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Mars 2015 n°55 ÉDITORIAL Avec la loi du 5 mars 2014, les comités d’entreprise sont soumis à des règles inédites, obligatoires depuis le 1er janvier 2015. Pour beaucoup des dispositifs, les élus vont devoir passer par une période d’appropriation de nouveaux us & coutumes, même s’ils ont anticipé les changements, nécessitant un investissement en temps et en moyens financiers non négligeable. Dès lors que la loi n’a rien prévu en termes de moyens spécifiques, les élus sont obligés de faire « à budgets constants », sauf à demander à l’employeur une aide financière et un temps de délégation supplémentaires. Ce qui peut s’avérer plus compliqué que prévu. Éclairage Le trésorier du CE sort de l'ombre Ce qui nécessite de se professionnaliser sur certaines compétences plus techniques, comme c’est le cas pour le trésorier, dont le rôle, transparence financière oblige, est renforcé par la loi du 5 mars 2014. Et, l’occasion de faire d’une obligation une opportunité d’asseoir la légitimité des IRP ! Bonne lecture ! DANS CE NUMÉRO P. 1/2 Eclairage P. 2 Trois questions à… P. 3 L’actu juridique avec AuServiceduCE Vu pour vous P. 4 Illustration © Bloomua Car l’idée est bien que ce soit les représentants du personnel, quelle que soit la taille de leur comité d’entreprise, qui se saisissent pleinement des nouvelles règles, accompagnés, le cas échéant, par un expertcomptable, ce dernier ne pouvant faire « à la place » mais « avec ». En mettant en avant les enjeux de transparence financière, la loi du 5 mars 2014 donne par ricochet un coup de projecteur sur le poste de trésorier du comité d'entreprise (CE). Une fonction qui, si elle existe déjà de fait dans l'immense majorité des CE, n'était jusqu'à présent pas inscrite dans le Code du travail et n'était donc pas définie. « Jusqu'à présent, la fonction du trésorier était informelle, mais en devenant une obligation au 1er janvier 2015, elle est désormais cadrée », rappelle Julien Peltais, juriste chez AuServiceduCE/ Atlantes. Un décret d'application, attendu depuis déjà plusieurs mois, va fixer les nouvelles règles du jeu. Et, notamment, régler un sujet qui préoccupe tout le monde : le trésorier peut-il être un élu suppléant (comme c'est le cas actuellement dans certains CE), ou uniquement titulaire, comme le secrétaire ? La question est loin d'être mineure, car l'obligation d'avoir recours à un élu titulaire pourrait jouer sur les équilibres entre organisations syndicales dans certains CE, qui devront, le cas échéant, se mettre en conformité et changer leur bureau. D'autant que ce n'est pas une fonction anodine et qu'il faut une certaine appétence pour la matière comptable et financière pour enfiler le costume et s'y sentir à l'aise. LIRE SUITE PAGE 2… 1 SUITE DE LA PAGE 2… « La logique plaide pour que le trésorier puisse bénéficier d'heures de délégation, ce qui n'est pas le cas de droit s'il s'agit d'un suppléant, sauf à ce que le règlement du CE le précise, observe Arnaud Largier, directeur de missions chez Sémaphores. Le renforcement des obligations comptables du comité d’entreprise va dans ce sens : la loi ne dit certes pas que le trésorier devient l'interlocuteur privilégié du commissaire aux comptes ou assure l’élaboration du rapport de gestion, mais on peut penser que ce sera naturellement le cas. De fait, son rôle se renforce et se professionnalise. » Le rapport de gestion, notamment, devient obligatoire pour rendre compte de manière détaillée de la gestion de l'instance et de l’utilisation des budgets de fonctionnement et socioculturels. Un rapport qui, dans certains cas, peut se révéler complexe et demander une maîtrise des systèmes d'information, et des plans de comptes, de façon à pouvoir produire des analyses fines par budget ou commission. « La dimension contrôle de gestion du comité d’entreprise prend de l'importance, insiste Arnaud Largier. Il faut se poser la question sur la manière de produire des informations afin que le CE puisse valoriser sa gestion auprès des salariés, dans le rapport de gestion ». Évidemment, plus le CE est de taille importante, plus les obligations comptables et financières incombant au trésorier le sont aussi. Pour mémoire, et même si le décret d'application fait toujours défaut sur ce sujet également, on estime que les « petits CE » devraient être ceux dont les ressources annuelles sont inférieures à 153 