme. Ni les services fiscaux, ni l’architecte des monuments de France, d’habitude très pointilleux, n’ont sourcillé. E T I L A U CT Un centre culturel pour la communauté turque à Auray D epuis le temps qu’ils l’attendent ! Enfin les Alréens d’origine turque vont bientôt l’obtenir ! Leur arlésienne, c’est un centre culturel qu’ils essaient de construire... « depuis qu’il y a des Turcs à Auray », souligne Kerim Sen, président de l’Association culturelle turque d’Auray (Acta), porteuse du projet. A la recherche d’un terrain vierge ou d’anciens locaux à réhabiliter, l’association avait déjà posé ses jalons sur les communes de Crac’h et de Brec’h. A chaque fois, les mairies avaient sorti leur veto... Mais cette fois-ci semble la bonne, puisque c’est à l’initiative de la mairie d’Auray que le projet avance. « On est partenaire », annonce fièrement Michel Le Scouarnec, le maire, « et il y a de fortes chances que le dossier aboutisse ». Emploi : dynamisme économique mais hausse de la précarité «L ’emploi se précarise ! », clament certains. « Le bassin d’emplois est dynamique ! », se défendent d’autres… Les avis divergent sur la situation de l’emploi du pays vannetais… Pour tenter d’y voir plus clair, rien de tel que le bilan d’activité 2005 des agences ANPE ! Ce rapport a été récemment présenté aux acteurs locaux. Que nous apprend-il ? Quelques petites choses positives. Le dynamisme du bassin d’emplois est réel. Le nombre de contrats proposés a augmenté de 11,5% entre 2004 et 2005 dans le bassin de Vannes alors qu’il baisse en moyenne de 0,9% dans le Morbihan. Même chose pour le nombre de CDI qui hausse de 5,8% contre 1,2% pour le département. Entre autres chiffres, l’ANPE constate aussi une baisse de 17,5% du chômage des jeunes de moins de 26 ans (18,4% dans le Morbihan). Viennent également dans ce rapport quelques « oiseaux de mauvaise augure »… Si Ce n’est toujours pas l’entente cordiale entre Goulard et Sarkozy. Dimanche 15 février, Sarko aurait téléphoné à Villepin pour se plaindre du comportement du ministre de l’enseignement supérieur qui s’est élevé contre les propositions de réformes institutionnelles du président de l’UMP (L’Express 02/02). Une initiative identifiée comme une attaque « téléguidée » par Villepin, dont le maire officieux est « proche ». 6 Actuellement logée dans les anciens locaux de l’usine Soyer rue Abbé Philippe-Le Gall, l’association pourrait déménager à quelques pâtés de maisons, en lieu et place de l’ancien Leclerc, là même où se construit une nouvelle surface alimentaire. Mais c’est le sous-sol qu’Acta investirait, « sous le parking, dans les locaux qui servaient de réserve à l’ancien Leclerc », explique Guy Roussel, adjoint à l’urbanisme. La mairie a sollicité le promoteur qui s’est montré favorable à la vente de ce local à l’association alréenne. Cette dernière a donc déposé un permis de construire qui est actuellement en instruction. « Si tous les protagonistes du dossier donnent leur aval, le permis sera délivré. En tous les cas, nous, on ira dans le bon sens », assure l’adjoint. MGM/mars 2006 2006 dans le Morbihan le nombre de demandeurs d’emploi perd 1,6% entre 2004 et 2005, la baisse n’est que de 0,2% dans le bassin de Vannes. Des signes caractéristiques de la précarité de l’emploi se manifestent aussi. En premier : la forte augmentation du nombre de CDD. + 27,6% contre seulement + 4,6% sur le Morbihan. Question temps partiel… ce n’est pas brillant. Idem pour les contrats d’une durée hebdomadaire de vingt heures ou plus + 25,6%, contre 3,8%. Quant aux contrats à « très courte durée », Vannes marche sur les mains avec + 15,8% contre une baisse moyenne de 13,1% dans le département… Qu-est-ce que ça veut dire ? Le bassin est dynamique mais les emplois qu’il génère se précarisent ! Incompatible ? Pas sûr. Dans le MGM de décembre, la Caf rappelait que le dynamisme « du circuit économique n’était pas pour rien » dans l’apparition de la précarité. « Je suis pas mort ! » C’est le cri du cœur poussé par Loïc Bouvard, député UMP de Ploërmel, face à l’insistance et l’omniprésence de Philippe Bas. Le ministre délégué à la sécurité sociale, qui dispose d’un pied-à-terre à Penvins, se verrait bien parachuter dans sa circonscription. Mais Loïc Bouvard ne compte pas en rester là. Il lorgnerait même sur un neuvième mandat, selon L’Express (16/02). www.mgm-mag.info Plus de 20 concerts gratuits dans les rues de Vannes ? Vous en avez rêvé, Noz’tambule l’a fait. L’association lance sa nouvelle édition de Festivannes vendredi 21 et samedi 22 avril. Pour l’instant, 12 bars ont répondu présent pour l’événement. « On aimerait arriver à organiser entre 25 et 30 concerts dans près de 16 bars », note Aurélien, un organisateur. Qui a dit que cela ne bougeait pas à Vannes ? Ménimur : vitesse et précipitation V endredi 17 février, le conseil municipal vannetais a adopté le dépôt du projet de renouvellement urbain de Ménimur auprès de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Si ce gros dossier est accepté, 182 logements pourraient être détruits « horizon 2009-2011 ». Une décision qui laisse un goût amer à certains habitants du quartier. Notamment les résidants du 32 rue Eugène-Boudin. Fustigeant un manque flagrant d’informations, ces derniers ont décidé de créer un collectif de riverains, d’envoyer une lettre au maire et de lancer une pétition. Objectifs : protester contre la destruction de leur immeuble et s’indigner de la forme quelque peu cavalière de la conduite de ce dossier qui concerne quand même 7 000 habitants (13% de la population)… Une résidante raconte : « On a appris ça par le bouche à oreilles. On n’y croyait pas. On s’est rendu à la réunion publique le 27 janvier. A force d’insister, ils ont fini par reconnaître que notre HLM pouvait potentiellement être rasé. Le seul courrier que l’on ait reçu depuis, c’est une lettre du PS. » Les habitants s’interrogent : « Dans ce contexte, pourquoi d’importants travaux de rénovation sont-ils menés dans les immeubles ? » Effectivement, les ouvriers s’y activent. Ils créent une rampe d’accès pour handicapés. Les halls d’accueil viennent d’être refaits, des interphones ont été posés il y a moins d’un mois et de nouvelles cages d’ascenseur doivent bientôt être installées… « Un gâchis d’argent public » pour les habitants. Mais le principal grief de ces derniers reste le manque d’informations… Un reproche visiblement partagé dans le quartier. Exemple : le projet prévoit aussi de déplacer le commissariat de quartier inauguré en mai 2002. Celui-ci a subi d’onéreux travaux de sécurité passive il y a un an. « Déplacer le commissariat de quartier ? Vous me l’apprenez », s’étonne l’un des principaux responsables du commissariat… Autre question : le devenir du parking relais tarabuste. Inauguré en grande pompe en 2003 pour un coût de 160 000 €, « il restera », a promis François Goulard au conseil municipal. Il restera, certes, mais pas au même endroit, précise Georges André, adjoint chargé du logement et président de l’office HLM. En première ligne sur ce projet, ce dernier reconnaît « une certaine précipitation dans la constitution du dossier ». L’élu tente de rassurer. « Nous n’en sommes qu’au dépôt d’un dossier. Rien n’est figé. » Affaire à suivre. Vannes a la main verte L e 18 avril, Vannes Golfe habitat et la mairie inaugureront un projet immobilier de 27 logements, situé rue de Bilaire, au nord-est de la ville, à une centaine de mètres de l’A82. 66 locataires dont 28 enfants y trouveront un logis. Au début, le projet était sympa. Comme le décrivait la plaquette de l’office HLM, il s’inscrivait « dans une végétation existante, dense et de qualité, encadrant le site dans toute sa partie sud » (comprenez entre lui et l’autoroute). Ce grand terrain, classé en zone naturelle (NA) dans le Plan local d’urbanisme, appartient à la mairie. Hêtres et saules offraient aux futurs locataires un paysage verdoyant, mais aussi un écran visuel et sonore naturel aux nuisances de la quatre-voies. Ce n’est plus le cas. Courant janvier, les services de la mairie ont joué de la tronçonneuse. Fini l’environnement sympathique. Place à une zone de remblais, sorte de no man’s land boueux. Du côté de l’architecte du projet, la pilule a du Refaire du neuf avec du vieux. Un proverbe qu’on semble apprécier à la mairie de Vannes. Lors de la dernière séance du conseil municipal, un bordereau annonce la « création d’une nouvelle manifestation : le Mai musical »… Tiens. Les connaisseurs auront une impression de déjà-vu… Cet événement « nouveau » en est à sa troisième édition, comme l’indique, entre autres, le site de la communauté d’agglomération. Ci-gît une zone naturelle offrant un écran visuel et sonore aux futurs locataires de logements HLM (à gauche sur la photo). Les déboires d’Océane L a clinique Océane serait-elle rattrapée par son emménagement délicat ? Début février, le ministère de la santé la sanctionne lourdement sur ses moyens de lutte contre les infections nosocomiales. Un rapport dont la méthodologie est critiquée par le responsable du Réseau régional des établissements de santé. Il rappelle notamment que « les questions de notations portaient sur les protocoles… Une clinique en structuration peut perdre des points. » En attendant, la direction a d’autres choses à régler. Dont les relations avec le personnel. Fin novembre, le directeur des ressources humaines a été remplacé. Un membre du CE témoigne : « Depuis, on attend ce qu’ils vont sortir de leur chapeau… » Sylvie Coquel, la nouvelle DRH, elle, ne s’inquiète pas : « J’ai reçu un bon accueil. » Ambiance-ambiance à Carnac U mal à passer. « J’avais orienté mes plans autour de cet espace… Ils perdent aujourd’hui une grande partie de leur valeur. Le logement social est souvent décrié. Là, ça ne va pas arranger sa réputation. » A la mairie, on reconnaît « le débroussaillage ». Qu’adviendra-t-il de ce terrain inconstructible ? « On va y construire un écran végétal anti-bruit », indique la municipalité. Couper, re-planter… Pas facile la vie de jardiniers… Henri Bénéat met au défi l’Etat. Emporté dans son combat contre la loi littoral et plus largement contre tout ce qui peut s’opposer à un urbanisme débridé, le maire de Sarzeau a tiqué sur la notion de hameau telle que définie par le Schéma de mise en valeur de la mer. En pleine réunion à la préfecture, il a annoncé qu’il ne respecterait plus les avis de l’Etat en matière de permis de construire. Rebelle, rebelle. n élu, évincé du conseil municipal par ses « amis » politiques, parce qu’il était soupçonné d’être resté le « bras armé » de Jacques Bruneau, maire battu en 2004. Un nouvel édile, Michel Grall (DVD), épinglé par la Commission d’accès aux documents administratifs parce qu’il refuse de fournir à deux de ses conseillers de gauche le fameux audit mené sur les finances de la commune… A Carnac, « l’énergie » est peut-être « nouvelle », mais l’ambiance n’est pas meilleure. 15 000 C’est le nombre de fiches que possèdent les renseignements généraux dans le Morbihan, département qui compte 677 000 habitants. Vous pouvez retrouver ce chiffre dans Place Beauvau, la face cachée de la police, un livre écrit par trois journalistes du Point, publié aux éditions Robert Laffont. MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info 7 ORDURES MENAGERES Du tri à faire avant de lancer E L E D B E T A Un plan départemental qui prend du retard, un débat public qui « se rapproche à grand pas », des associations qui s’impatientent et un conseil général qui avance à pas feutrés… Beaucoup de tri reste à faire avant la tenue d’une concertation publique sur la gestion des déchets ménagers. Il s’agit tout de même de fixer la politique du département en la matière jusqu’en 2016. Par Stéphane Lanson A (Photos Romain Joly) SOMMAIRE COLLECTE, TRAITEMENT ET ELIMINATION P.10 Une filière incomplète PLAN DEPARTEMENTAL D’ELIMINATION DES DECHETS MENAGERS P.12 Le conseil général « révise » sa copie SYNDICAT DU SUD-EST MORBIHAN Des solutions de traitement très discutées P.15 ttention dossier complexe, sensible, voire franchement encombrant. La gestion des ordures ménagères est loin d’être le point sur lequel les décideurs locaux sont le plus à l’aise. Pourquoi ? Bien que techniques, leurs décisions dans ce domaine sont très souvent controversées. Mais depuis 2003, dans le cadre de la loi de décentralisation : il va falloir faire avec. Le conseil général a ainsi récupéré cette compétence. Il doit maintenant élaborer un Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA). Celui-ci fixe les grandes orientations pour 2006-2016 en la matière. Ce plan servira de référent aux différents organismes intercommunaux du département chargés sur le terrain de la collecte et du traitement. Avant de lancer un « grand débat public » autour des solutions à mettre en place, prévu initialement début 2006, le conseil général s’est d’abord attaché à dresser l’état des lieux. Premier constat, la filière actuelle est loin d’être parfaite. Les différents territoires ne sont pas tous au même niveau. Autre point à sérieusement améliorer : un tiers des déchets résiduels (c’est-à-dire après tri, recyclage ou compostage…) est éliminé hors du Morbihan. Ce qui va à l’encontre du principe de proximité dicté par le Code de l’environnement. Devant l’augmentation de la population, la priorité reste donc la réduction des tonnages à traiter. Le débat visera à impliquer au maximum le citoyen dans cette démarche en tant que producteur de déchets. Comment éliminer le reste ? Deux possibilités : l’enfouissement et/ou l’incinération. Sachant que ni l’une ni l’autre ne sont exemptes de nuisances sur l’environnement et les personnes. Le débat s’annonce passionnel. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 9 T N S A ET OMBR H DÉC ENC COLLECTE, TRAITEMENT ET ELIMINATION U o nd ss ier Une filière INCOMPLETE Dans tout le département, grâce au tri et au recyclage, la collecte sélective a permis de réduire le volume d’ordures ménagères résiduelles (OMR) enfouies ou incinérées. Mais pas de quoi pavoiser. Le Morbihan exporte toujours près d’un tiers de ses OMR. Une situation qui pourrait bien empirer avec la saturation des centres d’enfouissement. 4 Evolution des tonnages collectés en Morbihan 2002 2003 295 480 t 262 300 t bio-déchets* 5 600 t 46 980 t collectes sélectives 57 500 t ordures ménagères résiduelles 248 500 t 199 200 t sources : CG56-ANTEA - Diminution de 11% de la production d'ordures ménagères entre 2002 et 2003 - Diminution de 20% des ordures ménagères résiduelles (restant à traiter) - Augmentation de 22% de la collecte sélective (verres, emballages, journaux) *Bio-déchets : part de la poubelle classique qui peut être compostée Le Morbihan exporte 30% de ses ordures ménagères résiduelles. Pour inverser cette tendance, ménages et conseil général ont encore pas mal de tri à faire. 10 15 000 t de déchets ménagers par an. Soit 560 kg produits par Morbihannais. En juin 2005, lors de sa session plénière, le conseil général se base alors sur les chiffres 2003 pour établir son diagnostic. L’assemblée départementale se félicite d’abord que « la collecte et le traitement soient relativement stables et organisés » en intercommunalité (EPCI, lire ci-contre). La collecte sélective (verres, emballages, journaux…) couvre ainsi la quasitotalité du département. Généralisation de la collecte sélective Sur 415 000 t, après dépôt en déchèterie ou collecte sélective, il reste 199 200 t de déchets à traiter. Lesquels le sont par enfouissement ou incinération (lire page suivante). Voilà pour le postulat. En se basant sur l’évolution de la situation entre 2002 et 2003, le Département dresse une liste de points positifs et d’autres « à surveiller ». Au rayon des satisfactions, on note une baisse des déchets produits par les ménages alors que la population a augmenté. Les tonnages d’ordures ménagères résiduelles, restant à traiter par enfouissement et incinération, diminuent également. Une généralisation de la collecte sélective est sans doute la principale cause de cette amélioration. Cerise sur MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info le gâteau, selon le conseil général : « Toutes les décharges sauvages sont fermées. » Les points à surveiller, eux, sont moins nombreux : une augmentation de 3,5% du volume de déchets en déchèterie et l’apparition de nouvelles catégories de déchets. L’exemple, ce sont les fameux D3E. Comprenez « Déchets d’équipements électriques et électroniques ». En résumé, a priori, rien de préoccupant si ce n’est peutêtre que le département exporte chez ses voisins environ 30% de ses déchets ménagers résiduels. Un « cadeau » de 62 300 t quand même, principalement destinées à être enfouies ou incinérées en Mayenne. Une faille bien visible L’un des enjeux du nouveau plan, qui consiste à organiser la politique départementale d’élimination des déchets ménagers pour 20062016, sera donc de répondre au Gestion des déchets : comment ça marche ? P our la gestion des déchets ménagers, on distingue deux catégories d’Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Les EPCI de collecte et ceux de traitement. Le traitement est assuré par 10 EPCI qui regroupe 23 structures, plus petites, chargées de la collecte. Nébuleux ? Prenons le pays de Vannes en exemple. La collecte est du ressort de la communauté d’agglomération. Le traitement, lui, est dévolu au Sysem (Syndicat du sud-est Morbihan). Le Sysem regroupe 7 EPCI de collecte dont celui du pays de Vannes. Les EPCI de collecte gèrent les 61 déchèteries du département. inverser « Il faut la tendance Le conseil général Comment s'organisent la collecte et le traitement des déchets ? Déchets ménagers et assimilés produits en 2003 dans le Morbihan : 415 000 t (560 kg/an/hbts) Tonnages éliminés (par enfouissement ou incinération) 167 000 t 57 500 t 154 000 t » « refiler le bébé » aux Mayennais sans que ceux-ci n’aient franchement le sentiment de devenir notre poubelle. Le conseil général en est conscient : « Il faut inverser la tendance actuelle. » La faille est bien visible. Reste à compléter la filière départementale en trouvant les réponses sur notre territoire. Réduction des tonnages à traiter, augmentation de la capacité d’enfouissement et/ou d’incinération : les associations de protection de l’environnement et de consommateurs considèrent la première solution comme prioritaire. A condition que les différents EPCI tirent dans le même sens. Ce qui n’est vraisemblablement pas le cas à l’heure actuelle. Tonnages valorisés 248 000 t 28 900 t 16 300 t Avec récupération d'énergie Sans récupération d'énergie 77 000 t 24 800 t Huiles usagées : 1 000 t Filières organiques (déchets verts, épluchures...) : 54 800 t Déchets ménagers spéciaux (piles, solvants, peintures...) : 400 t Légende : Collecte des déchets Traitement des déchets ordures ménagères résiduelles déchèterie recyclage matière collecte sélective (verres, emballages, journaux) incinération enfouissement Un plan : oui, mais pour en faire quoi ? Personne ne conteste l’intérêt de « l’outil » départemental de gestion des déchets ménagers. Mais ne tirons pas de plan sur la comète, le document reste conditionné par la bonne volonté des élus locaux, seuls maîtres du terrain. L e plan départemental est-il un outil crédible ? La question mérite d’être posée. Pour de nombreux acteurs, le Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés est certes « un document de référence » mais « il souffre de ne pas être plus directif ». Il fixe des objectifs. Mais se donne-t-il les moyens de les tenir ? Rappelons d’abord qu’avant le 24 juin 2003, la compétence était dévolue à l’Etat. La préfecture disposait alors de pouvoirs bien plus conséquents pour la faire appliquer via des arrêtés. Malgré cela, ce ne fut pas le cas. Selon certaines associations comme Stop incinérateur de Plouharnel (Sip), le plan départemental de 1997 prévoyait clairement « la reconversion de l’incinérateur en site de compostage des ordures ménagères ». Cette orientation avait force d’obligation, le Sip s’y est donc longtemps raccroché. Le document évoquait aussi le rattachement du Sivom Auray-Belz-Quiberon au secteur de Vannes. Deux points qui ne se sont jamais réalisés par la suite. En fait, selon le plan, la mesure était conditionnée par la création d’un incinérateur vannetais, au grand dam des associations. Lequel n’a jamais vu le jour. Le nouveau plan pour 2006-2016 piloté par le conseil général sera-t-il plus efficace ? Le principal levier du Département semble s’appuyer sur l’octroi d’aides financières aux EPCI les plus impliqués dans les objectifs. Le plan du conseil général serait donc plus incitatif que coercitif. Les associations regrettent d’ores et déjà sa volonté de laisser aux EPCI « l’entière responsabilité » de leurs choix techniques. