La bande à Charlie : les affiches. C`est en septembre 1960 que

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La bande à Charlie : les affiches. C`est en septembre 1960 que
La bande à Charlie : les affiches. C’est en septembre 1960 que paraît
le premier numéro d’Hara-Kiri. Ses trois fondateurs se sont rencontrés au journal Zéro :
Bernier s’occupait des ventes, Cavanna en était devenu rédacteur en chef, Gébé y dessinait. Bernier devient directeur de la publication, Cavanna rédacteur en chef (c’est lui
qui trouve le titre « Hara-Kiri » et le slogan « bête et méchant »), Gébé directeur lire la suite
C’est en septembre 1960 que paraît le premier numéro d’Hara-Kiri.
Ses trois fondateurs se sont rencontrés au journal Zéro : Bernier s’occupait des
ventes, Cavanna en était devenu rédacteur en chef, Gébé y dessinait. Bernier
devient directeur de la publication, Cavanna rédacteur en chef (c’est lui qui
trouve le titre « Hara-Kiri » et le slogan « bête et méchant »), Gébé directeur
artistique. Ils sont tous les trois d’origine prolétarienne, ont entre 30 ans et 40
ans et ont envie de créer un journal absolument nouveau.
« Entendant ce titre, Hara-Kiri, ils s’étaient reconnus tous :
Bernier que nous allions bientôt sacrer “Choron”, bousculant la coutume
qui veut que les rues tiennent leur nom des hommes et pas l’inverse — Fred,
Gébé, Cabu, Wolinski, Topor, Siné, Hopf, Coluche, Sternberg… la bande
sacrée. » (Cavanna, 4 rue Choron, L’Archipel, 1997).
C’est une vraie révolution : par son ton, son insolence, sa
destruction systématique des valeurs d’une Ve République ankylosée, sa fraîcheur et la vivacité de ses dessins, la provocation permanente de ses textes,
son usage détourné de la photo (notamment du roman-photo et de la pub),
Hara-Kiri enthousiasme une jeunesse qui étouffe sous la chape de plomb
d’une société podagre. On oublie trop souvent que ceux, dont je suis, qui ont
fait Mai-68, se sont nourris à ses généreuses mamelles. Ici n’est pas le lieu d’en
retracer l’histoire, d’interdictions en problèmes financiers.
Le 3 février 1969 naît un petit frère : Hara-Kiri Hebdo, qui
nous intéresse au premier chef. Il fait la part belle au graphisme et à des
rubriques qu’on retrouve chaque semaine. Il n’y a pas de clivage entre dessinateurs et journalistes : en pleine maturité, le noyau dur de l’équipe sait tout
faire, peut et doit tout faire vite pour coller à l’actualité : ce qui n’est pas rien
car il y a aussi les mensuels. La formule est neuve. Rien de tel n’avait été osé
depuis la fin du xixe siècle.
Jossot, L’Assiette au beurre, n° 144, 12 janvier 1904. « D’un seul coup, superbe, tu auras la croix. »
1896, Thomas Theodore Heine
En 1896, à Munich, Albert Langen, fonde Simplicissimus, hebdomadaire
satirique qui regroupe des illustrateurs de talent comme Thomas Theodore
Heine, Bruno Paul, Gulbranson mais aussi des noms comme Kubin, Pascin,
Grosz, Kollwitz ou Steinlen. Considéré comme immoral, révolutionnaire
et socialisant, il a de graves problèmes avec la censure qui vont jusqu’à des
peines de prison ferme. L’affiche de Heine, un bouledogue rouge au cerne
épais sur fond noir aurait fait une excellente couverture pour Hara-Kiri
Hebdo. Comme on a pu justement l’écrire, son ancêtre direct en France est
L’Assiette au beurre qui paraît en 1901. Si chaque numéro est consacré à un
artiste ou un sujet, s’il est un journal d’images seules, sans texte ou si peu, si
bon nombre des artistes qui y collaborent ont un style d’époque très marqué
(comme Steinlen ou Grandjouan pour les luttes sociales), L’Assiette au beurre
accueille aussi des artistes au mode d’expression radicalement nouveau : ­Jossot
et Roubille mais aussi d’Ostoya, Camara ou Hermann Paul attaquent avec
une violence inouïe les flics, les curés, les profiteurs, les tyrans et les despotes,
un programme inchangé soixante-dix ans après. Simplicissimus, L’Assiette au
beurre et Charlie ont deux points communs :
— une rupture totale avec la société en attaquant là où ça fait mal, sans retenue ni crainte du censeur ;
— la réunion d’un groupe de jeunes graphistes, qui ont tous un talent au-dessus du lot, un style concis, en rupture avec l’illustration ou le dessin de presse
traditionnels.