K€ et les « grands CE » ceux qui répondent au moins à deux des critères suivants : plus de cinquante salariés, ressources annuelles supérieures à 3,1M d'euros et total de bilan supérieur à 1,55M d'euros. Entre les deux, les CE de taille intermédiaire. La loi ne dit certes pas que le trésorier devient l'interlocuteur privilégié du commissaire aux comptes… mais on peut penser que ce sera naturellement le cas. Dès lors, se faire accompagner dans la mise en œuvre de la loi du 5 mars 2014 n'est pas inutile. La première étape est de réfléchir au rôle de trésorier, via le règlement intérieur, qui devient lui aussi obligatoire (voir Traits d'Union n°52 de décembre 2014). Il faut formaliser les tâches, telle la tenue de la trésorerie et des comptes bancaires, assurer la bonne séparation des frontières au sein du bureau. La deuxième étape concerne le processus budgétaire et les engagements de dépenses et la troisième, le rapport de gestion. Au-delà, pour les « grands CE » tenus de mettre en place des commissions de marché, on pourra s'interroger sur la conception même de cette commission et son articulation avec le bureau, les présidents des autres commissions, et donc, bien évidemment, le rôle que le trésorier peut y jouer. Les priorités des comités d’entreprise pour les prochains mois Obligations comptables à respecter Principes comptables et Plan comptable Le bilan d'ouverture Organisation comptable et outils États comptables et financiers normés Le règlement intérieur La gouvernance du CE Les activités et organes Le budget Fonction financière et comptable Transparence financière du CE Procédures et contrôle interne L'expertcomptable Commissaire aux comptes Source : Sémaphores, Janvier 2015. Trois Questions à… …Julien Peltais, juriste AuServiceduCE / Atlantes Le bureau du CE Traits d’Union : Qu’est-ce que le bureau du comité d’entreprise et à quel moment se met-il en place ? Julien Peltais : Le bureau d’un CE est composé d’un secrétaire et d’un trésorier, éventuellement secondés d’adjoints. La désignation d’un secrétaire (et prochainement d’un trésorier) est une obligation légale. Ces désignations sont effectuées en séance plénière, lors de la première réunion de CE suivant les élections professionnelles. L’employeur inscrira unilatéralement ce point à l’ordre du jour de cette séance. Td’U : Comment s’effectue la désignation du bureau ? JP : Après un tour de table pour recueillir les candidatures, on passe au vote. Sauf si le CE décide de se prononcer par bulletin secret, ce vote est réalisé à main levée. Seuls les élus titulaires peuvent y participer, les suppléants et les représentants syndicaux n’y prennent pas part. Il a été jugé que le président du CE peut voter pour la constitution du bureau, mais en pratique, rares sont les employeurs faisant valoir ce droit. En présence de plusieurs candidats, en cas d’égalité de voix, le candidat le plus âgé est élu. Il reste possible de prévoir dans le règlement intérieur du CE d’autres règles de départage : suffrages obtenus aux élections, ancienneté au sein du CE, etc. Td’U : Quel est son rôle ? JP : Le secrétaire, le trésorier et leurs adjoints ne sont pas les représentants légaux du CE. Ainsi, en dehors des missions prescrites par la loi (notamment la rédaction de l’ordre du jour et du procès-verbal pour le secrétaire), ils ne peuvent engager le CE sans justifier d’une décision de l’instance ou d’un mandat. Le règlement intérieur a notamment pour fonction de sécuriser les actions des membres du bureau en précisant leurs cadres d’action et l’ensemble des délégations de pouvoirs à leur bénéfice (arrêté des comptes, signature des chèques, responsabilité des archives, gestion du courrier...). N°1 DU CONSEIL AUX CE ET AUX CHSCT / MARS 2015 / N°55 2 L’actu juridique avec AuServiceduCE / Atlantes Prise d’acte de la rupture en cas de non-paiement des heures de délégation La prise d’acte est le fait pour un salarié de quitter l’entreprise en prenant acte de la rupture de son contrat de travail, le plus souvent pour un non-respect des obligations contractuelles de l’employeur. La jurisprudence avait déjà dégagé le principe que seul un manquement suffisamment grave de l’employeur pouvait justifier une prise d’acte de la rupture. La Cour de cassation vient d’assimiler un non-paiement pendant 5 mois des heures de délégation en un manquement rendant impossible la poursuite du contrat de travail. Cette