Alternatives - Association Végétarienne de France
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Alternatives - Association Végétarienne de France
Entrée gratuitese pour 2 persotinonn sur présenta de cette page 18/21 Alternatives PARC FLORAL DE PARIS MARS 2011 égétariennes REVUE DE L’ASSOCIATION VÉGÉTARIENNE DE FRANCE N° 103 MARS - AVR iL - MA i 2011 - TR i MESTR i EL - 26è ANNEE - i SSN 0295 - 0863 - 4 e Nouveau ! rubrique famille « DE L’UTOPIE À L’ACTION » Conférences, tables rondes, rencontres ◗ DES CLÉS POUR SE LOGER AUTREMENT Vendredi 18 à 14h • Comment réussir son projet d’habitat participatif Vendredi 18 à 16h • Habitat groupé ou partagé, écovillages et écoquartiers : un phénomène de société ? ◗ BOÎTE À OUTILS POUR TRAVAILLER AUTREMENT Vendredi 18 à 14h • Des ressources alternatives pour se lancer Vendredi 18 à 16h • Des réseaux pour coacher vos projets ◗ UNE ÉDUCATION REPENSÉE Samedi 19 à 14h • Un état des lieux du système éducatif français Samedi 19 à 14h • Et si on en finissait avec la violence ordinaire ? Samedi 19 à 16h • Écoles de vie, écoles de la vie ◗ D’AUTRES RESSOURCES, D’AUTRES RICHESSES Dimanche 20 à 14h • De l’argent pour les entrepreneurs sans le sou mais pas sans ressources Dimanche 20 à 16h • La richesse, un jeu d’enfant ! Lundi 21 à 14h • Le triangle infernal crise / inégalités / financiarisation. Au secours ! Lundi 21 à 16h • Les activateurs de richesse ◗ OSER LE CHANGEMENT… Samedi 19 à 16h • Des outils pour bien négocier le changement Lundi 21 à 14h • Marcher vers l’équilibre sur le chemin du Tao Lundi 21 à 16h • Transformer sa vie par la méditation ◗ VOYAGE VERS L’AUTRE, VOYAGE VERS SOI Tous les jours à 12h : Vendredi 18 • Voyage et engagement volontaire Samedi 19 • Quel sens donner à ses voyages ? Dimanche 20 • Échange de maisons : un autre esprit du voyage Lundi 21 • Quand on achète un voyage « responsable », on achète quoi ? Santé : prévenir les maladies avec la vitamine D ! INFOS PRATIQUES : 10h30 - 19h - nocturne 21h vendredi 18 M° Château de Vincennes Navette gratuite Informations : 01 45 56 09 09 www.salon-vivreautrement.com AVE Direct Matin ◗ ET SI ON VOYAIT LA VIE AUTREMENT ? Dimanche 20 à 14h • N’écoutez pas votre cerveau ! Dimanche 20 à 16h • L’Appel de la jeunesse pour un monde nouveau 5 pages de conseils pratiques, témoignages, grossesse, enfants Animaux : l’amour inconditionnel du chien envers l’humain Le mythe de la carence en protéines Cuisine : 9 pages de recettes et astuces Edito Bonjour, et bonne année 2011 ! Même si elle est un peu déjà entamée, il n’est jamais trop tard pour formuler des vœux afin que satisfaction et épanouissement deviennent le lot de tous : c’est ce que vous souhaite l’AVF ! Vous avez certainement lu ou entendu ici ou là dans les médias que les Français seraient un peuple de moroses, dont le pessimisme et le mal-être constitueraient - si vous me permettez cette hardiesse métaphorique - les deux verres des lunettes avec lesquelles ils regardent l’avenir Ces raccourcis journalistiques sont simplistes. Peut-être les légions de la défiance nous assaillent-elles, mais, non, toute la Gaule n’est pas soumise et le village de Végétarix fait toujours la fête et trouve dans le futur de multiples raisons d’espérer. Bien sûr ! Nous autres, végétariens, sommes d’indécrottables optimistes (certains vont même jusqu’à dire « utopistes ») ; et, sans aller jusqu’à penser que le 21 décembre 2012, à 11h11, la planète sautera d’un coup sur l’orbite végétarienne (la fin du monde du lobby de la viande ), nous estimons qu’une idée fait irrésistiblement son chemin : les jours de la viande sont comptés. Après « Bidoche » de Fabrice Nicolino, « Faut-il manger les animaux » de Jonathan Safran Foer, « Notre poison quotidien » de Marie-Monique Robin, à quels autres livres, à quelles autres révélations devons-nous nous attendre ? En fait, dans un pays gouverné par des gens réellement soucieux de la santé de leurs concitoyens, de la qualité de l’environnement, et du progrès de l’éthique (une utopie ?), l’élevage serait déjà réduit à un sujet d’études pour les historiens. C’est vrai, nous n’en sommes pas là. Et quand on voit notre Président lécher les bottes des éleveurs, se précipiter au Salon de l’agri-torture, et qualifier de « particulièrement déplacée » la campagne d’affichage de France Nature Environnement (qui ne fait pourtant que dire la vérité), tout ceci pour tenter de récolter quelques voix de plus afin d’éviter sa fin du monde en 2012, on peut se dire que le chemin risque d’être encore long. Néanmoins , à voir l’écoute de l’AVF là où nous nous manifestons (stands, événements, médias), à voir l’intérêt que rencontrent nos délégués et correspondants dans leurs actions, à voir l’attrait que suscite notre association (par les adhésions, dons et offres de bénévolat), on doit être optimiste et considérer que, oui, les jours de la viande sont comptés. Nous sommes fiers d’y participer ! Et c’est pour mieux encore y participer si possible que vous tenez aujourd’hui entre les mains une revue « nouvelle formule ». Nous essaierons de rendre Alternatives Végétariennes encore plus attractif, encore plus informatif, afin que ceux qui nous découvrent aient envie de nous rejoindre et ceux qui nous rejoignent trouvent toutes les raisons de rester avec nous ; afin que cette revue soit une référence végétarienne ; afin qu’elle donne envie de travailler avec l’AVF, pour que le compte des jours de la viande soit le plus court possible. Je lance ici un appel à compétences. Nous étoffons notre équipe de rédaction. Pourquoi ne pas venir travailler avec nous ? Le désir de réussite ne manque pas, les perspectives sont réjouissantes. C’est peut-être le moment de poser un acte utile et ambitieux. Très utile, car pour le développement du végétarisme, rien ne vaut une solide association dotée d’un solide organe de communication appuyé sur des personnes de qualité. Et ambitieux, car nous ne visons rien moins que de devenir des interlocuteurs incontournables dotés d’une revue irremplaçable. Je pense que nous vivons à une époque où, beaucoup plus qu’à d’autres, le futur est entre nos mains. Des murs se lézardent, et en particulier celui de l’ex-toute puissance de certains lobbies agricoles, derrière lequel se dessinent des lettres longtemps cachées où l’on commence à deviner une phrase : « manger de la viande tue ». Le replâtrage fébrile opéré par des politiciens effarouchés peut encore tromper longtemps son monde. Mais plus nous pousserons fort, et plus vite nous ferons apparaître la vérité à tout le monde. Si vous rejoignez les membres de l’AVF, l’équipe rédactionnelle de notre revue, le groupe de nos délégués et correspondants, vous pourrez dire « j’y étais » quand le dernier pan de mur tombera. Ça vaut le coup ! À bientôt, André Méry Alternatives végétariennes N° 103 | 3 Sommaire 5Nutrition-santé 12 Idées reçues 13 Compétences animales 14 Agriculture végane 11 13 16Culture 14 17 A lire 18 La sentience 21 Cuisine végétarienne 23 Recettes végétariennes 26 Blog à l’honneur 30 La vie de l’association 34Société 37 Lectures et critiques 18 34 39Juridique 40Slam 41Famille 46Brèves 48Ethique 49 Bulletin d’abonnement 41 Association Végétarienne de France membre de l’Union Végétarienne Européenne BP 4-77390 Chaumes-en-Brie Directeur de la publication : André Méry Rédacteur en chef : André Méry Toile : www.vegetarisme.fr Courriel : [email protected] Réalisation : Association Végétarienne de France Imprimé sur papier recyclé La rédaction choisit les textes en fonction de l’intérêt qu’elle y trouve et des débats qui peuvent en découler, mais les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas forcément la position de l’association. 4 | Alternatives végétariennes N° 103 46 NUTRITIONSANTÉ Protéines Par André Méry « Les protéines d’origine végétale (céréales, légumineuses, fruits et légumes...) ne contiennent généralement pas tous les acides aminés essentiels dans des proportions optimales ou bien sont trop pauvres en protéines pour en être de bonnes sources. » Il n’est certainement pas un végétarien qui ne se soit vu opposer, un jour ou l’autre, un argument de ce type, pour lui signifier que les végétaux ne peuvent, à eux seuls, satisfaire aux besoins de l’alimentation humaine. Ou bien encore, sous une forme franchement caricaturale : « Parce qu’elles sont constituées des huit acides aminés essentiels que l’organisme ne sait pas fabriquer, les protéines animales sont incontournables car supérieures aux protéines végétales qui sont carencées en acides aminés soufrés. » (sic). Ces extraits, tirés au hasard d’Internet ( janvier 2011) résument assez bien ce que Tom Salsberg appelait « le mythe de la carence en protéines » (voir notre revue, n° 60, été 2000). Par expérience, les non végétariens conversant avec des végétariens adorent ce genre d’affirmations péremptoires, parfois assorties d’un contexte médical pour leur donner plus de poids (« n’importe quel médecin te dira que… »). Autrement dit, végétarien/ne, les carences en acides aminés te guettent et n’attendent qu’une chose pour se jeter sur toi : que tu ne fasses pas attention à ton alimentation et que tu oublies les œufs et les produits laitiers. Quant à toi, végétalien/ne, tes jours sont comptés… Horreur ! Je ne vais pas tenter de faire « le point » sur cette question car ce serait une approche illusoire : si vous vous trouvez face à quelqu’un ayant décidé que deux plus deux égalent cinq, vous pourrez écrire ce que vous voudrez pour lui montrer que ça fait quatre, ça ne l’empêchera pas de vous rétorquer que ça fait cinq… Mais, par une approche plus modeste, peutêtre vous apporterai-je quelques informations pour vous aider à déboulonner ce fameux mythe de la carence en protéines chez les végétariens ou végétaliens. Les bases La première chose à savoir, c’est qu’une protéine est constituée de briques élémentaires appelées « acides aminés » (ou AA) et que parmi tous ceux rencontrés dans la nature, 20 sont nécessaires à la constitution des protéines humaines. Certains de ces AA sont dits indispensables, c’est-à-dire qu’ils doivent nécessairement être apportés par l’alimentation car l’organisme ne peut pas les synthétiser en quantité suffisante pour couvrir ses besoins physiologiques. Les autres, non indispensables, peuvent être synthétisés par l’organisme de façon à couvrir ses besoins physiologiques. Les indispensables sont maintenant au nombre de 9, qui répondent aux doux noms suivants : histidine, isoleucine, leucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine, tryptophane, valine. J’ai dit « maintenant » car – traditionnellement – l’histidine n’était considérée comme indispensable que pour les enfants en basâge ; elle a été introduite comme indispensable à tout âge dans le dernier rapport de l’OMS, datant de 2007. À noter pour la suite qu’en règle générale, on ne s’intéresse pas à la méthionine seule, mais au couple « méthionine + cystéine », car la cystéine est un acide aminé qui est produit par le métabolisme de la méthio- nine. De même, on considère habituellement le couple « phénylalanine + tyrosine » pour la même raison que la phénylalanine est un précurseur de la tyrosine. Que nous faut-il ? Les besoins humains en AA indispensables ont été plusieurs fois réévalués. Ils sont souvent exprimés en mg d’AA indispensable/g de protéine. Cela conduit à la notion de « protéine idéale », celle qui contiendrait les neuf AA indispensables dans certaines proportions, propres à satisfaire à nos besoins physiologiques. Évidemment, la protéine idéale (ou de référence) n’existe pas dans la nature. La composition des protéines animales ou végétales s’en rapproche plus ou moins… Voici donc les valeurs indiquées par le dernier rapport de l’OMS, basé sur les toutes dernières connaissances, pour les adultes des deux sexes âgés de plus de 18 ans ; cela signifie qu’1 g d’une « bonne » protéine devrait contenir au moins 15 mg d’histidine, etc. Si vous vous promenez sur Internet, vous ne trouverez pas forcément les mêmes valeurs. Il faut savoir en effet que la précédente évaluation a été revue en 1991 et que, d’autres études s’étant ajoutées depuis, les valeurs ont été affinées. Mais beaucoup d’informations ne sont pas à jour. Alternatives végétariennes N° 103 | 5 NUTRITIONSANTÉ Par exemple, on recommandait auparavant delle ne fait pas le printemps. Prenons alors 58 mg Lys/g de protéine ; maintenant, c’est 45. un autre exemple dans le domaine des céOn recommandait auparavant 25 mg réales : le riz. Met+Cys / g de protéine ; maintenant, c’est 22. L’analyse de la protéine de riz fait apparaître Sans entrer dans trop de détail, on notera une très bonne couverture des besoins en qu’à 2-3 mg près, ces valeurs sont les mêmes AA indispensables, sauf pour la lysine (Lys), dès que l’on passe l’âge de 2 ans. Un autre point important est que le besoin global moyen en protéine est estimé à 0,66 g de protéines par kg de poids et par jour, pour les adultes des deux sexes, avec une valeur de sûreté de 0,83 g/kg, qui permet de couvrir les besoins individuels de 97,5 % de la population. Bien couverts On sait que le reproche fait aux protéines végétales est de ne pas bien couvrir les besoins nutritionnels humains ; autrement dit, les protéines végétales s’écarteraient de la « protéine idéale » et une proportion trop importante de végétaux dans l’alimentation nous exposerait à des carences… Examinons par exemple le soja, sous sa forme de tofu, prêt à consommer. Le tableau ci-dessus s’interprète de la façon suivante : supposons que l’on absorbe 1 g de protéine de tofu ; on aura donc absorbé 29,08 mg d’histidine, alors que 15 mg seraient suffisants. Ainsi, 1 g de protéine de tofu couvre les besoins en histidine à 193,86 % (des apports recommandés). Le même raisonnement s’applique aux autres acides aminés. La conclusion est que la protéine de soja est parfaitement équilibrée et convient largement à elle seule aux besoins nutritionnels protéiques de l’espèce humaine. Ainsi, le soja est très bien. Mais… une hiron- Sources : - Protein and amino acid requirements in human nutrition: report of a joint FAO/WHO/UNU expert consultation (WHO technical report series; no. 935) 2007 - http:// whqlibdoc.who.int/trs/WHO_ ce qui est d’ailleurs connu, les céréales manquant généralement d’un peu de lysine. Ayant constaté cela, c’est comme si nous évoquions le spectre de la complémentation… « Voilà pourquoi votre fille est muette ! » : elle n’a pas bien harmonisé dans son plat céréales et légumes secs. La réalité est différente. Si l’on voulait obtenir un apport satisfaisant en lysine en ne consommant que de la protéine de riz, il suffirait… d’augmenter d’environ 20 % la quantité de protéine ingérée. En effet, si 1 g de protéine de riz n’apporte que 38,37 mg de lysine, alors 1,20 g en apporteront 46 mg, soit de quoi satisfaire aux besoins. Complémenter ? Ainsi, fondamentalement, aucune complémentation n’est nécessaire, contrairement à ce que l’on trouve couramment affirmé. Mais pourquoi alors mélanger du riz et des lentilles (une complémentation classique) ? La lentille, comme le montre le tableau correspondant, assure une parfaite couverture des besoins en AA indispensables et notamment en lysine sauf – très marginalement – en ce qui concerne le couple « Met+Cys » (que l’on appelle aussi « acides aminés soufrés »). L’intérêt de ne pas manger que du riz (cas d’école !) pour assurer l’apport en lysine est que, ce faisant, en augmentant de 20 % sa TRS_935_eng.pdf. - Site LaNutrition.fr pour l’analyse protéique des aliments : http:// www.lanutrition.fr/fraliment/ fraliment/2885-tofu.html, http:// www.lanutrition.fr/fraliment/ fraliment/3927-riz-brun- grain-long-cuit.html, http:// www.lanutrition.fr/fraliment/ fraliment/2944-lentilles.html. - Tom Salsberg, Démolir le mythe de la carence en protéines, http:// vegetarisme.fr/_pdfs/Salsberg_ Mythe_des_proteines.pdf consommation de riz, on absorberait trop d’acides aminés soufrés, qui sont des éléments certes nécessaires, mais dont l’excès est facteur d’acidification, d’hypercholestérolémie, d’affections cardiovasculaires et de cancers (ce sujet a été évoqué plusieurs fois dans notre revue sous la plume de notre collaborateur Hervé Berbille). L’intérêt, par contre, de consommer des lentilles (et des légumes secs en général) est que le taux d’acides aminés soufrés est juste ce qu’il faut ou pas trop élevé. Ainsi pourrait-on très bien éliminer les céréales de notre alimentation et ne consommer que des légumineuses… Mais, pour ceux qui consomment beaucoup de céréales, il est prudent de compenser la faiblesse en lysine de ces dernières par un apport en légumineuses, sachant que ce genre de complémentation doit s’envisager sur une durée de quelques jours et non pas dans chaque assiette… Conclusion On pourrait poursuivre les analyses, qui montreraient que l’équilibrage des protéines végétales n’a rien de compliqué et se fait très facilement dans le cadre d’une alimentation variée. Prenez par exemple une banale petite carotte crue (bio !) de taille standard (50 g) ; beaucoup penseront que ce légume-racine ne doit pas avoir une protéine de bonne qualité… Détrompez-vous ! à part en leucine et en AA soufrés, la protéine de carotte couvre largement les besoins exprimés par la protéine de référence. De plus, grignotez-la avec quelques cacahuètes et vous obtiendrez ce qui vous manque ! L’intérêt de tirer ses protéines des végétaux est multiple ; ce faisant, vous ne consommez peu ou pas de cholestérol, peu de graisses saturées, mais par contre des glucides complexes, et vous limitez les risques d’un excès en fer (facteur de cancer du côlon…). La prochaine fois que vous entendrez dire que les protéines animales sont « incontournables », éclatez d’un grand rire et renvoyez la personne vers nos documents : cet article, les autres articles de cette revue et les recettes de cuisine sur le thème des protéines, notre fiche-info « Protéines végétales », notre « Kit du végétarien débutant » et notre tableau nutritionnel. 