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 11 Source : CG56 - ANTEA principe de proximité énoncé dans le Code de l’environnement. Le conseil général a du pain sur la planche. Pourquoi ? La capacité des centres d’enfouissement technique (CET) morbihannais diminue comme peau de chagrin. En 2005, celle-ci était de 114 000 t d’ordures ménagères. Un peu léger au regard des 199 200 t à traiter chaque année. D’autant que la fermeture de nombreux CET saturés est déjà amorcée. Dans ce contexte, les projections ne sont guère rassurantes. Si rien n’est fait, en 2014, le Morbihan ne pourra enfouir qu’un quart de ses ordures ménagères résiduelles. Il deviendra alors difficile de T N S A ET OMBR H DÉC ENC PLAN DEPARTEMENTAL D’ELIMINATION DES DECHETS MENAGERS ET ASSIMILES U o nd ss ier Le conseil général « REVISE » SA COPIE Le nouveau Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés pour 2006-2016 doit être présenté à l’automne prochain à l’assemblée départementale. Doucement, le travail avance. Mais les associations environnementales impliquées s’impatientent devant les premiers errements de la révision, à l’heure d’un débat public « théoriquement » imminent. L ors de la session plénière du conseil général de juin 2005, un bordereau annonçait que « la tenue du débat public » sur le nouveau Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA) « se déroulerait début 2006 ». « Tout dépend de ce que l’on appelle début 2006. Cela peut tout aussi bien être juin », ironise Hervé Le Norcy, directeur général des services du Département. Heureusement que l’auteur du bordereau avait pris soin d’employer le conditionnel, comme pour se prémunir d’éventuels contretemps. Une prudence symptomatique de la manière dont le conseil général avance dans l’élaboration du plan. Pour l’instant, difficile de délier les langues de bois. Impatience des associations Pourquoi tant de précautions ? La réponse se trouve sans doute dans les groupes de travail chargés de réviser le précieux document. Dans un souci de transparence, le conseil général a mis en place une commission consultative où siègent notamment des représentants d’associations environnementales et de consommateurs. Et c’est là que ça commence à coincer. Les dernières réunions ont retardé le processus. Lundi 30 janvier, le cabinet d’études Girus devait présenter une analyse comparative des différents scénarios de traitement 12 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info des ordures ménagères. Petit hic : ses chiffres étaient erronés. Scandalisés, associations et certains élus ont renvoyé le cabinet à ses chères études. Annulant ainsi la réunion suivante prévue lundi 13 février. Le conseil général, lui, n’y voit qu’un raté « ordinaire dans le cadre d’un dossier en cours ». Tout en reconnaissant « l’impatience grandissante des associations ». Impatientes, c’est peu dire. Les associations s’agacent déjà : « Nous sommes en retard. » Alors que le débat public annoncé devrait « théoriquement » être imminent, les orientations du futur plan départemental se font attendre. De nombreuses questions restent en suspens. Quels seront les objectifs de ce PDEDMA ? « Le Département est aujourd’hui exportateur net de ses déchets ménagers résiduels. A terme, l’idéal serait évidemment que le Morbihan s’autogére à ce niveau », explique Hervé Le Norcy, pesant chacun de ses mots. Un objectif fort. A priori, on se dirigerait vers un plan ambitieux. Pour parvenir à cette fin, les pistes de réflexion sont identifiées. Réduction des déchets ménagers à la source, incinération et/ou enfouissement pour le traitement sont à l’ordre du jour. Même si dans les deux cas, les élus risquent de s’exposer sur le terrain à l’éternel mécontentement des riverains (lire p.14). Abandon de l’incinération ? Réduction des déchets à la source. Première piste, premier couac avec les associations impliquées. « Comment avancer dans la réflexion sur la réduction des tonnages puisqu’il n’y a pas d’objectifs clairement chiffrés. Les données des différents EPCI de collecte aussi ne sont pas assez précises pour déterminer les efforts qui restent à fournir », témoigne Michèle Fardel de l’UFC Que choisir 56. Ce comparatif des EPCI de collecte se base sur six territoires « témoins ». Parmi lesquels : le pays de Lorient, le Sictom de Rhuys, le Sivom de Questembert et Rochefort-en-terre… Quid de la communauté d’agglomération du pays de Vannes ? Son absence Un dossier sensible traité «comme un dossier sensible Le conseil général » peut sembler « aberrante » mais ne choque guère à l’hôtel du département. Jean Inizan, directeur adjoint chargé des infrastructures et de l’aménagement, en perd pourtant son latin : « L’analyse correspond plus à une vérification, c’est un peu anecdotique. Ce n’est qu’une expertise. » Le directeur général des services vient à son secours : « Les objectifs se doivent d’être réalisables par chacun. Ils viendront en temps voulu. » Concernant les pistes de traitement étudiées, l’éventualité d’un gros incinérateur départemental est-elle définitivement enterrée ? « A ce stade, la question semble prématurée. Cependant, puisque cela n’a jamais été évoqué en assemblée depuis le début de la révision, je me risque à en conclure qu’il n’en est pas question. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’un EPCI ne peut pas faire ce choix », « précise » Hervé Le Norcy. Du coup, le sulfureux débat sur l’incinération aura certainement lieu localement. D’ailleurs, le directeur général des services prend aussitôt ses distances : « A chacun son boulot, le conseil général fait le plan mais les maîtres d’ouvrage restent les EPCI. » L’incinération continue de cristalliser toutes les crispations (lire p.14). Sur ce point, les associations environnementales se rassurent comme elles peuvent. Stop incinérateur de Plouharnel (Sip), qui ne fait pas partie de la commission consultative, se félicite par exemple de l’opération « Stop aux sacs de caisse », lancée par le conseil général, depuis lundi 16 janvier : « Une action qui va dans le sens de la réduction des déchets à la base et constitue un argument supplémentaire pour l’abandon de l’incinération. » Pourquoi ? Selon Sip, ces sacs apportent une proportion significative du pouvoir calorifique nécessaire à la combustion. Sans eux, un incinérateur serait moins efficace. Cette action induit-elle que seul l’enfouissement sera retenu ? Mystère. Le conseil général marche sur des oeufs Toujours est-il que la question de l’enfouissement soulève ellemême d’autres interrogations. Surtout dans le contexte actuel de saturation des sites. « Les déchets industriels banals (DIB) empruntent les mêmes filières que les ordures ménagères. On peut difficilement l’occulter », admet Hervé Le Norcy. Impossible de régler le traitement des ordures ménagères sans s’attaquer à la gestion des DIB. C’est cette pression de la question industrielle évoquée par le directeur général des services qui inquiète plus que jamais les associations. Encore le spectre de l’incinération. Le travail en commission ne semble pas en mesure de dissiper leurs inquiétudes. Elles déplorent « entre autres » l’absence des coûts correspondant à chaque scénario de traitement étudié : « Sans cela, difficile de comparer… » Cette opacité provoque une crainte supplémentaire : « Que le citoyen paie la note pour tout le monde, pour l’élimination de ses déchets mais aussi de ceux générés par les industriels » (lire ci- contre). Un excès de paranoïa ? Le Code l’environnement soulève un principe de « responsabilité élargie des producteurs de déchets ». Ce qui englobe les industriels (emballages…). Une jolie prescription qui s’est transformée en l’espace de quelques mois dans les documents du conseil général en : « Responsabilité des citoyens, producteurs de déchets. » De fil en aiguille, les associations témoignent leur amertume. Elles ressentent un « manque de passion chez les élus ». Puis parlent de « démarrage poussif quand le Département a pris la compétence du plan en 2003, de manque de moyens humains, même si cela s’améliore ». Trop lentement à leur goût visiblement. A voir la clarté des réponses fournies par l’institution, il semble évident que celle-ci marche sur des œufs. Aurait-elle hérité d’une « patate chaude » en récupérant cette compétence ? « Non, tempère le directeur général des services. Il s’agit simplement d’un dossier sensible traité comme un dossier sensible. » Enorme différence il est vrai. Hervé Le Norcy n’exclut pourtant pas que le débat se fasse après l’été. Sachant que la présentation du plan finalisé est prévue à l’automne… Le planning promet d’être serré. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info La production annuelle de déchets par habitant 2003 2004 560 kg/hbt 601 kg/hbt collecte traditionnelle 269 kg 256 kg déchèterie 215 kg 249 kg source : CG56 - ANTEA S collecte sélective 76 kg 96 kg Ratio calculé à partir de la population permanente à laquelle on ajoute les résidences secondaires : 740 184 habitants. Pour le conseil général : « L’augmentation du volume en déchèterie correspond aux déchets verts. 2003 était une année de sécheresse. » Le taux de recyclage en déchèterie atteindrait les 51%. Les associations, elles, s’interrogent sur la part de déchets dits assimilés inclue dans les ordures ménagères résiduelles (OMR). Selon elles : « Sur 256 kg/habitant en 2004, celle-ci serait de l’ordre de 30 à 50%. » Les assimilés correspondent aux déchets d’artisans, de commerçants et des administrations. Question : comment éviter que le citoyen paie leur élimination ? Les associations suggèrent une redevance spéciale. 13 T N S A ET OMBR H DÉC ENC U o nd ss ier Plouharnel : un embrasement contre l’incinération Dans le débat concernant le traitement des déchets, la question de l’incinération n’est jamais très loin. Du coup, il semble impensable que le nouveau plan départemental ne tienne pas compte des risques de fermeture définitive de l’unité de Plouharnel. «U buesque, rocambolesque, voire grotesque. » Les qualitatifs manquent pour évoquer l’incinérateur d’ordures ménagères de Plouharnel. Même si le sort de celui de Nivillac est entre les mains de la justice, pour les associations environnementales du département : Plouharnel est bien le symbole du « non à l’incinération ». Depuis décembre dernier, l’usine est fermée pour des travaux de mise aux normes. La remise en activité est pour l’instant prévue mi-avril, à moins que… A moins que la préfecture n’en décide autrement, confirmant ainsi le signal d’alarme écologique lancé de longue date par l’association Stop incinérateur de Plouharnel. Cela n’empêchera sans doute pas Geval, l’exploitant du site, de déposer un nouveau recours au tribunal administratif… Car, depuis l’été 2005, celui-ci a en effet attaqué systématiquement tous les arrêtés préfec- toraux. Fin janvier, Geval s’en prenait au troisième, daté du 27 décembre 2005, qui visait à suspendre l’activité de l’incinérateur. Pourquoi ? A la même date, l’industriel considère déjà savoir qu’il ne fera pas tourner une « usine non conforme ». Il attaque donc « sur la forme »… Le ridicule ne tue pas. Ce que Gérard Pierre, maire de Plouharnel, avait déjà montré quelques jours plus tôt, lors des traditionnels vœux annuels. Lundi 9 janvier, l’élu déclarait texto : « L’usine a été mise aux normes et si elle est fermée aujourd’hui, c’est uniquement pour installer un portique de détection radioactive et faire quelques travaux d’entretien. » Cherchez l’erreur. Mais les études environnementales et sanitaires sont en route. Si elles s’avèrent insatisfaisantes, Plouharnel ne redémarrera pas. Le nouveau plan départemental ne peut l’ignorer. La question de la pérennité du Syndicat mixte AurayBelz-Quiberon est de mise. Moréac : l’enfouissement irrite les riverains Fermé pour remise en conformité, l’incinérateur de Plouharnel sera-t-il autorisé à reprendre son activité ? Les associations environnementales sont dans l’expectative. Craignant pour la qualité de leurs produits, les agriculteurs riverains du Centre de stockage des déchets ultimes (CSDU) de Moréac refusent catégoriquement son extension. Pour stocker les déchets ménagers résiduels, l’une des solutions du conseil général consiste en l’extension de centres d’enfouissement existants. Petit problème : les riverains ne l’entendent pas de la même oreille. Illustration récente à Moréac. «C oved stop, notre avenir en dépend. » Les inscriptions du genre fleurissent aux abords du Centre de stockage des déchets ultimes (CDSU) géré par la Coved, filiale du groupe Saur, à Cosquer-Lojean, petit hameau de Moréac, au nord de Locminé. Si l’incinération des déchets enflamme les écologistes, le climat autour de leur enfouissement ne s’apparente pas, non plus, à un long fleuve tranquille. Dans un contexte de « déficit de stockage » des centres d’enfouissement morbihannais, le nouveau plan départemental implique que les EPCI étendent certains sites existants. C’est le cas à Moréac, où la pilule ne passe pas. Devant le projet d’extension du CSDU de la Coved, les riverains de Cosquer-Lojean crient au scandale. Pour les mécontents, principalement des agriculteurs qui possèdent une exploi- 14 MGM/mars 2006 2006 tation autour du site, le centre d’enfouissement devait fermer en 2003. Une fermeture finalement repoussée au 31 décembre 2006. Jacques Aukes, porteparole de l’Association de protection de l’environnement du Cosquer-Lojean, ne comprend pas qu’on puisse parler d’extension après avoir « promis » la fermeture. La Coved dispose d’environ 9 ha auxquels viendraient s’ajouter au moins 8 ha supplémentaires. Jacques Aukes fulmine : « Nous sommes conscients des problèmes de stockage mais il y a d’autres sites plus isolés. Ici, plus d’un millier de vaches pâturent autour. Pour www.mgm-mag.info nous, agriculteurs, comment garantir la qualité de nos produits ? » Depuis lundi 6 février, une dizaine d’hommes tournent donc avec leur tracteur sur le terrain où l’industriel souhaite faire des forages pour le sonder. Un grand feu marque le territoire des agriculteurs. Entre eux et l’enfouissement, le divorce est consumé. SYNDICAT DU SUD-EST MORBIHAN Des solutions de traitement TRES DISCUTEES A priori, finie l’incinération dans le sud-est Morbihan. A moins que le département en décide autrement, le Sysem se tourne vers une toute autre filière de traitement articulée autour du tri, du compostage « mécanique » et de l’enfouissement. Pas de quoi rassurer les associations environnementales pour autant. J uin 2004 : le Syndicat du sudest Morbihan (Sysem) écarte définitivement l’éventualité d’un incinérateur sur son territoire. Mais sa filière de traitement n’exclut pas totalement les possibilités de « valorisation énergétique par voie thermique », donc d’incinération, si des débouchés venaient à exister dans le département. Une « porte ouverte », selon les associations ou élus opposés au procédé, « à la construction d’un gros incinérateur départemental » (lire p.12). « Un procès d’intention » que Joseph Oillic, président du Sysem, n’accepte pas. Documents à l’appui, celui que beaucoup présentent encore comme « l’emblème du tout incinération » avance les nouveaux outils de traitement en réflexion. Centre de tri, prétraitement mécano-biologique et enfouissement : telle devrait être la filière mise en place « pour demain », après collecte. Centre de tri et pré-traitement Ces choix font-ils taire les critiques ? Loin s’en faut. Depuis la fermeture du centre d’enfouissement de Sarzeau, en décembre dernier, la filière de traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR) du Sysem est relativement simple. Une fois collectées, triées, 100% de ce qui reste des ordures est exporté en dehors de son territoire, en Mayenne. Pour répondre à l’exigence de proximité dictée par le Code de l’environnement, le Syndicat prévoit alors de créer au moins deux Unités de pré-traitement mécano-biologique (UPMB). Si les études de faisabilité ne sont pas bouclées, les deux sites, eux, sont identifiés. Le premier se situera au cœur de la zone industrielle du Prat, à Vannes. La municipalité a déjà « réservé » un terrain de 5 ha environ. Lequel devra accueillir un centre de tri d’une capacité de 10 000 t/an, extensible à 18 000 et une Un centre de tri, adjoint à une Unité de pré-traitement mécano-biologique, doit être construit, courant 2007, au cœur de la zone industrielle du Prat, à Vannes, non loin du centre de transfert actuel (cicontre). MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 15 T N S A ET OMBR H DÉC ENC U o nd ss ier SYSEM Créé en février 2000, le Syndicat du sud-est Morbihan détient la compétence du traitement des déchets. Il regroupe 7 EPCI chargés de la collecte : la communauté de communes du pays de Muzillac, la communauté d’agglomération du pays de Vannes, la communauté de communes du Loch, la communauté de communes de La Roche-Bernard, le Sictom de Rhuys, le Sivom de Questembert et Rochefort-en-terre et le Sivom de La Gacilly. 16 UPMB d’au moins 50 00 t/an. Le second se fera à Arzal avec une capacité de 20 000 t/an qui pourrait être doublée le cas échéant. Joseph Oillic espère faire valider les deux projets par les conseils municipaux concernés d’ici la fin de l’année. Qu’est-ce qu’une UPMB ? Après collecte sélective et tri, il s’agit d’isoler la fraction fermentescible des ordures ménagères, c’est-àdire tout ce qui est biodégradable (aliments…). En découlent trois « flux » destinés à des sorts différents : les OMR sont stabilisées puis enfouies (30%), la partie fermentescible devient un compost utilisé pour l’agriculture (30%), reste une fraction combustible stable (40%). « Combustible, c’est une donnée technique. Ça ne signifie pas construction d’un incinérateur », clarifie le président du Sysem. Joseph Oillic certifie aussi que « le compost sera de qualité, car il y aura tri préalable pour retirer les indésirables puis un contrôle ». Cette technique s’inspire de celle utilisée à Launay-Lantic, dans les Côtes d’Armor. Le président fait valoir sa conviction d’ancien agriculteur. Franck Noulin d’Environnement 56, lui, reste méfiant : « L’efficacité du système de Launay-Lantic requiert deux condition, vite oubliées par le Sysem : une collecte en porteà-porte pour s’assurer que les recommandations sont respectées. Dans le cas contraire, on refuse le ramassage. Sans oublier la mise en place de collecteurs collectifs pour que les ménages puissent se débarrasser de leurs déchets dangereux indésirables… et éviter qu’ils ne se mêlent aux déchets “compostables”. » Enfouissement pour finir Les associations campent donc sur leur position : « A l’image d’œufs brouillés : séparer le blanc du jaune, une fois mélangés, devient nettement plus difficile. Un compost issu de fermentesci- nes à traiter. » L’UPMB ne paraît pas encore la solution miracle. En tout cas, elle ne fait pas l’unanimité. Y a-t-il d’autres débouchés pour ce compost, autre qu’agricole ? « On peut évidemment l’utiliser pour la création de talus, d’espaces verts municipaux ou la plantation de bois, du moment qu’on respecte les normes », explique Joseph Oillic. Une solution de repli en cas de compost inutilisable pour l’agriculture. A moins que celui-ci associations raisonnent «à Les l’échelle d’une poubelle » Joseph Oillic, président du Sysem bles qui risquent d’être mélangés à des produits nocifs ne peut être de qualité. » Les plus virulents y voient la « nouvelle tarte à la crème après l’incinération ». Dernier point d’achoppement, Franck Noulin estime qu’il s’agit encore d’une « solution industrielle très coûteuse car elle nécessite la construction d’un centre de tri. Alors qu’il serait si simple d’inciter les ménages à trier directement leurs bio-déchets puis d’y adjoindre une collecte spécifique, comme c’est le cas à Lorient ». Le président du Sysem, lui, considère cette collecte en porteà-porte trop lourde à mettre en œuvre et invoque l’argument quantitatif : « Certains responsables d’associations raisonnent à l’échelle d’une poubelle alors que l’on parle de milliers de ton- ne suive le même chemin que les OMR pour finir en enfouissement. Depuis novembre, dans l’optique de boucler la filière de traitement, le Sysem mène une recherche prospective des sites potentiels d’implantation de Centres de stockage de déchets ultimes, en collaboration avec la Chambre d’agriculture. Objectif : connaître « fin 2006 » les sites pressentis à l’échelle du Sysem comme du département. L’annonce ne manquera pas de susciter l’émoi chez les riverains (lire p.14). Mais le président a l’habitude d’être « pris pour cible, quels que soient les choix ». Ce n’est pas pour rien que le Sysem se nourrit des « conseils d’un cabinet spécialisé dans le pilotage de projets sensibles ». D’autres départements ont dit non à l’incinération ! «I ncinération et/ou enfouissement ? » Qu’elles soient impliquées ou non dans la révision du plan départemental, les associations environnementales considèrent que ce débat n’a plus lieu d’être aujourd’hui. La solution est limpide : « Si on se donne vraiment les moyens de réduire le volume de déchets produits à la base, que ce soit par les ménages ou les industriels, il devient possible d’éliminer totalement l’incinération de la filière de traitement. » Doux fantasme ou rêve accessible ? La réponse se trouve peut-être chez nos voisins. En effet, d’autres départements révisent aussi leur MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA). Ainsi, le conseil général des Alpes-Maritimes, dans son journal de février/mars 2005, n’y va pas par quatre chemins : « Trop de temps a été perdu dans les Alpes-Maritimes. L’incinération relève d’une solution du passé et le conseil général souhaite mettre un terme à cette activité. » La Vendée a fait également ce choix d’exclure l’incinération pour se lancer dans le traitement mécano-biologique. Ce qui n’a pas mis les élus à l’abri de nouvelles critiques… s n a d la e u q i s u m e t ê l t a www.oceanefm.com MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 17 A R O AG Francs-maçons : réflexions, solidarité