Dans « Le Finistère Monumental », Louis Le Guennec signale que

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Dans « Le Finistère Monumental », Louis Le Guennec signale que
Le presbytère en 2008 (Photo Google)
Dans « Le Finistère Monumental », Louis Le Guennec signale que « dans le mur du jardin du presbytère [de Saint-Divy]
deux écussons ovales accolés, accompagnés du millésime 1688, sont blasonnés aux armes des du Louët et des
Kersauzon. » C’est la plus ancienne référence que nous avons trouvée concernant Rosarfeunteun, ce qui veut pas dire
que la maison soit de la même année. Ces écussons ont été enlevés.
La maison de Rosarfeunteun ou Roz-ar-Feunteun (le Coteau de la Fontaine) a vraisemblablement été construite au
XVIIIe siècle. Son histoire est liée au Manoir de la Haye. C’était une vaste maison bourgeoise aux murs crépis à la
chaux avec double rangée de cinq ouvertures sur chaque façade, sans la moindre ornementation architecturale,
entourée d’un jardin de 12 ares. La propriété
était close par un mur élevé de moellons
auquel étaient adossées des constructions
annexes : écurie, étable, poulailler, grange…
Sur le cadastre napoléonien, ces annexes sont
accolées au mur sud (du côté de la mairie).
Actuellement, les traces de murs adjacents ne
sont visibles qu’au nord, signe que les démolitions et reconstructions se sont succédées
dans l’enceinte jusqu’à un passé récent.
Pendant la révolution son propriétaire est
François-Marie de Penfeunteuniou qui décède
sans descendance à Lesneven le 14 janvier
1792. Il aura pour héritier son demi-cousin
germain François-Marie du Poulpry qui vient
s’établir à La Haye.
Détail du cadastre napoléonien de 1828. L’implantation des constructions
de Rosarfeunteun (au centre) est différente de celle qui existe de nos jours.
Après la Révolution, le second fils de ce dernier, François-Claude, marquis du Poulpry et chevalier de St Louis, succède
à son père à La Haye. Il sera maire de Saint-Divy de 1808 à 1820. Il décède sans descendance le 25 février 1827 et
est enterré à Saint-Divy le 27.
A la suite d’un procès retentissant, la famille de Kerguiziau de Kervasdoué hérite de La Haye, mais la maison de
Rosarfeunteun échoit à la femme du défunt, Marie-Gabrielle-Clette de Penfeunteuniou, marquise de Poulpry, qui
décède à son tour en mai 1849. Dans son testament rédigé en 1842, elle a légué au conseil de fabrique de Saint-Divy
la maison de Rosarfeunteun, ses dépendances, son jardin et un certain nombre de terres réparties sur la commune,
« à la charge pour la fabrique légataire de faire célébrer une octave après le décès de la testatrice et une autre octave
le jour et an de son décès, pour le repos de son âme ». L’ensemble est estimé à 9 072,40 francs selon les délibérations
du conseil de fabrique.
Précédemment, en 1843, les frères de Ploërmel ont créé une école à SaintDivy, au manoir de Kerbiriou mis à leur disposition par le propriétaire de La
Haye à cette époque, le vicomte Joseph-Alexandre de Kerguiziau de Kervasdoué dont la tombe est toujours visible près de la sortie ouest du cimetière.
Au printemps 1851, les frères s’établissent à Rosarfeunteun pour y fonder un
internat. La communauté comptera jusqu’à 5 frères. Le nombre d’élèves est
très variable d’une année à l’autre et même au cours d’une même année en
fonction des travaux agricoles. Il dépasse régulièrement 150. On compte
même 220 élèves en 1849 ! L’école recrute à Saint-Divy et dans les communes environnantes. Celles-ci finissent par créer leurs propres écoles. Dès lors
les effectifs de l’école de Saint-Divy s’amenuisent sensiblement. L’établissement est transféré à Landerneau en 1863 pour jeter les bases de l’Institution
Saint-Joseph. Les derniers frères quittent définitivement Saint-Divy en 1869.
Dès 1864, M. Paul Postec, nommé recteur de la paroisse, s’installe sous le
même toit que les frères. Depuis cette date, la maison de Rosarfeunteun sert
de presbytère.