6 | Alternatives végétariennes N° 103 NUTRITIONSANTÉ Céréales Temps de trempage (heures) Temps de cuisson (après ébullition) Volumes d’eau pour 1 volume 12 h 1h 4 (de blé, d’orge, etc.) 10-15 min 2 Couscous (de blé, d’orge, etc.) À faire tremper 5 min 1 (eau chaude) 12 h 1h 4 12 h 1h 4 Blé (en grains) Boulgour épeautre (en grains) Blé Kamut Kasha de sarrasin Blé (en grains) Sarrasin Céréales Temps de trempage (heures) 12 h Boulgour Millet (de blé, d’orge, etc.) Orge Riz complet Blé Kamut 1 h15-20 min 20 min 10-15 min 12 h 4 2 2,5 (eau chaude) 2 45 min 4 15 min 3 (eau À faire 1 (eau (remuer !) chaude) tremper chaude) 5 min 10-15 min 2 Couscous Polenta de maïs (de blé, d’orge, etc.) Quinoa Riz blanc épeautre (en grains) Riz 1/2 complet Temps de Volumes cuisson d’eau pour 1 (après 15-20 min 2 volume ébullition) 15 min 12 h 1h 12 h 1 h 45 min 30 min 4 4 2,5 2,5 2,5 Partez à la découverte des céréalesLégumineuses Temps de et des légumineuses Temps de cuisson Volumes d’eau pour 1 trempage (après Céréales et légumineuses méritent toute votre attention ; volume elles ébullition) vous apporteront des protéines, des glucides complexes et des fibres ;Azukis leur variété est impressionnante. Dans1 hla famille « Cé12 h 2,5 réales », vous pouvez demander : blé tendre, blé dur, blé Kamut, boulgour (de blé, d’orge, etc.), couscous (de blé, d’orge, etc.), petit Haricots (divers) 12 hsarrasin, kasha, 1-2 h millet, sorgho, 2,5 épeautre, grand épeautre, seigle, fonio, orge, avoine, polenta, maïs, quinoa, riz blanc, riz 1/2 complet, riz complet… Dans la famille « Légumineuses », appelez : haricots Lentilles corail 10-15 min 2,5 (de toutes sortes), azukis, lentilles corail, lentilles vertes, pois cassés, Lentilles vertes 45 min 2,5 pois chiches, soja jaune (mungo), soja vert, fèves, lupins… Les tableaux vous donnent des indications de préparation pour les Pois cassés 2 h 30 min 2 principales d’entre elles (bonne cuisine et bon appétit !) – Pois chiches 12 h 1 h 30 2,5 Source : Biocoop Soja jaune 12 h 3 h 2,5 Soja vert (mungo) 12 h Légumineuses 2 h 2,5 Temps de trempage Temps de cuisson (après ébullition) Volumes d’eau pour 1 volume Azukis 12 h 1 h 2,5 Haricots (divers) 12 h 1-2 h 2,5 Lentilles corail 10-15 min 2,5 Lentilles vertes 45 min 2,5 Pois cassés 2 h 30 min 2 Pois chiches 12 h 1 h 30 2,5 Soja jaune 12 h 3 h 2,5 Soja vert (mungo) 12 h 2 h 2,5 Kasha de 15-20 min 2 sarrasinDES ÉCOLES PROPOSENT DES REPAS VÉGÉTALIENS… AILLEURS QUE CHEZ NOUS Cette semaine, le président Obama a signé le Healthy, Hunger-Free Kids Act – la première Sarrasinloi bipartite majeure promulguée 15-20 par minun Congrès 2 profondément divisé depuis l’élection. La loi vise à remplacer les aliments à faible valeur nutritive (« junk food ») dans les déjeu2,5plus (eausains. par des choix Millet ners et les distributeurs des écoles 20 min chaude) Plusieurs juridictions ont pris des mesures similaires. Les parlements des États d’Hawaii, de ont adopté des Orge Californie, de New 12York h et de Floride 45 min 4 résolutions recommandant des options végétaliennes dans les écoles. L’an dernier, le système scolaire public de la ville de Baltimore est devenu le premier du pays15àmin offrir à ses 80 000 étudiants un déjeuner sans viande 3 (eau Polenta de maïs chaque semaine. D’après la School Nutrition Association, 65 % des écoles américaines pro(remuer !) chaude) posent dorénavant des choix de déjeuners végétariens. Quinoa Par le passé, l’USDA a utilisé le10-15 min 2 des déjeuners à l’école pour se débarProgramme national rasser des surplus de viande et de produits laitiers. Il n’est donc pas surprenant que 90 % Riz blancdes enfants américains consomment 15 min de trop grandes 2,5 quantités de graisse et que seulement 15 % consomment la ration recommandée de fruits et légumes. Ces mauvaises Riz 1/2 complet 30 min 2,5 habitudes diététiques, acquises dès le plus jeune âge, deviennent des addictions à vie, augmentant le risque de diabète, de cardiaque Riz complet 45maladie min 2,5 et d’accident vasculaire cérébral. Les personnes qui se soucient de la santé de nos enfants devraient demander que les repas, les collations et les articles vendus en distributeur dans les écoles soient sains et d’origine végétale. Source : Max Kramer, Honolulu, 5 janvier 2011 - http://honoluluweekly.com/letters/2011/01/schools-offer-vegan-options/ Traduction : Pascal Goux Alternatives végétariennes N° 103 | 7 NUTRITIONSANTÉ La vitamine D chez les adultes : un véritable problème de santé publique Par le Dr Jérôme Bernard-Pellet L ongtemps négligée, en tout cas chez les adultes, la vitamine D revient sur le devant de la scène. En cause, de récentes études montrant des effets positifs sur des organes autres que l’os ainsi que la mise en évidence de carences très fréquentes dans la population générale incluant les omnivores et les végétariens. Historiquement, la vitamine D est connue pour son rôle dans l’absorption digestive du calcium puis dans la fixation de ce même calcium sur les os. Pour cette raison, des apports suffisants en vitamine D sont nécessaires pour prévenir le rachitisme chez l’enfant et l’ostéoporose chez l’adulte. De plus, elle a fait la preuve de son efficacité pour augmenter la densité minérale osseuse et surtout pour prévenir les fractures chez les personnes âgées [1] [2]. Les sources alimentaires en vitamine D sont peu nombreuses et surtout très pauvres, ce qui fait qu’il est quasi-impossible d’assurer tous ses besoins par l’alimentation. Vous pouvez oublier d’emblée cette solution si vous voulez obtenir un taux optimal de vitamine D. La seule bonne source naturelle de vitamine D consiste en une exposition régulière au soleil. Plus précisément, nous fabriquons dans notre peau un précurseur de la vitamine D3, le 7-déhydrocholestérol. Les UVB (ultra-violets de type B) du soleil rendent possible une transformation du 7-déhydrocholestérol en vitamine D3, qui sera à son tour transformée successivement dans le foie en 25-OH-D3 puis dans le rein en 1-25-(OH)2-D3. Notez que la vitamine D2 ingérée sous forme de suppléments ou par l’alimentation sera transformée par le foie en 25-(OH)-D2, puis dans le rein en 1-25-(OH)2-D2. Mais les « La vitamine D3 (cholécalciferol) est presque toujours d’origine animale alors que la vitamine D2 (ergocalciférol) est toujours d’origine végétale. » 8 | Alternatives végétariennes N° 103 deux formes transformées sont généralement regroupées sous le terme 1-25-(OH)2D, considérée comme la forme réellement active de vitamine D. Toutefois, c’est l’ensemble 25-OH-D3 + 25OH-D2 qui est le meilleur indicateur des stocks en vitamine D et c’est celui dont il faudra tenir compte pour les dosages sanguins. Les laboratoires d’analyse doivent utiliser un kit de dosage spécifique pour prendre en compte à la fois la vitamine D3 fabriquée naturellement et la vitamine D2 ingérée [3]. Votre médecin devra noter sur votre ordonnance « dosage sérique 25-OHD2 + D3 » s’il veut évaluer l’efficacité de votre éventuel traitement par vitamine D2. Ne doser que la seule 25-OH-D3 risque de sous-estimer votre taux réel de vitamine D. Sous nos latitudes, une exposition du visage et des avant-bras au soleil pendant 20 minutes par jour environ d’avril à octobre semble suffisante pour assurer des apports adéquats en vitamine D. Par contre, cela ne semble pas être possible en hiver, d’où l’intérêt d’une supplémentation. Actuellement, nous constatons sous nos latitudes qu’entre 50 et 75 % de la population générale, omnivores et végétariens, est carencée en vitamine D. Ce chiffre est colossal. Il s’explique par le changement radical de notre mode de vie en quelques décennies. Il n’y a pas si longtemps, la majorité des Français étaient paysans et passaient beaucoup de temps à l’extérieur. La vitamine D n’était donc absolument pas un problème. Nous sommes très probablement génétiquement adaptés à cet ancien mode de vie. Désormais, la grande majorité d’entre nous travaillent à l’intérieur, ce qui explique que la carence en vitamine D soit devenue un véritable problème de santé publique. Il est d’ailleurs étonnant de constater que les autorités sanitaires n’aient pas réagi et qu’il n’existe pas de programme national de santé publique en France pour dépister et supplémenter systématiquement les personnes adultes carencées, alors même que la vitamine D est très bon marché. Pour être satisfaisant, le taux sanguin de vitamine D (en additionnant les formes 25OH-D3 et 25-OH-D2) doit être compris entre 75 et 250 nmol/l (soit 30-100 ng/ml). Ce n’est probablement qu’à partir de ce taux que tous les effets bénéfiques potentiels de la vitamine D deviennent significatifs. En effet, des études d’observation montrent un effet préventif de la vitamine D à taux élevés sur les cancers du côlon, du sein, le diabète de type I, l’hypertension artérielle, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde [2]. Même si des études d’intervention randomisées n’ont pas été encore réalisées sur ces points, ces données doivent nous inciter à nous supplémenter avec des doses considérées comme élevées de vitamine D. Notons qu’aucune toxicité n’a jamais été mise en évidence pour des doses quotidiennes de 10 000 UI. Cette dose de 10 000 UI est considérée comme la dose maximale chez l’adulte que n’importe qui peut prendre sans risque, même si la dose maximale réelle est probablement bien plus élevée encore [4]. En 2009, une étude d’intervention randomisée sur des enfants en âge scolaire a démontré de manière formelle que la vitamine D était efficace pour prévenir la grippe [5]. Dans cette étude, le groupe d’enfants recevant 1 200 UI de vitamine D par jour avait 42 % de risque en moins de contracter le virus de la grippe que le groupe d’enfants recevant un placebo. Ceci tend à démontrer qu’il est important d’avoir des taux sanguins optimaux en vitamine D pour pouvoir se défendre efficacement contre les maladies infectieuses. Il est probable que l’épidémie saisonnière de grippe survienne en hiver et non en été précisément parce que nous avons de faibles taux sanguins de vitamine D en hiver. Il est étonnant de constater que les Apports LECTURES ET CRITIQUES Nutritionnels Conseillés (ANC) décidés par les autorités sanitaires en France pour les adultes (à savoir l’AFSSAPS) ne soient que de 200 UI depuis 2001. La recommandation de 2001 a été abaissée par rapport au chiffre déjà faible de 1992 qui n’était que de 480 UI. Ceci est incompréhensible en regard des données de la science et contribue à favoriser l’émergence de maladies chroniques dans notre contrée. Les nouveaux ANC au Canada pour l’année 2010 sont de 1 000 UI à 2 000 UI par jour selon les cas en envisageant si besoin des apports plus élevés. Même des apports de 2 000 UI par jour me paraissent bien trop conservateurs car ils parviennent rarement à faire franchir le taux sanguin des 75 nmol/l de vitamine D, taux nécessaire pour bénéficier d’une protection optimale contre l’ostéoporose [6]. Par conséquent, une recommandation raisonnable est de prendre systématiquement entre 4 000 et 5 000 UI de vitamine D par jour [6]. Concrètement, 4 000 UI de vitamine D2 correspondent à 10 gouttes de Stérogyl gouttes, médicament vendu sans ordonnance dans toutes les pharmacies pour un prix modique. Même si cette dose paraitra bien élevée à la plupart des médecins et pharmaciens, c’est pourtant une solution raisonnable pour tenter d’obtenir un taux optimal de vitamine D dans le sang. Rappelons que cette dose reste très en-deçà des doses considérées comme toxiques. La question de la différence d’efficacité entre la vitamine D2 et D3 est une question non totalement résolue à ce jour, même si la vitamine D2 semble moins active que la D3, justifiant l’administration de doses plus élevées de D2. Toujours est-il que la vitamine D3 (cholécalciferol) est presque toujours d’origine animale alors que la vitamine D2 (ergocalciférol) est toujours d’origine végétale, ce qui orientera le choix de la communauté végétarienne. Pour les personnes les plus motivées par leur santé, on peut proposer un contrôle de la vitamine D dans le sang (25-OH D2 + D3) trois mois après le début de la supplémentation, délai nécessaire pour que le taux sanguin de vitamine D atteigne un plateau [1]. Suivant les résultats, on peut décider d’ajuster la dose quotidienne. Le plus souvent, cet ajustement consiste à augmenter la dose quotidienne afin de parvenir enfin au taux de 75 nmol/l. En conclusion, la carence en vitamine D est généralisée dans la population générale et ses conséquences sont lourdes. Concrètement, demandez à votre médecin traitant un dosage de 25-OH-D3 si vous voulez en avoir le cœur net. Si vous êtes carencé, vous pouvez prendre environ 4 000 UI de vitamine D par jour à vie sous la forme que vous souhaitez. Stérogyl gouttes est une spécialité qui contient de la vitamine D2, aucun ingrédient d’origine animale, est disponible partout en pharmacie, est remboursable sans nécessiter une ordonnance pour autant si vous ne souhaitez pas consulter un médecin. Dix gouttes par jour sont une dose raisonnable pour commencer. Si compter les gouttes tous les jours vous parait trop contraignant, il est possible de prendre en une seule fois, tous les mois, 120 000 UI de vitamine D2 ce qui correspond à 6 ml de Stérogyl gouttes. Le coût mensuel sans ordonnance est de 0,62 €, à savoir une somme négligeable en regard du service médical rendu. Il est également pertinent de prendre ce traitement sans dépistage préalable si on ne s’expose pas ou peu au soleil. Vous pouvez faire un contrôle d’efficacité de ce traitement au bout de 3 mois ou après tout changement de posologie en dosant l’ensemble 25-OH-D2 + D3. Une telle attitude, si elle était généralisée à toute la population, permettrait probablement de sauver des « Il est probable que l’épidémie milliers de vies humaines saisonnière de grippe survienne en et éviterait certainement hiver et non en été précisément parce bien des grippes hivernales que nous avons de faibles taux et autres désagréments. sanguins de vitamine D en hiver. » Sources : 1. Hanley, D.A., et al., Vitamin D in adult health and disease: a review and guideline statement from Osteoporosis Canada. CMAJ, 2010. 182(12): p. E610-8. 2. Holick, M.F., High prevalence of vitamin D inadequacy and implications for health. Mayo Clin Proc, 2006. 81(3): p. 353-73. 3. http://www.afssaps. fr/content/download/22438/283867/version/3/ file/vitamineD.pdf. 4. Hathcock, J.N., et al., Risk assessment for vitamin D. Am J Clin Nutr, 2007. 85(1): p. 6-18. 5. Urashima, M., et al., Randomized trial of vitamin D supplementation to prevent seasonal influenza A in schoolchildren. Am J Clin Nutr, 2010. 91(5): p. 1255-60. 6. Aloia, J.F., et al., Vitamin D intake to attain a desired serum 25-hydroxyvitamin D concentration. Am J Clin Nutr, 2008. 87(6): p. 1952-8. MERVEILLES DU FLAIR CANIN En 2010, en France, on a compté 8 790 décès par cancer de la prostate, sur 153 720 patients masculins souffrant de cette affection (prévalence). Le nombre de nouveaux cas de cancer de la prostate apparus en 2010 (incidence) a été estimé à 71 600. Le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent en France et dans les pays occidentaux en général. Le rapport 2007 du Fond mondial de recherche contre le cancer donnait les 3 aliments suivants comme facteurs de risque : les aliments riches en calcium en général, le lait et les produits laitiers, la charcuterie… Le meilleur moyen d’échapper au cancer de la prostate est… de ne pas l’attraper mais, pour ceux qui auraient un doute, il se trouve que la recherche sur de nouveaux types de diagnostic fait appel à cette merveille qu’est le flair canin. Une équipe française a utilisé les services d’un chien berger malinois pour différencier des sujets atteints d’un cancer de la prostate parmi un ensemble de sujets indemnes, en lui faisant flairer leurs urines, dans lesquelles la présence de composés organiques volatils spécifiques d’un cancer de la prostate a été postulée. Sur les 34 sujets atteints du cancer, le chien en a diagnostiqué 31 et sur les 32 sujets « contrôles » qui n’étaient pas atteints, il ne s’est trompé que 2 fois. En fait, les chercheurs avaient constitué au départ 2 groupes égaux de 33 sujets ; or, sur les 33 sujets « contrôles », le chien a diagnostiqué 3 cancers ; les chercheurs ont alors refait des tests sur ces 3 sujets et il est apparu que le chien avait raison pour l’un d’eux, qui était effectivement atteint d’un cancer alors que les chercheurs ne l’avaient pas repéré… Ce « test canin » est donc particulièrement sensible, puisqu’il détecte un cancer quand il y en a effectivement un (dans 31/34 = 91 % des cas) ; il est aussi très spécifique, puisqu’il ne détecte pas de cancer quand il n’y en a pas (dans 30/32 = 94 % des cas). La « sensibilité » d’un test doit être forte, afin de pouvoir soigner ceux qui sont effectivement malades, et la « spécificité » doit l’être également, afin de ne pas engager de soins à tort lorsqu’il n’y a pas d’affection. Des chiens ont déjà été employés pour détecter des cancers du poumon, de la vessie et du sein. Cette nouvelle étude montre à quel point les animaux ont des compétences qui nous dépassent, ce qui devrait susciter notre respect [pour une autre réflexion sur le chien, voir dans ce même numéro l’article de Cristi Barbulescu]. Sources : - Cornu JN, Cancel-Tassin G, Ondet V, Girardet C, Cussenot O. Olfactory Detection of Prostate Cancer by Dogs Sniffing Urine: A Step Forward in Early Diagnosis. Eur Urol. 2010 Oct 15. [Epub ahead of print] - La situation du cancer en France en 2010. Collection Rapports & synthèses, ouvrage collectif édité par l’INCa, Boulogne-Billancourt, novembre 2010 (p. 51, 53 et 56 en particulier). - World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer, a Global Perspective. Washington D.C. AICR, 2007. - Gordon RT, Schatz CB, Myers LJ, et al. The use of canines in the detection of human cancers. J Altern Complement Med 2008;14:61– NUTRITIONSANTÉ Brèves de santé Par André Méry La carotte ou le (retour de) bâton ? Une étude récente parue sur le site des Archives of Internal Medicine conclut que les personnes ayant un taux sanguin élevé en α et β-carotène, c’est-à-dire consommant beaucoup de fruits et de légumes ont moins de risque de décéder prématurément et vivent généralement plus longtemps que la moyenne. Petit rappel : les radicaux libres sont des éléments chimiques (atomes ou molécules) générés naturellement dans notre corps lors du cycle de production d’énergie. Ils induisent des dommages et des lésions sur l’ADN, les protéines cellulaires essentielles et les lipides membranaires. Les antioxydants tels que les caroténoïdes (α et β-carotène, lycopène) s’opposent aux effets néfastes des radicaux libres… et c’est en mangeant