Cavanna résume fort bien l’humour « bête et méchant » :
« applaudir aux beaux exploits de la bêtise et de la méchanceté, en en rajoutant, en allant dans le même sens qu’elles mais plus loin qu’elles, le plus
loin possible dans leur logique tordue, jusqu’à l’absurde, jusqu’à l’odieux,
jusqu’au grandiose… Le comique doit être un comique de situation. Aller
au fond des choses. Mépriser les tentations de petites rigolades secondaires.
Taper là où ça fait mal, taper comme un bœuf. » (Cavanna, Bête et méchant,
Belfond, 1980) La Bd étant passée par là, la bande à Charlie intègre le texte
dans l’image, ce qui gagne en concision, plutôt que de légender sous le dessin
comme avant. Il est néanmoins intéressant de noter que, soixante ans après,
la même recette — dessin fortement cerné, couleurs en aplats — continue à
être la marque d’une modernité en rupture.
Hara-Kiri Hebdo marchotte jusqu’en novembre 1970. Le
Général de Gaulle meurt le 9. « On se réunissait le lendemain pour faire la
une de Hara-Kiri Hebdo. Dans le même temps, un dancing avait brûlé à
Saint-Laurent-du-Pont — il y avait eu des tas de morts. J’ai eu cette idée :
« Bal tragique à Colombey — un mort » — les mecs m’ont dit attention… et
effectivement, le lendemain, Marcellin, ministre de l’Intérieur, nous faisait
le cadeau de nous interdire. On a décidé de devenir Charlie Hebdo. Charlie
Hebdo est sorti et là tout le monde s’est précipité… On en a vendu 100 000. »
(Professeur Choron, Vous me croirez si vous voulez, Flammarion, 1993)
Les couvertures sont, en fait, des affiches en miniature dont
elles ont la concision : une idée forte exprimée graphiquement, un texte court.
C’est la recette qu’utilise Savignac pour ses affiches publicitaires. Elles sont en
fait souvent reprises à un format légèrement plus grand et font d’excellentes
affiches de kiosque. Choisies chaque semaine par la rédaction (qui publie
aussi les retoquées), elles sont pour la plus grande part signées de quatre
noms : Reiser (200 !), Cabu, Gébé et Wolinski.
Reiser est le plus rapide à répondre aux questions d’actualité.
Son cerne est épais, ses fonds en aplats, le dessin jeté avec une incroyable
facilité. Il joue le plus souvent du décalage : il ­représente avec une jubilation
toujours renouvelée les « beaufs », petits Français alcooliques et ignares qu’il
arrive, dans l’absurde, à faire illustrer l’événement d’actualité. Gébé, avec
puissance et concision, trouve des images minimales, d’une violence inouïe,
qu’on reçoit comme des coups de poing dans la gueule. Cabu et Wolinski,
eux, abandonnent leurs héros favoris — qui son Grand Duduche, qui son
petit couple sexy. Le premier devient le grand caricaturiste maison, domaine
dans lequel il excelle ; le second fait montre d’une grande variété mais dès
qu’il en a l’occasion, retourne aux petites scènes de cul qu’il affectionne.
Leur sens du raccourci, de la formule graphique ou verbale fait qu’à de rares
exceptions, les couvertures font toujours mouche — ce qui, sur la durée, est
impressionnant.
S’ils jouent constamment la provoc, ils ne sont pourtant
jamais vulgaires ou sexistes — ce dont nombre d’imbéciles n’ont pas manqué
de les accuser (et c’est pour pornographie que l’Hebdo d’Hara-Kiri est interdit en 1970). À cela une raison fondamentale : leur humour n’est jamais au
premier degré. Ainsi, Wolinski est convaincu qu’avec Reiser « ils ont sorti le
dessin de cul de la gaudriole » — et c’est vrai ou, autrement dit « on a reconnu
aux femmes le droit de jouer avec la bite des hommes » 1. Ils sont jeunes et
vivent dans une époque qui découvre la liberté sexuelle. Ce sont de chauds
lapins qui ne s’en priveront pas et le racontent avec humour (Voir l’album de
Wolinski, Je ne pense qu’à ça) — et, dans leurs histoires, les femmes s’en tirent
plutôt mieux que les hommes. Leur credo, Reiser le résume dans un autre
album : Vive les femmes.
