Alternatives - Association Végétarienne de France

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Alternatives - Association Végétarienne de France
Entrée gratuitese
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18/21
Alternatives
PARC FLORAL
DE PARIS MARS 2011
égétariennes
REVUE DE L’ASSOCIATION VÉGÉTARIENNE DE FRANCE
N° 103 MARS - AVR iL - MA i 2011 - TR i MESTR i EL - 26è ANNEE - i SSN 0295 - 0863 - 4 e
Nouveau !
rubrique
famille
« DE L’UTOPIE À L’ACTION » Conférences, tables rondes, rencontres
◗ DES CLÉS POUR SE LOGER AUTREMENT
Vendredi 18 à 14h • Comment réussir son projet
d’habitat participatif
Vendredi 18 à 16h • Habitat groupé ou partagé,
écovillages et écoquartiers : un phénomène de société ?
◗ BOÎTE À OUTILS POUR TRAVAILLER AUTREMENT
Vendredi 18 à 14h • Des ressources alternatives pour
se lancer
Vendredi 18 à 16h • Des réseaux pour coacher vos
projets
◗ UNE ÉDUCATION REPENSÉE
Samedi 19 à 14h • Un état des lieux du système éducatif
français
Samedi 19 à 14h • Et si on en finissait avec la violence
ordinaire ?
Samedi 19 à 16h • Écoles de vie, écoles de la vie
◗ D’AUTRES RESSOURCES, D’AUTRES RICHESSES
Dimanche 20 à 14h • De l’argent pour les entrepreneurs
sans le sou mais pas sans ressources
Dimanche 20 à 16h • La richesse, un jeu d’enfant !
Lundi 21 à 14h • Le triangle infernal crise / inégalités /
financiarisation. Au secours !
Lundi 21 à 16h • Les activateurs de richesse
◗ OSER LE CHANGEMENT…
Samedi 19 à 16h • Des outils pour bien négocier le
changement
Lundi 21 à 14h • Marcher vers l’équilibre sur le chemin du Tao
Lundi 21 à 16h • Transformer sa vie par la méditation
◗ VOYAGE VERS L’AUTRE, VOYAGE VERS SOI
Tous les jours à 12h :
Vendredi 18 • Voyage et engagement volontaire
Samedi 19 • Quel sens donner à ses voyages ?
Dimanche 20 • Échange de maisons : un autre esprit du
voyage
Lundi 21 • Quand on achète un voyage « responsable »,
on achète quoi ?
Santé :
prévenir
les maladies
avec la
vitamine D !
INFOS PRATIQUES :
10h30 - 19h - nocturne 21h vendredi 18
M° Château de Vincennes
Navette gratuite
Informations : 01 45 56 09 09
www.salon-vivreautrement.com
AVE
Direct Matin
◗ ET SI ON VOYAIT LA VIE AUTREMENT ?
Dimanche 20 à 14h • N’écoutez pas votre cerveau !
Dimanche 20 à 16h • L’Appel de la jeunesse pour un
monde nouveau
5 pages de
conseils pratiques,
témoignages,
grossesse,
enfants
Animaux :
l’amour
inconditionnel
du chien
envers
l’humain
Le mythe de la carence en protéines
Cuisine :
9 pages
de recettes
et astuces
Edito
Bonjour,
et bonne année 2011 !
Même si elle est un peu déjà entamée, il n’est jamais trop tard pour formuler des vœux afin que
satisfaction et épanouissement deviennent le lot de tous : c’est ce que vous souhaite l’AVF !
Vous avez certainement lu ou entendu ici ou là dans les médias que les Français seraient un
peuple de moroses, dont le pessimisme et le mal-être constitueraient - si vous me permettez
cette hardiesse métaphorique - les deux verres des lunettes avec lesquelles ils regardent l’avenir…
Ces raccourcis journalistiques sont simplistes. Peut-être les légions de la défiance nous assaillent-elles, mais, non, toute la Gaule n’est pas soumise et le village de Végétarix fait toujours
la fête et trouve dans le futur de multiples raisons d’espérer.
Bien sûr ! Nous autres, végétariens, sommes d’indécrottables optimistes (certains vont même
jusqu’à dire « utopistes ») ; et, sans aller jusqu’à penser que le 21 décembre 2012, à 11h11, la planète
sautera d’un coup sur l’orbite végétarienne (la fin du monde du lobby de la viande…), nous estimons qu’une idée fait irrésistiblement son chemin : les jours de la viande sont comptés.…
Après « Bidoche » de Fabrice Nicolino, « Faut-il manger les animaux » de Jonathan Safran Foer,
« Notre poison quotidien » de Marie-Monique Robin, à quels autres livres, à quelles autres révélations devons-nous nous attendre ? En fait, dans un pays gouverné par des gens réellement
soucieux de la santé de leurs concitoyens, de la qualité de l’environnement, et du progrès de
l’éthique (une utopie ?), l’élevage serait déjà réduit à un sujet d’études pour les historiens.
C’est vrai, nous n’en sommes pas là. Et quand on voit notre Président lécher les bottes des éleveurs, se précipiter au Salon de l’agri-torture, et qualifier de « particulièrement déplacée » la
campagne d’affichage de France Nature Environnement (qui ne fait pourtant que dire la vérité),
tout ceci pour tenter de récolter quelques voix de plus afin d’éviter sa fin du monde en 2012, on
peut se dire que le chemin risque d’être encore long.…
Néanmoins…, à voir l’écoute de l’AVF là où nous nous manifestons (stands, événements, médias),
à voir l’intérêt que rencontrent nos délégués et correspondants dans leurs actions, à voir l’attrait
que suscite notre association (par les adhésions, dons et offres de bénévolat), on doit être optimiste et considérer que, oui, les jours de la viande sont comptés.
Nous sommes fiers d’y participer !
Et c’est pour mieux encore y participer si possible que vous tenez aujourd’hui entre les mains
une revue « nouvelle formule ». Nous essaierons de rendre Alternatives Végétariennes encore
plus attractif, encore plus informatif, afin que ceux qui nous découvrent aient envie de nous
rejoindre et ceux qui nous rejoignent trouvent toutes les raisons de rester avec nous ; afin que
cette revue soit une référence végétarienne ; afin qu’elle donne envie de travailler avec l’AVF, pour
que le compte des jours de la viande soit le plus court possible.
Je lance ici un appel à compétences. Nous étoffons notre équipe de rédaction. Pourquoi ne pas
venir travailler avec nous ? Le désir de réussite ne manque pas, les perspectives sont réjouissantes. C’est peut-être le moment de poser un acte utile et ambitieux.
Très utile, car pour le développement du végétarisme, rien ne vaut une solide association dotée
d’un solide organe de communication appuyé sur des personnes de qualité. Et ambitieux, car
nous ne visons rien moins que de devenir des interlocuteurs incontournables dotés d’une revue
irremplaçable.
Je pense que nous vivons à une époque où, beaucoup plus qu’à d’autres, le futur est entre nos
mains. Des murs se lézardent, et en particulier celui de l’ex-toute puissance de certains lobbies
agricoles, derrière lequel se dessinent des lettres longtemps cachées où l’on commence à deviner une phrase : « manger de la viande tue ». Le replâtrage fébrile opéré par des politiciens effarouchés peut encore tromper longtemps son monde. Mais plus nous pousserons fort, et plus
vite nous ferons apparaître la vérité à tout le monde.
Si vous rejoignez les membres de l’AVF, l’équipe rédactionnelle de notre revue, le groupe de nos
délégués et correspondants, vous pourrez dire « j’y étais » quand le dernier pan de mur tombera.
Ça vaut le coup !
À bientôt,
André Méry
Alternatives végétariennes N° 103 | 3
Sommaire
5Nutrition-santé
12 Idées reçues
13 Compétences animales
14 Agriculture végane
11
13
16Culture
14
17 A lire
18 La sentience
21 Cuisine végétarienne
23 Recettes végétariennes
26 Blog à l’honneur
30 La vie de l’association
34Société
37 Lectures et critiques
18
34
39Juridique
40Slam
41Famille
46Brèves
48Ethique
49 Bulletin d’abonnement
41
Association Végétarienne de France
membre de l’Union Végétarienne Européenne
BP 4-77390 Chaumes-en-Brie
Directeur de la publication : André Méry
Rédacteur en chef : André Méry
Toile : www.vegetarisme.fr
Courriel : [email protected]
Réalisation : Association Végétarienne de France
Imprimé sur papier recyclé
La rédaction choisit les textes en fonction de l’intérêt
qu’elle y trouve et des débats qui peuvent en découler,
mais les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas
forcément la position de l’association.
4 | Alternatives végétariennes N° 103
46
NUTRITIONSANTÉ
Protéines
Par André Méry
« Les protéines d’origine végétale (céréales,
légumineuses, fruits et légumes...) ne
contiennent généralement pas tous les
acides aminés essentiels dans des proportions optimales ou bien sont trop pauvres en
protéines pour en être de bonnes sources. »
Il n’est certainement pas un végétarien qui
ne se soit vu opposer, un jour ou l’autre,
un argument de ce type, pour lui signifier
que les végétaux ne peuvent, à eux seuls,
satisfaire aux besoins de l’alimentation
humaine. Ou bien encore, sous une forme
franchement caricaturale :
« Parce qu’elles sont constituées des huit
acides aminés essentiels que l’organisme
ne sait pas fabriquer, les protéines animales
sont incontournables car supérieures aux
protéines végétales qui sont carencées en
acides aminés soufrés. » (sic).
Ces
extraits,
tirés au hasard
d’Internet
( janvier 2011)
résument
assez bien ce
que Tom Salsberg appelait
« le mythe de
la carence en
protéines »
(voir notre
revue, n° 60, été 2000). Par expérience,
les non végétariens conversant avec des
végétariens adorent ce genre d’affirmations péremptoires, parfois assorties d’un
contexte médical pour leur donner plus
de poids (« n’importe quel médecin te dira
que… »). Autrement dit, végétarien/ne, les
carences en acides aminés te guettent et
n’attendent qu’une chose pour se jeter sur
toi : que tu ne fasses pas attention à ton alimentation et que tu oublies les œufs et les
produits laitiers. Quant à toi, végétalien/ne,
tes jours sont comptés… Horreur !
Je ne vais pas tenter de faire « le point »
sur cette question car ce serait une approche illusoire : si vous vous trouvez face
à quelqu’un ayant décidé que deux plus
deux égalent cinq, vous pourrez écrire ce
que vous voudrez pour lui montrer que ça
fait quatre, ça ne l’empêchera pas de vous
rétorquer que ça fait cinq…
Mais, par une approche plus modeste, peutêtre vous apporterai-je quelques informations pour vous aider à déboulonner ce
fameux mythe de la carence en protéines
chez les végétariens ou végétaliens.
Les bases
La première chose à savoir, c’est qu’une
protéine est constituée de briques élémentaires appelées « acides aminés » (ou AA)
et que parmi tous ceux rencontrés dans la
nature, 20 sont nécessaires à la constitution
des protéines humaines.
Certains de ces AA sont dits indispensables,
c’est-à-dire qu’ils doivent nécessairement
être apportés par l’alimentation car l’organisme ne peut pas les synthétiser en quantité suffisante pour couvrir ses besoins physiologiques. Les autres, non indispensables,
peuvent être synthétisés par l’organisme de
façon à couvrir ses besoins physiologiques.
Les indispensables sont maintenant au
nombre de 9, qui répondent aux doux noms
suivants : histidine, isoleucine, leucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine,
tryptophane, valine.
J’ai dit « maintenant » car – traditionnellement – l’histidine n’était considérée comme
indispensable que pour les enfants en basâge ; elle a été introduite comme indispensable à tout âge dans le dernier rapport de
l’OMS, datant de 2007.
À noter pour la suite qu’en règle générale,
on ne s’intéresse pas à la méthionine seule,
mais au couple « méthionine + cystéine »,
car la cystéine est un acide aminé qui est
produit par le métabolisme de la méthio-
nine. De même, on considère habituellement le couple « phénylalanine + tyrosine »
pour la même raison que la phénylalanine
est un précurseur de la tyrosine.
Que nous faut-il ?
Les besoins humains en AA indispensables ont été plusieurs fois réévalués.
Ils sont souvent exprimés en mg d’AA
indispensable/g de protéine. Cela conduit
à la notion de « protéine idéale », celle qui
contiendrait les neuf AA indispensables
dans certaines proportions, propres à satisfaire à nos besoins physiologiques. Évidemment, la protéine idéale (ou de référence)
n’existe pas dans la nature. La composition
des protéines animales ou végétales s’en
rapproche plus ou moins…
Voici donc les valeurs indiquées par le dernier rapport de l’OMS, basé sur les toutes
dernières connaissances, pour les adultes
des deux sexes âgés de plus de 18 ans ; cela
signifie qu’1 g d’une « bonne » protéine devrait contenir au moins 15 mg d’histidine,
etc.
Si vous vous promenez sur Internet, vous ne
trouverez pas forcément les mêmes valeurs.
Il faut savoir en effet que la précédente évaluation a été revue en 1991 et que, d’autres
études s’étant ajoutées depuis, les valeurs
ont été affinées. Mais beaucoup d’informations ne sont pas à jour.
Alternatives végétariennes N° 103 | 5
NUTRITIONSANTÉ
Par exemple, on recommandait auparavant delle ne fait pas le printemps. Prenons alors
58 mg Lys/g de protéine ; maintenant, c’est 45. un autre exemple dans le domaine des céOn recommandait auparavant 25 
mg réales : le riz.
Met+Cys / g de protéine ; maintenant, c’est 22. L’analyse de la protéine de riz fait apparaître
Sans entrer dans trop de détail, on notera une très bonne couverture des besoins en
qu’à 2-3 mg près, ces valeurs sont les mêmes AA indispensables, sauf pour la lysine (Lys),
dès que l’on passe l’âge de 2 ans.
Un autre point important est que le besoin
global moyen en protéine est estimé à
0,66 g de protéines par kg de poids et par
jour, pour les adultes des deux sexes, avec
une valeur de sûreté de 0,83 g/kg, qui permet de couvrir les besoins individuels de
97,5 % de la population.
Bien couverts
On sait que le reproche fait aux protéines
végétales est de ne pas bien couvrir les
besoins nutritionnels humains ; autrement
dit, les protéines végétales s’écarteraient de
la « protéine idéale » et une proportion trop
importante de végétaux dans l’alimentation nous exposerait à des carences…
Examinons par exemple le soja, sous sa
forme de tofu, prêt à consommer. Le tableau
ci-dessus s’interprète de la façon suivante :
supposons que l’on absorbe 1 g de protéine
de tofu ; on aura donc absorbé 29,08 mg
d’histidine, alors que 15 mg seraient suffisants. Ainsi, 1 g de protéine de tofu couvre
les besoins en histidine à 193,86 % (des
apports recommandés). Le même raisonnement s’applique aux autres acides aminés.
La conclusion est que la protéine de soja est
parfaitement équilibrée et convient largement à elle seule aux besoins nutritionnels
protéiques de l’espèce humaine.
Ainsi, le soja est très bien. Mais… une hiron-
Sources :
- Protein and amino acid requirements in human nutrition: report
of a joint FAO/WHO/UNU expert
consultation (WHO technical
report series; no. 935) 2007 - http://
whqlibdoc.who.int/trs/WHO_
ce qui est d’ailleurs connu, les céréales
manquant généralement d’un peu de
lysine.
Ayant constaté cela, c’est comme si nous
évoquions le spectre de la complémentation… « Voilà pourquoi votre fille est
muette ! » : elle n’a pas bien harmonisé
dans son plat céréales et légumes secs.
La réalité est différente. Si l’on voulait obtenir un apport satisfaisant en lysine en ne
consommant que de la protéine de riz, il
suffirait… d’augmenter d’environ 20 % la
quantité de protéine ingérée. En effet, si 1 g
de protéine de riz n’apporte que 38,37 mg
de lysine, alors 1,20 g en apporteront 46 mg,
soit de quoi satisfaire aux besoins.
Complémenter ?
Ainsi, fondamentalement, aucune complémentation n’est nécessaire, contrairement à
ce que l’on trouve couramment affirmé. Mais
pourquoi alors mélanger du riz et des lentilles
(une complémentation classique) ?
La lentille, comme le montre le tableau correspondant, assure une parfaite couverture
des besoins en AA indispensables et notamment en lysine sauf – très marginalement –
en ce qui concerne le couple « Met+Cys » (que
l’on appelle aussi « acides aminés soufrés »).
L’intérêt de ne pas manger que du riz (cas
d’école !) pour assurer l’apport en lysine est
que, ce faisant, en augmentant de 20 % sa
TRS_935_eng.pdf.
- Site LaNutrition.fr pour l’analyse
protéique des aliments : http://
www.lanutrition.fr/fraliment/
fraliment/2885-tofu.html, http://
www.lanutrition.fr/fraliment/
fraliment/3927-riz-brun-
grain-long-cuit.html, http://
www.lanutrition.fr/fraliment/
fraliment/2944-lentilles.html.
- Tom Salsberg, Démolir le mythe
de la carence en protéines, http://
vegetarisme.fr/_pdfs/Salsberg_
Mythe_des_proteines.pdf
consommation de riz, on absorberait trop
d’acides aminés soufrés, qui sont des éléments certes nécessaires, mais dont l’excès
est facteur d’acidification, d’hypercholestérolémie, d’affections cardiovasculaires et de
cancers (ce sujet a été évoqué plusieurs fois
dans notre revue sous la plume de notre collaborateur Hervé Berbille).
L’intérêt, par contre, de consommer des
lentilles (et des légumes secs en général)
est que le taux d’acides aminés soufrés est
juste ce qu’il faut ou pas trop élevé.
Ainsi pourrait-on très bien éliminer les
céréales de notre alimentation et ne
consommer que des légumineuses… Mais,
pour ceux qui consomment beaucoup de
céréales, il est prudent de compenser la
faiblesse en lysine de ces dernières par un
apport en légumineuses, sachant que ce
genre de complémentation doit s’envisager
sur une durée de quelques jours et non pas
dans chaque assiette…
Conclusion
On pourrait poursuivre les analyses, qui
montreraient que l’équilibrage des protéines végétales n’a rien de compliqué et se
fait très facilement dans le cadre d’une alimentation variée. Prenez par exemple une
banale petite carotte crue (bio !) de taille
standard (50 g) ; beaucoup penseront que
ce légume-racine ne doit pas avoir une protéine de bonne qualité… Détrompez-vous ! à
part en leucine et en AA soufrés, la protéine
de carotte couvre largement les besoins exprimés par la protéine de référence. De plus,
grignotez-la avec quelques cacahuètes et
vous obtiendrez ce qui vous manque !
L’intérêt de tirer ses protéines des végétaux
est multiple ; ce faisant, vous ne consommez
peu ou pas de cholestérol, peu de graisses
saturées, mais par contre des glucides complexes, et vous limitez les risques d’un excès
en fer (facteur de cancer du côlon…).
La prochaine fois que vous entendrez dire
que les protéines animales sont « incontournables », éclatez d’un grand rire et
renvoyez la personne vers nos documents :
cet article, les autres articles de cette revue
et les recettes de cuisine sur le thème des
protéines, notre fiche-info « Protéines végétales », notre « Kit du végétarien débutant »
et notre tableau nutritionnel.

6 | Alternatives végétariennes N° 103
NUTRITIONSANTÉ
Céréales
Temps de
trempage
(heures)
Temps de
cuisson
(après
ébullition)
Volumes
d’eau pour 1
volume
12 h
1h
4
(de blé, d’orge,
etc.)
10-15 min
2
Couscous
(de blé, d’orge,
etc.)
À faire
tremper
5 min
1 (eau
chaude)
12 h
1h
4
12 h
1h
4
Blé (en grains)
Boulgour
épeautre
(en grains)
Blé Kamut
Kasha de
sarrasin
Blé (en
grains)
Sarrasin
Céréales
Temps de
trempage
(heures)
12 h
Boulgour
Millet
(de blé, d’orge,
etc.) Orge
Riz complet
Blé Kamut
1 h15-20 min
20 min
10-15 min
12 h
4
2
2,5 (eau
chaude)
2
45 min
4
15 min
3 (eau
À faire
1 (eau
(remuer
!)
chaude)
tremper
chaude)
5 min
10-15 min
2
Couscous
Polenta de maïs
(de blé, d’orge,
etc.) Quinoa
Riz blanc
épeautre
(en grains)
Riz 1/2 complet
Temps de
Volumes
cuisson
d’eau pour 1
(après
15-20 min
2
volume
ébullition)
15 min
12 h
1h
12 h
1 h 45 min
30 min
4
4
2,5
2,5
2,5
Partez à la découverte
des céréalesLégumineuses
Temps de
et des légumineuses
Temps de
cuisson
Volumes
d’eau pour 1
trempage
(après
Céréales et légumineuses méritent toute votre attention ; volume
elles
ébullition)
vous apporteront des protéines, des glucides complexes et des
fibres ;Azukis
leur variété est impressionnante.
Dans1 hla famille « Cé12 h
2,5
réales », vous pouvez demander : blé tendre, blé dur, blé Kamut,
boulgour (de blé, d’orge, etc.), couscous (de blé, d’orge, etc.), petit
Haricots (divers)
12 hsarrasin, kasha,
1-2 h millet, sorgho,
2,5
épeautre,
grand épeautre, seigle,
fonio, orge, avoine, polenta, maïs, quinoa, riz blanc, riz 1/2 complet,
riz complet…
Dans la famille « Légumineuses »,
appelez : haricots
Lentilles corail
10-15 min
2,5
(de toutes sortes), azukis, lentilles corail, lentilles vertes, pois cassés,
Lentilles vertes
45 min
2,5
pois chiches,
soja jaune (mungo), soja vert, fèves,
lupins…
Les tableaux
vous
donnent
des
indications
de
préparation
pour
les
Pois cassés
2 h
30 min
2
principales d’entre elles (bonne cuisine et bon appétit !) –
Pois chiches
12 h
1 h 30
2,5
Source : Biocoop
Soja jaune
12 h
3 h

2,5
Soja vert (mungo)
12 h
Légumineuses
2 h
2,5
Temps de
trempage
Temps de
cuisson
(après
ébullition)
Volumes
d’eau pour 1
volume
Azukis
12 h
1 h
2,5
Haricots (divers)
12 h
1-2 h
2,5
Lentilles corail
10-15 min
2,5
Lentilles vertes
45 min
2,5
Pois cassés
2 h
30 min
2
Pois chiches
12 h
1 h 30
2,5
Soja jaune
12 h
3 h
2,5
Soja vert (mungo)
12 h
2 h
2,5
Kasha de
15-20 min
2
sarrasinDES ÉCOLES PROPOSENT DES REPAS VÉGÉTALIENS… AILLEURS QUE CHEZ NOUS
Cette semaine, le président Obama a signé le Healthy, Hunger-Free Kids Act – la première
Sarrasinloi bipartite majeure promulguée
15-20 par
minun Congrès
2 profondément divisé depuis l’élection.
La loi vise à remplacer les aliments à faible valeur nutritive (« junk food ») dans les déjeu2,5plus
(eausains.
par des choix
Millet ners et les distributeurs des écoles
20 min
chaude)
Plusieurs juridictions ont pris des mesures similaires. Les parlements des États d’Hawaii, de
ont adopté des
Orge Californie, de New
12York
h et de Floride
45 min
4 résolutions recommandant des options
végétaliennes dans les écoles. L’an dernier, le système scolaire public de la ville de Baltimore
est devenu le premier du pays15àmin
offrir à ses 80 000 étudiants
un déjeuner sans viande
3 (eau
Polenta de maïs
chaque semaine. D’après la School
Nutrition
Association,
65 % des écoles américaines pro(remuer
!)
chaude)
posent dorénavant des choix de déjeuners végétariens.
Quinoa Par le passé, l’USDA a utilisé le10-15
min
2 des déjeuners à l’école pour se débarProgramme
national
rasser des surplus de viande et de produits laitiers. Il n’est donc pas surprenant que 90 %
Riz blancdes enfants américains consomment
15 min de trop grandes
2,5
quantités de graisse et que seulement 15 % consomment la ration recommandée de fruits et légumes. Ces mauvaises
Riz 1/2 complet
30 min
2,5
habitudes diététiques, acquises dès le plus jeune âge, deviennent des addictions à vie, augmentant le risque de diabète, de
cardiaque
Riz complet
45maladie
min
2,5 et d’accident vasculaire cérébral.
Les personnes qui se soucient de la santé de nos enfants devraient demander que les repas, les
collations et les articles vendus en distributeur dans les écoles soient sains et d’origine végétale.
Source : Max Kramer, Honolulu, 5 janvier 2011 - http://honoluluweekly.com/letters/2011/01/schools-offer-vegan-options/
Traduction : Pascal Goux

