La rue du luxe contre les dealers

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La rue du luxe contre les dealers
Date: 12.11.2011
Le Temps
1211 Genève 2
022/ 888 58 58
www.letemps.ch
Genre de média: Médias imprimés
Type de média: Presse journ./hebd.
Tirage: 44'450
Parution: 6x/semaine
La rue du
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luxe contre les dealers
1-
> Lausanne
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Les commerçants
de la prestigieuse rue
de Bourg donnent
le ton contre le trafic
de drogue
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> Sous pression,
la police municipale
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promet dès
la semaine prochaine
un «effort particulier»
dans le quartier
La rue de Bourg, l'artère piétonne chic lausannoise. La volonté de sévir contre les dealers a mis du temps à se cristalliser. La réaction promise viendra dès ces prochains jours. ARCHIVE,
magasin. La clientèle internatio- premier à dénoncer la situation.
Avec sa façade Art nouveau si- nale se dirige vite sur Genève ou Mais le cri de colère s'est vite
étendu à toute la ville. Ce sont fignée par le grand architecte Al- sur Verbier.»
Le directeur se prend à rêver de nalement les 23 associations de
phonse Laverrière, l'immeuble a
été construit en 1912 pour la mai- Monaco, «où le client peut laisser quartier et de développement de
son Payot qui l'a occupé des dé- sa Bentley ouverte devant la bijou- Lausanne qui ont réclamé publicennies durant II y a quelques an- terie le temps de faire ses achats, quement, le mois dernier, «une
nées, montres et bijoux de luxe sans aucun souci». A Lausanne, il y présence policière très renforcée,
ont remplacé les livres. Pour Bu- a le franc fort, qui cause quelques voire constante». Helena Druey,
cherer, le nouveau propriétaire, angoisses, mais pire encore: cette qui a repris il y a six mois le poste
quelle adresse lausannoise aurait «gangrène qui se répand sur la de City Manager, a été la cheville
pu être plus attirante que le nu- ville le soir venu». L'artère du luxe ouvrière de ce rassemblement
n'est plus épargnée par les dealers «Ma tâche est de favoriser la collaméro 1 de la rue de Bourg?
Claude Jutzi, le directeur du qui l'arpentent dès l'heure où se boration entre commerçants et
magasin, est bien placé pour con- ferment les commerces et se rem- autorités, explique avec énergie
naître l'histoire du quartier avec plissent les bars, les restaurants et cette collaboratrice du Centre pases hauts et ses bas. Ses parents les boîtes des environs. Depuis des tronal. Comme les commerçants
tenaient le Bazar Vaudois, à deux mois, la visibilité des jeunes Afri- sont moins bien organisés que la
pas, sur Saint-François, du temps cains marchands de boulettes est Ville, je dois provoquer la rencontre. Je crois que l'initiative de la
où il n'était pas rare de recevoir devenue spectaculaire.
dans les beaux commerces du «Clients et riverains nous disent rue de Bourg a sorti les commerquartier le shah d'Iran et autres qu'ils n'osent plus sortir le soir, çants des autres quartiers d'une
têtes couronnées. «Lausanne c'est ce qui nous a fait réagir», ex- certaine résignation. Si même la
reste une étape importante pour plique Claude Jutzi. Comme prési- rue de Bourg est touchée, c'est que
l'offre de luxe, mais qui plafonne, dent de Lausanne Coeur de Ville, c'est vraiment grave!»
La rue de Bourg! Elle tire son
explique Claude Jutzi dans l'un l'association du quartier Saintdes petits salons feutrés de son Franç ois et rue de Bourg, il a été le nom de l'un des quartiers-collines
Yelmarc Roulet
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lausannois du Moyen Age, autour changé, dans les dernières décen- vient plus difficile.»
d'une église Saint-Pierre aujour- nies, avec la disparition de nomD'autres éléments ont poussé
d'hui disparue. De tout temps, bre de commerces de tradition. Le les commerçants à sortir de leurs
«Fini la résignation.
Si même la rue
de Bourg est touchée,
c'est que c'est
vraiment grave»
elle a été un axe de trafic. C'est par
là que la route d'Italie entrait à
Lausanne. Au XVIIIe siècle, les il-
lustres voyageurs descendaient
au Lion-d'Or, tandis que les
meilleures familles du cru, les de
Constant, de Charrière ou de Blonay y construisaient leurs demeures patriciennes, dont les salons
chocolatier Blondel, le luthier
Mastrangelo ou les frères bijoutiers Jobin font presque figure de
survivants de la qualité artisanale
gonds. Les mendiants roms, que
l'on voit dès les premières heures
de la matinée organiser leur ré-
partition du territoire, exaspè-
au milieu des grandes marques. rent Tout comme le zèle que met«Des dynasties commerçantes trait l'autorité, si impuissante face
ont arrêté, voyant qu'elles gagne- aux petits trafiquants de drogue, à
raient plus d'argent en louant faire respecter les règlements qui
leurs surfaces qu'en les exploitant limitent la liberté du commerce.
directement», note Claude Jutzi.
«Nous avons un poids très resLe risque de banalisation? «Nous treint face à notre municipalité et
avons moins de grands noms qu'à sa majorité rose-rouge-verte», se
la rue du Rhône à Genève, mais un dit Claude Jutzi. Mais peut-être
meilleur mélange tradition-mar- sous-estime-t-il le poids de cette
ques et notre rue peut jouer sa démarche. Car le cri de colère du
carte dans la qualité du service», commerce lausannois fait écho à
répond le fourreur Yvan Benja- un ras-le-bol général perceptible
min. L'arrivée récente du maroqui- dans la population. Cette prise de
nier Longchamp, tout comme l'ex- parole d'acteurs de la société civile
donnaient sur la rue plutôt que tension de Navyboot ont été de pourrait même contribuer à dévers le lac. En contraste complet bonnes nouvelles pour les an- passer définitivement les blocaavec ce quartier chic: les rues très ciens: celles d'un retour à plus de
populaires du Rôtillon, en contre- sélectivité, après les craintes liées
bas, «accrochées à la pente à l'arrivée de l'une ou l'autre soldecomme la misère s'accroche au ries. Celles-ci ne parviennent du
dos des riches», comme l'a écrit reste pas toujours à assumer longtemps les loyers considérables
Anne Cuneo.
Au XXe siècle, alors que les bâti- que les propriétaires tirent vers le
ments représentatifs de la place
Saint-François proclament la
prospérité d'une capitale cantonale à peine centenaire, la rue de
Bourg consacre son statut d'artère
réservée au commerce de prestige, avec le percement des rues de
la Paix et du Lion-d'Or et des gale-
ges politiques longtemps de mise
sur cette question.
La nécessité de harceler les dea-
lers fait en tout cas l'objet d'un
nouveau consensus, au vu du débat qu'a tenu jeudi une commission du Conseil communal. Les
haut Au-delà du loyer - les prix commissaires ont décidé à l'unalausannois vont de 400 francs à nimité de soutenir deux postulats
1000 francs le m2 par année -, la contre le trafic de rue, déposés l'un
rue de Bourg bruit de rumeurs sur par la droite, l'autre par la gauche.
les pas-de-porte exorbitants liés à La municipalité devra donc faire
certaines reprises. Le chiffre de des propositions.
1,5 million circule pour le cas ré«Il faut que la police soit plus
cent d'un commerce ayant pignon visible sur le terrain, même si cela
sur rue sur deux étages. Au Mono- conduit à des postes supplémen-
ries Saint-François. «C'était une poly, la case de la rue de Bourg taires, souligne Mathieu Blanc,
avocat et auteur du postulat libérue mythique, où l'on se faisait dé- vaut 5800 francs.
Mais le commerce de luxe souf- ral-radical. Il y a deux domaines
poser en taxi, se souvient un connaisseur du marché immobilier fre-t-il des dealers? Les patrons se où la droite assume l'augmentalausannois. Cela sentait l'argent, gardent d'établir un lien de cause tion du budget communal: la poles commerces ne se remettaient à effet entre une chose et l'autre, lice dans la rue et l'accueil de la
jamais.»
d'autant que c'est le soir que les petite enfance.»
Rebecca Ruiz, enseignante et
Faut-il rappeler que la rue de trafiquants investissent le pavé.
Bourg est la rue du Monopoly? «La Ville se doit de présenter un présidente du Parti socialiste lauC'est aussi, depuis 1962, la pre- cadre propice aux affaires et nos sannois, a rédigé son postulat plus
mière rue lausannoise réservée magasins doivent être plaisants à largement, y incluant notamment
aux piétons.
regarder de jour comme de nuit, la problématique de la prévenL'odeur d'argent n'a pas disparu rétorque Yvan Benjamin. L'image tion. Mais elle réclame, elle aussi,
dans les effluves du McDonald's, globale doit être meilleure, sur- de renforcer le harcèlement des
mais la physionomie de la rue a tout si le climat économique de- dealers, dont l'omniprésence dans
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les rues vaut de nombreux cour- coup pour avoir un peu. Auriers aux autorités lausannoises. Il jourd'hui, il semblerait qu'on aty a certainement une prise de tende la 3e récidive pour que le
conscience à gauche, estime cette procureur prenne en main un
élue, qui a étudié la criminologie dossier.
Les paroles de la conseillère
avec Martin Killias. Mais si le camp
politique auquel elle appartient d'Etat radicale ont au moins mis
est longtemps resté très réservé du baume sur le coeur des comsur le sujet, c'est selon elle qu'il merçants lausannois. Ils ont senti
fallait laisser la pratique démon- une forme de prise en main, après
trer si les nouvelles dispositions avoir entendu tant de «on n'y peut
du Code pénal et de la procédure rien de toute façon»...
«Avec le nouveau Code de propénale fonctionnaient ou non.
Les difficultés juridiques et ju- cédure pénale, le dealer amené
diciaires auxquelles se heurte la au poste de police en ressort bien
lutte contre le trafic de rue sont avant que l'agent ait fini son rapbien connues. Mais la remise en port.» La boutade fait florès dans
question des jours-amendes est le milieu policier. Marc Vuilleudésormais acquise, ce qui crée un mier, le magistrat popiste chargé
contexte favorable. Jacqueline de de la police à Lausanne, l'utilise à
Quattro, la cheffe du Départe- son tour pour dire que la sur-
L'objectif de Marc
Vuilleumier: deux
nouvelles sections de
police, soit 60 agents
supplémentaires
veillance, l'arrestation et le traitement administatif d'un seul dea-
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sieurs années». Son objectif: obte-
nir la création de deux nouvelles
sections de police, soit 60 agents
supplémentaires pour un corps
qui en compte 420. «Nous avons
besoin de plus de monde de jour
comme de nuit», précise-t-il.
La police, elle, s'efforce de mon-
trer qu'elle ne baisse en rien les
bras, tout en exprimant ses frustrations face aux limites de son
action. Avec l'héroïne, on se plaignit des consommateurs, rapide-
ment marginalisés, dont la présence dans la rue dérangeait Avec
la cocaïne, c'est la visibilité des
vendeurs qui heurte. Parmi les
consommateurs, qualifiés de festifs, il y a «un large spectre de la
population, des petits jeunes aux
cadres d'entreprise», indique
Jean-Philippe Pittet, porte-parole
de la police municipale. Pour la
drogue, elle vient désormais
ler demandent une mobilisation
disproportionnée. Pour dire d'Amérique du Sud en passant par
aussi que ses hommes ne peuvent l'Afrique de l'Ouest, suivant un
pas, à eux seuls, en finir avec la chemin parallèle à celui des jeunes dealers.
drogue.
Il suffit que la pression se renDans ses premières réactions à
la colère commerçante, le con- force sur un quartier pour que le
seiller municipal insistait sur la de al se déplace. La topographie de
responsabilité des consomma- la rue de Bourg est favorable aux
teurs. Mais il se montre lui aussi allées et venues discrètes. Mais
déterminé, désormais, à sévir. Il Jean-Philippe Pittet nous promet
organisera avant Noël des rencon- du neuf pour le milieu de la setres police-hôteliers et police- maine prochaine: «un effort particommerçants. Il annonce surtout culier de visibilité sur la durée
pour le début de l'année un préa- dans ce quartier». Et si le luxe ve-
ment cantonal de la sécurité, vient
d'aller à Berne pour réclamer de la
prison ferme pour les petits trafiquants. Elle préconise un an ferme
au minimum pour tout dealer arrêté dans un endroit public,
quelle que soit la quantité. vis sur la sécurité, «qui servira de nait à bout des dealers...
Comme s'il fallait exiger beau- document de référence pour plu-
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