des fruits et des légumes que notre organisme s’enrichit en caroténoïdes ! En pratique, l’étude a porté sur 15 318 volontaires âgés de plus de vingt ans et suivis sur une durée de 18 ans. Les participants ont subi un examen médical et ont fourni des échantillons de sang entre 1988 et 1994 et ont ensuite été suivis jusqu’en 2006. Au cours de l’étude, 3 810 participants sont décédés. Les auteurs ont alors découvert que le risque de mourir était plus faible chez les personnes qui présentaient des niveaux plus élevés d’α-carotène dans le sang, avec en outre un « effet-dose » : Par rapport aux sujets ayant des taux sanguins d’α-carotène entre 0 et 1 µg/dl, le risque de décès est 23 % plus faible chez ceux qui avaient des concentrations comprises entre 2 et 3 µg/dl, 27 % inférieur pour une concentration entre 4 et 5 µg/dl, 34 % plus faible pour des niveaux compris entre 6 et 8 µg/dl et 39 % de moins avec des niveaux de 9 µg/dl ou plus. Plus précisément, les chercheurs ont démontré une diminution significative de la mortalité cardiovasculaire, par cancer et toutes causes confondues. L’association entre les concentrations d’α-carotène sanguin et le risque de décès toutes causes confondues était significative dans la plupart des sous-groupes stratifiés selon les caractéristiques démographiques, les habitudes de vie et les facteurs de risque pour la santé. Les auteurs concluent donc fort logiquement à l’importance d’une alimentation riche en légumes pour allonger la vie, en particulier des légumes riches en α-carotène. L’α-carotène se retrouve dans la carotte, la patate douce, le potiron, la courge, le brocoli, les haricots verts, les petits pois, les épinards, les navets verts, le choux, la salade verte, etc. Une autre conclusion logique serait donc de préférer une alimentation végétale à toute autre… pour éviter les retours de bâton. Sources : Internet. Étude : Chaoyang Li, Earl S. Ford, Guixiang Zhao, Lina S. Balluz, Wayne H. Giles, Simin Liu. Serum {alpha}Carotene Concentrations and Risk of Death Among US Adults - The Third National Health and Nutrition Examination Survey Follow-up Study. Arch Intern Med., November 22, 2010. La rougeur ne sied pas aux femmes… « Cette étude montre que la consommation de viande rouge ou de viande transformée(*) est susceptible d’accroître le risque d’infarctus cérébral chez les femmes » [(*) Telle que la charcuterie. Le terme anglais est « processed meat »] Les auteurs ont suivi 34 670 femmes âgées de 39 à 73 ans durant un peu plus de 10 ans, afin d’évaluer la relation entre consommation de viande et santé cardiovasculaire. Les participantes ont été réparties en cinq groupes en fonction de leur consommation de viande (de la plus faible à la plus forte). Durant cette période, 1 680 femmes ont eu un accident vasculaire cérébral, dont 1 310 un infarctus. Résultat : les femmes qui consomment le plus de viande rouge par jour (au-delà de 85 g/j) ont un risque d’infarctus cérébral accru de 22 % par rapport à celles qui en consomment le moins. Celles qui consomment le plus de viande transformée (audelà de 41 g/j) ont un risque accru de 24 % par rapport à celles qui en consomment le moins. Les résultats sont statistiquement significatifs. 10 | Alternatives végétariennes N° 103 Source : Susanna C. Larsson, Jarmo Virtamo, Alicja Wolk; Red Meat Consumption and Risk of Stroke in Swedish Women. Stroke, 2011 Feb;42(2):324-329.. NUTRITIONSANTÉ Le soja n’en veut pas à vos seins… Des chercheurs de l’Université de Californie ont étudié la sécurité à long terme d’une supplémentation en isoflavones de soja sur des femmes post-ménopausées. Les isoflavones de soja sont des composés phyto-chimiques ayant un faible effet oestrogénique. Ils sont souvent proposés aux femmes ménopausées comme alternative à l’hormonothérapie. Cependant, en raison de leurs propriétés, certains médecins craignent que ces suppléments puissent favoriser des cancers liés aux hormones, comme le cancer du sein. Un groupe de 403 femmes a été suivi pendant 2 ans, les unes prenant un placebo, d’autres un supplément d’isoflavones dosé à 80 mg d’équivalent aglycones, les autres un supplément dosé à 120 mg (l’efficacité des isoflavones de soja se mesure en « équivalent aglycones », qui sont les formes pharmacologiquement actives). Après 2 ans d’exposition, les analyses de sang n’ont pas mis en évidence de différence entre les femmes prenant du soja et celles n’en prenant pas, hormis pour le taux d’urée dans le sang, significativement plus élevé chez les femmes prenant le soja, sans toutefois être anormal. Il n’y avait aucune différence dans la pression artérielle, les résultats des frottis utérins, l’épaisseur de la muqueuse utérine et d’autres marqueurs liés à la santé. Les taux attendus de cancer ont été plus faibles que ceux auxquels on pouvait s’attendre par comparaison avec la population normale, avec 1 seul cas de cancer du sein dans le groupe à 120 mg et un seul cas de cancer de l’utérus dans le groupe à 60 mg. Les chercheurs concluent en disant que ces résultats confirment l’innocuité de la supplémentation en isoflavones. Source : Steinberg FM, Murray MJ, Lewis RD, Cramer MA, Amato P, Young RL, Barnes S, Konzelmann KL, Fischer JG, Ellis KJ, Shypailo RJ, Fraley JK, Smith EO, Wong WW. Clinical outcomes of a 2-y soy isoflavone supplementation in menopausal women. Am J Clin Nutr. 2010 Dec 22. [Epub ahead of print]. Mais la viande en veut à vos intestins… « Nous avons trouvé une association positive entre la consommation de viande rouge et certains cancers gastro-œsophagiens, ainsi qu’entre l’apport en DiMeIQx et le cancer gastrique du cardia ». On sait qu’il existe des liens entre le cancer colorectal et la consommation de viande rouge ou transformée, dans lesquels sont impliqués le fer, les amines hétérocycliques, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les composés N-nitrosés. Toutefois, les autres affections gastro-intestinales ont été peu étudiées. Afin de mieux évaluer le lien entre consommation de viande et risque de cancers gastro-intestinaux, les chercheurs de l’Institut National du Cancer des États-Unis ont suivi 494 979 personnes âgées de 50 à 71 ans durant 10 ans. Les résultats ont montré que les plus gros consommateurs de viande rouge ont 79 % de risques en plus de carcinome épidermoïde de l’œsophage que les plus faibles consommateurs. Par ailleurs, les personnes qui consomment le plus de DiMeIQx, un composé formé lors de la cuisson des viandes à haute température, ont 44 % de risques en plus de cancer du cardia que celles qui en consomment le moins. Enfin, celle qui consomment le plus de MeIQx, PhIP (autres composés formés lors de la cuisson des viandes à haute température) ou de fer héminique (le fer contenu dans la viande) ont un risque d’adénocarcinome œsophagien accru respectivement de 35 %, 45 % et 47 % par rapport à celles qui en consomment le moins. Avis aux amateurs… Source : Amanda J Cross, Neal D Freedman, Jiansong Ren, Mary H Ward, Albert R Hollenbeck, Arthur Schatzkin, Rashmi Sinha and Christian C Abnet; Meat Consumption and Risk of Esophageal and Gastric Cancer in a Large Prospective Study. Am J Gastroenterol. 2010 Oct 26. [Epub ahead of print]. Note additionnelle : Je remercie le site http:// www.lanutrition.fr/, dont je me suis inspiré pour rédiger ces comptes-rendus et le site http:// www.nutranews.org/ d’où j’ai tiré les photos. Le soja… (bis repetita placent) Une étude présentée en 2010 lors de la neuvième conférence annuelle de l’American Association for Cancer Research montre que les femmes consommant beaucoup d’isoflavones de soja auraient moins de risque de développer certains types de cancers du sein. Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs ont suivi 1 294 femmes dont 683 souffrant de cancer du sein et estimé la consommation d’isoflavones de chaque participante grâce à un questionnaire alimentaire. Ils ont constaté que chez les plus grosses consommatrices d’isoflavones, le risque de cancer invasif du sein est réduit de 30 % et le risque de cancer de grade 1 (cancer à croissance lente) est réduit de 60 %. Source : Ninth Annual AACR Frontiers in Cancer Prevention Research Conference, 7-10, 2010 Le soja… (ter repetita magis placent) Des chercheurs de l’université Aligarh Muslim, en Inde, pensent avoir découvert par quel mécanisme d’action la génistéine (une des 3 isoflavones du soja, les 2 autres étant la daidzéine et la glycitéine) exerce un effet bénéfique sur le cancer du sein, selon ce que de nombreuses études ont pu montrer. Dans leur étude, ils ont évalué l’action de la génistéine sur des cellules du sein cancéreuses. Les résultats montrent que l’administration de génistéine bloque la croissance des cellules cancéreuses. Selon eux, la génistéine bloquerait le développement du cancer en ciblant le cuivre, très abondant dans les cellules cancéreuses. Par cette propriété, la génistéine entraînerait la mort des cellules cancéreuses. Source : M.F. Ullah, A. Ahmad, H. Zubair, H.Y. Khan, Z. Wang, F.H. Sarkar, S.M. Hadi; Soy isoflavone genistein induces cell death in breast cancer cells through mobilization of endogenous copper ions and generation of reactive oxygen species. Molecular Nutrition & Food Research, 2010 Dec 6. [Epub ahead of print]. Alternatives végétariennes N° 103 | 11 r s- IDÉES REÇUES Les animaux emballages U Par David Olivier n grief fréquent contre les alimentations végétariennes est la nécessité qu’elles impliquent de prendre un complément de vitamine B12. Ce nutriment, abondant dans la viande, est en effet pratiquement absent des plantes, et une personne végétalienne doit s’assurer un apport régulier par la prise de suppléments ou d’aliments supplémentés (certains jus de fruits, corn flakes...). Cela concerne même les végétariens qui consomment des laitages et des œufs, car la B12 n’est présente dans ces produits qu’en quantité limitée. Une carence en B12 peut apparaître après plusieurs années et avoir des conséquences nerveuses irréversibles; même légère elle peut aussi, à la longue, abîmer les artères. Ces faits gênent les végétariens eux-mêmes, qui souvent n’aiment pas l’idée des suppléments. Ils ouvrent la voie aux critiques comme celle du médecin Franck Senninger : « On peut certes suppléer mais est-il raisonnable de faire la promotion d’une alimentation qui ne se suffit pas1. » Telle est la situation : les végétariens doivent prendre un supplément en B12, directement ou indirectement ; les mangeurs de viande, eux, ont une « alimentation qui se suffit », la B12 étant naturellement présente dans la chair des animaux. Telle est la situation ? Pas tout à fait, car il y a un détail dont on parle peu. Dans le monde en 2008, ont été produites, dans les usines de quatre firmes différentes (une française - Sanofi-Aventis - et trois chinoises), environ 35 2 tonnes de vitamine B12 . Cette quantité représente environ six fois les besoins nutritionnels de la totalité de l’humanité3. Mais où va toute cette B12 ? Dans les comprimés pour végétariens ? Ils doivent vraiment en abuser, et être très très nombreux ! Eh bien non. En réalité, seule une petite partie de cette production va dans les comprimés. La plus grande part va dans... les aliments pour animaux d’élevage. En effet, la vitamine B12 n’est pas plus produite par les animaux qu’elle ne l’est par les plantes. Elle est d’origine exclusivement bactérienne4. Dans la nature, les herbivores la trouvent typiquement dans les souillures des aliments qu’ils consomment. Mais dans l’environnement contrôlé et intensif des élevages, cet apport-là est marginal. L’alimentation des poulets et autres « volailles » ainsi que des porcs est donc systématiquement supplémentée en 5 B12 . Celle-ci, tout comme la vitamine B12 des comprimés pour végétariens, est produite industriellement par fermen- 12 | Alternatives végétariennes N° 103 tation, généralement à l’aide de bactéries génétiquement modifiées6. La B12 est une grosse molécule complexe, et les animaux l’absorbent, l’utilisent et la stockent dans leur chair sans la transformer. Les molécules de B12 que les mangeurs de viande prennent « tout naturellement » dans leur « alimentation qui se suffit » n’ont fait que passer par le corps de l’animal. Elles proviennent des usines des quatre fabricants mondiaux, exactement comme celles que prennent les végétariens dans leurs comprimés. En somme : les végétariens prennent de la B12 fabriquée en usine et emballée dans des comprimés. Les personnes qui mangent de la viande, tout au contraire, prennent de la B12 fabriquée en usine et emballée dans des animaux. Les « volailles » et les porcs représentent, à eux seuls, la plus grande partie de la viande consommée tant en France que dans le monde (hors poissons)7. La situation est un peu différente en ce qui concerne les ruminants (vaches, bœufs, moutons...). On leur donne non de la B12, mais un supplément en cobalt. En effet, dans l’estomac des ruminants a lieu une fermentation au cours de laquelle les bactéries produisent de la vitamine B12 - à condition de disposer de cobalt, constituant fondamental de cette molécule8. Il en va de même pour les lapins, les chevaux et les poissons d’élevage. Les sels de cobalt utilisés sont toxiques et présentent des risques sanitaires pour ceux qui les manipulent; on les autorise quand même, parce qu’il le faut bien9. Dans ce cas la production de B12 peut paraître plus naturelle, puisqu’elle a lieu au sein même de l’animal (dans son tube digestif, toujours par des bactéries); mais ce processus est contrôlé, avec fourniture mesurée des éléments chimiques nécessaires, et l’animal ne sert que de réacteur de fermentation, avant de servir, là encore, d’emballage. Le cas de la B12 est particulièrement significatif, car cette vitamine, absente des végétaux, est emblématique du reproche fait au végétarisme - mais pas à l’alimentation carnée - de ne pas être une « alimentation qui se suffit ». Le même schéma vaut cependant pour bien d’autres nutriments dont la viande, dit-on, est riche. La viande est riche en fer. D’où vient ce fer? Il est ajouté en supplément à l’alimentation des animaux10. On vante la richesse des protéines animales en acides aminés essentiels, notamment en lysine et en méthionine. La production de ces deux nutriments à destination des élevages se fait respectivement par fermentation IDÉES REÇUES bactérienne et par synthèse chimique; il s’agit d’une activité majeure et en forte expansion de l’industrie biochimique mondiale11. On pourrait parler aussi du calcium, du zinc, de l’iode, de la vitamine D et ainsi de suite ; chaque fois dans l’élevage la supplémentation est de règle. C’est grâce à cela que l’alimentation carnée « se suffit » : grâce à la consommation massive de suppléments emballés dans les chairs d’êtres sentients. Remarquons aussi que cet emballage fuit : car seule une fraction des nutriments ajoutés à l’alimentation des animaux est encore présente dans leur corps au moment de leur mise à mort. C’est bien pour cela, par exemple, que l’industrie produit aujourd’hui six fois plus de B12 que n’en aurait besoin la population humaine de la planète. Les végétariens se supplémentent, les carnivores aussi, sans (vouloir) le savoir. La réticence à prendre des suppléments se fonde souvent sur un désir d’« authenticité ». Quel que soit le sens que l’on donne à ce terme, quelle authenticité y a-t-il à cacher ce que l’on fait ? Si on doit se supplémenter, qu’on le fasse au moins ouvertement, plutôt que d’appeler au secours les animaux non humains pour dissimuler les suppléments dans leur chair. On peut aimer ou non l’idée de prendre des suppléments, aimer ou non l’industrie chimique, aimer ou non les bactéries génétiquement modifiées. Ces questions sont intéressantes en elles-mêmes. Mais face aux personnes qui reprochent au végétarisme la prise qu’il implique de suppléments, il n’y a pas à argumenter pour ou contre les suppléments. Il faut s’en tenir aux faits : non, ce ne sont pas les végétariens qui se supplémentent. Ils se supplémentent moins, parce qu’ils le font directement, sans gaspillages intermédiaires. Ce sont les personnes qui mangent les animaux qui se supplémentent; c’est d’abord pour elles que tournent les usines à B12, à acides aminés, à sels de cobalt, de fer, de zinc, de cuivre... Si l’argument « suppléments » a une portée, c’est en faveur du refus de manger les animaux12 Dessins par Insolente Veggie, http://insolente0veggie.over-blog.com/ Notes 1 http://www.senninger. fr/Enftveget.html. F. Senninger a écrit L’enfant végétarien, livre contre le végétarisme des enfants. 2 Zhang Yemei, « New round of price slashing in vitamin B12 sector. (Fine and Specialty) », 1/2009, http://www.entrepreneur. com/tradejournals/article/192899762.html. 3 35 tonnes de B12 réparties entre six milliards d’humains sur 366 jours représentent 16 microgrammes (µg) par jour. On recommande souvent un apport de B12 de 2,4 µg/j. 4 Les bactéries ne sont ni des animaux, ni des plantes. 5 Cette supplémentation est autorisée, et sans doute pratiquée, y compris en élevage bio. Cf. les normes du label Bio Suisse : http:// www.bioaktuell.ch/fileadmin/documents/ba/bioregelwerk-2010/francais/ bs_liz_f/fumi_f.pdf 6 Cf. http://www. gmo-compass.org/eng/ database/ingredients/200. docu.html: «It may be assumed (...) that vitamin B12 is manufactured as a rule with the aid of genetically modified microorganisms.» Les fabricants semblent avares d’informations à ce propos. 7 Selon l’article «Viande» de Wikipedia (fr) qui se réfère aux statistiques du ministère français de l’agriculture et à la FAO, les «volailles» et le porc représentaient en 2008 environ 60 % de la consommation de viande (hors poissons) en France, et 75% au niveau mondial. 8 On donne cependant directement de la B12 aux veaux de boucherie. 9 « Avis scientifique sur l’utilisation de composés de cobalt en tant qu’additifs dans l’alimentation animale », EFSA, 2009 ; http://www.efsa.europa. eu/fr/scdocs/scdoc/1383. htm. Ce document donne des indications d’ensemble sur la B12 dans l’élevage. 10 Voir par exemple divers tableaux pour différents animaux dans Carole Drogoul et al., Nutrition et alimentation des animaux d’élevage, vol. 2, éd. Éducagri, 2004. 