A la suite des lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 et 1907, les
biens paroissiaux, y compris la maison de Rosarfeunteun, sont confisqués et
La tombe de Joseph-Alexandre de Kerattribués à la commune de Saint-Divy. Le jour de l’inventaire des biens de
guiziau de Kervasdoué au cimetière de
l’église, le 21 novembre 1906, le commissaire et le sous-inspecteur des
Saint-Divy.
domaines, accompagnés de cuirassiers et de gendarmes, sont obligés de
forcer la porte de l’église où s’est rassemblée la population opposée à cette expropriation. Ces événements sont relatés
dans un registre du presbytère et le recteur, encore pénétré d’une sainte colère, conclut : « Le souvenir de ce sacrilège
restera gravé longtemps dans la mémoire des paroissiens de Saint-Divy. Les pères et les mères le diront à leurs enfants
et à leurs petits enfants… » Il n’est pas sûr que cette imprécation se soit réalisée…
En 1907, le conseil municipal adopte la délibération suivante : « Le conseil municipal à l’unanimité laisse à titre gratuit
pendant 18 ans la dite maison avec ses dépendances actuelles à Monsieur le desservant [le recteur] Herry à condition
pour lui de payer les impôts afférants aux réparations locatives. » Manifestement, la municipalité veut maintenir le
presbytère au service du clergé.
Ceci se confirme en 1912. Le Préfet propose la création d’un bureau de bienfaisance dans la commune de Saint-Divy
avec les biens ayant appartenu aux anciens établissements ecclésiastiques. Mais le conseil municipal émet à l’unanimité la protestation suivante : « Le conseil municipal et les membres du bureau d’assistance représentant la population
totalement catholique protestent de toute leur énergie contre la violation des biens de l’église de Saint-Divy. Ils se
considèrent comme dépositaires de ces biens dont ils respectent la propriété et s’en constituent les gardiens fidèles
jusqu’au moment où il leur sera permis de les rendre à leur légitime destination. » Il semble toutefois que le conseil
municipal ait dû se plier à la demande du Préfet et créer ce bureau de bienfaisance qui devient propriétaire du domaine
de Rosarfeunteun, tout en le laissant à la disposition du recteur.
En 1927, la propriété de Rosarfeunteun nécessite d’importants travaux de réparation. Le bureau de bienfaisance
propose à M. Siohan, alors recteur de Saint-Divy, d’acheter le presbytère et de le restaurer à ses frais. La vente est
conclue le 25 février 1928 pour la somme de 15 000 francs. Différents dons et prêts permettent à M. Siohan de recueillir
la somme nécessaire. Mais le registre paroissial mentionne pour l’année 1929, au titre de « Rachat-Réparation
presbytère et dépendances » une dépense de 34 971,95 francs, supérieure de 20 000 francs au prix d’achat. La
nécessité de réparations était bien réelle.
M. Siohan en devient propriétaire au nom de la paroisse et non à titre personnel. Il lui reste donc à transmettre ce bien
à la communauté paroissiale, ce qui sera fait 15 ans plus tard. Les 26 et 28 mars 1942, le recteur cède la propriété de
Rosarfeunteun à l’Association Diocésaine de Quimper et Léon. Les associations diocésaines sont des structures
légales, différentes des associations loi 1901, reconnues conformes à la loi par le Conseil d’Etat en 1923 et instituées
par un accord conclu en 1924 entre le gouvernement français et le Saint-Siège. Elles ont pour objet de subvenir aux
frais et à l’entretien du culte tout en restant sous l’autorité de l’Eglise et de sa hiérarchie (pape, évêques…).
Septembre 1949 : ouverture de l’école Ste Marie avec 4 religieuses de la congrégation de Broons. Les bâtiments ont
été construits sur le terrain situé au nord du presbytère.
De 1952 à 1959, la salle de patronage, située près de l’entrée dans la cour du presbytère, est aménagée au prix
d’importants travaux intérieurs et extérieurs. Celle-ci sert notamment pour des représentations théâtrales par les jeunes
de la paroisse. Elle sera également utilisée comme salle de tennis de table de 1977 à 1983 jusqu’à ce que l’association
sportive puisse intégrer la salle B du Valy-Ledan. On verra même, en 1953, une partie de la salle du patronage servir
provisoirement de mairie durant des travaux effectués dans l’ancienne mairie (à l’ouest de la boulangerie) attaquée par
la mérule. Dans les années 1990, devenu inutile, le local du patronage sera démoli.
Vers 1960, le nouveau recteur crée une association sportive qui pratique le football sur un terrain de la paroisse à l’ouest
de Rosarfeunteun. Ce terrain sera ensuite acheté par la commune en décembre 1971 et restera au service de
Saint-Divy-Sport-Football jusqu’en 2006.
En octobre 1971, installation du chauffage central et de l’eau courante dans les chambres du presbytère. En 1972 et
mars 1973, remplacement des croisées et volets, de la porte et du portail donnant sur la rue ; réfection des sols de
plusieurs pièces.