et sujets de société Suite à la publication dans le MGM de février du dossier intitulé Francs-maçons, leur véritable rôle à Vannes, deux membres d’obédiences différentes ont souhaité apporter quelques précisions. Concernant le dossier sur les francs-maçons, le titre indique “Leur véritable rôle à Vannes”, où je trouve (et je ne suis pas le seul) qu’il manque un volet important qui apporte plus qu’une nuance. Il est écrit “le rôle de la franc-maçonnerie dans la vie locale reste donc limité”. C’est vrai mais : — Nous (c’est variable selon les loges) prétendons apporter à nos concitoyens des éléments d’information et de réflexion en organisant périodiquement des conférences publiques sur des sujets de société, avec des intervenants de poids, qui ne sont pas des francs-maçons mais ont des compétences reconnues. Par exemple sur le vieillissement de la population et le “droit de mourir dans la dignité” (conférencier Henri Caillavet), sur les problèmes de la bio-ethique (conférencier professeur Axel Kahn), sur les enjeux du futur traité constitutionnel européen –bien avant la campagne référendaire– (conférencier Bernard Poignant, député européen), sur l’écologie (conférencier professeur Jacquart), etc. Ceci au nom de la liberté de pensée. — Nous soutenons matériellement ou financièrement, au nom de la fraternité et de la solidarité, des associations caritatives ou d’entraide sociale. Par exemple, l’Association des familles de malades touchés par Alzheimer, les Restos du cœur, les victimes de catastrophes naturelles, l’association Aide et action qui soutient la scolarité d’enfants de milieux défavorisés dans le monde entier, etc. 18 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info Dans chaque loge, le frère Hospitalier n’est pas seulement en charge de la solidarité interne. Il l’est aussi des actions hors de la loge, telles celles citées ci-dessus. Cordialement Claude Loussert (Vannes), du Grand Orient J’ai apprécié l’objectivité et la documentation des articles sur la franc-maçonnerie à Vannes, dans votre dernier numéro. Toutefois, quelques inexactitudes se sont glissées dans le paragraphe concernant notre loge (du Droit humain, NDLR), page 13. Celle-ci a été fondée en 1974 et s’appelle « Renouveau » et non « Renaissance », mais surtout, contrairement à d’autres obédiences, elle ne fait référence à aucune croyance religieuse, qu’elle considère du domaine privé. Ses membres, hommes et femmes, édifient leur Temple à la perfection et à la gloire de l’humanité (art.2 de la Constitution internationale). Cela signifie que croyants (quelle que soit la religion), agnostiques et athées peuvent réfléchir et travailler ensemble dans notre loge, sur des questions philosophiques ou sociales, dans l’égalité et la fraternité. Guy Bénézeth (Auray), du Droit humain Urbanisme, enjeu de société Suite à la lecture du compte-rendu du débat Cohabiter sur le littoral, publié dans le MGM de décembre, un lecteur nous a envoyé la missive suivante. Dans le pays de Vannes, les idées divergent profondément sur les notions d’urbanisme. Alors qu’une commune se félicite de la création d’un projet de construction de “maisons de veille en front de rue” permettant d’économiser l’espace tout en conservant un jardin, espace de vie nécessaire, dans une autre commune, le porte-parole d’associations environnementalistes regrette la densité excessive d’un projet d’habitat réduisant à 200 m² l’espace occupé par chaque logement. Ces différences conduisent à se poser des questions ! Quels choix d’urbanisme nos politiques doivent-ils encourager et décider ? La démarche vertueuse tenant compte d’une conception économe de l’espace qui, comme toute ressource non renouvelable, n’est pas extensible et dont le gaspillage coûte et coûtera cher en problèmes environnementaux et économiques. La démarche laxiste, en vigueur dans notre pays depuis des décennies conduisant au mitage du paysage, à l’accaparement des sites prestigieux par ceux qui ont les moyens de se les approprier, à l’extension coûteuse des réseaux de fluides, d’assainissement, au développement routier… Un jour de 1986, un choix courageux a été fait par nos représentants, toutes tendances confondues, la loi littoral, qui permet de préserver et de rendre accessible au public le linéaire côtier. A l’heure des économies que la nature et les ressources terrestres nous imposeront de toute façon de faire, ne serait-il pas sage de prendre les devants en orientant notre action vers une société qui peut être heureuse si elle est acceptée plutôt qu’imposée. Quel est l’intérêt d’un habitat dispersé dans la société actuelle ? Si on peut admirer un château ou un manoir dans son cadre de verdure. Si on peut envier la situation d’une chaumière, d’une longère au milieu des terres ; il ne faut pas oublier que ces dispositions correspondaient à un modèle de vie qui n’est plus le nôtre. Lorsque nous faisons du tourisme, nous admirons une ville pour ses monuments, ses rues à l’arrangement harmonieux. Je doute que les lotissements de banlieue aient le même impact sur le visiteur. Alors pourquoi vouloir créer chez nous ce que l’on trouve affligeant chez les autres ? Pourquoi ne pas recréer ces rues qui, tout en préservant l’espace, ont l’avantage de favoriser la convivialité. Les villes plus concentrées économiseraient ainsi les énergies, les transports, rapprocheraient leurs habitants des lieux de vie, de travail, de transports. Il faut bien sûr des impulsions pour changer les comportements, mais n’est-ce pas votre rôle, messieurs les politiques ? Les instruments de contrôle se multiplient : Plu, Scot, SMVM, Parc naturel, communauté de communes, pays, syndicats… et j’en oublie. Mais cet échafaudage, plutôt que de favoriser l’action, n’a-t-il pas plutôt comme résultat de le diluer ? Il faut aussi de la pédagogie. Les problèmes de la planète, modification du climat, raréfaction des ressources… sont connus depuis des décennies et analysés, disséqués par des chercheurs de toutes disciplines (économistes, météorologues, écologistes, philosophes…). Les générations montantes en sont-elles informées ? Ce sont “nos enfants” qui auront à se colleter avec ces problèmes. En tenons-nous compte dans notre vie ? Jean Bonnet, Vannes MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info 19 INSTANTS D’AUDIENCES « Quand il n’a plus de produits, il est en manque » Tribunal correctionnel, jeudi 2 février, 14 h. «O n a présenté ça comme l’affaire du siècle dans le Morbihan. Permettez-moi de dire que, depuis, ça a fait psschuit… » L’avocat parle posément. Il manœuvre pour éviter la prison ferme à ses clients : Emmanuel, Florian, Yvonick et Gwénaël, quatre jeunes hommes détenus et un dernier « complice », Maxime, sous contrôle judiciaire. Les cinq larrons répondent de trafic de stupéfiants. Un « commerce » qui a « inondé » le milieu des rave-parties en 2004. « Avec à peu près toutes les drogues qui existent », note le président. Héroïne, coke, ecstasy, MDMA et cannabis. Tout a débuté lors d’un contrôle routier. Un homme se fait interpeller à Saint-Avé avec « tous les signes caractéristiques d’un consommateur de stupéfiants ». Celui-ci se met à table rapidement. Sa « came », il l’a achetée « chez Yvonik et Gwénaël », en colocation à Colpo. Le « réseau » tombe ainsi. Les douanes ont fait le tri : 13,5 kg de cannabis, 800 g d’héroïne et 650 g de cocaïne ont notamment été vendus. L’interrogatoire est aussi long que fastidieux. Pour le tribunal, il faut déterminer qui a fourgué quoi, à qui et en quelle quantité. Les prévenus chipotent, minimisent. « C’est logique, banal… humain », tente de justifier la défense. « Les quantités étaient plus importantes que ça », tente le président. Face à lui, Yvonick, regard dur, phrasé clair. « Quand c’est la première fois que vous êtes en garde à vue, en manque depuis 48 heures, avec quatre gendarmes qui vous collent la pression, vous êtes prêt à dire n’importe quoi. » Difficulté supplémentaire pour déterminer les responsabilités : « Le réseau n’est pas pyramidal. Il n’y a pas de tête », explique le procureur. Les cinq prévenus ont pourtant un point commun : ils consomment tous « de manière effrénée ». « Florian se drogue dès le matin. Il s’isole dans la salle de bain, raconte sa compagne sur le procès-verbal. Quand il n’a plus de produits, il est en manque. Il pète les plombs. » « C’est vrai ça ? », demande le président. L’intéressé opine du chef et lâche un oui en regardant ses pieds. « Et maintenant ? » « Je me suis soigné en prison. Ça a été dur. » « Nous faisions tous les jours la même chose, témoigne aussi la petite amie de Gwenaël. On se levait à midi, Gwen partait ensuite en voiture faire des tours. Le soir, on se faisait des plans télé, jusqu’à 2 h ou 3 h du matin. Gwen se faisait ses traits sur la table basse devant moi. Il en prenait de plus en plus. » Quatre ans dont deux années de sursis pour Emmanuel ; 36 mois dont 18 de sursis pour Gwenaël, Yvonick et Florian ; 12 mois dont 6 de sursis pour Maxime. K.T. « M. le président, je ne peux pas vous laisser continuer ! » Tribunal correctionnel, mardi 7 février, 15 h 30. « Un élevage de chiens parmi des carcasses de voitures… Trois cadavres de chiens dans un congélateur, trois en décomposition, deux autres encore réduits en cendres… Treize dogues allemands en mauvaise santé… » Rémi à la barre, la quarantaine, lève la tête, coupe la parole. « Excusez-moi, monsieur le président, je ne peux pas vous laisser continuer ! » Ce dernier ne bronche pas, le regard sévère. « Si. Vous allez me laisser continuer la lecture de ce procès-verbal. » En octobre 2005, un agent des services vétérinaires effectue un contrôle dans un élevage canin, à la Trinité-Porhoët. « Nous avons là une description apocalyptique de votre élevage ! », continue le juge. « Pouvez-nous nous expliquer ? » « C’est très simple », affirme Rémi. « Je ne suis pas considéré officiellement comme éleveur… » « Peu importe. On parle de mauvais traitements. » Les mains du prévenu s’agrippent à la barre. « J’ai gardé les cadavres de chiens car ceux-ci sont soumis à une assurance maladie. Ils participent à 20 MGM/mars 2006 2006 différents concours. Chacun de mes dogues vaut 54 000 €. » Derrière lui, trois salariées de la SPA paraissent dépitées. Rémi renchérit. « Il est hors de question de les envoyer à l’équarrissage. Ces chiens sont mes enfants ! J’ai voulu avoir de meilleures installations. Je n’ai pu acheter un autre terrain ! Je ne pense pas que l’amour pour ses enfants soit quelque chose de condamnable ! » L’avocat de la fondation Brigitte Bardot prend la parole. « Il prétend ne pas tenir un élevage alors qu’il vend des chiots 1 500 €. Sur ses factures figure même un blason… » Rémi se lève et vocifère : « Ceci est mon blason familial ! » Le www.mgm-mag.info président perd patience. « Si vous continuez, je vais être obligé de vous faire sortir. » Le conseil reprend : « Il a du toupet de parler de ces chiens comme ses enfants alors qu’il les a laissés pourrir ! » Rémi ne dit mot mais gratte des notes sur une feuille pour son avocate. Avant de commencer, la défense est elle-aussi obligée de calmer son client d’un ton sec : « Chut ! C’est moi qui parle. » Les réquisitions tombent : six mois de prison avec sursis, interdiction d’exercer la profession d’éleveur, 1 000 € de dommages pour la SPA et la fondation Brigitte Bardot. Délibéré le 7 mars. D.P. JUSTICE LE PARQUET ACCREDITE LA THESE DU SUICIDE La famille de Christine Lemonnier N’Y CROIT PAS Christine Lemonnier est retrouvée morte, vendredi 10 décembre 2004, sur un chantier dans le quartier du Vincin, à Vannes. Après un an d’enquête préliminaire, le parquet a classé l’affaire sans suite. La famille surzuroise de la victime, elle, ne compte pas s’en tenir là. « Aucun élément criminel » Pour le parquet de Vannes, Christine Lemonnier s’est donné la mort en se jetant de l’immeuble en construction. « Il n’y a aucun élément criminel dans ce dossier », précise Martine Pétreault. Une version qui ne convient pas à la famille. Celle-ci livre que « la police a semblé privilégier cette thèse à la lecture de deux lettres retrouvées faisant état d’un grand désespoir de Christine à cause de son histoire de Société civile immobilière (SCI) ». Une histoire d’investissement immobilier à Arzon avec dre ses esprits, veut aller voir son notaire à Sarzeau… Puis, elle se rend compte qu’elle est à Vannes et dit ne pas être allée à la gendarmerie. Elle est plus calme. Ses derniers mots : “Voilà, Armelle, à bientôt, au revoir.” » Conclusion avancée par les proches : « Elle s’est ravisée. Dans la famille, on est soupe au lait. On part vite mais on redescend aussitôt. » Sceptique, la famille soulève d’autres éléments troublants. A la connaissance de celle-ci, « aucune analyse n’aurait révélé de traces de sable ou de terre qui correspondent au lieu de découverte du corps ». Information que nous n’avons pu vérifier à l’heure où nous bouclions cette édition. Les Lemonnier montrent aussi des photos post mortem de la victime. Celle-ci présente une grosse rougeur boursouflée très régulière, d’une dizaine de centimètres de largeur, sur les trois-quarts gauche du cou. Sur le visage, par contre, rien. Pas une égratignure. Martine Pétreault, elle, reste catégorique : « Selon le légiste, les traces sur le cou de la victime ne sont pas dues à un étranglement puisque nous n’avons pas retrouvé les signes internes symptomatiques de ce genre de cas. » Vu ces éléments, la famille Lemonnier a décidé de faire valoir son droit en saisissant le doyen de la chambre d’instruction de Vannes. Depuis janvier, une plainte contre X pour « décès suspect » est donc déposée. Stéphane Lanson Photo archives MGM V endredi 10 décembre 2004 au matin, le corps inerte d’une femme de 39 ans est retrouvé par des ouvriers sur un chantier en construction, rue du Vincin, à Vannes (lire MGM d’octobre 2005). Il s’agit d’une boulangère arzonnaise, Christine Lemonnier, mère d’une fille d’une vingtaine d’années. Durant de longs mois, la police et le parquet mènent plusieurs séries d’investigations dans le cadre d’une enquête préliminaire. Tour à tour, toutes les pistes sont battues en brèche. Cause criminelle, accidentelle ou suicide ? La justice opère avec discrétion. De nombreuses personnes sont entendues dont trois mises en garde à vue. Mercredi 7 décembre 2005, presque un an jour pour jour après le décès de Christine, Martine Pétreault, substitut du procureur de la République, classe le dossier sans suite. « Insatisfaite », la famille de la victime a décidé de saisir le doyen de la chambre d’instruction. son compagnon. Les enquêteurs ont un temps suspecté cet homme avant de le mettre hors de cause. La famille sceptique Pour les proches parents, ces deux lettres ne suffiraient pas à justifier son geste. Surtout au regard des dernières communications téléphoniques de la victime, adressées à ses employeurs la nuit de sa mort. Selon l’autopsie, la victime est décédée entre 3 h 30 et 4 h 30 du matin. Les Lemonnier racontent, messages de répondeur en main : « A 0 h 28, elle semble paniquée, toujours pour son histoire de SCI. Elle dit vouloir déposer un dossier à la gendarmerie puis avoir l’intention de mettre fin à ses jours. Ses derniers mots : “Adieu… Au revoir Armelle.” » 0 h 49 : nouveau message. Le ton est différent. « Elle semble repren- C’est sur ce chantier d’un immeuble en construction, rue du Vincin, au petit matin, vendredi 10 décembre 2004, que des ouvriers ont retrouvé le corps sans vie de Christine Lemonnier. La famille soulève d’autres éléments troublants MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 21 SOCIETE ORDRE DU TEMPLE SOLAIRE Un mystérieux document SEME LE TROUBLE à Vannes Secte, massacres, politique et pots-de-vin. L’alchimie n’est pas subtile. Elle est pourtant explosive. Depuis 2003, un mystérieux document alimente la rumeur à Vannes. Il désigne des personnalités politiques locales, des partis de droite et l’Ordre du temple solaire comme destinataires d’obscurs transferts de fonds. Plusieurs enquêtes sont ouvertes. Elles doivent déterminer la véracité de ce courrier. «L Page de droite. L’affaire de l’Ordre du temple solaire trouveraitelle des ramifications dans la préfecture morbihannaise ? 22 Tout débute par une lettre anonyme qui établirait un lien entre le monde politique vannetais et la secte apocalyptique. Fin octobre 2003, celle-ci parvient à la rédaction d’un journal luxembourgeois, L’Investigateur. Elle atterrit aussi sur le bureau de Me Alain Leclerc, avocat d’Alain Vuarnet, dont les parents sont morts dans le Vercors, en décembre 1995. Ce courrier date du 21 avril « On tue une rumeur en dévoilant la vérité » Me Alain Leclerc cations en Bretagne ? A Vannes en particulier ? C’est la question posée par un mystérieux courrier. Une affaire dans l’affaire. D.R. Ci-dessous. Si les informations mentionnées dans ce document étaient vérifiées, elles prouveraient que l’OTS a continué de fonctionner après les massacres de 1994 et 1995 (en photo, le massacre de Cheiry, en Suisse, en 1994). ’affaire » exhale des relents nauséabonds. Elle prend racine sur un massacre. 76 morts au Canada, en Suisse et dans le Vercors. Hommes, femmes, enfants, drogués, « suicidés » et brûlés. 1994-1995 : l’affaire de l’Ordre du temple solaire défraie la chronique. Trouverait-elle des ramifi- d’argent « versées en espèces ». Cerise sur le gâteau, le document mentionne que « le retour sur cet investissement sera rapide » car compensé « par l’attribution par le conseil général et la Région de subventions » à des sociétés bretonnes d’armement de pêche. Sulfureuse, l’information fait jaser dans les milieux autorisés. Rapidement reprise par France 3 Ouest, elle alimente aussi la rumeur. Une rumeur relancée par un documentaire, réalisé par Yves Boisset et diffusé sur France 2, jeudi 2 février. Le reportage laissait largement apparaître le document et les noms y figurant… L’information semble incroyable. Pourtant, « les aides financières versées à certaines entreprises bretonnes ont bien été attribuées », notait Me Alain Leclerc MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info 1997, jour où le président Chirac annonce la dissolution de l’assemblée nationale. Rédigé sur papier à en-tête, il provient d’un cabinet d’avocats ayant pignon sur rue à Vannes. Adressé à l’antenne alréenne d’une banque, il indique que d’importantes sommes (17 millions de francs, soit 2,6 millions d’euros) auraient transité vers des comptes de partis de droite. Mais également vers l’Ordre du temple solaire et l’Amorc, une obscure société secrète. Plus gênant encore : les noms d’élus locaux de droite* toujours en poste sont clairement mentionnés. Face à eux, des sommes dans Ouest-France (12 mai 2004). L’argument ne semble toutefois pas faire hésiter certains protagonistes sur l’origine douteuse du document. « Quand on verse des pots-de-vin, on ne l’inscrit pas sur un bout de papier », éructe l’un d’entre eux. Moins véhément, un observateur proche du dossier soulève des incohérences dans le courrier avec « l’environnement politique de l’époque ». Tout aussi surprenant, la date de la « fuite » de celui-ci intervient quatre mois avant les élections régionales… Vraie bombe ou faux grossier ? Toujours est-il qu’en 2003, l’apparition du courrier dans la presse et D.R. Les grandes dates de l’Ordre du temple solaire sur le web, donne lieu à un imbroglio juridique qui n’a toujours pas été démêlé. Perquisitions menées récemment Premier à « dégainer », Guy Chassot. Le procureur de la République vannetais ouvre une information judiciaire contre X « pour propagation de fausses informations » en novembre 2003. Confiée à une juge d’instruction de Vannes, l’enquête est menée par le SRPJ de Rennes. Elle débouche sur un non-lieu. « Cette pièce apparaît d’évidence comme un faux grossier, martèle Guy Chassot. Il nous appartenait de trouver l’auteur de ce faux, de cette preuve diabolique ! Malheureusement, on n’a jamais pu, malgré nos efforts, mettre la main dessus. » « Trouver l’auteur de cette preuve diabolique. » C’est également le souhait de l’avocat vannetais, membre du cabinet incriminé par le document. En juin 2004, ce dernier saisit le doyen des juges d’instruction pour ouvrir une information judiciaire « pour faux et usage de faux ». L’enquête est confiée au même juge d’instruction. Selon nos informations, les investigations se poursuivent. Une perquisition a d’ailleurs été menée récemment dans un cabinet d’avocats vannetais. Un client de ce dernier, en bisbille avec son ancienne banque citée dans la lettre, aurait pu « tenter de lui nuire ». De source judiciaire, la perquisition menée n’aurait rien donné. « Complicité d’assassinat » De son côté, Alain Leclerc, avocat de la famille Vuarnet, a aussi saisi le doyen des juges d’instruction de Vannes en juin 2005. Qualifi- cation de sa plainte : « Complicité d’assassinat. » L’enjeu est de taille pour les familles des victimes de l’Ordre du temple solaire (OTS) : « Si les informations mentionnées dans ce document sont vérifiées, elles prouveront que l’OTS a continué de fonctionner après le massacre du Vercors. » La preuve serait ainsi apportée que les auteurs des tueries couraient toujours deux ans après celles-ci. Cet élément prendrait toute son importance le 2 octobre prochain, date du procès en appel de Michel Tabachnik, 62 ans, chef d’orchestre franco-suisse et seule personne poursuivie après le massacre du Vercors. Mis en examen pour « participation à une association de malfaiteurs », Michel Tabachnik avait été relaxé au bénéfice du doute lors du premier procès en 2001. Le parquet de Grenoble avait fait appel de cette décision. « Ce document, c’est l’un des derniers espoirs des familles de victimes », estime Alain Leclerc. Un espoir bien maigre si l’on en croit Guy Chassot : « On ne peut pas s’appuyer sur un faux pour prouver quoi que ce soit. » Une position qui irrite Me Leclerc. « Nous ne demandons pas que l’on vérifie la véracité du contenant, mais la véracité du contenu. La justice doit se pencher sur les informations qui se trouvent mentionnées dans ce document et notamment les circuits financiers. Si les choses n’avancent pas rapidement, je demanderais le dessaisissement du juge d’instruction dès le début du mois de mars. Cette histoire alimente la rumeur. Or, on tue une rumeur en dévoilant la vérité. » Une posi- 1984. L’Ordre international chevaleresque de tradition solaire (OICTS), rebaptisé ultérieurement Ordre du temple solaire (OTS), est fondé à Genève. 