11 « Greater Process Availability in Lysine Production », http://nl.mt. com/nl/nl/home/supportive_content/specials. eNews_Lysine.oneColEd. html; « Methionine : Global Outlook - The Next Decade», http://www. feedinfo.com/files/novuswhite-paper.pdf. 12 Une version plus développée de ce texte est dis- COMPÉTENCES ANIMALES… Chaser, un border collie femelle, a été capable d’apprendre les noms de 1 022 objets, mais aussi de les classer par fonction ou forme. Pour Alliston Reid et John Pilley, professeurs de psychologie au Wofford College en Caroline du Sud (sud-est), qui ont mené cette expérience, cette recherche est « importante car elle démontre que les chiens, comme les enfants, peuvent acquérir un vocabulaire abondant et comprendre que certains mots représentent des objets individuels et que d’autres correspondent à des catégories d’objets ». Ces résultats sont surprenants ; un chien « moyen » ne peut connaître qu’une centaine de mots. Chaser a démontré une capacité de compréhension équivalente à celle d’un enfant de 3 ans. Ce chien fait partie d’une race spécifique, habituellement utilisée par les bergers, et connue pour ses individus intelligents, énergiques, et dociles. Les chercheurs ont entraîné Chaser durant trois ans et lui ont fait passer 838 tests consistant à lui demander de rapporter un objet précis dans des séries de 20 jouets choisis au hasard parmi les 1 022, et placés dans une pièce séparée de l’expérimentateur afin d’éliminer tout indice autre que la dénomination. Elle n’a jamais obtenu moins de 18 sur 20. Chaser connaît aussi des catégories d’objets. Elle associe par exemple le mot « toy » (jouet) à tous les objets qu’elle connaît. Chargée de rapporter un « toy » et se trouvant devant un lot d’objets ne comportant qu’un seul jouet parmi le millier qu’elle connaît, elle choisira celui-là. De plus, si on lui demande de rapporter un objet dont elle ignore le nom et qu’elle découvre un lot de jouets connus mais comportant un objet qu’elle n’a jamais vu, elle choisira celui-là. Existe-t-il une limite à la capacité d’apprentissage des animaux ? Des chercheurs marseillais ont identifié chez leurs singes une capacité de mémoire quasi infinie (à la différence de celle des pigeons, large mais limitée). C’est en définitive notre imagination, plus que leurs réels pouvoirs, qui bien souvent fait défaut... Source : Interne Articles : Pilley JW, Reid AK. Border collie comprehends object names as verbal referents. Behav Processes. 2010 Dec 8. [Epub ahead of print] Fagot J, Cook RG. Evidence for large long-term memory capacities in baboons and pigeons and its implications for learning and the evolution of cognition. Proc Natl Acad Sci U S A. 2006 Nov 14;103(46):17564-7. Alternatives végétariennes N° 103 | 13 AGRICULTURE VÉGANE Cultiver autrement Article proposé par Clem Rappel : « Agriculture végane » est une série d’articles montrant que l’on peut cultiver le sol autrement, dans le respect de la terre, des cultivateurs, des consommateurs et bien sûr des animaux, puisque ce type d’agriculture n’utilise pas d’intrants d’origine animale. Cette série se poursuit depuis plusieurs n° et nous rappelons que les sujets suivants ont déjà été traités : AV97 : épisode 1 – Pourquoi une agriculture végane ? AV98 : épisode 2 – Le sol, un élément fragile à protéger AV99 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 1) AV100 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 2) AV102 : épisode 3 – Nourrir les plantes, enrichir le sol (partie 3) Quatrième épisode : les semences Comment bien choisir ses graines ? La réponse est moins simpliste qu’il n’y paraît, car, en plus des aspects techniques, beaucoup de sociétés, dont de puissantes multinationales, font main basse sur les semences. Leurs objectifs sont, bien sûr, purement mercantiles, et les consé- 14 | Alternatives végétariennes N° 103 quences parfois lourdes de conséquences… Par exemple, les semences hybrides F1 sont largement commercialisées (même en agriculture biologique !), et la mention « hybride F1 » apparaît sur le sachet – encore faut-il savoir à quoi ça correspond ! Ces semences produisent des plans très homogènes et d’un excellent rendement… à condition de bénéficier de chaleur, d’irrigation, d’engrais et de pesticides. Les graines F1, inventées dans les années 1920, sont liées à l’agriculture intensive, et elles rendent les paysans dépendants des industries car les graines provenant de la seconde génération d’un plan F1 sont stériles ou produisent des plantes différentes. Autrement dit, que vous soyez amateur ou professionnel, abandonnez tout de suite l’idée de ressemer les graines provenant gratuitement de vos légumes ou fleurs F1, préparez-vous plutôt à en acheter année après année ! Quant aux OGM… le sujet est complexe, mais les insatiables appétits financiers des multinationales productrices et promotrices des semences OGM sont incompatibles avec l’agriculture végane, qui se veut pérenne et accessible à tous. Sous couvert d’une communication aussi efficace que propagandiste, ces organismes qui cherchent à contrôler économiquement l’intégralité du marché alimentaire sont bien loin des louables intentions évoquées, comme abolir la faim dans le monde. Ainsi, qui sait que, depuis avril 2004, l’ordonnance 811 oblige les agriculteurs irakiens à acheter chaque année leurs semences à Monsanto ou à Syngenta, mettant du coup hors la loi celui qui utilise ses propres semences ?! Qui sait que l’Afghanistan, autrefois autosuffisant alimentairement, est aujourd’hui dépendant de « l’aide alimentaire » à plus de 80 % et qu’en septembre 2005, sous la pression de la FAO et de l’Union européenne, le ministère de l’Agriculture afghan, qui prétendait protéger le droit des fermiers à conserver leurs graines, adopta une loi qui confiait leur monopole aux semenciers ?2 Au cours des millénaires, les Indiens, ces paysans aguerris, avaient – entre autres – réussi à créer des milliers de variétés de riz, certaines supportant l’eau salée, d’autres mesurant jusqu’à 5 m de haut. Mais qui a entendu parler des milliers de paysans indiens qui se suicident, acculés à l’extrême misère, surendettés, pour avoir cultivé des OGM présentés comme miraculeux… et obtenu des récoltes catastrophiques et qui détruisent les sols ? Fin 2009, 1 500 fermiers se sont suicidés collectivement. Un phénomène récurrent, puisque les chiffres officiels font état de 1 000 suicides mensuels... depuis plus de quinze ans3. Heureusement, la résistance s’organise : des personnes courageuses et des associations s’opposent aux multinationales sans scrupules. En Inde, Vandana Shiva a fondé l’association Navdanya (http://www.navdanya.org/), qui lutte aux côtés des paysans indiens pour leurs droits, la biodiversité et la préservation de semences anciennes (3 000 de riz, 150 de haricots, 15 de millets, des légumes, etc.). Vandana Shiva dévoile la vraie face des multinationales dans son livre passionnant Le terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament le monde (Fayard, 2001). En France, l’association Kokopelli (www. kokopelli.asso.fr/) se bat depuis 1999 pour la préservation, le don et l’échange de semences, et encourage leur reproduction par les paysans, librement et gratuitement à travers le monde entier. Autant d’actions qui provoquent les foudres de la « mafia semencière » ! En 2005, la société Beaumaux attaque en justice Kokopelli pour commercialisation de variétés de semences non inscrites au très officiel et restrictif catalogue national. En 2006, l’organisme étatique GNIS et la FNPSP4 portent plainte à leur tour contre Kokopelli pour le même motif. Pour Kokopelli, « la semence, c’est le début de la chaîne alimentaire. Celui qui contrôle la semence, contrôle la chaîne alimentaire et donc contrôle les peuples. » Une phrase à méditer… et une pétition à signer pour « libérer les semences »5 ! De son côté, Alphonse Potier, qui pratique l’agriculture végane sur 25 hectares, cultive depuis des décennies du blé sans assistance. Tout a commencé dans un salon d’agriculture biologique en 1974, lorsqu’il est tombé sur un bouquet de blé sec aux très beaux épis : du blé Pechvèque mélangé à d’autres variétés. Il y reconnaît du blé Talisman, une ancienne variété. Il en sème AGRICULTURE VÉGANE VÉGANISME : Mot créé par Sir Donald Watson dans les années 40, pour désigner la démarche de ne pas consommer ou utiliser ni des animaux, ni leurs produits ou force de travail (à tous les niveaux possibles : alimentaires, vestimentaires, scientifiques, pour les loisirs, etc.). les grains, puis il choisit le plus bel épi de chers), riches d’informations techniques. En sa première récolte dont il sème les grains effet, si récolter les graines de tomates est du centre. La seconde année, il ressème la généralement d’une simplicité déroutante, totalité de cette première production, etc. produire des graines de cucurbitacées ou La cinquième année, toute sa récolte de blé de choux s’avère plus délicat, car les risques (5 hectares) est issue de ce premier épi. Cinq de croisements génétiques sont grands. Les hectares d’un beau blé, productif, résistant graines se conservent à l’abri de l’humidité, à la sécheresse et adapté à ses terres, un blé de la chaleur, de la lumière et des animaux, haut comme un seigle et fournissant beau- par exemple dans des bocaux étiquetés. coup de paille pour nourrir la terre. Ce blé a Avant de les semer, Fukuoka enrobait d’arun excellent rendement : 40 à 50 quintaux/ gile les graines de riz, de céréales et même ha dans une région où la moyenne est de de légumes. Avec de l’argile humide et un 60 quintaux/ha. Pourtant, il est cultivé sans tamis, il effectuait manuellement en un irrigation, sans fertilisant ni labour, et la jour assez de boulettes pour ensemencer quantité d’humus des champs, donc leur à la volée deux hectares. Cette technique à fertilité, augmente chaque année6. la portée de tous assure un taux de germiMais il est aussi possible de se procurer des nation maximum, car les graines profitent sachets de graines auprès d’associations de l’oxygène de l’air, ne pourrissent pas et comme Germinance, Kokopelli, la Ferme de ne sont pas mangées par les animaux.10 Sainte Marthe (pour ne citer qu’elles7 ). Des Fukuoka proposait même de lutter contre associations ou de petites entreprises ont la désertification en jetant des millions de aussi à cœur de sauvegarder et proposer graines enrobées d’argile par avion11 – idée des plans de fruitiers anciens (par exemple, peut-être un peu folle, mais qui vaudrait l’association les Croqueurs de pommes), d’être tentée, avis aux amateurs ! Évidemdes plans de pommes de terre, etc. Nous ment, l’enrobage de graines avec de l’argile voilà bien loin de la Pink lady, pomme label- n’a rien à voir avec les graines commercialisée qui se targue, en toute modestie, d’être lisées enrobées de pesticides et d’engrais, « LA marque de pomme européenne leader très largement utilisées en industrie agridu marché » !8 cole et responsables de pollutions majeures Techniquement, choisissez des graines et et, au moins pour partie, de la « mystédes variétés produisant des plantes adap- rieuse » disparition en masse et planétaire des abeilles1. tées à votre région et à votre terrain En ces jours de guerre (climat, sol, exposition). Inutile chimique, il est bénéfique par exemple d’espérer une aux insectes, aux anibelle récolte d’aubergines maux et à l’environneà Lille en pleine terre. ment d’élargir l’agriPour le semis (proculture végane aux fondeur, distance, pétalus, aux friches et à riode), avec un peu de n’importe quel bout chance les débutants de terrain abandonné. peuvent bénéficier des Même sans avion, on précieux savoir-faire peut agir en plantant de jardiniers ou maraîdes boutures ou en chers expérimentés, jetant à la main des sinon, un précieux allié noyaux, des pépins et est Le guide du jardides graines de fleurs, nage biologique. Potade légumes, d’arbrisger, verger9. La producFleur en graines, réalisée par l’association tion de graines sera seaux ou arbres par portugaise « Colher para facilitée par les livres tout où c’est possible. semear » qui agit pour la collecte, de Dominique GuilQuant à nos jardins, la préservation et l’échange de graines anciennes. let de Kokopelli (malremplissons-les de variétés rustiques et réheureusement assez Notes 1 Se reporter aux sites : http://www. mondialisation.ca/index. php?context=va&aid=13245 et http://www.horizons-etdebats.ch/29/29_12.htm 2 idem 3 Infos et vidéo sur : http:// www.lesmotsontunsens. com/inde-suicide-collectif1-500-paysans-ogm-cotonbt-monsanto-4131 et sur http://www.liberation. fr/economie/010118052monsanto-est-le-symbolede-la-destruction-de-lagriculture 4 GNIS : Groupement national interprofessionnel des semences ; FNPSP : Fédération nationale des professionnels de semences potagères et florales. 5 http://www.univers-nature.com/signez/?code=cat 6 http://www.panx.net/ web/avis/page3_6.html 7 Plus de contacts en France sur : http://www. semences-biologiques.org/ pages/recherche_plants. php 8 Pur produit commercial, la pomme Pink lady est une marque déposée. Les pommiers Pink lady sont vendus exclusivement aux professionnels, moyennant un contrat de distribution exclusive, avec des clauses de calibre, de qualité, de nombre de fruits distribués, et un numerus clausus en fonction des régions. 9 THOREZ Jean-Paul, Le guide du jardinage biologique. Potager, verger. Mens, Terre Vivante, 2002. 10 FUKUOKA Masanobu, La révolution d’un seul brin de paille. Une introduction à l’agriculture sauvage. Paris, Guy Trédaniel éditeur, 1983. p. 68 et 76. 11 http://www.context.org/ ICLIB/IC14/Fukuoka.htm 12 Les enrobages avec des insecticides systémiques ont pour but de protéger les jeunes plantules durant la première phase, plus vulnérable, de leur développement. Ces enrobages sont constitués d’insecticides et de fongicides systémiques, qui agissent souvent en synergie. Ces enrobages sont hautement toxiques pour les insectes. Lire notamment le dossier (téléchargeable gratuitement) : http://www.liberterre.fr/ agriculture/pollinisateurs/ telechargementspollin/ requiemabeilles.pdf sistantes, aussi savoureuses qu’étonnantes : maïs bleus et multicolores, tomates jaunes et roses, amarantes, courges bleues, carottes violettes, aubergines rayées, concombres jaunes ou blancs, choux-fleurs, basilics et haricots violets, bourrache, bardane, etc., les variétés de légumes, d’aromatiques et de fleurs sont sans limites ! Alors, bonne aventure et bon appétit à toutes et à tous ! Agriculture végane, une histoire à suivre... avec prochainement agriculture, animaux, humains, quelle cohabitation ? Alternatives végétariennes N° 103 | 15 CULTURE Comment peut-on être végéta*ien ? Par Daniel Baumann En effet, un peu dans l’esprit des Lettres Persanes de Montesquieu, je crois qu’aujourd’hui encore, il y a des gens qui considèrent les végéta*iens un peu comme des êtres étranges, dans les restaurants, à la cantine, au travail ou même en tant qu’invités dans la famille, etc. C’est pourquoi je voudrais vous faire part de mon expérience personnelle et vous montrer que quelqu’un de tout à fait ordinaire, comme moi, est devenu végétalien tout en restant aussi ordinaire et normal qu’auparavant ! Voici comment les choses ont commencé. En 1992, mon beau-père avait eu trois pontages et à l’hôpital, on nous avait réunis, les membres de la famille, pour nous expliquer que les maladies cardiaques ne sont pas vraiment des maladies mais des conditions de santé dues à un mode de vie inapproprié : mauvaise alimentation, manque d’exercice physique, etc. Et cette petite réunion avec une diététicienne était donc faite pour que la famille puisse comprendre et aider le patient qui venait d’être opéré à améliorer ses habitudes quotidiennes. En fait, mon beau-père, qui avait dans les 70 ans à cette époque-là, n’a guère voulu changer son train de vie et il en est décédé 8 ans plus tard malheureusement. Mais pour moi, cette entrevue avec cette diététicienne avait été comme un premier déclic. Je pesais alors dans les 93 kg et je voulais maigrir. J’ai commencé à fouiller les librairies, à lire pas mal de bouquins sur la nutrition jusqu’à ce que je tombe sur un livre qui a été mon deuxième déclic : Fit for Life de Harvey et Marylin Diamond [en français je crois que c’est Le Régime Plus]. C’est à partir de là que j’ai opté pour le végétarisme. Mais très, très progressivement ! L’opération du beau-père avait eu lieu en juin 92 et j’ai commencé à éliminer la viande rouge en juillet de cette année-là. Et ce, toujours en substituant le manque par quelque chose d’autre, surtout des produits laitiers : fromages, yaourts, etc. J’ai donc continué ainsi avec l’élimination du porc 16 | Alternatives végétariennes N° 103 (plus de côtelettes, plus de rôti), ensuite le poulet, etc. Je crois qu’en dernier, ça a été le poisson. L’ironie de la chose, c’est que je suis devenu 100 % végétarien fin novembre, à Thanksgiving, où l’on mange traditionnellement de la dinde. Et j’adorais la dinde ! Ah oui, j’ai oublié de vous dire que je suis marié avec une Portoricaine et que ça fait 40 ans que je vis à Porto Rico, qui est un territoire américain. J’ai quand même réussi à passer le cap de Thanksgiving cette année-là. Et j’ai même tellement persévéré dans mon végétarisme que je suis devenu « crudivoriste » et le suis resté pendant près de 6 mois. En un an, j’avais réussi à perdre environ 30 kg. Pendant l’été de 1993, je ne pesais plus que 63 kg. J’étais maigre et gris : la vraie crise de désintoxication. Les gens pensaient que j’avais le cancer ! J’ai suivi les cours d’alimentation crudivore d’Ann Wigmore : 10 leçons de 3 heures les samedis matins où j’ai appris à cultiver les plantes germées [sprouts] et à préparer toute une cuisine très intéressante à base de fermentation. En plus, tous les ans, à Pâques, j’ai fait pendant 15 ans un jeûne intégral de 7 jours avec seulement 4 verres de jus d’orange par jour coupés d’eau moitié / moitié, 2 le matin et 2 l’après-midi, et avec des lavements matin et soir. Je pensais que le tube digestif est un système qui doit être nettoyé de temps en temps et mes jeûnes étaient donc faits strictement dans un but hygiénique. Mais je choisissais la date de Pâques [mon 7e jour de jeûne tombait le Vendredi Saint] pour ne pas avoir à donner trop d’explications vu que ça pouvait passer pour une pénitence de la Semaine Sainte. Et comme à Porto Rico les gens sont encore très catholiques pratiquants, je faisais en quelque sorte d’une pierre deux coups, comme on dit ! Mais surtout je continuais à lire beaucoup sur la nutrition, le végétarisme, etc. Je crois que pour se maintenir ferme et résister à la pression de groupe qui vous entoure, la « nourriture » intellectuelle, la lecture, est très importante. Un livre qui m’a plu énormément : Diet for a New America de John Robins, copropriétaire de la fameuse chaîne américaine des glaces Baskin-Robins et qui a eu le courage d’écrire contre les intérêts de sa propre famille ! (Ils l’ont sûrement déshérité !). Je crois qu’en français cet ouvrage s’intitule Se nourrir sans faire souffrir. [Ndlr : cet ouvrage est « indisponible » en France] Finalement, je suis revenu à la cuisson des aliments, car le crudivorisme pur et dur est très limitatif. L’option de la fermentation d’Ann Wigmore est très intéressante avec des plats vraiment succulents mais c’est une cuisine qui requiert beaucoup de préparation à l’avance, ce qui est assez contraignant surtout dans la routine du « boulot, dodo, ici il A LIRE n’y a pas de métro, disons alors auto » de tous les jours. Toutefois, j’ai gardé le principe du crudivorisme de consommer un minimum de 50 % de mes aliments crus. Disons qu’à midi, la salade est devenue mon plat principal, accompagnée d’un ou deux aliments cuits (riz complet aux noix crues : exquis !). Le matin et jusqu’à midi des fruits exclusivement, et le soir, léger : houmous, pain complet et radis par exemple, etc. À présent, je suis végétalien depuis presqu’un an. J’ai réussi à me débarrasser de mes fromages. Ça m’a pris du temps, mais je ne le regrette pas car je me sens encore mieux qu’auparavant. Mon poids reste constant, autour des 70 kg pour 1 m 75, ce qui est plus ou moins dans les normes. Je suis aussi en train de lire un livre formidable : Le Rapport Campbell, peut-être le meilleur que j’ai jamais lu sur la nutrition ! Mes conseils pour réussir à être végéta*ien et le rester sont les suivants : 1) être patient et persévérant : ne pas prétendre effacer en quelques jours ou quelques semaines des habitudes alimentaires de toute une vie. 2) y aller fermement mais progressivement : remplacer ce que vous éliminez par autre chose, même si ça n’est que du provisoire ; par exemple, la viande rouge par du blanc de poulet, puis le blanc de poulet par du fromage, etc. Que l’expérience reste gratifiante. 