Alternatives végétariennes N° 103 | 7
NUTRITIONSANTÉ
La vitamine D
chez les adultes :
un véritable problème de santé publique
Par le Dr Jérôme Bernard-Pellet
L
ongtemps négligée, en tout cas chez les
adultes, la vitamine D revient sur le devant de la scène. En cause, de récentes
études montrant des effets positifs sur des
organes autres que l’os ainsi que la mise en
évidence de carences très fréquentes dans
la population générale incluant les omnivores et les végétariens.
Historiquement, la vitamine D est connue
pour son rôle dans l’absorption digestive du
calcium puis dans la fixation de ce même
calcium sur les os. Pour cette raison, des apports suffisants en vitamine D sont nécessaires pour prévenir le rachitisme chez l’enfant et l’ostéoporose chez l’adulte. De plus,
elle a fait la preuve de son efficacité pour
augmenter la densité minérale osseuse et
surtout pour prévenir les fractures chez les
personnes âgées [1] [2].
Les sources alimentaires en vitamine D sont
peu nombreuses et surtout très pauvres, ce
qui fait qu’il est quasi-impossible d’assurer
tous ses besoins par l’alimentation. Vous
pouvez oublier d’emblée cette solution si
vous voulez obtenir un taux optimal de
vitamine D. La seule bonne source naturelle
de vitamine D consiste en une exposition
régulière au soleil. Plus précisément, nous
fabriquons dans notre peau un précurseur
de la vitamine D3, le 7-déhydrocholestérol.
Les UVB (ultra-violets de type B) du soleil
rendent possible une transformation du
7-déhydrocholestérol en vitamine D3, qui
sera à son tour transformée successivement dans le foie en 25-OH-D3 puis dans le
rein en 1-25-(OH)2-D3.
Notez que la vitamine D2 ingérée sous
forme de suppléments ou par l’alimentation
sera transformée par le foie en 25-(OH)-D2,
puis dans le rein en 1-25-(OH)2-D2. Mais les
« La vitamine  D3 (cholécalciferol) est
presque toujours d’origine animale
alors que la vitamine D2 (ergocalciférol) est toujours d’origine végétale. »
8 | Alternatives végétariennes N° 103
deux formes transformées sont généralement regroupées sous le terme 1-25-(OH)2D, considérée comme la forme réellement
active de vitamine D.
Toutefois, c’est l’ensemble 25-OH-D3 + 25OH-D2 qui est le meilleur indicateur des
stocks en vitamine D et c’est celui dont il
faudra tenir compte pour les dosages sanguins. Les laboratoires d’analyse doivent
utiliser un kit de dosage spécifique pour
prendre en compte à la fois la vitamine D3
fabriquée naturellement et la vitamine D2
ingérée [3]. Votre médecin devra noter sur
votre ordonnance « dosage sérique 25-OHD2 + D3 » s’il veut évaluer l’efficacité de
votre éventuel traitement par vitamine D2.
Ne doser que la seule 25-OH-D3 risque
de sous-estimer votre taux réel de vitamine D. Sous nos latitudes, une exposition
du visage et des avant-bras au soleil pendant 20 minutes par jour environ d’avril
à octobre semble suffisante pour assurer
des apports adéquats en vitamine D. Par
contre, cela ne semble pas être possible en
hiver, d’où l’intérêt d’une supplémentation.
Actuellement, nous constatons sous nos
latitudes qu’entre 50 et 75 % de la population générale, omnivores et végétariens,
est carencée en vitamine D. Ce chiffre est
colossal. Il s’explique par le changement
radical de notre mode de vie en quelques
décennies. Il n’y a pas si longtemps, la majorité des Français étaient paysans et passaient beaucoup de temps à l’extérieur. La
vitamine D n’était donc absolument pas
un problème. Nous sommes très probablement génétiquement adaptés à cet ancien
mode de vie. Désormais, la grande majorité d’entre nous travaillent à l’intérieur, ce
qui explique que la carence en vitamine D
soit devenue un véritable problème de
santé publique. Il est d’ailleurs étonnant
de constater que les autorités sanitaires
n’aient pas réagi et qu’il n’existe pas de
programme national de santé publique
en France pour dépister et supplémenter
systématiquement les personnes adultes
carencées, alors même que la vitamine D
est très bon marché.
Pour être satisfaisant, le taux sanguin de
vitamine D (en additionnant les formes 25OH-D3 et 25-OH-D2) doit être compris entre
75 et 250 nmol/l (soit 30-100 ng/ml). Ce
n’est probablement qu’à partir de ce taux
que tous les effets bénéfiques potentiels de
la vitamine D deviennent significatifs. En
effet, des études d’observation montrent
un effet préventif de la vitamine D à taux
élevés sur les cancers du côlon, du sein,
le diabète de type I, l’hypertension artérielle, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde [2]. Même si des études
d’intervention randomisées n’ont pas été
encore réalisées sur ces points, ces données
doivent nous inciter à nous supplémenter
avec des doses considérées comme élevées
de vitamine D. Notons qu’aucune toxicité
n’a jamais été mise en évidence pour des
doses quotidiennes de 10 000 UI. Cette
dose de 10 000 UI est considérée comme la
dose maximale chez l’adulte que n’importe
qui peut prendre sans risque, même si la
dose maximale réelle est probablement
bien plus élevée encore [4].
En 2009, une étude d’intervention randomisée sur des enfants en âge scolaire
a démontré de manière formelle que la
vitamine D était efficace pour prévenir
la grippe [5]. Dans cette étude, le groupe
d’enfants recevant 1 200 UI de vitamine D
par jour avait 42 % de risque en moins
de contracter le virus de la grippe que le
groupe d’enfants recevant un placebo.
Ceci tend à démontrer qu’il est important
d’avoir des taux sanguins optimaux en vitamine D pour pouvoir se défendre efficacement contre les maladies infectieuses. Il
est probable que l’épidémie saisonnière de
grippe survienne en hiver et non en été précisément parce que nous avons de faibles
taux sanguins de vitamine D en hiver.
Il est étonnant de constater que les Apports
LECTURES ET CRITIQUES
Nutritionnels Conseillés (ANC) décidés par les autorités sanitaires en
France pour les adultes (à savoir l’AFSSAPS) ne soient que de 200 UI depuis
2001. La recommandation de 2001 a été abaissée par rapport au chiffre déjà
faible de 1992 qui n’était que de 480 UI. Ceci est incompréhensible en regard
des données de la science et contribue à favoriser l’émergence de maladies
chroniques dans notre contrée. Les nouveaux ANC au Canada pour l’année
2010 sont de 1 000 UI à 2 000 UI par jour selon les cas en envisageant si
besoin des apports plus élevés. Même des apports de 2 000 UI par jour
me paraissent bien trop conservateurs car ils parviennent rarement à faire
franchir le taux sanguin des 75 nmol/l de vitamine D, taux nécessaire pour
bénéficier d’une protection optimale contre l’ostéoporose [6]. Par conséquent, une recommandation raisonnable est de prendre systématiquement entre 4 000 et 5 000 UI de vitamine D par jour [6]. Concrètement,
4 000 UI de vitamine D2 correspondent à 10 gouttes de Stérogyl gouttes,
médicament vendu sans ordonnance dans toutes les pharmacies pour un
prix modique. Même si cette dose paraitra bien élevée à la plupart des
médecins et pharmaciens, c’est pourtant une solution raisonnable pour
tenter d’obtenir un taux optimal de vitamine D dans le sang. Rappelons
que cette dose reste très en-deçà des doses considérées comme toxiques.
La question de la différence d’efficacité entre la vitamine D2 et D3 est une
question non totalement résolue à ce jour, même si la vitamine D2 semble
moins active que la D3, justifiant l’administration de doses plus élevées
de D2. Toujours est-il que la vitamine D3 (cholécalciferol) est presque toujours d’origine animale alors que la vitamine D2 (ergocalciférol) est toujours d’origine végétale, ce qui orientera le choix de la communauté végétarienne.
Pour les personnes les plus motivées par leur santé, on peut proposer un
contrôle de la vitamine D dans le sang (25-OH D2 + D3) trois mois après le
début de la supplémentation, délai nécessaire pour que le taux sanguin de
vitamine D atteigne un plateau [1]. Suivant les résultats, on peut décider
d’ajuster la dose quotidienne. Le plus souvent, cet ajustement consiste à
augmenter la dose quotidienne afin de parvenir enfin au taux de 75 nmol/l.
En conclusion, la carence en vitamine D est généralisée dans la population
générale et ses conséquences sont lourdes. Concrètement, demandez à
votre médecin traitant un dosage de 25-OH-D3 si vous voulez en avoir le
cœur net. Si vous êtes carencé, vous pouvez prendre environ 4 000 UI de vitamine D par jour à vie sous la forme que vous souhaitez. Stérogyl gouttes
est une spécialité qui contient de la vitamine D2, aucun ingrédient d’origine animale, est disponible partout en pharmacie, est remboursable sans
nécessiter une ordonnance pour autant si vous ne souhaitez pas consulter
un médecin. Dix gouttes par jour sont une dose raisonnable pour commencer. Si compter les gouttes tous les jours vous parait trop contraignant,
il est possible de prendre en une seule fois, tous les mois, 120 000 UI de
vitamine D2 ce qui correspond à 6 ml de Stérogyl gouttes. Le coût mensuel sans ordonnance est de 0,62 €, à savoir une somme négligeable en
regard du service médical rendu. Il est également pertinent de prendre
ce traitement sans dépistage préalable si on ne s’expose pas ou peu au
soleil. Vous pouvez faire un contrôle d’efficacité de ce traitement au bout
de 3 mois ou après tout changement de posologie en dosant l’ensemble
25-OH-D2 + D3. Une telle attitude, si elle était généralisée à toute la population, permettrait probablement de sauver des
« Il est probable que l’épidémie
milliers de vies humaines
saisonnière de grippe survienne en
et éviterait certainement
hiver et non en été précisément parce
bien des grippes hivernales
que nous avons de faibles taux
et autres désagréments.
sanguins de vitamine D en hiver. »

Sources :
1. Hanley, D.A., et al., Vitamin
D in adult
health and disease: a review
and guideline statement
from Osteoporosis Canada.
CMAJ, 2010. 182(12): p. E610-8.
2. Holick, M.F., High prevalence
of vitamin D inadequacy and
implications for health.
Mayo Clin Proc, 2006. 81(3):
p. 353-73.
3. http://www.afssaps.
fr/content/download/22438/283867/version/3/
file/vitamineD.pdf.
4. Hathcock, J.N., et al., Risk
assessment for
vitamin D. Am J Clin Nutr,
2007. 85(1): p. 6-18.
5. Urashima, M., et al., Randomized trial of vitamin D
supplementation to prevent
seasonal influenza A in
schoolchildren. Am J Clin Nutr,
2010. 91(5): p. 1255-60.
6. Aloia, J.F., et al., Vitamin
D intake to attain a desired
serum 25-hydroxyvitamin D
concentration. Am J Clin Nutr,
2008. 87(6): p. 1952-8.
MERVEILLES DU FLAIR CANIN
En 2010, en France, on a compté 8 790 décès par
cancer de la prostate, sur 153 720 patients masculins souffrant de cette affection (prévalence). Le
nombre de nouveaux cas de cancer de la prostate
apparus en 2010 (incidence) a été estimé à 71 600.
Le cancer de la prostate est le cancer masculin le
plus fréquent en France et dans les pays occidentaux en général.
Le rapport 2007 du Fond mondial de recherche
contre le cancer donnait les 3 aliments suivants
comme facteurs de risque : les aliments riches en
calcium en général, le lait et les produits laitiers, la
charcuterie…
Le meilleur moyen d’échapper au cancer de la
prostate est… de ne pas l’attraper mais, pour ceux
qui auraient un doute, il se trouve que la recherche
sur de nouveaux types de diagnostic fait appel à
cette merveille qu’est le flair canin.
Une équipe française a utilisé les services d’un
chien berger malinois pour différencier des sujets
atteints d’un cancer de la prostate parmi un ensemble de sujets indemnes, en lui faisant flairer
leurs urines, dans lesquelles la présence de composés organiques volatils spécifiques d’un cancer de
la prostate a été postulée.
Sur les 34 sujets atteints du cancer, le chien en a
diagnostiqué 31 et sur les 32 sujets « contrôles »
qui n’étaient pas atteints, il ne s’est trompé que
2 fois. En fait, les chercheurs avaient constitué
au départ 2 groupes égaux de 33 sujets ; or, sur
les 33 sujets « contrôles », le chien a diagnostiqué
3 cancers ; les chercheurs ont alors refait des tests
sur ces 3 sujets et il est apparu que le chien avait
raison pour l’un d’eux, qui était effectivement
atteint d’un cancer alors que les chercheurs ne
l’avaient pas repéré…
Ce « test canin » est donc particulièrement sensible, puisqu’il détecte un cancer quand il y en a
effectivement un (dans 31/34 = 91 % des cas) ; il est
aussi très spécifique, puisqu’il ne détecte pas de
cancer quand il n’y en a pas (dans 30/32 = 94 %
des cas). La « sensibilité » d’un test doit être forte,
afin de pouvoir soigner ceux qui sont effectivement malades, et la « spécificité » doit l’être également, afin de ne pas engager de soins à tort
lorsqu’il n’y a pas d’affection.
Des chiens ont déjà été employés pour détecter
des cancers du poumon, de la vessie et du sein.
Cette nouvelle étude montre à quel point les animaux ont des compétences qui nous dépassent, ce
qui devrait susciter notre respect [pour une autre
réflexion sur le chien, voir dans ce même numéro
l’article de Cristi Barbulescu].
Sources : - Cornu JN, Cancel-Tassin G, Ondet V, Girardet C, Cussenot
O. Olfactory Detection of Prostate Cancer by Dogs Sniffing Urine: A
Step Forward in Early Diagnosis. Eur Urol. 2010 Oct 15. [Epub ahead
of print]
- La situation du cancer en France en 2010. Collection Rapports &
synthèses, ouvrage collectif édité par l’INCa, Boulogne-Billancourt,
novembre 2010 (p. 51, 53 et 56 en particulier).
- World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer, a Global Perspective. Washington D.C. AICR, 2007.
- Gordon RT, Schatz CB, Myers LJ, et al. The use of canines in the detection of human cancers. J Altern Complement Med 2008;14:61–

NUTRITIONSANTÉ
Brèves de santé
Par André Méry
La carotte ou le (retour de) bâton ?
Une étude récente parue sur le site des Archives of Internal Medicine
conclut que les personnes ayant un taux sanguin élevé en
α et β-carotène, c’est-à-dire consommant beaucoup de
fruits et de légumes ont moins de risque de décéder
prématurément et vivent généralement plus longtemps que la moyenne.
Petit rappel : les radicaux libres sont des éléments
chimiques (atomes ou molécules) générés naturellement
dans notre corps lors du cycle de production d’énergie. Ils induisent des
dommages et des lésions sur l’ADN, les protéines cellulaires essentielles et
les lipides membranaires. Les antioxydants tels que les caroténoïdes (α et
β-carotène, lycopène) s’opposent aux effets néfastes des radicaux libres… et
c’est en mangeant des fruits et des légumes que notre organisme s’enrichit en
caroténoïdes !
En pratique, l’étude a porté sur 15 318 volontaires âgés de plus de vingt ans et suivis
sur une durée de 18 ans. Les participants ont subi un examen médical et ont fourni
des échantillons de sang entre 1988 et 1994 et ont ensuite été suivis jusqu’en 2006.
Au cours de l’étude, 3 810 participants sont décédés. Les auteurs ont alors découvert que le risque de mourir était plus faible chez les personnes qui présentaient
des niveaux plus élevés d’α-carotène dans le sang, avec en outre un « effet-dose » :
Par rapport aux sujets ayant des taux sanguins d’α-carotène entre 0 et 1 µg/dl, le
risque de décès est 23 % plus faible chez ceux qui avaient des concentrations comprises entre 2 et 3 µg/dl, 27 % inférieur pour une concentration entre 4 et 5 µg/dl,
34 % plus faible pour des niveaux compris entre 6 et 8 µg/dl et 39 % de moins avec
des niveaux de 9 µg/dl ou plus.
Plus précisément, les chercheurs ont démontré une diminution significative de la
mortalité cardiovasculaire, par cancer et toutes causes confondues. L’association
entre les concentrations d’α-carotène sanguin et le risque de décès toutes causes
confondues était significative dans la plupart des sous-groupes stratifiés selon les
caractéristiques démographiques,
les habitudes de vie et les facteurs de risque pour la santé.
Les auteurs concluent donc
fort logiquement à l’importance d’une alimentation riche en
légumes pour allonger
la vie, en particulier des légumes riches
en α-carotène. L’α-carotène se retrouve
dans la carotte, la patate douce, le potiron,
la courge, le brocoli, les haricots verts, les
petits pois, les épinards, les navets verts, le
choux, la salade verte, etc.
Une autre conclusion logique serait donc de
préférer une alimentation végétale à toute
autre… pour éviter les retours de bâton.
Sources : Internet.
Étude : Chaoyang Li, Earl S. Ford,
Guixiang Zhao, Lina S. Balluz, Wayne
H. Giles, Simin Liu. Serum {alpha}Carotene Concentrations and Risk of
Death Among US Adults - The Third
National Health and Nutrition Examination Survey Follow-up Study. Arch
Intern Med., November 22, 2010.
La rougeur ne sied pas aux femmes…
« Cette étude montre que la consommation de viande rouge ou de viande transformée(*) est susceptible d’accroître le risque d’infarctus cérébral chez les femmes »
[(*) Telle que la charcuterie. Le terme anglais est « processed meat »]
Les auteurs ont suivi 34 670 femmes âgées de 39 à 73 ans durant un peu plus de
10 ans, afin d’évaluer la relation entre consommation de viande et santé cardiovasculaire. Les participantes ont été réparties en cinq groupes en fonction de leur
consommation de viande (de la plus faible à la plus forte).
Durant cette période, 1 680 femmes ont eu un accident vasculaire cérébral, dont
1 310 un infarctus.
Résultat : les femmes qui consomment le plus de viande rouge par jour (au-delà de
85 g/j) ont un risque d’infarctus cérébral accru de 22 % par rapport à celles qui en
consomment le moins. Celles qui consomment le plus de viande transformée (audelà de 41 g/j) ont un risque accru de 24 % par rapport à celles qui en consomment
le moins. Les résultats sont statistiquement significatifs. 

10 | Alternatives végétariennes N° 103
Source :
Susanna C. Larsson, Jarmo Virtamo,
Alicja Wolk; Red Meat Consumption
and Risk of Stroke
in Swedish Women. Stroke, 2011
Feb;42(2):324-329..
NUTRITIONSANTÉ
Le soja n’en veut pas à vos seins…
Des chercheurs de l’Université de Californie ont étudié la sécurité à
long terme d’une supplémentation en isoflavones de soja sur des
femmes post-ménopausées. Les isoflavones de soja sont des composés phyto-chimiques ayant un faible effet oestrogénique. Ils sont
souvent proposés aux femmes ménopausées comme alternative à
l’hormonothérapie. Cependant, en raison de leurs propriétés, certains médecins craignent que ces suppléments puissent favoriser
des cancers liés aux hormones, comme le cancer du sein.
Un groupe de 403 femmes a été suivi pendant 2 ans, les unes prenant un placebo, d’autres un supplément d’isoflavones dosé à
80 mg d’équivalent aglycones, les autres un supplément dosé à 120 mg (l’efficacité
des isoflavones de soja se mesure en « équivalent aglycones », qui sont les formes
pharmacologiquement actives).
Après 2 ans d’exposition, les analyses de sang n’ont pas mis en évidence de différence entre les femmes prenant du soja et celles n’en prenant pas, hormis pour le
taux d’urée dans le sang, significativement plus élevé chez les femmes prenant le
soja, sans toutefois être anormal. Il n’y avait aucune différence dans la pression
artérielle, les résultats des frottis utérins, l’épaisseur de la muqueuse utérine et
d’autres marqueurs liés à la santé.
Les taux attendus de cancer ont été plus faibles que ceux auxquels on pouvait s’attendre par comparaison avec la population normale, avec 1 seul cas de cancer du sein
dans le groupe à 120 mg et un seul cas de cancer de l’utérus dans le groupe à 60 mg.
Les chercheurs concluent en disant que ces résultats confirment l’innocuité de la
supplémentation en isoflavones.

Source :
Steinberg FM, Murray MJ, Lewis RD, Cramer MA, Amato P, Young RL, Barnes S,
Konzelmann KL, Fischer JG, Ellis KJ,
Shypailo RJ, Fraley JK, Smith EO, Wong
WW. Clinical
outcomes of a 2-y soy isoflavone supplementation in menopausal women.
Am J Clin Nutr. 2010 Dec 22. [Epub
ahead of print].
Mais la viande en veut
à vos intestins…
« Nous avons trouvé une association positive entre la consommation de viande
rouge et certains cancers gastro-œsophagiens, ainsi qu’entre l’apport en DiMeIQx et
le cancer gastrique du cardia ».
On sait qu’il existe des liens entre le cancer colorectal et la consommation de
viande rouge ou transformée, dans lesquels sont impliqués le fer, les amines hétérocycliques, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les composés N-nitrosés. Toutefois, les autres affections gastro-intestinales ont été peu étudiées.
Afin de mieux évaluer le lien entre consommation de viande et risque de cancers
gastro-intestinaux, les chercheurs de l’Institut National du Cancer des États-Unis
ont suivi 494 979 personnes âgées de 50 à 71 ans durant 10 ans.
Les résultats ont montré que les plus gros consommateurs de viande rouge ont
79 % de risques en plus de carcinome épidermoïde de l’œsophage que les plus
faibles consommateurs.
Par ailleurs, les personnes qui consomment le plus de DiMeIQx, un composé formé
lors de la cuisson des viandes à haute température, ont 44 % de risques en plus de
cancer du cardia que celles qui en consomment le moins.
Enfin, celle qui consomment le plus de MeIQx, PhIP (autres composés formés lors
de la cuisson des viandes à haute température) ou de fer héminique (le fer contenu dans la viande) ont un risque d’adénocarcinome œsophagien accru respectivement de 35 %, 45 % et 47 % par rapport à celles qui en consomment le moins.
Avis aux amateurs…

Source :
Amanda J Cross, Neal D Freedman, Jiansong
Ren, Mary H Ward, Albert R Hollenbeck, Arthur
Schatzkin, Rashmi Sinha and Christian C Abnet;
Meat Consumption and Risk of Esophageal and
Gastric Cancer in a Large Prospective Study. Am J
Gastroenterol. 2010 Oct 26.
[Epub ahead of print].
Note additionnelle : Je remercie le site http://
www.lanutrition.fr/, dont je me suis inspiré pour
rédiger ces comptes-rendus et le site http://
www.nutranews.org/ d’où j’ai tiré les photos.
Le soja…
(bis repetita
placent)
Une étude présentée en 2010 lors de la neuvième conférence annuelle de l’American
Association for Cancer Research montre
que les femmes consommant beaucoup
d’isoflavones de soja auraient moins de
risque de développer certains types de cancers du sein.
Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs
ont suivi 1 294 femmes dont 683 souffrant
de cancer du sein et estimé la consommation d’isoflavones de chaque participante
grâce à un questionnaire alimentaire.
Ils ont constaté que chez les plus grosses
consommatrices d’isoflavones, le risque de
cancer invasif du sein est réduit de 30 %
et le risque de cancer de grade 1 (cancer
à croissance lente) est réduit de 60   %.
Source :
Ninth Annual AACR Frontiers in Cancer Prevention
Research Conference, 7-10, 2010
Le soja…
(ter repetita
magis placent)
Des chercheurs de
l’université Aligarh
Muslim,
en Inde,
pensent
avoir découvert par quel mécanisme d’action la génistéine (une des 3 isoflavones du soja, les
2 autres étant la daidzéine et la glycitéine)
exerce un effet bénéfique sur le cancer du
sein, selon ce que de nombreuses études
ont pu montrer.
Dans leur étude, ils ont évalué l’action de la
génistéine sur des cellules du sein cancéreuses. Les résultats montrent que l’administration de génistéine bloque la croissance des cellules cancéreuses.
Selon eux, la génistéine bloquerait le développement du cancer en ciblant le cuivre,
très abondant dans les cellules cancéreuses.
Par cette propriété, la génistéine entraînerait la mort des cellules cancéreuses.
Source :
M.F. Ullah, A. Ahmad, H. Zubair, H.Y. Khan, Z. Wang,
F.H. Sarkar, S.M. Hadi; Soy isoflavone genistein induces
cell death in breast cancer cells through mobilization
of endogenous copper ions and generation of reactive
oxygen species. Molecular Nutrition & Food Research,
2010 Dec 6. [Epub ahead of print].
Alternatives végétariennes N° 103 | 11
r
s-
IDÉES REÇUES
Les animaux emballages
U
Par David Olivier
n grief fréquent contre les alimentations végétariennes est la nécessité
qu’elles impliquent de prendre un complément de vitamine B12. Ce nutriment, abondant dans la viande, est en effet pratiquement absent des
plantes, et une personne végétalienne doit s’assurer un apport régulier par la
prise de suppléments ou d’aliments supplémentés (certains jus de fruits, corn
flakes...). Cela concerne même les végétariens qui consomment des laitages
et des œufs, car la B12 n’est présente dans ces produits qu’en quantité limitée.
Une carence en B12 peut apparaître après plusieurs années et avoir des conséquences nerveuses irréversibles; même légère elle peut aussi, à la longue, abîmer les artères.
Ces faits gênent les végétariens eux-mêmes, qui souvent n’aiment pas l’idée
des suppléments. Ils ouvrent la voie aux critiques comme celle du médecin
Franck Senninger : « On peut certes suppléer mais est-il raisonnable de faire la
promotion d’une alimentation qui ne se suffit pas1. »
Telle est la situation : les végétariens doivent prendre un supplément en B12,
directement ou indirectement ; les mangeurs de viande, eux, ont une « alimentation qui se suffit », la B12 étant naturellement présente dans la chair des
animaux.
 Telle est la situation ? Pas tout à fait, car il y a un détail dont on parle peu.
Dans le monde en 2008, ont été produites, dans les usines de quatre firmes
différentes (une française - Sanofi-Aventis - et trois chinoises), environ 35
2
tonnes de vitamine B12 . Cette quantité représente environ six fois les besoins
nutritionnels de la totalité de l’humanité3. Mais où va toute cette B12 ? Dans les
comprimés pour végétariens ? Ils doivent vraiment en abuser, et être très très
nombreux !
Eh bien non. En réalité, seule une petite partie de cette production va dans les
comprimés. La plus grande
part va dans... les aliments
pour animaux d’élevage.
En effet, la vitamine B12 n’est
pas plus produite par les
animaux qu’elle ne l’est par
les plantes. Elle est d’origine
exclusivement bactérienne4.
Dans la nature, les herbivores
la trouvent typiquement dans
les souillures des aliments
qu’ils consomment. Mais dans
l’environnement
contrôlé
et intensif des élevages, cet
apport-là est marginal. L’alimentation des poulets et
autres « volailles » ainsi que
des porcs est donc systématiquement supplémentée en
5
B12 . Celle-ci, tout comme la
vitamine B12 des comprimés
pour végétariens, est produite
industriellement par fermen-
12 | Alternatives végétariennes N° 103
tation, généralement à l’aide de bactéries génétiquement modifiées6.
La B12 est une grosse molécule complexe, et les animaux l’absorbent, l’utilisent et la stockent dans leur
chair sans la transformer. Les molécules de B12 que les
mangeurs de viande prennent « tout naturellement »
dans leur « alimentation qui se suffit » n’ont fait que
passer par le corps de l’animal. Elles proviennent des
usines des quatre fabricants mondiaux, exactement
comme celles que prennent les végétariens dans leurs
comprimés.
En somme : les végétariens prennent de la B12 fabriquée en usine et emballée dans des comprimés. Les
personnes qui mangent de la viande, tout au contraire,
prennent de la B12 fabriquée en usine et emballée dans
des animaux.
 Les « volailles » et les porcs représentent, à eux seuls,
la plus grande partie de la viande consommée tant en
France que dans le monde (hors poissons)7. La situation
est un peu différente en ce qui concerne les ruminants
(vaches, bœufs, moutons...). On leur donne non de la
B12, mais un supplément en cobalt. En effet, dans l’estomac des ruminants a lieu une fermentation au cours
de laquelle les bactéries produisent de la vitamine B12
- à condition de disposer de cobalt, constituant fondamental de cette molécule8. Il en va de même pour
les lapins, les chevaux et les poissons d’élevage. Les
sels de cobalt utilisés sont toxiques et présentent des
risques sanitaires pour ceux qui les manipulent; on les
autorise quand même, parce qu’il le faut bien9. Dans
ce cas la production de B12 peut paraître plus naturelle,
puisqu’elle a lieu au sein même de l’animal (dans son
tube digestif, toujours par des bactéries); mais ce processus est contrôlé, avec fourniture mesurée des éléments chimiques nécessaires, et l’animal ne sert que
de réacteur de fermentation, avant de servir, là encore,
d’emballage.
 Le cas de la B12 est particulièrement significatif, car
cette vitamine, absente des végétaux, est emblématique du reproche fait au végétarisme - mais pas à l’alimentation carnée - de ne pas être une « alimentation
qui se suffit ». Le même schéma vaut cependant pour
bien d’autres nutriments dont la viande, dit-on, est riche.
La viande est riche en fer. D’où vient ce fer? Il est ajouté en supplément à l’alimentation des animaux10. On
vante la richesse des protéines animales en acides aminés essentiels, notamment en lysine et en méthionine.
La production de ces deux nutriments à destination
des élevages se fait respectivement par fermentation
IDÉES REÇUES
bactérienne et par
synthèse chimique;
il s’agit d’une activité majeure et en
forte expansion de
l’industrie biochimique mondiale11.
On pourrait parler
aussi du calcium,
du zinc, de l’iode,
de la vitamine D
et ainsi de suite ;
chaque fois dans
l’élevage la supplémentation est de
règle. C’est grâce à
cela que l’alimentation carnée « se
suffit » : grâce à
la consommation
massive de suppléments emballés
dans les chairs d’êtres sentients.
Remarquons aussi que cet emballage fuit :
car seule une fraction des nutriments ajoutés à l’alimentation des animaux est encore
présente dans leur corps au moment de
leur mise à mort. C’est bien pour cela, par
exemple, que l’industrie produit aujourd’hui
six fois plus de B12 que n’en aurait besoin la
population humaine de la planète.
 Les végétariens se supplémentent, les
carnivores aussi, sans (vouloir) le savoir. La réticence à prendre des suppléments se fonde
souvent sur un désir d’« authenticité ». Quel
que soit le sens que l’on donne à ce terme,
quelle authenticité y a-t-il à cacher ce que
l’on fait ? Si on doit se supplémenter, qu’on
le fasse au moins ouvertement, plutôt que
d’appeler au secours
les animaux non humains pour dissimuler
les suppléments dans
leur chair.
On peut aimer ou
non l’idée de prendre
des suppléments,
aimer ou non l’industrie chimique, aimer
ou non les bactéries
génétiquement modifiées. Ces questions
sont intéressantes en
elles-mêmes. Mais
face aux personnes qui
reprochent au végétarisme la prise qu’il
implique de suppléments, il n’y a pas à argumenter pour ou contre les suppléments.
Il faut s’en tenir aux faits : non, ce ne sont
pas les végétariens qui se supplémentent.
Ils se supplémentent moins, parce qu’ils le
font directement, sans gaspillages intermédiaires. Ce sont les personnes qui mangent
les animaux qui se supplémentent; c’est
d’abord pour elles que tournent les usines
à B12, à acides aminés, à sels de cobalt, de
fer, de zinc, de cuivre... Si l’argument « suppléments » a une portée, c’est en faveur du
refus de manger les animaux12
Dessins par Insolente Veggie,
http://insolente0veggie.over-blog.com/