1984-1993. Jo di Mambro et Luc Jouret, les deux dirigeants de l’OTS recrutent en Suisse, au Canada et en France, notamment des cadres dirigeants d’HydroQuébec, le directeur financier des montres Piaget et les membres de la famille de l’ex-champion suisse de ski Alain Vuarnet. Du 4 au 6 octobre 1994. Crimes, suicides et incendies en série font 53 morts, tous membres de l’Ordre, au Québec et en Suisse. Les victimes sont découvertes carbonisées dans des demeures incendiées. Elles ont été poignardées à Morin-Heights au Québec ; tuées par balles à Cheiry ou droguées au Curare à Salvan, en Suisse. Jo di Mambro et Luc Jouret, les deux gourous de l’OTS, figurent parmi les cadavres. 16 décembre 1995. Seize personnes, membres de l’OTS, ont été immolées par le feu dans une clairière d’un plateau du Vercors, près de Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère). 22 mars 1997. Cinq nouvelles victimes sont découvertes à Saint-Casimir au Québec. Avril-juin 2001. Procès de Michel Tabachnik à Grenoble. Poursuivi devant le tribunal correctionnel pour « participation à une association de malfaiteurs » et numéro trois présumé de la secte, il est finalement relaxé. Le parquet fait appel de cette décision. 15 septembre 2003. Une expertise privée menée par le professeur Gilbert Lavoué, expert judiciaire en incendie, à la demande des parties civiles, relance l’affaire du Vercors. L’expertise prouve que le groupe a été abattu par balles puis carbonisé avec un lanceflammes à jet directionnel. 25 mars 2004. Le procureur de la République de Grenoble rejette la demande de réouverture de l’information judiciaire. 2 octobre 2006. Date du procès en appel de Michel Tabachnik. La date de cette audience a déjà été repoussée trois fois. tion que rejette le procureur de la République : « Je ne vais pas dépenser l’argent du contribuable pour faire travailler des enquêteurs sur un faux ! » Killian Tribouillard *Dans un souci de respect de la présomption d’innocence et du secret de l’instruction, il a été décidé de ne pas citer les noms des personnes mentionnés dans ce document dont l’authenticité reste à déterminer. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 23 PORTRAIT CHARLOTTE SUGLIANI Il faut que jeunesse S E FA C H E Charlotte Sugliani est une étudiante engagée. Quand d’autres pensent soirées, sorties et exam’, cette militante de 18 ans, adhérente à l’Union nationale des étudiants, organise avec son équipe la contestation du CPE sans se décourager du peu d’entrain affiché par ses congénères vannetais. «Ç camarades vannetais. Etudiante en première année de droit, Charlotte est une militante. « Représenter les étudiants » Adhérente à l’Union nationale des étudiants de France (Unef) depuis son premier jour de fac, elle conteste le Contrat première embauche (CPE). Début février, avec les autres membres de son équipe, elle organise réunions et rassemblements pour « dénoncer » la proposition du Premier ministre. « Le CPE déséquilibre les rapports entre le jeune employé et l’employeur… ça remet une fois de plus en cause la place de la jeunesse. » Son regard est clair, sa voix posée et son discours assez loin du slogan. Ce brin de fille maîtrise l’actualité. Charlotte en parle avec aplomb et de grands gestes de la main. « Normalement ça ne se dit pas, mais on prend les jeunes pour des cons. » Une fois lancée sur le CPE, sa timidité laisse place à une certaine assurance. 18 ans. Un âge que beaucoup estimeraient trop jeune pour s’engager. « Cela représente pour R. Joly Charlotte Sugliani a adhéré à l’Union nationale des étudiants de France dès son premier jour d’inscription en fac de droit, à Vannes. a dérange si je fume ? » Assise sur la banquette d’un bar de Vannes, Charlotte Sugliani, 18 ans, paraît timide. Les cheveux mi-longs châtain, de grands yeux marrons, la jeune fille est habillée comme de nombreuses étudiantes. Ni baba-cool, ni tirée à quatre épingles. Sweat à capuche vert, chemise blanche et jean’s. Son quotidien et sa « façon de voir les choses », par contre, diffèrent de la plupart de ses 24 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info AUTOPORTRAIT moi un moyen de comprendre ce qui se passe. » Fille d’une prof d’économie-droit et d’un père conseiller en formation continue, elle a de qui tenir. « Ma mère était aussi une militante lorsqu’elle faisait son droit. » Charlotte a grandi « là-dedans ». « Je ne suis pas une étudiante à problèmes… financièrement parlant, par exemple. Cela constitue une raison de m’occuper des difficultés et de représenter les étudiants. » Outre son « poste » à l’Unef, Charlotte est également une élue déléguée de la fac. pas toujours… » Sans compter les multiples rencontres de l’Unef. « On a des réunions à Lorient qui finissent tard… On dort trois heures et on va en cours. » Son téléphone portable sonne. « On peut se retrouver à 12 h, demain, pour faire des banderoles ? Avant, ça va être dur, j’ai cours… » Emploi du temps chargé ? « Le temps, c’est le problème », sourit-elle, sibylline. Charlotte avoue avoir parfois des soucis de disponibilité, a fortiori quand on suit un cursus de droit. « J’habite près de Baden, encore chez mes parents. Je n’ai pas de voiture. Et mon forfait téléphonique ne suffit rassemblement place de la mairie a tout bonnement été abandonné faute de monde. A l’évocation de ces dates, Charlotte lève les yeux et soupire légèrement. « Bien sûr, je préférerais que l’implication soit la même qu’à Rennes… » Elle est déçue. « Le 7 février, les cours ont pris fin une demi-heure plus tôt pour un rassemblement. Beaucoup ont pris ça comme une pause… Certains ne veulent pas non plus “sécher”… Le lendemain « Toujours quelque chose à faire » Ses efforts sont maigrement récompensés ces derniers temps. A Vannes, la mobilisation des étudiants contre le CPE s’est trouvée plus que réduite. Cinq jeunes répondaient présents lors d’une réunion de l’Unef, mardi 14 février. Deux jours plus tard, le de la Nuit étudiante, ça gêne moins… » Plus d’un syndicaliste chevronné serait découragé… « Non. On ne force pas les gens à aller dans la rue. Mais on peut les informer. » Charlotte a confiance en son groupe vannetais. « Il y a toujours quelque chose à faire. » A l’Unef, ses amis la surnomment « chef ». Elle rit. « Ça vient peutêtre du fait que j’aime être “carré” et que j’ai du caractère ! Quand je me lance dans quelque chose, j’y vais à fond. » Les mains sur la table, Charlotte se reprend. « Attention, ce n’est pas toute ma vie. » Côté « Ça ne se dit pas, mais on prend les jeunes pour des cons » “H avenir, l’adolescente ignore si elle continuera à militer. « Mais j’ai toujours envie de réfléchir au fonctionnement de la société », précise celle qui se destine à des études de philo-politique. Et autrement ? La militante redevient alors jeune fille, sourit. Elle aime lire, écrire, écouter de la musique et « refaire le monde avec des amis sur un CD de Cat Stevens ». Donovan Potin Sois jeune et t e e n u A e j L s i E o S VR U O ier encore, j’avais 20 ans, je gaspillais le temps en croyant l’arrêter…” Qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? Elles sont loin l’innocence et l’insouciance que l’on nous prête. On est tiraillé entre cette soif intarissable de liberté, d’indépendance et la dure réalité, le quotidien qui nous arrache à nos rêves. Pour beaucoup on s’envole du nid et l’on se retrouve projeté dans l’arène sans mode d’emploi : pour ne pas se retourner un jour et réaliser que les rêves de nos 20 ans sont désormais de vagues souvenirs : naïveté, désillusion… Je ne veux pas être une désillusionnée. Je me dis que ce monde est loin d’être parfait, mais il est là. Comme dirait Naomi Klein, on finit tous par rentrer dans un sillon. Et si l’on refuse la norme, on se retrouve dans le “sillon des gens qui veulent sortir du sillon principal”. Là est toute la difficulté : trouver sa place dans ce monde où on ne contrôle rien. OUVRE LA J’ai compris que j’avancerai en comprenant le monde qui m’entoure. Pourquoi sommes-nous six milliards de personnes à nous lever chaque matin pour répéter la même routine sans la remettre en cause ? Mais avant de m’attaquer à l’échelle de la planète, j’ai adhéré à l’Unef : d’une part pour développer ma culture politique, parce que là-haut, ils nous gouvernent tout en semblant parfois oublier qu’on est là et qu’eux sont là pour nous. Il m’a paru essentiel de savoir ce qui se trame dans l’hémicycle ou dans les bureaux de Matignon pour ne plus accepter les choses en croyant qu’elles tombent du ciel. Je pense que c’est un premier pas vers l’âge adulte que de découvrir, d’analyser et de critiquer les règles qu’on nous impose : je réalise que nos droits sont menacés et pour les défendre je milite. Il me semble important d’agir face aux décisions qui nous concernent. Je n’ai pas envie de rester les bras croisés face à un gouvernement qui réécrit le Code du travail. Je refuse le “sois jeune et tais-toi”. Nous ne sommes peut-être que des jeunes, mais nous risquons de payer demain notre immobilisme si nous n’agissons pas. J’ai envie de me battre, pour une utopie peut-être, plutôt que de tout accepter comme un moindre mal. L’empirisme m’exaspère et je crois sincèrement que l’on peut “changer la vie”. Je ne suis qu’une jeune étudiante dans une petite ville bretonne et je n’ai pas la prétention de changer le monde mais, en étant syndiquée, je réalise que nous sommes des milliers à refuser l’état actuel des choses et à vouloir protéger nos droits en péril. A tous les étudiants qui ne se sentent pas concernés par ce qui se passe aujourd’hui ou qui ne manifestent pas leur colère, j’aimerais dire que oui, on peut encore changer le monde. On le doit. Charlotte Sugliani MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 25 POLITIQUE ELECTIONS MUNICIPALES A SARZEAU La mairie aiguise les APPETITS De l’avis de beaucoup, Sarzeau n’est pas une ville facile à gérer. Pourtant, l’argument ne dissuade pas franchement. A deux ans des élections, une nouvelle tête émerge à droite. A gauche, aussi, les manœuvres ont débuté. Objectif : l’union. C ’est l’un des principaux fiefs de la droite. Sarzeau est dirigée par des personnalités politiques se revendiquant de tradition « gaulliste » depuis toujours. Chef-lieu du canton détenu pendant trentequatre ans par le défunt Raymond Marcellin, la commune n’a pourtant plus grand-chose à voir avec la bourgade rurale qu’elle était il y a encore une vingtaine d’années. Forte de ses 7 000 habitants, Sarzeau est devenue un réservoir de voix non négligeable dans la circonscription législative du « patron » François Goulard (UMP). Forte de sa croissance démographique, elle s’est aussi légitimement imposée à la présidence de la communauté de communes de Rhuys, récemment créée. Autant d’arguments qui aiguisent les convoitises politiques. A deux ans des élections municipales, les tractations ont déjà commencé. Dans la ligne de mire des politiques : la mairie sarzeautine et le fauteuil de son maire, Henri Bénéat (DVD). Que va-t-il se passer à droite ? « Injoignable » malgré les nombreuses tentatives, le premier magistrat n’a visiblement pas souhaité s’exprimer. Pas question de livrer ses intentions. L’ancien agent immobilier repartira-t-il en 2008 ? La question reste posée. En 2004, les dernières cantonales lui ont servi de test. Autant dire 26 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info que celui-ci n’a pas été concluant. « Un revers politique » qui a vu l’édile sarzeautin s’effondrer face à son adversaire de toujours, Yves Borius (UMP), premier magistrat de la commune pendant douze ans. Un nouveau duel entre les deux hommes ne se reproduira plus. Yves Borius, actuel conseiller général, annonce « qu’il ne repartira pas en 2008 et qu’il n’envisage pas de se représenter aux cantonales ». En attendant la décision d’Henri Bénéat, d’autres candidats à droite sont déjà dans les starting-blocks. Un nom revient régulièrement. Il s’agit de David Lappartient, con- nales : Yannick Kérignard. La participation de cet agent d’assurance qui se revendique « apolitique » n’est ni une surprise, ni une première. Voilà près de vingt ans que l’homme se présente à tous les scrutins. Sa progression dans les urnes est lente mais constante. Aux cantonales de 2004, Yannick Kérignard arrivait devant Henri Bénéat avec 31,65% des voix contre 24,48%. L’objectif de cet actuel conseiller municipal d’opposition réside dans la création d’une liste « avec des gens corrects pour réaliser une politique concrète ». « Je ne veux plus employer des grands mots pour le plaisir de charmer les Les patrons de l’UMP ne prendront «jamais le risque d’une triangulaire » Un responsable de l’UMP seiller municipal d’opposition. Le jeune représentant de l’Union européenne de cyclisme à l’Union cycliste internationale est très impliqué dans la vie sportive. Selon nos informations, il serait également en « très bonne position » pour s’emparer de la présidence nationale de la Fédération française de cyclisme. De quoi asseoir une certaine légitimité. Autre point fort : « l’éventuel futur candidat » dispose du soutien discret d’Yves Borius et de l’appareil UMP. Pourtant David Lappartient entretient encore le suspens. Ainsi, il se défend de vouloir prendre la tête d’une liste de droite… tout en reconnaissant « que la constitution d’un groupe issu de l’ancienne majorité fait l’objet d’une réflexion. Rien n’est encore définitif, rien n’est fait mais nous réfléchissons à la réunion d’une équipe solide et élargie ». Autre candidat « catalogué » à droite depuis les dernières canto- électeurs. Je souhaite inscrire ma politique dans le quotidien », livre Yannick Kérignard. Et la gauche dans tout ça ? A gauche aussi, les manœuvres ont discrètement commencé. Début février, une réunion « informelle » s’est tenue à Sarzeau. Elle regroupait les leaders de la gauche. Une gauche « en lambeaux » de l’aveu même de certains de ses membres après les municipales de 2001. « On ne fera pas les mêmes bêtises qu’aux dernières élections », martèle Guy Tourreau, leader du PS dans la presqu’île. Pas question de réitérer ce qui avait conduit à l’éparpillement des forces en 2001. Pour 2008, l’objectif est donc de dresser une liste unique qui réunirait les formations de Didier Goupil, représentant Verts-UDB, avec le PS et le Parti communiste. « Aujourd’hui, l’idée est de recoller les morceaux », relate A deux ans des municipales, les tractations ont déjà débuté pour s’emparer de la place du maire sortant, Henri Bénéat. A SAVOIR R. Joly Mathieu Le Moine. Simple à dire, pas facile à faire, si l’on en croit ce représentant du PC, membre du conseil municipal : « La dernière fois aussi, tout le monde était animé par cette volonté de s’unir. Mais au dernier moment, ça a raté. Alors j’attends… » Justement, en attendant, une question trotte dans toutes les têtes. La gauche peut-elle s’emparer de la mairie ? Guy Tourreau n’en doute pas. « Nos scores évoluent favorablement. Hervé Pellois a bien accroché aux dernières législatives (37,5%, NDLR). » Le patron du PS local base également ses espoirs sur les nouveaux arrivants. « Ils représentent près de 50% de l’électorat sarzeautin aujourd’hui, avance-t-il. C’est une population politisée qui va créer une nouvelle donne. » Enfin, Guy Tourreau attend beaucoup de la division de la droite. « Si nous arrivons à nous unir et que l’autre camp présente trois listes, on a une chance en cas de triangulaire… » Un dernier argument, qui doit Les candidats peaufinent leur programme. A bien y regarder et à quelques nuances près, les thèmes de campagne abordés seront les mêmes : l’aménagement du territoire, l’urbanisme et la protection de l’environnement sont les premiers points soulevés. Le logement, l’emploi et les services à la personne viennent ensuite. cependant être tempéré. « Les patrons de l’UMP ne prendront jamais le risque d’une triangulaire, estime un membre du parti. Il y aura forcément arbitrage ». Comme ce fut le cas lors des cantonales de 98. Yves Borius avait été « gentiment » poussé à se retirer au profit d’Henri Bénéat qui put ferrailler tranquillement contre le candidat PS. Mais l’intervention des patrons de la droite dans les affaires sarzeautines ne marche pas toujours. Yves Borius raconte : « Aux cantonales de 2004 aussi, “on” a demandé à Henri Bénéat de se désister à mon profit, mais celui-ci a refusé. » Killian Tribouillard PAYS DE VANNES, DE RHUYS ET D AURAY La ‒ Ménage Courses ‒ Accompagnement ‒ Garde-malade ‒ Aide au lever, à la toilette ‒ Aide à la préparation et à la prise des repas ité Réactivlesse soup & Portage de repas a qu Services à domicile li t éa us ‒ Large choix de menus erv ice d ‒ Régimes sur simple demande e votre bien-être ‒ Pas d engagement de durée Offre personnalisée au 31 84 02 97 46 www.ad-age.com 50 % de déd Membre du réseau national uction FISC ALE Ad’Age, 7 rue de Bernus, 56000 Vannes. Agrément simple 1/BRE/934 - Agrément qualité 2/56/BRE/934. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 27 Les grandes entreprises face à la concurrence étrangère « Miser sur LA RECHERCHE e Comment faire face à la concurrence internationale ? Les firmes locales, qui emploient de nombreux salariés, misent aujourd’hui sur la valeur ajoutée et la rationalisation des coûts de production. Une stratégie de développement qui permet de se différencier. Mais qui ne sera pas sans conséquences sur l’emploi. Par Killian Tribouillard, François Maumas et Brice Ancelin (Photos Romain Joly) 28 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info F ace à une concurrence internationale exacerbée, les responsables des sociétés vannetaises faisant appel à une masse salariale importante estiment « ne pas avoir vraiment le choix ». Pour rester compétitives, les grandes firmes doivent produire « mieux, plus et à moindre coût ». « C’est le défi de la valeur ajoutée », résume André Mallol, président de Vannes innovation promotion expansion (Vipe). Un avis que semble partager Thierry Michaud, directeur des usines Avon polymères (lire p.33) : « L’enjeu d’aujourd’hui est d’utiliser des techniques plus modernes, plus sophistiquées pour travailler de façon plus propre, plus efficace et plus économique. » Dans les entreprises, ce discours est globalement partagé. Pour éviter toute délocalisation, les grandes firmes locales s’appuient E et LE DEVELOPPEMENT » ressources humaines s’appuie sur une réserve d’intérimaires pour mieux s’adapter aux évolutions du marché et garder la maîtrise de ses coûts de production (lire p.32). Véritable clef de voûte de cette politique : les départements recherche et développement. Ces derniers réfléchissent à la fois à la modernisation de la production, à la création de nouveaux services, « véritables petits plus à apporter aux clients ». Enfin, ils travaillent à la confection de produits de plus en plus élaborés. Avec un credo : « La qualité. » « L’intelligence de déjà « des risques de délocalisation et de recul des emplois industriels sous l’effet, notamment, de gains de productivité ». Un constat cependant quelque peu tempéré par le fait que la Bretagne « soit l’une des seules régions où l’emploi industriel ait augmenté entre 1993 et 2003 ». Toutefois, la nouvelle donne risque de faire évoluer le recrutement des salariés. Ainsi, des changements apparaissent déjà dans l’agroalimentaire, secteur confronté à une crise d’adaptation et de reconversion. « Alors que les emplois d’ouvriers ont baissé de Face à la concurrence, les entreprises misent sur leurs services recherche et développement pour différencier leurs offres. Produire plus et à moindre coût «mais au service de quoi ? » Robert Le Blavec (CGT) sur le savoir-faire de leurs salariés. Elles investissent également pour moderniser leurs outils de production. Ainsi, le manufacturier Michelin fonctionne pleinement selon cette stratégie. En fabriquant des structures radiales, il élabore des produits de haute technicité. Grâce à la modernisation de ses lignes de montage, le géant du pneumatique a doublé sa production depuis 1972 en employant moitié moins de salariés. Enfin, sa direction des production devient peu à peu la clef de cette dernière », explique André Mallol qui estime que « les pôles de compétitivité récemment créés permettront peut-être de répondre en partie à ces objectifs de qualité et de technicité ». Ces deux derniers objectifs semblent aussi pleinement intégrés par la société Evialis (exGuyomarc’h). Le nutritionniste animalier ambitionne, par exemple, de multiplier par trois le budget alloué à ses travaux de recherche dans les années à venir (lire page suivante). Il a aussi décidé de développer ses travaux scientifiques et techniques. Principal but de la manœuvre : différencier son offre pour se prémunir de la concurrence étrangère et justifier ainsi d’éventuels écarts de prix sur le marché mondial. Changements dans les recrutements Ces stratégies de développement relativement récentes impacteront-elles sur les emplois ? « Il est évident qu’il y aura des conséquences », avance André Mallol. En juin 2005, le Conseil économique et social breton* soulignait 14% dans ce secteur entre 1990 et 2000, les emplois de techniciens et d’agents de maîtrise d’une part, d’ingénieurs et de cadres d’autres part, progressent avec des hausses respectives de 12% et 31% », note le Conseil économique et social. L’évolution répond à « un besoin de compétences plus spécifiques et d’une plus haute technicité ». Les emplois qualifiés et d’encadrement sortiraient donc grands vainqueurs de cette augmentation du niveau d’exigences et de savoir-faire appliqué aux filières, aux méthodes et aux produits de l’entreprise. Face à ce postulat, qu’en pensent les syndicats ? A la CGT, on ne se dit « absolument pas opposé à la sophistication des moyens de production du moment qu’elle ne se fasse pas au détriment des salariés. » « Produire plus et à moindre coût, pourquoi pas ? », s’interroge Robert Le Blavec de l’union vannetaise. « Il faut juste savoir au service de quoi… S’il s’agit d’enrichir les actionnaires, non. » Les plus gros employeurs privés du pays de Vannes - Crédit agricole du Morbihan (banque et assurance) : 1 100 salariés* - Michelin (pneumatiques) : 841 salariés - Clinique Océane (santé) : 600 salariés - Doux frais (viandes de volailles) : 600 salariés** - Soprat (préparation à base de viandes) : 400 salariés - Procanar (viandes de volaille) : 400 salariés - Carrefour (hypermarché) : 300 salariés *Chiffre moyen, fin 2005, intérimaires et CDD compris **Sites de Pleucadeuc et de Malansac réunis (Sources : Insee,service information Vipe, CCIM) *Perspectives de l’emploi et du travail en Bretagne, pour une volonté anticipatrice, Jean Hamon et Joseph Pennors, Conseil économique et social de Bretagne, juin 2005 MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 29 ECONOMIE Les grandes entreprises locales face à la concurrence PIERRE LEFEBVRE PDG d’Evialis « PENETRER d’autres marchés à L’INTERNATIONAL » Evialis (ex-Guyomarc’h) est devenue au fil des années une grosse machine. Leader régional en matière de nutrition animale, cette firme installée à Saint-Nolff compte s’adapter à la nouvelle donne de son marché. Ses objectifs : produire plus de valeur ajoutée et se développer à l’étranger. Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quelle est la situation de votre secteur d’activité aujourd’hui ? Pierre Lefebvre : « La Bretagne a connu une croissance très importante pendant cinquante ans. Elle a longtemps été le plus gros marché français pour la nutrition animale. Pourtant, depuis 2000, la situation régionale devient plus négative. Le changement de siècle a marqué un tournant pour notre marché. Le nombre d’animaux à nourrir a commencé à baisser. Les tonnages vendus dans la région ont donc suivi. Les progrès techniques ont accéléré cette tendance. Aujourd’hui, on nourrit mieux les bêtes avec moins d’aliments. Enfin, nous sommes entrés en concurrence frontale avec des opérateurs internationaux, venus du Brésil et des pays d’Asie notamment. Leur coût de production est plus faible. Tous ces facteurs entraînent des changements profonds dans la structure du marché. » ternational dans les trois ans. Nous souhaitons multiplier les acquisitions. Notre but est de pénétrer d’autres marchés pour qu’ils nous servent de relais de croissance. Mais attention… nous ne sommes pas dans une logique de délocalisation. Au contraire, nous cherchons surtout à développer les activités de notre siège social morbihannais. La région vannetaise est le siège historique du groupe. Nous y concentrons nos services administratifs, recherche et développement ainsi que le laboratoire Laréal qui est en plein essor. » sommes «pasNousdansneune logique de délocalisation MGM : Avez-vous fait le pari de miser sur plus de valeur ajoutée pour faire face à la concurrence étrangère ? « Oui… Il est un peu illusoire d’imaginer que l’on peut se battre à armes égales avec nos concurrents mondiaux. Nous MGM : Quelles sont les réponses pour s’adapter à cette évolution ? « Au niveau régional, la réponse passe par la création de Nutréa, née d’un protocole d’accord entre Unicopa et Evialis en mars. Cette alliance nous a permis de devenir les leaders de la nutrition animale en Bretagne et Pays de Loire. Nous regroupons huit usines qui produisent 1 700 000 t d’aliments par an. Cette union nous offre aussi la possibilité de rationaliser notre production. Evialis s’est aussi fixé l’objectif de développer ses travaux scientifiques et techniques. Notre ambition est de multiplier par trois le budget alloué à nos travaux de recherche dans les années à venir. Enfin, la dernière réponse se trouve à l’extérieur de nos frontières. Actuellement, nous faisons 80% de notre chiffre d’affaires en France. C’est beaucoup trop ! » MGM : Vous allez délaisser la France ? « Surtout pas… On ne va pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Notre objectif est de développer notre chiffre d’affaires à l’in- 30 MGM/mars 2006 2006 devons différencier notre offre en proposant de la qualité. C’est évident… Les éleveurs français qui survivront seront ceux qui proposeront plus de qualité à l’international. Ce sera l’un des arguments principaux pour convaincre les distributeurs et donc pour justifier des écarts de prix. » www.mgm-mag.info » MGM : Cette hausse de valeur ajoutée entraînera-t-elle un changement dans vos modalités de recrutement salarial ? « Oui c’est un fait… Pour la France surtout. Il faut cependant relativiser cette situation. Nos collaborateurs non qualifiés gardent toute notre confiance. Leur valeur ajoutée, c’est leur expérience dans le groupe… » Evialis Nutrition animale Siège social : Saint-Nolff 3 260 salariés à travers le monde 250 salariés locaux Evialis émane de l’entreprise familiale vannetaise Guyomarc’h, créée en 1954 par Jean Guyomarc’h. En 2001, Guyomarc’h devient Evialis. L’entreprise s’organise alors en trois branches d’activités : nutrition, international et santé. Pierre Lefebvre 54 ans, marié Président directeur général d’Evialis Diplômé de l’Essec Recruté par les actionnaires d’Evialis en mars 2005, Pierre Lefebvre était alors directeur général adjoint de Limagrain, une coopérative qui produit des semences végétales à Clermont-Ferrand. Il a travaillé au sein de cette société pendant vingt-cinq ans et « a toujours œuvré dans le secteur agricole au sens large du terme ». OLIVIER LANGENFELD Directeur de la délégation régionale de Stef-TFE « CONSOLIDER notre POSITION sur le marché » Secteur historique de l’économie vannetaise : la logistique. Installée à Vannes depuis la fin des années 70, l’entreprise Stef-TFE souffre aujourd’hui de sa dépendance à l’industrie agroalimentaire qu’elle a toujours accompagnée. Aujourd’hui, l’objectif de la société est clair : se consolider sur son marché. Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quels sont vos secteurs d’activité ? Olivier Langenfeld : « Notre principal secteur d’activité est le transport frigorifique de marchandises de moins 25°C à plus 15°C. Celui-ci est assuré par TFE. Nous disposons également de notre filiale Agrostar. Elle propose des systèmes de gestion informatique pour apporter des solutions logistiques aux clients de TFE. Notre filiale Stef effectue des prestations logistiques en entrepôt pour des produits frais et surgelés en flux stockés ou en flux tendus. Enfin, nous disposons d’une dernière filiale, appelée Tradimar, qui est spécialisée dans le transport de produits de la mer. » région. Pourquoi à Vannes ? « Nous sommes installés à Vannes depuis la fin des années 1970. A cette époque, il fallait se positionner en Bretagne. Nous disposions de nombreux clients comme la société Doux. Nous possédions également des implantations dans le sud-ouest du territoire… Il nous fallait donc une ville située sur l’axe sud-ouest Bretagne. Vannes s’y prêtait parfaitement. » Nous n’avons «aucune perspective d’embauche » MGM : TFE a été l’une des premières sociétés de logistique à s’établir dans la Stef-TFE Transport-logistique Siège social : Paris Vannes est une délégation régionale. Quatorze sites bretons lui sont rattachés. Chiffre d’affaires : 38 millions d’euros en 2004 Nombre de salariés : 11 000 en Europe 1 600 en Bretagne 600 dans le Morbihan 280 à Vannes Olivier Langenfeld 36 ans, marié, deux enfants Directeur de la délégation régionale vannetaise Stef-TFE Olivier Lagenfeld dispose d’une maîtrise en sciences économiques et gestion, décrochée à Bordeaux. Il passe par la suite un master en logistique avant d’intégrer la société Ikéa. Il y restera quatre ans. Il travaille ensuite chez Siemens pendant trois ans, avant d’être directeur adjoint de TFE en 2000 à Tours. Il devient directeur de l’agence de Vannes en 2004. MGM : Votre développement semble donc intimement lié à l’histoire de l’industrie agroalimentaire… « C’est le cas. Nous avons accompagné l’émergence de la filière agroalimentaire bretonne. Aujourd’hui, nous détenons encore 50% des parts de marché de la filière carné (volaille, traiteur, etc, NDLR). » MGM : Cette situation n’a-t-elle pas créé une dépendance entre TFE et l’agroalimentaire ? « Il convient d’abord de préciser le contexte actuel. Les industries bretonnes de l’agroalimentaire sont les clientes de TFE. Mais ce secteur connaît des difficultés… Il est chahuté. Donc quand ce secteur ne va pas bien, nous n’allons pas bien non plus… En plus, nous devons faire face à une concurrence importante. Nous ne sommes pas seuls sur le marché en Bretagne. Enfin l’augmentation du prix du gazole apparaît aussi comme un frein majeur à notre développement. » MGM : Quelles sont les perspectives pour votre entreprise ? « Vu la conjoncture, notre priorité est de consolider notre position, plutôt que de chercher à nous développer. A l’avenir, nous souhaitons tout de même prendre une place sur le marché du sucré et de la conserve… » MGM : Quelle sera votre politique salariale ? « Pour l’instant, nous n’avons aucune perspective d’embauche, ni de licenciement. Je vous le disais, nous préférons consolider notre position sur le marché, plutôt que nous développer. Il n’est donc pas prévu d’embaucher ou de licencier du personnel. » MGM : Et en termes d’innovation ? « Notre service recherche et développement travaille sur la mise en œuvre d’outils spécialisés pour la gestion de l’information et des prestations. Il s’agit, par exemple, de proposer à des industries travaillant dans le secteur du poisson, des logiciels spécifiques qui leur permettent de gérer leurs stocks et leurs livraisons. » MGM/mars 200 2006 www.mgm-mag.info 31 ECONOMIE Les grandes entreprises locales face à la concurrence GILLES MICHELET Directeur de Michelin Vannes « Notre AVENIR sera lié à des efforts de PRODUCTIVITE » Michelin, leader mondial des pneumatiques. Depuis son installation en 1963, l’usine de Vannes n’a jamais produit une roue. Le site vit un « grand coup de jeune » marqué par de nombreux départs en retraite. Son directeur ne cache pas le besoin de faire « toujours mieux et moins cher ». Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Que fabriquez-vous sur le site industriel de Vannes ? Gilles Michelet : « Notre travail, c’est la fabrication des squelettes des pneumatiques. Nous faisons donc du tréfilage et du traitement de surface. Nous fabriquons aussi les tringles qui permettent le maintien du pneu sur la jante. Ici, nous recevons du fil de 5 mm de diamètre et nous l’amenons en quatre étapes à 0,23 mm. Environ 60% du métal brut arrive par voie ferrée, le reste par poids lourds. Beaucoup d’habitants pensent que notre usine produit des pneumatiques, mais on fait justement ce qui n’est pas apparent. » génération des papys-boomers, beaucoup de départs en retraite ont eu lieu. Cela nous a donné un coup de jeune. De 2002 à 2004, il y a eu un renouvellement de 250 personnes, 80 ouvriers en 2005. En 2006, l’usine va ressentir encore ce mouvement, mais dans une moindre mesure. Nous avions engagé des intérimaires face à un surcroît de production en 2005. Nous avons transformé quelques-uns de ces contrats en CDI en 2005. Mais le marché étant plus calme, nous n’avons pas repris toutes les personnes. Aujourd’hui, ils sont environ cinquante. » «deUn250renouvellement personnes entre 2002 et 2004 » MGM : Quels sont vos principaux clients ? « Michelin à 100%. » MGM : Comment gérez-vous les départs en retraite de vos opérateurs ? « C’est vrai qu’il a fallu transmettre le savoir-faire de ceux qui partaient. Les opérateurs ont réussi à léguer cette précieuse MGM : Comment se déroule la production du site de Vannes ? « Nous travaillons en trois-huit, sept jours sur sept et 365 jours par an, hormis les jours fériés. Notre effectif se compose de 800 personnes environ, dont 10% d’intérimaires. Il y a 100 postes de cadres, de techniciens, mais la grosse majorité des salariés sont des agents de production, environ 700. Nos agents sont responsables de leur machine. L’usine ne marche pas sur le système de la chaîne. Chacun veille à ce qu’il produit. » MGM : En décembre 2005, la CGT a dénoncé le départ de nombreux intérimaires ? « Nous avons un effectif global de 710 à 720 CDI. Cependant, l’usine est dépendante du marché européen du poids lourds. Nous adaptons donc nos effectifs aux besoins du marché. Nous fabriquons ici des produits très complexes, qui demandent un très bon savoir-faire des ouvriers. Ces dernières années, avec la 32 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info expérience. On s’est toujours battu pour être les plus performants. C’est encore plus vrai avec l’arrivée des jeunes. Ils développent une adaptation plus simple aux évolutions de leur poste de travail. Et la performance de l’équipe permet de rester compétitif. » MGM : Quels sont les projets au niveau local ? « C’est une période importante en termes d’investissements. On travaille dans l’industrie automobile : c’est très concurrentiel. Notre avenir sera lié à des efforts de productivité et de réduction de coût. Nous venons d’investir dans un nouveau bâtiment de 2 000 m² dédié à suivre les attentes des clients du groupe, notamment sur les normes de qualité. Notre site est performant et il doit l’être encore plus pour contrer nos concurrents comme Bridgestone ou Pirelli. » Michelin France Manufacture de pneumatiques Siège social : Clermont-Ferrand 127 000 salariés à travers le monde, 25 000 en France Site de production de Vannes créé en 1963 Superficie : 17 ha Métier : tréfilage et traitement de surface de métal Nombre de salariés : 710 à 720 CDI Longueur d’assemblage fabriqué par an : 250 fois le tour de la Terre Gilles Michelet 52 ans, marié, 4 enfants Directeur de Michelin Vannes Ingénieur Gilles Michelet est un fidèle du groupe Michelin. Il y travaille depuis 21 ans. Il a commencé au siège de Clermont-Ferrand au département de recherche sur les pneumatiques et responsable du bureau d’étude de la sécurité. Il devient directeur de l’usine vannetaise en janvier 2002. THIERRY MICHAUD Directeur des usines Avon polymères « Travailler de façon plus EFFICACE et plus ECONOMIQUE » Avon polymères (ex-Tabur) s’est installée à Vannes dans le sillage de Michelin. Après avoir construit des planches à voile et des bateaux, le site produit aujourd’hui des pièces de caoutchouc et de silicone pour l’automobile. Face à la concurrence internationale, Avon polymères doit utiliser des techniques de plus en plus sophistiquées. Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Quelles sont les activités de votre entreprise ? Thierry Michaud : « En France, la production de notre entreprise s’axe essentiellement sur le secteur automobile. Celui-ci représente 98% de notre chiffre d’affaires. Nous produisons des pièces de caoutchouc et de silicone pour des industries automobiles comme Renault, Toyota, PSA, BMW, etc. Avon Rubber, notre groupe international, travaille aussi principalement pour l’industrie automobile mais également pour le secteur laitier. Nous fabriquons des branchements de trayeuse ou encore des joints, par exemple. Enfin le groupe œuvre dans le domaine de la défense. Nous fabriquons des masques à gaz ou des chenilles de tanks. » production. Il s’étend sur 30 000 m² dont 12 700 m² de bâtiments. » MGM : Comment se porte votre entreprise ? « Avon polymères ne connaît pas de difficultés particulières. Cependant, nous prévoyons la stabilité de notre chiffre d’affaires. En clair, celui-ci ne progressera pas. Du coup, aucune embauche n’est prévue. » MGM : Pourquoi choisir de « stabiliser » son chiffre d’affaires ? « C’est un choix de notre part. Il est notamment guidé par la conjoncture de notre marché. Il devient difficile d’acquérir de nouveaux clients. En outre, tous les ans, ces derniers négocient une baisse des prix. Cette baisse est d’ailleurs Aucune «embauche n’est prévue » comprise dans les contrats dès le départ. Si nous ne l’incluons pas, le client refuse de signer. Notre activité se heurte de plus en plus à la concurrence internationale. » MGM : Quelle réponse pouvez-vous apporter à cette situation ? « D’un point de vue technique, une nouvelle ligne d’extrusion est prévue (procédé de fabrication de pièces par écoulement dans une filière profilée, sous des pressions très élevées, NDLR). Celle-ci concernera le silicone. Mais cela ne créera pas d’emploi. Il s’agit d’un transfert de personnel d’une ligne à l’autre. L’enjeu d’aujourd’hui est d’utiliser des techniques plus modernes, plus sophistiquées pour travailler de façon plus propre, plus efficace et plus économique. C’est le défi qui nous est lancé. » MGM : Comment s’organise votre groupe ? « La principale usine française se situe à Vannes. C’est aussi la maison mère d’Avon polymères. Nous disposons d’un bureau commercial à Paris et d’une seconde unité de production à Beaulieulè-Loches (37). Elle emploie 36 salariés. Avon polymères France est la filiale du groupe Avon Rubber, qui possède d’autres filiales aux USA, au Mexique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Tchéquie, au Portugal, en Espagne, au Japon et en Inde. » Avon polymères France Construction de pièces de caoutchouc et de silicone Chiffre d’affaires 2004 : 36,6 millions d’euros Nombre de salariés : 361 à Vannes 400 en France 4 280 dans le monde Thierry Michaud 37 ans, marié, trois enfants Directeur des usines vannetaises d’Avon polymères Thierry Michaud dispose d’une formation d’ingénieur. Il a passé six ans chez Valéo et trois ans chez Inoplast en Ardèche. Il travaille depuis 2003 chez Avon polymères France. D’abord directeur de production, il devient directeur d’usines en juin 2004. MGM : L’installation de votre société à Vannes résulte-t-elle d’un choix délibéré ? « Disons plutôt d’un concours de circonstances. Le but n’était pas de s’implanter en Bretagne en particulier. La société Bic (ex-Tabur caoutchouc, NDLR) revendait son établissement. Cette vente nous a offert l’opportunité de venir ici. C’était l’occasion de compléter l’activité d’Avon polymères, en s’ouvrant sur le silicone. Aujourd’hui, nous disposons d’un site adapté à notre MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 33 ECONOMIE Les grandes entreprises locales face à la concurrence HUBERT BRICHART Directeur général de la caisse régionale du Crédit agricole « Quand le MORBIHAN va bien, le CREDIT AGRICOLE va bien » Doyenne des entreprises privées du Morbihan, le Crédit agricole se situe aujourd’hui dans un secteur en pleine vitalité : la banque. Un domaine d’activité dopé par le marché de l’immobilier, particulièrement prisé dans la région. Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Comment se porte votre entreprise aujourd’hui ? Hubert Brichart : « Il faut d’abord noter que le Crédit agricole (CA) fêtait ses 100 ans le 24 mai 2004. C’est la plus vieille entreprise privée du Morbihan. La caisse régionale a été créée à Pontivy en 1904. Le CA du Morbihan a la chance de se trouver dans un département qui se porte bien… qui est dynamique. La population y augmente… Quand le Morbihan va bien, le Crédit agricole va bien. » MGM : L’agriculture était le « fief » de votre groupe bancaire. Aujourd’hui vous semblez ouverts à tous les autres domaines d’activités. « Effectivement… Nous continuons à accompagner l’agriculture. Mais il y a d’autres secteurs dans lesquels nous sommes compétitifs : l’immobilier et le bâtiment. Nous sommes d’ailleurs les leaders sur ces marchés. » MGM : Comment intervenez-vous dans ces domaines ? « La moitié de notre activité est orientée vers le crédit… les prêts bancaires. Il s’agit surtout d’aider les particuliers à financer leurs projets immobiliers. Ce domaine d’activité est en expansion. Nous sommes confrontés à un phénomène assez récent qui a contribué à le doper. Les gens changent de plus en plus d’habitat. On passe d’un premier appartement à un second, puis à une maison, etc. La durée moyenne de possession d’un bien immobilier s’est raccourcie. Elle se situe actuellement à sept, huit ans. Cette évolution est d’ailleurs confortée dans le Morbihan qui est un département d’investisseurs massifs. Outre l’immobilier, nous disposons également d’un secteur dédié aux assurances pour les personnes et pour les biens. Nous avons aussi récemment créé un domaine de “services”. » MGM : Qu’englobe-t-il ? « Nous essayons de faciliter la vie de nos 34 MGM/mars 2006 2006 clients dans le monde de l’argent… Nous proposons des services annexes dédiés au fonctionnement d’un compte, à la sécurité de paiement, etc. Ce domaine regroupe aussi tout ce qui a trait aux évolutions technologiques. Notamment les consultations de comptes par Internet… Il y a un rité. Nous menons une course de vitesse avec les fraudeurs pour mettre en place des barrières. » MGM : Vous êtes l’un des plus gros employeurs du département. Comment va évoluer votre politique salariale ? « Le CA embauche régulièrement. Nous sommes pourtant dans une phase d’embauche faible. L’effectif est stable car il y a peu de départs en retraite. Nous salarions environ vingt nouvelles personnes par an. Ce chiffre devrait cependant doubler vers 2008-2009. Nous passerons donc à quarante, voire cinquante, personnes embauchées annuellement. Cette tendance est due à l’évolution démographique du pays. Notre politique de ressources humaines doit coller à celle-ci. » Nous sommes pourtant dans «une phase d’embauche faible marché émergeant important qui se développe via le web. » MGM : Il s’agit ici d’un service de recherche et développement ? « Il n’y a pas de centre de recherche et développement propre à la caisse du Morbihan. L’ensemble des caisses régionales travaillent conjointement dans ce domaine. Mais nous portons l’innovation essentiellement sur Internet et sur la carte bancaire. Notamment en termes de sécu- Crédit agricole Banque-assurance - Encours de collecte 2004 dans le Morbihan : 6 900 millions d’euros - Total des crédits alloués aux Morbihannais en 2004 : 4 400 millions d’euros - Nombre de salariés : 850 à Vannes, 1200 salariés dans le Morbihan, 4 700 en Bretagne - Le CA est un groupe uni et décentralisé, dont l’organisation repose sur les 2 629 caisses locales regroupées en 42 caisses régionales. Au 31/12/03, celles-ci détenaient 52,38% du capital de CA SA, tête de réseau du groupe. La Fédération nationale est l’instance de concertation du Crédit agricole. Hubert Brichart 55 ans, marié, huit enfants Directeur général du Crédit agricole du Morbihan « Je suis un pur produit CA. » Après l’obtention d’un diplôme d’ingénieur en agriculture et un 3è cycle en gestion d’entreprise, Hubert Brichart rejoint le Crédit agricole dans la Nièvre. En 1997, il devient directeur général adjoint avant d’intégrer la Fédération nationale du CA à Paris. Il est nommé directeur général du CA du Morbihan en 2004. www.mgm-mag.info » I N S T I T U T D’ I N G É N I E U R S D E V A N N E S Formation d’ingénieurs en Mécanique et Automatique par l’apprentissage ou par la formation continue TESh R E V S OU 9 h à 17 E e d T 6 0 R 0 PO DI 11 MARS 2 SAME 14 h : conférence réservée aux salariés « Devenir ingénieur par la formation continue » Formation : – mécanique et énergétique – électricité et automatique – gestion industrielle – formation humaine – langues (anglais, allemand ou espagnol) Recrutement : – Niveau bac : Bac S (éventuellement STI) – Niveau bac + 2 : DUT ou BTS industriel – Niveau formation continue : salarié titulaire d’un BTS ou DUT ayant 5 années d’expérience au minimum Diplôme d’ingénieur délivré par l’ICAM et reconnu par la commission des titres d’ingénieurs Spécialité Mécanique et Automatique, dans le cadre de l’ITII Bretagne 9 rue du commandant Charcot – 56000 VANNES – Tel : 02 97 62 11 81 – Fax : 02 97 62 11 82 – email : [email protected] MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 35 MUZILLAC La petite « campagnarde » S’AFFRANCHIT Muzillac bouge, Muzillac change. La bourgade assume pleinement son statut de chef-lieu de canton. A 25 km de Vannes, elle en est assez éloignée pour ne pas en dépendre totalement. A condition de mettre en place un développement économique cohérent qui viendra compléter un réel dynamisme culturel. Par Stéphane Lanson (Photos Romain Joly) Page de gauche. Depuis que le centre culturel du Vieux couvent dispose d’une saison complète, le budget alloué à la culture est passé de 40 000 à 75 000 € en trois ans. M uzillac, ça bouge ! » vingt minutes sont nécessaires Partisan, le pour relier Muzillac à la préfeccom mentaire de ture. La commune surplombe un Martine Sarreau, gros échangeur. De l’autre côté adjointe à l’anide la RN 165 s’étale une grande mation culturelle de la ville, a zone commerciale, à cheval sur du vrai. Fourni en commerces en la commune d’Ambon. Un peu tout genre, le cœur de la complus loin, la route flirte avec la mune s’articule autour de trois côte. En termes de cadre de vie places principales et de deux axes majeurs. Une configuration qui préfigure sans doute la naissance d’un véritable centre-ville. Un hôtel de ville flambant neuf, mitoyen du siège de la communauté de communes, tout aussi clinquant, et l’incontournable Vieux couvent, pour centre culturel, y confèrent la petite touche de modernité. Depuis les années 1970, la population de ce « bourg de campagne » ne cesse de croître. Surtout ces six dernières années, durant lesquelles Muzillac est passée de 3 805 habitants en 1999 à 4 389 âmes en 2005 (Insee). « La commune garde son fond rural mais devient une petite cité », se plaisent à dire les commerçants. Ce développement accéléré, Muzillac le doit en partie aux retombées indirectes d’un marché immobilier de plus en plus tendu dans la préfecture morbihannaise. L’installation d’une troisième aussi, on a vu pire. L’océan n’est agence immobilière courant 2004 qu’à cinq kilomètres… en est une preuve. « Il y a ici un « On a tout ici ! », se targue Claude marché complémentaire à celui Flohic, président de l’Union des de Vannes », commerçants estimait et conseiller d’ailleurs municipal. son respon- Claude Flohic, président de l’Union des commerçants « Nos servisable Hervé ces de santé Bourriaud dans la presse locale. sont un atout pour une ville de Les professionnels ne s’y trompent cette taille. Il ne nous manque pas. Le chef-lieu du canton dispose qu’un ophtalmo ! » d’atouts indéniables pour devenir La commune est suffisamment éloignée de Vannes pour ne pas un nouveau pôle « urbain » entre en être totalement dépendante en Vannes et la Loire-Atlantique. termes de services à la personne, Pas un dortoir d’équipements… Ainsi, à l’inverse Muzillac offre une alternative intédes villes de la périphérie vanneressante aux ménages actifs du taise qui connaissent le même pays vannetais en quête de prix développement, Muzillac devient moins dissuasifs. En prise directe une vraie cité, pas un dortoir. avec la quatre-voies, moins de Si les communes avoisinantes du « On a tout ici ! » littoral vieillissent, le chef-lieu, lui, rajeunit à vue d’œil. Un Muzillacais sur quatre est aujourd’hui âgé de moins de 20 ans. Ce lifting ne suffit pourtant pas à expliquer une telle animation. Cette vitalité provient, pour beaucoup, d’un tissu associatif « très actif à Muzillac » qui a su s’enrichir des nouveaux arrivants. Ce vivier d’une soixantaine d’associations participe, notamment, à créer un réel dynamisme culturel. Armée culturellement parlant « Le budget municipal alloué à l’animation culturelle a doublé. Il est passé de 40 000 à 75 000 € en trois ans, depuis que le Vieux couvent offre une saison complète de concerts et de spectacles », se félicitent le directeur de la structure, Thierry Monfort, et l’adjointe Martine Sarreau. Pour autant, cette implication municipale n’a pas éclipsé le travail de fond des associations, bien au contraire. « Chaque manifestation reste portée par l’une d’entre elles », rappelle MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info Ci-dessous. Préserver la qualité de vie de Muzillac représente l’un des grands enjeux de la municipalité. A LIRE En juin, la commune va éditer un ouvrage rassemblant 200 photos anciennes de Muzillac de 1890 à 1960 environ. MUZILLAC Population : 4 389 habitants (41% de la population de la communauté de communes) Superficie : 3 950 ha Activités : 31% d’industrie, 18% BTP, 15% services à la personne Résidences : 1 553 principales, 203 secondaires (Insee-1999) 37 SPECIAL MUZILLAC Thierry Monfort. La volonté politique n’a fait que s’appuyer dessus. Ainsi, Théâtr’amuz participe à la programmation du festival de théâtre. L’association les Nuits celtes, qui porte déjà le festival éponyme, participe à l’organisation du concert musique du monde programmé au Vieux couvent… Certains représentants associatifs siègent même au sein de la commission culturelle de la municipalité. Si on ajoute à cela cinéma associatif, studio d’enregistrement privé… Muzillac de services. En pleine mutation, le pays de Muzillac compte sur sa ville-centre pour s’adapter aux exigences grandissantes de la population et s’épanouir. Comment s’y prendre ? Le diagnostic des élus locaux frôle l’évidence : il faut « mettre en place des actions pour accueillir les nouveaux arrivants, apporter les services demandés et prendre en compte le vieillissement de la population ». Ainsi, pour anticiper ce vieillissement sur le littoral, André Pajolec, président de la communauté de communes, Garder son identité rurale paraît bien armée culturellement parlant. Thierry Monfort estime qu’il s’agit d’ailleurs d’un « critère déterminant dans le choix d’installation des jeunes ménages dans la commune ». Consommer local « J’ai été surprise de constater un tel dynamisme culturel pour une petite bourgade ! J’y ai noté un esprit de modernité et une mentalité plus ouverte qu’à Vannes. » Les impressions livrées par cette femme d’une trentaine d’années, médecin généraliste vannetais qui effectue un remplacement dans la commune voisine d’Ambon, semblent en attester : si Muzillac tient à garder son identité rurale, elle accepte son développement et s’ouvre aux nouveaux venus. Prouvant ainsi qu’ouverture et ruralité n’ont rien de notions forcément contradictoires. Depuis une décennie, la « foire bio », devenue « institution » dans le département, le démontre. Les Muzillacais ont de réelles considérations environnementales et le font savoir (lire page suivante). Pour bien grandir, la commune doit encore se structurer durablement en termes d’équipements, En haut. Avec son centre culturel, son studio privé, ses nombreuses associations, la ville n’a pas à rougir de son dynamisme culturel. Au centre. Malgré son urbanisation, Muzillac tient à garder son côté « ville de campagne ». En bas. La commune est suffisamment éloignée de Vannes pour ne pas en être totalement dépendante en termes de services à la personne, d’équipements… 38 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info préconise de « mettre l’accent sur les logements en direction des personnes âgées » et de rester « attentif aux services de santé existants ». A contrario, la municipalité muzillacaise se doit d’assumer son coup de jeune. Dans cette optique, deux gros projets du mandat sont déjà bouclés : la Maison de l’enfance et la rénovation de l’école des Poulpikans. Mais c’est surtout sur le développement commercial du pays de Muzillac que l’effort est porté. Le président Pajolec n’a qu’une idée en tête : « Eviter la fuite de la population résidante vers les pôles commerciaux vannetais. Pour cela, il faut donc développer des zones commerciales intercommunales, telle que la zone Espace littoral. Celle-ci doit encore offrir des biens d’équipements pour la personne (habillage…) et l’habitat (mobilier…). Tout en prenant garde à ne pas déséquilibrer les commerces du centre de Muzillac. » En filigrane, l’enjeu est double : créer de l’emploi bien sûr et encourager les Muzillacais à consommer local. Ce n’est qu’à ce prix que la commune et son pays pourront s’affranchir totalement du pays de Vannes et constituer ainsi un nouveau pôle « urbain ». Le pays de Muzillac compte aujourd’hui six communes pour plus de 10 000 habitants. Son président André Pajolec, lui, a le rêve un peu fou d’une communauté de communes élargie avec Damgan, jusqu’à La RocheBernard, où résideraient quelque « 35 000 habitants ». Pourquoi pas, après tout. RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT Les MUZILLACAIS Avec une institution, la « foire bio », et un projet audacieux de six éoliennes, Muzillac joue les premières de la classe en matière d’environnement dans le département. De quoi faire grimper la cote de popularité du maire Joseph Brohan, lequel « en a bien conscience », ironisent ses détracteurs. leçons ! donnent des A Valorem l’instar de Saint-Nolff dans le pays de Vannes, Muzillac fait beaucoup pour l’environnement. Au point de faire figure de première de la classe dans le Morbihan. La petite commune rurale n’hésite pas à prendre les devants et à multiplier les initiatives. Un esprit écolo insufflé par le monde associatif et relayé par une volonté politique. Hier, la « foire bio » Tout a commencé par un pari : la « foire bio ». « A l’origine, il y a plus de onze ans, elle était portée à bout de bras par les associatifs, surtout les jeunes. Puis la municipalité a apporté son soutien à ce rendez-vous, sans pour autant s’afficher écologiste », rappelle Jean-Paul Le Bihan, président de l’association Terre en vie qui organise en grande partie la manifestation. A l’image de Jean-Paul, les agriculteurs bio de la commune (qui compte une petite dizaine d’exploitations de ce type) se sont bien évidemment retrouvés dans ce projet. Résultat quelques années plus tard : cette foire est la plus importante du genre dans le département. Elle devient une « petite institution », une grande messe qui sensibilise au développement durable (produits bio, énergies renouvelables et construction écolo…). Pour son dixième anniversaire, 5 500 personnes y assistent. Pour la onzième édition en 2005, la fréquentation dépasse les 7 500. Organisateurs et bénévoles ne comptent pas s’arrêter là. Au menu de la prochaine édition : « Le ren- forcement du pôle habitat écologique. » Jean-Paul Le Bihan projette aussi de « créer d’autres animations pour prolonger ce travail d’information toute l’année. Sans oublier la sensibilisation au manger bio auprès des scolaires ». Demain, la fée éolienne Cet esprit écolo est rapidement repris dans le discours municipal. Mais, aujourd’hui, la mairie agit aussi. Six éoliennes de 111 m de haut verront le jour en 2007. En septembre dernier, l’avis de l’enquête publique est favorable. Sur 41 observations d’habitants, on compte seulement trois réfractaires. Un plébiscite. Le 19 janvier, la Commission des sites donne également son feu vert. Pourtant, bien que favorables au projet, des détracteurs évoquent « l’opportunisme politique » de Joseph Brohan. Pourquoi ? L’éolien est son cheval de bataille et il ne manque pas de le rappeler dans la presse locale. On parle surtout de Muzillac. Néanmoins, deux autres projets existent aux alentours. D’ailleurs celui d’Ambon, la commune voisine, comptera 6 éoliennes de 111 m de haut verront le jour en 2007 aussi six unités (l’enquête publique n’était pas encore terminée lors du bouclage de cette édition). Ici, les éoliennes culmineront à 121 m. Mais c’est surtout en termes d’énergie produite rapportée à la population que la municipalité ambonnaise frappe un grand coup. Les six éoliennes de Muzillac pourront alimenter en énergie 10 000 personnes pour une population d’environ 4 500 habitants tandis que celles d’Ambon pourront en « arroser » 10 000 alors que la commune compte seulement 1 500 habitants ! Cette critique qui voudrait que son projet soit un « faire-valoir politique », Jo Brohan la rejette habilement : « Communiquer est indispensable pour répondre aux interrogations des gens. » Reste que certains environnementalistes considèrent que Muzillac n’est pas si en avance sur le plan écologie. Ils regrettent par exemple que la nouvelle mairie, inaugurée en 2005, n’ait pas été construite aux normes Hautes qualités environnementales (HQE). C’est sans compter l’aplomb du maire : « Cela reste onéreux. On a aussi préféré avoir du recul sur une première expérience intercommunale avec l’école Nicolas Hulot de Branféré. » MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info Comme le suggère ce photo-montage, l’A82 sera bientôt encadrée par un champ d’éoliennes à hauteur de Muzillac. 39 SPECIAL MUZILLAC JOSEPH BROHAN « VOLONTARISTE Plus qu’ interventionniste » Joseph Brohan, maire sans étiquette de Muzillac mais conseiller général divers droite, entretient le flou sur son identité politique. Libéral, il se veut aussi partisan de l’éolien, voire écolo averti. Les casquettes, il les collectionne. Jo, comme il se fait souvent appeler, cultive son art de la communication. Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Comment expliquer l’attractivité grandissante de Muzillac ? Joseph Brohan : « Sa situation géographique : à trois-quarts d’heure de Nantes, trente minutes de SaintNazaire et quinze de Vannes… » MGM : Son dynamisme culturel aussi ? « La culture fait partie du quotidien de nos citoyens. Je me bats contre la concentration de l’offre dans les grandes villes universitaires. Je refuse que les zones rurales restent un désert culturel. » J. Brohan 17 janvier 1945. Naissance à Malansac de parents agriculteurs 1957. Fait ses études secondaires à Ploërmel Septembre 1970. Devient conseil en comptabilité et fiscalité puis en droit du travail auprès du Syndicat des artisans, à Vannes 1983. Devient conseiller municipal à Muzillac 1989. Elu maire de Muzillac 1995. Elu conseiller général 2001. Devient président de la Sagemor MGM : L’urbanisation n’altèret-elle pas l’identité rurale de la commune ? « On ne peut pas s’opposer à la nature des choses. Par contre, on a un devoir : préserver la qualité de vie. » MGM : Comment gérez-vous les contraintes liées à la pression foncière ? « Nous menons une politique volontariste de l’habitat. A Parc-Guen, un programme de 18 lots destinés aux jeunes couples pour 50 € du m² contre plus de 100 € au prix du marché. Nous prévoyons aussi une grande zone d’aménagement concerté du côté de Bourg-Pol qui comprendra 90 lots dont une quinzaine en accession à la propriété, une trentaine en primo-accédants… » MGM : Quelles sont réserves foncières ? 