3) lire, se documenter, se fortifier mentalement dans sa détermination. 4) faire de l’exercice physique : au moins 30 mn par jour ; de la marche, du jogging, du vélo, du kayak, peu importe pourvu que vous transpiriez un peu. Si vous réussissez à persévérer, vous verrez qu’au bout d’un mois déjà vous serez récompensé. Votre goût se fera à ces nouvelles saveurs que vous trouviez peut-être insipides au début et vous aidera à apprécier la cuisine végéta*ienne que, personnellement, je trouve beaucoup plus fine, subtile et plus délicate que la cuisine carnivore qui est forte, imposante, grossière. Avec le temps, cette dernière vous répugnera même parfois, notamment quant à sa consistance. Bien souvent les fruits et les légumes sont craquants, croquants alors que la viande est gommeuse, flasque et même visqueuse. Ce sont des sensations très différentes. Et puis vous vous sentirez de mieux en mieux physiquement, plus léger, plus dynamique, peut-être pas avec plus de force mais avec l’impression d’être « increvable », d’avoir une résistance à toute épreuve. En outre vous pourrez dire avec Franz Kafka qui regardait des poissons dans un aquarium : « Maintenant je peux vous regarder dans les yeux, je ne vous mange plus » ! C’est-à-dire qu’en plus de votre forme et votre bien-être physique, vous aurez le sentiment merveilleux d’être en empathie avec le reste de la vie sur la planète, surtout avec ces humbles compagnons de route que sont les animaux et que vous voudrez protéger dorénavant. Donnez-vous un mois pour faire le saut : essayez petit à petit d’arriver à un mois où vous ne mangerez pas de viande du tout ainsi qu’un minimum de produits laitiers… Et vous verrez que vous ne le regretterez pas ! Bonne chance ! Daniel Passionnantes lectures Le cri de la carotte Sandrine Delorme - Éditions Les points sur les i 180 pages - Format 14,8X21 cm - 15,00 € « […] Je suis devenue végétarienne parce que j’ai compris ce qui se cachait de l’autre côté de mon assiette. Pour le veau, comme pour tout autre animal devenu viande. Je n’avais alors aucune idée des conséquences, ni de la longue évolution qui m’attendait, ni de brusquement devenir, simplement parce que je changeais mon alimentation, une sorte d’objecteur de conscience. […] » Les mouvements pour le végétarisme, pour le véganisme et pour les droits des animaux ne cessent de préoccuper les consciences collectives et s’invitent de plus en plus souvent dans les médias. Sandrine Delorme, à travers un récit de vie, drôle, nourri par de nombreuses réflexions, répond avec brio à une foultitude de questions : qui sont les « VG » ? Pourquoi et comment devient-on végétarien, végétalien, végane, militant de la cause animale ? Quels liens avec le bio, l’écologie, la décroissance ? Pourquoi s’occuper d’animaux plutôt que des humains ? Et quid des végétaux ? Enfin, les animaux ne se mangent-ils pas entre eux ?... Le cri de la carotte propose de s’orienter vers une réflexion commune pour la cause animale ; en effet, depuis quand un comportement ancré dans nos habitudes lui confère-t-il une légitimité ? Aux omnivores, aux apprentis végétariens ou aux activistes des droits des animaux, cet ouvrage suggère de nombreuses pistes et aide chacun d’entre nous à élargir le champ de son humanité. Préface de Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris, où les cantines scolaires servent depuis janvier 2009 un repas végétarien hebdomadaire. Sandrine Delorme, outre son combat pour les animaux, est orthophoniste dans deux centres médico-psychologiques pour enfants du 17ème arrondissement parisien. Elle est également l’auteure de deux recueils de nouvelles pour adultes, N’aie jamais d’enfant et L’Entière Vérité, parus en mai 2010. Site : www.afleurdeplume.com. Se procurer le livre: http://afleurdeplume. over-blog.com/article-ou-acheter-le-cri-de-la-carotte-65325392.html Alternatives végétariennes N° 103 |17 SENTIENCE La sentience des poissons Par David Olivier En 2002 le bruit a couru qu’un chercheur, James D. Rose, avait démontré que les poissons ne pouvaient pas souffrir, leur cerveau étant dépourvu de néocortex. En réalité, sa position est que « la notion de sentience n’a que peu de place dans le discours scientifique 1 ». Il n’est pas étonnant dès lors qu’il conclue que les poissons ne sont pas sentients ; logiquement, si on lui avait posé la question à propos des humains, il aurait conclu de même. En réalité, le consensus scientifique tend aujourd’hui à accepter que les poissons sont bel et bien sentients. On peut trouver de nombreuses informations à ce sujet sur le site (en anglais) fishcount.org.uk. Concernant la question du néocortex, on y lit : « Il est connu qu’une même fonction cérébrale peut être remplie par des structures cérébrales différentes dans des groupes différents d’animaux (...). » Une idée des aptitudes mentales des poissons, et d’autres animaux aquatiques, nous est donnée par l’article de D.M. Broom de l’université de Cambridge : « Des données concernant certaines espèces de poissons, de céphalopodes et de crustacés décapodes [crabes, homards, écrevisses...] indiquent la présence de capacités perceptuelles notables, de systèmes de perception de la douleur et adrénaliennes, de réponses émotionnelles, de mémoire à court et à long terme, de capacités cognitives complexes, de différences inter-individuelles, d’une capacité à tromper autrui, d’emploi d’outils et d’apprentissage social 2. » Selon fishcount.org.uk, entre 1 000 et 2 700 milliards de poissons sont victimes chaque année de la pêche maritime ; soit plus de seize fois le nombre d’animaux égorgés dans les abattoirs. Ce chiffre ne comprend pas la pisciculture, les poissons rejetés en mer, la pêche illégale... Le site nous apprend : « La plupart des poissons de pêche commerciale, encore 18 | Alternatives végétariennes N° 103 vivants lors de leur remontée, meurent soit par asphyxie dans l’air, soit par asphyxie plus éviscération. La présence hors de l’eau est hautement stressante pour les poissons, qui se débattent généralement avec violence. L’éviscération, ou éventrement, se fait sans étourdissement préalable. » Il apparaît que l’agonie peut durer plusieurs heures en cas d’asphyxie simple, et plus d’une heure en cas d’éviscération. Tout ceci plus d’un million de millions de fois chaque année. Une bonne lecture : Poissons, le carnage, éd. tahin party, qui peut être commandé et/ou téléchargé sur le site tahin-party.org. Notes 1. James D. Rose, « The Neurobehavioral Nature of Fishes and the Question of Awareness and Pain », 2002.1,5 2. D.M. Broom, « Cognitive ability and sentience : which aquatic animals should be protected ? », 2007. SENTIENCE La « sentience » est un terme nouveau en français. Il a été introduit récemment par des militants animalistes parce qu’aucun mot n’existait dans notre langue pour désigner le simple fait de ressentir. Précisons ce dont il s’agit. Les pierres ne ressentent rien ; elles ne voient rien, ne pensent rien, ne se souviennent de rien. Elles ne souffrent pas quand on les casse et n’éprouvent aucun plaisir. Elles n’ont ni espoirs ni désirs. Elles n’ont aucune subjectivité, aucun point de vue sur ce qui les entoure. En un mot, elles ne sont pas sentientes. Par contre, les humains généralement, mais aussi les vaches, les poulets, les poissons et bien d’autres animaux qu’on fait souffrir et tue par milliards pour leur chair, sont sentients, car ils ressentent les choses et sont capables de souffrir et de jouir de la vie. On parle souvent aussi d’êtres sensibles et de sensibilité ; ou encore de conscience ; mais ces termes possèdent d’autres sens et sont ambigus. C’est pour cela qu’il a semblé nécessaire d’introduire le terme « sentience », à l’image par exemple de l’anglais sentiency. La sentience semble liée au système nerveux. Tous les animaux (ou presque) possèdent un système nerveux, plus ou moins développé. On ne sait cependant pas si tous, par exemple les insectes et les huîtres, sont sentients. De leur côté, les plantes, dépourvues de système nerveux, ne sont sans doute pas sentientes. La sentience pose de nombreux problèmes, par rapport à sa définition, à son statut scientifique et à ses relations avec le cerveau, à ses relations avec d’autres facultés (l’intelligence, la pensée, le langage, le sentiment moral et l’empathie, etc.), à son rapport avec l’éthique, et à la question : jusqu’où dans le règne animal s’étend la sentience ? Alternatives Végétariennes consacrera régulièrement quelques pages à ces questions et à d’autres, dans cette rubrique « sentience ». D.O. SENTIENCE L’autre visage du docteur Balluch À propos du livre de Martin Balluch sur la continuité de la conscience1 Par David Olivier L’autre visage ? Non, ce n’est pas que derrière le militant animaliste pacifique se cache la figure d’un malfaiteur, comme tentent de le faire croire les autorités autrichiennes - cf. encadré. Mais Martin Balluch a bien un autre visage, moins connu du public : celui du penseur théorique. Doctorat de physique en « La continuité de la conscience – poche, il a travaillé douze l’argumentation pour ans comme enseignantles droits des animaux à partir des chercheur, en particulier à sciences de la nature » Cambridge. Engagé de façon croissante dans la lutte animaliste, il a choisi de s’y consacrer entièrement à partir de 1997. En 2005, il a passé un deuxième doctorat, cette fois en philosophie, et dont le livre que je commente ici est issu. Ce qui m’avait d’abord amené à lire ce livre, malgré mes difficultés en allemand, était la position qu’y défend l’auteur concernant le rapport entre la sentience (« conscience ») et la matière ; plus précisément, son adhésion au point de vue du mathématicien Roger Penrose selon lequel la sentience n’est pas compatible avec la physique actuelle, laquelle doit subir, pour être à même d’expliquer le fait que nous ressentons, une révolution majeure2. Ces questions me semblent importantes, la sentience étant au centre de la question animale. Balluch défend la continuité de la conscience au sein du monde animal, ce qui l’amène à développer les conséquences de ces thèses concernant les animaux. Je me limiterai à commenter brièvement trois points qu’il aborde. La nature physique de la sentience Balluch défend un point de vue physicaliste, c’est-à-dire selon lequel la conscience fait partie du monde physique et obéit à ses lois. 3 Il se déclare d’ailleurs athée (p. 22 ), refusant toute explication par un appel à Dieu. Cependant, il ne partage pas la vision généralement défendue par les rationalistes, selon laquelle la pensée peut être ramenée à l’exécution d’un algorithme, c’est-à-dire pourrait être reproduite par un programme d’ordinateur, qui manipule de façon automatique des symboles purement formels. Balluch, suivant Roger Penrose, soutient au contraire que la pensée ne peut être de nature algorithmique. La sentience implique non un traitement aveugle de symboles formels, mais une compréhension de leur sens. Balluch cite son expérience d’enseignant : un étudiant qui n’a pas réellement compris une problématique mais en a simplement appris les règles ne se montre pas capable d’une recherche innovante de solutions. La difficulté est que cette position est incompatible avec la physique actuelle, dont les lois impliquent en particulier que le cerveau, comme le reste du monde, est soumis à un déterminisme calculable, et peut donc être simulé par un ordinateur. Balluch en conclut à l’incomplétude de la physique actuelle : « Je sais que j’ai une conscience, et qu’elle est dépendante de mon cerveau (...) Selon la conception actuelle du monde physique, la conscience n’a aucune place (...) Dans notre compréhension de la physique il Martin Balluch, août 2009 aux Estivales de la question animale doit donc y avoir des lacunes » (p. 60). Balluch expose la notion de déterminisme non calculable à laquelle se réfère Penrose. Il réintroduit ainsi en particulier la possibilité d’un libre-arbitre. Balluch ne prétend pas compléter ou modifier les idées de Penrose. Il les popularise, et surtout les applique à la question des animaux non humains. Il développe une dizaine de critères pratiques pour déterminer si un être donné est sentient (p. 114). Il montre alors l’unité structurelle du cerveau entre les humains et bon nombre d’autres animaux, qui possèdent aussi bien des facultés qu’on leur dénie habituellement : celle de comprendre, de communiquer, de se représenter l’esprit d’autrui, de recevoir et transmettre une culture, Alternatives végétariennes N° 103 |19 SENTIENCE d’éprouver de l’empathie... Il conclut qu’au moins les animaux vertébrés (dont les poissons) et les céphalopodes (poulpes...) sont sentients. « Il s’ensuit qu’ils sont aussi capables de souffrir, qu’ils ont des intérêts et une volonté propre » (p. 239). Pensée et langage « La conscience n’a rien à voir avec le langage ou la capacité à parler. » (p. 89) Balluch note que certains philosophes contemporains continuent à affirmer l’impossibilité de toute pensée sans langage, voire prétendent qu’un non-humain ne peut même rien vouloir, car vouloir manger, par exemple, équivaut à croire vraie la phrase « je veux manger ». Il répond : « toutes ces tentatives commettent une erreur que je trouve totalement incompréhensible, celle de confondre les pensées avec des phrases verbales ». Balluch cite le neurobiologiste Antonio Damasio qui insiste sur le caractère non verbal des représentations mentales, des concepts et de la pensée en général4. Autre neurobiologiste, Lawrence Weiskrantz : « Il est certain que le langage peut être une aide pour la pensée, mais tout aussi certain qu’il n’en est pas une condition nécessaire5. » Balluch fait également appel à son expérience personnelle : « Quand je passe plusieurs semaines en randonnée dans les montagnes seul avec mon chien, toute pensée verbale cesse. » (p. 23) Il cite aussi plusieurs penseurs prestigieux, dont Albert Einstein : « Les mots ou la langue, tels qu’ils sont écrits ou parlés, ne semblent jouer aucun rôle dans les mécanismes de ma pensée. » (p. 251) Éthique Balluch défend une éthique objective des droits, qu’il affirme pouvoir déduire de ses considérations sur la sentience. Le point de départ du raisonnement est l’existence chez tout être sentient d’une volonté. Une condition nécessaire pour qu’une volonté puisse s’accomplir est que l’individu vive, sans entraves ni blessures. Par conséquent, tout être veut vivre, et ne pas être entravé ou blessé. Il est logique dès lors de vouloir que personne ne tue, n’entrave ou ne blesse quiconque ; et vouloir cela, c’est vouloir que chacun ait le droit de vivre, sans entraves ni blessures (p. 262). Balluch critique les utilitaristes, qui au lieu de reconnaître des droits absolus aux individus promeuvent une prise en compte égale de leurs intérêts. « L’utilitarisme implique d’envisager les intérêts de tous et de choisir l’action qui au total satisfait le plus grand nombre. Dans le cas d’un handicapé mental profond, [le principe d’égalité] implique de se dévouer pour soigner la personne concernée, alors que [l’utilitarisme] implique son meurtre. » (p. 301) Partisan de l’utilitarisme, je suis en désaccord avec Balluch sur ces points. De telles divergences sont normales, mais j’ai le sentiment que dans certains milieux animalistes, l’obligation règne d’attaquer agressivement l’utilitarisme et en particulier Peter Singer, principal théoricien utilitariste de la libération animale, en déformant souvent ses positions. Dans ce contexte, je trouve le ton de Balluch (« meurtre ») banal et regrettable. Un autre visage pour le mouvement ? La plupart d’entre vous, lecteurs, ne lisez pas l’allemand ; pourquoi donc ai-je voulu vous parler de ce livre ? C’est que son existence même est significative, illustrant le fait que le mouvement animaliste remet en cause l’ensemble de notre pensée et de notre culture, allant jusqu’au cœur de questions essentielles comme la physique, la biologie et la philosophie. Il y a contraste, mais non contradiction, entre lutter concrètement pour l’amélioration du sort des poules pondeuses et réfléchir aux bases physiques de la sentience ; contraste apparent mais unité profonde. Notre temps est cependant toujours limité. Balluch a choisi de se consacrer à la lutte concrète, et il a sans doute raison; mais cela reste aussi regrettable, parce que la réflexion théorique, en particulier sur la sentience et sur la continuité qu’elle présente au sein du règne animal, est aussi une nécessité, je pense, pour le mou20 | Alternatives végétariennes N° 103 LA RÉPRESSION DU MOUVEMENT EN AUTRICHE Le 21 mai 2008, le mouvement animaliste autrichien a été la cible d’opérations policières brutales : intrusion par effraction au petit matin de policiers armés et cagoulés au domicile de militants. Dix sont arrêtés, dont Martin Balluch, président de l’association VgT. Neuf resteront détenus plus de trois mois sans accéder à leur dossier d’accusation. La police invoque l’article 278a du code pénal qui réprime le terrorisme et le crime organisé, et parle à la presse d’attaques au gaz et d’incendies volontaires. Balluch, au terme d’une grève de la faim, obtient communication d’un acte d’accusation pléthorique mais vide de substance. En fait d’attaques au gaz, par exemple, on y parle de boules puantes déposées par des inconnus. La notion de crime organisé y est utilisée pour criminaliser l’ensemble du mouvement, rendant chacun responsable de tout acte supposément commis par sympathie pour les animaux. Les méthodes les plus anodines de protestation civile deviennent des actes criminels. L’affaire fait grand bruit, mais pas en France, où les médias gardent le silence, tout comme les militants et associations pour les droits humains. Un procès contre une dizaine de militants, au nom de cet article 278a, débute en février 2010 et se poursuit encore en cette fin janvier 2011. Le dossier d’accusation est toujours aussi inconsistant, et a été récemment totalement décrédibilisé, y compris aux yeux des médias autrichiens qui suivent l’affaire de près, par le témoignage d’un agent infiltré, qui, malgré seize mois au cœur même de la VgT, reconnaît n’avoir jamais été témoin d’acte ou d’intention délictueux. On ne peut pourtant prévoir l’issue du procès, dont le but semble être de casser le mouvement animaliste autrichien en raison justement des succès, législatifs en particulier, qu’il est parvenu à arracher ces dernières années. Infos (en anglais et allemand) : www.vgt.at Notes 1. Martin Balluch, Die Kontinuität von Bewusstsein - Das naturwissenschaftliche Argument für Tierrechte, éd. Guthmann Peterson, 2005. 