1 Stéphane Mazurier, Bête, méchant et hebdomadaire, p. 420.
1968
Wolinski, 1973
Cabu
Pendant qu’Hara-Kiri invente une nouvelle presse satirique, de jeunes acteurs
lancent une nouvelle formule de spectacle : le café-concert, un hybride entre
le cabaret montmartrois de la fin du xixe siècle et le théâtre de poche. En 1969,
Romain Bouteille et Coluche ouvrent le Café de la Gare : ils sont, depuis le
début, des compagnons de route d’Hara-Kiri qui leur offre régulièrement de
la pub. Coluche adore jouer dans les romans photo. Quand ils se séparent,
Coluche s’installe au Vrai Chic Parisien en 1974, la même année, une bande
de jeunes (Blanc, Clavier, Jugnot, Lhermite) crée le Splendid. Tous feront, à
un moment ou à un autre, appel à la bande à Charlie pour leurs affiches.
Tout commence, en fait, dans la foulée de Mai-68. Claude
Confortes, formé chez Jean Vilar, va voir Wolinski pour lui demander s’il
serait partant pour qu’ils écrivent une pièce à partir de ses dessins parus dans
L’Enragé (dont nous parlerons plus loin). Il accepte. La pièce est écrite pendant l’été et, sans aucun budget, les répétitions commencent en septembre.
Évariste écrit la musique des chansons de Wolinski. Après un crochet par
Bruxelles, elle est finalement montée au théâtre des Arts puis, devant le succès, au théâtre Gramont. « L’humour tonique, simple, féroce et efficace de
la pièce accessible à tous les publics soulève des vagues de rire » (Confortes).
Wolinski fait pour l’occasion sa première affiche (en fait, il y en a deux).
Ils se retrouvent en 1973 quand Claude Confortes monte Le
Marathon à la maison de la culture de Grenoble. Pour les affiches, il fait appel
bien sûr à Wolinski, à Siné et à leurs acolytes Reiser et Willem, mais aussi
à d’autres, dont Savignac et André François (il y avait visiblement des budgets à l’époque !). Il est une règle générale qui ne souffre pas d’exception : un
dessin très graphique devient meilleur quand on l’agrandit : c’est la magie de
l’affiche. Reiser le comprend très tôt : dès 1970, il fait pour Jean-Michel Ribes,
autre star montante de la turbulente nouvelle génération, Les Fraises ­musclées.
Gébé, 1972
Willem
1979
1975
La Grande Bouffe ensuite, film culte pour lequel il dessine une affiche culte :
aux antipodes des poncifs du genre qui cultive un réalisme descriptif, il donne
en noir sur fond rose une évocation qui colle jubilatoirement au sujet. Citons
encore Le père Noël est une ordure pour les Bronzés — la pièce en 1979, puis
le film en 1982 (affichée dans le métro, l’affiche fait un tel scandale qu’elle
est retirée !). Entre-temps, il a fait L’Entourloupe pour Gérard Pirès (1980).
Citons encore la magnifique poêle de fer organisée à Metz par une équipe de
joyeux pochtrons journalistes (1985) — Reiser n’a pas pu résister. Dans cette
période, il devient une vedette et sort ses meilleurs albums qui lui valent en
1978 le grand prix du festival de Bd d’Angoulême…
Willem est moins prolifique : il se lie avec l’inénarrable Gué-
nolé Azerthiope qui lui confie trois affiches — la meilleure est Le retour de
Miss Univers. Gébé n’en fera qu’une, pour son film L’An 01, réalisé par Jacques
Doillon — son credo utopiste et souvent prémonitoire. Cabu découvre Font
et Val aux premières Rencontres de Bourges — il se lie d’amitié et devient
leur affichiste. Le premier sombre dans de sordides problèmes judiciaires,
l’autre reprendra Charlie Hebdo, puis, poussé par son carriérisme, voguera,
sans état d’âme, vers de prestigieuses fonctions dans l’audiovisuel d’État.
En 1975, Claude Confortes, de retour de tournée avec Le
Marathon, reprend contact avec la bande. De là naîtront, adaptés pour la scène,
puis tournés pour le cinéma, Le Roi des cons de Wolinski, Vive les femmes de
Reiser (qui reste trente et une semaines en exclusivité sur les Champs-­Élysées)
et Paulette de Pichard et Wolinski. Les auteurs font bien sûr leur affiche.
