Le techno-pâturage - Chambre d`Agriculture de la Dordogne
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Le techno-pâturage - Chambre d`Agriculture de la Dordogne
2012 1 Le techno-pâturage gérer le pâturage au plus près de la pousse de l’herbe Le techno-pâturage, ou cell grazing, est une forme moderne du pâturage au fil. Il est basé sur le principe du pâturage fil avant/fil arrière mais permet avec l’aide d’un équipement adapté de diminuer fortement la problématique travail. L’origine Le concept, conçu par un français, André Voisin, et développé par des néozélandais, consiste à exploiter l’herbe au plus près de sa production. En augmentant le niveau de prélèvement de l’herbe, l’éleveur intensifie son chargement et ainsi sa marge ramenée à l’hectare. Parallèlement, l’intérêt est aussi de diminuer les charges liées aux bâtiments et au matériel avec un système qui tend vers du plein air. Le principe du techno-pâturage Le techno-pâturage est fondé sur le principe du pâturage fil avantfil arrière sur un assolement groupé avec des parcelles dessinées pour être « fonctionnelles » et un équipement en clôture performant. L’objectif est de consommer un maximum d’herbe tout en limitant la contrainte travail. Le chargement instantané doit être très élevé avec des rotations de pâturage rapides. La mise en place d’une telle pratique suppose une réflexion initiale sur l’aménagement parcellaire. - La parcelle initiale est divisée dans le sens de la longueur par des clôtures fixes puis redécoupée en « cellules » de pâturage carrées via des clôtures mobiles. - L’abreuvement des cellules est assuré par un réseau d’eau enterré sous les clôtures fixes avec des abreuvoirs installés à l’intersection de 4 cellules. - La taille des cellules ainsi créées peut descendre jusqu’à 5 ares et doit offrir un chargement instan- tané de 0,5 à 1 are/UGB selon vitesse de la pousse de l’herbe. Un pâturage au fil facilité par un équipement adapté Un équipement spécifique est indispensable afin de se simplifier le travail au quotidien. Il se caractérise par sa robustesse (fil High Tensil), son élasticité et sa souplesse d’utilisation. La contrainte liée au pâturage au fil est fortement limitée par l’utilisation de ces clôtures fixes et mobiles. Elles permettent le cloisonnement des parcelles et ainsi l’adaptation de la surface aux besoins du troupeau. L’élasticité des fils et la souplesse des piquets en fibre de verre en font une barrière électrique efficace sans être un obstacle pour l’éleveur. Il est possible de rouler sur les clôtures en quad ou en tracteur et le troupeau peut passer dessous ou dessus pour changer de cellule. Les fils sont posés sur des piquets très faciles à enfoncer avec un système d’accrochage simple et de décro- Fiche témoignage Techno-pâturage 2 Où se former pour utiliser ces clôtures et mettre en pratique le techno-pâturage? La chambre d’Agriculture de la Dordogne propose des formations sur le techno-pâturage. Elle fait intervenir l’association Innov’Action Pastorale (Fargues 46 330 CABRERETS) qui forme sur l’utilisation des clôtures électriques et la mise en place du techno-pâturage. chage quasi « automatique ». Le quad devient l’outil quasi indispensable pour gagner du temps : il permet d’enlever les clôtures mobiles très rapidement avec un système d’enrouleur embarqué. Il s’agit de faire et défaire le cloisonnement le plus rapidement possible. Cette technique est applicable pour tout type de ruminant. Elle ne peut bien sûr pas être mise en place partout du fait des contraintes liées au système de production et au parcellaire de l’exploitation. Malgré cela, certains éleveurs en Dordogne tentent l’expérience que ce soit en bovin comme en ovin en adaptant le principe aux contraintes de leur exploitation. Le coût des clôtures ? Compter 1 € le mètre linéaire. Le principe de fonctionnement Une subdividion de la parcelle en couloirs de pâturage 80 m Points d’abreuvement Clôtures fixes Déplacement du fil mobile Clôtures mobiles Lot animaux (120 brebis) 64 ares 80 m Témoignage du GAEC des Eyssals Des vaches laitières qui pâturent 9 mois de l’année Quelques chiffres (2012) 21 vaches laitières en production (70 000 litres) 1 taureau 15 génisses 40 ha de SAU dont : 6 ha de céréales 1 ha de maïs grain 6 ha de luzerne et trèfle violet 27 ha de Prairies naturelles Installation de Hugues Doche en 2007 en transformation fromagère (Agriculture Biologique) sur une exploitation historiquement en bovin viande (18 VA). Hugues Doche utilise les clôtures « Kiwitech » depuis 8 ans et teste la technique du techopâturage depuis 2 ans. L’objectif est de produire du lait de qualité en réduisant les charges au maximum tout en valorisant les prairies de l’exploitation. Fiche témoignage Techno-pâturage Pâturage de noyeraies en techno-pâturage (exploitation Patrick Aussel - Marcillac St Quentin) Améliorer la qualité et le potentiel des prairies L’exploitant souhaite privilégier l’alternance des pratiques afin de conserver l’équilibre de la végétation des prairies. Ainsi, les parcelles destinées au techno-pâturage sont fauchées au moins 1 fois tous les 3 ans. Les refus au pâturage sont broyés 1 fois/an. « Sur les parcelles de coteau, la flore a fortement évoluée en s’enrichissant et cela uniquement par l’influence des pratiques de pâturage/ fauche et fertilisation. Pourtant, il y a encore peu de temps, les prairies étaient constituées à 80% de fétuque ovine. 3 Pourquoi avoir choisi cette technique de pâturage ? Pour Hugues Doche, l’objectif est d’utiliser un maximum l’herbe tout en allongeant la période de pâturage. Cette technique semble répondre à ces objectifs puisque sur des prairies naturelles, les vaches ne sont rentrées en bâtiment qu’au 24/12/2011 pour ressortir au 26 février 2012 ! L’été est assuré par le pâturage de luzernes et de trèfles. Les vaches ne reçoivent aucune autre complémentation. L’éleveur précise « qu’une bonne part des prairies de l’exploitation est en fond de vallée et longe un cours d’eau. Malgré cela, elles sont portantes car sur sol sablonneux et regroupées ce qui favorise la mise en place de cette technique ». L’abreuvement se fait grâce à une pompe depuis le cours d’eau ». Les adaptations de la méthode aux conditions de l’exploitation Hugues Doche règle la vitesse de rotation de pâturage en fonction du niveau d’appétence des prairies : le niveau du tank à lait est un bon indicateur de la qualité de l’herbe et de sa disponibilité. Les prairies naturelles de l’exploitation ont la même qualité fourragère. Les parcelles pâturées sont des prairies naturelles dont une partie a été re-semée depuis 2007. Quand l’herbe est riche, le lot de vaches laitières reste plus longtemps et l’éleveur augmente la taille des parcs. A l’inverse, « lorsque l’herbe est moins riche je les laisse moins longtemps et je fais tourner plus vite ». C’est une gestion basée sur de l’observation et non sur des mesures strictes de hauteur d’herbe. De ce fait, la rotation de pâturage n’est pas toujours la même au cours de l’année et se construit en fonction de la pousse de l’herbe, de l’appétence des prairies et la quantité de lait. Fertilisation 1/3 des prairies reçoivent du compost tous les ans. Le pâturage pas à pas En 2012, les vaches laitières sont sorties le 26 février sur des parcelles non pâturées dans l’hiver. Hugues Doche insiste sur le fait qu’il faut les sortir tôt, avant que ça pousse, pour ne pas se faire déborder par l’herbe par la suite. Au début, elles rentrent la nuit et reçoivent un repas de foin/ jour jusqu’au 27 mars, fin de la première rotation de pâturage. Si jamais la prairie est « trop grasse », de la paille est apportée en complément afin d’éviter les diarrhées. Pendant la pousse de printemps, les vaches laitières et le taureau pâturent nuit et jour selon un chargement de 33 ares/VL (7 ha 40 pour 22 UGB) et cela jusqu’en fin juin. La gestion du pâturage estival est très variable d’une année sur l’autre et les luzernes et les trèfles sont pâturés si besoin entre le 15 juillet et le 15 août. 30 m (longueur variable selon la pousse de l’herbe) 1er jour (journée) 1er jour (nuit) 2ème jour (journée) 60 m 21 vaches et 1 taureau Passage du troupeau dans le 2ème parc Déplacement du fil mobile Fil arrière Fil avant Fil avant devient fil arrière Déplacement du fil avant devient fil arrière Les fils arrières et avant sont déplacés 2 fois par jour, soit des cellules de 22 ares en moyenne pour le troupeau. Chargement instantané : environ 1 VL/are Avantages Inconvénients - un allongement de la période de pâturage qui permet de baisser le coût de la complémentation en hiver - augmentation du chargement donc du revenu/ha. - le temps de travail (aller chercher les vaches à la pâture pour la traite). - l’abreuvement est à aménager - des chemins d’accès aux parcelles mal conçus (les vaches repassent sur les prairies déjà pâturées). Fiche témoignage Techno-pâturage 4 Et à l’avenir ? Pâturage hivernal 2 000 € d’économie sur l’exploitation Il s’agit de poursuivre l’effort d’amélioration des prairies afin de faire aussi pâturer les génisses et les taries toute l’année. Hugues Doche pense que cette technique de pâturage doit permettre d’augmenter la taille du troupeau d’au moins 10 VL. L’avis de la conseillère Camille Ducourtieux de la Chambre d’agriculture Exploitation Gaec des Fargues - Quercy « Le parcellaire des exploitations ne permet pas toujours la mise en œuvre d’un pâturage efficient mais il existe toujours des marges de progrès possibles. Une mise à l’herbe précoce ( vers le 10 mars en Dordogne), des hauteurs d’herbe en entrée de parcelle ne dépassant pas les 20 cm sont des principes importants à appliquer. Le techno-pâturage peut être considéré comme un hybride entre le pâturage tournant et le pâturage au fil. Il permet « de consommer tout ce qui pousse » mais nécessite un équipement spécifique afin de ne pas alourdir le travail. Même si cette technique paraît à première vue contraignante en temps de travail, ne vaut-il pas mieux passer du temps, au moins au printemps à « bouger des fils » plutôt que de distribuer en bâtiment ? La réduction du coût alimentaire est alors évidente. » Contacts ELE002 - Chambre d’agriculture Dordogne - SUP.COM.DOC019 - 20/12/2012 Olivier DEJEAN Camille DUCOURTIEUX Tél. 05 53 45 47 50 Boulevard de Saveurs Cré@Vallée Nord Coulounieix-Chamiers Adresse postale : CS 10 250 24060 PÉRIGUEUX CEDEX 9 Tél. : 05 53 35 88 88 Fax : 05 53 53 43 13 www.dordogne.chambagri.fr Exploitation Gaec des Fargues - Quercy Publication réalisée avec le soutien financier Fiche témoignage Techno-pâturage