2. Cf. R. Penrose, The Emperor’s New Mind, 1989 (trad. L’esprit, l’ordinateur et les lois de la physique) et Shadows of the Mind, 1994 (trad. Les ombres de l’esprit). 3. Les numéros de page sans indication renvoient à l’ouvrage de Balluch. 4. Antonio Damasio, The Feeling of What Happens, éd. Harcourt, 1999 (trad. Le Sentiment même de soi, éd. Odile Jacob, 1999). 5. Lawrence Weiskrantz, Consciousness Lost and Found, éd. Oxford Univ. Press, 1999; passage cité par Balluch p. 253 et retraduit ici de l’allemand. CUISINE VÉGÉTARIENNE L’assiette végétarienne Par Valérie Cupillard Pour moi, l’inspiration est venue du monde végétal et c’est ainsi que j’ai construit les bases de ma cuisine bio. Dans mes livres, j’explore tout ce qui permet de cuisiner autrement en donnant des outils, chacun peut ensuite aménager ses repas – végétariens ou non – à sa façon. L’idée est de proposer une cuisine qui tend vers un meilleur équilibre pour préserver à la fois notre santé mais aussi le monde qui nous entoure. Entre Assiettes végétariennes et plats uniques, saison par saison, mon premier livre, et le tout dernier sur le thème des protéines végétales, j’ai conservé le même fil conducteur : valoriser les ingrédients bio en aménageant des mariages de saison et de saveurs. Vous trouverez des idées pour guider vos repas dans tous mes livres puisque mes recettes sont toujours tournées vers la mise en valeur de l’univers végétal. Comment mettre en place des repas pour manger végétarien ? Pour bien organiser des menus de type végétarien, je trouve qu’il faut vraiment personnaliser selon ses goûts, ses besoins, son âge... mais aussi les saisons et adapter selon les habitudes culinaires déjà mises en place. En douceur et suivant ses envies, chacun peut adopter à sa façon les recettes végétariennes en intégrant de plus en plus souvent les fameuses protéines végétales. L’idéal, dans un premier temps, consiste à apprendre à cuisiner de nouveaux ingrédients, à apporter de la variété dans les repas. Quand on possède un placard bio bien rempli de céréales, légumineuses, oléagineux, un bon choix d’épices, des laitages végétaux... il devient de plus en plus facile de trouver des alternatives aux protéines animales. Comment être sûr de faire un repas végétarien équilibré ? La variété est un élément qui peut vous permettre de composer facilement une alimentation végétarienne équilibrée. En choisissant de goûter à une cuisine variée, vous vous assurez l’apport de tous les nutriments indispensables. Voici quelques principes de base pour vous guider : - En général on associe une céréale, une légumineuse et des légumes crus et cuits pour avoir un repas équilibré. Pour une bonne assimilation des protéines végétales, on consid è r e q u e l ’a s s o ciation céréales et légumineuses peut se faire sur la journée – surtout pour quelqu’un déjà habitué depuis quelques temps à une alimentation végétarienne. Mais généralement c’est au cours du même repas que vous devez associer : légumes secs et céréales, sachant que la portion de légumes secs doit être moins importante que celle de céréales [voir note 1]. - Si dans votre repas il y a de l’œuf, cette combinaison n’est plus indispensable. Car l’œuf renferme tous les acides aminés essentiels, il est considéré comme la protéine de référence [voir note 2]. - Parce que ce sont des petites graines bien pourvues en acides aminés essentiels, le quinoa et le fonio peuvent s’utiliser sans autre association, seulement avec des légumes. Cela peut vous simplifier et alléger certains menus. Pratique également pour faire des salades complètes à emporter. Des apports essentiels se trouvent aussi dans divers ingrédients, pensez à tous ces petits plus qui vous assurent une alimentation riche et variée : - Des algues, en paillettes dans la soupe ou les sauces, des morceaux de kombu dans l’eau de cuisson des légumes secs (ça les attendrit tout en enrichissant le bouillon d’un goût discret). Dès que vous vous êtes familiarisé avec les algues, achetezles fraîches conservées au sel ou en tartare. Préparez des sauces avec de la spiruline en poudre, goûtez-en plusieurs, certaines ont un trop fort goût d’algue et peuvent dérouter, je l’utilise en poudre aussi dans les potages, les pâtes à tartiner... - Des fruits secs et des oléagineux (noix, noisettes, amandes...) que vous pouvez faire tremper quelques heures avant pour une meilleure assimilation ou utiliser sous la forme de purée (à délayer pour faire des sauces ou des laits végétaux). - Les huiles végétales, les graisses végétales (purées d’oléagineux...). Pensez à ajouter un filet d’une huile végétale crue (huile de colza, de noix, de sésame...) sur vos crudités ou directement Alternatives végétariennes N° 103 | 21 CUISINE VÉGÉTARIENNE dans l’assiette (ne les faites pas cuire), de bonnes huiles végétales consommées crues sont indispensables. - Des graines germées (fines pousses d’alfalfa, graines de tournesol...) - Pour saler, privilégiez du gomasio (sésame et sel), de la sauce de soja ou le miso, riche en enzymes. - Utilisez toute la variété des laitages végétaux, évitez le « tout soja » (on en consomme déjà beaucoup par ailleurs quand on est végétarien / végétalien). Il est préférable de remplacer le lait de soja par d’autres laits végétaux : lait de riz, d’amandes, de quinoa, de millet... L’idéal semble être de consommer le soja sous forme lacto-fermentée (comme cette fameuse crème de soja épaisse lacto-fermentée au rayon frais, comme le tempeh, la sauce de soja tamari, le miso...), il est beaucoup plus digeste et mieux adapté. Les crèmes de soja ou d’avoine liquide dépannent pour faire des sauces rapides. Il existe maintenant aussi des crèmes de riz, d’épeautre ou d’amandes en brique. En pratique - Dans la composition d’une assiette, une céréale doit être accompagnée de légumes mais aussi d’une petite part de légumineuses (exemple : des lentilles cuites ou germées dans une salade de crudités). Dans un repas, cette portion de légumes secs peut s’intégrer de façon facile et rapide quand on n’a pas le temps (cela peut être sous forme de sauce, avec un reste de lentilles corail ou avec une crème de soja épaisse lacto-fermentée). On peut aussi très bien ajouter une poignée de lentilles corail (parce qu’elles cuisent vite) ou des flocons de légumes secs dans une soupe ou un velouté de légumes. Les légumes secs peuvent aussi se [1] NDLR : Un principe élémentaire de précaution fait que l’on recommande habituellement la complémentation céréale+légumineuse au cours d’un même repas. Dans une société où le végétarisme est loin d’être la norme, il est en effet commun de ne pas savoir bien utiliser la variété et la richesse nutritionnelle de l’alimentation végétarienne ; il vaut donc mieux, dans une période de « végétalisation », garder à l’esprit la notion de complémentation, afin d’éviter de se laisser aller à manger trop souvent la même chose. Par la suite, lorsque les repas deviennent naturellement très variés en apports végétaux, cela devient inutile. Il est en effet aujourd’hui reconnu que la complémentation des protéines sur une journée ou quelques jours, en combinaison avec les réserves corporelles, permet d’assurer un bon équilibre de la balance des acides aminés. 22 | Alternatives végétariennes N° 103 Source : Young, V.R., Pellett, P.L. Plant proteins in relation to human protein and amino acid nutrition. Am J Clin Nutr 1994; 59 (Suppl): 1203S-1212S « Il n’est donc pas essentiel, en tout cas chez les adultes, que l’apport journalier en protéines – et sans doute en chacun des acides aminés essentiels – atteigne les valeurs recommandées ; pour ce que l’on en sait, un apport moyen sur quelques jours est suffisant pour atteindre le niveau requis. […] Dans les conditions usuelles de santé, la séparation de l’apport protéique en plusieurs repas au cours de la journée permet une bonne complémentation [des acides aminés]. » [2] NDLR : Pour un bon équilibre protéique, aucun produit animal n’est nécessaire. Si toutefois vous consommez des œufs, achetez ceux portant le code « 0 » sur leur coquille : « œufs de poules élevées en plein air et en agriculture biologique ». faire cuire un peu en quantité et à l’avance pour réaliser des recettes que vous présenterez de différentes façons les jours suivants (lentilles vertes en sauce, en coulis, en soupe, en curry, en salade...). - Avec des galettes végétales à base de céréales, on ajoutera des légumes cuits et crus et une petite part de légumineuses. - Avec des galettes végétales composées d’un mélange de céréales et de flocons de légumineuses, vous ajouterez simplement des légumes cuits et crus. - Avec des galettes végétales contenant de l’œuf : une crudité, une salade verte, des légumes vapeur. Où trouver de la documentation ? Consultez le site de l’Association Végétarienne de France. Dans les dossiers nutrition, vous trouverez des infos détaillées sur les apports nutritionnels, sur les protéines végétales, les sources de minéraux (fer, calcium...) et de vitamines... Des petites fiches sont à votre disposition sur ces sujets. Et aussi le site de l’APSARes, Association de Professionnels de Santé pour une Alimentation Responsable. Pour la pratique, vous trouverez des recettes dans mes livres... http://www.biogourmand.com/livres_cuisine_ bio.htm Liens utiles : Le blog de Valérie : http://www.biogourmand.info/index.php/ Le site de l’APSARes : http://www.alimentation-responsable.com/ L’Association Végétarienne de France : http://www.vegetarisme.fr DIXIT « Il y a de fait et de plus en plus une concurrence tragique entre l’obligation de nourrir les humains et l’envie de nourrir les animaux pour permettre à la fraction riche de l’humanité de consommer de la viande. On devra peut-être choisir entre nourrir les hommes ou les animaux ». Fabrice Nicolino, lors d’une rview sur leite LeMonde.fr, 28/01/2011. http:// www.lemonde.f/a011/01/28/oepeut-etrechoisir-entre-nourrir-les-hommes-ou-les-animaux-pour-la-viande_1472175_823448.html. Auteur de « Bidoche », Fabrice Nicolino prépare actuellement un livre sur l’état du mouvement écologiste en France, à paraître en mars 2011 (éditions LLL). RECETTES VÉGÉTARIENNES Une rubrique coordonnée par Françoise Degenne Recettes faciles avec le soja sous toutes ses formes par Anne Brunner http://blogbio.canalblog.com TEMPEH DORÉ SAUCE CACAHUÈTE ET Pour 4 personnes 1 verre de riz long 3 carottes 150 g de chou 1 branche de céleri 200 g de tempeh Pour la sauce 1 c. à s. d’huile d’olive 1 oignon 1 gousse d’ail 1 cm de gingembre ou de galanga frais (ou 1 c. à c. de poudre) 1 c. à s. de sucre 1 c. à c. de cumin 1 pointe de piment en poudre 4 c. à s. de beurre d’arachide 1 trait de jus de citron 250 ml d’eau 1 c. à c. de fécule de votre choix urrrir ux mavra mes ne :// reniml. no du en Préparation Faire cuire le riz dans deux verres d’eau salée, à couvert. Porter de l’eau à ébullition. Détailler les carottes en bâtonnets minces. Réserver les feuilles de céleri. Émincer le chou et la côte de céleri en fines lamelles. « Décrudir » les légumes en les plongeant une minute dans l’eau bouillante, puis égoutter. Réserver les légumes au chaud et récupérer la casserole pour préparer la sauce. Faire chauffer l’huile. Faire revenir l’oignon, l’ail et le gingembre hachés. Lorsque l’oignon est cuit, ajouter le sucre, le cumin, le piment et remuer quelques instants. Verser le beurre d’arachide, le jus de citron et un tout petit peu d’eau. Bien délayer le beurre d’arachide. Ajouter le reste de l’eau progressivement, ainsi que la fécule. Continuer de remuer jusqu’à ce que la sauce épaississe, puis la réserver au chaud. Couper le tempeh en rondelles. Les faire dorer quelques minutes à la poêle, dans un peu d’huile d’olive, sur les deux faces. Servir le tempeh accompagné de riz, des légumes décorés de feuilles de céleri crues et de la sauce. Alternatives végétariennes N° 103 | 23 RECETTES VÉGÉTARIENNES BROCOLI AUX LANGUETTES DE TOFU Pour 4 personnes 1 brocoli 1 grosse poignée d’amandes entières 250 g de tofu nature 1 c. à s. de tamari Préparation : Couper le brocoli en fleurettes. Éplucher le pied et le couper en petits morceaux. Cuire le brocoli au cuit-vapeur (ou dans une cocotte-minute sans la mettre sous pression). Surveiller la cuisson pour le garder vert vif et ferme. Pendant ce temps, faire chauffer une poêle huilée. Y faire revenir quelques minutes les amandes et le tofu, coupé en « lardons ». Lorsqu’ils sont dorés, déglacer la poêle avec le tamari. Remuer un instant pour colorer le tofu. Servir immédiatement sur le brocoli. Ce plat peut s’accompagner d’une céréale servie avec un trait de tamari. Bon à savoir : le tamari est une sauce de soja fermentée, originaire du Japon. On peut aussi utiliser du shoyu, qui contient généralement aussi du blé. Toutes deux sont des sauces brunes très salées, qui constituent de délicieux exhausteurs de goûts, à condition de les doser avec précaution. On peut aussi faire mariner le tofu une heure dans le tamari, avant de le poêler, pour un résultat gustatif également intéressant. LASAGNES À LA BOLOGNAISE Pour 4 à 6 personnes Sauce bolognaise 1 c. à s. d’huile d’olive 1 oignon 1 carotte 1 branche de céleri 1 gousse d’ail 1 verre de soja jaune concassé précuit 1 verre d’eau 500 g de coulis de tomates Sauce béchamel 2 c. à s. de purée d’amande blanche 2 c. à s. de farine muscade (ou poivre), sel 500 ml d’eau Pour le montage environ 200 g de plaques de pâte à lasagne sèche 50 g d’épinards frais (facultatif) 2 c. à s. d’amande en poudre (ou de levure alimentaire) Préparation Faire revenir l’oignon dans un peu d’huile, en ajoutant la carotte râpée, le céleri émincé, l’ail haché. Lorsque le mélange blondit, ajouter le soja concassé, un verre d’eau et le coulis de tomates. Saler et poursuivre la cuisson dix minutes. Pendant ce temps, préparer la béchamel dans une deuxième casserole : mélanger la purée d’amande, la farine, de la muscade râpée et du sel. Ajouter l’eau progressivement et homogénéiser au fouet. Continuer de remuer régulièrement pendant dix minutes environ, jusqu’à ce que la sauce épaississe. Huiler un moule à gratin. Couvrir le fond de plaques de lasagnes, en évitant de les superposer. Réserver deux louchées de béchamel pour le dessus du plat. Mélanger les épinards hachés dans le reste de béchamel. En verser la moitié dans le plat, puis poursuivre le montage dans cet ordre : lasagne, sauce bolognaise (la moitié), lasagne, béchamel aux épinards, lasagne, sauce bolognaise, lasagne. Terminer par une couche de sauce béchamel sans épinard. Verser un petit verre d’eau sur le dessus du plat pour aider à la cuisson des pâtes. Lorsque l’eau a imbibé le plat, saupoudrer les amandes en poudre et un peu de sel sur le dessus. Enfourner pour 30 minutes à 180°C. Variantes : on trouve le soja concassé précuit au rayon légumes secs des magasins bio, parfois sous le nom commercial « soypilav ». Vous pouvez aussi préparer une sauce bolognaise en remplaçant le soja concassé par un verre de protéines de soja texturé (petit calibre) ou par 125 g de tofu ferme nature râpé avec une râpe à gros trous (en supprimant le verre d’eau de la sauce, dans ce dernier cas). 