Filmer la prison, filmer en prison

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Filmer la prison, filmer en prison
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Filmer la prison, filmer en prison
Les nouvelles représentations du monde carcéral
dans le cinéma français
Alice Leroy*
L
E succès critique et populaire du film de Jacques Audiard, Un prophète (2009), a revitalisé un genre que le cinéma avait fini par abandonner aux séries télévisées (Oz, Prison Break). De Shutter Island
(2010) de Martin Scorsese à Cellule 211 (2009) de l’Espagnol Daniel
Monzón en passant par Bronson (2008) du Danois Nicolas Winding
Refn, le thème carcéral se décline aujourd’hui sous toutes ses formes.
En France, Kim Chapiron fait dans Dog Pound (2010) la peinture
âpre d’une prison pour mineurs américaine tandis que Stéphane
Cazès, scénariste lauréat de la fondation Gan en 2009, prépare un
film sur le sujet délicat de la maternité en détention (Le sens de nos
peines). Le documentaire n’est pas en reste de cette actualité avec
Prison Valley, un web documentaire de David Dufresne et Philippe
Brault1 immergeant le spectateur-internaute au cœur d’un complexe
pénitentiaire géant au Colorado.
D’autres types de productions investissent cet univers souvent
soustrait au regard et pourtant abondamment illustré dans l’histoire
du cinéma. Parmi elles, les œuvres coréalisées dans les ateliers
audiovisuels en prison par des détenus et des cinéastes, comme Anne
Toussaint au sein de la maison d’arrêt de la Santé avec l’association
« Les yeux de l’ouïe ». Retiennent également l’attention deux premiers longs-métrages de fiction sortis cette année : Qu’un seul tienne
et les autres suivront, de Léa Fehner, et Les mains libres, de Brigitte
Sy. Loin de la simple répétition d’un motif plus souvent exploité dans
le cinéma américain qu’en France, ces films demandent à être abor* Doctorante à l’université de Provence.
1. Diffusé sur le site : prisonvalley.arte.tv
Janvier 2011
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