Notes
1 http://www.senninger.
fr/Enftveget.html. F.
Senninger a écrit L’enfant
végétarien, livre contre le
végétarisme des enfants.
2 Zhang Yemei, « New
round of price slashing in
vitamin B12 sector. (Fine
and Specialty) », 1/2009,
http://www.entrepreneur.
com/tradejournals/article/192899762.html.
3 35 tonnes de B12
réparties entre six milliards
d’humains sur 366 jours
représentent 16 microgrammes (µg) par jour. On
recommande souvent un
apport de B12 de 2,4 µg/j.
4 Les bactéries ne sont
ni des animaux, ni des
plantes.
5 Cette supplémentation
est autorisée, et sans doute
pratiquée, y compris en
élevage bio. Cf. les normes
du label Bio Suisse : http://
www.bioaktuell.ch/fileadmin/documents/ba/bioregelwerk-2010/francais/
bs_liz_f/fumi_f.pdf
6 Cf. http://www.
gmo-compass.org/eng/
database/ingredients/200.
docu.html: «It may be assumed (...) that vitamin B12
is manufactured as a rule
with the aid of genetically
modified microorganisms.»
Les fabricants semblent
avares d’informations à ce
propos.
7 Selon l’article «Viande»
de Wikipedia (fr) qui se
réfère aux statistiques
du ministère français de
l’agriculture et à la FAO,
les «volailles» et le porc
représentaient en 2008
environ 60 % de la consommation de viande (hors
poissons) en France, et 75%
au niveau mondial.
8 On donne cependant
directement de la B12 aux
veaux de boucherie.
9 « Avis scientifique
sur l’utilisation de
composés de cobalt en
tant qu’additifs dans
l’alimentation
animale », EFSA, 2009 ;
http://www.efsa.europa.
eu/fr/scdocs/scdoc/1383.
htm. Ce document donne
des indications d’ensemble
sur la B12 dans l’élevage.
10 Voir par exemple divers
tableaux pour différents
animaux dans Carole
Drogoul et al., Nutrition
et alimentation des
animaux d’élevage, vol. 2,
éd. Éducagri, 2004.
11 « Greater Process
Availability in Lysine
Production », http://nl.mt.
com/nl/nl/home/supportive_content/specials.
eNews_Lysine.oneColEd.
html; « Methionine :
Global Outlook - The Next
Decade», http://www.
feedinfo.com/files/novuswhite-paper.pdf.
12 Une version plus développée de ce texte est dis-
COMPÉTENCES ANIMALES…
Chaser, un border collie femelle, a été capable d’apprendre les noms de 1 022 objets, mais aussi
de les classer par fonction ou forme. Pour Alliston Reid et John Pilley, professeurs de psychologie
au Wofford College en Caroline du Sud (sud-est), qui ont mené cette expérience, cette recherche
est « importante car elle démontre que les chiens, comme les enfants, peuvent acquérir un vocabulaire abondant et comprendre que certains mots représentent des objets individuels et que
d’autres correspondent à des catégories d’objets ». Ces résultats sont surprenants ; un chien
« moyen » ne peut connaître qu’une centaine de mots. Chaser a démontré une capacité de compréhension équivalente à celle d’un enfant de 3 ans. Ce chien fait partie d’une race spécifique,
habituellement utilisée par les bergers, et connue pour ses individus intelligents, énergiques, et
dociles. Les chercheurs ont entraîné Chaser durant trois ans et lui ont fait passer 838 tests consistant à lui demander de rapporter un objet précis dans des séries de 20 jouets choisis au hasard
parmi les 1 022, et placés dans une pièce séparée de l’expérimentateur afin d’éliminer tout indice autre que la dénomination. Elle
n’a jamais obtenu moins de 18 sur 20. Chaser connaît aussi des catégories d’objets. Elle associe par exemple le mot « toy » (jouet)
à tous les objets qu’elle connaît. Chargée de rapporter un « toy » et se trouvant devant un lot d’objets ne comportant qu’un seul
jouet parmi le millier qu’elle connaît, elle choisira celui-là. De plus, si on lui demande de rapporter un objet dont elle ignore le nom et
qu’elle découvre un lot de jouets connus mais comportant un objet qu’elle n’a jamais vu, elle choisira celui-là. Existe-t-il une limite à
la capacité d’apprentissage des animaux ? Des chercheurs marseillais ont identifié chez leurs singes une capacité de mémoire quasi
infinie (à la différence de celle des pigeons, large mais limitée). C’est en définitive notre imagination, plus que leurs réels pouvoirs, qui
bien souvent fait défaut...
Source : Interne Articles : Pilley JW, Reid AK. Border collie comprehends object names as verbal referents. Behav Processes. 2010 Dec 8. [Epub ahead of print]
Fagot J, Cook RG. Evidence for large long-term memory capacities in baboons and pigeons and its implications for learning and the evolution of cognition. Proc Natl Acad Sci U
S A. 2006 Nov 14;103(46):17564-7.

Alternatives végétariennes N° 103 | 13
AGRICULTURE VÉGANE
Cultiver
autrement
Article proposé par Clem
Rappel : « Agriculture végane » est une série d’articles montrant que l’on peut cultiver le sol autrement, dans le respect de la
terre, des cultivateurs, des consommateurs
et bien sûr des animaux, puisque ce type
d’agriculture n’utilise pas d’intrants d’origine animale. Cette série se poursuit depuis
plusieurs n° et nous rappelons que les sujets suivants ont déjà été traités :
AV97 : épisode 1 – Pourquoi une agriculture
végane ?
AV98 : épisode 2 – Le sol, un élément fragile
à protéger
AV99 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 1)
AV100 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 2)
AV102 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 3)

Quatrième
épisode :
les semences
Comment bien choisir ses graines ? La
réponse est moins simpliste qu’il n’y paraît, car, en plus des aspects techniques,
beaucoup de sociétés, dont de puissantes
multinationales, font main basse sur
les semences. Leurs objectifs sont, bien
sûr, purement mercantiles, et les consé-
14 | Alternatives végétariennes N° 103
quences parfois lourdes de conséquences…
Par exemple, les semences hybrides F1
sont largement commercialisées (même
en agriculture biologique !), et la mention
« hybride F1 » apparaît sur le sachet – encore faut-il savoir à quoi ça correspond !
Ces semences produisent des plans très
homogènes et d’un excellent rendement…
à condition de bénéficier de chaleur, d’irrigation, d’engrais et de pesticides. Les
graines F1, inventées dans les années 1920,
sont liées à l’agriculture intensive, et elles
rendent les paysans dépendants des industries car les graines provenant de la seconde
génération d’un plan F1 sont stériles ou produisent des plantes différentes. Autrement
dit, que vous soyez amateur ou professionnel, abandonnez tout de suite l’idée de ressemer les graines provenant gratuitement
de vos légumes ou fleurs F1, préparez-vous
plutôt à en acheter année après année !
Quant aux OGM… le sujet est complexe,
mais les insatiables appétits financiers
des multinationales productrices et promotrices des semences OGM sont incompatibles avec l’agriculture végane, qui se
veut pérenne et accessible à tous. Sous
couvert d’une communication aussi efficace que propagandiste, ces organismes
qui cherchent à contrôler économiquement
l’intégralité du marché alimentaire sont
bien loin des louables intentions évoquées,
comme abolir la faim dans le monde. Ainsi,
qui sait que, depuis avril 2004, l’ordonnance 811 oblige les agriculteurs irakiens
à acheter chaque année leurs semences
à Monsanto ou à Syngenta, mettant du
coup hors la loi celui qui utilise ses propres
semences 
?! Qui sait que l’Afghanistan,
autrefois autosuffisant alimentairement,
est aujourd’hui dépendant de « l’aide alimentaire » à plus de 80 % et qu’en septembre 2005, sous la pression de la FAO
et de l’Union européenne, le ministère de
l’Agriculture afghan, qui prétendait protéger le droit des fermiers à conserver leurs
graines, adopta une loi qui confiait leur
monopole aux semenciers ?2 Au cours des
millénaires, les Indiens, ces paysans aguerris, avaient – entre autres – réussi à créer des
milliers de variétés de riz, certaines supportant l’eau salée, d’autres mesurant jusqu’à
5 m de haut. Mais qui a entendu parler des
milliers de paysans indiens qui se suicident, acculés à l’extrême misère, surendettés, pour avoir cultivé des OGM présentés
comme miraculeux… et obtenu des récoltes
catastrophiques et qui détruisent les sols ?
Fin 2009, 1 500 fermiers se sont suicidés
collectivement. Un phénomène récurrent,
puisque les chiffres officiels font état de
1 000 suicides mensuels... depuis plus de
quinze ans3.
Heureusement, la résistance s’organise :
des personnes courageuses et des associations s’opposent aux multinationales sans
scrupules. En Inde, Vandana Shiva a fondé
l’association Navdanya (http://www.navdanya.org/), qui lutte aux côtés des paysans
indiens pour leurs droits, la biodiversité et
la préservation de semences anciennes
(3 000 de riz, 150 de haricots, 15 de millets,
des légumes, etc.). Vandana Shiva dévoile
la vraie face des multinationales dans son
livre passionnant Le terrorisme alimentaire.
Comment les multinationales affament le
monde (Fayard, 2001).
En France, l’association Kokopelli (www.
kokopelli.asso.fr/) se bat depuis 1999 pour
la préservation, le don et l’échange de semences, et encourage leur reproduction
par les paysans, librement et gratuitement
à travers le monde entier. Autant d’actions
qui provoquent les foudres de la « mafia semencière » ! En 2005, la société Beaumaux
attaque en justice Kokopelli pour commercialisation de variétés de semences non inscrites au très officiel et restrictif catalogue
national. En 2006, l’organisme étatique
GNIS et la FNPSP4 portent plainte à leur
tour contre Kokopelli pour le même motif.
Pour Kokopelli, « la semence, c’est le début
de la chaîne alimentaire. Celui qui contrôle
la semence, contrôle la chaîne alimentaire
et donc contrôle les peuples. » Une phrase
à méditer… et une pétition à signer pour
« libérer les semences »5 !
De son côté, Alphonse Potier, qui pratique l’agriculture végane sur 25 hectares,
cultive depuis des décennies du blé sans
assistance. Tout a commencé dans un salon
d’agriculture biologique en 1974, lorsqu’il
est tombé sur un bouquet de blé sec aux
très beaux épis : du blé Pechvèque mélangé à d’autres variétés. Il y reconnaît du blé
Talisman, une ancienne variété. Il en sème
AGRICULTURE VÉGANE
VÉGANISME :
Mot créé par Sir Donald
Watson dans les années 40,
pour désigner la démarche
de ne pas consommer ou utiliser ni des animaux, ni leurs
produits ou force de travail (à
tous les niveaux possibles :
alimentaires, vestimentaires,
scientifiques, pour
les loisirs, etc.).
les grains, puis il choisit le plus bel épi de chers), riches d’informations techniques. En
sa première récolte dont il sème les grains effet, si récolter les graines de tomates est
du centre. La seconde année, il ressème la généralement d’une simplicité déroutante,
totalité de cette première production, etc. produire des graines de cucurbitacées ou
La cinquième année, toute sa récolte de blé de choux s’avère plus délicat, car les risques
(5 hectares) est issue de ce premier épi. Cinq de croisements génétiques sont grands. Les
hectares d’un beau blé, productif, résistant graines se conservent à l’abri de l’humidité,
à la sécheresse et adapté à ses terres, un blé de la chaleur, de la lumière et des animaux,
haut comme un seigle et fournissant beau- par exemple dans des bocaux étiquetés.
coup de paille pour nourrir la terre. Ce blé a Avant de les semer, Fukuoka enrobait d’arun excellent rendement : 40 à 50 quintaux/ gile les graines de riz, de céréales et même
ha dans une région où la moyenne est de de légumes. Avec de l’argile humide et un
60 quintaux/ha. Pourtant, il est cultivé sans tamis, il effectuait manuellement en un
irrigation, sans fertilisant ni labour, et la jour assez de boulettes pour ensemencer
quantité d’humus des champs, donc leur à la volée deux hectares. Cette technique à
fertilité, augmente chaque année6.
la portée de tous assure un taux de germiMais il est aussi possible de se procurer des nation maximum, car les graines profitent
sachets de graines auprès d’associations de l’oxygène de l’air, ne pourrissent pas et
comme Germinance, Kokopelli, la Ferme de ne sont pas mangées par les animaux.10
Sainte Marthe (pour ne citer qu’elles7 ). Des Fukuoka proposait même de lutter contre
associations ou de petites entreprises ont la désertification en jetant des millions de
aussi à cœur de sauvegarder et proposer graines enrobées d’argile par avion11 – idée
des plans de fruitiers anciens (par exemple, peut-être un peu folle, mais qui vaudrait
l’association les Croqueurs de pommes), d’être tentée, avis aux amateurs ! Évidemdes plans de pommes de terre, etc. Nous ment, l’enrobage de graines avec de l’argile
voilà bien loin de la Pink lady, pomme label- n’a rien à voir avec les graines commercialisée qui se targue, en toute modestie, d’être lisées enrobées de pesticides et d’engrais,
« LA marque de pomme européenne leader très largement utilisées en industrie agridu marché » !8
cole et responsables de pollutions majeures
Techniquement, choisissez des graines et et, au moins pour partie, de la « mystédes variétés produisant des plantes adap- rieuse » disparition en masse et planétaire
des abeilles1.
tées à votre région et à votre terrain
En ces jours de guerre
(climat, sol, exposition). Inutile
chimique, il est bénéfique
par exemple d’espérer une
aux insectes, aux anibelle récolte d’aubergines
maux et à l’environneà Lille en pleine terre.
ment d’élargir l’agriPour le semis (proculture végane aux
fondeur, distance, pétalus, aux friches et à
riode), avec un peu de
n’importe quel bout
chance les débutants
de terrain abandonné.
peuvent bénéficier des
Même sans avion, on
précieux savoir-faire
peut agir en plantant
de jardiniers ou maraîdes boutures ou en
chers expérimentés,
jetant à la main des
sinon, un précieux allié
noyaux, des pépins et
est Le guide du jardides graines de fleurs,
nage biologique. Potade légumes, d’arbrisger, verger9. La producFleur en graines, réalisée par l’association
tion de graines sera
seaux ou arbres par
portugaise « Colher para
facilitée par les livres
tout où c’est possible.
semear » qui agit pour la collecte,
de Dominique GuilQuant à nos jardins,
la préservation
et l’échange de graines anciennes.
let de Kokopelli (malremplissons-les de variétés rustiques et réheureusement assez
Notes
1 Se reporter
aux sites : http://www.
mondialisation.ca/index.
php?context=va&aid=13245
et http://www.horizons-etdebats.ch/29/29_12.htm
2 idem
3 Infos et vidéo sur : http://
www.lesmotsontunsens.
com/inde-suicide-collectif1-500-paysans-ogm-cotonbt-monsanto-4131 et sur
http://www.liberation.
fr/economie/010118052monsanto-est-le-symbolede-la-destruction-de-lagriculture
4 GNIS : Groupement
national interprofessionnel des semences ; FNPSP :
Fédération nationale des
professionnels de semences
potagères et florales.
5 http://www.univers-nature.com/signez/?code=cat
6 http://www.panx.net/
web/avis/page3_6.html
7 Plus de contacts en
France sur : http://www.
semences-biologiques.org/
pages/recherche_plants.
php
8 Pur produit commercial,
la pomme Pink lady est
une marque déposée. Les
pommiers Pink lady sont
vendus exclusivement aux
professionnels, moyennant
un contrat de distribution
exclusive, avec des clauses
de calibre, de qualité, de
nombre de fruits distribués,
et un numerus clausus en
fonction des régions.
9 THOREZ Jean-Paul,
Le guide du jardinage
biologique. Potager, verger.
Mens, Terre Vivante, 2002.
10 FUKUOKA Masanobu,
La révolution d’un seul brin
de paille. Une introduction à
l’agriculture sauvage. Paris,
Guy Trédaniel éditeur, 1983.
p. 68 et 76.
11 http://www.context.org/
ICLIB/IC14/Fukuoka.htm
12 Les enrobages avec des
insecticides systémiques
ont pour but de protéger
les jeunes plantules durant
la première phase, plus
vulnérable, de leur
développement. Ces
enrobages sont constitués d’insecticides et de
fongicides systémiques,
qui agissent souvent en
synergie. Ces enrobages
sont hautement toxiques
pour les insectes. Lire
notamment le dossier
(téléchargeable
gratuitement) :
http://www.liberterre.fr/
agriculture/pollinisateurs/
telechargementspollin/
requiemabeilles.pdf
sistantes, aussi savoureuses qu’étonnantes :
maïs bleus et multicolores, tomates jaunes
et roses, amarantes, courges bleues, carottes
violettes, aubergines rayées, concombres
jaunes ou blancs, choux-fleurs, basilics et
haricots violets, bourrache, bardane, etc., les
variétés de légumes, d’aromatiques et de
fleurs sont sans limites !
Alors, bonne aventure et bon appétit à
toutes et à tous !
Agriculture végane, une histoire à suivre...
avec prochainement  agriculture, animaux,
humains, quelle cohabitation ?

Alternatives végétariennes N° 103 | 15
CULTURE
Comment peut-on
être végéta*ien ?
Par Daniel Baumann
En effet, un peu dans l’esprit des Lettres Persanes
de Montesquieu, je crois qu’aujourd’hui encore, il
y a des gens qui considèrent les végéta*iens un
peu comme des êtres étranges, dans les restaurants, à la cantine, au travail ou même en tant
qu’invités dans la famille, etc. C’est pourquoi je
voudrais vous faire part de mon expérience personnelle et vous montrer que quelqu’un de tout à
fait ordinaire, comme moi, est devenu végétalien
tout en restant aussi ordinaire et normal qu’auparavant !
Voici comment les choses ont commencé.
En 1992, mon beau-père avait eu trois pontages et
à l’hôpital, on nous avait réunis, les membres de
la famille, pour nous expliquer que les maladies
cardiaques ne sont pas vraiment des maladies
mais des conditions de santé dues à un mode de
vie inapproprié : mauvaise alimentation, manque
d’exercice physique, etc. Et cette petite réunion
avec une diététicienne était donc faite pour que
la famille puisse comprendre et aider le patient
qui venait d’être opéré à améliorer ses habitudes
quotidiennes. En fait, mon beau-père, qui avait
dans les 70 ans à cette époque-là, n’a guère voulu
changer son train de vie et il en est décédé 8 ans
plus tard malheureusement.
Mais pour moi, cette entrevue avec cette diététicienne avait été comme un premier déclic. Je pesais alors dans les 93 kg et je voulais maigrir. J’ai
commencé à fouiller les librairies, à lire pas mal de
bouquins sur la nutrition jusqu’à ce que je tombe
sur un livre qui a été mon deuxième déclic : Fit for
Life de Harvey et Marylin Diamond [en français je
crois que c’est Le Régime Plus]. C’est à partir de là
que j’ai opté pour le végétarisme.
Mais très, très progressivement !
L’opération du beau-père avait eu lieu en juin 92
et j’ai commencé à éliminer la viande rouge en
juillet de cette année-là. Et ce, toujours en substituant le manque par quelque chose d’autre, surtout des produits laitiers : fromages, yaourts, etc.
J’ai donc continué ainsi avec l’élimination du porc
16 | Alternatives végétariennes N° 103
(plus de côtelettes, plus de rôti), ensuite le poulet, etc. Je crois qu’en dernier, ça a été le
poisson. L’ironie de la chose, c’est que je suis devenu 100 % végétarien fin novembre,
à Thanksgiving, où l’on mange traditionnellement de la dinde. Et j’adorais la dinde !
Ah oui, j’ai oublié de vous dire que je suis marié avec une Portoricaine et que ça fait
40 ans que je vis à Porto Rico, qui est un territoire américain.
J’ai quand même réussi à passer le cap de Thanksgiving cette année-là. Et j’ai même
tellement persévéré dans mon végétarisme que je suis devenu « crudivoriste » et
le suis resté pendant près de 6 mois. En un an, j’avais réussi à perdre environ 30 kg.
Pendant l’été de 1993, je ne pesais plus que 63 kg. J’étais maigre et gris : la vraie crise
de désintoxication. Les gens pensaient que j’avais le cancer ! J’ai suivi les cours d’alimentation crudivore d’Ann Wigmore : 10 leçons de 3 heures les samedis matins où j’ai
appris à cultiver les plantes germées [sprouts] et à préparer toute une cuisine très
intéressante à base de fermentation.
En plus, tous les ans, à Pâques, j’ai fait pendant 15 ans un jeûne intégral de 7 jours avec
seulement 4 verres de jus d’orange par jour coupés d’eau moitié / moitié, 2 le matin
et 2 l’après-midi, et avec des lavements matin et soir. Je pensais que le tube digestif
est un système qui doit être nettoyé de temps en temps et mes jeûnes étaient donc
faits strictement dans un but hygiénique. Mais je choisissais la date de Pâques [mon
7e jour de jeûne tombait le Vendredi Saint] pour ne pas avoir à donner trop d’explications vu que ça pouvait passer pour une pénitence de la Semaine Sainte. Et comme
à Porto Rico les gens sont encore très catholiques pratiquants, je faisais en quelque
sorte d’une pierre deux coups, comme on dit !
Mais surtout je continuais à lire beaucoup sur la nutrition, le végétarisme, etc. Je crois
que pour se maintenir ferme et résister à la pression de groupe qui vous entoure, la
« nourriture » intellectuelle, la lecture, est très importante. Un livre qui m’a plu énormément : Diet for a New America de John Robins, copropriétaire de la fameuse chaîne
américaine des glaces Baskin-Robins et qui a eu le courage d’écrire contre les intérêts de sa propre famille ! (Ils l’ont sûrement déshérité !). Je crois qu’en français cet
ouvrage s’intitule Se nourrir sans faire souffrir. [Ndlr : cet ouvrage est « indisponible »
en France]
Finalement, je suis revenu à la cuisson des aliments, car le crudivorisme pur et dur est
très limitatif. L’option de la fermentation d’Ann Wigmore est très intéressante avec des
plats vraiment succulents mais c’est une cuisine qui requiert beaucoup de préparation
à l’avance, ce qui est assez contraignant surtout dans la routine du « boulot, dodo, ici il
A LIRE
n’y a pas de métro, disons alors auto » de
tous les jours. Toutefois, j’ai gardé le principe du crudivorisme de consommer un
minimum de 50 % de mes aliments crus.
Disons qu’à midi, la salade est devenue
mon plat principal, accompagnée d’un
ou deux aliments cuits (riz complet aux
noix crues : exquis !). Le matin et jusqu’à
midi des fruits exclusivement, et le soir,
léger : houmous, pain complet et radis
par exemple, etc.
À présent, je suis végétalien depuis
presqu’un an. J’ai réussi à me débarrasser de mes fromages. Ça m’a pris du
temps, mais je ne le regrette pas car je
me sens encore mieux qu’auparavant.
Mon poids reste constant, autour des
70 kg pour 1 m 75, ce qui est plus ou
moins dans les normes. Je suis aussi en
train de lire un livre formidable : Le Rapport Campbell, peut-être le meilleur que
j’ai jamais lu sur la nutrition !
Mes conseils pour réussir à être
végéta*ien et le rester sont les suivants :
1) être patient et persévérant : ne pas
prétendre effacer en quelques jours ou
quelques semaines des habitudes alimentaires de toute une vie.
2) y aller fermement mais progressivement : remplacer ce que vous éliminez
par autre chose, même si ça n’est que du
provisoire ; par exemple, la viande rouge
par du blanc de poulet, puis le blanc de
poulet par du fromage, etc. Que l’expérience reste gratifiante.
3) lire, se documenter, se fortifier mentalement dans sa détermination.
4) faire de l’exercice physique : au moins
30 mn par jour ; de la marche, du jogging, du vélo, du kayak, peu importe
pourvu que vous transpiriez un peu.
Si vous réussissez à persévérer, vous
verrez qu’au bout d’un mois déjà vous
serez récompensé. Votre goût se fera à
ces nouvelles saveurs que vous trouviez
peut-être insipides au début et vous aidera à apprécier la cuisine végéta*ienne
que, personnellement, je trouve beaucoup plus fine, subtile et plus délicate que
la cuisine carnivore qui est forte, imposante, grossière. Avec le temps, cette dernière vous répugnera même parfois, notamment quant à sa consistance. Bien
souvent les fruits et les légumes sont craquants, croquants alors que la viande
est gommeuse, flasque et même visqueuse. Ce sont des sensations très différentes.
Et puis vous vous sentirez de mieux en mieux physiquement, plus léger, plus
dynamique, peut-être pas avec plus de force mais avec l’impression d’être « increvable », d’avoir une résistance à toute épreuve.
En outre vous pourrez dire avec Franz Kafka qui regardait des poissons dans
un aquarium : « Maintenant je peux vous regarder dans les yeux, je ne vous
mange plus » ! C’est-à-dire qu’en plus de votre forme et votre bien-être physique, vous aurez le sentiment merveilleux d’être en empathie avec le reste de
la vie sur la planète, surtout avec ces humbles compagnons de route que sont
les animaux et que vous voudrez protéger dorénavant.
Donnez-vous un mois pour faire le saut : essayez petit à petit d’arriver à un
mois où vous ne mangerez pas de viande du tout ainsi qu’un minimum de
produits laitiers… Et vous verrez que vous ne le regretterez pas ! Bonne chance !

Daniel
Passionnantes
lectures
Le cri de la carotte
Sandrine Delorme - Éditions Les points sur les i 180 pages - Format 14,8X21 cm - 15,00 €
« […] Je suis devenue végétarienne parce que j’ai
compris ce qui se cachait de l’autre côté de mon
assiette. Pour le veau, comme pour tout autre animal devenu viande. Je n’avais alors aucune idée des
conséquences, ni de la longue évolution qui m’attendait, ni de brusquement devenir, simplement
parce que je changeais mon alimentation, une
sorte d’objecteur de conscience. […] »
Les mouvements pour le végétarisme, pour le véganisme et pour les droits des animaux ne cessent
de préoccuper les consciences collectives et s’invitent de plus en plus souvent dans les médias.
Sandrine Delorme, à travers un récit de vie, drôle,
nourri par de nombreuses réflexions, répond avec
brio à une foultitude de questions : qui sont les
« VG » ? Pourquoi et comment devient-on végétarien, végétalien, végane, militant de la cause animale ? Quels liens avec le bio, l’écologie, la décroissance ? Pourquoi s’occuper d’animaux plutôt que
des humains ? Et quid des végétaux ? Enfin, les
animaux ne se mangent-ils pas entre eux ?...
Le cri de la carotte propose de s’orienter vers une
réflexion commune pour la cause animale ; en
effet, depuis quand un comportement ancré dans
nos habitudes lui confère-t-il une légitimité ?
Aux omnivores, aux apprentis végétariens ou aux
activistes des droits des animaux, cet ouvrage
suggère de nombreuses pistes et aide chacun
d’entre nous à élargir le champ de son humanité.
 Préface de Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris, où les cantines scolaires
servent depuis janvier 2009 un repas végétarien
hebdomadaire.
 Sandrine Delorme, outre son combat pour les
animaux, est orthophoniste dans deux centres
médico-psychologiques pour enfants du 17ème arrondissement parisien. Elle est également l’auteure de deux recueils de nouvelles pour adultes,
N’aie jamais d’enfant et L’Entière Vérité, parus en
mai 2010.
Site : www.afleurdeplume.com.
 Se procurer le livre: http://afleurdeplume.
over-blog.com/article-ou-acheter-le-cri-de-la-carotte-65325392.html


Alternatives végétariennes N° 103 |17
SENTIENCE
La
sentience
des poissons
Par David Olivier
En 2002 le bruit a couru qu’un chercheur,
James D. Rose, avait démontré que les poissons ne pouvaient pas souffrir, leur cerveau
étant dépourvu de néocortex. En réalité,
sa position est que « la notion de sentience
n’a que peu de place dans le discours scientifique 1 ». Il n’est pas étonnant dès lors qu’il
conclue que les poissons ne sont pas sentients ; logiquement, si on lui avait posé la
question à propos des humains, il aurait
conclu de même.
En réalité, le consensus scientifique tend
aujourd’hui à accepter que les poissons
sont bel et bien sentients. On peut trouver
de nombreuses informations à ce sujet sur
le site (en anglais) fishcount.org.uk. Concernant la question du néocortex, on y lit : « Il
est connu qu’une même fonction cérébrale
peut être remplie par des structures cérébrales différentes dans des groupes différents
d’animaux (...). » Une idée des aptitudes
mentales des poissons, et d’autres animaux
aquatiques, nous est donnée par l’article de
D.M. Broom de l’université de Cambridge :
« Des données concernant certaines espèces
de poissons, de céphalopodes et de crustacés
décapodes [crabes, homards, écrevisses...]
indiquent la présence de capacités perceptuelles notables, de systèmes de perception
de la douleur et adrénaliennes, de réponses
émotionnelles, de mémoire à court et à long
terme, de capacités cognitives complexes, de
différences inter-individuelles, d’une capacité
à tromper autrui, d’emploi d’outils et d’apprentissage social 2. »
Selon fishcount.org.uk, entre 1 000 et 2 700
milliards de poissons sont victimes chaque
année de la pêche maritime ; soit plus de
seize fois le nombre d’animaux égorgés
dans les abattoirs. Ce chiffre ne comprend
pas la pisciculture, les poissons rejetés en
mer, la pêche illégale...
Le site nous apprend : « La plupart des
poissons de pêche commerciale, encore
18 | Alternatives végétariennes N° 103
vivants lors de leur remontée, meurent soit
par asphyxie dans l’air, soit par asphyxie
plus éviscération. La présence hors de l’eau
est hautement stressante pour les poissons, qui se débattent généralement avec
violence. L’éviscération, ou éventrement,
se fait sans étourdissement préalable. »
Il apparaît que l’agonie peut durer plusieurs heures en cas d’asphyxie simple,
et plus d’une heure en cas d’éviscération.
Tout ceci plus d’un million de millions de
fois chaque année.
Une bonne lecture : Poissons, le carnage, éd.
tahin party, qui peut être commandé et/ou
téléchargé sur le site tahin-party.org.
Notes
1. James D. Rose, « The Neurobehavioral
Nature of Fishes and the Question of Awareness and Pain », 2002.1,5
2. D.M. Broom, « Cognitive ability and
sentience : which aquatic animals should be
protected ? », 2007. 