24 | Alternatives végétariennes N° 103 E RECETTES VÉGÉTARIENNES MOUSSE DE FRUITS ROUGES AU TOFU SOYEUX Pour 4 personnes 200 g de petits fruits rouges 200 g de tofu soyeux (en barquette, au rayon frais des magasins bio) du sucre de canne blond 1 g d’agar-agar en poudre. Préparation À préparer la veille, pour obtenir la consistance mousseuse idéale. Cette recette nécessite un mixer électrique : robot culinaire, blender ou « pied à soupe ». Réserver quelques fruits pour le décor. Mixer la moitié des fruits avec 2 c. à s. de sucre. Lorsque la purée de fruits est homogène, ajouter le tofu soyeux et mixer pendant trois minutes. Dans une petite casserole, préparer le coulis : cuire l’autre moitié des fruits avec 3 c. à s. de sucre. Lorsque les fruits ont éclaté, ajouter l’agar-agar et bien remuer pour éviter qu’il forme des grumeaux. Porter le coulis à ébullition et maintenir de petits bouillons pendant une minute. Passer cette préparation dans un tamis pour en extraire une gelée. Répartir le tofu soyeux aux fruits dans quatre verres. Recouvrir de gelée. Décorer avec les fruits réservés. Conserver au frais quelques heures avant de servir, ou mieux, une nuit. Pour trouver d’autres recettes : Protéines vertes (à paraître en février 2011) - Cécile et Christophe Berg, éditions La Plage. Soja, lentilles, haricots et pois sont revisitées ici au travers de recettes subtiles, saines et légères... loin des idées reçues les associant à une alimentation indigeste ou trop calorique. Tofu et soja - Hu Shao Bei, éditions La Plage. Un grand livre qui rassemble recettes de base, recettes asiatiques et des créations autour du tofu et des dérivés du soja. Alternatives végétariennes N° 103 | 25 BLOG A L’HONNEUR http://macuisinevegetalienne.blogspot.com/ Alex, auteur du blog « Ma Cuisine Végétalienne » mais également du blog « Société Vegan » est végétalienne, pour les animaux, depuis environ sept ans : choix de vie qu’elle a fait par amour et respect des animaux. Diplômée en musculation et fitness et adepte de la course à pied et de la boxe pieds-poings. Amoureuse de la nature et du silence. Et depuis qu’elle est végétalienne, désireuse de faire découvrir la cuisine 100 % végétale. C’est pour cette raison que le blog « Ma Cuisine Végétalienne » a vu le jour : afin de partager des recettes, mais surtout afin de faire taire ces rumeurs, comme quoi les végétaliens ne mangeraient que de la salade. Son blog a comme objectif principal de démontrer qu’il est tout à fait possible de prendre beaucoup de plaisir à manger en renonçant à la chair animale et de passer d’agréables moments en famille, entre amis, autour d’une table, sans faire souffrir ni tuer aucun animal. LASAGNES Pour 6 personnes 250 g de lasagnes blanches (PRIMEAL) - Le procédé de fabrication de ces lasagnes permet de les préparer sans cuisson préalable. 480 gr de haché végétal (SOJASUN) soit 2 paquets 70 cl de purée de tomates 30 cl de coulis de tomates 250 ml de crème d’avoine liquide (OATLY) 200 g de fromage végétal râpé (VEGUSTO - CLASSIC) 1 c. à s. d’huile d’olive 200 g d’oignons frais coupés en morceaux sel, poivre (selon votre goût) 2 c. à c. de bouquet garni à la Provençale (laurier, sarriette, thym, persil, romarin, basilic, céleri) 1 petit bouquet de persil frais Préparation Dans une poêle, dorer légèrement les oignons dans l’huile d’olive avant de mettre le haché. Mélanger avec une cuillère en bois et laisser mijoter 2 mn. Verser ensuite la purée et le coulis de tomates. Saler, poivrer. Ajouter le persil ciselé et les 2 c. à c. de bouquet garni à la Provençale. Laisser cuire 5 mn à feu doux. 26 | Alternatives végétariennes N° 103 Éteindre le feu. Préchauffer le four 10 mn à 200° C. Dans un plat creux allant au four, graisser le fond avant d’y placer les lasagnes (3 ou 4 plaques) et étaler une couche de préparation de haché à la tomate sur les p âtes. Recouvrir d’une couche de fromage râpé. Recommencer cette opération encore 3 fois, pour obtenir 4 épaisseurs. Mais avant de mettre la dernière couche de fromage râpé, verser la crème d’avoine sur toute la surface. Parsemer pour terminer quelques noisettes de margarine végétale. Cuire 40 mn à 200° C, puis terminer par 5 mn sous le gril. BLOG A L’HONNEUR CROQUE-MONSIEUR Pour 4 grands croque-monsieur 8 grandes tranches de pain de mie 4 tranches de jambon végétal (PURAL) 50 cl de crème d’avoine liquide (OATLY) soit 2 briques 120 g de fromage végétal râpé (VEGUSTO - doux) 4 c. à s. de farine légèrement bombées Sel, poivre (selon votre goût) Préparation Dans une casserole et sur un feu moyen, verser la crème d’avoine, le sel, le poivre et environ 70 g de fromage râpé. Bien mélanger. Mettre ensuite les 4 cuillères de farine. Mélanger continuellement jusqu’à ce que la sauce soit bien épaisse. Éteindre le feu. Préchauffer le four 10 mn à 180° C . Disposer sur la plaque du four recouverte d’une feuille de papier sulfurisé les 4 premières tranches de pain de mie, puis les 4 tranches de jambon et une couche de sauce blanche (la moitié de la sauce préparée). Recouvrir des 4 autres tranches de pain de mie, de la deuxième moitié de sauce blanche et du fromage râpé qui LES « LUNDIS VÉGÉTARIENS », AILLEURS QUE CHEZ NOUS… Sodexo, la méga-firme nord-américaine de restauration collective qui sert, d’après ses propres chiffres, 10 millions de « consommateurs » chaque jour aux États-Unis, rejoint la campagne des « lundis sans viande » […] Désormais donc, aux États-Unis, 900 hôpitaux, 2 000 entreprises et 175 administrations supplémentaires offriront une alternative végétarienne à leurs employés chaque lundi. « Cela s’accorde parfaitement avec notre démarche Better Tomorrow Plan (plan pour un meilleur lendemain) qui promeut la santé et le bien-être tout en protégeant et restaurant l’environnement. Meatless Monday est une action facile à réaliser que nous pouvons tous accomplir pour faire face à de multiples défis. De petits changements dans nos comportements peuvent avoir de grands effets », explique l’un des vice-présidents de Sodexo, Nitu Gupta. Sources : extrait de http://bonnenouvelle.blog.lemonde.fr/2011/01/28/leslundis-sans-viande-de-sodexo/ et http://www.goodplanet.info/Contenu/ Depeche/Lundi-sans-viande-pour-Sodexo-aux-Etats-Unis reste. Mettre au four pendant 20 mn à 180° C, jusqu’à ce que le fromage commence à fondre et à dorer. Surveiller la cuisson. BLOG A L’HONNEUR TARTE AMANDINE, POMMES POIRES • Moule à tarte de 28 cm de diamètre • 1 pâte brisée (ou 1 pâte sablée) • 2 pommes Golden moyennes • 2 poires au sirop • 170 g de poudre d’amandes • 100 g de sucre glace • 50 g de crème d’avoine (farine précuite) • 50 g de margarine végétale molle • 250 ml de crème d’avoine liquide • 200 ml de crème d’amandes liquide • 2 c. à s. de confiture de pêche • Sucre glace • Amandes effilées Préparation Peler les pommes, couper en deux chaque pomme et chaque poire, couper les moitiés en lamelles en gardant la forme de la moitié. Réserver. Préchauffer le four 10 mn à 220°C (adapter selon votre four). Étaler la pâte dans un moule à tarte huilé. Recouvrir le fond de tarte d’une feuille de papier sulfurisé puis de légumes secs. Cuire à blanc la pâte 10 mn à 220°C (surveiller la coloration). Dans un saladier, mélanger la poudre d’amandes, le sucre glace, la crème d’avoine (farine précuite) et la margarine avec un fouet. Ajouter les crèmes d’avoine et d’amandes liquides et mélanger de nouveau jusqu’à obtenir une pâte crémeuse épaisse. Verser la crème amandine sur le fond de tarte. Disposer les moitiés de pommes et de poires coupées sur la crème. Parsemer d’amandes effilées. Cuire la tarte 35 mn à 220°C. Surveiller. Faire chauffer la confiture de pêche, badigeonner la surface de la tarte à l’aide d’un pinceau et saupoudrer de sucre glace. Laisser refroidir à température ambiante. Entreposer la tarte au réfrigérateur plusieurs heures. 28 | Alternatives végétariennes N° 103 BLOG A L’HONNEUR CAKE MARBRÉ, CHOCOLAT VANILLE • 200 g de farine • 40 g de fécule de pomme de terre • 100 g de sucre cassonade • 1 sachet de sucre vanillé • 1 sachet de levure chimique (11 g) • 80 g de margarine végétale fondue • 250 ml de crème de soja liquide (Soja cuisine de Bjorg) • 100 g de compote de pomme • 1 c. à s. d’extrait de vanille • 50 g de chocolat noir Préparation Mélanger dans un saladier la farine avec la fécule de pomme de terre, les sucres et la levure, puis ajouter la margarine fondue, la crème de soja et la compote de pomme. Bien mélanger jusqu’à obtenir une pâte homogène. Préchauffer le four 10 mn à 200° C. Fondre le chocolat sur feu doux. Séparer la pâte en deux, dans une partie mettre l’extrait de vanille et dans la seconde le chocolat. Bien mélanger au fouet les deux pâtes. Dans un moule à cake, déposer de la pâte à la vanille puis par dessus de la pâte au chocolat … et ainsi de suite, soit 6 couches. Enfourner le cake pendant 30 mn à 200° C. Surveiller la cuisson avec la pointe d’un couteau. Laisser refroidir avant de démouler. QUESTION: « S’ils avaient vécu à la même époque, quel point commun aurait pu réunir autour de la même table Pythagore, Léonard de Vinci et Emil Zatopek ? » RÉPONSE: Ils auraient pu partager un repas végétarien. (Pythagore pour des raisons métaphysiques, Léonard de Vinci en raison de sa compassion envers les animaux, Emil Zatopek pour améliorer ses performances sportives). Sources : - Sur Emil Zatopek : cité dans le magazine Zatopek consacré à la course à pied - http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/zatopek-le-magazinefrancophone-de-course-a-pied - Sur Léonard de Vinci : le fait en mentionné par Giorgio Vasari dans son livre Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes - Sur Pythagore : notamment, http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythagore et en consultant les règles de vie des pythagoriciens. Note : cette question a été envoyée au Jeu des 1 000 euros (France Inter) par notre déléguée. Nicole Paumerie ! Alternatives végétariennes N° 103 | 29 LA VIE DE L’ASSOCIATION 30 | Alternatives végétariennes N° 103 LA VIE DE L’ASSOCIATION Entretien avec la nouvelle délégation Ile de France Par Aurélia, Cyril et Julien Ø Qu’est-ce qu’une délégation ? JULIEN : Dans le cadre de l’Association Végétarienne de France, on parle de délégués départementaux ou régionaux et de correspondants. Il s’agit de personnes qui représentent l’association au niveau local et qui organisent diverses actions en lien avec le végétarisme. Une délégation est une équipe, l’avantage étant un partage des responsabilités, une émulation pour se lancer dans les projets et une convivialité efficace… Les compétences de chaque membre sont souvent complémentaires et chacun verse au pot commun son réseau social. Cela multiplie les possibilités de rencontres et d’affinités. D’après notre expérience, une équipe de trois personnes semble une bonne formule pour partager les tâches équitablement et arriver à se réunir ! Ø Quelles personnes constituent la délégation parisienne ? CYRIL : La délégation parisienne est constituée de trois personnes, Aurélia, Julien et Cyril. Ø Comment vous êtes-vous rencontrés? JULIEN : Cela faisait 4 ans que je croisais régulièrement Cyril lors d’événement militants. À l’époque, je cherchais un soutien associatif pour le projet CD de Veganesh (mon pseudonyme de slammeur). Aurélia a découvert l’association il y a à peine un an. Elle est venue pour la 1ère fois sur le stand lors du Festival de la cause animale en septembre. Synchronisation parfaite car je commençais juste à réunir du monde pour constituer une délégation. Ø Pourquoi avoir décidé de travailler avec l’AVF ? AURÉLIA : J’avais envie de m’investir dans une association dont les valeurs et le discours me soient proches et ne plus militer « seule dans mon coin ». J’ai milité auprès d’associations comme One Voice ou L214 que je soutiens toujours puis j’ai adhéré à AVF. Je me sens très à l’aise avec le discours de l’association, mais aussi avec son approche faite de tolérance, d’ouverture et de non agressivité envers ceux qui mangent de la viande. Être déléguée AVF, c’est ma petite contribution pour changer le monde ! CYRIL : Je suis membre de l’AVF depuis dix ans. Ma présence a d’abord été discrète, je voulais sortir de mon isolement et rencontrer d’autres végétariens. Pendant trois ans, je suis allé au repas mensuel à la Victoire Suprême du Cœur, devenu Végét’halles. À l’époque, je n’avais pas d’idée précise sur le fonctionnement interne de l’association. Je pensais que c’était une grosse boîte bien rodée où les bénévoles n’avaient pas grand-chose à faire pour que ça tourne. En discutant avec des membres actifs de l’association, j’ai réalisé tout l’investissement humain nécessaire à la bonne marche de l’AVF. J’ai voulu agir moi aussi. En 2006 je suis devenu secrétaire de l’association. En 2010 un autre adhérent a pris la relève. En 2010, des membres de l’association se sont retrouvés pour discuter du projet d’une délégation AVF en Ile de France. Au final, nous sommes trois mais il y a un réseau de militants parisiens prêts à aider lors des stands et manifestations. JULIEN : Il y a une dizaine d’année, l’AVF (à l’époque l’Alliance Végétarienne), a été pour moi un véritable soutien face à la végéphobie ambiante inconsciente. Les témoignages sur le bulletin associatif, une simple feuille de chou m’apportait un vrai réconfort. C’est donc un juste retour des choses de choisir cette association… Mes sœurs et ma mère sont elles aussi devenues végétariennes et cela grâce au site internet, à la revue et à l’esprit de l’association : ouverture, bienveillance, cohérence… L’AVF, c’est un peu l’association des premiers pas (qui peuvent durer des années quand il s’agit d’un déconditionnement aussi puissant que la consommation de viande). En cela, l’AVF est une « vitrine grand public »… En fait pendant des années j’ai beaucoup bougé. C’est en me fixant sur Paris que j’ai trouvé le temps de m’investir vraiment dans une association. De bonnes rencontres aux bons moments ont fait le reste et j’ai rejoint la délégation. Ø Vos avez démarré fort ! Pouvez-vous rappeler aux lecteurs ce que vous avez fait depuis septembre, avant même la création officielle de votre délégation ? AURÉLIA : Nous avons mis beaucoup d’énergie pour dynamiser les actions sur Paris et l’IDF. D’abord, les JMV avec un stand d’information et de dégustation en partenariat avec L214, CLEDA, CRAC... Cela a été un vrai succès. Le week-end suivant nous avons participé à 3 salons ! Au Festival du livre et de la presse d’écologie à Paris. Au Grand Congrès National pour la Santé à Montreuil. Et à la Journée de l’Animal à Fontenay-sous-Bois. À chaque fois nous tenions un stand d’information. Les bénévoles nous ont beaucoup aidé, un grand merci à eux ! Le 28 novembre, nous avons participé au Paris Vegan Day, incontournable pour AVF. En décembre, nous avons organisé notre 1er atelier cuisine sur les terrines et pâtés végétaux ainsi qu’un buffet-projection avec le court métrage « Buvez, mangez, gavez » et le documentaire « Le gavage en question » afin d’inviter à une réflexion sur cette « tradition » de fin d’année. Sur le même thème, nous avons organisé avec L214 une action devant le centre commercial Italie 2 : stand d’information sur le foie gras et découvertes des alternatives végétales. Les dégustations ont remporté un franc succès et notre flyer avec menus végétariens pour les fêtes a été plébiscité ! Le 31 décembre, nous avons fêté la nouvelle année dans la joie et la bonne humeur autour d’un repas végétalien en partenariat avec Animavie. 2011 a repris sur le même rythme, avec un moment fort : une marche co-organisée avec L214 et CLEDA à l’occasion de la semaine pour l’abolition de la viande. Une centaine de personnes étaient présentes et nous avons eu quelques retombées dans les médias, ce qui est bien difficile sur la capitale ! En parallèle, un ou deux repas conviviaux sont organisés chaque mois dans différents restaurants végé de la capitale. Merci à Manu, Karine et Daniel qui les organisent ! Ø Quels sont vos projets, vos envies pour la suite ? CYRIL : Que l’alimentation végétarienne ait pignon sur rue, que l’on multiplie les salons et les conférences, et que nous ayons suffisamment d’adhérents pour salarier des permanents, bref une accélération décisive de notre dynamique. AURÉLIA : Faire découvrir à un large public l’alternative végétale et les nombreuses et excellentes raisons de la choisir ! En projet, nous avons un repas végétalien fin février pour l’association La Maizon et notre participation en mars au salon Vivre Autrement et peut-être le salon Marjolaine, le plus grand salon bio en France. Participer à des salons bio, santé permet d’assurer notre mission d’information auprès du grand public. Je souhaite aussi organiser de nouvelles soirées débats et des projections de film. Enfin, j’aimerais qu’AVF accompagne ceux qui veulent devenir végétariens. Je travaille en ce moment sur un projet « Défi végé » mais chut… Il est encore un peu trop tôt pour en parler. RV au prochain numéro ! Alternatives végétariennes N° 103 | 31 LA VIE DE L’ASSOCIATION Le 1er partenariat officiel de l’AVF ! Ça y est ! L’Association Végétarienne de France est partenaire officiel des salons Respirez la Vie ! C’est donc un gage de reconnaissance de notre sérieux, de notre savoir-faire, et de notre image de marque. Loire-Évènement-Organisation organise chaque année 9 salons bio et bien-être « Respirez la vie » : Vannes, Brest, Rennes, Le Mans, La Rochelle, Angers, Poitiers, Clermont-Ferrand et St-Etienne. En quoi consiste ce partenariat ? L’AVF s’engage à animer des ateliers cuisine, qui remportent un vif succès de la part du public (tofu pour cette année), ainsi que des conférences, et à publier un encart publicitaire dans notre revue pour annoncer ces salons. En contrepartie, nous bénéficions d’un stand gratuit pour chaque salon, notre logo « Association Végétarienne de France » apparaît sur tous leurs documents de communication (y compris les affiches de 4mx3m, mais aussi les affiches des abribus), et, le plus souvent, les médias locaux partenaires des salons nous rendent visite sur les stands : ainsi, nous avons d’ores et déjà eu, pour les premiers salons, un article couleur dans le Courrier de l’Ouest (Angers), un autre article couleur dans Ouest-France (Vannes), avec, en plus de l’article, un gros titre sur les trottoirs en ville devant les maisons de la presse : « LE TOFU, SI, SI, C’EST BON !!!, » et un article dans le Télégramme (Brest)... De plus, les journaux gratuits locaux relayent ces salons, avec les conférences et les ateliers de cuisine végétarienne. ...Et, bien sûr, il est très probable que ce partenariat ne soit qu’un début ! DERNIÈRE MINUTE : AUCH – UNE CLINIQUE INSTAURE LES LUNDIS VÉGÉTARIENS. Ce fut vraiment une grande satisfaction d’apprendre que les lundis végétariens trouvent leur application à la clinique d’Embats, à Auch, et que les patients et le personnel ne se plaignent pas de manger végétarien ce jour-là. « Effectivement, il fallait oser prendre une telle initiative dans notre département gros consommateur de viande ! », souligne Marjolaine Pento, responsable pour