prise d’acte aurait alors dû produire les effets d’un licenciement. Possibilité de renouveler le CHSCT avant la fin des mandats La Cour de cassation autorise désormais l’employeur à organiser les élections CHSCT avant la fin des mandats pour « assurer la permanence de l’institution », contrairement à sa jurisprudence antérieure proposant une interprétation plus stricte de l’article R. 4613-6 du Code du travail. Les nouvelles désignations pourront alors prendre effet à l’expiration des précédents mandats, ce qui empêchera une carence de l’institution. Cass. Soc., 8 octobre 2014, n°13-60262 Un salarié peut-il être licencié pour une faute commise lors de la période d’essai ? L’expiration de la période d’essai ne signifie pas qu’aucune faute ayant lieu pendant cette période ne peut lui être reprochée. En effet, même si sa période d’essai est terminée, l’employeur peut engager une procédure de licenciement disciplinaire pour des faits commis pendant cette période. Cass. Soc., 17 décembre 2014, n°13-20703 Motifs non abordés en entretien préalable : le licenciement n’est pas dépourvu de cause réelle et sérieuse Si un des motifs du licenciement n’a pas été évoqué en entretien préalable à licenciement et figure pourtant dans la lettre de notification, ce n’est pas pour autant que le licenciement est remis en cause. En effet, il s’agit d’une irrégularité de forme qui ne remet pas en question la cause réelle et sérieuse du licenciement. Le salarié pourra seulement demander réparation pour cette irrégularité. Cass. Soc., 3 décembre 2014, n°13-19815 Limite au contrôle de la durée du travail par géolocalisation Dès lors que le salarié dispose d’une relative indépendance dans la gestion de son temps de travail et dans l’exécution de ses missions, celui-ci peut refuser un système de géolocalisation, sans qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise contre lui (en l’espèce : salarié techni- Cass. Soc.,17 décembre 2014, n°13-20217 co-commercial n’ayant d’après son contrat de travail qu’à établir un rapport hebdomadaire d’activité). En effet, ce contrôle ne peut être imposé aux salariés bénéficiant d’une liberté dans l’organisation de leur travail. Cass. Soc.,17 décembre 2014, n°13-23645 Un agissement suffit-il à caractériser le harcèlement moral ? Le Code du travail définissant le harcèlement moral comme une répétition d’agissements, la Cour de cassation en a logiquement déduit qu’un seul et même acte, même s’il perdure dans le temps, est insuffisant pour constituer le harcèlement moral. En l’espèce, il s’agissait de l’affectation du salarié à un nouveau lieu de travail plus petit et isolé que le précédent, seul fait opposable à l’employeur. Cass. Soc., 20 novembre 2014, n°13-22045 La surveillance par un service interne n’est pas subordonnée à l’information des salariés Si la mise en place d’un dispositif technique de surveillance des salariés passe par l’information préalable des salariés et la consultation du CE, la Cour de cassation a jugé qu’on ne pouvait assimiler la surveillance par un service interne à un tel dispositif. Ce mode de contrôle ne constitue pas non plus un mode de preuve illicite dès lors qu’il se limite au temps de travail et ne porte pas atteinte à la vie privée. Ainsi, même en l’absence d’information des salariés, ce dispositif n’est pas illicite. Cass. Soc., 5 novembre 2014, n°13-18427 BON À SAVOIR Annonces cumulées de créations d’emplois en Février 2015 Annonces cumulées de suppressions d’emplois en Février 2015 (Source : Veille Emploi Secafi) Nord-Pas-de-Calais Nord-Pas-de-Calais Nord-Pas-de-Calais Nord-Pas-de-Calais -619 -619 217 217 BasseBasseNormandie Normandie Bretagne Bretagne 488 488 55 55 Pays de la Loire Pays de la Loire 306 306 Picardie Picardie HauteHauteNormandie Normandie 125 125 115 115 Île-de-France Île-de-France ChampagneChampagneArdenne Ardenne 130 22 130 Centre Centre 294 294 34 34 Bourgogne Bourgogne 69 69 BasseBasseNormandie Normandie Lorraine Lorraine 237 237 Alsace Alsace 137 137 Aquitaine Aquitaine 482 482 Bretagne Bretagne -402 -402 -593 -593 Pays de la Loire Pays de la Loire -298 -298 FrancheFrancheComté Comté 110 110 Limousin Limousin Auvergne 166 Auvergne 166 20 20 Midi-Pyrénees Midi-Pyrénees 303 303 LanguedocLanguedocRoussillon Roussillon 314 314 -84 -84 Rhône-Alpes Rhône-Alpes 940 940 Picardie Picardie HauteHauteNormandie Normandie -107 -107 -243 -243 Île-de-France Île-de-France -2 