Confortes appelle aussi Siné pour celle de L’Éprouvette. S’il arrête le cinéma
après Paulette, son activité théâtrale fourmille et Wolinski reste son affichiste
attitré. Confortes aura fait sortir Reiser et Wolinski du support papier pour
1973
les mener avec succès jusqu’au cinéma. Reiser essaiera de ­poursuivre avec
Siné, campagne présidentielle de Coluche, 1981
Siné
Willem
Gros dégueulasse — sans lui, le charme se rompt… Coluche est un cas à part :
camarade des premiers jours, sociétaire pendant des années des romans photo
d’Hara-Kiri, ne voilà-t-il pas qu’il décide d’entrer en politique et de se présenter aux élections présidentielles de 1981. Le support officiel de sa campagne
sera bien sûr Charlie Hebdo, qui publie chaque semaine une page affiche qu’on
pourra détacher et coller au mur. On retrouve là, en ­l’absence de moyens, des
plans dont la bande à Charlie a le secret. « Tous ensemble pour leur mettre
au cul » est un slogan qui ne peut que recueillir l’adhésion enthousiaste de la
rédaction. Le 15 mars 1981, après de multiples avatars, il annonce le retrait de
sa candidature. Est-ce un mauvais timing ou un poisson d’avril ? En tout cas,
un Charlie Hebdo spécial, n° 542, daté du 1er avril 1981, présente les vingt-deux
affiches officielles de la campagne, « maquette et réalisation de Siné sur des
mots d’ordre de Coluche ». Il est vrai qu’entre-temps Coluche a changé d’avis,
mais l’élan est brisé.
Siné, il est grand temps d’en parler tant son influence fut
grande avant, autour et au sein de la rédaction de Charlie. Anarchiste, roi de
la provoc, il est plus âgé que le gros de l’équipe d’Hara-Kiri, il a tout pressenti
et, plus que probablement, servi de déclencheur. Viré de L’Express (pour ses
positions sur l’Algérie), il lance en décembre 1962 Siné Massacre (qui survivra neuf numéros), puis le 18 mai 1968, avec Wolinski et publié par Pauvert,
L’Enragé qui s’arrête après douze numéros. Deux mois après, sort Hara-Kiri
Hebdo, certainement pas par hasard. Il est calqué sur la formule de L’Enragé
et ne fait que le prolonger, et c’est tant mieux — Siné en devient d’ailleurs
un collaborateur régulier 2. Même au milieu de cette bande de ­chahuteurs et
2 cf. Siné dans Charlie Hebdo, 2 vol., Le Cherche Midi, 82-84.
Wolinski
Siné
1968
de provocateurs, il arrive à jouer le trublion avec, par exemple, ses attaques
contre les juifs ou les pédés 3. Siné a toujours aimé dessiner des affiches et
même pour la publicité qui, à l’époque, supporte l’humour décalé. Graphiste complet (formé à l’école Estienne), d’une plume alerte, il adore les
gags visuels et les jeux de mots. En 1958, il fait une affiche pour La Galerie,
cabaret de la rue de Seine, où, à l’aide d’une lanterne magique, il présente sa
célèbre galerie des chats 4. À partir de là, ses affiches pour les spectacles sont
nombreuses — mais il choisit toujours ses sujets et ses commanditaires. Ses
autres affiches sont pour des mouvements qu’il défend, appeler à des manifs,
bref, toujours pour la bonne cause…
Charlie est fondamentalement pour la liberté et contre la
connerie dans ses innombrables incarnations. Cela étant, personne n’est
encarté : ils sont anarcho-libertaires. Seule exception, Wolinski, qui, en 1977,
adhère au Parti communiste. Tous ses camarades ont, à un moment ou à un
3 Val fait semblant de le découvrir en juillet 2008, prétexte
pour le virer pour antisémitisme. Absurde, Siné est et a toujours
été comme ça. S’il avait un peu de mémoire, il se souviendrait
de la première phrase de l’amicale préface de Siné à Wolinski
dans l’édition de Je ne veux pas mourir idiot publiée par Denoël
en 1968 : « Wolinski, je ne suis pas antisémite (loin de là) mais force
est de constater une fois de plus qu’il s’agit encore d’un juif ».
Tout Siné est là — et tombe dans le piège qui veut. Il a, de toute
façon, toujours le dernier mot : viré de Charlie, il lance Siné Hebdo.
4 Les chats de Siné, dont la série commence en 1956, connaîtront
un succès mondial.
1980
autre, croisé le chemin du parti, mais la nouvelle suscite leur réprobation qui
pourtant le prolongement d’une longue tradition qui remonte à Jossot et
n’ira jamais jusqu’à l’impensable exclusion — un froid passager dirons-nous.