Sodexo de la cuisine de l’établissement. Mais… « Nous n’avons eu que des réactions très positives » confirment Jean-Marie Philipp - directeur de la clinique - et Cyril Labat cadre de santé - qui sont les instigateurs de cette démarche en vigueur depuis le 31 janvier. Il semble que la clinique d’Embats soit le premier établissement de soins en France à respecter les lundis végétariens. Rappelons que ceux–ci ont été lancés en France par votre association favorite en mai 2009 (vous trouverez le communiqué « historique » ici même : http://www.vegetarisme.fr/_pdfs/Communique_2009-06-UnJourSansViande.pdf). Actuellement, nous continuons à y travailler, en collaboration avec l’association L214, au sein du collectif viande.info (http://www.viande.info/). Les arguments évoqués sont parfaitement logiques. - Moins de viande pour plus de santé : « Pour notre clinique, spécialisée dans le traitement de certaines pathologies psychiatriques, prendre en compte cet enjeu de santé et de qualité de vie est une priorité ». - Moins de viande pour la planète : « Le rôle d’un établissement de santé ne peut se limiter à une démarche de soins immédiats, d’actions préventive et d’éducation à la santé. La santé de la planète nous concerne tous ». Rajoutons que moins de viande entraîne aussi moins de souffrance animale et la boucle est bouclée. Nous espérons qu’une saine émulation va conduire tous les établissements de santé de France à appliquer cette mesure simple, efficace et de bon sens ! Source : La Dépêche - 14/02/2011 - http://www.ladepeche.fr/article/2011/02/14/1013087-Auch-Le-lundi-Embats-se-prive-de-viande.html 32 | Alternatives végétariennes N° 103 LA VIE DE L’ASSOCIATION L’AVF y était ! Toutes les actions et participations récentes et à venir de l’AVF sur http://www.vegetarisme.fr/ Beaumont (86) – Salon Vital’ethic – 26 et 27 février 2011 Paris – Soirée végé pour la St Valentin – 12 février 2011 Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 12 février 2011 Rennes – Salon Bio Respirez la Vie – 11-13 février 2011 Villeurbanne – Soirée crêpes au restaurant Couleurs des Mets – 11 février 2011 Pau – Pique-nique végé – 5 février 2011 Nantes – Rencontres conviviales au restaurant / salon de thé L’Île verte – 5 février 2011 Paris – Buffet complet à l’occasion du Nouvel An chinois – 4 février 2011 Brest – Salon Bio Respirez la Vie – 4 au 6 février 2011 Toulouse – Stand abolition de la viande – 29 janvier 2011 Nancy – Veillée funèbre pour les animaux - semaine d’Abolition de la viande – 29 janvier 2011 Paris – Manifestation pour l‘abolition de la viande – 29 janvier 2011 Séné (56) – Table de presse – 29 janvier 2011 Vannes – Salon Bio Respirez la Vie – 28-30 janvier 2011 Morbihan – Conférence-débat lors du forum social local – 28 janvier 2011 Paris – Soirée restaurant végé indien – 27 janvier 2011 Charleville et Reims – Actions lors de la semaine de l’abolition de la viande – 24-30 janvier 2011 Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 22 janvier 2011 Tours – Stand végétarisme et fourrure – 15 janvier 2011 Paris – Soirée restaurant à Paris – 7 janvier 2011 Lyon – Réveillon bio-végétalien – 31 décembre 2010 Paris – Réveillon Végéfestif – 31 décembre 2010 Loire-Atlantique – Réveillon végétarien du Nouvel An – 31 décembre 2010 Paris – Repas végéta*ien – 29 décembre 2010 Charleville-Mézières – Stand d’Information AVF + restauration végétarienne – 19 décembre 2010 Metz – Manifestation Stop au carnage de Noël ! – 18 décembre 2010 Nantes – Animation « Douceurs végétariennes pour Noël » à la Biocoop – 18 décembre 2010 La Réunion – 1er pique-nique végétarien – 12 décembre 2010 Tours – Stand contre le foie gras – 11 décembre 2010 Paris – Stand contre le foie gras – 11 décembre 2010 Toulouse – Stand dans le cadre de la JIDA – 11 décembre 2010 Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 11 décembre 2010 Nantes – Conférence « Peut-on être gourmand et préserver son capital santé ? » - 11 décembre 2010 Paris – Conférence-cocktail HEC – 9 décembre 2010 Paris – Atelier cuisine & buffet-projection – 7 décembre 2010 Tours – Stand contre le foie gras – 4 décembre 2010 Paris – Soirée restaurant – 3 décembre 2010 Lyon – Atelier culinaire – 30 novembre 2010 Paris – Stand AVF au Paris Vegan Day – 28 novembre 2010 Grenoble – Sortie resto – 27 novembre 2010 Orléans – Repas végétalien – 27 novembre 2010 Loire-Atlantique – Conférence dans un collège – 26 novembre 2010 Lyon – Rencontre autour d’un verre – 24 novembre 2010 Tours – Atelier de cuisine végétarienne – 20 novembre 2010 Lyon – Resto : repas végétalien japonais – 19 novembre 2010 Rennes – L’AVF sur les salons Viv’Expo – 19 novembre 2010 Rennes – 2 conférences sur le végétarisme à Viv’Expo – 19, 20 et 21 novembre Nantes – Conférence dans une maison de quartier – 10 novembre 2010 Charleville-Mézières – Action pour le foie gras végétal – 5 novembre 2010 Les délégués, correspondants et bénévoles de l’AVF s’engag ent au quotidien, ils participent à des conférences, organisent des repas de découverte du végétarisme, tiennent des stands, montrent, discutent, argumentent… Rejoignez-les ! Alternatives végétariennes N° 103 | 33 SOCIÉTÉ Chroniques végétariennes D Par Gabriel « Bradbury » Bertaud, auteur du « Végétarien sans peine » (éd. Presses du Châtelet, 2003) ’abord le Vegan Day, ou la journée végane en français. Je me réjouis de participer à cette manifestation qui tombe cette année le jour de mon anniversaire. J’y emmène mon fils Diego, un garçon de 14 ans qui achète, dès que j’ai le dos tourné, des nuggets de poulet avec son argent de poche. Je ne sais pourquoi d’ailleurs il accepte de m’accompagner. À notre arrivée, nous sommes pris dans un flot de jeunes anglicisants : sûrement un ou même deux Eurostar débarquent d’un seul coup dans la Bellevilloise. Portés par la vague, nous nous égaillons dans les différentes parties du bâtiment déjà au bord de la saturation à 11 heures du matin. J’ai besoin d’un café et me dirige vers le bar. Une jeune femme me tend d’une main tremblante mon expresso. Je lui demande si elle n’est pas trop débordée par l’affluence. Elle me répond que pour l’instant ça va et elle ajoute en jetant des coups d’œil autour d’elle : « Mais moi, je ne fais pas partie de la journée végane, je suis la seule employée de la Bellevilloise aujourd’hui. J’avais une petite faim tout à l’heure et j’ai commencé à manger. Un reste de dinde à la rémoise. J’étais là, tranquille avec ma petite assiette derrière le bar, quand un monsieur est venu me dire qu’il n’était pas très approprié de manger de la viande pendant la journée végane. Ou alors pas de manière ostensible. » Ce devait être un Anglais, lui répondis-je. Et elle versa un peu de lait de soja dans mon café. (Quand les producteurs de lait de soja vont-ils s’attaquer au marché des cafés et débits de boissons ?). Je songe encore au récit de cette minoritaire omnivore, qui se cache sous son bar pour finir sa dinde à la rémoise quand mon fils débarque, les yeux rivés sur son Blackberry, et me dit : « On bouge, papa ? ». Nous voilà au sous-sol, où bruissent un million d’associations. Je cherche le stand de l’AVF et demande Françoise, que personne ne semble connaître. De la part de Gabriel Bertaud, suis-je tenté d’ajouter pour tester ma popularité. Bide, moment de solitude. Les jeunes femmes ne connaissent pas plus Françoise que Gabriel Bertaud. Elles sont souriantes mais restent sur leur quant-à-soi. Les hô- 34 | Alternatives végétariennes N° 103 tesses de l’AVF établissent une distance toute anglo-saxonne avec leur interlocuteur. Je décide d’aller faire un tour sur le stand des amis des dauphins où de jeunes gens au look très inspiré par les bûcherons canadiens me comblent de matériels de promotion, affiches, porte-clés. Diego, toujours dans son téléphone, m’informe qu’il a faim. J’avise un stand qui propose des crêpes, sans lait d’animal évidemment. Surprise… Diego trouve la crêpe à son goût, alors qu’il ne goûte pas particulièrement mes crêpes au lait de soja. Et puis arrive le période des fêtes, toujours un peu pénible pour les végétariens. Le paquet cadeau de mon employeur : deux bouteilles de vin et une boîte de foie gras. Problème d’éthique végétarienne : que faire de ces deux boîtes de pâté ? (je dis « pâté » exprès, comme pour mépriser ce mets gastronomique) Les jeter ? Les donner ? Les vendre ? Refuser le cadeau de fin d’année et faire la morale à la directrice ? La dernière solution me semble théoriquement la plus valable. Je n’aurais dû prendre que la partie vinicole du cadeau. Mais j’ai emporté le sac et regardé ensuite ce qu’il y avait dedans. Difficile de revenir avec la boîte de pâté en disant : « Gardez votre concentré de souffrance animale... ». Le soir même, à la radio, des animateurs d’une grande station culpabilisaient sur leur penchant pour le foie gras. C’est la première fois que j’entendais des journalistes connus admettre que ce n’était pas bien. D’habitude, on avait droit à un discours du genre : « Assez de ce politiquement correct, de cette sensiblerie occidentalo-centriste, etc. », même Alain Duhamel culpabilisait en direct. Un autre signe, me dis-je avant 2011, l’année du Chat qui se profile, favorable aux arts et à la justice… À peine remis de ces épreuves, je tombe nez à nez avec l’inquiétante affiche d’un magazine d’informations culturelles, un crâne SOCIÉTÉ humain affublé de cornes : les Inrockuptibles (n° 789) font leur couverture avec le slogan suivant « Manger de la viande tue ». Alors là, je n’en reviens pas. Le livre de Jonathan Safran Foer : « Faut-il manger des animaux ? » - pourquoi FAUDRAIT-IL ? - est à l’honneur et l’auteur déclare être végétarien. Et là, je me souviens que Françoise, membre du comité éditorial de la revue, m’a demandé d’écrire un article sur le comingout végétarien. Eh bien, en voilà une méthode pour faire connaître votre nouvelle inclination : écrivez un livre sur l’industrie agro-alimentaire et faites-vous interviewer par un magazine qui a fait sa une avec votre œuvre. Puis offrez le fanzine à votre mère en disant qu’on parle de vous. C’est un peu long, mais c’est un moyen imparable. Si vous n’avez pas le temps d’écrire un bestseller, voici quelques petits trucs utiles. 1. Annoncez toujours votre nouvelle orientation avant le repas. N’ajoutez pas au trauma de l’annonce l’injure de refuser les plats. Si vous attendez le repas de famille autour du rôti de bœuf dans le filet à 50 euros le kilo, acheté chez l’artisan boucher qui a collé sur l’étiquette la photo de l’animal dans un paysage champêtre, vous risquez des réflexions du genre : « À ce prix-là, il fait son difficile. On s’est saigné aux quatre veines pour lui donner le meilleur et voilà comment on est remercié ». Il est normal que des métaphores sanglantes apparaissent dans ces moments-là, ne paniquez pas. Il est préférable de négocier avant, à moins que vous ayez besoin de la scène familiale pour donner du poids à votre déclaration. En dehors d’un contexte familial, préférez toujours négocier avec le cuisinier ou la cuisinière, plutôt que de ne rien manger avant le dessert (une pomme). Mais précisez bien ce que vous mangez et ne mangez pas. Si vous dites simplement je suis végétarien, vous risquez de vous retrouver face à un poisson grillé. 2. Il est recommandé d’apporter un plat cuisiné par vos soins. C’est ce que je n’ai pas fait au repas de fin d’année de la structure qui m’accueille comme stagiaire (oui, je fais encore des études). Je n’ai donc pas mangé grand-chose (à part des biscuits apéritifs) au cours de cette réunion fort sympathique au demeurant. Comme c’était un buffet, je me suis dit que personne ne verrait rien. Au moment de partir, je souhaite à tout le monde une bonne fin d’année. Et patatras, ma responsable de stage me dit : « Ah c’est dommage que tu n’aies rien mangé... ». Et là, plutôt que de dire qu’en fait je suis végétarien depuis 17 ans, j’ai préféré dire : « J’ai une sinusite ». Ce qui m’amène à un troisième conseil : 3. Choisissez le moment pour faire votre annonce. Il est préférable de disposer de temps pour répondre aux questions de vos congénères, d’accueillir leurs remarques, leurs critiques, leurs élans de sympathie (« Nous, à la maison, on mange beaucoup moins de viande »). Essayez d’être en forme à ce moment-là, de ne pas être ravagé par un virus. Oui, les végétariens tombent aussi malades et parfois même, ils meurent. 4. Pour les premières fois, ne vous laissez pas entraîner dans des discussions trop abstraites. Ne vous placez pas d’emblée dans la sphère éthique. Choisissez plutôt des arguments de type écologique du genre : « Si les Américains mangeaient un plat de viande en moins par semaine, cela reviendrait en terme de pollution à supprimer six millions de voitures sur la route » (argument cité par Safran Foer dans son interview aux Inrockuptibles). Ou piochez dans les avantages en matière de santé : le lien avéré entre la consommation de viande et le cancer du côlon. Ça fait toujours son effet, le mot côlon. 5. Essayez tout de même de savoir quoi répondre à la question : « Pourquoi êtesvous végétarien » ? Même par une boutade si vous n’êtes pas encore sûr des raisons profondes. Au moment où j’écris ces lignes, l’année du Chat approche. Année favorable aux arts et à la justice. Si un nouveau bouddha appelait à lui les animaux, aurions-nous le même bestiaire et dans le même ordre ? La dernière fois, le chien a fait n’importe quoi et s’est fait devancer par le serpent. Et le cheval, comment le buffle a-t-il pu le doubler ? Le coq a déclaré que cela n’avait aucune importance ce classement, c’est vraiment une manie qu’ont les Chinois de tout hiérarchiser, les animaux, les universités... L’important, c’est d’être dans les douze premiers... Ah, le coq est tellement fier et compétitif !!! Y aurait-il de nouvelles créatures ? Des moutons clonés, des poissons transparents, des dinosaures réanimés... Le rat laissera-t-il le tigre gagner cette fois-ci ? Le rat encore monté sur le dos du tigre demandera au félin de l’aide pour traverser la rivière. Le tigre, gardant un mauvais souvenir de leur précédente collaboration, répondra par un grognement peu engageant. Mais le rat, pour l’amadouer, lui tiendra à peu près ce discours : « Une fois arrivés sur l’autre rive, je te laisserai partir et arriver premier à l’ap- pel du bouddha ; promis-juré, cette fois-ci tu gagneras, le tigre. Je ne te fausserai pas compagnie et tu répondras en vainqueur à l’appel de notre vénéré maître ». Si le rat est capable de changer, alors peut-être que l’humain aussi, y compris dans ses habitudes millénaires d’alimentation. Je ne sais pas qui est le bouddha cette foisci, (il s’agirait peut-être de Ryan Lemasson, 28 ans, qui appelle à lui les animaux dans la région de Châteauroux), mais espérons pour les deux mille cinq cent prochaines années un meilleur sort pour les animaux et pour nous, pauvres humains, qui oublions un peu trop souvent que nous pouvons nous réincarner en bêtes à burger, en cochon d’élevage ou en poules en cage... Alternatives végétariennes N° 103 | 35 SOCIÉTÉ Ma fille ne veut plus manger de viande « Bonjour. Ma fille de 10 ans ne veut plus manger de viande. Elle me demande d’intervenir auprès de la cantine de son école. Je ne veux pas aller contre son choix, mais nous sommes dans un petit village avec des a priori. Peut-on l’obliger à manger tout de même de la viande ? Merci de m’éclairer sur ce sujet... » Catherine Bonjour Catherine ! Avoir le choix d'un repas végétarien dans les cantines des écoles reste encore un problème à l'heure actuelle, même si les consciences évoluent de plus en plus dans ce sens. Cela est déjà une bonne chose que vous soyez d'accord avec le choix de votre fille. Elle se sent soutenue et comprise par vous, et ce soutien est certainement indispensable pour elle. Vous lui avez peut-être demandé ce qui l'incitait à faire ce choix. Les enfants et adolescents sont souvent très sensibles à la souffrance animale. Votre fille a peut-être pris conscience de la réalité de la condition animale dans les élevages industriels. Parfois, il suffit d'une jolie fable sur le lien émouvant qui unit l'homme à l'animal pour qu'un enfant décide de faire ce choix. L'important est que votre fille sache que vous pouvez comprendre le fait qu'elle soit sensible au bien-être des animaux, si telle est sa motivation qui l'amène à ne plus vouloir manger de viande. Normalement, personne ne peut obliger un enfant à manger un plat qui le rebute. Cela peut créer par la suite de véritables blocages émotionnels, avec le risque parfois de périodes d'anorexie et/ou de boulimie. Je pense que les responsables des cantines scolaires peuvent tout à fait comprendre cela. Et ce discours sensé vous aiderait à mieux argumenter le choix de votre fille qui vous demande d'intervenir auprès de la cantine de son école. Sachez aussi que de plus en plus de personnes sont d'accord avec le fait de ne pas manger de viande tous les jours (voire de ne plus en manger du tout), même si elles ne 36 | Alternatives végétariennes N° 103 vous le disent pas, et même si elles habitent un petit village. Vous pouvez très bien rencontrer un responsable de cantine scolaire approuvant le choix de votre fille. Mais, si cela n'est pas le cas, n'hésitez-pas à ce moment-là à utiliser une argumentation scientifique concernant la viande industrielle qui contient de nombreux antibiotiques, pesticides et polluants de toutes sortes. Même si les cantines scolaires s'orientent de plus en plus vers l'achat d'aliments venant de l'agriculture biologique, elles ne le font que ponctuellement (la viande bio étant assez onéreuse). Donc, personne ne peut réfuter le choix de votre fille si vous vous basez sur cette argumentation. L'important est avant tout d'expliquer au responsable de la cantine de votre fille que les protéines végétales existent, et qu'elles sont de meilleure qualité que les protéines animales (puisque la viande contient des graisses saturées, du cholestérol provoquant à long terme cancers et maladies cardio-vasculaires). Il est donc tout à fait normal que vous pensiez à la santé de votre fille. Les cuisiniers des cantines ne sont malheureusement pas encore bien informés du contenu d'un plat végétarien, et ne savent pas toujours cuisiner les légumineuses, le tofu ou le seitan. Mais, ne vous découragezpas. Il existe de nombreux livres sur la cuisine végétarienne. