Grands-parents / Jeunes Parents : alliés et/ou rivaux ??

Transcription

Grands-parents / Jeunes Parents : alliés et/ou rivaux ??
Grands-parents / Jeunes Parents :
alliés et/ou rivaux ??
Deuxième Colloque-Forum de
l’Association Ecole des grands-parents, Suisse Romande
à l’occasion des 10 ans de sa création
Lausanne, le 19 janvier 2013
www.vaudfamille.ch/egp
Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Contenu
Contenu ................................................................................................................................................... 2
Extrait de l’allocution de Monsieur Oscar Tosato ................................................................................... 3
L’Ecole des Grands-parents 10 ans après… ............................................................................................. 5
Les relations entre générations : ombres et lumières .......................................................................... 12
Première mise en scène ........................................................................................................................ 16
Grand-mère disponible ou à disposition ? ........................................................................................ 16
Discussion ...................................................................................................................................... 17
Feu d’artifice de mots-clés .................................................................................................................... 19
Deuxième mise en scène ....................................................................................................................... 20
Trouver sa place dans les réunions de famille .................................................................................. 20
Discussion ...................................................................................................................................... 23
Troisième mise en scène ....................................................................................................................... 26
Un tas de bonnes raisons de se dire merci ! ..................................................................................... 26
Conclusion ............................................................................................................................................. 28
Mot de conclusion de Norah Lambelet Krafft ................................................................................... 28
MERCIS .......................................................................................................................................... 28
Avec le soutien de : ............................................................................................................................... 29
Oona, CVE Clos de Bulle
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Extrait de l’allocution de Monsieur Oscar Tosato
Dix ans, dix ans d’une belle aventure ! C’est l’anniversaire de votre association, au nom de la
municipalité je vous adresse nos félicitations les plus vives.
Le thème de votre colloque est alléchant : la relation entre les grands-parents, les parents, les
enfants. Considérant que de nos jours une génération supplémentaire peut parfois être ajoutée, on
peut dire que l’association n’est pas au bout de ses peines.
Un des objectifs de votre association est de trouver la juste mesure des liens entre grands-parents et
petits-enfants, un défi important. Quels sens doivent avoir ses liens ? Le site de l’Ecole des Grandsparents de l’Ile de France présente un sondage auquel environ 450 grands-parents et 500 parents ont
donné réponse. Le sens considéré comme le plus important est la transmission. Encore faut-il savoir
quoi transmettre. Il ressortait que l’opinion des jeunes parents ne correspondait pas toujours avec
celle des grands-parents. Alors que les grands-parents prônent le respect de l’autre, la tolérance,
l’amour et la générosité. Les jeunes parents attendent que leurs parents lèguent à leurs petitsenfants les souvenirs, la mémoire, l’expérience et le vécu. Ces conceptions ne sont pas si lointaines,
mais elles témoignent de deux manières différentes d’être des passeurs de mémoire et de savoirfaire. Remarquons, que la transmission de biens matériels, du patrimoine était aussi évoqué, mais
très très loin dans la liste de ce que l’on imagine transmettre.
Cet objectif de transmission entre générations est une priorité ; nous l’avons mis au centre de la
campagne de prévention auprès des adolescents de 2004, l’éducation c’est l’affaire de tous, l’Ecole
des Grands-parents a organisé des cafés sur cette thématique et aujourd’hui nous nous retrouvons
dans le cadre de la campagne d’éducation 2012-2013, Moi & les autres, où l’intergénérationnel est
un des axes directeurs. Toutes ces actions s’inscrivent dans une thématique générale ; celle du bien
vivre ensemble. Un objectif dont je porte la responsabilité en tant que municipal et dont vous aussi
êtes responsables. Vous et moi, en tant que citoyen avons le devoir de tout mettre en œuvre pour
faciliter le bien vivre ensemble.
Votre association invite au partage d’expériences, à parler de son vécu en famille, de ses coups de
cœur, de ses joies et problèmes. Vous êtes l’Ecole des Grands-parents l’un des acteurs indispensables
pour ce bien vivre ensemble, une inscription discrète et efficace dans la vaste panoplie des
associations. Reconnue par la commune grâce à un soutien financier régulier, d’ailleurs une des
associations qui a une inscription dans la ligne budgétaire de la ville de Lausanne, je précise que ce
soutien n’est pas nécessairement durable, mais démontre son utilité et l’engagement sans faille de
ceux qui la soutiennent auprès des autorités politiques.
Je suis heureux d’assister à la pérennité d’une association qui a inscrit à la première ligne de sa
charte : est unique en son genre. J’aime les associations qui dépassent le cadre local ; l’Ecole des
Grands-parents s’est inscrite dès sa création dans le cadre européen, s’associer à un mouvement
existant européen demande courage et engagement.
L’Ecole des Grands-parents de France a publié une enquête réalisée auprès de grands-parents en
Espagne, une des conclusions était la nécessité de créer une journée mondiale des grands-parents.
Comment se fait-il qu’elle n’existe pas encore ? La France, l’Italie, le Canada, les Etats-Unis
d’Amérique, la Pologne ont instauré une journée des grands-parents, le jour est différent pour
chaque pays. La Pologne est allée plus loin, il y a la journée de la grand-maman et celle du grandpapa. Si vous arrivez à trouver une date en commun, avertissez-moi !
Pour conclure, la ville de Lausanne a finalisé un préavis concernant la politique de la vieillesse que la
ville voudrait mener, il sera prochainement soumis à la municipalité et au conseil communal. Dans les
grandes lignes exposées, nous proposons plus de soutien aux associations qui sont réunies dans la
grande maison de la Riponne, et d’adhérer au réseau des villes amis des aînés pour pouvoir créer des
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
synergies. Donc une multitude de pistes et collaborations s’annoncent avec l’Ecole des Grandsparents !
Oscar Tosato, municipal de la ville de Lausanne
Iker, 8 ans, APEMS de Montoie
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
L’Ecole des Grands-parents 10 ans après…
Allocution de Norah Lambelet Krafft, fondatrice et présidente de l’association
C’est un grand honneur et une grande émotion pour moi que de parler aujourd’hui de l’Ecole des
Grands-parents à l’aube de sa 11ème année d’existence ! A l’époque de sa création, le thème des
grands-parents et des relations intergénérationnelles n’étaient pas encore à la mode et l’on me
demandait pourquoi avoir choisi les grands-parents comme thème central de notre action! Et à ce
moment aussi en réfléchissant à mon projet, j’avais découvert et collaboré avec l’Ecole des Grands
Parents Européens, seule de son espèce en Europe, avec celle de Belgique, et qui m’a inspirée et
guidée dans la création de l’EGP.
Malgré le titre de mon exposé, rassurez-vous. Plutôt que de faire un inventaire à la Prévert de toutes
nos activités, de tous les événements, de tout ce qui s’est passé de formidable ou de difficile, de
joyeux ou de triste depuis nos débuts, je voudrai partager avec vous nos réflexions, nos
questionnements, nos constats, nos souhaits, nos espoirs.
Voici les questions que je me suis posées en préparant cette présentation :
 Qu’avons-nous appris en 10 ans ?
 Qu’avons-nous accompli en 10 ans ?
 Où voulons-nous aller maintenant ?
 Quelles perspectives d’avenir pour l’EGP ?
Qu’avons-nous appris en 10 ans?
L’expérience de l’Ecole des Grands-parents, créée il y a 10 ans en mars 2003 devant 12 personnes, a
été l’une des plus formatrices dans mon existence malgré mon parcours professionnel dans le
domaine de la famille. Elle l’a aussi été pour les personnes qui m’ont entourée, et m’entourent
encore, pour réaliser et exécuter toute notre action.
Celle qui nous a apporté, à mon equipe et moi-même, plein d’enseignements, qui nous a permis de
voir, d’observer, d’étudier, de comprendre certains aspects de la vie familiale que nous ne
soupçonnions pas.
Avant tout, nous avons appris que les Grands - Parents d’aujourd’hui ne sont pas tout à fait les
« Mémés à chignon» et les « Pépés à lunettes» d’antan, assis sur un banc devant la maison, tricotant
des chaussettes ou marchant avec une canne ! Et que « la grand – mère du Petit Chaperon Rouge
n’attend pas sa galette et son pot de beurre dans sa cabane dans la forêt…Il se peut qu’elle travaille,
elle a peut-être une voiture et fait ses courses toute seule » ! Elle s’est peut-être aussi mise à
l’Informatique ou elle (et ils) voyagent beaucoup ! et que les grands - pères sont maintenant très
présents auprès de leurs petits enfants.
Les progrès de la médecine et l’allongement de l’espérance de vie font que les grands-parents sont
toujours plus nombreux, plus jeunes, plus dynamiques, plus actifs, plus riches parfois, en meilleur
santé. Enfin, ils ont plus de temps. En principe du moins !!!
Les nouveaux grands-parents ont développé d’autres besoins, d’autres intérêts que ceux des
générations qui les ont précédées et souhaitent enfin vivre pleinement, trouver une place reconnue
dans la société, dans la famille.
En à peine un siècle, nous sommes passés d’une cellule familiale élargie dont les grands-parents,
oncles, tantes, cousins, cousines faisaient partie intégrante de la famille et prenaient part aux divers
aspects de l’organisation de la vie quotidienne et de l’éducation des enfants, à la celle dite nucléaire
d’aujourd’hui.
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Nous avons beaucoup appris sur le rôle, le métier, le statut des Grands-parents, sur leur position,
leur importance primordiale et leur place au sein de la famille, sur celle qu’ils avaient imaginée, celle
qu’ils souhaiteraient avoir, celle qu’ils ont dans la réalité et celle qu’ils n’ont pas parfois. Jeunes
parents et grands-parents ont une vision et des attentes différentes sur la place de chacun lorsque
l’enfant s’annonce et dont ils n’ont souvent pas parlé avant. Il arrive même parfois que les grandsparents n’en ont pas été mis au courant !
Le rôle des Grands-parents a évolué, il a pris une importance nouvelle, sous l’effet de grands
changements sociaux importants tels que l’évolution des mœurs parentales, la diversification des
modèles et des formes de familles, les nouvelles approches de la parentalité, mariages, divorces (1
couple sur 2), familles monoparentale, familles recomposées, décomposées, pacs, mariage pour
tous, séparations de plus en plus précoces. Ils ont dû s’adapter, tant bien que mal à des nouvelles
réalités qui leur donnent le tournis.
