Les logiciels libres pour une informatique plus éthique

Les logiciels libres pour une informatique plus éthique
Cette fiche a été réalisée par Fabrice Estiévenart pour le CID Inter J – Rochefort
Rédiger son CV, réserver un ticket de concert ou partager les photos de sa fête d’anniversaire,
impossible, aujourd’hui, de se passer d’un ordinateur pour réaliser ces différentes tâches. Les
grandes sociétés qui développent les programmes se battent à coups de milliards pour nous
imposer leurs solutions au détriment de la qualité ou de la sécurité des applications.
Ne serait-il pas enfin temps de repenser l’informatique d’une manière un peu plus éthique et
sociale ? Bonne nouvelle, des alternatives existent et sont dorénavant à la portée de tous !
Quelques explications sur le phénomène du logiciel libre et sur quelques idées reçues.
Que ce soit pour rédiger son CV, réserver un ticket de concert ou partager les photos de sa fête
d’anniversaire, il est difficile, aujourd’hui, de se passer d’un ordinateur et de l’Internet.
Pour réaliser ces tâches devenues bien communes, nous utilisons aveuglément les logiciels que nous
connaissons et qui sont, en général, disponibles sur notre ordinateur lors de son achat : Microsoft
Windows est notre système d’exploitation (un système d’exploitation est un programme qui se lance
automatiquement au démarrage de l’ordinateur et qui gère l’exécution des autres programmes.
Windows, Mac OS ou GNU/Linux sont des exemples de systèmes d’exploitation), Microsoft Word
sert de traitement de texte et Microsoft Internet Explorer nous ouvre la voie du Web. Oui, et alors ?
C’est quoi le problème ?
En arrière plan, la situation est moins saine et dirigée, trop fréquemment, par la soif du profit et par
de gros enjeux financiers. En effet, le marché du logiciel est dominé par quelques grands acteurs
comme Apple, Microsoft ou Oracle qui cherchent à imposer leurs solutions propriétaires (un
logiciel propriétaire est un programme publié sans offrir les libertés du logiciel libre. On parle aussi
de logiciel privateur) sans beaucoup de respect pour l’utilisateur, souvent démuni face à des outils si
complexes.
Par exemple, lorsque vous achetez un nouvel ordinateur, des programmes propriétaires sont déjà
pré-installés car des accords ont été passés entre les développeurs de logiciels et les fabricants de
matériel. De tels programmes ne sont pas gratuits et le coût de la licence d’utilisation vient gonfler
le prix global de l’ordinateur. Ce coût supplémentaire est supporté par l’utilisateur à son insu
puisque celui-ci en ignore, bien trop souvent, l’existence.
La liberté du consommateur est également mise en danger lorsqu’on évoque la problématique des
formats de fichiers. Les fichiers produits par des programmes propriétaires sont, en général,
indéchiffrables par tout autre programme. Il s’agit souvent d’une stratégie commerciale de la part
des développeurs afin d’empêcher l’utilisateur de changer de programme pour celui du concurrent.
A l’inverse, un logiciel libre respecte les règles définies par les organismes de standardisation
comme le W3C ou l’OASIS. Ceux-ci définissent des formats standards afin d’encourager
l’interopérabilité entre les programmes : un fichier produit par un programme peut être utilisé par
un autre.
La réponse technique et éthique face à ces phénomènes qui gangrènent le logiciel propriétaire est le
logiciel libre.
Qu’est-ce qu’un logiciel libre ?
Un logiciel libre est un programme informatique qui propose aux utilisateurs les quatre libertés
fondamentales suivantes :
-la liberté d’installer et d’exécuter le programme, gratuitement
-la liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de le modifier (pour l’adapter à ses propres
besoins, par exemple)
-la liberté de redistribuer des copies du programme
-la liberté d’améliorer le programme et de distribuer ces améliorations au public
GNU/Linux, OpenOffice ou Firefox sont les exemples les plus connus de logiciels libres mais il
existe des logiciels libres dans tous les domaines: Gimp pour la retouche photo, Ardour pour
l’enregistrement de musique ou Thunderbird pour consulter ses emails.
Ils sont développés par des communautés de programmeurs qui s’organisent autour d’organisations
comme la FSF (Free Software Foundation) ou la fondation Apache qui fédère un grand nombre de
projets de développement libre.
Des événements tout public, comme les « Rencontres Mondiales du Logiciel Libre » ou le
FOSDEM (Free and Open Source European Developper Meeting) contribuent à la popularité de ce
mouvement. Toutefois, les logiciels libres restent encore actuellement méconnus auprès du grand
public même si beaucoup de personnes les utilisent. Voici quelques idées reçues dont il fait trop
souvent l’objet.
Le pingouin Tux est la mascotte du logiciel libre
Il faut être doué en informatique pour utiliser les logiciels libres. FAUX!
Cette confusion vient sans doute du fait que le logiciel libre a été inventé, dans les années 80, par
des férus d’informatique (également appelés « hackers » pour leur capacité à adapter des
programmes existant à leur besoins) mais ces dernières années, il s’est rapidement popularisé et il
n’est pas plus difficile d’utiliser des outils libres (GNU/Linux, OpenOffice, …) que des logiciels
propriétaires. Évidemment, l’utilisation d’un nouvel environnement requiert toujours un peu de
pratique et une petite période d’adaptation mais les outils libres sont conviviaux. Pour ce qui est des
programmes à utiliser, des sites comme Framasoft vous donnent un bon coup de pouce pour
retrouver l’équivalent libre pour tous vos programmes favoris.
