Le bilan de la consommation en médicaments

Transcription

Le bilan de la consommation en médicaments
Le bilan de la consommation
en médicaments
Dossier
Stratégie d’entreprise
Fevec
Dans le cadre de l’encadrement de la distribution et de l’usage des médicaments par
les vétérinaires, une valorisation automatique des ordonnances de prescription fournit
des éléments objectifs sur l’usage des médicaments dans les troupeaux, et cela
indépendamment de la motivation de l’éleveur pour les enregistrements sanitaires.
La prescription du médicament est faite obligatoirement par le vétérinaire.
D
ans les groupes d’éleveurs en convention
avec des vétérinaires (GVC), l’usage des
médicaments est fortement encadré par
les vétérinaires qui en assurent la prescription et
la distribution, notamment par un système d’information efficace où l’ordonnance occupe une
place centrale.
L’ordonnance doit être au cœur du suivi
sanitaire
Les médicaments utilisés sont décrits suivant une
classification à 3 niveaux :
■ La catégorie : préventif / curatif / matériel…
■ La famille : antibiotique / anti-inflammatoires /
anti-parasitaires…
La sous-famille : pour les antibiotiques, injectables/oraux…
■
Un bilan médicaments
pour orienter le travail de
prévention
Depuis 2002, les vétérinaires
des GVC ont élaboré un document unique « Le bilan de
la consommation en médicaments ». Les résultats sont
présentés autour de 3 chiffres synthétiques (coût total
en médicaments, coûts en médicaments curatifs, coûts en
MARS 2006 - TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126
LE BILAN DE LA
CONSOMMATION EN
MÉDICAMENTS EST
AUTOMATISABLE
À PARTIR DES
ORDONNANCES.
XXV
Le bilan de la consommation en médicaments
Indicateurs
de la
consommation
de
médicaments
Neuf indicateurs expliquent plus de 80 %
de la consommation
en médicaments curatifs et préventifs
dans les troupeaux
de vaches laitières :
antibiotiques injectables, traitements des
mammites (tubes),
traitements de l’infécondité, troubles métaboliques, diarrhées
des veaux (sachets,
cachets), traitements
au tarissement, traitement douve et paramphistome, traitements
des strongles, vaccins. Ces indicateurs
sont conçus pour être
la traduction de situations pathologiques
ou de pratiques sanitaires.
Complétés de 3 chiffres synthétiques
(coût total en médicaments, coûts en
médicaments curatifs, coûts en médicaments préventifs),
les éleveurs disposent
d’un bilan médicaments performant.
XXVI
Exemple de consommation moyenne en médicaments
de troupeaux bovins laitiers en Rhône-Alpes
Groupe
Coût total /UIV
dont médicaments curatifs
dont médicaments préventifs
Moyenne Fevec
37.79 €
24.23 €
12.12 €
Les 9 indicateurs Fevec
Antibiotiques injectables
Traitement des mammites (tubes)
Traitement de l’infécondité
Troubles métaboliques
Diarrhées des veaux (sachets, cachets)
Traitement au tarissement
Traitement douve et paramphistome
Traitement strongles
Vaccins
Les 9 traceurs expliquent
6.37 €
4.50 €
3.66 €
1.62 €
3.23 €
3.66 €
1.36 €
5.11 €
0.96 €
% du total
18 %
12 %
10 %
4%
9%
10 %
4%
14 %
3%
84 % du coût total
1 unité d’intervention vétérinaire (UIV) est un équivalent des UGB pour les soins.
Exemple : 1 vache laitière et son veau jusqu’au sevrage = 1 UIV
1 génisse de deux mois au vêlage = 0.2 UIV…
Source : Fevec - références établies sur 520 troupeaux laitiers (soit 18 846 UIV) de Rhône-Alpes en 2004
médicaments préventifs) et 9 indicateurs conçus
pour être la traduction de situations pathologiques ou de pratiques sanitaires. Les 9 indicateurs
expliquent plus de 80 % de la consommation en
médicaments curatifs et préventifs dans les troupeaux de vaches laitières (cf. tableau « Exemple de
consommation moyenne en médicaments de troupeaux bovins laitiers en Rhône-Alpes »). Sur la base
des résultats de l’éleveur et en complément des
autres bilans établis (actes réalisés, sanitaires, fécondité), le vétérinaire peut suggérer un travail
de prévention pour réduire la pathologie, donc
la consommation en médicaments et les pertes
dues aux troubles de santé.
Des références de groupe
pour se positionner et se comparer
Le Bilan des médicaments est édité systématiquement pour tous les adhérents des groupes d’éleveurs (GVC). Il est utilisé en positionnement dans
les parcours personnalisés de formation, en formation (par exemple sur les enregistrements sanitaires) et dans l’animation de groupes d’échanges de pratiques.
Il apporte la preuve que l’usage des médicaments par les éleveurs est effectivement encadré
par les vétérinaires (ce qui est une exigence réglementaire).
Le médicament vétérinaire :
des enjeux forts
Il y a quatre enjeux principaux autour du médicament vétérinaire :
■ Le monde de l’élevage doit apporter la preuve
que l’utilisation des médicaments est encadrée
par les vétérinaires et raisonnée au niveau de
l’élevage, en accord avec la réglementation sur la
pharmacie vétérinaire. Pour cela, il faut donc assurer la traçabilité du médicament (prescription,
délivrance, formation à l’usage, enregistrements
sanitaires, bilan et même gestion des déchets).
■ Un enjeu de santé publique : il faut éviter
l’émergence de résistances aux antibiotiques. De
façon générale, plus on utilise d’antibiotiques,
plus on prend le risque de créer des résistances
des bactéries à ces antibiotiques. Il convient donc
de mieux en réfléchir et d’en limiter l’usage aux
strictes situations nécessaires.