A l’occasion de nos rencontres et nos échanges avec les membres de l’Ecole des Grands Parents,
nous avons énormément appris sur l’évolution des liens entre les générations, sur le rôle des Grands
Parents et les nouvelles notions de grand-parentalité, sur les différences entre les générations.
Notre société éclatée et isolée fait que les liens familiaux deviennent de plus en plus ténus. Les liens
sont profondément modifiés, les relations sont faites de paradoxes. Les attentes et les besoins de
chacun sont différents. La « nouvelle famille » est souvent composée des copains, des « amis » de
Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux. Les prénoms donnés aux enfants ne font souvent plus
référence à des membres de la lignée familiale, ils sont devenus exotiques, sont empruntés à des
noms d’acteurs à la mode ou à des personnages de séries télévisées.
Nous avons pu constater que nous sommes face à une « Génération kleenex », une « Génération
IKEA » : génération de la consommation, de la satisfaction immédiate des besoins et des envies. Tout,
tout de suite, ici, maintenant. On achète, on prend, on utilise, on jette, on renouvelle…les biens, les
modèles périmés, les objets encombrants, les personnes…et parfois les grands-parents.
Et pourtant, contrairement à ce que je viens de dire, si l’on en croit une étude récente faite par
Comparis.ch, ainsi que lorsqu’on lit la liste des vœux pour la Nouvelle Année parus dans les médias
pour l’année nouvelle, la famille reste aujourd’hui une valeur centrale. Quand on demande ce qui est
important pour réussir sa vie en général, ce n’est pas l’aspect professionnel qui vient en premier,
mais c’est la famille ! On veut réussir sa vie de couple et sa vie de famille, on cherche vraiment à faire
de son mieux. Cela semble paradoxal lorsque l’on considère le taux des divorces actuel.
Mais comme les attentes individuelles se sont considérablement renforcées, les déceptions sont plus
grandes que par le passé. Il y a une énorme pression sur le développement de la personne tant dans
l’univers professionnel que celui des loisirs.
Nous avons appris à connaître, sans toujours les comprendre, les nouveaux modes de
communications, et le fonctionnement des jeunes familles : règne d’internet, des SMS, des réseaux
sociaux menant à un appauvrissement et à l’illusion de communication, mode plein de dangers de
confusion, de malentendus, de dommages collatéraux, de conflits potentiels, souvent à l’origine de
drames familiaux. (« Facebook m’a tuer.. » de Alexandre des Isnards et Thomas Zuber)
Internet est devenu la référence des jeunes aussi bien que des jeunes familles qui cherchent et
consultent sur tout et sur n’importe quoi, même pour apprendre comment s’occuper de leurs
enfants. Refusant souvent conseils et informations de la part des « vieux », des « sages »!
Nous avons constaté que les grands-parents sont surtout décrits comme « Grands-Parents
Gâteaux », qu’on les accuse de trop gâter les enfants, d’être trop permissifs, de trop s’immiscer dans
la vie des jeunes familles et d’être forcément responsables des éventuelles querelles familiales. Nous
avons découvert les joies, les peines, les bonheurs, les conflits, les souffrances et les drames. Nous
avons entendu des témoignages de grands-parents heureux et de grands-parents dévastés par le
chagrin. Des grands-parents qui tombent malades de douleur, jusqu’à en mourir parfois, en
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
particulier des grand - pères – qui prennent maintenant une place importante auprès des petits
enfants - pour lesquels il leur était devenu impossible de communiquer ou de partager leur
souffrance.
Nous avons pris connaissance et participé à des études, des recherches, des livres, des conférences.
Mais, nous parlons ici aujourd’hui de ce que nous avons découvert chez les grands-parents, de ce que
nous avons vu et entendu.
Nous avons rencontré de merveilleuses personnes durant ces 10 dernières années. Nous avons
appris que les grands-parents sont formidables, qu’ils sont parfois mal connus et souvent mal
reconnus, comme s’ils faisaient « partie des meubles », qu’ils sont souvent disponibles et même à
disposition, sans pour autant avoir véritablement une place à eux dans la vie familiale. Nous avons
connu des grincheux et des pénibles quelques fois, des revendicateurs rarement, des intrusifs, des
mêle tout, et des généreux aussi. Mais nous avons surtout rencontré des personnes admirables.
Nous avons appris qu’en Suisse les grands-parents gardent leurs petits enfants, un peu, beaucoup,
très souvent (100 millions d’heures de garde par an, soit 2 milliards de francs d’économies annuelles
selon une étude du Bureau Bass) mais qu’ils sont aussi parfois coupés de tout lien avec eux pour
cause de conflits familiaux entre jeunes parents et grands- parents.
Nous avons eu la conviction qu’ils sont des acteurs importants de soutien à la parentalité. Qu’ils
aident et soutiennent leurs enfants devenus parents, dans les bons et les mauvais moments, qu’ils
offrent un relais dans les situations difficiles vécues par les jeunes familles, qu’ils leur veulent du
bien, et jamais du mal, qu’ils sont un point de repère pour leurs petits enfants en période de crise et
aussi dans les bons moments.
Nous avons entendu et constaté que les grands-parents pensent faire de leur mieux, qu’ils font ce
qu’ils peuvent, au plus près de leur conscience, même s’ils sont parfois maladroits ou dans l’erreur.
Qu’avons-nous accompli ?
Le fil conducteur de l’EGP tout au long de ces 10 années a été, et reste, la réflexion sur le rôle et la
place des grands-parents, l’apprentissage et la formation continue dans le domaine de la
communication entre les générations. La prévention des conflits familiaux, l’aide, l’écoute, le soutien
et l’accompagnement dans les situations de ruptures et de souffrances en résultant. Sans préjugés,
sans prendre parti dans ces cas, « notre porte d’entrée » étant bien entendu les grands-parents. Bref,
une sorte de « service après-vente »
Notre action se fait à plusieurs niveaux : « Cafés Grands-Parents », conférences, colloques,
séminaires, ateliers et sorties intergénérationnelles, ventes, entretiens d’écoute, consultations,
groupe d’entraide et de paroles, expositions, participation à divers groupes de travail, et autres
événements exceptionnels.
Nous sommes connus et même reconnus comme interlocuteurs de qualité et une référence
importante dans le domaine de la famille, et sommes très fréquemment sollicités pour des réflexions
ou des recherches. On nous demande de participer à diverses actions intergénérationnelles, telle que
la Campagne actuelle de la Ville de Lausanne « Moi & les autres » - dont le thème central est l’altérité
et les liens intergénérationnels - qui a sélectionné et soutenu le projet du présent Colloque. Nous
sommes invités à donner des conférences, à prendre part à des projets tel que « Popaie »
Programme d'Ouverture à la Participation des Aînés aux Institution pour l'Enfance porté par la
Crèche du Clos de Bulle à Lausanne, à participer à des réflexions, à des séminaires, à des groupes de
travail, à collaborer avec divers services officiels ou privés. Nous sommes aussi fréquemment
sollicités par la presse, les médias sur des sujets traitant des relations familiales et
intergénérationnelles.
Nous sommes devenus un point d’ancrage stable, un repère pour beaucoup, un point central où l’on
peut venir chercher des infos, des conseils, parler, écouter, être entendus, discuter, réfléchir, trouver
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
des réponses, chercher et trouver la bonne distance entre les générations. Nous apprenons ainsi que,
comme disait Dolto : « les grands-parents doivent être là quand on le leur demande et ne pas être là
quand on ne le leur demande pas »
Nous entendons souvent la remarque : je n’ai pas besoin d’une Ecole de Grands Parents pour
m’occuper de mes petits enfants ou pour faire du bricolage. Ou encore : je ne viens pas aux activités
parce que je n’ai pas de problèmes, je n’en ai pas besoin.
Mais bien souvent, on nous pose la question : quels sont mes droits, je ne peux pas voir mes petits
enfants ; je n’ai jamais vu mes petits enfants ; je gardais mes petits enfants et du jour au lendemain,
on me l’a interdit ; mon fils, (ma fille), ont divorcé, et depuis, je ne peux plus voir mes petits enfants
et bien d’autres situations douloureuses tel le décès d’un jeune parent.
Certes, mais ce que nous cherchons à faire, notre ambition, notre but et notre vision à court, à
moyen et à long terme sont avant tout de devenir de « meilleurs » grands-parents. Tout
simplement !
Nous offrons un lieu qui permet de ne pas se sentir isolé lorsqu’il faut vivre un problème et une
souffrance indicible, au-delà des mots. Se sentir appartenir à un groupe de pairs, se sentir moins seul
parfois.
Le témoignage suivant d’une grand-mère parle de lui-même :
« La situation conflictuelle entre ma bru et moi, me pesait énormément.
A ce jour, et comme j'étais suivie par une psychologue, j'ai pu prendre de la distance par rapport à
cette querelle. Extraite de son contexte, elle est devenue "presque" insignifiante.
C'est à cette occasion que j'ai fait connaissance de l'association et souhaite en faire partie.
Actuellement je fais grand-maman presque à plein temps, eh oui, tous mes après-midi sont consacrés
à la garde des petits, avec grand plaisir d'ailleurs, et le reste du temps je me suis remise à la politique.
Quand j'ai montré à ma bru que je faisais partie de l'association pour être une meilleure grandmaman, elle m'à répondu que je n'avais pas à faire mieux. Donc, après la tempête, maintenant c'est
le beau temps avec les petits qui veulent passer du temps et même dormir avec moi.
Il est vrai que tout n'a pas été facile et mon fils était littéralement déchiré.
C'est en vous lisant que je réalise que je sors victorieuse pour le grand bien de tous.
D'avoir l'appui de l'association m'a donné un équilibre que je n'aurais pas trouvé toute seule. Je savais
que je pouvais, au besoin, m'épancher sur votre épaule ou venir vous voir. Bref, je n'étais pas seule ».