SENTIENCE
La « sentience » est un terme nouveau en français. Il a été introduit récemment
par des militants animalistes parce qu’aucun mot n’existait dans notre langue pour
désigner le simple fait de ressentir.
Précisons ce dont il s’agit. Les pierres ne ressentent rien ; elles ne voient rien, ne
pensent rien, ne se souviennent de rien. Elles ne souffrent pas quand on les casse et
n’éprouvent aucun plaisir. Elles n’ont ni espoirs ni désirs. Elles n’ont aucune
subjectivité, aucun point de vue sur ce qui les entoure. En un mot,
elles ne sont pas sentientes.
Par contre, les humains généralement, mais aussi les vaches, les poulets, les poissons
et bien d’autres animaux qu’on fait souffrir et tue par milliards pour leur chair, sont
sentients, car ils ressentent les choses et sont capables de souffrir et de jouir de la vie.
On parle souvent aussi d’êtres sensibles et de sensibilité ; ou encore de conscience ;
mais ces termes possèdent d’autres sens et sont ambigus. C’est pour cela
qu’il a semblé nécessaire d’introduire le terme « sentience »,
à l’image par exemple de l’anglais sentiency.
La sentience semble liée au système nerveux. Tous les animaux (ou presque) possèdent un système nerveux, plus ou moins développé. On ne sait cependant pas si
tous, par exemple les insectes et les huîtres, sont sentients. De leur côté, les plantes,
dépourvues de système nerveux, ne sont sans doute pas sentientes.
La sentience pose de nombreux problèmes, par rapport à sa définition, à son statut
scientifique et à ses relations avec le cerveau, à ses relations avec d’autres facultés
(l’intelligence, la pensée, le langage, le sentiment moral et l’empathie, etc.),
à son rapport avec l’éthique, et à la question : jusqu’où dans le règne animal
s’étend la sentience ?
Alternatives Végétariennes consacrera régulièrement quelques pages à ces questions
et à d’autres, dans cette rubrique « sentience ».
D.O.
SENTIENCE
L’autre visage
du docteur Balluch
À propos du livre de Martin
Balluch sur la continuité de la
conscience1
Par David Olivier
L’autre visage ? Non, ce n’est
pas que derrière le militant
animaliste pacifique se cache
la figure d’un malfaiteur,
comme tentent de le faire
croire les autorités autrichiennes - cf. encadré. Mais
Martin Balluch a bien un
autre visage, moins connu
du public : celui du penseur
théorique.
Doctorat de physique en
« La continuité de la conscience –
poche, il a travaillé douze
l’argumentation pour
ans comme enseignantles droits des animaux à partir des
chercheur, en particulier à
sciences de la nature »
Cambridge. Engagé de façon
croissante dans la lutte animaliste, il a choisi de s’y consacrer entièrement à partir de 1997. En 2005, il a passé un deuxième doctorat,
cette fois en philosophie, et dont le livre que je commente ici est
issu.
Ce qui m’avait d’abord amené à lire ce livre, malgré mes difficultés
en allemand, était la position qu’y défend l’auteur concernant le
rapport entre la sentience (« conscience ») et la matière ; plus précisément, son adhésion au point de vue du mathématicien Roger
Penrose selon lequel la sentience n’est pas compatible avec la physique actuelle, laquelle doit subir, pour être à même d’expliquer le
fait que nous ressentons, une révolution majeure2. Ces questions
me semblent importantes, la sentience étant au centre de la question animale.
Balluch défend la continuité de la conscience au sein du monde animal, ce qui l’amène à développer les conséquences de ces thèses
concernant les animaux. Je me limiterai à commenter brièvement
trois points qu’il aborde.
La nature physique de la sentience
Balluch défend un point de vue physicaliste, c’est-à-dire selon lequel la conscience fait partie du monde physique et obéit à ses lois.
3
Il se déclare d’ailleurs athée (p. 22 ), refusant toute explication par
un appel à Dieu. Cependant, il ne partage pas la vision généralement défendue par les rationalistes, selon laquelle la pensée peut
être ramenée à l’exécution d’un algorithme, c’est-à-dire pourrait
être reproduite par un programme d’ordinateur, qui manipule de
façon automatique des symboles purement formels. Balluch, suivant Roger Penrose, soutient au contraire que la pensée ne peut
être de nature algorithmique. La sentience implique non un traitement aveugle de symboles formels, mais une compréhension de
leur sens. Balluch cite son expérience d’enseignant : un étudiant
qui n’a pas réellement compris une problématique mais en a simplement appris les règles ne se montre pas capable d’une recherche
innovante de solutions.
La difficulté est que cette position est incompatible avec la physique actuelle, dont les lois impliquent en particulier que le cerveau, comme le reste du monde, est soumis à un déterminisme
calculable, et peut donc être simulé par un ordinateur. Balluch
en conclut à l’incomplétude de la physique actuelle : « Je sais que
j’ai une conscience, et qu’elle est dépendante de mon cerveau (...)
Selon la conception actuelle du monde physique, la conscience
n’a aucune place (...) Dans notre compréhension de la physique il
Martin Balluch, août 2009
aux Estivales de la question animale
doit donc y avoir des lacunes » (p. 60). Balluch expose la notion
de déterminisme non calculable à laquelle se réfère Penrose. Il
réintroduit ainsi en particulier la possibilité d’un libre-arbitre.
Balluch ne prétend pas compléter ou modifier les idées de Penrose.
Il les popularise, et surtout les applique à la question des animaux
non humains. Il développe une dizaine de critères pratiques pour
déterminer si un être donné est sentient (p. 114). Il montre alors
l’unité structurelle du cerveau entre les humains et bon nombre
d’autres animaux, qui possèdent aussi bien des facultés qu’on leur
dénie habituellement : celle de comprendre, de communiquer, de se
représenter l’esprit d’autrui, de recevoir et transmettre une culture,
Alternatives végétariennes N° 103 |19
SENTIENCE
d’éprouver de l’empathie... Il conclut qu’au moins les animaux
vertébrés (dont les poissons) et les céphalopodes (poulpes...)
sont sentients. « Il s’ensuit qu’ils sont aussi capables de souffrir,
qu’ils ont des intérêts et une volonté propre » (p. 239).
Pensée et langage
« La conscience n’a rien à voir avec le langage ou la capacité à parler. » (p. 89) Balluch note que certains philosophes contemporains continuent à affirmer l’impossibilité de toute pensée sans
langage, voire prétendent qu’un non-humain ne peut même rien
vouloir, car vouloir manger, par exemple, équivaut à croire vraie la
phrase « je veux manger ». Il répond : « toutes ces tentatives commettent une erreur que je trouve totalement incompréhensible,
celle de confondre les pensées avec des phrases verbales ». Balluch
cite le neurobiologiste Antonio Damasio qui insiste sur le caractère non verbal des représentations mentales, des concepts et
de la pensée en général4. Autre neurobiologiste, Lawrence Weiskrantz : « Il est certain que le langage peut être une aide pour la
pensée, mais tout aussi certain qu’il n’en est pas une condition
nécessaire5. »
Balluch fait également appel à son expérience personnelle :
« Quand je passe plusieurs semaines en randonnée dans les montagnes seul avec mon chien, toute pensée verbale cesse. » (p. 23)
Il cite aussi plusieurs penseurs prestigieux, dont Albert Einstein :
« Les mots ou la langue, tels qu’ils sont écrits ou parlés, ne semblent
jouer aucun rôle dans les mécanismes de ma pensée. » (p. 251)
Éthique
Balluch défend une éthique objective des droits, qu’il affirme
pouvoir déduire de ses considérations sur la sentience. Le point
de départ du raisonnement est l’existence chez tout être sentient d’une volonté. Une condition nécessaire pour qu’une volonté puisse s’accomplir est que l’individu vive, sans entraves
ni blessures. Par conséquent, tout être veut vivre, et ne pas être
entravé ou blessé. Il est logique dès lors de vouloir que personne
ne tue, n’entrave ou ne blesse quiconque ; et vouloir cela, c’est
vouloir que chacun ait le droit de vivre, sans entraves ni blessures
(p. 262).
Balluch critique les utilitaristes, qui au lieu de reconnaître des
droits absolus aux individus promeuvent une prise en compte
égale de leurs intérêts. « L’utilitarisme implique d’envisager les
intérêts de tous et de choisir l’action qui au total satisfait le plus
grand nombre. Dans le cas d’un handicapé mental profond, [le
principe d’égalité] implique de se dévouer pour soigner la personne concernée, alors que [l’utilitarisme] implique son meurtre. »
(p. 301)
Partisan de l’utilitarisme, je suis en désaccord avec Balluch sur
ces points. De telles divergences sont normales, mais j’ai le sentiment que dans certains milieux animalistes, l’obligation règne
d’attaquer agressivement l’utilitarisme et en particulier Peter
Singer, principal théoricien utilitariste de la libération animale,
en déformant souvent ses positions. Dans ce contexte, je trouve
le ton de Balluch (« meurtre ») banal et regrettable.
Un autre visage pour le mouvement ?
La plupart d’entre vous, lecteurs, ne lisez pas l’allemand ; pourquoi
donc ai-je voulu vous parler de ce livre ? C’est que son existence
même est significative, illustrant le fait que le mouvement animaliste remet en cause l’ensemble de notre pensée et de notre
culture, allant jusqu’au cœur de questions essentielles comme la
physique, la biologie et la philosophie. Il y a contraste, mais non
contradiction, entre lutter concrètement pour l’amélioration du
sort des poules pondeuses et réfléchir aux bases physiques de la
sentience ; contraste apparent mais unité profonde.
Notre temps est cependant toujours limité. Balluch a choisi de se
consacrer à la lutte concrète, et il a sans doute raison; mais cela
reste aussi regrettable, parce que la réflexion théorique, en particulier sur la sentience et sur la continuité qu’elle présente au sein
du règne animal, est aussi une nécessité, je pense, pour le mou20 | Alternatives végétariennes N° 103
LA RÉPRESSION DU MOUVEMENT EN AUTRICHE
Le 21 mai 2008, le mouvement animaliste autrichien a été la
cible d’opérations policières brutales : intrusion par effraction
au petit matin de policiers armés et cagoulés au domicile de
militants. Dix sont arrêtés, dont Martin Balluch, président de
l’association VgT. Neuf resteront détenus plus de trois mois sans
accéder à leur dossier d’accusation. La police invoque
l’article 278a du code pénal qui réprime le terrorisme et le crime
organisé, et parle à la presse d’attaques au gaz et d’incendies
volontaires.
Balluch, au terme d’une grève de la faim, obtient communication
d’un acte d’accusation pléthorique mais vide de substance. En
fait d’attaques au gaz, par exemple, on y parle de boules puantes
déposées par des inconnus. La notion de crime organisé y est
utilisée pour criminaliser l’ensemble du mouvement, rendant
chacun responsable de tout acte supposément commis par
sympathie pour les animaux. Les méthodes les plus anodines de
protestation civile deviennent des actes criminels.
L’affaire fait grand bruit, mais pas en France, où les médias
gardent le silence, tout comme les militants et associations pour
les droits humains.
Un procès contre une dizaine de militants, au nom de cet
article 278a, débute en février 2010 et se poursuit encore en
cette fin janvier 2011. Le dossier d’accusation est toujours aussi
inconsistant, et a été récemment totalement décrédibilisé,
y compris aux yeux des médias autrichiens qui suivent l’affaire
de près, par le témoignage d’un agent infiltré, qui, malgré seize
mois au cœur même de la VgT, reconnaît n’avoir jamais été
témoin d’acte ou d’intention délictueux. On ne peut pourtant
prévoir l’issue du procès, dont le but semble être de casser le
mouvement animaliste autrichien en raison
justement des succès, législatifs en particulier, qu’il est parvenu
à arracher ces dernières années.
Infos (en anglais et allemand) : www.vgt.at
Notes
1. Martin Balluch, Die Kontinuität von
Bewusstsein - Das naturwissenschaftliche
Argument für Tierrechte, éd. Guthmann
Peterson, 2005.
2. Cf. R. Penrose, The Emperor’s New Mind,
1989 (trad. L’esprit, l’ordinateur et les lois de la
physique) et Shadows of the Mind, 1994 (trad.
Les ombres de l’esprit).
3. Les numéros de page sans indication renvoient à l’ouvrage de Balluch.
4. Antonio Damasio, The Feeling of What
Happens, éd. Harcourt, 1999 (trad. Le Sentiment même de soi, éd. Odile Jacob, 1999).
5. Lawrence Weiskrantz, Consciousness Lost
and Found, éd. Oxford Univ. Press, 1999;
passage cité par Balluch p. 253 et retraduit ici
de l’allemand.
CUISINE VÉGÉTARIENNE
L’assiette
végétarienne
Par Valérie Cupillard
Pour moi, l’inspiration est venue du monde végétal et c’est ainsi que j’ai construit les bases de ma
cuisine bio. Dans mes livres, j’explore tout ce qui
permet de cuisiner autrement en donnant des
outils, chacun peut ensuite aménager ses repas
– végétariens ou non – à sa façon.
L’idée est de proposer une cuisine qui tend vers un
meilleur équilibre pour préserver à la fois notre
santé mais aussi le monde qui nous entoure.
Entre Assiettes végétariennes et plats uniques,
saison par saison, mon premier livre, et le tout
dernier sur le thème des protéines végétales, j’ai
conservé le même fil conducteur : valoriser les
ingrédients bio en aménageant des mariages de
saison et de saveurs.
Vous trouverez des idées pour guider vos repas
dans tous mes livres puisque mes recettes sont
toujours tournées vers la mise en valeur de l’univers végétal.
Comment mettre en place des repas
pour manger végétarien ?
Pour bien organiser des menus de type végétarien, je trouve qu’il faut vraiment personnaliser
selon ses goûts, ses besoins, son âge... mais aussi
les saisons et adapter selon les habitudes culinaires déjà mises en place. En douceur et suivant
ses envies, chacun peut adopter à sa façon les recettes végétariennes en intégrant de plus en plus
souvent les fameuses protéines végétales.
L’idéal, dans un premier temps, consiste à apprendre à cuisiner de nouveaux ingrédients, à
apporter de la variété dans les repas. Quand on
possède un placard bio bien rempli de céréales,
légumineuses, oléagineux, un bon choix d’épices,
des laitages végétaux... il devient de plus en plus
facile de trouver des alternatives aux protéines
animales.
Comment être sûr de faire un repas
végétarien équilibré ?
La variété est un élément qui peut vous permettre de composer facilement une alimentation végétarienne équilibrée. En choisissant de
goûter à une cuisine variée, vous vous assurez
l’apport de tous les nutriments indispensables.
Voici quelques principes de base pour vous guider :
- En général on associe une céréale, une légumineuse et des légumes crus et cuits pour avoir un
repas équilibré.
Pour une bonne assimilation des protéines
végétales, on consid è r e q u e l ’a s s o ciation céréales et
légumineuses peut
se faire sur la journée – surtout pour
quelqu’un déjà habitué depuis quelques
temps à une alimentation végétarienne.
Mais généralement c’est au cours
du même repas que
vous devez associer :
légumes secs et céréales, sachant que la portion de légumes secs
doit être moins importante que celle de céréales
[voir note 1].
- Si dans votre repas il y a de l’œuf, cette combinaison n’est plus indispensable. Car l’œuf renferme
tous les acides aminés essentiels, il est considéré
comme la protéine de référence [voir note 2].
- Parce que ce sont des petites graines bien pourvues en acides aminés essentiels, le quinoa et le
fonio peuvent s’utiliser sans autre association,
seulement avec des légumes. Cela peut vous simplifier et alléger certains menus. Pratique également pour faire des salades complètes à emporter.
Des apports essentiels se trouvent aussi dans divers ingrédients, pensez à tous ces petits plus qui
vous assurent une alimentation riche et variée :
- Des algues, en paillettes dans la soupe ou les
sauces, des morceaux de kombu dans l’eau de
cuisson des légumes secs (ça les attendrit tout en
enrichissant le bouillon d’un goût discret). Dès que
vous vous êtes familiarisé avec les algues, achetezles fraîches conservées au sel ou en tartare.
Préparez des sauces avec de la spiruline en
poudre, goûtez-en plusieurs, certaines ont un
trop fort goût d’algue et peuvent dérouter, je l’utilise en poudre aussi dans les potages, les pâtes à
tartiner...
- Des fruits secs et des oléagineux (noix, noisettes, amandes...) que vous pouvez faire tremper
quelques heures avant pour une meilleure assimilation ou utiliser sous la forme de purée (à délayer pour faire des sauces ou des laits végétaux).
- Les huiles végétales, les graisses végétales (purées d’oléagineux...). Pensez à ajouter un filet
d’une huile végétale crue (huile de colza, de noix,
de sésame...) sur vos crudités ou directement
Alternatives végétariennes N° 103 | 21
CUISINE VÉGÉTARIENNE
dans l’assiette (ne les faites pas cuire), de bonnes
huiles végétales consommées crues sont indispensables.
- Des graines germées (fines pousses d’alfalfa,
graines de tournesol...)
- Pour saler, privilégiez du gomasio (sésame et
sel), de la sauce de soja ou le miso, riche en enzymes.
- Utilisez toute la variété des laitages végétaux,
évitez le « tout soja » (on en consomme déjà
beaucoup par ailleurs quand on est végétarien /
végétalien). Il est préférable de remplacer le lait
de soja par d’autres laits végétaux : lait de riz,
d’amandes, de quinoa, de millet... L’idéal semble
être de consommer le soja sous forme lacto-fermentée (comme cette fameuse crème de soja
épaisse lacto-fermentée au rayon frais, comme le
tempeh, la sauce de soja tamari, le miso...), il est
beaucoup plus digeste et mieux adapté.
Les crèmes de soja ou d’avoine liquide dépannent
pour faire des sauces rapides. Il existe maintenant
aussi des crèmes de riz, d’épeautre ou d’amandes
en brique.
En pratique
- Dans la composition d’une assiette, une céréale
doit être accompagnée de légumes mais aussi
d’une petite part de légumineuses (exemple : des
lentilles cuites ou germées dans une salade de
crudités).
Dans un repas, cette portion de légumes secs
peut s’intégrer de façon facile et rapide quand
on n’a pas le temps (cela peut être sous forme de
sauce, avec un reste de lentilles corail ou avec une
crème de soja épaisse lacto-fermentée). On peut
aussi très bien ajouter une poignée de lentilles
corail (parce qu’elles cuisent vite) ou des flocons
de légumes secs dans une soupe ou un velouté
de légumes. Les légumes secs peuvent aussi se
[1] NDLR :
Un principe élémentaire
de précaution fait que l’on
recommande habituellement la complémentation
céréale+légumineuse au cours
d’un même repas. Dans une
société où le végétarisme
est loin d’être la norme, il est
en effet commun de ne pas
savoir bien utiliser la variété
et la richesse nutritionnelle de
l’alimentation végétarienne ;
il vaut donc mieux, dans une
période de « végétalisation »,
garder à l’esprit la notion
de complémentation, afin
d’éviter de se laisser aller à
manger trop souvent la même
chose. Par la suite, lorsque les
repas deviennent naturellement très variés en apports
végétaux, cela devient inutile.
Il est en effet aujourd’hui
reconnu que la complémentation des protéines sur une
journée ou quelques jours, en
combinaison avec les réserves
corporelles, permet d’assurer
un bon équilibre de la balance
des acides aminés.
22 | Alternatives végétariennes N° 103
Source : Young, V.R., Pellett, P.L.
Plant proteins in relation to
human protein and amino acid
nutrition. Am J Clin Nutr 1994;
59 (Suppl): 1203S-1212S
« Il n’est donc pas essentiel, en
tout cas chez les adultes, que
l’apport journalier en protéines
– et sans doute en chacun des
acides aminés essentiels –
atteigne les valeurs recommandées ; pour ce que l’on
en sait, un apport moyen sur
quelques jours est suffisant
pour atteindre le niveau
requis. […] Dans les conditions
usuelles de santé, la séparation de l’apport protéique en
plusieurs repas au cours de
la journée permet une bonne
complémentation [des acides
aminés]. »
[2] NDLR : Pour un bon équilibre protéique, aucun produit
animal n’est nécessaire. Si
toutefois vous consommez des
œufs, achetez ceux portant le
code « 0 » sur leur coquille :
« œufs de poules élevées en
plein air et en agriculture
biologique ».
faire cuire un peu en quantité et à l’avance pour
réaliser des recettes que vous présenterez de différentes façons les jours suivants (lentilles vertes
en sauce, en coulis, en soupe, en curry, en salade...).
- Avec des galettes végétales à base de céréales,
on ajoutera des légumes cuits et crus et une petite part de légumineuses.
- Avec des galettes végétales composées d’un
mélange de céréales et de flocons de légumineuses, vous ajouterez simplement des légumes
cuits et crus.
- Avec des galettes végétales contenant de l’œuf :
une crudité, une salade verte, des légumes vapeur.
Où trouver de la documentation ?
Consultez le site de l’Association Végétarienne de
France. Dans les dossiers nutrition, vous trouverez
des infos détaillées sur les apports nutritionnels,
sur les protéines végétales, les sources de minéraux (fer, calcium...) et de vitamines... Des petites
fiches sont à votre disposition sur ces sujets.
Et aussi le site de l’APSARes, Association de Professionnels de Santé pour une Alimentation
Responsable.
Pour la pratique, vous trouverez des recettes dans
mes livres...
http://www.biogourmand.com/livres_cuisine_
bio.htm
Liens utiles :
 Le blog de Valérie :
http://www.biogourmand.info/index.php/
 Le site de l’APSARes :
http://www.alimentation-responsable.com/
 L’Association Végétarienne de France :
http://www.vegetarisme.fr

DIXIT
« Il y a de fait et de plus en plus une concurrence tragique entre l’obligation de nourrir
les humains et l’envie de nourrir les animaux
pour permettre à la fraction riche de l’humanité de consommer de la viande. On devra
peut-être choisir entre nourrir les hommes
ou les animaux ». Fabrice Nicolino, lors d’une
rview sur leite LeMonde.fr, 28/01/2011. http://
www.lemonde.f/a011/01/28/oepeut-etrechoisir-entre-nourrir-les-hommes-ou-les-animaux-pour-la-viande_1472175_823448.html.
Auteur de « 
Bidoche 
», Fabrice Nicolino
prépare actuellement un livre sur l’état du
mouvement écologiste en France, à paraître en
mars 2011 (éditions LLL).

RECETTES VÉGÉTARIENNES
Une rubrique coordonnée par Françoise Degenne
Recettes faciles avec le soja sous toutes ses formes
par
Anne Brunner
http://blogbio.canalblog.com
TEMPEH DORÉ
SAUCE CACAHUÈTE
ET
Pour 4 personnes
 1 verre de riz long
 3 carottes
 150 g de chou
 1 branche de céleri
 200 g de tempeh
Pour la sauce 
 1 c. à s. d’huile d’olive
 1 oignon
 1 gousse d’ail
 1 cm de gingembre ou de galanga frais (ou
1 c. à c. de poudre)
 1 c. à s. de sucre
 1 c. à c. de cumin
 1 pointe de piment en poudre
 4 c. à s. de beurre d’arachide
 1 trait de jus de citron
 250 ml d’eau
 1 c. à c. de fécule de votre choix
urrrir
ux
mavra
mes
ne
://
reniml.
no
du
en
Préparation 
Faire cuire le riz dans deux verres d’eau salée, à couvert.
Porter de l’eau à ébullition. Détailler les carottes en bâtonnets minces. Réserver les
feuilles de céleri. Émincer le chou et la côte de céleri en fines lamelles. « Décrudir » les
légumes en les plongeant une minute dans l’eau bouillante, puis égoutter.
Réserver les légumes au chaud et récupérer la casserole pour préparer la sauce. Faire
chauffer l’huile. Faire revenir l’oignon, l’ail et le gingembre hachés.
Lorsque l’oignon est cuit, ajouter le sucre, le cumin, le piment et remuer quelques
instants. Verser le beurre d’arachide, le jus de citron et un tout petit peu d’eau.
Bien délayer le beurre d’arachide. Ajouter le reste de l’eau progressivement, ainsi que la
fécule. Continuer de remuer jusqu’à ce que la sauce épaississe,
puis la réserver au chaud. Couper le tempeh en rondelles. Les faire dorer quelques
minutes à la poêle, dans un peu d’huile d’olive, sur les deux faces.
Servir le tempeh accompagné de riz, des légumes décorés de feuilles
de céleri crues et de la sauce.


Alternatives végétariennes N° 103 | 23
RECETTES VÉGÉTARIENNES
BROCOLI
AUX LANGUETTES DE TOFU
Pour 4 personnes 
 1 brocoli  1 grosse poignée d’amandes entières  250 g de tofu
nature  1 c. à s. de tamari
Préparation :
Couper le brocoli en fleurettes. Éplucher le pied et le couper en
petits morceaux. Cuire le brocoli au cuit-vapeur (ou dans
une cocotte-minute sans la mettre sous pression). Surveiller la cuisson pour le garder vert vif et ferme.
Pendant ce temps, faire chauffer une poêle huilée.
Y faire revenir quelques minutes les amandes et
le tofu, coupé en « lardons ». Lorsqu’ils sont dorés,
déglacer la poêle avec le tamari. Remuer un instant pour colorer le tofu. Servir immédiatement
sur le brocoli. Ce plat peut s’accompagner d’une
céréale servie avec un trait de tamari.
Bon à savoir : le tamari est une sauce de soja fermentée, originaire du Japon. On peut aussi utiliser du shoyu, qui contient généralement aussi
du blé. Toutes deux sont des sauces brunes très
salées, qui constituent de délicieux exhausteurs de
goûts, à condition de les doser avec précaution. On peut
aussi faire mariner le tofu une heure dans le tamari, avant
de le poêler, pour un résultat gustatif également intéressant.
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LASAGNES À LA BOLOGNAISE
Pour 4 à 6 personnes
Sauce bolognaise
 1 c. à s. d’huile d’olive  1 oignon  1 carotte
 1 branche de céleri  1 gousse d’ail  1 verre
de soja jaune concassé précuit  1 verre d’eau
 500 g de coulis de tomates
Sauce béchamel
 2 c. à s. de purée d’amande blanche  2 c. à s.
de farine  muscade (ou poivre), sel  500 ml
d’eau
Pour le montage
 environ 200 g de plaques de pâte à lasagne sèche  50 g d’épinards frais (facultatif)  2 c. à s. d’amande en poudre
(ou de levure alimentaire)
Préparation
Faire revenir l’oignon dans un peu d’huile, en ajoutant la carotte râpée, le céleri émincé, l’ail haché. Lorsque le mélange blondit,
ajouter le soja concassé, un verre d’eau et le coulis de tomates. Saler et poursuivre la cuisson dix minutes.
Pendant ce temps, préparer la béchamel dans une deuxième casserole : mélanger la purée d’amande, la farine, de la muscade râpée
et du sel. Ajouter l’eau progressivement et homogénéiser au fouet. Continuer de remuer régulièrement pendant dix minutes environ,
jusqu’à ce que la sauce épaississe.
Huiler un moule à gratin. Couvrir le fond de plaques de lasagnes, en évitant de les superposer. Réserver deux louchées de béchamel pour
le dessus du plat. Mélanger les épinards hachés dans le reste de béchamel. En verser la moitié dans le plat, puis poursuivre
le montage dans cet ordre : lasagne, sauce bolognaise (la moitié), lasagne, béchamel aux épinards, lasagne, sauce bolognaise,
lasagne. Terminer par une couche de sauce béchamel sans épinard. Verser un petit verre d’eau sur le dessus du plat pour aider à la
cuisson des pâtes. Lorsque l’eau a imbibé le plat, saupoudrer les amandes en poudre et un peu de sel sur le dessus.
Enfourner pour 30 minutes à 180°C.
 Variantes : on trouve le soja concassé précuit au rayon légumes secs des magasins bio, parfois sous le nom commercial « soypilav ».
Vous pouvez aussi préparer une sauce bolognaise en remplaçant le soja concassé par un verre de protéines de soja texturé (petit calibre)
ou par 125 g de tofu ferme nature râpé avec une râpe à gros trous (en supprimant le verre d’eau de la sauce, dans ce dernier cas).