■ Un enjeu lié aux attentes de la société : en terme d’image, le consommateur exige des produits
alimentaires sains provenant d’animaux en bonne
santé, donc consommant moins de médicaments.
TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126 - MARS 2006
Dossier
Stratégie d’entreprise
Il y a également un vrai enjeu
autour du médicament dans la relation entre les éleveurs et les vétérinaires. Le médicament qui représente la
moitié du chiffre d’affaires des cabinets vétérinaires, est un élément clé
pour le maintien d’un maillage de
vétérinaires ruraux sur les territoires. Les éleveurs doivent avoir conscience de cet état de fait, et éviter
de brader le sanitaire sur leur exploitation (avec un seul objectif de
réduction des charges, sans réfléchir aux pertes), et surtout ne pas
faire de la vente à la découpe de
la santé animale (le véto urgentiste, le conseil sanitaire glané ici
ou là, les médicaments dans un
groupement d’achats ou à la
pharmacie…).
La place du médicament
dans l’équilibre financier de
l’activité des vétérinaires ruraux est un enjeu qui demanderait souvent un peu
plus de transparence. ●
Fevec
■
P. Sulpice, Fevec
Pour une traçabilité
complète du médicament,
il est conseillé de reporter
le numéro d’ordonnance
sur l’emballage.
Exemple d’un bilan
médicament remis à l’éleveur.
La réglementation du médicament vétérinaire
Seuls les vétérinaires (praticiens et ceux de groupement qui ont un Plan Sanitaire d’Elevage -PSE
- agréé) peuvent prescrire des médicaments.
Il y a 3 ayants-droits pour la vente des médicaments :
Les vétérinaires praticiens, dans le prolongement de l’activité de soins qu’ils réalisent dans
les élevages (ils ne peuvent pas tenir une « officine ouverte »).
■
Les vétérinaires de groupement ayant un PSE,
et cela uniquement pour certains médicaments
de la liste positive (médicaments préventifs).
■
Les pharmaciens : l’éleveur doit se présenter
avec une ordonnance de prescription établie par
un vétérinaire. On constate rapidement que cette situation théorique (prescription par le vétérinaire, délivrance par le pharmacien) est intenable économiquement, le pharmacien encaissant
les recettes et le vétérinaire conservant pour lui
toutes les charges de la prescription sans rému■
nération (conseil, connaissance nécessaire de
l’élevage…).
Tous les autres cas de délivrance du médicament
sont illégaux ! Normalement, la prescription se
fait au chevet du malade pour un animal examiné pour le vétérinaire. La prescription anticipée
deviendra légale dans un prochain décret de loi
qui est en attente de parution, et qui validera un
usage de bon sens : l’éleveur est le premier infirmier du troupeau, il détecte, diagnostique et
soigne les maladies courantes (mammites, diarrhées…) qui relèvent directement de sa compétence. Pour cela, il doit disposer d’une pharmacie de base déjà approvisionnée pour intervenir
rapidement. Il doit disposer aussi d’une formation à l’observation de l’animal, des consignes
d’usage des médicaments (ordonnances et protocoles de traitement établis avec le vétérinaire)
et faire des bilans réguliers avec son vétérinaire
(un bilan sanitaire notamment).
MARS 2006 - TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126
Une valorisation technicoéconomique du registre
des traitements donne
du sens et permet
d’entretenir la motivation
pour l’enregistrement
sanitaire.
P Sulpice, Fevec
Philippe Sulpice
Animateur de la Fevec
La prescription médicale
et le devoir d’information
font partie des missions du
vétérinaire.
XXVII
Glossaire du monde de l’élevage
Voici la présentation en quelques mots de la
nature et du rôle des différents partenaires
que nous pouvons rencontrer dans le monde
de l’élevage.
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XXVIII
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Direction des services vétérinaires. Administration
départementale gérant les questions de santé animale et de sécurité alimentaire.
Etablissement départemental de l’élevage.
Ecole nationale vétérinaire ; il y en a 4 en France :
Maisons-Alfort, Nantes, Lyon, Toulouse.
Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention : elle fédère et met en réseau les groupes vétérinaires conventionnés (GVC), comme par
exemple : l’AEML (Association des éleveurs des
Monts-du-Lyonnais - 42 et 69), créé en 1980 ;
l’Avem (Association vétérinaire éleveurs du Millavois - 12) créée en 1979, spécialisée dans le suivi
de troupeau de brebis laitières ; et la Copav (GVC
du Forez - 42) créé en 1980 – [email protected]
Fédération nationale des groupes de défense sanitaire ; elle a pour rôle de définir les orientations
sanitaires professionnelles ; de fédérer les GDS
(associations départementales). Organisme interlocuteur de la profession vétérinaire et de l’Etat.
Fédération nationale des groupes d’études et de
développement agricole. Elle fédère des associations d’agriculteurs et d’éleveurs qui travaillent
entre autre des questions ayant trait à l’élevage
- par exemple les GDA (Groupes de développement agricole), les Ceta (Centre d’études et de
techniques agricoles) et les GVA (Groupe de vulgarisation agricole). www.trame.org
Groupement technique vétérinaire : réseau des
vétérinaires ruraux, association à vocation technique regroupant les praticiens au niveau départemental, régional (FRGTV) et national (SNGTV).
Organisme interlocuteur des GDS et des ministères - www.sngtv.org
Groupe vétérinaire conventionné, on parle aussi de groupe Fevec en référence au nom du réseau.
Institut technique de l’élevage bovin : nouveau
nom Institut de l’élevage.
Frank Pervanchon
Trame
Philippe Sulpice
Fevec
TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126 - MARS 2006