Un autre témoignage d’un grand-père démontre en termes bouleversants, simples et clairs ce que
peuvent vivre et ressentir certains grands-parents :
« J’ai deux petites filles et une arrière petite fille. Je n’ai pas revu l’aînée depuis 17 ans. Elle habite à
l’étranger et a rompu tous les ponts. Elle avait 7 ans lors des adieux et je ne sais même pas si je la
reconnaîtrais !
La deuxième est à Lausanne, mais ne me contacte jamais. Quand j’insiste, on se voit un
moment….forcément décevant. Je ne vois pas davantage mon arrière petite fille.
Me retrouver avec des gens qui parlent de leurs petits enfants avive ma douleur. Ça m’est arrivé bien
des fois et j’ai toujours la souffrance qui remonte, par exemple quand je vois l’entente de ma 2 ème
femme avec sa fille et ses garçonnets.
C’est trop pour moi de venir à ta journée et j’espère avoir trouvé les mots pour te le dire »
Et pourtant, malgré cela, il semble que nous ne sommes pas assez connus du grand public malgré le
fait que nous soyons forts de 160 membres, dont beaucoup depuis ses débuts. Nous avons donc
encore du travail de promotion à faire. Et vous pouvez nous y aider en parlant de notre association
autour de vous, en intéressant d’autres grands-parents.
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Mais ce que nous avons certainement accompli c’est d’être devenus des rassembleurs autour d’une
cause, celle des Grands Parents.
Où veut-on aller maintenant ?
Reconnaître enfin et faire reconnaître le rôle primordial et la place des grands-parents dans la famille
et dans la société, car il semble qu’on les considère plus comme un acquis, un statut naturel
uniquement, sans se poser de questions sur leurs souhaits, leurs besoins, leurs attentes : tel est notre
objectif. Faire connaître et reconnaître leur rôle dans la construction de l’identité de l’enfant, lui
permettant de se situer dans la lignée familiale. Voici ce que nous souhaitons encore accomplir.
(« Grands Parents, à vous de jouer » Marcel Rufo, 2012)
Les divorces et les ruptures des couples touchent autant les grands – parents que leurs enfants et
leurs petits-enfants. Ils sont le plus souvent source de tensions auxquels s’ajoute le risque de rupture
des liens entre grands – parents et petits-enfants.
Mais il n’y a pas que les divorces et les ruptures des couples qui peuvent occasionner des tensions ou
la rupture de liens. Les problèmes relationnels et parfois les règlements de comptes entre membres
d’une famille (belles – mères / belles - filles, mère – fille, père - fils etc.) désillusions, attentes déçues,
sont très fréquents.
Isolement, indifférence, rejet, disqualification, aliénation Grands – Parentale : la famille est parfois le
lieu de conflits, de jalousies, de « coups tordus » de toutes sortes.
Souffrances des enfants - Souffrances des Grands-parents Souffrance de toute la famille - Droits des
enfants
Conflits d’adultes, conflits entre adultes : on oublie que la victime principale de ces ruptures est bien
sûr l’enfant auquel on ne pense pas assez et qui se trouve pris au centre des tourmentes
intergénérationnelles, occasionnant ainsi pour lui des souffrances, une perte de confiance dans les
adultes, des conflits de loyauté importants et désécurisants.
L’enfant est ainsi coupé de ses racines, de sa famille, de son histoire de vie, de ses possibilités de se
construire et de son besoin d’appartenance, Besoin de faire partie d’un clan, besoin d’être identifié
en tant qu’un maillon de la chaîne familiale, l’enfant est une branche et un bourgeon à part entière
de sa famille, qu’on le veuille ou pas, et il a besoin de se nourrir de ses racines. Pour savoir qui il est
et où il va, il doit d’abord savoir d’où il vient. Citons ici la dernière phrase du livre de Marcel Rufo qui
parle de « …l’arbre de vie, l’enracinement et la puissance de la filiation que représentent les grandsparents ».
Il arrive souvent qu’il soit brutalement amputé de ses grands-parents, sans explications, sans pouvoir
comprendre ce qui se passe, en ayant parfois le sentiment qu’ils l’ont abandonné alors qu’ils avaient
construit des liens serrés pendant longtemps. Il peut croire qu’il est le coupable à l’origine de ce
drame. On peut sans autre appeler cela de la maltraitance faite à l’enfant.
Besoin de sécurité affective, de stabilité, de cohérence, de qualité des liens avec les adultes : quand
mettrons nous l’enfant au centre de notre préoccupation dans cette nouvelle « société de l’EGO » ?
Oui, remettons enfin l’enfant au centre des préoccupations, reconnaissons lui le droit de vivre sa vie
d’enfant …de ne pas être otage des conflits des adultes dont il n’est nullement responsable. La
Convention pour le Droit des Enfants reconnaît que l’enfant, pour l’épanouissement harmonieux de
sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d’amour et de
compréhension. Cela comprend aussi la qualité des liens entre les générations. On pourrait croire
que l’on a oublié l’enfant et ses besoins dans le monde d’aujourd’hui où chacun est préoccupé par
lui-même avant tout. Comme s’il était un petit adulte avant l’âge, pouvant supporter tout,
comprendre tout, accepter tout.
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Contrairement à la législation française qui comprend un droit de visite pour les grands-parents, ce
droit n’existe pas en Suisse.
En droit suisse, cette problématique est abordée dans le Code civil suisse (CCS) par le droit de la
famille. Les relations personnelles entre les enfants et des tiers sont exposées à l’article 274a CCS :
«Dans des circonstances exceptionnelles, le droit d’entretenir des relations personnelles peut aussi
être accordé à d’autres personnes, en particulier, à des membres de la parenté, à condition que ce
soit dans l’intérêt de l’enfant ». Les grands-parents n'ont pas de droit spécifique en tant que grandsparents, mais en tant qu’« autres personnes membres de la parenté ».
L’article 274a précise les deux conditions à remplir pour obtenir un droit à des relations personnelles
(droit de visite). La première condition est l’existence de circonstances exceptionnelles. C’est aux
grands-parents de démontrer que cette condition est remplie. Selon les spécialistes, cette preuve est
difficile à apporter. Le législateur suisse n’a pas souhaité accorder aux grands-parents un droit de
visite pouvant faire l’objet d’une demande en justice. Mais il reconnaît tout de même la nécessité
d’accorder à d’autres personnes que les parents ce droit dans des circonstances extraordinaires et
pour de justes motifs. La deuxième condition est le respect de l’intérêt de l’enfant.
« … cet intérêt peut apparaître lorsque l’enfant exprime le besoin de rester en rapport avec la
personne en question, lorsque celle-ci donne ou renforce en lui un sentiment de protection et pour
autant que des effets préjudiciables ne soient pas à craindre ».
Mais on peut bien imaginer qu’entamer une procédure juridique dans de telles circonstances n’est
pas une solution idéale pour améliorer les relations dans les familles ! Sans parler de l’impact
possible sur l’enfant, sujet et objet involontaire de ces conflits juridiques.Il est important de
sensibiliser le public et les autorités concernées, de mettre en place des lieux et des moments de
dialogue et de discussion entre les générations comme celui que nous vivons aujourd’hui, de
proposer des actions de prévention, des médiations, des réconciliations, pour le bien de l’enfant. Et
de trouver des moyens pour cela.
Alors, que pourrait-on imaginer pour permettre à l’enfant, quand tout le reste s’est écroulé, de
continuer à entretenir des liens avec ses grands – parents, même si on est brouillés, pour éviter ces
souffrances inutiles ?
C’est en réfléchissant ensemble sur nos valeurs, celles de nos enfants et de nos petits enfants, en
essayant de connaître, de comprendre, d’écouter, d’échanger, de dialoguer, d’accepter, et parfois de
pardonner, en partant du quotidien, qu’il sera possible de nouer des liens solides, de préparer le
terrain qui nous permettra de continuer à transmettre à nos petits enfants ce qui nous tient à cœur.
Même si nous n’offrons pas forcément des solutions miracles, l’Ecole des Grands-Parents est un lieu
d’accompagnement sur ce chemin le plus souvent douloureux. Un chemin où l’on se sent seul, si seul
parfois. L’Ecole des Grands-Parents est alors là pour accompagner, écouter, essayer de panser les
plaies et recevoir le trop plein de la souffrance.
Il n’y a pas de recettes, pas de réponses toutes faites Si ce n’est la recherche du dialogue et la
réconciliation, bien difficile à obtenir parfois. Nous sommes là.
10 ans après, quelles perspectives d’avenir pour l’Ecole des Grands-Parents maintenant ?
C’est la question que nous nous posons, que nous vous posons aujourd’hui. Le « Bébé » a grandi, il
est temps de le laisser se développer, trouver sa voie. Comment continuer, que voulons-nous pour
l’Ecole des Grands-Parents ? Comment continuera-t-elle ? Quelle forme devra-t-elle prendre ?
Nous avons besoin de relève, de personnes nouvelles et fortes pour dynamiser notre association, de
réfléchir à ce que nous voulons continuer d’offrir, changer, ou améliorer. Nous allons prochainement
aborder formellement ces questions lors d’une soirée de travail le 16 avril 2013 dans les locaux de
l’Ecole des Grands-Parents. Vous y êtes invités. Nous avons besoin de vous. Vous avez en main une
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
feuille d’évaluation qui vous permettra de répondre à ces questions et nous donner des pistes de
réflexion.
Merci de votre attention, et vive l’Ecole des Grands-Parents.
Norah Lambelet Krafft
19 janvier 2013
Lisa, 8 ans, APEMS de Montoie
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Les relations entre générations : ombres et lumières
Nous offrons à votre lecture un extrait de l’exposé présenté par Vittoria Cesari Lusso, Dr. en
psychologie, psychologue FSP. Ce texte a été rédigé à partir de notes prises le 19 janvier, il n’a pas la
prétention d’être une contribution du Dr. Cesari Lusso. Néanmoins, nous espérons que cette
production respecte son travail et nous ne pouvons que vous invitez à prendre connaissance de ses
écrits.1
Les relations entre les générations sont en pleine effervescence, elles s’adaptent au renouvellement
des modèles familiaux. Bien que la relation familiale se situe entre les trois ou quatre générations,
considérant le thème du colloque, la Dr. Cesari Lusso a choisi de focaliser son intervention sur la
relation jeunes parents et grands-parents.