24 | Alternatives végétariennes N° 103
E
RECETTES VÉGÉTARIENNES
MOUSSE DE FRUITS
ROUGES AU TOFU SOYEUX
Pour 4 personnes
 200 g de petits fruits rouges
 200 g de tofu soyeux (en barquette,
au rayon frais des magasins bio)
 du sucre de canne blond
 1 g d’agar-agar en poudre.
Préparation 
À préparer la veille, pour obtenir la consistance mousseuse idéale.
Cette recette nécessite un mixer électrique :
robot culinaire, blender ou « pied à soupe ».
Réserver quelques fruits pour le décor. Mixer
la moitié des fruits avec 2 c. à s. de sucre.
Lorsque la purée de fruits est homogène,
ajouter le tofu soyeux et mixer pendant trois
minutes.
Dans une petite casserole, préparer le coulis :
cuire l’autre moitié des fruits avec 3 c. à s. de
sucre. Lorsque les fruits ont éclaté, ajouter
l’agar-agar et bien remuer pour éviter qu’il
forme des grumeaux. Porter le coulis à ébullition et maintenir de petits bouillons pendant
une minute. Passer cette préparation dans
un tamis pour en extraire une gelée.
Répartir le tofu soyeux aux fruits dans quatre
verres. Recouvrir de gelée. Décorer avec les
fruits réservés. Conserver au frais quelques
heures avant de servir,
ou mieux, une nuit.
Pour trouver d’autres recettes :
 Protéines vertes (à paraître en février 2011) - Cécile
et Christophe Berg,
éditions La Plage.
Soja, lentilles, haricots et pois sont revisitées ici au
travers de recettes subtiles, saines et légères...
loin des idées reçues les associant
à une alimentation indigeste
ou trop calorique.
 Tofu et soja - Hu Shao Bei, éditions La Plage.
Un grand livre qui rassemble recettes de base,
recettes asiatiques et des créations autour du tofu
et des dérivés du soja.

Alternatives végétariennes N° 103 | 25
BLOG A L’HONNEUR
http://macuisinevegetalienne.blogspot.com/
Alex, auteur du blog « Ma Cuisine Végétalienne » mais également du
blog « Société Vegan » est végétalienne, pour les animaux,
depuis environ sept ans : choix de vie qu’elle a fait par amour
et respect des animaux.
Diplômée en musculation et fitness et adepte de la course
à pied et de la boxe pieds-poings. Amoureuse de la nature et du
silence. Et depuis qu’elle est végétalienne, désireuse de faire
découvrir la cuisine 100 % végétale. C’est pour cette raison
que le blog « Ma Cuisine Végétalienne » a vu le jour : afin de partager
des recettes, mais surtout afin de faire taire ces rumeurs, comme quoi
les végétaliens ne mangeraient que de la salade.
Son blog a comme objectif principal de démontrer qu’il est tout à
fait possible de prendre beaucoup de plaisir à manger en renonçant à
la chair animale et de passer d’agréables moments en famille, entre
amis, autour d’une table, sans faire souffrir ni tuer aucun animal.
LASAGNES
Pour 6 personnes
 250 g de lasagnes
blanches
(PRIMEAL) - Le procédé de
fabrication de ces lasagnes
permet de les préparer sans
cuisson préalable.
 480 gr de haché végétal
(SOJASUN) soit 2 paquets
 70 cl de purée de tomates
 30 cl de coulis de tomates
 250 ml de crème d’avoine
liquide (OATLY)
 200 g de fromage végétal
râpé (VEGUSTO - CLASSIC)
 1 c. à s. d’huile d’olive
 200 g d’oignons frais
coupés en morceaux
 sel, poivre (selon votre
goût)
 2 c. à c. de bouquet garni
à la Provençale (laurier, sarriette, thym, persil, romarin,
basilic, céleri)
 1 petit bouquet de persil
frais
Préparation
Dans une poêle, dorer légèrement les
oignons dans l’huile d’olive avant de mettre
le haché. Mélanger avec une cuillère en
bois et laisser mijoter 2 mn.
Verser ensuite la purée et le coulis de
tomates. Saler, poivrer. Ajouter le persil
ciselé et les 2 c. à c. de bouquet garni à la
Provençale. Laisser cuire 5 mn à feu doux.
26 | Alternatives végétariennes N° 103
Éteindre le feu.
Préchauffer le four 10 mn à 200° C.
Dans un plat creux allant au four, graisser
le fond avant d’y placer les lasagnes (3 ou
4 plaques) et étaler une couche de préparation de haché à la tomate sur les p
âtes. Recouvrir d’une couche de fromage
râpé. Recommencer cette opération encore
3 fois, pour obtenir 4 épaisseurs. Mais avant
de mettre la dernière couche de fromage
râpé, verser la crème d’avoine sur
toute la surface.
Parsemer pour terminer quelques noisettes
de margarine végétale.
Cuire 40 mn à 200° C, puis terminer par 5 mn
sous le gril.

BLOG A L’HONNEUR
CROQUE-MONSIEUR
Pour 4 grands
croque-monsieur
 8 grandes tranches de
pain de mie
 4 tranches de jambon
végétal (PURAL)
 50 cl de crème d’avoine
liquide (OATLY) soit 2
briques
 120 g de fromage végétal
râpé (VEGUSTO - doux)
 4 c. à s. de farine légèrement bombées
 Sel, poivre (selon votre
goût)
Préparation
Dans une casserole et sur
un feu moyen, verser la
crème d’avoine, le sel, le
poivre et environ 70 g de
fromage râpé.
Bien mélanger.
Mettre ensuite les 4 cuillères de farine. Mélanger
continuellement jusqu’à
ce que la sauce soit bien
épaisse. Éteindre le feu.
Préchauffer le four 10 mn à 180° C .
Disposer sur la plaque du four recouverte
d’une feuille de papier sulfurisé
les 4 premières tranches de pain de mie,
puis les 4 tranches de jambon et
une couche de sauce blanche
(la moitié de la sauce préparée).
Recouvrir des 4 autres tranches de
pain de mie, de la deuxième moitié de
sauce blanche et du fromage râpé qui
LES « LUNDIS VÉGÉTARIENS », AILLEURS QUE CHEZ NOUS…
Sodexo, la méga-firme nord-américaine de restauration
collective qui sert, d’après ses propres chiffres, 10 millions de « consommateurs » chaque jour aux États-Unis,
rejoint la campagne des « lundis sans viande » […]
Désormais donc, aux États-Unis, 900 
hôpitaux,
2 000 entreprises et 175 administrations supplémentaires offriront une alternative végétarienne à leurs
employés chaque lundi.
« Cela s’accorde parfaitement avec notre démarche Better Tomorrow Plan (plan pour un meilleur lendemain)
qui promeut la santé et le bien-être tout en protégeant
et restaurant l’environnement. Meatless Monday est
une action facile à réaliser que nous pouvons tous accomplir pour faire face à de multiples défis. De petits
changements dans nos comportements peuvent avoir
de grands effets », explique l’un des vice-présidents de
Sodexo, Nitu Gupta.
Sources : extrait de http://bonnenouvelle.blog.lemonde.fr/2011/01/28/leslundis-sans-viande-de-sodexo/ et http://www.goodplanet.info/Contenu/
Depeche/Lundi-sans-viande-pour-Sodexo-aux-Etats-Unis

reste. Mettre au four pendant 20 mn à
180° C, jusqu’à ce que le fromage
commence à fondre et à dorer.
Surveiller la cuisson.

BLOG A L’HONNEUR
TARTE AMANDINE,
POMMES POIRES
• Moule à tarte de 28 cm
de diamètre
• 1 pâte brisée (ou 1 pâte
sablée)
• 2 pommes Golden
moyennes
• 2 poires au sirop
• 170 g de poudre
d’amandes
• 100 g de sucre glace
• 50 g de crème d’avoine
(farine précuite)
• 50 g de margarine
végétale molle
• 250 ml de crème
d’avoine liquide
• 200 ml de crème
d’amandes liquide
• 2 c. à s. de confiture de
pêche
• Sucre glace
• Amandes effilées
Préparation
Peler les pommes, couper
en deux chaque pomme
et chaque poire, couper
les moitiés en lamelles
en gardant la forme de la
moitié. Réserver.
Préchauffer le four 10 mn
à 220°C
(adapter selon votre four).
Étaler la pâte dans un moule à tarte huilé.
Recouvrir le fond de tarte d’une feuille de papier
sulfurisé puis de légumes secs.
Cuire à blanc la pâte 10 mn à 220°C (surveiller la
coloration).
Dans un saladier, mélanger la poudre d’amandes, le
sucre glace, la crème d’avoine
(farine précuite) et la margarine
avec un fouet. Ajouter les crèmes d’avoine et
d’amandes liquides et mélanger de nouveau
jusqu’à obtenir une pâte crémeuse
épaisse. Verser la crème amandine sur le fond de
tarte. Disposer les moitiés de pommes et
de poires coupées sur la crème. Parsemer
d’amandes effilées.
Cuire la tarte 35 mn à 220°C. Surveiller.
Faire chauffer la confiture de pêche,
badigeonner la surface de la tarte à l’aide
d’un pinceau
et saupoudrer de sucre glace.
Laisser refroidir à température ambiante.
Entreposer la tarte au réfrigérateur
plusieurs heures.
28 | Alternatives végétariennes N° 103

BLOG A L’HONNEUR
CAKE MARBRÉ,
CHOCOLAT VANILLE
• 200 g de farine
• 40 g de fécule de
pomme de terre
• 100 g de sucre
cassonade
• 1 sachet de sucre vanillé
• 1 sachet de levure
chimique (11 g)
• 80 g de margarine
végétale fondue
• 250 ml de crème de soja
liquide (Soja cuisine de
Bjorg)
• 100 g de compote de
pomme
• 1 c. à s. d’extrait de
vanille
• 50 g de chocolat noir
Préparation
Mélanger dans un
saladier la farine avec la
fécule de pomme de terre,
les sucres et la levure, puis
ajouter la margarine
fondue, la crème de soja
et la compote de pomme.
Bien mélanger jusqu’à
obtenir une pâte
homogène.
Préchauffer le four 10 mn
à 200° C.
Fondre le chocolat sur feu
doux.
Séparer la pâte en deux,
dans une partie mettre l’extrait de vanille
et dans la seconde le chocolat. Bien mélanger au
fouet les deux pâtes.
Dans un moule à cake, déposer de la pâte à la
vanille puis par dessus de la pâte au chocolat …
et ainsi de suite, soit 6 couches.
Enfourner le cake pendant 30 mn à 200° C.
Surveiller la cuisson avec la pointe d’un couteau.
Laisser refroidir avant de démouler.

QUESTION:
« S’ils avaient vécu à la même époque, quel point commun aurait pu réunir autour de la même table
Pythagore, Léonard de Vinci et Emil Zatopek ? »
RÉPONSE:
Ils auraient pu partager un repas végétarien. (Pythagore pour des raisons métaphysiques, Léonard
de Vinci en raison de sa compassion envers les animaux, Emil Zatopek pour améliorer ses performances sportives).
Sources :
- Sur Emil Zatopek : cité dans le magazine Zatopek consacré à la course à pied - http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/zatopek-le-magazinefrancophone-de-course-a-pied
- Sur Léonard de Vinci : le fait en mentionné par Giorgio Vasari dans son livre Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes
- Sur Pythagore : notamment, http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythagore et en consultant les règles de vie des pythagoriciens.
Note : cette question a été envoyée au Jeu des 1 000 euros (France Inter) par notre déléguée. Nicole Paumerie !

Alternatives végétariennes N° 103 | 29
LA VIE DE L’ASSOCIATION
30 | Alternatives végétariennes N° 103
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Entretien
avec la nouvelle
délégation
Ile de France
Par Aurélia, Cyril et Julien
Ø Qu’est-ce qu’une délégation ?
JULIEN : Dans le cadre de l’Association Végétarienne de France,
on parle de délégués départementaux ou régionaux et de
correspondants. Il s’agit de personnes qui représentent l’association au niveau local et qui organisent diverses actions
en lien avec le végétarisme. Une délégation
est une équipe, l’avantage étant un partage
des responsabilités, une émulation pour se
lancer dans les projets et une convivialité
efficace…
Les compétences de chaque membre sont
souvent complémentaires et chacun verse
au pot commun son réseau social. Cela
multiplie les possibilités de rencontres et
d’affinités. D’après notre expérience, une
équipe de trois personnes semble une
bonne formule pour partager les tâches
équitablement et arriver à se réunir !
Ø Quelles personnes constituent la
délégation parisienne ?
CYRIL : La délégation parisienne
est constituée de trois personnes, Aurélia, Julien et Cyril.
Ø Comment vous êtes-vous
rencontrés?
JULIEN : Cela faisait 4 ans que
je croisais régulièrement Cyril
lors d’événement militants. À
l’époque, je cherchais un soutien associatif pour le projet
CD de Veganesh (mon pseudonyme de
slammeur).
Aurélia a découvert l’association il y a à
peine un an. Elle est venue pour la 1ère fois
sur le stand lors du Festival de la cause animale en septembre. Synchronisation parfaite car je commençais juste à réunir du
monde pour constituer une délégation.
Ø Pourquoi avoir décidé de travailler
avec l’AVF ?
AURÉLIA : J’avais envie de
m’investir dans une association
dont les valeurs et le discours
me soient proches et ne plus
militer « seule dans mon coin ».
J’ai milité auprès d’associations comme One
Voice ou L214 que je soutiens toujours puis
j’ai adhéré à AVF. Je me sens très à l’aise avec
le discours de l’association, mais aussi avec
son approche faite de tolérance, d’ouverture et de non agressivité envers ceux qui
mangent de la viande.
Être déléguée AVF, c’est ma petite contribution pour changer le monde !
CYRIL : Je suis membre de l’AVF
depuis dix ans. Ma présence a
d’abord été discrète, je voulais
sortir de mon isolement et rencontrer d’autres végétariens.
Pendant trois ans, je suis allé au repas mensuel à la Victoire Suprême du Cœur, devenu
Végét’halles. À l’époque, je n’avais pas d’idée
précise sur le fonctionnement interne de
l’association. Je pensais que c’était une
grosse boîte bien rodée où les bénévoles
n’avaient pas grand-chose à faire pour que
ça tourne.
En discutant avec des membres actifs de
l’association, j’ai réalisé tout l’investissement humain nécessaire à la bonne marche
de l’AVF. J’ai voulu agir moi aussi. En 2006 je
suis devenu secrétaire de l’association. En
2010 un autre adhérent a pris la relève.
En 2010, des membres de l’association se
sont retrouvés pour discuter du projet d’une
délégation AVF en Ile de France. Au final,
nous sommes trois mais il y a un réseau
de militants parisiens prêts à aider lors des
stands et manifestations.
JULIEN : Il y a une dizaine d’année, l’AVF (à l’époque l’Alliance
Végétarienne), a été pour moi un
véritable soutien face à la végéphobie ambiante inconsciente.
Les témoignages sur le bulletin associatif,
une simple feuille de chou m’apportait un
vrai réconfort. C’est donc un juste retour des
choses de choisir cette association…
Mes sœurs et ma mère sont elles aussi devenues végétariennes et cela grâce au site
internet, à la revue et à l’esprit de l’association : ouverture, bienveillance, cohérence…
L’AVF, c’est un peu l’association des premiers
pas (qui peuvent durer des années quand il
s’agit d’un déconditionnement aussi puissant que la consommation de viande). En
cela, l’AVF est une « vitrine grand public »…
En fait pendant des années j’ai beaucoup
bougé. C’est en me fixant sur Paris que j’ai
trouvé le temps de m’investir vraiment dans
une association. De bonnes rencontres aux
bons moments ont fait le reste et j’ai rejoint
la délégation.
Ø Vos avez démarré fort !
Pouvez-vous rappeler aux lecteurs
ce que vous avez fait depuis septembre,
avant même la création officielle
de votre délégation ?
AURÉLIA : Nous avons mis
beaucoup d’énergie pour dynamiser les actions sur Paris et
l’IDF.
D’abord, les JMV avec un stand
d’information et de dégustation en partenariat avec L214, CLEDA, CRAC... Cela a été
un vrai succès.
Le week-end suivant nous avons participé à
3 salons ! Au Festival du livre et de la presse
d’écologie à Paris. Au Grand Congrès National pour la Santé à Montreuil. Et à la
Journée de l’Animal à Fontenay-sous-Bois. À
chaque fois nous tenions un stand d’information. Les bénévoles nous ont beaucoup
aidé, un grand merci à eux !
Le 28 novembre, nous avons participé au
Paris Vegan Day, incontournable pour AVF.
En décembre, nous avons organisé notre 1er
atelier cuisine sur les terrines et pâtés végétaux ainsi qu’un buffet-projection avec le
court métrage « Buvez, mangez, gavez » et
le documentaire « Le gavage en question »
afin d’inviter à une réflexion sur cette « tradition » de fin d’année.
Sur le même thème, nous avons organisé
avec L214 une action devant le centre commercial Italie 2 : stand d’information sur le
foie gras et découvertes des alternatives
végétales. Les dégustations ont remporté
un franc succès et notre flyer avec menus
végétariens pour les fêtes a été plébiscité !
Le 31 décembre, nous avons fêté la nouvelle
année dans la joie et la bonne humeur autour d’un repas végétalien en partenariat
avec Animavie.
2011 a repris sur le même rythme, avec un
moment fort : une marche co-organisée avec
L214 et CLEDA à l’occasion de la semaine
pour l’abolition de la viande. Une centaine
de personnes étaient présentes et nous
avons eu quelques retombées dans les médias, ce qui est bien difficile sur la capitale !
En parallèle, un ou deux repas conviviaux
sont organisés chaque mois dans différents
restaurants végé de la capitale. Merci à
Manu, Karine et Daniel qui les organisent !
Ø Quels sont vos projets, vos envies
pour la suite ?
CYRIL : Que l’alimentation végétarienne ait pignon sur rue, que
l’on multiplie les salons et les
conférences, et que nous ayons
suffisamment d’adhérents pour
salarier des permanents, bref une accélération décisive de notre dynamique.
AURÉLIA : Faire découvrir à un
large public l’alternative végétale
et les nombreuses et excellentes
raisons de la choisir !
En projet, nous avons un repas
végétalien fin février pour l’association La
Maizon et notre participation en mars au
salon Vivre Autrement et peut-être le salon
Marjolaine, le plus grand salon bio en France.
Participer à des salons bio, santé permet d’assurer notre mission d’information auprès du
grand public.
Je souhaite aussi organiser de nouvelles soirées débats et des projections de film.
Enfin, j’aimerais qu’AVF accompagne ceux
qui veulent devenir végétariens. Je travaille
en ce moment sur un projet « Défi végé »
mais chut… Il est encore un peu trop tôt
pour en parler. RV au prochain numéro !

Alternatives végétariennes N° 103 | 31
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Le 1er partenariat
officiel de l’AVF !
Ça y est ! L’Association Végétarienne de France est
partenaire officiel des salons Respirez la Vie !
C’est donc un gage de reconnaissance de notre
sérieux, de notre savoir-faire, et de notre image de
marque.
Loire-Évènement-Organisation organise chaque
année 9 salons bio et bien-être « Respirez la vie » :
Vannes, Brest, Rennes, Le Mans, La Rochelle, Angers, Poitiers, Clermont-Ferrand et St-Etienne.
En quoi consiste ce partenariat ? L’AVF s’engage
à animer des ateliers cuisine, qui remportent un
vif succès de la part du public (tofu pour cette
année), ainsi que des conférences, et à publier un
encart publicitaire dans notre revue pour annoncer ces salons.
En contrepartie, nous bénéficions d’un stand gratuit pour chaque salon, notre logo « Association
Végétarienne de France » apparaît sur tous leurs
documents de communication (y compris les
affiches de 4mx3m, mais aussi les affiches des
abribus), et, le plus souvent, les médias locaux
partenaires des salons nous rendent visite sur
les stands : ainsi, nous avons d’ores et déjà eu,
pour les premiers salons, un article couleur dans
le Courrier de l’Ouest (Angers), un autre article
couleur dans Ouest-France (Vannes), avec, en plus
de l’article, un gros titre sur les trottoirs en ville
devant les maisons de la presse : « LE TOFU, SI, SI,
C’EST BON !!!, » et un article dans le Télégramme
(Brest)...
De plus, les journaux gratuits locaux relayent ces
salons, avec les conférences et les ateliers de cuisine végétarienne.
...Et, bien sûr, il est très probable que ce partenariat ne soit qu’un début !

DERNIÈRE MINUTE : AUCH – UNE CLINIQUE INSTAURE LES LUNDIS VÉGÉTARIENS.
Ce fut vraiment une grande satisfaction d’apprendre que les lundis végétariens trouvent leur application à la clinique d’Embats, à
Auch, et que les patients et le personnel ne se plaignent pas de manger végétarien ce jour-là.
« Effectivement, il fallait oser prendre une telle initiative dans notre département gros consommateur de viande ! », souligne Marjolaine
Pento, responsable pour Sodexo de la cuisine de l’établissement.
Mais… « Nous n’avons eu que des réactions très positives » confirment Jean-Marie Philipp - directeur de la clinique - et Cyril Labat cadre de santé - qui sont les instigateurs de cette démarche en vigueur depuis le 31 janvier.
Il semble que la clinique d’Embats soit le premier établissement de soins en France à respecter les lundis végétariens.
Rappelons que ceux–ci ont été lancés en France par votre association favorite en mai 2009 (vous trouverez le communiqué « historique » ici même : http://www.vegetarisme.fr/_pdfs/Communique_2009-06-UnJourSansViande.pdf). Actuellement, nous continuons à y travailler, en collaboration avec l’association L214, au sein du collectif viande.info (http://www.viande.info/).
Les arguments évoqués sont parfaitement logiques.
- Moins de viande pour plus de santé : « Pour notre clinique, spécialisée dans le traitement de certaines pathologies psychiatriques,
prendre en compte cet enjeu de santé et de qualité de vie est une priorité ».
- Moins de viande pour la planète : « Le rôle d’un établissement de santé ne peut se limiter à une démarche de soins immédiats, d’actions
préventive et d’éducation à la santé. La santé de la planète nous concerne tous ».
Rajoutons que moins de viande entraîne aussi moins de souffrance animale et la boucle est bouclée.
Nous espérons qu’une saine émulation va conduire tous les établissements de santé de France à appliquer cette mesure simple, efficace et de bon sens !
Source : La Dépêche - 14/02/2011 - http://www.ladepeche.fr/article/2011/02/14/1013087-Auch-Le-lundi-Embats-se-prive-de-viande.html
32 | Alternatives végétariennes N° 103

LA VIE DE L’ASSOCIATION
L’AVF y était !
Toutes les actions et participations récentes et à venir de l’AVF sur http://www.vegetarisme.fr/
Beaumont (86) – Salon Vital’ethic – 26 et 27 février 2011
Paris – Soirée végé pour la St Valentin – 12 février 2011
Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 12 février 2011
Rennes – Salon Bio Respirez la Vie – 11-13 février 2011
Villeurbanne – Soirée crêpes au restaurant Couleurs des Mets –
11 février 2011
 Pau – Pique-nique végé – 5 février 2011
 Nantes – Rencontres conviviales au restaurant / salon de thé
L’Île verte – 5 février 2011
Paris
– Buffet complet à l’occasion du Nouvel An chinois –

4 février 2011
 Brest – Salon Bio Respirez la Vie – 4 au 6 février 2011
 Toulouse – Stand abolition de la viande – 29 janvier 2011
 Nancy – Veillée funèbre pour les animaux - semaine d’Abolition
de la viande – 29 janvier 2011
 Paris – Manifestation pour l‘abolition de la viande –
29 janvier 2011
Séné
(56) – Table de presse – 29 janvier 2011

 Vannes – Salon Bio Respirez la Vie – 28-30 janvier 2011
 Morbihan – Conférence-débat lors du forum social local –
28 janvier 2011
 Paris – Soirée restaurant végé indien – 27 janvier 2011
 Charleville et Reims – Actions lors de la semaine de l’abolition de
la viande – 24-30 janvier 2011
Tours
– Atelier de cuisine végétarienne – 22 janvier 2011

Tours
– Stand végétarisme et fourrure – 15 janvier 2011

 Paris – Soirée restaurant à Paris – 7 janvier 2011
 Lyon – Réveillon bio-végétalien – 31 décembre 2010
 Paris – Réveillon Végéfestif – 31 décembre 2010
 Loire-Atlantique – Réveillon végétarien du Nouvel An –
31 décembre 2010
 Paris – Repas végéta*ien – 29 décembre 2010
Charleville-Mézières – Stand d’Information AVF + restauration
 




végétarienne – 19 décembre 2010
Metz – Manifestation Stop au carnage de Noël ! – 18 décembre
2010
 Nantes – Animation « Douceurs végétariennes pour Noël » à la
Biocoop – 18 décembre 2010
 La Réunion – 1er pique-nique végétarien – 12 décembre 2010
 Tours – Stand contre le foie gras – 11 décembre 2010
 Paris – Stand contre le foie gras – 11 décembre 2010
 Toulouse – Stand dans le cadre de la JIDA – 11 décembre 2010
 Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 11 décembre 2010
 Nantes – Conférence « Peut-on être gourmand et préserver son
capital santé ? » - 11 décembre 2010
 Paris – Conférence-cocktail HEC – 9 décembre 2010
Paris – Atelier cuisine & buffet-projection –
 7 décembre 2010
Tours
– Stand contre le foie gras – 4 décembre 2010

Paris
–
Soirée restaurant – 3 décembre 2010

 Lyon – Atelier culinaire – 30 novembre 2010
 Paris – Stand AVF au Paris Vegan Day – 28 novembre 2010
 Grenoble – Sortie resto – 27 novembre 2010
 Orléans – Repas végétalien – 27 novembre 2010
 Loire-Atlantique – Conférence dans un collège –
26 novembre 2010
Lyon
– Rencontre autour d’un verre – 24 novembre 2010

Tours
– Atelier de cuisine végétarienne – 20 novembre 2010

 Lyon – Resto : repas végétalien japonais – 19 novembre 2010
 Rennes – L’AVF sur les salons Viv’Expo – 19 novembre 2010
 Rennes – 2 conférences sur le végétarisme à Viv’Expo –
19, 20 et 21 novembre
Nantes – Conférence dans une maison de quartier –
 10 novembre 2010
 Charleville-Mézières – Action pour le foie gras végétal –
5 novembre 2010


Les délégués, correspondants
et bénévoles de l’AVF s’engag
ent au quotidien,
ils participent à des conférences,
organisent des repas de découverte du végétarisme,
tiennent des stands, montrent, discutent, argumentent…
Rejoignez-les !
Alternatives végétariennes N° 103 | 33
SOCIÉTÉ
Chroniques
végétariennes
D
Par Gabriel « Bradbury » Bertaud, auteur du « Végétarien sans peine » (éd. Presses du Châtelet, 2003)
’abord le Vegan Day, ou la journée
végane en français. Je me réjouis de
participer à cette manifestation qui
tombe cette année le jour de mon anniversaire. J’y emmène mon fils Diego, un garçon
de 14 ans qui achète, dès que j’ai le dos tourné, des nuggets de poulet avec son argent
de poche. Je ne sais pourquoi d’ailleurs il
accepte de m’accompagner. À notre arrivée,
nous sommes pris dans un flot de jeunes
anglicisants : sûrement un ou même deux
Eurostar débarquent d’un seul coup dans
la Bellevilloise. Portés par la vague, nous
nous égaillons dans les différentes parties
du bâtiment déjà au bord de la saturation
à 11 heures du matin. J’ai besoin d’un café et
me dirige vers le bar. Une jeune femme me
tend d’une main tremblante mon expresso.
Je lui demande si elle n’est pas trop débordée par l’affluence. Elle me répond que
pour l’instant ça va et elle ajoute en jetant
des coups d’œil autour d’elle : « Mais moi,
je ne fais pas partie de la journée végane,
je suis la seule employée de la Bellevilloise
aujourd’hui. J’avais une petite faim tout
à l’heure et j’ai commencé à manger. Un
reste de dinde à la rémoise. J’étais là, tranquille avec ma petite assiette derrière le bar,
quand un monsieur est venu me dire qu’il
n’était pas très approprié de manger de la
viande pendant la journée végane. Ou alors
pas de manière ostensible. » Ce devait être
un Anglais, lui répondis-je. Et elle versa un
peu de lait de soja dans mon café. (Quand
les producteurs de lait de soja vont-ils s’attaquer au marché des cafés et débits de
boissons ?).
Je songe encore au récit de cette minoritaire
omnivore, qui se cache sous son bar pour
finir sa dinde à la rémoise quand mon fils
débarque, les yeux rivés sur son Blackberry,
et me dit : « On bouge, papa ? ». Nous voilà
au sous-sol, où bruissent un million d’associations. Je cherche le stand de l’AVF et demande Françoise, que personne ne semble
connaître. De la part de Gabriel Bertaud,
suis-je tenté d’ajouter pour tester ma popularité. Bide, moment de solitude. Les jeunes
femmes ne connaissent pas plus Françoise
que Gabriel Bertaud. Elles sont souriantes
mais restent sur leur quant-à-soi. Les hô-
34 | Alternatives végétariennes N° 103
tesses de l’AVF établissent une distance
toute anglo-saxonne avec leur interlocuteur. Je décide d’aller faire un tour sur le
stand des amis des dauphins où de jeunes
gens au look très inspiré par les bûcherons canadiens me comblent de matériels
de promotion, affiches, porte-clés. Diego,
toujours dans son téléphone, m’informe
qu’il a faim. J’avise un stand qui propose
des crêpes, sans lait d’animal évidemment.
Surprise… Diego trouve la crêpe à son goût,
alors qu’il ne goûte pas particulièrement
mes crêpes au lait de soja.
Et puis arrive le période des fêtes, toujours
un peu pénible pour les végétariens. Le paquet cadeau de mon employeur : deux bouteilles de vin et une boîte de foie gras.
Problème d’éthique végétarienne : que faire
de ces deux boîtes de pâté ? (je dis « pâté »
exprès, comme pour mépriser ce mets gastronomique) Les jeter ? Les donner ? Les
vendre ? Refuser le cadeau de fin d’année et
faire la morale à la directrice ? La dernière
solution me semble théoriquement la plus
valable. Je n’aurais dû prendre que la partie
vinicole du cadeau. Mais j’ai emporté le sac
et regardé ensuite ce qu’il y avait dedans.
Difficile de revenir avec la boîte de pâté en
disant : « Gardez votre concentré de souffrance animale... ». Le soir même, à la radio,
des animateurs d’une grande station culpabilisaient sur leur penchant pour le foie
gras. C’est la première fois que j’entendais
des journalistes connus admettre que ce
n’était pas bien. D’habitude, on avait droit à
un discours du genre : « Assez de ce politiquement correct, de cette sensiblerie occidentalo-centriste, etc. », même Alain Duhamel culpabilisait en direct. Un autre signe,
me dis-je avant 2011, l’année du Chat qui se
profile, favorable aux arts et à la justice…
À peine remis de ces épreuves, je tombe nez
à nez avec l’inquiétante affiche d’un magazine d’informations culturelles, un crâne
SOCIÉTÉ
humain affublé de cornes : les Inrockuptibles (n° 789) font leur couverture avec
le slogan suivant « Manger de la viande
tue ». Alors là, je n’en reviens pas. Le livre de
Jonathan Safran Foer : « Faut-il manger des
animaux ? » - pourquoi FAUDRAIT-IL ? - est
à l’honneur et l’auteur déclare être végétarien. Et là, je me souviens que Françoise,
membre du comité éditorial de la revue, m’a
demandé d’écrire un article sur le comingout végétarien. Eh bien, en voilà une méthode pour faire connaître votre nouvelle
inclination : écrivez un livre sur l’industrie
agro-alimentaire et faites-vous interviewer
par un magazine qui a fait sa une avec votre
œuvre. Puis offrez le fanzine à votre mère en
disant qu’on parle de vous.
C’est un peu long, mais c’est un moyen
imparable.
Si vous n’avez pas le temps d’écrire un bestseller, voici quelques petits trucs utiles.
1. Annoncez toujours votre nouvelle orientation avant le repas. N’ajoutez pas au trauma de l’annonce l’injure de refuser les plats.
Si vous attendez le repas de famille autour
du rôti de bœuf dans le filet à 50 euros le
kilo, acheté chez l’artisan boucher qui a collé sur l’étiquette la photo de l’animal dans
un paysage champêtre, vous risquez des
réflexions du genre : « À ce prix-là, il fait son
difficile. On s’est saigné aux quatre veines
pour lui donner le meilleur et voilà comment on est remercié ». Il est normal que
des métaphores sanglantes apparaissent
dans ces moments-là, ne paniquez pas. Il
est préférable de négocier avant, à moins
que vous ayez besoin de la scène familiale
pour donner du poids à votre déclaration.
En dehors d’un contexte familial, préférez
toujours négocier avec le cuisinier ou la cuisinière, plutôt que de ne rien manger avant
le dessert (une pomme). Mais précisez bien
ce que vous mangez et ne mangez pas. Si
vous dites simplement je suis végétarien,
vous risquez de vous retrouver face à un
poisson grillé.
2. Il est recommandé d’apporter un plat
cuisiné par vos soins. C’est ce que je n’ai pas
fait au repas de fin d’année de la structure
qui m’accueille comme stagiaire (oui, je fais
encore des études). Je n’ai donc pas mangé
grand-chose (à part des biscuits apéritifs)
au cours de cette réunion fort sympathique
au demeurant. Comme c’était un buffet, je
me suis dit que personne ne verrait rien.
Au moment de partir, je souhaite à tout le
monde une bonne fin d’année. Et patatras,
ma responsable de stage me dit : « Ah c’est
dommage que tu n’aies rien mangé... ». Et
là, plutôt que de dire qu’en fait je suis végétarien depuis 17 ans, j’ai préféré dire : « J’ai
une sinusite ». Ce qui m’amène à un troisième conseil :
3. Choisissez le moment pour faire votre
annonce. Il est préférable de disposer de
temps pour répondre aux questions de vos
congénères, d’accueillir
leurs remarques, leurs critiques, leurs élans de sympathie (« Nous, à la maison, on mange beaucoup
moins de viande »). Essayez d’être en forme à ce
moment-là, de ne pas être
ravagé par un virus. Oui,
les végétariens tombent
aussi malades et parfois
même, ils meurent.
4. Pour les premières fois,
ne vous laissez pas entraîner dans des discussions
trop abstraites. Ne vous
placez pas d’emblée dans
la sphère éthique. Choisissez plutôt des arguments de type écologique
du genre : « Si les Américains mangeaient un plat
de viande en moins par
semaine, cela reviendrait
en terme de pollution à
supprimer six millions
de voitures sur la route »
(argument cité par Safran
Foer dans son interview
aux Inrockuptibles). Ou
piochez dans les avantages en matière de
santé : le lien avéré entre la consommation
de viande et le cancer du côlon. Ça fait toujours son effet, le mot côlon.
5. Essayez tout de même de savoir quoi
répondre à la question : « Pourquoi êtesvous végétarien » ? Même par une boutade
si vous n’êtes pas encore sûr des raisons
profondes.
Au moment où j’écris ces lignes, l’année du
Chat approche. Année favorable aux arts et
à la justice.
Si un nouveau bouddha appelait à lui les
animaux, aurions-nous le même bestiaire
et dans le même ordre ? La dernière fois,
le chien a fait n’importe quoi et s’est fait
devancer par le serpent. Et le cheval, comment le buffle a-t-il pu le doubler ? Le coq a
déclaré que cela n’avait aucune importance
ce classement, c’est vraiment une manie
qu’ont les Chinois de tout hiérarchiser,
les animaux, les universités... L’important,
c’est d’être dans les douze premiers... Ah,
le coq est tellement fier et compétitif !!!
Y aurait-il de nouvelles créatures ? Des moutons clonés, des poissons transparents, des
dinosaures réanimés... Le rat laissera-t-il
le tigre gagner cette fois-ci ? Le rat encore
monté sur le dos du tigre demandera au
félin de l’aide pour traverser la rivière. Le
tigre, gardant un mauvais souvenir de leur
précédente collaboration, répondra par un
grognement peu engageant. Mais le rat,
pour l’amadouer, lui tiendra à peu près ce
discours : « Une fois arrivés sur l’autre rive,
je te laisserai partir et arriver premier à l’ap-
pel du bouddha ; promis-juré, cette fois-ci
tu gagneras, le tigre. Je ne te fausserai pas
compagnie et tu répondras en vainqueur
à l’appel de notre vénéré maître ». Si le rat
est capable de changer, alors peut-être que
l’humain aussi, y compris dans ses habitudes millénaires d’alimentation.
Je ne sais pas qui est le bouddha cette foisci, (il s’agirait peut-être de Ryan Lemasson,
28 ans, qui appelle à lui les animaux dans
la région de Châteauroux), mais espérons pour les deux mille cinq cent prochaines années un meilleur sort pour les
animaux et pour nous, pauvres humains,
qui oublions un peu trop souvent que
nous pouvons nous réincarner en bêtes à
burger, en cochon d’élevage ou en poules
en cage...

Alternatives végétariennes N° 103 | 35
SOCIÉTÉ
Ma fille ne veut plus
manger de viande
« Bonjour. Ma fille de 10 ans ne veut plus manger de viande. Elle me demande d’intervenir auprès
de la cantine de son école. Je ne veux pas aller contre son choix, mais nous sommes dans un petit
village avec des a priori. Peut-on l’obliger à manger tout de même de la viande ? Merci de m’éclairer
sur ce sujet... »
Catherine
Bonjour Catherine !
Avoir le choix d'un repas végétarien dans
les cantines des écoles reste encore un
problème à l'heure actuelle, même si les
consciences évoluent de plus en plus dans
ce sens.
Cela est déjà une bonne chose que vous
soyez d'accord avec le choix de votre fille.
Elle se sent soutenue et comprise par vous,
et ce soutien est certainement indispensable pour elle.
Vous lui avez peut-être demandé ce qui l'incitait à faire ce choix. Les enfants et adolescents sont souvent très sensibles à la souffrance animale. Votre fille a peut-être pris
conscience de la réalité de la condition animale dans les élevages industriels. Parfois, il
suffit d'une jolie fable sur le lien émouvant
qui unit l'homme à l'animal pour qu'un
enfant décide de faire ce choix. L'important
est que votre fille sache que vous pouvez
comprendre le fait qu'elle soit sensible au
bien-être des animaux, si telle est sa motivation qui l'amène à ne plus vouloir manger
de viande.
Normalement, personne ne peut obliger
un enfant à manger un plat qui le rebute.
Cela peut créer par la suite de véritables
blocages émotionnels, avec le risque parfois
de périodes d'anorexie et/ou de boulimie.
Je pense que les responsables des cantines
scolaires peuvent tout à fait comprendre
cela. Et ce discours sensé vous aiderait à
mieux argumenter le choix de votre fille
qui vous demande d'intervenir auprès de la
cantine de son école.
Sachez aussi que de plus en plus de personnes sont d'accord avec le fait de ne pas
manger de viande tous les jours (voire de ne
plus en manger du tout), même si elles ne
36 | Alternatives végétariennes N° 103
vous le disent pas, et même si elles habitent
un petit village. Vous pouvez très bien rencontrer un responsable de cantine scolaire
approuvant le choix de votre fille. Mais, si
cela n'est pas le cas, n'hésitez-pas à ce moment-là à utiliser une argumentation scientifique concernant la viande industrielle qui
contient de nombreux antibiotiques, pesticides et polluants de toutes sortes.
Même si les cantines scolaires s'orientent
de plus en plus vers l'achat d'aliments venant de l'agriculture biologique, elles ne
le font que ponctuellement (la viande bio
étant assez onéreuse). Donc, personne ne
peut réfuter le choix de votre fille si vous
vous basez sur cette argumentation.
L'important est avant tout d'expliquer au
responsable de la cantine de votre fille que
les protéines végétales existent, et qu'elles
sont de meilleure qualité que les protéines
animales (puisque la viande contient des
graisses saturées, du cholestérol provoquant à long terme cancers et maladies
cardio-vasculaires). Il est donc tout à fait
normal que vous pensiez à la santé de
votre fille.
Les cuisiniers des cantines ne sont malheureusement pas encore bien informés du
contenu d'un plat végétarien, et ne savent
pas toujours cuisiner les légumineuses, le
tofu ou le seitan. Mais, ne vous découragezpas. Il existe de nombreux livres sur la cuisine végétarienne. Vous pouvez également
trouver des recettes sur notre site, des tableaux nutritionnels, des kits du végétarien
débutant. Alors, pourquoi ne feriez-vous pas
la démarche de donner une recette végétarienne savoureuse ou un document sur
l'alimentation végétarienne au responsable
de la cantine de votre fille ? Cela serait une
belle façon de faire tomber les a priori,
et de montrer que l'alimentation végétarienne est colorée, qualitative (surtout si
elle est bio) et onctueuse pour les papilles
gustatives !
Nous vous encourageons à être patiente,
persévérante et habile pour que votre fille
puisse accéder à son souhait. Et qui sait !
D’autres enfants pourraient également ressentir le besoin de suivre l’exemple de votre
fille et de s’alimenter d’une façon plus respectueuse de l’environnement, de la santé
et des animaux.
Sachez que toute l’équipe de l’AVF est de
tout cœur avec vous, Catherine. Et nous
tenons à votre disposition des documents
montrant de façon claire qu’une bonne
alimentation végétarienne est un choix
judicieux : « Position des diététiciens nordaméricains », « Des médecins pour le végétarisme », « Enfants végétariens », etc.

LECTURES ET CRITIQUES
Les animaux du troisième millénaire
auront-ils
des droits ?
Par Karine MazoyerPar
Quel doit être ici et maintenant le contenu
de notre assiette pour nourrir neuf milliards
d’individus dans quarante ans tout en préservant la planète ? Avons-nous le droit de
continuer à manger les animaux ? Les êtres
vivants sensibles non-humains ont-ils eux
aussi le droit de vivre et de ne pas souffrir ?
Les questions d’éthique environnementale et de solidarité internationale croisent
celles de l’éthique animale en ce début
d’année 2011 qui marque peut-être un tournant décisif dans la prise de conscience de
l’ensemble des effets de nos habitudes alimentaires.
INRA : l’homme devra modifier
son alimentation
« Pour préserver la planète, l’homme devra
modifier son alimentation » titrait un récent
article du Monde.fr. Des recherches menées
depuis 2006 à
L’INRA (Institut
National
de
la Recherche
Agronomique)
aboutissent à
la conclusion
– présentée le
12 janvier 2011
dans le rapport
‘Agrimonde’ –
que « Les pays
riches devront
mettre moins
de viande dans
leur assiette et en finir avec le gâchis pour
nourrir neuf milliards d’individus en 2050,
tout en préservant les ressources de la planète. »1 Comme le développement durable
ne permet pas l’incroyable gaspillage de
ressources qu’implique l’alimentation carnée, le rapport préconise que la part des calories végétales atteigne 2 500 kilocalories
sur les 3 000 journaliers.
Si l’article n’aborde pas le problème de la
légitimité de la consommation de viande
du point de vue de la condition animale, le
dernier livre de l’Américain Jonathan Safran
Foer a permis une médiatisation sans pré-
cédent du débat moral portant sur le traitement infligé aux créatures industrielles
qui servent de nourriture à une partie de
l’humanité. Certaines librairies mettent
d’ailleurs en ce moment l’éthique animale
au premier plan de leurs rayons. À côté du
livre vedette Faut-il manger les animaux ?
(déjà best-seller aux USA, en Italie et en Allemagne), les parutions ou rééditions d’ouvrages abondent sur la question animale2.
« Vous ne pourrez plus dire que
vous ne saviez pas »
Faut-il lire « Faut-il manger les animaux ? »3 ?
Impérieusement et incontournablement
si l’on en croit les critiques littéraires qui
affluent ces dernières semaines. Celle du
Monde.fr nous apprend que l’auteur n’a pas
hésité à visiter les abattoirs et les fermes
d’élevage intensif pour mener à bien un
« impressionnant travail d’enquête et de réflexion » qui ne « prétend pas faire autorité
sur la question mais seulement rendre visible
et presque palpable le drame de la ‘chair torturée’ ». 4 Cet essai d’un genre « hybride »
qui mêle enquêtes, souvenirs autobiographiques et réflexions philosophiques – dont
celle qui a amené l’écrivain au végétarisme
– n’est pas pour autant un réquisitoire militant, comme il l’explique dans les nombreuses interviews qu’il a accordées aux
journalistes.
Sur Le Point.fr, on nous précise que « la réflexion de Foer n’est pas radicale. Il ne considère pas que les animaux aient des droits sur
les hommes, mais que l’homme a des devoirs
envers eux. Non pas le devoir de ne pas les
manger (il reconnaît le poids ancestral qui
fait que, dans toutes les cultures, l’homme
est un loup pour l’animal), mais de les traiter
de façon digne à tous les stades qui précèdent l’ingestion de leur chair : reproduction,
élevage, abattage. Il maintient la différence
symbolique instaurée par toutes les religions : “ Même si nous sommes comme
eux, ils ne sont pas nous. ” » Michel Schneider termine néanmoins sa critique par cet
avertissement au lecteur : « Après avoir lu
son réquisitoire, mangeurs de viande, vous
n’êtes pas obligés de plaider
coupable. Mais,
en mangeant
du fried chicken
au fast-food du
coin, vous ne
pourrez
plus
dire que vous
ne saviez pas. »5
Tandis que la
version française de Eating
animals envahissait les librairies, la une de l’hebdomadaire Les inrockuptibles du 12 janvier 2011
affirmait effrontément : « Manger de la
viande tue ». Un titre choc qui, associé à
l’image d’un crâne mi-bovin mi-humain (un
crâne humain orné de cornes) récapitule à
la fois l’interview du romancier américain et
celui de Marie-Monique Robin, l’auteur du
Monde selon Monsanto6, réalisé à l’occasion
de la sortie de son dernier ouvrage Notre
poison quotidien7 : deux auteurs qui dénoncent avec vigueur les méthodes de propagande utilisées par les lobbies des fermes
industrielles pour nous faire avaler coûte
que coûte leur « production animale » et les
mensonges qui nécessairement l’accompagnent.
Marie-Monique Robin explique : « Quand
vous entendez sur France Inter une campagne parrainée par un ministère qui dit qu’il
faut boire et manger trois produits laitiers
par jour, c’est qu’il y a un énorme lobbying
de l’industrie laitière derrière. ». Il est grand
temps, poursuit-elle, que les consommateurs « se réapproprient leur assiette » afin
de « court-circuiter la grande distribution ».
Elle souhaite notamment attirer l’attention
sur le lien qui a été mis en évidence entre
viandes rouges et cancer – en particulier
du côlon – qui est « clairement une maladie
chronique liée aux pays développés »8. Elle
rappelle que les taux de cancer en Europe
ont augmenté de 35 % chez les hommes et
de 43 % chez les femmes en vingt ans.
Alternatives végétariennes N° 103 | 37
LECTURES ET CRITIQUES
Comme pour le
tabac…
Dans le second
entretien retranscrit sur le
site web des
Inrocks, Jonat h a n S a f ra n
Foer s’indigne
de son côté
du fait que
le paquet de
viande ne soit
pas soumis aux mêmes règles d’étiquetage
que le paquet de cigarettes. Le consommateur de tabac connaît aujourd’hui la
composition du produit qu’il achète et est
avisé du fait que la cigarette tue. Pourquoi
l’acheteur de viande n’est-il pas lui aussi
informé des conséquences de sa pratique
de consommation sur l’environnement et
sa santé ? L’écrivain soutient qu’il devrait y
avoir sur tout produit carné « une étiquette
disant que manger de la viande issue d’animaux élevés en ferme industrielle est la première cause de pollution de l’eau et de l’air,
du réchauffement climatique, que cela rend
nos antibiotiques moins efficaces (car les animaux en sont bourrés) et que manger de la
viande provoque les causes de mort les plus
courantes (cancer, crise cardiaque...) »9 Or,
bien loin d’avoir accès à cette information,
l’acheteur trouve bien souvent au contraire
sur l’emballage du produit une image trompeuse d’animaux de ferme heureux vivant
en liberté.
Le jeune romancier se montre néanmoins
optimiste quant à l’évolution des tendances
alimentaires aux États-Unis : « Dans les collèges américains aujourd’hui, il y a plus de végétariens que de catholiques, c’est devenu un
vrai phénomène politique. Quand ces 18 % de
végétariens vont devenir actifs, vont devenir
les journalistes ou les politiciens de demain,
le point de vue sur la question de la viande va
complètement changer. Il y a dix ans, quand
vous disiez à des amis que vous étiez végétarien, ils vous en demandaient la raison. Aujourd’hui, plus de problème. Dans dix ans, la
question sera : “ Pourquoi mangez-vous de
Sources :
1 Lemonde.fr, rubrique « Planète », « Pour
préserver la planète, l’homme devra
modifier son alimentation », AFP du 12.01.11
à 12 h 46, mis à jour le 27.01.11 à 14 h 03.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/01/12/pour-preserver-la-planetel-homme-devra-modifier-son-alimentation_1464462_3244.html
2 La librairie Gibert-Joseph boulevard SaintMichel expose notamment en janvier-février 2011 une importante sélection de livres
sur le thème « Homme-Animal ».
3 Le livre de Jonathan Safran Foer, Faut-il
manger les animaux ? vient de paraître aux
éditions de L’Olivier le 6 janvier 2011.
4 Le Monde des livres, « «Faut-il man-
38| Alternatives végétariennes N° 103
la viande tout le temps ? ”. La consommation de la viande va évoluer comme celle du
tabac aujourd’hui : légale mais régulée. »10
Se faire invisible ou rétorquer : dilemme !
Lorsque l’hebdomadaire interroge l’écrivain sur la façon dont les lobbies ont réagi
à la sortie de son livre, il explique que son
éditeur et lui s’étaient préparés à des attaques qui curieusement n’ont pas eu lieu
bien que l’ouvrage se soit déjà vendu à
plus de 300 000 exemplaires. « S’ils n’ont
pas contesté, est-ce parce qu’ils ne veulent
pas poursuivre la discussion ? Ils savent
que plus on en parle, plus les gens vont se
mettre à penser à la question de la viande.
Qu’est-ce qu’un commerce basé sur le fait
que les gens ne doivent pas penser ? »11.
Chez nous en
« Qu’est-ce qu’un France, la racocommerce basé
leuse couverture
sur le fait
des Inrockuptibles
et l’accueil réservé
que les gens
au livre de Jonane doivent pas
than Safran Foer
penser ?»
ont déjà alarmé
la filière viande au point qu’elle a pris ce
lundi 24 janvier la décision d’en appeler au
gouvernement pour défendre le « modèle
alimentaire français ». Il faut dire que le
magazine n’a pas lésiné sur les moyens de
promouvoir son numéro en diffusant notamment une vidéo (en ligne sur Dailymotion) qui montre le placardage de l’imposante affiche « Manger de la viande tue »
sous les yeux des fonctionnaires de police
et des passants et notamment devant le
ministère de l’Agriculture.
Face à cette incrimination publique, le SNIV
et le SNCP (Syndicat National de l’Industrie
de la Viande et Syndicat National du Commerce du Porc) ont réagi et écrit à Nicolas
Sarkozy pour réclamer son soutien dans
une lettre ouverte dont sont extraites ces
quelques lignes : « (…) Car supprimer la
viande, c’est supprimer l’élevage, c’est supprimer le débouché de nos céréales, c’est
rayer l’agriculture et l’agro-alimentaire
de la carte hexagonale, c’est perdre nos
standards de qualité, nos produits, notre
modèle alimentaire… et avec, plusieurs
ger les animaux ?», de Jonathan Safran
Foer : on achève bien les animaux »,
06.01.11 à 11 h 00, mis à jour le 06.01.11 à
17 h 40. http://www.lemonde.fr/livres/
article/2011/01/06/faut-il-mangerles-animaux-de-jonathan-safran-foer_1461622_3260.html
5 Le Point.fr, « La façon de traiter les
animaux que nous mangeons dégrade
notre être moral », publié le 05/01/2011
à 21 h 03 – Modifié le 06/01/2011 à
12 h 19. http://www.lepoint.fr/culture/
la-facon-de-traiter-les-animaux-quenous-mangeons-degrade-notre-etremoral-05-01-2011-1282484_3.php
6 Marie-Monique Robin, Le monde selon
Monsanto, La Découverte, Paris, 2008, (le
film documentaire est disponible en DVD).
millions d’emplois directs et
indirects. Monsieur le Président, si « Manger tue »…,
cela aide
néanmoins
à vivre plus
longtemps ! Et
si la presse et
les médias ne
le disent plus, il faut bien que quelqu’un le
rappelle. »12
Interrogé au sujet de ce « modèle alimentaire français » revendiqué par la filière
viande, Fabrice Nicolino, l’auteur de « Bidoche »13, s’exprimait en ces termes, vendredi 28 janvier 2011, dans un chat organisé par
Le Monde.fr : « C’est une pure propagande
commerciale et industrielle. Il faut faire
croire qu’il existe un modèle français raisonnable, gastronomique, pour maintenir « Il y a une
les parts de marché de concurrence
l’industrie française tragique
de la viande ». Il rap- entre
pelait que « le modèle
l’obligation de
alimentaire occidental
et donc français basé nourrir les
sur une forte consom- humains et
mation de viande n’est l’envie de
pas un modèle géné- nourrir les
ralisable », précisant animaux »
qu’« il faut des quantités phénoménales de végétaux pour nourrir
les animaux qui vont ensuite nous nourrir »
et qu’« en Europe et en France donc, 60 % des
surfaces agricoles sont déjà utilisées pour les
animaux. Soit sous la forme de pâturage soit
sous la forme de céréales pour les alimenter ».
Le journaliste concluait : « Il y a de fait et
de plus en plus une concurrence tragique
entre l’obligation de nourrir les humains
et l’envie de nourrir les animaux pour permettre à la fraction riche de l’humanité de
consommer de la viande. On devra peutêtre choisir entre nourrir les hommes ou les
animaux. »14
7 Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, La Découverte, en librairie le 10 mars.
8 Interview de M-M. Robin dans Les inrocks.com, « Notre poison quotidien » : il y
a un « ‘lien entre viande rouge et cancer’ »,
15/01/2011. http://www.lesinrocks.com/
actualite/actu-article/t/57616/date/201101-15/article/notre-poison-quotidien-il-y-aun-lien-entre-viande-rouge-et-cancer
9 Les inrocks.com, « Faut-il-manger
les-animaux ? », entretien avec Jonathan
Safran Foer », 18 janvier 2011 http://
www.lesinrocks.com/actualite/actuarticle/t/57745/date/2011-01-18/article/
faut-il-manger-les-animaux-entretienavec-jonathan-safran-foer
10 Ibid., p. 2

11 Ibid., p. 3
12 La lettre est téléchargeable sur http://
www.web-agri.fr/actualite-elevage/politique-syndicalisme/article-magez-viandetue-1145-68172.html
13 Fabrice Nicolino, Bidoche : L’industrie de
la viande menace le monde, Éditions Les
liens qui libèrent, Paris, 2009. Le livre est
désormais disponible en format poche
chez Actes Sud, Collection Babel, Paris, 2010
14 On peut lire l’intégralité du débat du
vendredi 28 janvier 2011 avec Fabrice
Nicolino « Faut-il renoncer à la viande ? »
sur lemonde.fr, rubrique « société », http://
www.lemonde.fr/societe/chat/2011/01/27/
faut-il-renoncer-a-la-viande_1471114_3224.
html
JURIDIQUE
Chat piégé,
piégeur
condamné !
Par Hélène Thouy – Avocate au barreau de Bordeaux
U
Chronique du Palais
n homme peu pacifique avait disposé dans son jardin un
piège à mâchoires aussi appelé piège à loup. Le malheureux
chat du voisin eut la malencontreuse idée de faire fi des limites de propriété, bien mal lui en prit… Le piège se ferma sur la
patte du chat, l’immobilisant complètement. Alerté par ses miaulements désespérés, son maître vint le délivrer.
Cependant, le piège créa des blessures profondes sur la patte et
nécessita l’intervention du vétérinaire. Exaspéré et scandalisé par
la répétition des comportements agressifs de son voisin envers
les animaux, le propriétaire du chat a cette fois décidé de déposer
plainte.
Le parquet y a donné suite, et le piégeur a été convoqué devant le
tribunal de police. Il était poursuivi des chefs de « mort ou blessures involontaires causées à animal domestique, apprivoisé ou
captif », faits prévus et réprimés par l’article R 653-1 du code pénal.
Cet article dispose que : « le fait par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou
de prudence imposée par la loi ou les règlements, d’occasionner la
mort ou la blessure d’un animal domestique ou apprivoisé ou tenu
en captivité est puni de l’amende prévue pour les contraventions de
la 3e classe ».
Il doit déjà être noté que le fondement de la poursuite est contestable et en tout cas propre à banaliser de tels agissements. En effet,
le caractère « involontaire » des faits est retenu et ce alors que l’objectif d’un tel piège est de blesser. Le piégeur a donc implicitement
la volonté de blesser l’animal.
Lors de l’audience, il a été mis en avant que ce piège était interdit
en France depuis le 1er janvier 1995. En effet, le règlement communautaire n° 3254/91 du 4 novembre 1991, entré en vigueur en France
le 1er janvier 1995, interdit l’utilisation de pièges à mâchoires sur le
territoire de la Communauté européenne. Aux termes de ce règlement, le piège à mâchoires est défini comme « un dispositif destiné
à entraver ou capturer un animal à l’aide de mâchoires qui se referment étroitement sur un ou plusieurs membres de l’animal, empêchant ainsi le ou les membres en question d’échapper au piège ».
Le piégeur s’est alors défendu en soutenant qu’il ne souhaitait pas
blesser le chat mais qu’il avait disposé le piège pour capturer des
souris et rats. Cette défense n’est cependant pas admissible et témoigne d’une incompréhension complète de la protection animale.
En effet, si un tel piège a été interdit c’est en raison des blessures
profondes et très douloureuses qu’il engendrait pour l’animal, des
dents de fer très pointues se refermant sur les membres de l’animal. Un tel piège a été considéré comme cruel et donc interdit. Si le
piège est cruel pour le chat, il l’est tout autant pour la souris, le rat
ou n’importe quel autre animal.
Une telle défense conduit une fois encore à nier tout droit à l’animal même en tant qu’être sensible, notion qui devrait pourtant lui
assurer une protection minimale.
Le piégeur a été condamné sur le plan pénal à une amende de…
68 €… là où, s’il avait été poursuivi pour le chef d’actes de cruauté envers animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité, il encourrait jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 €€d’amende !
Sur le plan civil, il a été condamné à verser au propriétaire du chat
la somme de 100 € au titre du préjudice moral et au remboursement des frais de vétérinaire. Il a également été condamné à verser
50 €€à chacune des deux associations de protection animale qui
s’étaient constituées partie civile.
Le propriétaire du chat a alors décidé de relever appel. La Cour, saisie
uniquement de l’action civile puisque le parquet n’a pas fait appel, a
confirmé le jugement. Elle a seulement alloué en plus une somme
de 200 €€au titre des frais de procédure.
Ces décisions sont significatives de la place extrêmement marginale qu’occupe la protection animale dans le droit et devant les tribunaux. Les atteintes à l’intégrité de l’animal étant tellement banalisées voire encouragées, en cas de poursuites contre leurs auteurs,
les tribunaux sont naturellement enclins à une certaine tolérance
et à bien moins de sévérité à leur égard qu’ils ne le seraient à l’égard
d’auteurs d’atteinte aux biens ! Faut-il en conclure qu’un vol d’autoradio est plus grave que la violence infligée à un animal ?
Il y a donc lieu de faire entrer la protection animale dans les palais
de justice et de lutter par là-même contre l’ironie qu’elle engendre.
Oui, l’animal a des droits et il a aussi des avocats !

Alternatives végétariennes N° 103 | 39
SLAM
Bah on mange
quoi alors ?
Par Veganesh - www.veganesh.com
J’y vais, j’étale les potentiels du végétal…
Tu t’goures mais… j’te demande peu d’effort mais…
ne pas déformer, juste t’informer :
Qu’on me prenne pour un alien certes, mais j’reste heureux
cette reu’cette végétalienne
de pâte à l’italienne, sauce napolitaine pour t’rassurer :
Des pâtes mais pas d’steak ! Juste un bout d’pastèque…
Du riz mais pas d’rillettes ! Tranches de cake à la courgette…
Des pâtes mais pas d’jambon ! Quelques bons plats du Japon…
Du riz mais pas d’terrines ! Sauf aux champignons
avec des noisettes…
Des pâtes mais pas d’pâté ! Ou alors au shitaké peut-être…
Des pâtes ou des patates et des bonnes ratat’ouilles,
non, rate pas ta tambouille !
Des pâtes mais pas d’andouilles ! Enfin ouais quoi,
juste des nouilles…
Du riz mais au curry parfumé de fenouil (d’accord j’ai dit une
couille, mais c’est pour la rime)
Alors plus d’spaghettis, mais du riz m’mijoté aux amandes,
du basmati avec une touche de gingembre… Si t’as la dalle, passe
une commande !
Le dhal indien est fatal à la coriandre, et si « un tiens vaut mieux
que deux tu l’auras »
manger « indien vaut mieux que de tuer le rat »…
Trop fou de tofou tout frit à la Téfal !
T’offre la truffe et l’tartare d’algues ! Croque à pleine dent, pas
d’amalgames,
Fruits, légumes et céréales, la gamme végétale est si large,
ça surprend :
Tapenade à la câpre sur ma pizza sicilienne sans anchois.
Regard hagard, pas de hasard, la cuisine végétalienne
c’est mon choix,
et c’est pas sur la 3 qu’on parle de l’agar-agar…
J’veux plus d’plats barbares ! L’astuce, si t’as c’truc, sans blagues :
Oublie ton kebab ! Abracadabra ! Baiser du bout des doigts…
Non, j’te parle pas de baiser le chien chinois ! Mais de braiser le
chou chinois,
à la sauce ail-shoyu…I show you ! Je te montre la sauce…non !
40| Alternatives végétariennes N° 103
Pas la saucisse,
ou bien je fais une diérèse à ton « mais », pour te parler du maïs
et si t’es un mec si sain, y a le guacamole mexicain, caray !
et ma miss en raffole, non oublie la saucisse hein
sauf si c’est du seitan, c’est ten’tant avec du cumin.
J’aime les blondes, les vertes et les rouquines, corail !
J’te parle pas de filles mais de lentilles, pas de cul,
tu m’embêtes assez,
j’ai pas encore mentionné toutes les cucurbitacées…
J’suis pas à court d’idées, par milliers, les galettes de millet, le
kacha, le soja, j’adore ça,
je vais pas t’humilier si tu connais pas, quinoa, tapioca, polenta.
On aime même les nems, ça va de soi, y a qu’à voir
le caviar d’aubergine,
un couscous aux légumes sous le tajine, ou ose
du houmous avec du tahine,
Sésame ouvre ces âmes et si t’as pas bonne mine, action !
Gère la germination :
J’te refile l’alternative de l’haltérophile, active les enzymes,
harmonie digestive.
L’aubaine de ces graines, de l’alfalfa à l’omégaga,
des noix jusqu’au quinoa…
Si j’ai cru au cuit, je crie au recrue du cru ce que j’écris au creux
d’un écrin :
« L’eusses-tu cru ? » Excuse cette pub pas marrante,
j’ai tant d’recettes avec de l’amarante,
des galettes avec ou sans raisins, j’ai en tête un dessert
assez sain ou une galette au sarrasin, mais j’arrête avant que ce
soit rasant, si l’appétit est grand, ma faim sera fine,
si l’art de Séraphine se raffine, si elle est morte de faim comme
tant d’enfants à présent,
fais pas mine, dans ton sandwich sur ta tartine, pour que nos
plaisirs évoluent un brin,
plus d’inertie, j’te dis merci de manger en aimant,
plus conscient et cohérent,
La cuisine végétale est bien plus qu’un truc « in »
C’est, tu le devines, un respect du vivant et du sensible… 

Porter la vie
FAMILLE
Par Laure Gall (et Jessica Da Costa, Princess Superstar, A.J Jeanne)
Pour la naissance de la rubrique famille, nous mettons à l’honneur ces quelques mots qui changent
tout. L’AVF a notamment recueilli le témoignage de Jessica, une future maman végétalienne qui
tient un journal de sa grossesse. Une autre future maman, la chanteuse new-yorkaise Princess
Superstar a par ailleurs accepté de nous faire quelques confidences...
Témoignage : une petite cacahuète
Juillet 2008 : Après avoir été
plus ou moins végétarienne
depuis plusieurs années, je
commence à avoir de plus en
plus de mal à faire des concessions sur les produits animaux.
Plus je me pose de questions,
plus je trouve de raisons de
m’en passer, la question de
la souffrance animale et les
arguments écologiques arrivant en tête de
liste. Puis, après
mûre réflexion, je
me décide à tenter
l’expérience végétalienne. Très hésitante
au début, du fait que ce mode
d’alimentation est très controversé, je m’informe (notamment grâce au site de l’AVF),
je tiens bon et finis par constater qu’aucune carence ne vient me décourager. Mon
conjoint, non végétarien, accepte sans trop de difficulté mon nouveau mode de vie
et apprécie ma nouvelle façon de cuisiner, ce qui m’aide beaucoup. Petit à petit, je
reprends un peu confiance en une humanité pour laquelle j’avais finalement assez
peu d’estime et d’espoir, si bien qu’au fil du temps, l’idée d’avoir un enfant (ce dont il
n’était pas question avant) commence à germer.
Août 2010 : Ouf, je suis végétalienne depuis maintenant plus de deux ans. Je dis
« ouf » parce que je ne suis toujours pas atteinte d’une fonte musculaire due à la
grave carence protéique que l’ont m’avait annoncée. Non, toujours pas de carences,
plus de traces de mon cholestérol récurrent, plus d’asthme... Je suis même, à mon
insu, en train de fabriquer un corps de plus.
Septembre-octobre 2010 : Je me retrouve, pendant une bonne paire de minutes,
bouche bée devant mon test de grossesse. À partir de là, tout s’enchaîne : l’incrédulité, l’émerveillement, l’émouvante annonce à l’heureux papa, une échographie lors
de laquelle on me confirme la présence d’une petite cacahuète d’un mois dont le
cœur bat déjà, les nausées et les premières inquiétudes quant à la réaction du corps
médical face à mon mode de vie.
Les résultats du premier bilan sanguin sont formels : je vais bigrement bien, gonflée à
bloc. De toute façon, mon médecin traitant n’est plus à convaincre, sachant comment
je gère mon alimentation, elle a confiance. À ma grande surprise, elle semble même
approuver les vitamines prénatales vegan commandées par Internet que je prends
déjà depuis 6 mois, soucieuse de voir si elles étaient fiables (et, manifestement, elles
le sont). Mais vient l’épreuve du gynécologue, qui ne me connaît pas encore...
Je passe mes nerfs sur les dépliants présents dans la salle d’attente. J’en lis un sur l’alimentation de la femme enceinte, où il y a un encadré spécial expliquant que les femmes
végétaliennes mettent en danger leur grossesse. C’est mal parti ! Quand le gynécologue m’explique tout ce qu’il faut que j’évite comme aliments lors de ma grossesse (je
ne suis pas immunisée contre la toxoplasmose), je ne cesse de dire « pas de problème, je
n’en mange pas, sauf les légumes crus ». Puis, je finis par lâcher le morceau : « je suis végétalienne ». En face, aucune réaction ne se fait sentir ! Je suis la plus surprise des deux.
À l’examen, tout semble
se passer comme sur
des roulettes, bébé
est bien installé et sa
maman est en pleine
forme.
En ce qui concerne
l’entourage
familial
(non végétarien dans
sa totalité), la nouvelle est accueillie avec
joie. Aucune méfiance
concernant mon mode
de vie n’est exprimée.
Cela fait deux ans qu’ils
constatent que je suis
en bonne santé, j’imagine que ce fait a pesé
dans la balance. Les
seules questions que l’on nous pose est s’il
sera végétarien ou non. Pour l’instant, mon
conjoint et moi semblons d’accord sur le
fait que ce sera à l’enfant de choisir, lorsqu’il
aura l’âge de comprendre d’où viennent les
produits animaux. De toute façon, la base de
l’alimentation familiale est nettement végétale et nous en sommes tous deux satisfaits,
nous souhaitons transmettre ces bonnes
habitudes.
S’ensuivent deux mois éprouvants, entre
somnolence, nausées pas matinales du
tout, mais plutôt permanentes, et brûlures
d’estomac... Le futur papa doit se résoudre
à ne plus faire cuire de viande à la maison,
sous peine de crises de larmes, tellement
l’odeur me donne des spasmes à l’estomac.
L’échographie du premier trimestre révèle
à nos humides yeux ébahis un petit bout
de chou, cette fois bien plus proche du
look bébé que du look cacahuète. Le petit
court déjà le marathon dans mon ventre,
tout se passe bien, rien d’anormal à signaler. Comme quoi, il a bien su trouver ses
protéines. On ne trouve toujours pas de
carences dans mes prises de sang, excepté
un taux de ferritine un peu bas, mais dans
les normales. Qu’à cela ne tienne, il y a des
compléments de fer végétaliens !
Novembre-décembre 2010 : Le quatrième
mois arrive. Qu’il est beau, le deuxième
Alternatives végétariennes N° 103 | 41
espa
bre
ve
FAMILLE
trimestre de la grossesse ! Mon ventre s’arrondit encore plus vite, les nausées et la
fatigue intense sont oubliées et j’ai un sacré regain d’énergie. J’entends çà et là des
histoires de végétariennes ou végétaliennes qui ont repris une alimentation carnée
pendant leur grossesse, soit par inquiétude pour leur bébé, soit parce que l’envie de
viande était trop forte. D’ailleurs, les gens attendent, en vain, ma première envie de
viande. Malheureusement, je ne fais de carnages que dans les étals d’avocats et je ne
produis que des cadavres de boîtes de levure de bière vides.
La quinzième semaine de ma grossesse est marquée par un sacré évènement : fini
le papillon dans le ventre, c’est un vrai coup que mon petit mammifère vient de me
donner ! Depuis lors, il ne cesse de montrer sa vitalité, ce qui me rassure, bien évidemment, mais me réveille aussi la nuit... Le papa peut enfin sentir nettement les
coups, on voit même mon ventre se soulever. Même un innocent médecin a pris un
bon gros coup en palpant mon ventre. Mes analyses de sang ne révèlent toujours rien
d’anormal, au contraire, tout se passe bien, malgré la fatigue du travail. Je n’ai pas pris
beaucoup de poids : entre trois et quatre kilos et je n’ai grossi que du ventre. Je n’ai
vraiment pas à me plaindre pour l’instant !
Est-ce dû au régime végétalien ? Je ne pourrais pas le dire car je n’ai jamais mené de
grossesse non végétarienne, mais en tous cas, je peux affirmer que je me porte bien
et mon bébé aussi. Bien, sûr, le reste de ma grossesse est encore en point d’interrogation, comme toute grossesse, mais je n’ai aucune raison de m’inquiéter pour le
moment. J’apprends même avec un grand
soulagement que la maternité où je vais
accoucher, en plus d’être conforme à nos
souhaits en ce qui concerne l’accouchement, offre la possibilité d’avoir des repas
végétaliens si j’en informe le responsable
à l’avance. Encore une fois, je suis surprise
de voir que les mentalités évoluent dans le
milieu médical : nous ne sommes plus systématiquement regardés comme de dangereux inconscients.
Je poursuis donc mon chemin avec mon
petit bidon qui gigote et ne vois vraiment
aucune raison de changer mon mode de vie,
bien au contraire.
Jessica
Jessica tient à remercier l’APSARES pour son
aide précieuse et invite à les soutenir...

People
Prévu pour le 22 avril, son bébé a
déjà animé le Paris Vegan Day (in
utero) !
Princess Superstar est une MC new-yorkaise, vegan et militante, elle a donné
un concert à l’occasion du Paris Vegan
Day en novembre dernier. Elle nous
parle de sa grossesse :
- Garçon, fille, surprise ou non communiqué ?
Ce sera une surprise, c’est très palpitant ainsi !
- Avez-vous eu des envies bizarres ?
Avez-vous des aliments de prédilection maintenant que vous êtes enceinte ?
J’ai des envies de viande comme jamais ! C’est dur, donc j’ai augmenté
mes doses de fer et je mange beaucoup de simili carne et de saucisses
vegan, tout ce que je peux trouver.
Mais j’ai également des envies de
pamplemousse. Je pourrais manger 4 pamplemousses par jour !!
Dieu merci j’ai au moins une envie
saine !
- Est-ce que le futur papa est végétalien ou végétarien et vous soutient-il
pour votre grossesse vegan ?
Il est végétarien et me soutient à fond.
Il me prépare des plats tout le temps. J’ai beaucoup de chance.
- Est-ce que votre bébé sera élevé de manière vegan ?
Il sera au moins végétarien, c’est sûr. J’aimerais l’élever vegan mais je ne veux pas non plus
être trop dogmatique, je verrai quels aliments s’accordent ou non avec lui ou elle. Et puis,
je laisserai le bébé faire ses propres choix à un certain âge. Je pense que c’est très important sinon vous créez une situation où l’enfant se rebelle et devient un mangeur de viande
enragé juste pour affirmer son identité.
- Est-ce que vos familles et amis vous soutiennent ? Avez-vous dû essuyer des critiques ou
répondre à des inquiétudes ?
Heureusement, je m’entoure d’autres végétaliens et végétariens et il n’y a eu aucune inquiétude ou critique. J’ai une pleine
confiance en ma capacité à me fier à
mon corps et à mes choix.
- Avez-vous ressenti de la pression
de la part des professionnels de la
santé ou étaient-ils plutôt bien renseignés et avaient une bonne compréhension de ce qu’est une alimentation vegan ?
Vivre à New York a été une bénédiction sur beaucoup de plans, j’ai
trouvé des médecins très ouverts. En
plus, je vais accoucher à la maison
et j’ai choisi une sage-femme qui
est branchée santé et me soutient
totalement en ce qui concerne mon
alimentation.
Princess Superstar - Janvier 2011

D’autres
futures mamans…
L’actrice vegan Alicia Silverstone et son mari Christopher Jarecki attendent leur premier enfant. Convaincue des bienfaits d’un
mode de vie vegan, c’est un départ dans la vie sans cruauté (et dans la lumière médiatique !) qui s’annonce pour ce bébé. Sur le blog
www.thekindlife.com Alicia dispense des conseils aux futures mamans (catégorie « pregnancy »).
Nathalie Portman, végétarienne de longue date qui serait devenue végétalienne en lisant le livre de Jonathan Foer « Faut-il manger
les animaux ? » devrait de son côté accoucher cet été.
Alanis Morissette, la célèbre chanteuse vegan a quant à elle enfanté... le jour de Noël !

FAMILLE
Shopping
En attendant bébé
Pour lutter contre les vergetures, de nombreuses huiles naturelles sont efficaces
comme l’avocat, le jojoba, le beurre de cacao
ou de karité mais vous pouvez utiliser des produits tout prêts comme l’huile de massage
vergetures de Weleda. Une huile de massage
du périnée Weleda est aussi disponible afin
d’éviter les déchirements.
La valise de maternité version vegan
En plus des petits vêtements que vous pourrez trouver sans grande difficulté en version
bio pour les mamans écolos et d’un petit
cahier en papier recyclé pour noter vos souvenirs mais aussi l’heure des tétées, le sein qui a
été pris, le nombre de couches et le poids, vous
pourriez vouloir emmener quelques produits
sans cruauté...
Allaitement et lait infantile
Entre nous, le meilleur anti-crevasses naturel,
bon pour bébé et vegan, c’est votre propre
lait ! À la fin de chaque tétée, enduisez vos
mamelons du lait gras de fin de tétée et laissez sécher, cela les protégera. Mais n’oubliez
pas que la cause majeure des crevasses est
un mauvais positionnement de bébé au
sein, ainsi que le réflexe, parfois encouragé
par les infirmières de dégager le nez de bébé
avec le doigt pendant la tétée. Le nez de
bébé est adapté et permet normalement le passage de l’air sur les côtés.
Les crèmes du commerce sont à base de lano-
line purifiée, voire de vaseline comme la crème « Castor equi » dont le principe actif
est issu du cheval (plus précisément de la « châtaigne du cheval », de la corne produite sur certains de ses membres). Si vous tenez à acheter un produit, le soin pour
mamelons de Féminaissance (www.bivea.com) est bio et convient aux vegans. Il
semble par ailleurs que La Vea Olio de Vea à base de vitamine E ne soit pas testée
sur les animaux.
Prévoyez un biberon sans BPA et un lait infantile avec lequel vous vous sentez à
l’aise au cas où vous ne souhaitiez pas allaiter ou qu’un problème majeur survienne,
sinon il vous faudra accepter ceux de la maternité...
Depuis l’arrêt de la fabrication de la Farley formula de Heinz, il n’existe plus de lait infantile totalement vegan. Le meilleur compromis serait le Modilac expert riz 1 (s’il est
indiqué comme étant 100 % végétal tous les ingrédients et les vitamines
ne sont pas forcément vegan). Pensez aussi à prendre le numéro de la Leche League
(01 39 584 584 pour trouver une animatrice de permanence) pour parer à d’éventuels soucis avec l’allaitement (les professionnels peuvent parfois vous donner de
mauvais conseils).
Toilette de bébé
Quelques produits intéressants : le Bain shampoing Bébé de Douce Nature, le Bain
moussant bébé Bio d’Eco cosmetics (approuvé par la Vegan Society, à commander
sur www.mondebio.com ou www.naturalforme.fr), Cosmousse bébé de Coslys.
Le change
Pour protéger les fesses de bébé, le liniment est une option efficace et naturelle, on
peut le préparer soi-même à partir de chaux et d’huile d’olive bio. Le lait maternel a
également le pouvoir d’apaiser les rougeurs.
En crème toute prête, nous vous conseillons la crème pour le change Baby & Kids
Argousier et Grenade d’Eco cosmetics ainsi que les lingettes biodégradables de Planet Kid ou de Douce Nature.
Question couches, il peut être pratique le temps du séjour à la maternité d’opter
pour des jetables écologiques. À côté des traditionnelles Moltex, on peut citer les
Attitude ( à commander sur www.bebe-au-naturel.com ) qui ne contiennent pas de
substances animales.

Des suppléments ?
 L’indispensable B12
S’il est une vitamine sur laquelle il ne faut pas faire l’impasse pendant la grossesse et l’allaitement, c’est bien la vitamine B12. Il n’est pas certain que bébé
puisse accéder aux stocks de sa mère1, un apport régulier est donc important par
le biais d’aliments enrichis ou pour plus de tranquillité par un supplément.2 De
nombreuses marques vegan sont disponibles, on peut en trouver sur internet
(par exemple chez www.unmondevegan.net) ou même en pharmacie (ampoules
Delagrange ou Gerda).
 L’acide folique contre la spina bifida
L’alimentation végétarienne est riche en folates et c’est un avantage de taille ! La
prise d’acide folique les 12 premières semaines préviendrait en effet les risques
de spina bifida. Vous pouvez envisager de prendre un complément pour plus de
sécurité. La dose généralement recommandée est de 0,4 mg.
 Des vitamines prénatales pour plus de tranquillité
Très répandues outre-Atlantique, il s’agit d’un « multivitamines » conçu spécifiquement pour les femmes enceintes. Plusieurs marques vegan et végétariennes
existent.
Un bon prénatal contient notamment de la vitamine D, de l’iode et du zinc.
Attention cependant à ne pas les prendre sur un estomac vide surtout en cas
de nausées ! Le goût n’est pas toujours au rendez-vous.... Les marques vegan se
trouvent facilement sur des sites comme www.veganessentials.com (US) ou en
Europe depuis de nombreux sites anglais (comme www.veganstore.co.uk). En
Europe, on trouve par exemple la marque DEVA.
 De la DHA ?
Obtenir ses omégas 3 n’est pas très compliqué mais des compléments de DHA à
base d’algues existent. Vegan et moins à même d’être contaminés par du mercure
que des compléments à base de poissons, ils peuvent se commander sur Internet
depuis des sites anglais ou américains.
Quelques marques : Deva, V-pure, Pure One,
Nutru... Certaines vitamines prénatales vegan
comme Country Life incluent de la DHA.
toujours très végétarienne !
 Une arrivée pas
3
La vitamine K1  orale donnée aux bébés dès la
naissance en prévention de la maladie hémorragique du nouveau-né n’est pas végétarienne,
ses excipients contiennent en effet de l’acide
glycocholique d’origine bovine.
Vous avez tout à fait le droit de refuser la vitamine K pour votre bébé mais comme pour tous
les soins à la naissance, il vous faudra être vigilant si vous vous y opposez car ces gestes sont
faits de manière automatique, tout du moins
en milieu hospitalier. Les risques d’hémorragie
sont augmentés par la prématurité, les césariennes et l’utilisation de forceps.

Notes:
1 Specker BL Black A Allen L Morrow F (1990)
Vitamin B12: low milk concentrations are related to low
serum concentrations in vegetarian women and to methylmalonic aciduria in their infants Am J Clin Nutr 52 1073-1076
2 Feeding your vegan infant with confidence de Sandra
Hood, p.17-19
3 Vitamine K1 Roche solution buvable
et injectable
Alternatives végétariennes N° 103 | 43
FAMILLE
Le côté zen des
grossesses
Un peu de lecture
- De moindres risques d’intoxication alimentaire : les
aliments concernés étant principalement la viande,
les œufs et certains produits laitiers. Si l’on n’est pas
immunisée contre la toxoplasmose, il convient cependant de faire attention à bien laver les légumes
crus et les salades.
- Pas de poisson = moins de mercure, nul besoin de
s’interroger sur les espèces les plus à risque. Honneur aux sushis végétariens !
- Moins de pesticides. Les fœtus et les enfants en bas
âge sont plus sensibles que les adultes aux polluants
et aux pesticides. Les produits animaux concentrent
ces derniers.
- Des taux de pré-éclampsie plus faibles chez les végétaliennes d’après l’étude « The Farm »1

Note
1 Carter JP, Furman T, Hutcheson HR. Preeclampsia
and reproductive performance in a community of vegans.
Southern Med J 1987;80:692-697.
Nous n’avons pas connaissance d’un guide français de qualité sur la
grossesse végétarienne et végétalienne mais des ouvrages existent
notamment en anglais et sont faciles à commander depuis la France.
Les futures mamans végétariennes peuvent éprouver des difficultés
à obtenir des conseils adéquats, un guide spécifique est donc un
compagnon agréable.
En français :
l’AVF met à disposition sur son site un document informatif

sur la grossesse végétalienne : http://www.vegetarisme.fr/_pdfs/
BrochureGrossesseVegetalienne.pdf (avec d’autres documents sur
http://www.vegetarisme.fr/ressources.php?content=ressources_telechargements)
la position de l’ADA en français consultable depuis le site de l’Apsares
http://www.alimentation-responsable.com/
En anglais :
 Feeding your vegan infant with confidence de Sandra Hood (un
guide clair à commander absolument si vous comprenez l’anglais).
 Pregnancy, Children and the Vegan Diet par le Dr. Michael Klaper
 Vegetarian and Vegan Mother and Baby Guide par Rose Elliot,
(disponible auprès de Viva!)
Quelques sites : avis.free.fr, www.bebevege.info, www.veganfamilies.
eu, www.pcrm.org, www.vegansociety.com , www.vegfamily.com

Des livres pour ne pas penser trop tard…
Par Francine Delerue
Bon appétit Monsieur Renard
Auteur :
Claude Boujon
Édition :
École des Loisirs
À partir de 4/5 ans
et… sans limite.
Rentré bredouille et
affamé,
Monsieur Renard
découvre avec résignation puis étonnement et plaisir le goût d’une compote de
pommes.
On assiste à l’évolution du mode alimentaire de ce carnivore : à la première page,
il se régale de la chair d’autres animaux ;
à la dernière, il prépare avec gourmandise
une purée de pommes. Entre les deux, se
déroulent des scènes de chasse infructueuse où les animaux que notre renard
consomme habituellement se dérobent
les uns après les autres en le couvrant de
ridicule ; même ses vantardises ne sont pas
prises au sérieux !
Sur les conseils d’un asticot compatissant
à qui il laisse la vie sauve, il découvre le
goût des pommes et leurs avantages : elles
tombent sans qu’on ait besoin de les chasser et permettent, de plus, de préparer des
plats savoureux.
Certes, Monsieur Renard se tourne vers les
fruits plus par paresse que par respect pour
les autres animaux mais, dans cet album,
le lien est établi entre la consommation
44| Alternatives végétariennes N° 103
de viande et l’animal vivant ; c’est même le
point de départ de l’intrigue.
Les enfants se réjouissent des rodomontades puis des mésaventures du chasseur ;
ils s’identifient aux proies vulnérables mais
futées puis accordent volontiers leur sympathie à Monsieur Renard lorsque ses choix
alimentaires le rendent inoffensif.
« Bon appétit Monsieur Lapin », du même
auteur, explorait les différents modes alimentaires ; ici, on envisage la possibilité de
changer.

