Evolution du système bancaire au Pérou en 2015

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Evolution du système bancaire au Pérou en 2015
Evolution du système
bancaire au Pérou en 2015
© DG Trésor
17 Juillet 2015
Quatre banques pour 82,6% Un secteur bancaire concentré
des dépôts
Le paysage bancaire péruvien comptait 66 établissements fin avril 2015. Il se
compose de 17 banques (bancos), 12 entreprises financières (Financieras), 12
caisses municipales ou CMAC (Cajas Municipales de Ahoro y Crédito), 10
caisses rurales ou CRAC (Cajas Rurales de Ahorro y Crédito), 11 entités de
développement des PME (EDPYMEs), 2 socíétés de crédit-bail, Banco de la
Nación et Agrobanco.
Le secteur financier péruvien présente une concentration importante, les banques
dominant le marché. Les quatres principales : BCP, BBVA, Scotiabank et
Interbank détiennent 82,58% des crédits et 82,26% des dépôts.
Le total des actifs s’élevait en avril 2015 à 119 Mds USD, principalement détenus
par les établissements bancaires, avec 87,1% des crédits et 81,8% des dépôts.
Diminution de 5,6% des
crédits aux entreprises en
deux ans
Des crédits en légère baisse
Le système financier péruvien dans son ensemble connait un léger ralentissement
début 2015 : les crédits aux entreprises ont atteint en avril 2015 48,9 Mds USD,
représentant 59% du total des crédits (-5,6% en deux ans).
Par secteur économique, le commerce reste prédominant avec 27,5% du total des
crédits, suivi de l’industrie manufacturière (24% de part de marché).
La proportion des crédits en dollars s’est élevée à 35,83% à fin avril 2015 contre
38,88% en mars 2014.
Fin mars 2015, le taux d’intérêt moyen aux grandes entreprises était de 6,6% en
monnaie nationale et de 4,9% en dollars. Les PME ont bénéficié d’un taux moyen
de 21,2% en monnaie nationale et de 13,5% % en dollars. Enfin, pour les
microentreprises, le taux d’intérêt moyen en monnaie nationale était de 34,4%
contre 14,9% en dollars.
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En avril 2015, les crédits en monnaie nationale au secteur privé se sont accrus de
22,1 % par rapport à décembre 2014. L’augmentation des crédits aux entreprises
début 2015 s’explique notamment par le dynamisme des crédits faits aux grands
groupes.
S’agissant des crédits aux particuliers, ces derniers se sont accrus de 12,4% par
rapport à décembre 2014.
De leur côté, les dépôts de l’ensemble du système financier ont augmenté de
14,32% sur un an (2014/2015), dont 85% est détenu par les banques. Par
monnaies, les dépôts en soles ont augmenté de 8% contre 26% pour les dollars
américains.
Par catégorie de dépôts, les placements représentaient en mars 2015 26%, les
dépôts à vue 30% et les comptes épargne 44%.
En termes de rémunération, le taux d’intérêt moyen des placements s’est réduit au
cours de l’année 2014. Pour le système bancaire, ce dernier s’élevait à 2,8% en
monnaie nationale et 1,1% en dollars (tous placements confondus).
Loi n°26702 : « Ley
General »
Un contrôle bancaire rigoureux
Au Pérou, les activités financières sont régies par la Loi n° 26702, "Ley General
del Sistema Financiero y del Sistema de Seguros y Orgánica de la
Superintendencia de Banca y Seguros", dite Ley General. La Superintendencia
(SBS) est donc un régulateur/superviseur séparé de la Banque Centrale (BCR).
A l’instar de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, le Pérou a adopté
des réformes non seulement pour faire face aux problèmes des banques, mais
également, et surtout, pour renforcer le contrôle bancaire et, partant, tenter de
prévenir les crises. Il a ainsi adopté des normes prudentielles plus rigoureuses :
niveau minimum de fonds propres, meilleurs systèmes de contrôle de la qualité
des actifs, provisionnement des créances douteuses et limites plus strictes à la
concentration des risques. Il a franchi un pas décisif en accordant un pouvoir
accru aux organismes de tutelle (SBS et BCR) et en favorisant une meilleure
information sur la santé financière des institutions. Le Pérou a ainsi créé des
centres de renseignements financiers et exigent des banques qu’elles se
soumettent à de fréquentes vérifications externes ou à l’analyse d’agences de
notation indépendantes.
Ratio de fonds propres
Fin avril 2015, en moyenne, les banques ont un ratio de fonds propres de 14,40%,
les sociétés financières de 16,40% et les IMFNBI de l'ordre de 17,47 % (14,49%
pour les CMAC, 14,56% pour les CRAC et 23,35% pour les Edpymes).
Ratio de liquidité
La moyenne mensuelle des soldes journaliers des actifs liquides (y compris titres
souverains, dépôts à la BCR et dans les autres entités financières), divisée par la
moyenne mensuelle des soldes journaliers des passifs à court terme (à moins d'1
an), doit être de 8% minimum en monnaie locale (PEN) et de 20% minimum pour
les Dollars (au Pérou, environ 45% des bilans sont dollarisés). Pour les banques,
ce ratio s’élevait à 24,38% à fin mai 2015 en monnaie nationale et à 48,74% en
monnaie étrangère. Pour les CMAC, il est respectivement de 28,10% et 72,75%
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en moyenne, pour les CRAC de 49,78% et 125,37% et pour les sociétés
financières de 20,79% et 84,57%.
Rentabilité
En considération des projections du PIB et des taux de change, le ROA des
banques serait réduit à 1,7% pour février 2015 (réduction de 0,3% depuis février
2014) contre 16,5% pour le ROE (réduction de 4,3% depuis février 2014)
Qualité du portefeuille
En mars 2015, le portefeuille de crédits douteux des banques s’élèverait à 2,54%
(+0,2% sur un an), mais serait couvert par un provisionnement de 165%. Pour les
sociétés financières les crédits douteux atteignent 6,38% (+0,8% sur un an), mais
seraient couverts à 143,88%.
Les règles de provisionnement
Le Pérou a un système similaire à celui de nombreux pays émergents. Les crédits
sont classés en 5 catégories, chacune ayant un taux de provisionnement associé.
Les prêts, dont le remboursement se déroule normalement, sont classés dans la
première. Les prêts improductifs (généralement définis comme étant ceux qui ont
des arriérés de 30 à 90 jours) se répartissent entre les quatre autres catégories,
avec des exigences de provisionnement plus élevées à mesure que se rallongent
les retards. Dans bien des cas, cette méthode permet de réduire sensiblement les
provisions pour créances garanties, ou de les ajuster en fonction des types de
prêts (crédits à la consommation, etc.). En outre, il existe des règles de taux
réduits de provisions en fonction d'un barème de types de garanties. Elle varie de
0,7% à 1% pour les risques normaux (0 à 8 jours) et de 5 à 100% ensuite selon la
présence ou non de garanties.
Les Centrales de risques (RCC)
Au Pérou, l'information du secteur financier est publique et enregistrée dans les
bases de données des différentes centrales des risques (une centrale publique et 5
centrales privées). Toutes les entités supervisées (sauf les CAC1) doivent remettre
tous les mois un rapport à la SBS qui fait des contrôles de qualité et de cohérence,
valide, et constitue le RCC, qui est restitué aux entités supervisées l5 jours ouvrés
après.
On y trouve de nombreuses informations : la classification du débiteur, ses
crédits, ses prêts restructurés et/ou en défaut. Sont ajoutées des informations telles
que l’exposition ou non au risque de crédit lié au risque de change, le montant des
lignes revolving. Il s'agit donc d'une centrale positive et négative, qui permet à la
fois de rejeter un client potentiel ou de connaître, par exemple, les clients à
démarcher. Il est ainsi possible de connaître le nombre de créanciers par débiteur,
et donc, pour un micro-entrepreneur, de détecter facilement ses crédits multiples
et ses crédits à la consommation.
Commentaires
Un secteur sain et bien régulé
Le secteur financier péruvien est sain et bien régulé, les banques sont bien
1
Les CAC (coopératives) font l'objet d'une supervision déléguée à la FENACREP
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capitalisées. Le niveau élevé de capitalisation requis par l’autorité de supervision
(SBS) s’accompagne d’une liquidité importante. Le niveau moyen de prêts non
performants, bien qu’en légère hausse en 2015, reste à un niveau relativement
faible et couvert par un taux de provisionnement élevé. Les taux de ROA
(rentabilité des actifs) et ROE (rentabilité des capitaux propres) témoignent en
outre d’une rentabilité élevée.
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Rédigée par : Louise Gautheron
Revue par : William PECRIAUX
Version du 17 Juillet 2015
:
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