La relation entre jeunes parents et grands-parents est à inventer tous les jours. Se focaliser sur la
relation entre les adultes n’est pas oublier les enfants, au contraire cela permet de souligner que la
qualité des relations entre jeunes parents et grands-parents se répercute sur la qualité des relations
avec les jeunes pousses. Le développement de l’enfant est influencé par l’école, son environnement,
la famille, par la qualité des relations entretenues par tout ce monde. Les enfants ont tout a gagné
d’être dans un système de relations de qualité.
Deux postulats
En introduction, deux postulats doivent être considérer :
Premier postulat : la qualité des relations familiales a une influence majeure sur le bien être.
Second postulat : les générations d’une famille ne sont jamais des entités séparées, elles sont
interdépendantes à plusieurs niveaux ; au niveau matériel, logistique et des affects. Sur le plan
matériel ou organisationnel, les générations se soutiennent d’une façon importante tout au long de
la vie. Dans la société actuelle prônant la valorisation de l’individu, la poursuite de son indépendance,
de sa réussite sociale et professionnelle repose paradoxalement sur la solidarité entre les
générations. En ce qui concerne les affects, chacun cherche un équilibre entre identification et
séparation.
Trier, c’est valoriser
La formule « Trier, c’est valoriser » est sur toutes les lèvres en cette période d’introduction de
mesures pour dissuader le gaspillage et protéger notre environnement. Ce colloque a aussi un but
écologique d’une importance majeure, nous allons réfléchir ensemble comment prévenir le
gaspillage relationnel, éviter de jeter ce qui pourrait être récupéré, voir même valorisé.
Il y a des relations profondément cassées, déstructurées, mais tant d’autres où le travail de
récupération peut être gratifiant. La prévention du gaspillage ne signifie pas supprimer les tensions,
c’est un objectif impossible et même pas souhaitable. Toute la vie, nous sommes confrontés à des
tensions. Apprendre à les reconnaitre, à les gérer est indispensable. Les tensions, les ombres sont
souvent les chemins qui conduisent à plus de lumière.
Le gaspillage
Il y a deux types de gaspillage :
Les cassures majeures, qui ne se manifestent pas au début comme telles. Au départ, on constate des
petites fissures et au fil du temps les échanges deviennent de plus en plus difficiles, la rupture semble
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www.vittoria-cesari-lusso.ch Si Roméo et Juliette avaient vécu longtemps ensemble, Jouvence Editions ; Les
grands-parents dans tous leurs états…émotionnel, Jouvence Editions
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
inévitable, la situation incurable. A ce stade tout le monde est prêt à montrer au monde entier
comment l’autre est méchant et que tous les torts sont de son côté.
Quelle tristesse quand les relations familiales se transforment en enfer, plutôt qu’en un espace où
tout le monde y gagne quelque chose : les grands-parents compensent les pertes de l’âge qui avance
par les joies du rôle de grand-parent, les jeunes parents gagnent parfois du temps et les enfants
reçoivent affection et valeurs.
Le second type de gaspillage est la myopie relationnelle. On ne remarque pas les gestes gentils,
l’attention reçue, on est concentré sur ce qui ne marche pas, sur les détails qui irritent, gênent. Ces
comportements produisent moins de dégâts que les cassures majeures, mais ils sont sources de
tensions qui nous privent de moments de bonheur qui embellissent la vie quotidienne. Nous pouvons
apprendre à dépasser ces tensions. Dans ma pratique professionnelle, j’ai vu fonctionner un grand
nombre de familles. Avec le temps, j’ai pu mettre en valeur les bonnes pratiques, celles qui
permettent de dépasser les tensions. En guise de prévention des tensions, je vous propose donc
quelques actions que j’ai pu observer dans des situations emblématiques.
Avant d’aborder le comment, précisions le qui ! Qui s’engage? Généralement, pas tout le monde, les
personnes qui ont plus de sensibilité au niveau des relations, qui ont un talent naturel pour gérer les
relations, qui ont plus envie de bouger ou plus de sagesse, parfois un jeune parent parfois un grandparent. Peu importe quelle sera l’étoile, sa lumière profitera à toutes les générations.
Quelques bonnes pratiques
1- Respect réciproque, dans les rôles respectifs:
Tenir compte de la place prioritaire occupée par les jeunes parents. C’est parce qu’ils ont
choisi de devenir parents qu’ils nous ont offert à nous les galons de grands-parents. La
charge du quotidien revient aux jeunes parents, ils doivent faire vivre leur famille. Ils ont plus
de pouvoir de décision, car c’est à eux qu’incombent la tâche éducative. C’est eux qui font ou
pas la place pour nous quand nous ne sommes pas là. Les jeunes parents ont de nombreuses
responsabilités et de droits, les grands-parents doivent les reconnaitre et les respecter pour
éviter les ombres.
2- Lâcher prise par rapport au rôle du passé :
Les rôles bougent tout le temps, un parent ne peut pas se comporter de la même façon avec
son enfant bébé, adolescent, jeune adulte et quand il devient père ou mère. Comment
changer? Que devient notre rôle quand nous devenons grands-parents ? Etre capable de
changer pour nourrir la nouvelle relation ne va pas sans tensions.
Tout en restant parent, vous devez accepter que votre enfant le devienne à son tour. Votre
enfant prend un nouveau rôle que vous ne lui connaissez pas. Ayez foi en ses nouvelles
compétences, considérez le à la hauteur. Si vous souhaitez transmettre votre savoir, créez
des conditions pour qu’il soit recevable. L’expression de son sentiment, même avec les
meilleures intentions peut blesser l’autre. Les jeunes parents sont très sensibles aux
remarques de leurs parents, ils les aiment quand elles sont gratifiantes et éprouvent de
l’hostilité quand elles heurtent leurs opinions.
Chaque génération a besoin du regard de l’autre pour se sentir reconnu. Malgré le lien
affectif, une escalade est vite arrivée, il suffit que chacun parle de son mécontentement avec
son entourage, l’irritation augmente, toutes les conditions sont réunies pour que lors d’une
prochaine rencontre, une étincelle se transforme en éclat. Les débordements peuvent être
évités si vous avez la capacité à transformer les ombres en lumière. Le jeune parent ou le
grand-parent doit prendre l’initiative, dire par exemple : j’ai eu tort, mais j’ai envie de t’aider,
dis-moi en quoi je peux t’aider. Ou alors, préciser qu’il ne souhaite pas faire de la peine, mais
qu’il veut que ses choix soient respectés.
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Quand les fils deviennent papa, il y a un éloignement ente la maman et son fils. Les moments
de complicité peuvent se raréfier et donc manquer, c’est une souffrance qui génère de la
tristesse. Pour la surmonter la maman doit s’ouvrir à une nouvelle compréhension des
relations familiales. Son fils se transforme en mari, en papa, c’est grâce à l’amour et à
l’éducation reçus par sa mère. Le fils transmet à son propre enfant le modèle de parent
attentionné. Donc cet éloignement est en fait une réussite. Les rôles et responsabilités
changent, la distance n’est pas un marqueur de l’affection. J’entends des mamans qui
espèrent que quelques remarques comme : « tu t’éloignes de moi, on va finir par ne plus se
voir, vont rétablir la situation passée. Bien au contraire, par l’agacement qu’elles engendrent
la prophétie exprimée risque de devenir réalité.
L’expérience des familles que j’ai suivies montre que la souffrance permet à chacun
d’avancer dans la vie, si on accède à une remise en question de soi-même, sans se blâmer, on
se transforme un peu soi-même.
3- Faire des divergences la voie royale :
Dans les familles démocratiques, la plupart des familles actuelles, chaque membre dispose
d’une certaine liberté pour choisir ses croyances, ses opinions, ses alliés, son partenaire. Ce
type de famille est un terrain propice au conflit. Néanmoins, les risques de tension peuvent
être dépassés par la médiation, la négociation. Les dissensions sont alors le point de départ
pour mieux éclairer les modèles de références réciproques. Les malentendus permettent à
chacun de comprendre comment l’autre interprète le monde, quelles sont ses valeurs et ses
attentes. Pour faciliter cette compréhension réciproque, une ressource est indispensable :
l’ouverture d’esprit. Vous devez être doté d’un minimum d’ouverture mentale pour ne pas
considérer votre point de vue comme la seule vérité possible.
4- Construire une bonne relation avec les pièces rapportées :
Quand les enfants fondent un foyer, ce n’est pas seulement un parcours de couple qui
s’engage, mais aussi la rencontre de deux microcosmes, des relations interculturelles se
construisent. Chaque famille a sa manière de se parler, de montrer son affection, a son
humour. Accueillir une pièce rapportée s’apparente à relever le défi de l’interculturalité, et
ce n’est pas facile. Des personnes autrefois étrangères sont admises d’office dans le cercle
des intimes pour partager les événements heureux et douloureux.
Il est essentiel de prendre conscience que ses propres normes n’est pas la norme de
référence. Si vous ressentez de l’affinité pour votre bru ou votre gendre, c’est une chance,
qui comporte néanmoins des risques. Il est probable que vous serez aveuglé par la lumière
de l’idéalisation et quand les premières tensions arrivent, on ne peut qu’être déçu, les
ombres envahissent la relation. La sympathie n’est parfois pas d’amblée au rendez-vous.
Dans les deux cas, mon expérience de thérapeute m’a apprise que l’évitement des futurs
gaspillages repose sur deux ressources : la prudence et le fair-play. Il vaut mieux ne pas trop
en dire pour ne pas devoir revenir en arrière.
5- Ecouter son corps et ses limites :
Pour tirer profit de cette nouvelle lumière, le grand-parent doit se sentir libre d’accepter ou
de refuser une demande. Il n’est pas obligé de toujours dire oui, n’a pas besoin de tout faire
et de se sentir indispensable. Il doit garder du temps pour lui-même.
