Filmer la prison, filmer en prison
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Filmer la prison, filmer en prison
04-a-Leroy:Mise en page 1 21/12/10 8:06 Page 18 Filmer la prison, filmer en prison Les nouvelles représentations du monde carcéral dans le cinéma français Alice Leroy* L E succès critique et populaire du film de Jacques Audiard, Un prophète (2009), a revitalisé un genre que le cinéma avait fini par abandonner aux séries télévisées (Oz, Prison Break). De Shutter Island (2010) de Martin Scorsese à Cellule 211 (2009) de l’Espagnol Daniel Monzón en passant par Bronson (2008) du Danois Nicolas Winding Refn, le thème carcéral se décline aujourd’hui sous toutes ses formes. En France, Kim Chapiron fait dans Dog Pound (2010) la peinture âpre d’une prison pour mineurs américaine tandis que Stéphane Cazès, scénariste lauréat de la fondation Gan en 2009, prépare un film sur le sujet délicat de la maternité en détention (Le sens de nos peines). Le documentaire n’est pas en reste de cette actualité avec Prison Valley, un web documentaire de David Dufresne et Philippe Brault1 immergeant le spectateur-internaute au cœur d’un complexe pénitentiaire géant au Colorado. D’autres types de productions investissent cet univers souvent soustrait au regard et pourtant abondamment illustré dans l’histoire du cinéma. Parmi elles, les œuvres coréalisées dans les ateliers audiovisuels en prison par des détenus et des cinéastes, comme Anne Toussaint au sein de la maison d’arrêt de la Santé avec l’association « Les yeux de l’ouïe ». Retiennent également l’attention deux premiers longs-métrages de fiction sortis cette année : Qu’un seul tienne et les autres suivront, de Léa Fehner, et Les mains libres, de Brigitte Sy. Loin de la simple répétition d’un motif plus souvent exploité dans le cinéma américain qu’en France, ces films demandent à être abor* Doctorante à l’université de Provence. 1. Diffusé sur le site : prisonvalley.arte.tv Janvier 2011 18