071 071 -2 Centre Centre Limousin Limousin -12 -12 ChampagneChampagneArdenne Ardenne -173 -173 Bourgogne Bourgogne -153 -153 PoitouPoitouCharentes Charentes PoitouPoitouCharentes Charentes 40 40 Chiffre clé du mois (Source : Veille Emploi Secafi) -168 -168 Auvergne Auvergne 00 -152 -152 293 293 Corse Corse 00 Midi-Pyrénees Midi-Pyrénees -275 -275 Alsace Alsace -162 -162 FrancheFrancheComté Comté -353 -353 LanguedocLanguedocRoussillon Roussillon -33 -33 Sur 19 secteurs économiques, 11 ont un solde d'emplois créés en amélioration en 2014. Rhône-Alpes Rhône-Alpes -925 -925 Aquitaine Aquitaine Provence-AlpesProvence-AlpesCôte d'Azur Côte d'Azur Lorraine Lorraine -128 -128 (Source : Trendeo) Provence-AlpesProvence-AlpesCôte d'Azur Côte d'Azur -433 -433 Corse Corse -78 -78 N°1 DU CONSEIL AUX CE ET AUX CHSCT / MARS 2015 / N°55 3 Vu pour vous… Au-delà de son site institutionnel – www.secafi.com -, des numéros mensuels de Traits d’Union, de sa collection de Guides Santé au travail ou encore de ses matinées-débats régionales, Secafi a la volonté d’échanger avec vous, représentants du personnel. Aujourd’hui, c’est en investissant un nouveau vecteur de débats & d’échanges que nous allons à votre rencontre : le 3 mars dernier, nous avons mis en ligne un blog, intitulé L’Art de faire dialoguer Santé et Travail et consacré à la thématique « Santé au travail ». Les billets de ce blog, rédigés par Laurent Maunier, chargé de mission chez Secafi, Jean-Christophe Berthod, directeur des activités Santé au travail de Secafi, et l’équipe Communication du Groupe ALPHA, permettent d’exprimer notre point de vue sur des sujets d’actualités, enrichi de notre expérience de terrain, et ainsi de communiquer plus librement, d’une façon moins formelle, créant une nouvelle façon de partager. Nous avons construit ce Blog en lien transparent et pertinent avec le site institutionnel, sur lequel vous continuerez à trouver, au-delà des billets propres à l’esprit d’un Blog et du seul domaine de la Santé au travail, toutes nos activités ainsi que tous nos documents, publications, analyses et vidéos. Les actualités du Blog sont aujourd’hui classées en quatre grandes catégories : Billets ; Enquêtes ; Interviews ; Publications. Pour en savoir + : www.blog.secafi.com Pour être au courant des dernières actualités du Blog et des articles postés, abonnez-vous au fil RSS et suivez l’actualité sur Twitter : @cabinet_secafi LES RENCONTRES SECAFI Les budgets des CE et la loi du 5 mars 2014 Jeudi 19 mars, à St-Laurent-Blangy, de 10h30 à 12h00 Pour plus de précisions, contactez Blandine Gosselin au 06 30 70 91 26 La pénibilité : les nouveautés au 1er janvier 2015 Jeudi 2 avril, à Clermont-Ferrand, de 9h00 à 13h00 Pour plus de précisions, contactez Catherine Badiou au 04 78 63 78 64 Secteur Social et Médico-social Jeudi 19 mars, à Metz, de 9h00 à 12h30 Pour plus de précisions, contactez Céline Thirion au 06 89 88 61 28 Loi sur la sécurisation de l'emploi : quels impacts sur le secteur médicosocial ? Mardi 24 mars, à Lyon, de 8h30 à 13h00 Pour plus de précisions, contactez Ghislaine Stéphano au 04 78 63 78 68 Agir en cas de présomption de harcèlement Vendredi 3 avril, à Paris, de 9h30 à 12h30 Brigitte MOURET, sociologue d’entreprise et psychosociologue, directrice de mission chez SECAFI et auteur du guide Agir en cas de présomption de harcèlement présentera les différentes fiches méthodologiques pour faire face à ce phénomène. Pour plus de précisions, contactez Jean-Matthieu Sassier au 01 53 62 71 13 Retrouvez toutes les dates de nos matinées-débats sur notre site www.secafi.com, rubrique Agenda. Matinée-Débat sur les horaires atypiques Mardi 7 avril, à Marseille, de 14h00 à 18h00 Pour plus de précisions, contactez Geneviève Carminati au 04 91 93 92 20 Vous êtes invité(e) à ces débats. Accueil café à 8h30. Attention, le nombre de places étant limité, pensez bien à vous incrire. Pour vous inscrire, merci de bien vouloir remplir le formulaire sur le site http://www.secafi.com, rubrique « Agenda ». La e-letter de Secafi Mars 2015 - N°55 Directrice de la publication : Nadia Ghedifa, Directrice générale de Secafi Rédactrice en chef : Pascale Pujol E-mail : [email protected] Secafi, une société du Groupe ALPHA Pour vous abonner à la e-letter d’information de SECAFI, merci de vous inscrire sur le site secafi.com : http://www.secafi.com N°1 DU CONSEIL AUX CE ET AUX CHSCT / MARS 2015 / N°55 4