40 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info vos « 12 ha restent disponibles à la construction selon le Plan d’occupation des sols (Pos) de 2001. Je ne prévois pas de le réviser. Une fois au bout, on arrêtera. Nous réfléchissons à un Schéma de cohérence territoriale (Scot) intercommunal. Il serait idiot de revoir le Pos avant d’avoir ce schéma. » MGM : En même temps, vous semblez coincé dans un territoire de plus en plus étroit. Pour développer à l’est, vous attendez une déviation ? « Cela fait huit ans que je travaille sur un contournement est. Il est surtout nécessaire aux déplacements. On met presque autant de temps à traverser Muzillac du nord au sud que pour rallier Vannes. Cette déviation raccordera l’A82 aux RD 20 et RD 5. L’enquête publique débute en mars. » MGM : Vous ne craignez pas d’être dépassé par la spéculation avec cette nouvelle desserte ? « Evidemment, si on multiplie les sorties tout du long, on se fera bouffer. » MGM : Avez-vous un seuil en termes de population ? « Si on dépasse les 6 000 habitants, on perdra notre qualité de vie et d’environnement. » MGM : Le président André Pajolec rêve d’une communauté de communes élargie à 35 000 habitants. Un peu loufoque pour « préserver la qualité d’environnement » ? « Ce n’est pas improbable si on prend en compte les développements d’Ambon ou de Damgan et que l’on ajoute la population de la communauté de La Roche-Bernard. Le Scot nous guidera pour garder un équilibre. » MGM : Le développement commercial du pays, autre priorité intercommunale, ne risque-t-il pas de fragiliser les magasins du centre ? « Nous travaillons en concertation avec les associations de commerçants des bourgs. Il faut jouer la complémentarité, entre zones commerciales et petits commerces, et limiter les projets qui viendraient concurrencer les enseignes existantes dans le centre. » MGM : Sinon, qui dit nouvelle population dit nouveaux besoins en équipements et services… « Nous avons doublé la capacité d’accueil de la Maison de l’enfance pour 400 000 €. La rénovation de l’école des Poulpikans a coûté 1,6 million d’euros mais anticipe les besoins futurs. L’hôtel de ville, lui, revient à 900 000 € dont 287 000 € de subventions. Dans l’ancien, la secrétaire travaillait au grenier. Il faut le savoir. » MGM : Ces grands travaux ne gèlent-ils pas la capacité d’investissement ? « L’investissement courant va se poursuivre. Les autres projets attendront. Nous devons prévoir le remplacement de la salle des Acacias (qui sert au karaté, à la danse… NDLR)… » MGM : Elle est complètement obsolète. « Oui, mais elle nous rend encore service. Pour une nouvelle salle polyvalente, il faudra attendre deux ou trois ans. » MGM : Pour beaucoup, vous restez insondable politiquement. Certains de vos conseillers vous considèrent de « sensibilité de gauche » alors que vous êtes étiqueté divers droite au conseil général et proche de François Goulard ? créer de la valeur ajoutée. Il n’empêche que je n’approuve pas le concept de Mac Donald’s. Je pense aussi être plus volontariste qu’interventionniste. » MGM : Des détracteurs y voient plutôt un sens de l’opportunisme politique. Vous n’auriez fait que suivre l’avis de la majorité de la population ? (il bafouille) « Non… cette prise de position est cohérente avec le projet éolien ou ma déclaration contre les OGM. » MGM : Droite, gauche… c’est selon le pied avec lequel vous vous levez. Vous entretenez le flou et tout le monde vous aime ! « L’important n’est pas là. Mon conseil, par exemple, rassemble des sensibilités très diverses mais chacun donne son opinion. Nous sommes constructifs sans opposition. » « Je connais mes limites » « Mon engagement, je le vois comme une mission de service. Je donne la priorité à la personne, à l’équité. Mais je reste libéral. » MGM : Votre opposition en 2004 à l’implantation d’un Mac Donald’s interpelle. Cet interventionnisme est loin des doctrines libérales de vos « amis politiques » ? « Laissons les chefs d’entreprise MGM : Pourquoi avez-vous refusé de suppléer François Goulard à la députation ? « Je connais mes limites. Je suis plus utile dans mes fonctions actuelles que dans ce rôle. » MGM : Vos multiples casquettes (lire ci-contre) ne nuisent-elles pas déjà à votre implication ? « Attention, ce n’est pas le même niveau d’engagement pour chacune. Seules mes fonctions de maire, de conseiller général et de président de la Sagemor demandent un investissement quotidien. » MGM : C’est déjà pas mal mais vu votre « pedigree » (âge, expérience et relations), certaines sources verraient bien s’ajouter sur le dessus de la pile : président du conseil général ? « Je considère que chaque engagement doit répondre à une envie et je n’en ai aucune dans ce domaine. Mes fonctions actuelles suffisent à mon bonheur. » MGM : Vous n’y pensez même pas en vous rasant ? « Du tout. (il s’arrête, réfléchit deux secondes puis sourit) Et il ne faut pas oublier la vie de famille. D’ailleurs, je ne me rase pas ! » MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info Président du conseil général ? « Je n’ai aucune envie dans ce domaine. » Ras la casquette ! Liste non-exhaustive des diverses activités et casquettes de Jo Brohan Maire de Muzillac Vice-président de la communauté de communes Conseiller général Président de la commission infrastructures et aménagement du territoire du Département Président de la Sagemor Président du Syndicat de tourisme Rhuys-Vilaine Président du Comité d’estuaire de la Vilaine Président de la caisse locale du Crédit agricole 41 CULTURE MIOSSEC ET CALI REUNIS DANS UN LIVRE ROAD-MOVIE en compagnie de deux « joyeux désespérés » Miossec le Breton et Cali le Perpignanais. Deux frères de chansons, qui disent tout sur un ton rock, sont réunis dans un livre d’entretiens et de photos réalisé par un trio de passionnés. Un coup de cœur loin du coup d’épée dans l’eau, raconté par Grégoire Laville, co-auteur, journaliste et Pluvignois. “journaleux” qui se prennent trop la tête avec ça. » R. Joly Le Mensuel du Golfe du Morbihan : Comment est née l’idée de ce livre ? Grégoire Laville : « C’est un coup de cœur, presque un rêve… La réussite de ce projet émane d’une succession d’heureuses et multiples coïncidences. Miossec et Cali étaient deux artistes que nous apprécions beaucoup. On s’est réunis Yves, Claude et moi, parce que l’on partageait ce sentiment. Yves était un ami d’enfance. Claude, nous l’avons rencontré par l’entremise d’un proche d’Yves. » MGM : Vous étiez un peu « fans » de vos sujets. Ça n’a pas posé des problèmes d’objectivité ? « Fans ? On ne peut pas dire ça. C’est un peu fort. Nous avons abordé l’écriture de ce bouquin comme des journalistes : avec un certain détachement. » MGM : Pourquoi réunir Cali et Miossec ? « On trouvait que ces deux artistes avaient des points communs. Notamment leur manière de tout dire. On savait aussi qu’ils s’appréciaient… Mais nous n’avions pas mesuré à quel point ils étaient amis. Le premier album de Miossec (Boire, Cali Miossec Rencontre au fil de l’autre Le Bord de l’eau éditions Par Grégoire Laville, Yves Collin Photographe : Claude Gassian En librairie le 14 mars 168 pages 19 € 42 MGM/mars 2006 2006 MGM : Le concept du livre est de mêler photos, reportages d’ambiance et entretiens croisés… « Les entretiens croisés abordent leurs débuts, leurs influences artistiques, leurs rapports à la scène, le succès, la famille… Les papiers d’ambiance permettent aux lecteurs de palper les univers chers aux deux artistes. Nous avons souhaité les replonger dans Jeune journaliste, Grégoire Laville, est co-auteur leur contexte. Nous avons réuni de Cali Miossec, Rencontre au fil de l’autre. Cali et Miossec à Ouessant, l’île 1995, NDLR) a été une révélation pour d’enfance de Miossec ; à Perpignan, lieu de Cali. Il s’est aperçu qu’il pouvait, lui-aussi, naissance de Cali et à Bruxelles où habite tout dire dans ses chansons. A contrario, Miossec. A l’arrivée notre livre est une sorte Miossec estime que Cali est le chanteur le de road-movie… » plus prometteur du moment. » MGM : Pourquoi cette volonté de « les MGM : Cali et Miossec ont des points replonger dans leur contexte » ? communs, mais il ne s’agit pas de clones « Il nous semblait intéressant de les confronter à ces lieux qui ont dopé leur non plus… « Cali est un type hyper généreux, inspiration. L’escale à Ouessant, par simple et loquace. Miossec, lui, est plus exemple, nous a aussi offert l’occasion de concis, plus en retrait, faire connaissance avec les plus imprévisible aussi. amis proches de Miossec : On a senti un certain Fifi la Boulange, Dédé la décalage. Miossec était à Fleur et les autres. Eux-aussi son cinquième album. Il a ont participé à façonner l’expérience de la scène l’artiste. L’ambiance et d’un certain “star était d’ailleurs assez system”. Au contraire, exceptionnelle… partagée Cali est plus jeune. Il entre atmosphère potache découvre la notoriété et nostalgie propre à tout avec le succès de son premier album. retour aux sources. C’est d’ailleurs lors Ils disposent aussi de culture et de de cette traversée entre Brest et Ouessant formations différentes. Cali est une que Cali nous a confié avoir puisé la ligne bête de scène. Il a fait quinze ans de directrice de son second album (Menteur, bal avant d’exploser. Miossec est plus sorti le 3 octobre 2005, NDLR). » punk, plus noir. Leur point commun ? Ils se disent tous deux chanteurs Propos recueillis par de variété… et ils n’aiment pas les Killian Tribouillard www.mgm-mag.info est «plusMiossec concis, plus en retrait, plus imprévisible aussi » Of U g.info ���� ����� ����� ���� ������ ���� ����� ������ ����� ������ BULLETIN D’ABONNEMENT POUR 36,50 € ��� ��� ������ ���� ��� � ��� �� � ���� Offre réservée aux nouveaux abonnés OUI, je souhaite m’abonner au Mensuel du Golfe du Morbihan Bulletin à retourner au Mensuel du Golfe du Morbihan, service abonnements, 8 rue Lesage, 56000 VANNES. Nom : Adresse : Prénom : Je souhaite recevoir en cadeaule portfolio Une semaine dans le Golfe ue oine nautiq im tr a p u d t n véneme Le plus bel é en sud-Morbihan Je souscris : abonnement(s) de 36,50 € pour 12 mois (11 numéros dont 1 numéro double sans hors-série) en France métropolitaine. abonnement(s) de 73 € pour 24 mois Code postal : Téléphone : E-Mail : Ville : Le règlement de cette somme est effectué par chèque à l’ordre de la société Scrib. Ci-joint mon règlement. Conformément à la loi Informatique et libertés n°78.17 du 6 janvier 1978, vous disposez du droit d’accès et de rectification aux données vous concernant. (22 numéros dont 2 numéros double sans hors-série) en France métropolitaine. abonnement(s) de 45 € pour 12 mois (11 numéros dont 1 numéro double sans hors-série) pour Dom-Tom et étranger. abonnement(s) de soutien de € pour 12 mois (11 numéros dont 1 numéro double avec hors-série) en France métropolitaine. Date et signature obligatoires MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 43 AP0603001 + mgm-ma t le a n i c e é p m s Offre d’abonne le portfolio Un an Une semaine dans le Golfe D.R. D.R. AGENDA CULTUREL Daby D.R. Daby Touré, vendredi 10 mars à Sarzeau, chante les morceaux composant son album, Diam, en soniké, wolof et pular. Susheela Susheela Raman présente son dernier album Love trap, samedi 11 mars à Saint-Nolff. Samedi 11 mars 11 MUZILLAC Prononcez 03 « Lou couar dé la plane » CONCERT VANNES Gogol au Palais des arts Il n’y a de petites aventures sans petits héros. Le destin d’Akaki Akakiévitch bascule pour un rien… Pour s’offrir un nouveau manteau, ce fonctionnaire pitoyable se prive de tout. Adaptée de l’œuvre de Gogol, la pièce Le manteau oscille entre invraisemblance et réalité. Au Palais des arts, acteurs et marionnettes se partagent la vedette. Lever de rideau à 20 h 30. Tarifs : 17 € plein, 15 € réduit, 14 € famille, 12 € jeune. Renseignements au 02 97 01 62 00. Vendredi 10 mars 08 03 Du mercredi 8 au jeudi 30 mars Le Dôme fait honneur aux femmes. Durant un mois, le cycle Paroles de femmes propose divers événements. Entre autres : un Salon du livre de femmes le 12 mars, plusieurs expositions dont Les Mariannes d’aujourd’hui (série de 14 portraits organisée par Ni putes, ni soumises), une soirée poésie le 8 mars… Sans oublier, samedi 25 mars, le concert de Françoiz Breut et Oshen. Tarifs du concert : 16 € plein, 12 € réduit. Renseignements au 02 97 44 44 66. SAINT-AVE Le Dôme laisse la parole aux femmes 11 03 CONCERT SARZEAU Deux artistes sinon rien Double ration de concert à L’Hermine. Pour sa soirée « musique du monde », le centre culturel décide de s’entourer de deux grands artistes africains. Le premier, Lokua Kanza, se révèle être un guitariste surdoué à la musique caressante. Le second, Daby, est un véritable prodigue multi-instrumentiste : basse, guitare, batterie, percussions… Le spectacle débute à 20 h 30. Tarifs : 18 € plein, 15 € ou 10 € réduits. Renseignements au 02 97 48 29 40. EVENEMENTS CONCERT 10 03 Mardi 7, mercredi 8 et jeudi 9 mars La pièce Le manteau, les 7, 8 et 9 mars à Vannes, est mise en scène par Alain Mollot. 15 03 LIVRE THEATRE 07 03 Akaki Lo còr de la Plana… ou comment entonner le répertoire occitan de Provence avec modernité. Cinq hommes, originaires du quartier de la Plaine de Marseille, proposent au public du Vieux couvent de découvrir des chants traditionnels agrémentés d’éléments de la culture marseillaise d’aujourd’hui (raggamufin, groove…). Ouverture des musicalités à 20 h 30. Tarifs : 10 € sur réservation, 12 € sur place, 6 € réduit. Renseignements au 02 97 45 64 22. Samedi 11 mars SAINT-NOLFF Susheela Raman à la Petite scène Artiste phare du moment, Susheela Raman débarque sur la Petite scène. Armée de sa musique riche en influences, la chanteuse a, pour beaucoup, réconcilié l’orient et l’occident dans ses différentes compositions. En première partie, l’artiste Hocine vient nous faire goûter sa musique empreinte de nombreux accents orientaux. Ouverture des portes à 20 h 30. Tarifs : 18 € sur réservation, 15 € réduit, 22 € sur place. Renseignements au 02 97 45 55 09. Mercredi 15 mars BRETAGNE « Trop forts les Bretons » C’est assez rare pour être noté : Ouest-France et Le Télégramme réunis par un bouquin ! Nono, le dessinateur vannetais du Télégramme, et Paul Burel, journaliste à Ouest-France, sortent un livre « Verbatim », intitulé Trop forts les Bretons. 25 artistes, patrons, politiques, sportifs (Leclerc, Pétillon, Riguidel et autres Le Cam) ouvrent les guillemets et se voient croqués par Nono. En librairie le 15 mars aux éditions Ouest-France, 200 pages, 15 €. . . . E T AU S S I . . . VANNES. Jeudi 16, mardi 21 et samedi 25 mars. Représentation de la pièce Risque mortel, au lycée Saint-Paul, jouée par les élèves, à 20 h 30. Tarifs : 6 € plein, 5 € réduit. Renseignements au 02 97 46 61 30. 44 2006 MGM/mars 200 6 www.mgm-mag.info SARZEAU. Samedi 25 mars. Représentation de la pièce Ubu, d’après Alfred Jarry, par la compagnie du Nada théâtre, à L’Hermine, à 20 h 30. Tarifs : 12 € plein, 8 € et 5 € réduits. Renseignements au 02 97 48 29 40. Françoiz L’égérie de Dominique A, Françoiz Breut, joue sur la scène du Dôme de Saint-Avé, samedi 25 mars, à l’occasion du cycle Paroles de femmes. Didier D.R. D.R. Les Wampas, vendredi 31 mars à Vannes, ont un chanteur un peu particulier. La nuit, Didier Wampas a la folie des concerts punk. Le jour, il est salarié à la RATP. CONCERT 31 03 CONCERT 31 03 Vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 mars SAINT-NOLFF Verkade manie l’absurde à la Petite scène Quatre sketchs sinon rien pour la troupe Verkade. Cette compagnie de théâtre amateur donne sa représentation annuelle à la Petite scène. Les douze comédiens interprètent quatre pièces où « l’humour est manié à la limite de l’absurde », note Eric Lopez, metteur en scène. Attention, le spectacle, de par son langage, est déconseillé au jeune public. Trois séances sont prévues : les 17 et 18 à 20 h 30, le 19 à 15 h. Tarif : 5 €. Renseignements au 02 97 45 47 66. Vendredi 31 mars Chez nos voisins LORIENT Mozart est de retour A force d’en parler, on finirait presque par l’oublier… Et pourtant, le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart est né il y a 250 ans. Le Grand théâtre lui offre la soirée. Accompagnés par l’orchestre Virtuosi di Praga, deux clarinettistes, Michel Portal et Paul Mayer, rendent hommage au maître de symphonie. Début des musicalités à 20 h 30. Tarifs : 30 € plein, 16 € étudiants, 22 € ou 14 € réduits, 13 € moins de 14 ans. Renseignements au 02 97 02 22 77. . . . E T AU S S I . . . 31 03 THEATRE THEATRE 17 03 Du jeudi 16 au samedi 25 mars AURAY Méliscènes tient le bon fil Les objets prennent vie sur scène… Pour la sixième année, le centre Athéna organise le festival du théâtre d’objets et de marionnettes : Méliscènes. Durant dix jours, les artistes se succèdent sur la scène : Flash marionnettes, Théâtre la Pire espèce, Théâtre de l’Echappée, compagnie L’onde d’Icare… Les spectacles et les formes d’arts présentés sont nombreux. Renseignements sur les différents horaires et tarifs à Athéna ou au 02 97 29 03 30. 02 04 CONCERT FESTIVAL 16 03 D.R. La compagnie Flash marionnettes présente sa version de Pinocchio, les 17 et 18 mars, lors du festival alréen Méliscènes. D.R. Pinocchio Vendredi 31 mars VANNES S’il avait le compte en banque de Manu Chao… Amateurs de sensations fortes, cette soirée au Chorus est faite pour vous. Pour son troisième concert consacré à la musique actuelle, le service animations culturelles de Vannes invite trois groupes : les célèbres Wampas (rock punk), Macka B (reggae) et Kaïwone (art-h-core), deuxième du Tremplin 2005. Ouverture à 20 h 30. Tarifs sur place : 16 € plein, 14 € réduit. Sur réservation : 15,60 € plein, 13,60 € réduit. Renseignements au 02 97 01 62 40. Vendredi 31 mars VANNES Feydeau fait dans le vitriol La compagnie Alter-ego revient avec une pièce de Georges Feydeau : On purge bébé. L’œuvre, reconnue comme l’une des plus brillantes de l’auteur comique, ne repose plus seulement sur le vaudeville. Elle dépeint au vitriol la médiocrité de certains caractères. La représentation a lieu au Carré, le « théâtre de poche » de la troupe (23 rue du 65è RI). Lever de rideau à 20 h 45. Tarifs : 9 € plein, 6 € réduit. Renseignements au 02 97 66 42 02. Dimanche 2 avril VANNES Alain Souchon au Chorus Après cinq longues années d’absence, « il » revient. Alain Souchon présente son nouvel album, La vie de Théodore, au parc Chorus. Fidèle à lui-même, le chanteur déclame poésie et balades avec cœur et nonchalance. Début du concert à 19 h. Tarifs : 43 € ou 40 € selon les catégories (places assises numérotées). Renseignements au 02 98 47 94 54. N’hésitez pas à communiquer vos annonces d’événement à la rédaction. Mail : [email protected] Tél : 02 97 47 84 74 - Fax : 02 97 47 84 75 PLOEREN. Samedi 1er avril. Festival Loco’motiv’ à la salle du Spi, à 20 h 30. Au VANNES. Jusqu’au dimanche 2 avril. Exposition des œuvres de Jean Bazaine sur le programme : Electro deluxe, Akeïkoi from connexion et Slam fils. Tarifs : 14 € sur place, thème de l’eau au musée de la Cohue, aux heures d’ouverture. Tarifs : 4 € plein, 2,50 € 12 € en réservation. Renseignements au 02 97 44 84 48. réduit, gratuit pour les moins de 12 ans. Renseignements au 02 97 01 63 00. MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 45 MER EMBARQUEMENT À BORD DU CABOTEUR FIER comme le TAILLEFER Fleuron de l’armement des Transports maritimes côtiers à Vannes, le Taillefer III assure une liaison quotidienne avec Belle-Ile. La quasi-totalité de ce qui est nécessaire à l’économie de l’île passe par ses cales. Embarquement d’une journée à bord du petit cargo vert à la silhouette familière. Par Jean-Paul Delessard (Photos Romain Joly) 9 h 30. Petit matin grisrose sur le port de Vannes. Sous l’effet du propulseur, l’étrave du Taillefer III s’écarte lentement de son appontement du Pont-Vert et pointe vers le chenal. Sur le pont, l’équipage rentre les apparaux tandis qu’à la passerelle, impassible, Olivier Jean, patron de cette belle unité en service depuis 18 mois, scrute les marques rouges et vertes du balisage latéral. Dans ce chenal étroit, dans ces passages resserrés –devant PortAnna notamment– le Taillefer paraît disproportionné. Ses quarante mètres de long, ses six cents tonnes écrasent de leur masse toutes les embarcations croisées dans les parages. Un fond de jusant aidant, le fier cargo de la TMC (Transports maritimes 46 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info côtiers) pousse sa vitesse à dix nœuds dès qu’il a viré la tourelle de Roguedas. La grande paix hivernale du Golfe n’est qu’à peine troublée par le passage du navire. Sans doute parce que ses machines de plus de six cents chevaux sont étonnamment silencieuses et qu’hommes et oiseaux se sont depuis longtemps accoutumés aux rotations quotidiennes du Taillefer. Une manœuvre au millimètre Sous son casque de cheveux blonds, Olivier Jean a de faux airs de Roman Polanski. Le patron suit sa route avec une attention extrême. Avec le courant descendant, il faut garder de la vitesse pour rester manœuvrant et donc anticiper toute apparition de bateaux ou d’obstacles devant l’étrave. « En cette saison, on est rarement gêné, explique Olivier. L’été, c’est une autre affaire ! Entre les plaisanciers, les vedettes de tourisme, les pêcheurs et toutes sortes d’embarcation, on se demande parfois par où passer ! » Au large de Port-Navalo, on sent la tension se relâcher. La mer est désormais ouverte et l’espace disponible. Olivier en profite pour confier « la barre » à Didier Boulch, l’un des trois matelots du Taillefer. Sur ce navire moderne, celle-ci a été remplacée par deux joystick, sorte de petit bâtonnet de métal de cinq ou six centimètres de haut qu’on pousse du bout de l’index. A chaque impulsion de quelques millimètres, la grande machine d’acier répond dans l’instant. Le Taillefer effectue entre Vents portants pour les Transports maritimes côtiers E Page de gauche. 18 h 50. Après une dure journée, le Taillefer revient au port de Vannes. Page de droite, en haut. 8 h 40. Du matériel de construction est en cours de chargement à bord du Taillefer. Ci-dessus. 11 h. Moment de détente et d’attente pour l’équipage à l’approche des côtes de Belle-Ile-en-Mer. n 1996, Hubert O’Neill rachète l’ancienne SETMC et fonde l’actuelle TMC (Transports maritimes côtiers) dont il est PDG et actionnaire unique. Le Taillefer II est alors la seule unité en fonctionnement. En 2001, TMC rachète le Guédel et assure un nouveau service en direction de l’Ile d’Yeu. En 2003, Hubert O’Neill commande un navire neuf, le Taillefer III au chantier Mécasoud de Saint-Nazaire. Un investissement de 2,5 millions d’euros ! En juin 2004, le cargo flambant neuf est baptisé à Vannes par sa marraine, Elisabeth Allaire, préfet du Morbihan. Deux autres navires sont régulièrement affrétés. Ils permettent à la TMC de desservir la totalité des îles du Ponant et d’assurer le transport de 80 000 t de fret tous les ans. Quelques passagers sont aussi toujours les bienvenus à bord. La compagnie emploie aujourd’hui 17 salariés et projette, pour le printemps 2006, d’ouvrir une filiale au Sénégal qui exploitera deux nouveaux navires de 50 m en cours d’acquisition. MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info 47 MER trois et quatre aller-retours par semaine, selon les horaires de marée qui conditionnent ses mouvements dans le Golfe comme dans l’entrée du bassin à flot, quai Fouquet à Belle-Ile. Ce rythme engendre une certaine routine mais permet à ses marins, tous issus de la pêche ou du commerce, de regagner leur domicile presque chaque soir et chaque week-end. Bien des équipages seraient preneurs ! Palettes de parpaings, ciment en vrac, portes, fenêtres… TMC (Transports maritimes côtiers), Pont de Kerino 56000 Vannes. 02 97 40 76 62. 48 Il arrive toutefois que, pour une semaine ou deux, le Taillefer desserve l’Ile d’Yeu. Hommes et navire prennent alors leurs quartiers aux Sables d’Olonne. Ils ne rentrent à Vannes qu’en fin de semaine. 11 h. Pas un navire croisé dans la baie. La mer est vide ce matin. Passé la Teignouse, on trouve une petite flottille de côtiers draguant la Saint-Jacques dans le courreau de Belle-Ile. Il faut mouiller sur ancre, au pied de la citadelle, pour attendre que la hauteur de la marée dans le port suffise aux 2,50 m de tirant d’eau du Taillefer. L’équipage en profite alors pour tâter de la tambouille de Jérôme MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info Danet, le Sinagot, cadet du bord. Vers 14 h 30, la capitainerie du port avise le navire par VHF*. Il peut accéder au bassin. Commence alors une manœuvre au millimètre dans l’avant-port puis dans le bassin à flot, pas plus faits l’un que l’autre pour accueillir des navires d’un tel tonnage. Sitôt passé l’éperon de la Citadelle, Olivier engage à petits coups de joystick un mouvement de retournement du Taillefer afin de le présenter à la porte de l’écluse par la poupe. Chacun est à son poste. L’officier mécanicien, Christophe Gautier, aux commandes moteur. A la passerelle, la tension est manifeste. Pas une parole inutile n’est prononcée. Avec une lenteur majestueuse, le bateau franchit ladite écluse en marche arrière. Entre ses flancs et les bajoyers**, il ne reste guère plus de trente centimètres ! Précieuse assistance Le bateau à quai, commencent immédiatement les opérations de déchargement assurées par l’équipage. La cargaison du jour est essentiellement composée de matériaux de construction : palettes de parpaings, ciment en vrac, poutrelles, fosses, portes, fenêtres, etc. De gros sacs d’engrais, de l’eau minérale et un peu de nourriture trouvent également leur place dans les cales. Mais le plus gros du frais arrive à Belle-Ile par le courrier de Quiberon. Dans ses vastes soutes, le Taillefer reçoit aussi des marchandises agricoles, des carburants, du mobilier, du gaz, du sable et du gravier en vrac, des articles de droguerie, etc. Voire une flopée de sapins de Noël comme ce fut le cas au début du mois de décembre. 17 h. Le petit cargo désormais lège repasse l’écluse, quitte Le Palais et met le cap au nord-est sur Port-Navalo. La nuit est déjà bien noire quand il atteint l’entrée du Golfe. La remontée jusqu’à Vannes s’effectue dans l’obscurité complète. Olivier perce la nuit du regard. Le patron paraît se fier davantage à sa connaissance intime du Golfe qu’à la batterie d’instruments électroniques dont il dispose à la passerelle. Mission accomplie. Une fois encore le Taillefer III a joué son rôle de trait d’union entre le continent et la grande île morbihannaise. Dans les semaines et les mois qui viennent, son assistance risque d’être encore largement sollicitée pour le transport de l’eau dont Belle-Ile manque de plus en plus cruellement. *VHF : système de liaison radio entre la terre et les navires ainsi qu’entre navires **Bajoyers : murs latéraux d’une chambre d’écluse Page de gauche. 12 h. Mouillage au large du Palais en attendant la marée haute pour entrer dans le port. Page de droite, en haut. 14 h 20. Le Taillefer entre à marée haute dans le port du Palais. Ci-contre. 15 h 30. La marchandise destinée au Palais est déchargée. Ci-dessus. 18 h 20. Le caboteur approche de l’entrée du Golfe. MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info 49 SPORT LA FAMILLE CLOAREC Ils se repassent LA PLANCHE Ni un loisir, ni même une passion. Chez les Cloarec, le surf est un véritable art de vivre. Alors que beaucoup se préparent pour les sports d’hiver, cette famille de Plouharnel s’apprête, elle, à s’envoler pour la Californie. L véranda… Dans cette pièce, dans la cuisine, dans le garage, partout… des planches de surf sont suspendues aux murs et au plafond. « On doit en avoir plus d’une vingtaine à la maison », précise en souriant Didier, le chef de famille. Châtain, les cheveux longs, taillé comme une « baraque », cet ancien marin pêcheur de 43 ans est l’un des précurseurs de la pratique du surf dans la baie de Quiberon. « Il y a 24 ans… On s’est lancé là-dedans avec des copains. On travaillait de mars à décembre. On partait sur- R. Joly eur salon n’a rien d’ordinaire. Chez les Cloarec, à Plouharnel, le sofa laisse sa place à de vastes transats. Deux batteries trônent à côté d’une guitare au centre du living-room. On a presque l’impression de se trouver dans une 50 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info fer sur les îles le reste du temps. Mais dans le coin, au début, on n’était pas très bien compris. » Dès l’âge de 3 ans Depuis, les choses ont changé. Côte sauvage, barre d’Etel, les bons coins et leurs amoureux ne manquent plus en baie de Quiberon. La pratique de la planche se démocratise, en particulier dans la maison des Cloarec. Le père, la mère, les deux fils… tout le monde surfe. « On y va trois à quatre fois par semaine si on peut », confie Nathalie, dentiste et maman. Assise dans la cuisine, la brunette se souvient comment elle a été « convertie » au surf. « J’étais passionnée par la planche à voile… Un jour, j’ai rencontré “un” surfeur qui m’a dit : “jamais je ne mettrai une voile sur mes planches !” Et je l’ai suivi. » Didier arbore alors un petit sourire aux coins des lèvres. De l’autre côté de la table, Tom, 10 ans, et Nelson, 8 ans, les deux fistons, rigolent aussi, mais plus timidement. Eux ont débuté le surf vers l’âge de 3 ans. « Les enfants ont commencé à glisser doucement », explique Nathalie. « Quand c’est une passion familiale, ça se fait tout seul… c’est un peu comme les montagnards. La plage fait partie de leur environnement. » Leur papa acquiesce. « On habite pas loin. En plus, avec le vent, on sait tout de suite où aller… L’un des grands intérêts ici, c’est que l’on trouve des coins pour tous les niveaux. La plage de la Sainte-Barbe est mieux adaptée pour les débutants… Au contraire, il faut avoir un peu d’expérience pour la barre d’Etel. Ça peut être assez violent. » Si Tom et Wilson sont encore un peu jeunes pour les tubes d’Etel, les deux garçons ne sont en rien des débutants. Ils ont récemment intégré la Team Rip curl, une équipe privée européenne. « Ce sont Nathalie, la mère les plus jeunes de leur groupe », explique Didier, laissant transparaître un peu de fierté. naisons de ski pour partir aux sports d’hiver, les Cloarec préfèrent ranger dans leurs valises, T-shirts, shorts et lunettes de soleil… « Après demain, on part à Santa-Barbara, en Californie ! » La terre des Beach boys… « Nous partons voir d’autres côtes à chaque période de vacances… » Costa Rica, Seychelles… Si les “surfeur” progresse seulement «siLecela reste ludique » Des sports d’hiver particuliers… Pour Tom, le plus « vieux » des deux, le surf n’est plus simplement une passion mais déjà un avenir. Il espère ainsi intégrer un jour le seul lycée disposant d’une classe spécialisée dans le surf, à Bayonne. « Le nec plus ultra ! », estime le père. En attendant, pas question de « se mettre la pression ». Il faut que le surf reste un plaisir. « Dans l’état d’esprit, le “surfeur” progresse seulement si cela reste ludique. Le prendre en tant que sport, c’est très difficile », note Nathalie. Et pour progresser, « pas de secret », intervient Didier. « Il faut construire son surf, bouger, découvrir de nouvelles vagues. » Quand d’autres familles préparent bonnets, gants et combi- voyages forment la jeunesse, ils forment aussi la glisse. « Nous avons la chance d’avoir des amis presque partout où il y a de la plage », rit Didier. Ce qui n’est pas sans empêcher quelques « petites galères »… « Une fois, alors que l’on allait au Costa Rica, ma planche ne rentrait pas dans l’avion ! », se souvient le papa. « J’ai dû prendre le bus et laisser ma famille sur place… » Mais glisser, surfer, trouver le bon tube, aller de plage en plage depuis de longues années… la famille n’est-elle pas un tout petit peu lassée de la planche ? La question étonne à la maison des surfeurs. « Non… », répond la famille. « C’est une passion, un état d’esprit. Le “surfeur”, qui attend l’élément, ne peut pas faire ce qu’il veut. C’est la mer qui décide. Elle lui offre toujours quelque chose de différent. » Renseignements sur la pratique du surf en sud Morbihan : Spirit surf club, 20 rue du port de Pêche, à Quiberon 06 08 95 03 31, [email protected], www.spirit-surf-club.com Même si les deux garçons de la famille Cloarec, Tom et Nelson, ont intégré récemment la Team Rip curl, pas question pour le papa, Didier, de leur mettre la pression : « A la maison, le surf n’est pas une obligation mais un plaisir avant tout. » Donovan Potin Yapucca Productions présente : +première partie en concert Licence n° 351171 & n° 351172 samedi 8 avril Vannes-Chorus 2Oh30 (ouverture des portes 18h30) Les quinze premières personnes à appeler Le Mensuel du Golfe du Morbihan (02 97 47 84 74) recevront une place pour le concert du 8 avril (prix 25 €) ou un CD du dernier album de Louise attaque, A plus tard crocodile. Points de vente habituels : réseau Billetel, FNAC, Carrefour, Géant, réseau Ticketnet, Virgin, Leclerc - Infoline : 06 62 62 05 63 MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 51 S N O I T A I C O ASS LA LIGUE DES ROLISTES EXTRAORDINAIRES LES MAITRES du jeu Magie et fantaisie se donnent rendez-vous régulièrement à Vannes. Depuis un an, la Ligue des rôlistes extraordinaires s’efforce de promouvoir le jeu de rôle sous toutes ses formes. But principal de cette association : en finir avec les clichés. «J Pour promouvoir les jeux de rôle, de cartes ou de plateau, la Ligue des rôlistes extraordinaires organise des rencontres entre joueurs et « profanes », comme ici, samedi 11 février, à l’Alchimiste, à Vannes. e viens de lancer une nouvelle session. Je vais m’éclater ! » Eric, un Vannetais de 35 ans, a l’œil pétillant lorsqu’il parle d’une partie de Donjons et dragons. Fièrement, l’homme barbu arbore un t-shirt blanc où figure un logo étonnant : « La Ligue des rôlistes extraordinaires. » Cette association vannetaise de jeu de rôle existe depuis un an. Aujourd’hui, elle réunit près de 70 adhérents. « Elle a été créée à l’initiative de vieux “rôlistes” qui voulaient se réunir pour jouer plus souvent et à davantage de jeux différents », explique Katheline, 21 ans, présidente. L’autre but de l’association est de rompre avec la mauvaise image qui dessert le jeu de rôle. « Souvent, dans la tête des gens, les rôlistes sont des personnes qui font des trucs bizarres », continue Katheline. Eric acquiesce : « En fait, le jeu de rôle, c’est avant tout du théâtre, de l’improvisation et de l’imagination. Il y a de tout. C’est riche. » Médiéval, fantastique, cyberpunk, conte… Aucun univers n’est mis à l’écart. « Il existe des jeux pour tous les goûts et pour tous les âges », comme le note la présidente. Un jeu de rôle « en vrai » Pour véhiculer ce message, la Ligue organise des rencontres dans des bars vannetais entre joueurs et profanes. Ces soirées permettent aux consommateurs non-avertis de s’essayer à des jeux de plateau, de cartes… « A l’avenir, nous souhaiterions organiser ce Ligue des rôlistes extraordinaires Renseignements auprès de Katheline au 06 86 30 60 01, de Stéphane au 02 97 01 36 57, sur le forum de l’association sur www.lre56.info/forum, ou par mail à [email protected]. 52 l’été », avance Eric. « Il ne s’agira pas d’un GN médiéval avec des armes, dévoile Katheline. L’univers sera contemporain… avec une histoire de vampires et de loups-garous… » En attendant la fin des préparatifs, reste un défi de taille pour ces Rôlistes extraordinaires : « Trouver une salle », annonce tristement Stéphane, vice-président. « Quelques chaises, une table, ce n’est pourtant pas grand-chose… » Après un an de recherche infructueuse, les yeux de la Ligue restent braqués vers la mairie de Vannes. « François Goulard s’est déclaré favorable à ce genre de jeu en 1998 ! », rappelle Eric avec force. Le premier adjoint, alors député, avait écrit une lettre au président de la Fédération française en précisant qu’il considérait personnellement « le jeu de rôle comme une activité intéressante et positive. (…) Les associations à caractère culturel, ludique, social, etc., doivent faire l’objet d’un soutien qu’il appartient aux collectivités locales de définir ». Médiéval, fantastique, cyberpunk… aucun univers n’est mis à l’écart type de rendez-vous trois fois dans l’année. » Outre ces soirées ludiques, l’association compte mettre en place un cycle de conférences dans les lycées du pays de Vannes. « Les accords sont en cours. Une fois ces derniers signés, nous pourrons alors fixer une date. » Mais le grand projet reste le « Grandeur nature » (GN). Un jeu de rôle « en vrai », où les joueurs déambulent en costumes dans un lieu précis. Aucune date n’est encore décidée, « on sait seulement que ce sera avant MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info N’hésitez pas à communiquer vos annonces d’événement à la rédaction. Tél : 02 97 47 84 74 - Fax : 02 97 47 84 75 - Mail : [email protected] SULNIAC Sous le signe de l’Irlande La Saint-Patrick débarque à Sulniac ! L’Amicale des parents d’élèves de l’école publique Jules-Verne organise une soirée irlandaise le 18 mars. Au programme : petites leçons de danses traditionnelles en compagnie du groupe Macalla, spécialisé dans la musique irlandaise. La dernière partie de la soirée sera réservée aux danses bretonnes. Tarifs : 6 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Restauration sur place. SAINT-NOLFF Cueillette d’œufs Venez chasser des œufs ! La 3è édition de la chasse à l’œuf se déroulera dans le bois de Kerboulard dimanche 9 avril à partir de 14 h. 300 œufs numérotés seront cachés sur 6 ha. Une fois trouvés, ils permettront de participer à un tirage au sort pour gagner des lots. Des « cueillettes » gratuites pour les moins de 6 ans seront aussi organisées en lisière du bois. Ce rendezvous est préparé par les parents des écoles publiques, pour le financement d’activités extra-scolaires. Entrée 2 € pour les plus de 6 ans. Rens. au 02 97 45 56 08 ou 06 72 79 37 29. PEAULE Mieux manger pour mieux grandir Prévenir l’obésité infantile et promouvoir l’équilibre nutritionnel des enfants. C’est l’action menée par l’association Equalianse qui agit directement dans les écoles primaires. Cinq médecins et deux diététiciens collaborent depuis septembre dernier avec les directeurs des écoles de Péaule et d’Ambon. Au programme : interventions Les Voraces sont à l’affiche « Créateur de good vibes. » Le collectif Vorace s’est créé autour d’une bande de copains arradonnais. Officiellement, l’association est née en novembre 2005. Ses membres fondateurs sont déjà à l’origine d’événements dans le pays vannetais, dont un baby-foot géant sur le port de Vannes. Outre le festival Fish and clips à Arradon (le 1er avril), le collectif veut créer des événements à but culturel et artistique. « L’idée : faire des manifestations populaires, génératrices de bonnes émotions. » Depuis février, l’association est ouverte à toute personne intéressée. Alors accourez sur www.vorace.biz. auprès des enfants et des parents, spectacles, cours de cuisine, coaching des courses… Equalianse, 2 bis rue des Cordiers. Renseignements au 02 97 42 82 95. ROCHEFORT-EN-TERRE Les chants du possible Le café de la Pente organise un stage de voix, animé par Corinne Albezard, samedi 4 mars de 9 h 30 à 16 h et dimanche 5 de 10 h à 17 h 30. Au programme : polyphonies, technique vocale, jeux d’écoute, éveil de la conscience corporelle et vocale. Tarif : 50 €. Inscription et rens. au 06 20 06 74 50 ou au 06 32 72 91 78. SPIRULINE EQUITABLE Des nouvelles du Mali Retrouvez tous les mois des nouvelles de Loren et Jeanne, deux Vannetaises de 21 et 23 ans, parties au Mali pour y cultiver une algue nutritive, la spiruline. Sansanding, le 9 février « Bonjour à tous, Le projet avance bien. Ce mois-ci, nous avons participé au Forum social mondial de Bamako. L’équipe de Safo et l’ONG Cab Deme So nous ont rejoints pour faire la promotion de la spiruline du Mali. Ce forum a été très riche en rencontres. Des personnes ont découvert la spiruline alors que d’autres, à notre étonnement, la connaissaient déjà. Suite à ce forum, nous attendons beaucoup de visiteurs à l’exploi- tation de Sansanding. Juste avant le forum, nous avons eu la visite d’une délégation de Ségou intéressée par un éventuel partenariat. Elle souhaiterait vendre la spiruline dans un centre de santé communautaire qu’ils vont créer à la sortie de Ségou. C’est une très bonne nouvelle pour le projet. Tout cela est motivant pour l’équipe exploitante. Comme prévu, nous avons ensemencé notre petit bassin de 5 m² avec la spiruline. Tout s’est très bien passé. L’équipe commence à s’organiser dans son travail en aménageant des horaires et des tâches. En parallèle, nous continuons les sensibilisations dans les villages de la commune et envisageons de passer dans les écoles de Sansanding pour expliquer sous la forme d’un conte la spiruline aux enfants (le conte a été écrit par Jean-François). Nous avons reçu un don de l’entreprise Ouest-achat de Séné qui va nous permettre de buser le puits (c’est-à-dire rendre le puits exploitable et empêcher les éboulements). Nous les remercions chaleureusement. Pour finir, notre cher stagiaire en communication et développement, Jean-Francois, nous a quittés cette semaine. Bon vent à lui pour la suite de son voyage. Une petite nouvelle vient de nous rejoindre. Elle s’occupera de la sensibilisation des écoles avec Bruno, notre nouveau stagiaire, et elle nous fera de très belles photos pour nos futures expositions. A bientôt » Jeanne et Loren MGM/mars 2006 www.mgm-mag.info 53 JEUX La photo-mystère En partenariat avec A gagner 5 exemplaires du coffret Le Roman du roi Arthur De Xavier de Langlais Renouvelée par l’artiste et écrivain Xavier de Langlais, cette version fut couronnée par l’Académie française. Nourri des plus fidèles sources anciennes, Le Roman du Roi Arthur retrouve ici toute la fraîcheur d’une œuvre à la fois mystérieuse et populaire. 960 pages du grand classique de la geste arthurienne. Les deux tomes sont ici réunis dans un magnifique coffret. Devinez quel est le lieu en photo ci-contre et envoyez votre réponse avant le 18 mars (cachet de la Poste faisant foi) sur papier libre en joignant votre adresse au Mensuel du Golfe du Morbihan, photo-mystère, 8 rue Lesage, 56000 Vannes. Tirage au sort le 21 mars. La réponse à la photo-mystère de février 2006 était le village du Bono, son port et son pont. Nous avons reçu 81 réponses justes ce mois-ci. Après tirage au sort en date du 21 février 2006, les cinq gagnants qui recevront le livre Moulins en Bretagne de Gilles Pouliquen sont : Jean-François Auger (Sarzeau), Chloé Eygenraam (Larré), Michel Le Duigou (Les Sorinières), Jean-Alain Patel (Sarzeau), Michel Garreau (Saint-Laurent-de-la-Plaine). Merci à tous d’avoir participé. MOTS-CROISES 1 2 3 4 5 Grille de J.-J. Egron 6 7 8 9 Les questions en vert correspondent à des sujets traités dans le magazine. 10 11 12 Horizontalement I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII Solution des mots-croisés du numéro de février Grille de J.-J. Egron Horizontalement : I. illégalement II. niolo - ironie III. ébavure - et IV. Fe - eau - Pam V. francsmaçons VI. ite - he - rouer VII. cerbères - isa VIII. AA - axial IX. cotre - bled X. ici - omoplate XI. troène - liges XII. een - ste - ses I. Demandes - Dérive sectaire qui connut une fin dramatique au milieu des années 90 et qui fait de nouveau l’actualité. II. Ce sont eux qui me l’ont dit. III. Carnet intime sur la toile - Fanatique zélé. IV. Fief de cheval - Direction. V. Brillante conjonction - Lue en verlan - Noua. VI. Rivale de la Costa Brava en Espagne. VII. Un des stades de la psychanalyse. VIII. Stupéfiées - Bout de glas. IX. Affluent du Rhin - Peut être prise au pied. X. Réfutés - Pronom - Sur le pont d’un navire. XI. La terre au début - N’est plus dans le coup - Fin. XII. Sacrée épine dans le pied des élus départementaux - Plante herbacée décorative. Verticalement 1. Surplus militaire - Dur à cuire - Chien sauvage. 2. Mathématicien suisse Défonceur de portes. 3. Dent de fauve - Fruit blet. 4. Les membres de cette association vannetaise apprécient les jeux drôles - Japoniaiserie - Argent compté. 5. Symbole chimique - Prince de la peinture - Ville endormie. 6. Commune qui joue les premières de la classe en matière d’environnement - Nitouche. 7. Ville philosophe - Sa queue est préhensile. 8. Grand arbre d’Inde au bois précieux - Porte rumeur - Fin de journée - Possessif. 9. Ile grecque - Ville improductive dans le Tarn ? 10. Oiseau rare - « Tue » parfois. 11. Aide à aller au trou - Fruit exotique. 12. Peste brune - Caboteur sachant ravitailler de belles îles. Verticalement : 1. inefficacité 2. liberté - ocre 3. LOA - aération 4. Elven - bar 5. gouache - éons 6. rusera - met 7. lie - expo 8. er - parsi - PL 9. Monaco - ablis 10. en - mouillage 11. nie - nés - étés 12. Têtesraides 54 MGM/mars 2006 2006 www.mgm-mag.info Solution des mots-croisés le mois prochain... �������������� ��������������� ������������������ ����������������������������������������� ��������������������� �������������������������������������������������������������������� ��� ������������������������������������� �������������������������������������������� ������������������������������������������� �������������������������������������� ��������������������������������������� ���������������������������������������� ������������������� ���������������������������������� g y / / ��� ��������� ����� ������� ���� ������ ������� ���������������� ������������� p �������������������������� ������ ������ ����� ��� �� ������ ��� ����� ��� �� ������� ������ ���� ������ ������ �� ������ �������������������������������������� �����������������������������������������