6- Gérer ses craintes et ses émotions :
En situation de conflit, les émotions ressenties suscitent des comportements régressifs :
fermeture, fuite, agression. Les familles qui dépassent ses épisodes scabreux ont tendance à
guetter leurs propres craintes, leurs émotions susceptibles d’alimenter le conflit. On n’est
parfois pas conscient de l’effet de notre ton, il peut déclencher des réactions inattendues,
agressives de la part de notre interlocuteur. Si vous voulez éviter les pièges de la
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
communication et créer des alliances, faîtes des efforts, sachez accueillir les émotions des
autres, les larmes et les énervements.
7- Eviter d’alimenter la jalousie :
J’entends souvent des grands-parents dire : "avec nous, ils sont des trésors, comment arrivezvous à ne pas vous faire obéir, quand vous n’ êtes pas là, ils sont tellement plus calmes". Ces
commentaires sont lourds de sous-entendus. Je vous invite à utiliser ces constats pour
comprendre, pas pour faire de l’ombre à la génération rivale. De même, la comparaison
entre les enfants du fils et ceux de la fille devrait être le chemin pour transformer la
différence en une nouvelle alliance.
8- Quand un problème persiste, arrêtons d’appliquer une solution qui ne marche pas :
Lorsqu’un grand-parent a le sentiment d’être traité de façon injuste, si quelques critiques
déclenchent d’heureux changements, tant mieux, mais si ce n’est pas le cas, ou plus le cas,
persévérer sur la voie de la critique risque d’envenimer le problème. Le moment est donc
venu de sortir du cadre habituel, d’avoir un regard extérieur pour inventer de nouvelles
actions, faire différemment.2
9- Se débarrasser des fausses croyances :
Les familles communiquent parfois en se conformant à des croyances figées. Dans certaines,
il faut tout se dire, pour d’autres le crédo est de faire changer les autres ou alors se taire.
Dans les familles qui surmontent les divergences, les membres partagent la croyance que
chacun est en même temps puissant et impuissant. Chacun a le pouvoir d’influencer la
relation du groupe familiale, mais chaque membre a aussi conscience de sa saine
impuissance. On ne peut pas tout changer, on ne peut pas modeler les autres selon ses
attentes. Il est parfois utile de s’ouvrir et dans d’autres cas, mieux vaut se taire.
10- Cultiver ses compétences dans le domaine de la communication :
Le progrès technologique nous aide à garder contact, mais ne remplace pas le travail que
chaque être humain doit faire toute sa vie : passer du point de vue de l’égocentrisme au
point de vue d’autrui. Par mon expérience, je vous invite à vous exprimer avec sincérité, à
dépasser les réactions agressives, à apprendre à calmer le jeu et à prendre conscience de la
forme de votre discours.
Hortense, CVE de Clos de Bulle
2
L'absurdité consiste à faire et refaire toujours la même chose, en espérant que le résultat sera différent.
Albert Einstein
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Première mise en scène
Grand-mère disponible ou à disposition ?
Nous vous rapportons des extraits de la première saynète écrite par la Dr. Vittoria Cesari Lusso. Cet
échange entre une mère et sa fille, dans un premier temps, puis entre la mère et son compagnon
met en évidence plusieurs problématiques des relations intergénérationnelles actuelles :

Le paradoxe des relations intergénérationnelles dans la société moderne. D’un côté la
culture ambiante pousse les individus à cultiver l’idée de l’indépendance et à valoriser le JE,
de l’autre la réalité sociale, avec notamment l’engagement des femmes au niveau
professionnel, social, politique, l’éclatement des modèles familiaux, demande beaucoup de
solidarité entre les membres du NOUS familial.

Peut-on dire NON ? A qui ? Comment ? Chaque personne a différents rôles, compagne,
grand-mère, mère, qui entrent parfois en tension.

La relation mère / fille

Comment communiquer ?
Sur scène :
 GM - Grand-maman (mère) en train de faire une traduction chez elle
 F - La voix de la fille
 C - Compagnon de la grand-mère
Assise à son bureau, la grand-mère marque une pause dans son travail pour se réjouir des
événements de la soirée qui s’annonce. Son compagnon l’a invité dans un restaurant pour fêter leur
anniversaire de rencontre. Elle est d’autant plus ravie que la semaine a été chargée, elle a accueilli
tous les jours l’un ou l’autre de ses petits enfants.
le téléphone sonne
F:
Allô maman chérie ! Heureusement que je t’ai trouvée! Au secours ! Salomé a la fièvre,
demain j’ai des réunions à Berne et je dois partir tôt, Maurice est en déplacement
professionnel… ma belle-mère, tu la connais, elle ne veut pas être dérangée à la dernière
minute…Elle n’est pas aussi disponible que toi ! Tu es ma seule bouée de sauvetage
GM : La fièvre… ?
F:
Oui, presque 39. Je pense que c’est rien de grave un petit rhume ; en ce moment à l’école
enfantine tout le monde est enrhumé…
Je me disais que pour ne pas réveiller tôt la petite demain matin…si tu veux bien… il serait
presque mieux que je l’amène chez toi ce soir….
La grand-maman est empruntée pour répondre. Elle voudrait remplir son rôle de mère pour sa fille,
la soutenir dans sa carrière professionnelle ; être une grand-mère accueillante pour ses petitsenfants ; être une compagne disponible et à l’écoute pour son ami ; et enfin se faire plaisir à elle,
jouir de sa soirée, ne pas bousculer son programme du lendemain. Elle accorde une grande
importance à être disponible, mais ne souhaite pas être à disposition, d’autant plus ce soir
d’anniversaire. Elle doit choisir.
GM : Oui, oui bien sûr, ma chérie, amène-là, je t’attends.
F:
Mais peut être que tu avais d’autres projets?
GM : Non non, rien d’important, je t’attends !!
Fin du téléphone
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
GM : Oh là oh là et maintenant comment vais-je m’organiser ?? Que dire à Marc ?? Il va surement
râler !! Encore une fois il va dire que je suis incapable de dire non, sauf à lui !!! Je me sens
tiraillée !! Comment faire pour contenter tout le monde ?? Ah ces gens qu’on aime et qui vous
créent souvent des tas de tensions…. En tout cas il faut que j’aille vite faire des courses…
avant que la Migros ferme….J ’étais censée être servie et je suis de nouveau la samaritaine de
service..
Je laisse un mot à Marc s’il arrive entre-temps : elle écrit : je suis sortie faire une commission !
GM sort de la scène et le compagnon rentre avec un paquet cadeau
C : Chérie t’es où ?? …Pas là… Il lit le mot : je suis sortie faire une commission !! Elle est allée se faire
belle pour moi… !
Il tient dans les mains un petit paquet cadeau qu’il se réjouit d’offrir à sa compagne. Il sait qu’elle
avait très envie de cette broche et sera heureuse de la porter ce soir.
La GM rentre un peu affolée, embrasse rapidement le compagnon et lui annonce le changement
GM : je ne sais pas comment je pourrais te le dire… surtout ne te fâche pas… Sylviane m’a téléphoné
pour m’amener la petite….
C:
Oh là là, je parie que tu t’es laissé faire… mais c’est pour demain bien sûr…
GM : Eh ben… non, c’est pour ce soir… laisse-moi t’expliquer
C:
Je ne veux pas d’explication ! je veux notre soirée ! Il n’en est pas question de baby sitting ce
soir… le resto est réservé….tu lui téléphones….
GM : Ecoute, laisse-moi le temps de t’expliquer…
C:
Je connais déjà l’histoire…ta fille, tes petits-enfants, ton fils passent toujours devant moi !!
devant nous !! Il est temps que tu renonces à te sentir toujours indispensable comme mère !
GM : Tu as envie qu’on se fâche… c’est ça que tu cherches
Le compagnon a envie de claquer la porte et de partir. Est-ce une bonne solution ??
Discussion
Nous rapportons ci-dessous des extraits de la discussion entre le public et le Dr Frenck à la suite de la
première saynète jouée par les bénévoles de l’Ecole des Grands-Parents. Nous avons choisi de
conserver la forme de l’échange, au lieu de résumer le débat, et de restituer aussi fidèlement que
possible les phrases exprimées, car il aurait été regrettable de perdre le verbe piquant et provocateur
du Dr Frenck.
Pour lancer la discussion, le Dr. Frenck a résumé la saynète en quelques mots : triste, émouvant,
pauvre marc, il ne peut pas faire sa fête et pauvre Sylviane, sa fille qui vient tout gâcher. S’en suit une
réflexion avec le public pour déterminer ce qui pourrait se passer dans le meilleur des cas. Le public
(P) énonce des alternatives possibles et le Dr Frenck (F) y répond :
P remettre la soirée au lendemain
F ne renvoyer jamais une soirée à la semaine suivante
P faire la fête à la maison
F se préparer et sortir ! Quand même il a acheté la broche
P Rappeler l’autre grand-mère
F Appeler l’autre sorcière, c’est compliqué
P amener la petite-fille le lendemain matin
F la mère doit partir trop tôt
P aller au resto et venir chercher petite après
F et avec quelques verres, aller chercher la petite fille ?
P Chercher un autre baby-sitting. Une autre solution, un voisin…
F transformer le choix entre sortir et ne pas sortir, en continuer à être grand-mère et
faire la fête
P Proposition endormir la fille et aller au resto.
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
P En tant que maman, je pense que la maman doit prendre ses responsabilités et rester à la
maison.
F Oui, mais elle doit aller à son travail, et si la mère dit ça, elle va culpabiliser sa fille. La
mère devrait ensuite faire une thérapie express
P A Genève, solution de garde Chaperon rouge, à Lausanne le service de garde de la CroixRouge, cher mais il faut payer le prix
F Certaines diront, je ne confie pas mon enfant à n’importe qui, donc n’acceptent pas.
P La mère vient avec la petite fille, reste pour que sa mère et son compagnon sortent et quand
ils rentrent, la mère rentre chez elle.
F Il est où le père ? Les pères sont toujours en voyage, si pas pour de vrai, dans leur
tête.
Cette famille doit essayer de trouver des alternatives. Il n’y a pas une solution, mais
des alternatives qui impliquent les intéressés à différents niveaux. Gardons à l’esprit
que la mère reste l’actrice principale, elle doit maintenir sa responsabilité. Le grandparent doit enlever le pied de l’accélérateur et laisser couler.
Le père va flipper quand il rentrera car personne n’était à la maison, sa femme
répondra j’étais chez ma mère et il rétorquera à d’autre cette histoire, mais on s’en
fout.
Cherchez des alternatives ! En tant que pédiatre, j’ai vu des drôles de trucs : aller
chez McDo a parfois autant d’effet qu’un suppositoire.
Le lendemain, il y aura probablement une discussion entre Marc et la grandmaman, il voudra comprendre pourquoi le devoir de mère est passé avant le devoir
de compagne, d’épouse. La grand-mère répondra probablement : car j’ai un cœur
plus grand que le tien, un cœur de mère.
Cette relation n’est pas un cas atypique, si c’était le grand-père, il aurait réagi aussi
de la même manière. Même des choses complètement farfelues sont typiques.
P Les enfants égoïstes, les grands-parents existent au moment où ils veulent confier leurs
enfants, ils ne cherchent pas une solution au niveau du couple.
F du point de vue théorique oui, mais nos enfants ne sont pas des extraterrestres et la
pomme n’est pas tombée loin de l’arbre, et ils savent qu’au fond la grand-mère est
malgré tout ravie d’avoir ses petits enfants. Elle a leur photo à la maison, elle répond
sous le regard de ses petits enfants.
P l’idéal serait que le choix n’incombe pas à la grand-mère, la fille aurait dû poser le problème à
sa mère
F c’est une marque de respect réciproque, l’enfant doit se comporter comme un
adulte, et il doit considérer ses parents autrement que comme un garage.
P La personne qui a le plus de craintes à perdre sa soirée, c’est Marc, il doit donc faire le pas et
garder son calme
F Mais c’est Marc qui est en train de sauver cette famille, il a raison de râler. Il n’y a pas
de solution. Un consensus doit être trouvé qui respecte tous les acteurs de la
problématique.
Pour conclure cette vive discussion, nous rappelons quelques conseils du Dr. Frenck :
 Il n’y a pas de solution, mais des alternatives
 Une bonne alternative doit respecter les besoins de tous les acteurs
 Le jeune parent conserve sa responsabilité de parent ; bien qu’il soit l’enfant de
son parent, il doit se comporter en adulte
 Le grand-parent doit lâcher prise, ne pas endosser les responsabilités de son
enfant
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Feu d’artifice de mots-clés
Le public a été invité à partager le mot ou l’image qu’il choisirait pour relater ce qu’il a vécu et
entendu depuis le début de l’après-midi. Nous les listons tels qu’ils nous ont été donnés ;
spontanément.
Egoïste
non
écologie
culpabilité
amour
ouverture
générosité
transmission
respect
progrès
sincérité
authenticité
confiance
savoir renoncer
altruisme
compétence
souplesse
frustration
dialogue
altérité
alternative
lâcher prise
improvisation
tolérance
bienveillance
reconnaitre ses limites
imagination
flexibilité
responsabilité
discrétion
et savoir de ne pas renoncer
conflit
patience
déculpabiliser
écoute
négociation
joie de vivre
empathie
pardon
sagesse
disponibilité
communication
humour
échange
légèreté
se pardonner
et aider à
déculpabiliser
Elinoa, 7 ans, APEMS de Montoie
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Deuxième mise en scène
Trouver sa place dans les réunions de famille
La deuxième saynète écrite par la Dr. Cesari Lusso aborde la communication dans les réunions de
famille. Lorsque plusieurs générations se retrouvent, les risques de tensions peuvent émerger suite à
des attentes insatisfaites ou à cause de malentendus. Parmi les nombreuses thématiques en jeu lors
de ce type d’événement, l’auteure a choisi de cerner les suivantes :
 La communication dans les réunions de famille
 Qui cadre l’enfant quand il est entouré d’adultes ?
 La « légitime » jalousie des jeunes parents, les jeunes parents deviennent un peu invisibles
aux yeux des grands-parents
 Les changements de rôles parent/ grand-parent, enfant / parent
 Le cumul de rôle
Sur scène
 GM - Grand-mère (Anne)
 GP - Grand-père (Pierre)
 F – Jeune Papa (le fils)
 BF - Maman (la belle fille)
 AGM – Arrière-grand-mère
 K - Kevin garçon de 7 ans
 Un bébé (fille) dans la poussette
L’ensemble de la famille se retrouve pour fêter l’anniversaire de la grand-mère, au domicile des
grands-parents. La grand-maman est fatiguées par les préparatifs et énervée par l’absence de
soutien offert par son mari et ne manque pas de le lui faire remarquer. Les jeunes parents
entrent avec la poussette. Ils disent bonjour mais ne reçoivent pas de réponse, car les GP sont
totalement captivés par le bébé dans la poussette
GM : notre princesse est là…, viens dans les bras de ta mamie, t’as vu Pierre comme elle est belle à
craquer notre bébé…
GP : C’est fou combien ce petit bout de chou me rappelle ma mère !! Regarde les fossettes sur les
joues… !!
BF reste débout bras croisés avec une expression contrariée sans rien dire. JP consulte son portable
GP : il est où Kevin ?
F:
il a dormi chez un copain… Ses parents vont l’accompagner tout à l’heure…
GM: viens on va chercher l’apéro… même si tu n’as pas mis le vin au frais…
Les jeunes parents restent seuls.
BF : j’explose si j’entends encore une fois ta mère dire ‘notre bébé’, ce n’est pas leur bébé !! Tu
devrais le dire une bonne fois pour toute à ta mère… Et puis ton père qui trouve que notre
bébé ressemble à sa propre mère !!!
F:
Stp chérie, ne recommence pas maintenant, tu sais bien qu’ils disent ça pour… dire… !
BF : Tu parles !! tu les entends… est-ce qu’ils ont pris la peine de nous dire bonjour… de nous
demander comment ça va !? C’était comme si je n’existais pas !! Si ça continue on ne viendra
plus !!!
F:
s’il te plait…s’il te plait
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
BF :
je me demande ce que tu dirais si c’était mes parents qui se comportaient ainsi ! Eux qui nous
accueillent toujours d’une manière chaleureuse !!
F:
oui, c’est bien connu que tes parents sont parfaits et les miens plein de défauts!!
F/BF : mamma mia ! mamma mia ! Danger ! T’es d’accord qu’on est mal parti !! Ou bien on se
calme… ou bien on est parti pour vivre une crise familiale dans laquelle chacun va faire son
mieux pour donner le pire de soi même !!!
F:
T’as absolument raison en disant que mes parents ont agi comme si l’on était transparents…
mais peut être tu pourrais utiliser ton talent pour le faire remarquer d’une façon non blessante
BF : en ce moment je n’ai pas envie!!!
F:
écoute…, c’est toi qui m’as appris qu’entre se taire et agresser il y toujours la possibilité de dire
les choses d’une façon pour que ça passe… C’est toi qui m’as appris dans nos disputes à ne pas
se faire dicter nos comportements par la colère. Comment tu disais ?? La colère est le pire des
dictateurs !!
BF : entre dire et faire il y a toute la mer…. !!! Laisse-moi respirer un peu à fond pour évacuer la
colère
F:
vas-y ! trois respirations… merci ma puce
BF : j’ai une idée…
Les GP reviennent au salon avec l’apéro
BF : chers beaux-parents on va rejouer la scène de notre arrivée car vous avez oublié une chose….
GP et GM : quoi ????
BF : devinez !!
GP et GM : quoi ???
BF : de dire bonjour à votre fils et à moi!!
GP et GM : oh là là… pardon !! On a été tellement pris par la petite…
GM : et puis pour tout vous dire… on venait de se disputer…
BF et JP sortent et entrent à nouveau. GP et GM les embrassent
GM : passons à l’apéro ! J’appelle ma mère !! Depuis qu’elle est tombée je suis un peu inquiète et je
préfère la garder ici quelque temps… Cette semaine je dois l’accompagner à la clinique pour
des contrôles médicaux donc on n’arrivera pas à garder les enfants comme d’habitude…Elle ne
se plaint jamais… vous la connaissez… mais je suis quand même inquiète
GP : écoute on se débrouille pour garder les enfants, pendant que tu accompagnes ta mère à la
clinique, je m’occupe de Kevin et de la petite
F:
tu m’étonnes toujours papa…jamais j’aurais imaginé que tu pouvais faire ça…changer des
couches, préparer des goûters…
GP : en effet, ça change, terminé mon travail de père toujours pris par le boulot à l’extérieur, je suis
GP maintenant !!
GM : Maman les enfants sont là ! l’apéro est servi !!
AGM : quelle chance d’être là tous ensemble…J’adore profiter de ces moments ! Ma fille 60 ans ! elle
semble encore une gamine ! Et puis les jeunes beautés, la petite et sa maman.. vous êtes
ravissantes les trois !!
GP : des compliments seulement pour les filles !!
AGM : j’adore ces crises de jalousie !! Mais bien sûr que les garçons de la famille sont
formidables aussi!! Mais Kevin n’est pas là ?
BF : il a dormi chez un copain, il va arriver…
AGM : J’ai préparé une petite surprise pour lui…
BF : Vous le gâtez trop !
AGM : laisse-moi le gâter… Je t’avoue une chose, ma petite, quand je suis devenue GM j’avais encore
trop de choses à faire et je n’ai pas tellement profité de mes petits-enfants…C’est maintenant
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
que je découvre le plaisir d’être grand-mère… il y a une semaine avec Kevin on s’est amusé
comme des fous ! On a fait de la peinture et je lui ai appris comment on jouait au Jass
Kevin entre dans la pièce, avec son jeu vidéo dans la main…il embrasse tout le monde et il se rue sur
les chips
F:
arrête de manger ces cochonneries avant le déjeuner !!
GM : mais laisse lui !!
Kevin continue à manger des chips et à boire du coca
F/ BF : arrête !! tu n’auras plus faim pour manger à table ! Et puis on t’a bien expliqué que le Coca est
mauvais pour la santé
GP : mais une fois ça ne le fait pas mourir !
K:
Grand papa, je peux aller jouer au train électrique ?
GP : Oui bien-sûr, vas voir, j’ai rajouté des wagons et des maisons
K:
cool ! cool ! T’as pris les wagons que je voulais ??
GP : oui, oui
F:
tu le gâtes trop !
GP : Je préfère quand il est chez nous qu’il joue avec le train que passer des heures devant la télé
F:
là on est totalement d’accord pour une fois !
AGM : ah les éternelles petites disputes au sujet des enfants !! J’ai peut-être une idée sur comment
les prévenir …
AGM : Je viens de lire deux livres que ma fille a pris à l’Ecole des grands-parents. Avec tout ce qu’elle
a à faire elle ne les avait pas ouverts… mais moi j’ai tout mon temps… Puis-je vous dire deuxtrois trucs utiles pour être au top dans les relations entre générations ? Puis-je ??
Tous : Vas-y
AGM : Puis-je vraiment ??
Tous : Vas-y !!
AGM : D’abord, il est bien utile de prendre le temps – disons une fois par année - entre adultes pour
se mettre d’accord sur les 2-3 règles fondamentales que l’on considère importantes pour
l’éducation de l’enfant. Ces règles-là, tout le monde s’engage à aider l’enfant à apprendre à les
intégrer.
Parallèlement, on s’informe sur les habitudes et pratiques réciproques qui peuvent varier sans
drame d’une sphère à l’autre.
Puis, il y la question : qui est-ce qui cadre les enfants quand on est tous ensemble? Nous avons
tous remarqué que quand on est tous ensemble, notamment à table, les enfants ont un vrai
talent pour nous faire réagir l’un contre l’autre avec des injonctions qui partent dans tous les
sens : termine ton assiette, laisse-le en paix ; reste à table, laisse-le sortir ; enlève tes coudes
de la table, ne l’agace pas ; n’interrompes pas les grandes personnes qui parlent! laisse-le
s’exprimer. Il faut donc décider qui est l’adulte de référence ! Un seul, qui peut varier selon les
situations. Quand on est chez les parents c’est un parent ! Quand on est chez les grandsparents, c’est papie ou mamie! Quand on est en territoire neutre, comme au resto il faut
décider qui joue ce rôle et le dire clairement à l’enfant. L’important est que l’enfant sache qui
le cadre.
Cela nous évite de nous disputer et nous permet de montrer à l’enfant que les adultes savent
bien communiquer entre eux ! Vous savez la vie m’a appris que l’exemple est la voie royale de
l’apprentissage pour l’enfant !
Enfin, il faudrait trouver ensemble des sujets de conversation qui intéressent toutes les
générations. Les enfants quand ils s’ennuient deviennent insupportables. On pourrait choisir
des thèmes permettant à chacun de parler de son expérience, par exemple : mes jeux
préférés quand j’étais petit; mes sports préférés ; les objets dans ma chambre …
Tout le monde participe à donner des idées…
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Discussion
Consécutivement à la saynète, le public et le Dr Frenck ont échangé librement leurs opinions et
interrogations. A nouveau, nous avons conservé la forme du dialogue pour relayer les propos tenus.
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F Vont-ils mettre en pratique toutes les bonnes résolutions ? Qu’en pensez-vous ?
Qui est la personne de référence? Le parent réagit lorsqu’il est chez lui, le grand-parent
quand la famille est chez le grand-parent ?
F Qui décide ? Neuf fois sur 10, c’est l’enfant qui décide. Le piège est le mot réagir.
Privilégier : agir. On réagit et tout est réactif, réagir veut dire qu’on ne réfléchit pas
Le jeune parent chez ses parents avec ses enfants a deux rôles, les jouer en même
temps est compliqué et il ne peut pas ne plus être fils ou père. D’ailleurs, constat
classique, c’est mieux quand le jeune parent n’est pas là, car chacun joue un rôle.
Qui commande ? C’est une convention qui doit être explicite, cela ne va pas de soi.
L’EGP conseille que l’adulte de référence est celui chez qui se situe la rencontre. C’est difficile
de mettre en pratique cette règle quand les jeunes parents sont présents.
F Oui, il y a des risques de collisions quand les pts et les grands-parents sont réunis
chez les grands-parents.
L’exemple est alors la voie royale ? Le rôle du fils est de montrer l’exemple : voilà comment
on se conduit chez ses grands-parents
F Oui, et pour cela il faut qu’il y ait une reconnaissance. Il faut donc que les grandsparents soient suffisamment souples pour reconnaitre à leur fils la capacité d’être
père.
Comment les grands-parents doivent agir ?
F Par l’exemple : dans le dialogue, c’est en observant la relation entre parents et
grands-parents que l’enfant comprend comment la négociation se fait, et pas le
marchandage, mais il faut qu’il y ait un dialogue.
Le grand-parent dit : chez nous, c’est nous qui commandons?
F L’exprimer ainsi, ce n’est pas un dialogue, mais un dictat et le risque l’escalade est
saillant. Au lieu d’imposer, dialoguer.
Les grands-parents et les jeunes parents devraient se poser la question devant l’enfant?
F Oui, les enfants apprennent ainsi le dialogue, le premier point de l’apprentissage est
l’imitation ; on copie, on colle. Dialoguer devant l’enfant, c’est lui permettre de faire
son apprentissage. Elever un enfant, c’est l’amener plus haut, pas seulement
l’éduquer.
Les grands-parents et les jeunes parents peuvent ne pas avoir pas le même avis, ne pas être
d’accord.
F Oui, heureusement ! C’est une richesse, les différences enrichissent. Les deux tribus
doivent s’accorder, c’est obligé dès lors qu’un ovule et un spermatozoïde se sont mis
d’accord. Il faut conserver la hiérarchie. La hiérarchie, c’est les racines qui tiennent
l’arbre. Néanmoins, il faut que les parties communiquent entre elles par le dialogue :
c’est la sève de l’arbre.
Lors des repas qui tirent en longueur, je suggérerais aux parents de laisser les enfants sortir
de table.
F Les enfants ont quelque chose à apprendre dans les repas familiaux. Les sortir de
table, c’est soulageant. Les enfants regardent comme un match de tennis ce qui se
passe à table, ils apprennent comment on se comporte avec une épouse, avec un
parent. Quand un enfant dit à son père : tu as vu comment tu parles à ta mère ; c’est
ce télescopage qui alimente l’apprentissage de l’enfant et rappelle au parent son rôle
de modèle. Il ne faudrait pas trop vite les envoyer dans leur chambre.
Est-ce qu’on regarde la télévision pendant le repas ?
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
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je la débranche ! La télévision est le meilleur exemple de la lutte de pouvoir en
famille. Le pouvoir est détenu par celui qui a la zappeuse. Débranchez la télévision.
Les jeunes parents vont s’en aller.
F Faut pas oublier de leur dire au revoir ! On se réunit pour causer, pas pour regarder
la télévision. Garder la télévision allumée, c’est se sauver (éviter) de dire ce qu’on
devrait se dire.
On est obligé de garder un certain nombre de valeurs auxquelles on tient.
C’est donc un point où la dictature est essentielle, un point où on cesse de discuter.
F Ce sont les jeunes parents qui partent, ils choisissent de partir.
Jusqu’où va la conciliation ?
F Cela dépend de la qualité du dialogue. Il y a beaucoup de familles au sein desquelles
on croit que couper, ne plus se voir, est la solution. C’est en fait la meilleure façon de
garder la plaie ouverte de ne jamais cicatriser.
Comment cicatriser ?
F Vous connaissez les ardoises pivotantes3 ? Dans les vieux bistrots, on adressait le
montant dû au proche solvable, bien qu’il ne soit pas responsable il subissait cette
dette. Celui qui n’a pas reçu ou mal reçu de ses parents fera porter cette dette à la
génération suivante ou à son entourage. Je règle avec mon épouse quelque chose
que je n’ai pas réglé avec mes parents, si je n’y parviens pas avec mon épouse, je le
réglerai avec mes enfants, si je n’y arrive pas avec mes enfants, les enfants paieront.
On n’agit parfois pas pour de bonnes raisons ; je ne règle pas des choses avec mon
père, car il est dépressif ou cardiaque, je cherche alors une femme qui pourra
m’aider à les régler, au bout d’un moment ma femme s’en va et je les règle avec mes
enfants.
Les plaies ouvertes sont donc dangereuses, car on les transmets d’une génération à
l’autre. On y remédie par la parole, par le dialogue. On montre le respect et on le dit.
Qui va commencer ?
F Celui qui est le moins orgueilleux !
Quels symptômes manifestent les enfants quand la belle-fille fait la tête aux grands-parents.
F Les enfants sont pris dans un conflit de loyauté énorme. Si le conflit dur depuis 10
ans, si vous n’avez pas trouvé une occasion d’humilité ou de laisser vos orgueils de
côté, je dirais que les grands-parents et les jeunes parents ont des têtes de cailloux.
Les petits-enfants ont la même éducation que les grands-parents.
Pour moi, les parents restent les parents, les règles des parents restent valables chez moi. Et
s’il y a un conflit, il se règle à un autre moment entre adultes
F La mère parle avec son fils et le fils parle à ses parents, pas la bru ou le gendre qui
parle avec ses beaux-parents : c’est garantir le court-circuit terrible avec incendie,
mettre les doigts dans la prise de l’autre, c’est du 300 Volts !
Que faire quand les jeunes parents humilient leur enfant sous les yeux des grands-parents.
F Il existe les apartés : excuse-moi, pouvons-nous parler dans une autre pièce, et on
parle des faits, de ses sentiments avec humilité : explique moi ce que tu as fait, je
pourrais comprendre autrement.
Si le comportement inadéquat provient de la belle-fille ou du gendre ?
F Passer par le fils : j’ai eu l’impression qu’elle a humilié Jaques tu pourrais en discuter
avec elle, comprendre ce qui s’est passé ?
Dans la saynète, l’ancêtre était marginalisée par son âge, elle a moins le pouvoir de participer
dans la discussion, mais c’est cette personne qui semblait avoir le rapport le plus riche avec
la dernière génération.
F Je suis touché par votre générosité, mais mon avis est celui d’une personne plus
tordue. Cette dame arrive en dernier, s’assied au milieu, tout tourne autour d’elle, la
Le principe de l’ardoise pivotante a été expliqué par Y. Boszormenyi-Nagy et al. (1973)
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
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prise de pouvoir est géniale ! Sans qu’elle le dise la TV est éteinte parce que sa
sainteté va parler : urbi et orbi. C’est une prise de pouvoir dans cette famille, pour
dire : avant de tirer ma révérence, j’aimerais changer la constitution, elle manipule
son assemblée constituante. C’est une prise de pouvoir sournoise…
Je vois plutôt que l’arrière-grand-mère réagit pour améliorer la situation
F Tout-à-fait, mais ça manque de confiance ! Si on veut prendre le pouvoir, c’est parce
qu’on manque de confiance. Je te fais confiance, parce que mes parents me font
confiance. Faire confiance est le plus beau cadeau à faire à ses enfants.
J’ai eu une grand-mère qui était sourde, j’étais le seul à savoir qu’elle n’était pas
sourde, ça l’arrangeait que les autres la croient sourde. Ne sous-estimer pas les
stratégies des gens du troisième âge pour prendre le pouvoir.
Nous résumons cet échange par les recommandations suivantes :
 Faire confiance à ses enfants
 Reconnaître la capacité de ses enfants à être parent
 Dialoguer en famille
 Décider explicitement ensemble qui commande chez qui
 Communiquer ses incompréhensions, doutes et craintes quant à l’éducation des petitsenfants à sa fille ou à son fils, plutôt qu’à sa bru ou à son gendre
 Faire taire son orgueil
 Les plaies ouvertes sont dangereuses : on transmet la blessure à la génération suivante
Maya, 7 ans, APEMS de Montoie
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Troisième mise en scène
Un tas de bonnes raisons de se dire merci !
Par cette saynète, Vittoria Cesari Lusso a souhaité en toute humilité formuler des suggestions, afin d’
éviter les petites myopies relationnelles. Très souvent, le problème n’est pas qu’on ne veut pas
communiquer autrement, mais on n’y pense pas.
Moi parent, je remercie les grands-parents…
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Merci de nous avoir proposé à maintes reprises : Allez faire un week-end en amoureux, ne
vous inquiétez pas ! nous on s’occupe des enfants !
Merci d’offrir à nos enfants la possibilité de profiter de GP bien aimants et patients
Merci pour ce compliment inoubliable : bravo pour les résultats du petit à l’école, nous
savons bien que cela est le fruit aussi de votre travail
Merci d’éviter de prononcer la phrase: à ta place je ferais… mais de nous dire ‘si tu permets
je te donne mon point de vue’
Merci d’éviter de faire de comparaisons défavorables du type : les enfants de ta sœur (ton
frère) sont des anges (en sous-tendant que les notre sont des diables)
Merci d’avoir été très discrets dans les moments de crise de notre vie conjugale
Merci de nous montrer au quotidien qu’avec l’âge l’on peut devenir plus sage
Merci….
Moi grand-parent, je remercie les jeunes parents
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Merci d’avoir décidé de devenir parents, sans cela on aurait pas eu la chance de goûter au
rôle de grands-parents
Merci de nous avoir offert la joie de tenir un bébé dans nos bras
Merci d’avoir appris aux petits-enfants à dire les mots « grand-papa et grand-maman, papie
et mamie, et tant d’autres appellations originales »
Merci de nous avoir confié de temps à autre la garde des petits chérubins ; c’est ainsi que
nous avons pu créer avec eux une vraie relation
Merci de leur avoir appris à nous dire ‘merci, stp et d’autres mots bien aimables… ‘
Merci pour votre indulgence face à des possibles débordements d’apprentis grands-parents
Merci d’avoir motivé le petit à nous faire des jolis dessins pour nos anniversaires
Merci d’essayer d’arriver à l’heure quand vous venez déjeuner chez nous, même si chez vous
les horaires sont très flexibles
Merci d’avoir pu réfléchir ensemble sur les règles d’or à suivre pour aider un enfant à grandir
dans la société d’aujourd’hui
Merci…
Moi le grand-parent, je remercie mes petits enfants
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Merci de m’avoir permis de redécouvrir les petites merveilles du monde : un papillon qui
vole ; une feuille qui bouge, l’étonnement du bruit de la pluie qui tombe
Merci d’avoir fait émerger l’enfant caché en moi depuis longtemps moyennant plein
d’émotions: la tristesse quand je te vois pleurer ; le bonheur face à ton sourire ; le plaisir de
jouer avec toi comme quand j’étais petit
Merci d’être mon avenir voire mon brin d’éternité
Merci de courir en souriant vers moi quand tu me vois
Ecole des Grands-parents de Suisse Romande
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !

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Merci de m’avoir poussé à entrer dans l’univers de l’informatique pour pouvoir continuer à
communiquer avec toi
Merci de m’obliger à pratiquer la course à différents niveaux pour te courir après
Merci…
Moi le petit-enfant de 7 ans, je remercie mes grands-parents
Moi la petit-enfant jeune adolescente, je remercie mes grands-parents
Enfant de 7 ans
 Merci de me préparer toujours mes plats
préférés
 Merci pour vos commentaires sympathiques
sur mes parents
 Merci de n’être jamais pressés
 Merci de me répéter : La patience est le guide
le plus sûr dans le chemin du futur
 Merci de m’avoir transmis la passion de la
construction
 Merci des histoires que vous m’avez raconté
sur mon papa et ma maman quand ils étaient
petits
 Merci grand-père d’oublier ton mal au dos
pour me permettre de monter à cheval sur
ton dos ; de faire de l’escrime avec moi dans
le salon de grand-mère; de me proposer de
jouer au foot quand je passe trop de temps
avec des jeux vidéo
 Merci pour cette maison de famille dans
laquelle je retrouve mes cousins en été
 Merci de m’avoir appris à dire la vérité et de
m’avoir suggéré les bons mots
 Merci de supporter mes cris et mes
turbulences
 Merci de m’aider à comprendre que je suis
votre trésor mais pas le centre de l’univers
 Merci pour les habits que vous achetez pour
moi
 Merci pour les moments de bonne humeur
 Merci de m’avoir permis de tirer les feux
d’artifice même si cela vous stresse beaucoup
 Merci de m’avoir parlé dans votre langue
d’origine : je suis fier d’être bilingue!
 Merci pour le respect et l’amour que vous
portez à mes parents
 Merci d’être tout simplement mes grandsparents
Jeune adolescente
 Merci de me préparer de bons plats qui ne
font pas grossir
 Merci de m’expliquer que la sévérité de mes
parents est une forme d’amour
 Merci du calme que vous m’offrez
 Merci de me répéter : moyennant la
patience l’amer devient doux, et la feuille
du mûrier devient velours
 Merci de tolérer mes silences et mes
bouderies d’ado
 Merci de m’avoir poussée à trouver les mots
pour défendre mes idées
 Merci de ne pas critiquer ma façon de
m’habiller et de me coiffer, même si vous ne
l’aimez pas beaucoup
 Merci de m’avoir permis de sortir un soir lors
que j’étais en vacance avec vous, même si
cela vous stressait beaucoup
 Merci de m’avoir parlé dans votre langue
d’origine : je suis fière d’être bilingue voire
trilingue!
 Merci d’avoir épaulé mes parents face à mes
crises d’ado en leur rappelant qu’eux aussi
sont passés par là
 Merci d’être tout simplement mes grandsparents
Nous vous invitons à choisir à qui, demain, vous aurez envie de dire merci.
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Conclusion
Mot de conclusion de Norah Lambelet Krafft
Nous arrivons maintenant au terme de cette journée qui restera mémorable pour notre Association.
Il me vient à l’esprit bien des questions que j’aimerais vous offrir en cadeau pour continuer
d’alimenter les réflexions débutées ensemble aujourd’hui:




A quoi avons-nous assisté ?
Qu’avons-nous appris cet après midi ?
Comment voulons-nous continuer à communiquer dans notre famille ?
Quelles actions pouvez-vous mettre en place dans vos familles ?
Laissez revenir ces questions de temps à autres dans votre mémoire, parlez en à vos proches, à vos
amis, faites fructifier ce que nous avons essayé de vous apporter durant cet après midi. Bonne rentrée
chez vous et bonne année 2013.
MERCIS
Attention, moi aussi j’ai ma liste de mercis… je ne veux pas terminer ces moments magnifiques sans
dire, moi aussi, de nombreux merci, même si cela risque d’être un peu long...
Merci à vous, chers participants, d’être venus partager ce moment avec nous, merci à Vittoria CesariLusso auteure des scenarii et inspiratrice de cette journée, à Isabelle Rémy notre metteuse en scène
et à Nahum Frenck notre animateur et commentateur, merci à Martine Chuard Delaly qui nous a
coachés et soutenus depuis une année dans le projet du colloque, merci à vous amis acteurs, Jenny,
Fabienne, Emmanuelle, Olivia, Béatrice, Franco, Jacques, Alessia, et enfin Vladimir, qui avez eu le
courage de vous lancer sur la scène, merci à ceux qui ont recherché des fonds pour financer ce
projet, et merci à tous les bénévoles qui vous êtes engagés et lancés à fond dans notre projet un peu
fou. Merci à Nicole pour son travail en coulisse, merci à vous membres du Comité, Dominique,
Christiane, Monique, Marie, Michèle, Mireille, qui avez œuvré depuis plus d’une année, par beau
temps et par tempêtes, pour faire de cette journée un succès. Merci aux enfants, et à leurs
éducateurs, de l’Accueil pour enfants en milieu scolaire de Montoie et du centre de vie enfantine de
Clos de Bulle de Lausanne. Merci à la Ville de Lausanne par le bais de la Campagne « Moi & les
autres » qui a sélectionné et soutenu notre projet intergénérationnel, merci à nos donateurs : la
Loterie Romande, la Fondation Leennards, le Service de Protection de la Jeunesse, les Pharmacies
Amavita. Merci à tous les grands-parents que j’ai connus depuis dix ans, merci de la confiance qu’ils
nous témoignent. Merci aussi à vous, spectateurs pour votre présence active.
C’est avec reconnaissance que je déclare le 2ème Colloque de l’EGP terminé. Vive l’EGP et tous ses 160
membres, vive l’avenir ! et bonne année 2013.
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Actes du colloque : Mes grands-parents, mes parents et moi !
Avec le soutien de :
Olivia, CVE de Clos de Bulle
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