Le système d’exploitation GNU/Linux, par exemple, s’installe en quelques clics et de façon
entièrement visuelle. En plus, toute une série de logiciels utiles et de qualité peuvent être installés
en même temps : suite bureautique, logiciels de téléchargement, de vidéo, de musique, de dessin, de
traitement d’images, de navigation web, de messagerie instantanée, et bien d’autres encore !
Un logiciel gratuit est un logiciel libre. FAUX!
Un logiciel gratuit (freeware, en anglais) peut être propriétaire. L’entreprise qui le fabrique peut ne
pas vouloir diffuser les informations qui permettent de le modifier et de le redistribuer. En général,
une telle entreprise génère des revenus en proposant une version étendue (payante) de son freeware
ou des services professionnels (configuration, personnalisation, …) en relation avec son offre
logicielle.
Open-source est un autre terme qui caractérise le logiciel libre; il signifie que l’on peut librement
avoir accès aux sources du programme afin d’en examiner son fonctionnement. Cette notion est
plus restreinte que la notion de logiciel libre. Par exemple, un logiciel open-source peut être payant
ou interdit de rediffusion.
Si j’utilise du logiciel libre, je ne pourrai plus utiliser mes anciens programmes
ou mes fichiers existants. FAU!
Les logiciels libres se sont adaptés et sont capables d’ouvrir un grand nombre de formats de fichiers
propriétaires.
Ainsi, la suite bureautique OpenOffice peut lire les fichiers de type Word ou Excel. Ils vous
proposent ensuite de conserver le format original ou bien de le convertir vers un format standard.
Le logiciel libre est de moins bonne qualité que le logiciel propriétaire. FAUX!
Au contraire, tout utilisateur d’un logiciel libre peut signaler un bug i.e. un dysfonctionnement du
programme. Ce défaut sera ensuite pris en charge par la communauté de développeurs qui tentera de
le reproduire, d’en cerner l’origine, de le corriger et finalement, qui testera et publiera la correction
dans la version suivante du logiciel. Pas de secret de fabrication, tout ce processus de mise à jour est
fait de façon complètement transparente.
En entreprise, les délais de développement sont très courts et il est impératif de sortir son produit
avant son concurrent afin de gagner des parts de marché. Cette course au profit se fait
irrémédiablement au détriment de la qualité.
Et lorsque Windows ne répond plus et que vous venez de perdre le fruit d’une ou deux heures de
travail, de quelle marge de manœuvre disposez-vous auprès des grandes multinationales ?
Le logiciel libre freine l’innovation et la compétitivité des entreprises. FAUX!
Des mauvaises langues diront que la communauté du logiciel libre ne fait que recopier les idées et
principes proposés au sein des logiciels propriétaires. La communauté du logiciel libre a développé
des idées et des méthodes de travail réellement innovants comme la technologie des Live CD (Un
live CD est un CD-ROM permettant d’utiliser un système d’exploitation comme GNU/Linux sans
réellement l’installer sur le disque dur de son ordinateur. C’est la façon la plus rapide de tester un
nouvel environnement de travail!) ou le travail collaboratif via les Wiki.
Ce qui freine l’innovation et la compétitivité des entreprises c’est le fait de se retrouver pieds et
poings liés à des logiciels propriétaires. Lorsqu’elles en dépendent, elles ne peuvent ni les
comprendre ni les modifier pour leurs besoins. Il leur faut alors, à chaque fois, se tourner vers le
vendeur du logiciel qui cherchera souvent à faire ce qui lui rapporte le plus d’argent.
Les logiciels libres sont en fait une bonne manière pour accélérer l’innovation. Ils sont en général
mis à jour plus souvent que leurs concurrents propriétaires. De plus leurs versions de
développement, c’est à dire qui incluent les fonctionnalités futures du logiciel, sont également
disponibles pour les entreprises plus aventureuses.
C’est décidé, je commence demain !
Adopter le logiciel libre est un choix à la fois idéologique et technique. C’est refuser de se lier au
monde privateur du logiciel propriétaire, c’est la liberté de pouvoir choisir un mode de
développement plus éthique mais c’est aussi la découverte d’un environnement de travail et de loisir
plus sécurisé, plus performant et tout aussi convivial !
Quelques références utiles pour vous aider à faire les premiers pas
-Linux User Group de la ville de Namur (www.namurlug.org) : ce groupe de passionnés propose
des formations gratuites et organise des « install party », c’est à dire des séances d’aide à
l’installation et à la configuration de logiciels libres directement sur votre propre machine !
-Framasoft (www.framasoft.net) : Framasoft vise à diffuser le logiciel libre et à le faire connaître
auprès du plus large public. Sur ce site, vous pourrez télécharger les logiciels libres les plus
populaires.
-Ubuntu-fr (www.ubuntu-fr.org) : sur ce site, vous pourrez télécharger la distribution la plus
populaire de GNU/Linux. Grâce à la technologie du Live CD, vous pouvez utiliser/tester
GNU/Linux et les logiciels libres très facilement, sans rien installer sur votre ordinateur.
Icônes, fenêtres, menus…le système d’exploitation GNU/Linux Ubuntu est aussi convivial que
Windows ou Mac OS
Licencié en Informatique de Gestion, Fabrice Estiévenart est développeur au sein de
nombreux projets de logiciels libres. Il est l’initiateur de ‘Destination Libre’
(www.destinationlibre.org), un site Web destiné à partager et à promouvoir ses propres
développements. Il intervient également lors d’évènements liés au logiciel libre (Rencontres
Mondiales du Logiciel Libre, en 2010) ou comme relecteur technique dans des livres ou des
publications scientifiques (Gnucash 2.4 Small Business Accounting: Beginner’s Guide aux
éditions Packt Publishing).
Contact : [email protected]
Centre d'information et de documentation pour jeunes
Rue de France 10
5580 Rochefort
084/223073
www.interj.be
[email protected]