En 1974 la mairie achète au presbytère une bande de terre le long du terrain de football et une partie du jardin. Cet
espace est d’abord aménagé en petit parc avec aire de pétanque. En 2008 la municipalité y construit la cantine, la
garderie municipales et le local du Club des Genêts.
Depuis 1980, le presbytère a été rénové intérieurement grâce au travail de bénévoles. L’étage est transformé en
appartement pour le ou les prêtres résidents. Au rez-de-chaussée sont aménagées deux salles de réunion et un
bureau-accueil.
Le dernier recteur résident de St Divy est Clet Méner. Il occupe le presbytère de 2002 à 2009. Jean Conq, aumônier du
CMR, est le dernier prêtre à avoir occupé l’appartement jusqu’en juillet 2013.
Jean Bozec
Photo aérienne du bourg de Saint-Divy
(18 août 1966).
La mairie actuelle n’est pas encore construite et le
terrain de foot du bourg n’est pas tracé.
On distingue les bâtiments les plus anciens de
l’école Sainte-Marie et la salle du patronage dans
l’enceinte du presbytère.
(Photo du site Géoportail)
Carte postale aérienne du bourg de Saint-Divy
dans les années 1960.
En haut à gauche, on distingue bien le presbytère
et son jardin entourés de murs.
Liste des recteurs de St Divy
Traditionnellement en Bretagne, les paroisses rurales sont sous la responsabilité d’un « recteur » (en breton : « person »). C’est le
vicaire qui est appelé « curé » (en breton : « kure »).
Jusqu’en 1828, Saint-Divy est une trève de La Forest. Le prêtre désigné comme « curé de Saint-Divy » est en réalité un vicaire
dépendant de La Forest mais plus spécialement chargé de Saint-Divy. La liste ci-dessous mentionne les prêtres qui signent le plus
souvent les registres.
1789-1791 :
1795-1796 :
1797-1802 :
1802-1806 :
1806 :
1806 :
1810 :
1815-1823 :
1824-1828 :
M. François Gabriel Causeur (desservant de Saint-Divy) a été élu comme maire de Saint-Divy pendant un an ; il a été arrêté en 1791 puis libéré.
M. Lévénez (desservant de Saint-Divy et recteur de Rosnohen)
M. Prigent Madec (curé de La Forest) et Claude Pilven (recteur de La Forest)
M. Gourmelon (curé de Saint-Divy), M. Gourvez (desservant de Saint-Divy), M. François Gabriel
Causeur
M. Arzel (vicaire provisoire de Saint-Divy)
M. Graveran (desservant de La Forest et de Saint-Divy)
M. Madec (curé de La Forest et chargé de Saint-Divy)
M. Péron (desservant de La Forest et chargé de Saint-Divy)
M. Rosec (desservant de Saint-Divy et chargé de St Thonan)
En 1828 l’église succursale de Saint-Divy devient église paroissiale.
1828-1859 :
1859-1863
1863-1871
1871-1906 :
1906-1923 :
1923-1949
1949-1954
1954-1960
1960-1971
1971-1980 :
1980-1990 :
1990-1995 :
1996 :
1996-2002 :
2002-2009 :
Yves Manac’h (recteur de Saint-Divy)
Jean Floc’h (recteur de Saint-Divy)
Paul Postec (recteur de Saint-Divy)
Jacques Cantinat (recteur de Saint-Divy)
François Herry (recteur de Saint-Divy)
Guillaume Siohan (recteur de Saint-Divy)
Eugène Stang (recteur de Saint-Divy)
Jean-Louis Le Borgne (recteur de Saint-Divy)
Jean-René Merceur (recteur de Saint-Divy)
Jacques Laurent (recteur de Saint-Divy)
Yves Kerleguer (recteur de Saint-Divy puis de La Forest et Saint-Divy)
François Maguer (recteur de l’ensemble paroissial La Forest, Saint-Divy et Saint-Thonan)
Pierre Cloarec (curé de Landerneau et recteur de l’ensemble paroissial)
Jacques Le Roy (recteur de l’ensemble paroissial)
Clet Mener (recteur de l’ensemble paroissial)
A partir de 2009, les curés du doyenné de Landerneau sont également recteurs de St Divy
2009-2012
2012
Jean-Marc Poullaouec
François Calvez
Sources :
Registres du presbytère de St Divy
Le Finistère Monumental – Tome II : Brest et sa région (Louis Le Guennec)
Châteaux et Manoirs de Bretagne – La Haye en Saint-Divy par Jacques Charpy
Documentation des frères de Ploërmel sur l’école de St Divy
Archives départementales en ligne : http://www.archives-finistere.fr
Le site Géoportail : http://www.geoportail.gouv.fr