Roubille (de L’Assiette au beurre) — et même Cappiello à ses débuts : une
Il dessine donc pour l’Huma et fait les affiches du parti et de la Cgt (notam-
bonne caricature agrandie a toujours fait une formidable affiche. Seulement
ment le syndicat du livre). Il apporte une fraîcheur et un humour dont elles
voilà, ils ne sont pas « graphistes » comme l’était à l’époque Grapus. Si l’on
avaient grand besoin. En 1968, il avait collaboré à l’éphémère Action et fait
compare l’affiche Lorraine cœur d’acier de Cabu à celle de Grapus (Alex Jor-
une paire d’amusantes affiches.
dan), les affiches des mêmes pour la fête de L’Huma ou la Cgt versus celles
Willem en signe une pour le Secours Rouge, Cabu pour
de Wolinski, nous ne sommes clairement pas dans le même monde… d’un
Lorraine cœur d’acier (première radio libre militante), mais là où toute
côté, un graphisme militant où même l’humour doit faire sens, de l’autre, la
l’équipe fait un travail pionnier, c’est l’écologie qui, très tôt, devient un des
fraîcheur, la poésie d’un humoriste. Je ne dis pas que les uns sont meilleurs
axes du journal. Pierre Fournier entame sa collaboration avec Hara-Kiri
que les autres. Je dis qu’ils méritent tous d’être montrés si l’on veut construire
dès 1964. Étant un des pères fondateurs de l’écologie, il fait d’Hara-Kiri
un vrai panorama de la création d’après 1968 en France. Alain Weil
la première publication à en parler régulièrement. Il convainc Choron de
sortir La Gueule ouverte en 1972 : « le journal qui annonce la fin du monde ».
Il meurt trois mois après — le journal aura du mal à lui survivre. Sensibilisés à ce problème, qui, à l’époque, ne concerne qu’une poignée de militants, la rédaction d’Hara-Kiri se mobilise. Reiser, qui tient une rubrique
sur les énergies solaires, en fait la promotion par des affiches, Cabu (dont
la femme succède à Fournier) annonce la sortie du film Larzac. Même
Bibliographie minimale. On a beaucoup écrit sur la bande
Wolinski annonce une fête écologique. Ceux qui n’ont vu dans la bande
à Charlie. Ils ont beaucoup écrit eux-mêmes. Un ouvrage fait
à Charlie qu’une bande de déconneurs anarchisants doivent bien le recon-
en fait référence, synthétique et rigoureusement documenté :
naître aujourd’hui : ils ont les premiers lutté pour ce qui est devenu un des
Stéphane Mazurier, Bête, méchant et hebdomadaire, une histoire
enjeux essentiels de notre société.
de Charlie Hebdo (1969-1982), Buchet-Chastel, 2009.
Pour les images, les éditions Hoebeke ont sorti deux albums
Cette exposition, qui ne se veut pas exhaustive, regroupe la
plupart des affiches du groupe, en tout cas les plus importantes — ce qui
qui en présentent une bonne sélection (Hara-Kiri et Charlie).
ne fait que quelques dizaines. Ce n’est pas beaucoup mais cela ne les rend
Un excellent Siné vient de s’y ajouter.
pas pour autant négligeables. Étiquetés comme « illustrateurs de presse », ils
Remerciements à Nicolas Bailly, le chineur, à Guillaume
ne le sont pas, ce d’ailleurs qui se comprend. Comme « affichiste », ils sont
Sebag, le rouleur et à Nicolas Guichard, l’ordinateur.
1968
9
782915 952100
12 euros
Production et édition centre du Graphisme d’Échirolles, directeur de la publication Diego Zaccaria.
Conception et textes Alain Weill, conception graphique Thierry Sarfis, réalisation Olivier Cabon, Thotm, impression Les Deux-Ponts.
Carnet publié à l’occasion de l’exposition « La bande à Charlie, les affiches » présentée aux moulins de Villancourt, Échirolles, du 26 novembre 2009 au 30 janvier 2010.
Aux éditions Textuel:
Graphistes autour du monde;
East coast/West coast,
graphistes aux États-Unis.
Dans la collection « Carnets » :
Seymour Chwast;
Un cri persan;
Anthon Beeke;
Achille Mauzan;
La traversée des signes;
Tolérance;
Vodka-Tequila;
Montluçon 1985-1998 :
graphisme et pouvoir;
Joost Swarte : Civilités
et incivilités urbaines;
Swinging London, graphisme
et musique aujourd’hui;
100 CD, graphisme et musique
en France;
Un combat des symboles;
9 femmes graphistes;
We love books ! A world tour.
Isbn 978-2-915952-10-0

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