La grande évasion
des cochons
Auteur :
Linda Moller
Éditions RAGEOT
romans
Écarté d’un élevage
porcin en raison de
sa frêle constitution,
Petit Lard, treizième
porcelet d’une portée, se voit cédé pour amuser le fils d’un
voisin. De projet de jambon sur pattes, il
devient donc peluche vivante, mais insatisfaisante car le garçon rêvait plutôt d’un vélo
de course ! Isolé de sa famille, notre héros
s’ennuie et s’échappe pour retourner à la
ferme dans son enclos mais le chat l’en dissuade en lui apprenant le sort promis aux
douze autres porcelets. Il prend alors part
à une véritable mutinerie puis se retrouve
à la tête d’une cavale pleine d’espoirs et de
déceptions, riche en rencontres bonnes et
mauvaises.
Dans ce roman, on reconnaît la filière de la
viande avec son aspect économique, son
mépris de la sensibilité et des besoins de
l’animal. Le lien entre l’animal bien vivant
et la consommation de sa chair par les
humains est également bien souligné, notamment lors des échanges entre le chat et
Petit Lard.
L’évasion connaît une fin heureuse puisque
nos rescapés trouvent refuge, par hasard,
sur les terres d’un couple de végétariens…
Cet ouvrage s’adresse aux enfants maîtrisant bien la lecture, à partir de 8 ans. Le
texte est bien aéré par de nombreux dessins qui font sourire le lecteur, établissent
avec lui une espèce de complicité et l’engagent à poursuivre sa lecture.

Tom et l’oiseau
Auteur :
Patrick LENZ
Éditions Sarbacane
Dans la vie de Tom,
les adultes sont présents mais évoluent
à grande distance du
monde de cet enfant
et de ses besoins
affectifs. Lorsqu’il
découvre dans le regard d’un oiseau en
cage l’écho de sa propre tristesse, un sourire apparaît sur son visage : il découvre
l’espoir d’une amitié. Après avoir tenté par
FAMILLE
tous les moyens possibles de rendre la captivité « aimable » à l’oiseau, Tom, sans l’aide
d’un adulte, sait dépasser le plaisir égoïste
de possession et reconnaître, respecter le
besoin de liberté de l’animal.
En souvenir de cette amitié, l’enfant garde
une plume laissée par l’oiseau. Chaque nuit,
il le rejoint en rêve et s’envole sur son dos
pour de merveilleux voyages.
Par l’utilisation de plans variés (du grand
angle au zoom), cette bande dessinée sans
texte nous place au niveau de l’enfant, le
situe dans son environnement puis nous
fait partager ses émotions et celles de l’oiseau. La communication enfant/animal est
à l’honneur et surtout la prise en compte
du point de vue de l’animal. Quel beau
geste d’amour de la part de cet humain qui
semble en recevoir si peu !
Par Nicole Paumerie

Le vampire végétarien
Auteur :
Carlo Frabetti
Illustrations de
Miguel Navia
Éditions Anna
Chanel, collection
Fantastik 1ère série,
2010
Prix : 9,80 €
Âge conseillé :
à partir de 9 ans.
Du nouveau chez
les vampires ? Cela
semble
peu probable au milieu du flot sanglant que
la littérature jeunesse déverse depuis plusieurs mois dans les rayons de nos librairies.
Pourtant, ce « vampire végétarien » mérite
tout de même notre attention, car il n’est
vraiment pas ordinaire.
Lucie et Thomas sont amis d’enfance et
habitent dans le même immeuble. Ils
se retrouvent souvent après l’école pour
échanger leurs impressions sur les autres
locataires. Il y a Rosie, la concierge joviale et
sympathique, la belle Camille qui paraît sortir tout droit d’un conte de fées, et l’horrible
Monsieur Lucarda au long nez pointu, au
regard inquiétant, et dont le nom est l’anagramme de Dracula. Il n’en faudra pas plus
aux enfants pour mener l’enquête et s’apercevoir que les apparences sont parfois on ne
peut plus trompeuses.
Voici un petit roman très sympathique qui
joue à nous faire peur sans trop nous tourmenter, grâce à la logique imparable de
sa jeune héroïne qui la pousse à remettre
en question les évidences. Mais on peut
aimer raisonner sans tout prendre au sérieux ! L’humour est là pour dédramatiser
les situations les plus angoissantes et joue
allègrement avec les clichés du genre. Les
trouvailles originales n’en sont que plus
efficaces. On se laisse berner par de fausses
preuves que l’on prend plaisir à déjouer. Et
bien sûr, le meilleur pour la faim (si !) : la
recette du sang végétal au jus de tomate et
au soja. Si ça se trouve, ça marche aussi pour
les humains qui, comme Monsieur Lucarda,
pensent que « On ne choisit pas ce que l’on
est, mais on peut choisir ce que l’on fait ».
Bien plus malin que les vampires de Twilight qui, pour épargner les humains n’ont
pas eu de meilleure idée que de s’en prendre
aux animaux !

L’homme et l’animal
Auteurs :
Brigitte Labbé
et Pierre-François DupontBeurrier
Illustrations
de Jacques
Azam
Editeur :
Milan
Jeunesse,
collection Les
goûters philo
(2007)
Prix : 7,50 €
Milan a été un des premiers éditeurs à proposer des livres d’initiation à la philosophie
pour les enfants avec sa collection « Les
goûters philos ». Son principe est d’inviter les enfants à la discussion, tout en leur
apprenant à écouter et à respecter les idées
des autres, autour de sujet liés à la vie de
tous les jours, habituellement à la source de
la plupart de leurs questions.
Celle des rapports entres les hommes et
les animaux est traitée dans cet ouvrage
en une quarantaine de pages organisées
autour de grands thèmes tels que la liberté,
la sensibilité, le droit des animaux ou l’observation de leurs comportements. Chacun
d’eux est amené par une petite histoire ou
anecdote qui le rattache, en termes simples,
au quotidien et à des expériences probablement déjà vécues par le lecteur. Par exemple,
la petite Jeanne s’étonne de voir son papa
manger des escargots au restaurant alors
qu’il vient de lui interdire de lancer des escargots dans le lac pendant leur dernière
promenade. Et si parmi les escargots qu’il
mange se trouvait un de ceux qui vivent au
bord du lac et dont il voulait sauver la vie ?
Le texte donne des informations et ouvre
des pistes de réflexions, mais laisse à chacun la possibilité de construire sa propre
opinion. Sa vertu essentielle est de permettre au lecteur de s’interroger au-delà de
ses habitudes et d’exercer son sens critique.
Cela peut bien sûr déboucher sur des décisions qui vont à l’encontre de pratiques couramment admises, mais en accord avec des
convictions profondes qui peuvent déjà se
manifester dès le plus jeune âge.
Car, comme l’écrivent les auteurs :
« L’homme et l’animal ont des comportements qui se ressemblent, ils sont capables
de bouger, de partir, de fuir, ils sont des sensations, de chaud, de froid, de faim, de soif,
ils ressentent du plaisir et de la douleur,
ce sont des êtres vivants qui souffrent et
cherchent à éviter la souffrance. L’animal
et l’homme sont des êtres vraiment très
proches. » Alors, comment dès lors considérer les animaux comme de simples biens de
consommation ?

DE LA FORÊT À LA FOURCHETTE !
La demande croissante en viande, aliments fourragers et agrocarburants en Europe exerce une pression de
plus en plus forte sur l’Amazonie et le Cerrado, au Brésil, comme le révèle un nouveau rapport des Amis de
la Terre Europe.
Le rapport « De la forêt à la fourchette » utilise les données les plus récentes pour montrer que l’Union européenne :
• est le 4e importateur mondial de viande du Brésil avec 250 000 tonnes de bœuf importées en 2009 ;
• achète environ un tiers de la récolte de soja du Brésil ;
• est le premier importateur mondial d’éthanol brésilien, issu de la canne à sucre.
L’association souligne que ce phénomène pourrait s’accentuer d’ici à 2020 : la production de soja pourrait augmenter de 5 millions d’hectares et la surface consacrée à l’élevage et à la culture de canne à sucre, de 25 % pour la même période.
Pour Adrian Bebb, chargé de campagne Agriculture et Alimentation au sein des Amis de la Terre Europe : « Les consommateurs
européens peuvent jouer un rôle pour réduire la pression sur l’Amazonie et le Cerrado en limitant leur consommation de viande
mais nous avons besoin que les gouvernements mettent en place des politiques pour aider les agriculteurs à réduire les importations de tourteaux de soja pour le bétail, ou encore pour stopper l’utilisation d’agrocarburants ».
Source : http://www.amisdelaterre.org/-Ce-que-nous-voulons-pour-les-Rapport [en anglais uniquement] : http://www.foe.co.uk/resource/reports/from_forest_to_fork.pdf

BRÈVES
LE COCHON SE RECONNAIT DANS LE MIROIR... COMME NOUS!
On savait le porc malin, mais en prouvant qu’il sait identifier son reflet, des chercheurs de l’Université
de Cambridge viennent de démontrer qu’il a conscience de sa propre existence. Il rejoint ainsi les rares
animaux qui en sont capables – dont le chimpanzé, le dauphin ou la pie – et l’homme, bien sûr, avec
qui il partage de nombreuses similitudes anatomiques.
L’étude, dirigée par Donald Broom, de l’Université de Cambridge, a d’abord consisté à confronter les
suidés pendant cinq heures, par groupes de deux, à leur image reflétée dans un miroir. Dans un premier temps, ils ont cru être face à un congénère, l’un d’eux a même chargé son reflet ! Mais là où un
gorille ou un chat aurait continué à prendre ce reflet pour un intrus, nos cochons ont progressivement fait de petits mouvements,
découvrant que c’était bien d’eux qu’il s’agissait – une prise de conscience qui n’intervient chez l’être humain qu’entre 12 et 18 mois.
Lors de la deuxième étape de l’étude – qu’un enfant de 3 ans peinerait à réussir – les bêtes ont été confrontées au reflet d’une mangeoire. Ayant préalablement pu se familiariser avec le miroir, elles ne sont pas tombées dans le panneau : il leur a fallu moins de 30
secondes pour découvrir la supercherie et se diriger vers la vraie mangeoire. En revanche, les cochons qui n’ont pas été préparés à
cette épreuve l’ont manquée. Preuve qu’ils sont capables d’évaluer une situation et d’adapter leur comportement. Cette surprenante
étude va dans le sens de recherches précédemment effectuées à l’Université d’État de Pennsylvanie. Les cochons avaient cette fois été
placés devant un... jeu vidéo ! Manette en bouche, ils se sont immédiatement familiarisés avec cet univers virtuel, où on leur demandait de diriger une balle sur la partie bleue de l’écran en échange d’une récompense comestible. À ce petit jeu, certains chimpanzés
ont été plus longs à la détente, alors qu’il a fallu un an d’apprentissage à un chien accompagné d’un dresseur! Cette intelligence
se remarque également dans la manière de vivre de l’animal. En dépit de l’image de saleté qui lui est ordinairement associée, cet
animal très sociable délimite deux espaces distincts dans son enclos : d’un côté les « toilettes », de l’autre la salle à manger ! Les
similitudes entre le cochon, domestiqué il y a près de 10 000 ans, et l’homme sont troublantes. Une truie peut être mère porteuse
d’un embryon humain le temps d’une opération chirurgicale, comme cela a été le cas au Canada ! Selon l’historien français Michel
Pastoureau, spécialiste des couleurs, des symboles et des animaux, auteur de « Le cochon – Histoire d’un cousin mal aimé » (Découvertes Gallimard, 2009), le mélange d’attirance et de répugnance que nous portons au cochon vient du fait que nous sommes « très
proches, certainement trop ».
Source : article résumé à partir de l’original sur http://www.lematin.ch/tendances/evasion/cochon-reconnait-miroir-240712 (Frédéric Rein - le 20 février 2010)
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DIXIT
Quand avez-vous commencé à vous interroger sur la viande ?
« Je me suis toujours senti concerné mais,
comme la plupart des gens, davantage
comme spectateur que comme participant.
Je ne suis ni meilleur ni pire que les autres. Je
me sens concerné aussi par les guerres mais
la question de la nourriture est différente :
c’est quelque chose qui m’oblige à prendre
des décisions plusieurs fois par jour. Des choix
inévitables.
Les gens me demandent souvent pourquoi
j’ai écrit un livre au sujet des animaux et pas
des génocides par exemple, comme si on ne
pouvait pas s’intéresser à plusieurs choses
à la fois. Bien sûr que je m’intéresse aussi
aux génocides ou à la faim dans le monde
mais j’ai écrit ce livre autour des animaux
et de l’élevage parce qu’il y a un silence très
étrange, insoutenable, qui entoure la question de la viande ». Jonathan Safran Foer,
entretien publié dans Les Inrockuptibles
n° 789, 12-18 janvier 2011 http://www.lesinrocks.com/, auteur de Faut-il manger les animaux ?, Éditions de l’Olivier (6 janvier 2011).

46 | Alternatives végétariennes N° 103
Alternatives végétariennes N° 103 | 41
BRÈVES
DES ÉCOLES PROPOSENT DES REPAS VÉGÉTALIENS…
AILLEURS QUE CHEZ NOUS  BIS
DIX ANS DE VEGGIE PRIDE :
LE POINT SUR LA VÉGÉPHOBIE
Par l’équipe d’organisation de la Veggie Pride
Cette année, nous célébrons les dix ans de la Veggie Pride. Depuis 2001, les personnes qui organisent cette manifestation travaillent pour souligner l’existence en France de la végéphobie,
la discrimination à l’encontre des personnes végétariennes et
végétaliennes.
Si aujourd’hui la société française commence à prendre acte
du caractère problématique de la viande, la vie quotidienne
des personnes végétariennes ne s’est pas améliorée. Le gouvernement français s’acharne à condamner l’alimentation végétarienne en affirmant qu’elle serait dangereuse pour la santé
ou une « pratique à risque de dérive sectaire ». Les hôpitaux, les
professionnels de santé, les cantines ignorent encore ce qu’est
un repas végétalien équilibré. En famille, à l’école, au travail, ce
sont souvent railleries et stigmatisation. En 2010, un parent en
instance de divorce a été qualifié de dogmatique par le juge à
cause de son alimentation végétalienne. En 2011, un étudiant
a dû subir un cours de neuropsychologie où les végétaliens
étaient décrits comme des individus hyper-fatigués adeptes de
sectes. Les épisodes s’accumulent... Pouvons-nous les considérer
comme des éléments d’un système de discrimination ?
La végéphobie existe-t-elle réellement ?
Nous, organisateurs de la Veggie Pride, pensons que oui. En effet,
tous les gestes végétariens ont pour facteur commun le refus de
tuer pour se nourrir, et ce fait symbolise clairement le rejet du
type de relations que la communauté humaine entretient avec
les animaux. Plus les enjeux de pouvoir, économiques, symboliques de ces relations sont importants, plus les personnes qui
n’y participent pas sont condamnées ; plus la valeur symbolique de l’alimentation carnée est élevée dans une société, plus
les personnes qui la contestent sont perçues comme un corps
étranger.
Certains végétariens rejettent le concept de végéphobie, en affirmant que le végétarisme, choix conscient et réfléchi contrairement au fait d’être Noir dans un pays de Blancs ou femme
dans une société patriarcale, ne peut être une cause de discrimination. Pourtant la différence de traitement des individus selon
l’acceptabilité sociale de leurs idées n’a rien de nouveau : jusqu’à
récemment, par exemple, il était fréquent en Europe que le recrutement d’un travailleur dépende de ses opinions politiques.
Ainsi la végéphobie est-elle une négation de la liberté d’opinion.
Elle se rapproche aussi des autres systèmes de discrimination
par les effets qu’elle provoque chez ses victimes : la personne
végétarienne intériorise souvent la stigmatisation qu’elle subit,
voire finit par accepter la différence de traitement qui découle
de sa non conformité à la « normalité ».
Parce que la végéphobie existe et tend même à croître, nous
appelons les végétarien-ne-s et végétalien-ne-s à une mobilisation exceptionnelle pour les dix ans de la Veggie Pride, les
samedis 21 mai à Marseille et 11 juin à Paris : ensemble, luttons
pour notre droit à exprimer et à pratiquer notre solidarité avec
les animaux !
Toutes les infos sur veggiepride.fr.
Environ 86 % des écoles élémentaires, primaires et
secondaires à Taïwan ont proposé des déjeuners végétariens aux élèves afin de promouvoir des modes de vie
sains et d’aider à réduire le réchauffement climatique,
c’est ce que révèlent les résultats d’une enquête publiée dimanche par le ministère de l’Éducation.
L’enquête, effectuée mi-octobre, montre que 2 328
des 3 517 écoles publiques du pays ont proposé des
repas végétariens, 676 écoles offrant une alimentation végétarienne au moins une fois par quinzaine
ou une fois par mois.
L’enquête a révélé que 46 écoles ont offert des menus
végétariens deux fois par semaine, et trois des écoles
sondées ont suivi une alimentation végétarienne
plus de trois jours par semaine.
Les derniers chiffres indiquent que la promotion de
repas végétariens a été bien acceptée par rapport à
une précédente enquête réalisée en février qui avait
montré que seulement 1 201 écoles, soit 34 % du total, offraient des repas végétariens.
Lin Tsong-ming, commissaire à l’Éducation, a indiqué
que le réchauffement climatique menaçait la survie de
l’humanité et que la surconsommation de viande est
à l’origine d’importants problèmes de santé chez de
nombreuses personnes.
Contrairement à ce que pense le public, les légumes
sont plus nutritifs pour le corps humain que les produits animaux, a déclaré Lin.
Par exemple, dit-il, le tofu séché contient plus de protéines que les crevettes, le contenu en fer des algues
est neuf fois supérieur à celui du foie et les graines de
sésame noir contiennent 10 fois plus de calcium que
le lait de chèvre.
Le comté de Yunlin est celui qui compte le plus d’écoles
proposant des plats végétariens, ayant démarré la
promotion d’une alimentation saine en 2009. Il a
reçu un accueil chaleureux et un fort soutien des
parents d’élèves.
Source : Focus Taiwan News Channel - 7/11/2010 - http://focustaiwan.
tw/ShowNews/WebNews_Detail.aspx?Type=aALL&ID=201011070010
Traduction : Pascal Goux


Alternatives végétariennes N° 103 | 47
ÉTHIQUE
L’amour
d’un animal
Par Cristi Barbulescu
J
e prendrai comme exemple le chien
parce qu’il est peut-être l’animal que
nous connaissions le mieux mais cette
petite analyse peut s’appliquer à tous les
animaux...
Nous sommes tous d’accord qu’un grand
amour est un amour capable de dépasser
toutes les frontières, qu’elles soient ethniques, sexuelles, sociales, intellectuelles,
culturelles, esthétiques. Il est capable non
seulement de les dépasser mais de les
rendre caduques, insignifiantes. Un grand
amour est un amour capable de voir au
fond de l’être, au-delà de toutes les apparences, au-delà de la superficialité quotidienne, au-delà des intérêts personnels...
C’est ce genre d’amour qui révèle l’être, qui
le découvre, à lui et aux autres. Cet amour
forme et crée, encourage à exister, dans
le vrai sens du terme. Toute personne qui
se sentira aimée pour ce qu’elle a au fond
d’elle, sera profondément heureuse et fière,
d’une fierté modeste. Plus, le rêve de chacun de nous c’est qu’on soit aimés de cette
façon-là, au-delà de notre apparence chan-
geante et si fragile... Cet amour qui a trait à notre être profond et essentiel est l’amour
indispensable que chacun devrait pouvoir vivre au moins une fois dans sa vie.
Aimés de cette façon, nous ne nous sentirons jamais ridicules de faire une blague basique,
de nous montrer faibles, de découvrir nos défauts, de nous laisser aller, d’être nous-mêmes,
sans peur, sans carapace, sans désir de performance, sans envie d’être quelqu’un d’autre,
quelqu’un de mieux... car ce genre d’amour nous révèle notre valeur et nous convainc que
nous aussi, nous sommes quelqu’un de bien. Nul besoin de vouloir tricher et faire semblant. L’autre nous aime tel que nous sommes au fond... C’est un amour qui libère, comme
chaque vrai amour.
Cet amour, les hommes sont rarement capables de le ressentir. Cet amour, un chien le
ressent peut-être à chaque fois qu’il s’attache à quelqu’un. Le chien ne nous aime pas parce
que nous sommes beaux, riches, blancs, cadres supérieurs, etc. mais pour la façon dont
nous nous comportons, c’est-à-dire pour notre moi profond. Un chien est capable de dépasser les barrières des apparences pour ne voir que ce qui compte : l’amour qu’il reçoit, et
non pas qui le lui offre. Un chien sera trompé, battu, déçu... mais il aimera toujours, souvent
prêt à donner sa vie pour la personne qu’il aime.
Certains, convaincus de la supériorité et la vérité de l’intellect, diront que les chiens ne
pensent pas et qu’ils ne nous aiment que parce que nous leur donnons de la nourriture et
un toit. Et qu’un chien pourrait tout aussi bien aimer Hitler que Gandhi ; pour lui, à part la
moustache, il n’y aurait aucune différence entre les deux. Vrai, un chien pourrait aimer Hitler. Et il pourrait aussi aimer Gandhi. Preuve, encore une fois, non pas que le chien s’attache
à n’importe qui, mais qu’il sait apprécier quand il reçoit quelque chose. De plus, cet argument est sans fondement, car des hommes aussi ont aimé Hitler, ce qui ne prouve pas qu’ils
étaient des chiens à ce moment-là... Le fait est que nous ne savons pas pourquoi, au fond,
nous, les hommes, nous nous attachons à d’autres hommes. Certes, le caractère, la beauté,
le charme, l’honnêteté comptent, mais nous ne tombons pas amoureux de tous ceux
qui ont ces qualités. Force est de constater que nous aussi, nous pouvons aimer des
criminels comme des héros... Cela ne nous rend pas plus mauvais pour autant. Cela
prouve seulement que nous n’aimons pas avec l’intellect. Comme les chiens, donc...
Il faut aussi reconnaître que nous préférons les personnes qui sont tendres, justes,
solidaires, généreuses... les chiens aussi. La différence est que les chiens ne préfèrent
que ces qualités-là, alors que nous, les êtres rationnels tellement prétentieux et imbus de nous-mêmes, nous sommes souvent à la recherche de la superficialité la plus
criante (beauté physique, situation financière, célébrité...). À quoi nous sert alors notre
« conscience » si, au lieu de nous éclairer l’essentiel, elle nous le masque ?
Cet animal qui aime comme peu de gens sont capables de le faire, est souvent abandonné et torturé, malgré tout son amour. Tels sont le prix et la reconnaissance qu’il reçoit en
retour de son amour inconditionnel... Comment punir de cette manière un être qui nous
aime de tout son cœur et pour la vie ? Ne savons-nous pas reconnaître l’amour alors qu’il
nous regarde dans les yeux ? Ne savons-nous pas être reconnaissants pour cet amour qui
nous reconnaît comme dignes d’être aimés ?
En vérité, le chien se trompe, effectivement... Il se trompe car son amour n’est que rarement
apprécié à sa juste valeur. Il se trompe car il aime ceux qui ne méritent pas un tel amour.
Il se trompe car il aime ceux qui ne font souvent que profiter de ses sentiments et de son
utilité... Pauvres chiens !
L’amour d’un chien est un exemple d’amour.
L’amour d’un animal est canonique.
Nous, les hommes, qui nous croyons si intelligents, prenons exemple...
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18/21
Alternatives
PARC FLORAL
DE PARIS MARS 2011
égétariennes
REVUE DE L’ASSOCIATION VÉGÉTARIENNE DE FRANCE
N° 103 MARS - AVR iL - MA i 2011 - TR i MESTR i EL - 26è ANNEE - i SSN 0295 - 0863 - 4 e
Nouveau !
rubrique
famille
« DE L’UTOPIE À L’ACTION » Conférences, tables rondes, rencontres
◗ DES CLÉS POUR SE LOGER AUTREMENT
Vendredi 18 à 14h • Comment réussir son projet
d’habitat participatif
Vendredi 18 à 16h • Habitat groupé ou partagé,
écovillages et écoquartiers : un phénomène de société ?
◗ BOÎTE À OUTILS POUR TRAVAILLER AUTREMENT
Vendredi 18 à 14h • Des ressources alternatives pour
se lancer
Vendredi 18 à 16h • Des réseaux pour coacher vos
projets
◗ UNE ÉDUCATION REPENSÉE
Samedi 19 à 14h • Un état des lieux du système éducatif
français
Samedi 19 à 14h • Et si on en finissait avec la violence
ordinaire ?
Samedi 19 à 16h • Écoles de vie, écoles de la vie
◗ D’AUTRES RESSOURCES, D’AUTRES RICHESSES
Dimanche 20 à 14h • De l’argent pour les entrepreneurs
sans le sou mais pas sans ressources
Dimanche 20 à 16h • La richesse, un jeu d’enfant !
Lundi 21 à 14h • Le triangle infernal crise / inégalités /
financiarisation. Au secours !
Lundi 21 à 16h • Les activateurs de richesse
◗ OSER LE CHANGEMENT…
Samedi 19 à 16h • Des outils pour bien négocier le
changement
Lundi 21 à 14h • Marcher vers l’équilibre sur le chemin du Tao
Lundi 21 à 16h • Transformer sa vie par la méditation
◗ VOYAGE VERS L’AUTRE, VOYAGE VERS SOI
Tous les jours à 12h :
Vendredi 18 • Voyage et engagement volontaire
Samedi 19 • Quel sens donner à ses voyages ?
Dimanche 20 • Échange de maisons : un autre esprit du
voyage
Lundi 21 • Quand on achète un voyage « responsable »,
on achète quoi ?
Santé :
prévenir
les maladies
avec la
vitamine D !
INFOS PRATIQUES :
10h30 - 19h - nocturne 21h vendredi 18
M° Château de Vincennes
Navette gratuite
Informations : 01 45 56 09 09
www.salon-vivreautrement.com
AVE
Direct Matin
◗ ET SI ON VOYAIT LA VIE AUTREMENT ?
Dimanche 20 à 14h • N’écoutez pas votre cerveau !
Dimanche 20 à 16h • L’Appel de la jeunesse pour un
monde nouveau
5 pages de
conseils pratiques,
témoignages,
grossesse,
enfants
Animaux :
l’amour
inconditionnel
du chien
envers
l’humain
Le mythe de la carence en protéines
Cuisine :
9 pages
de recettes
et astuces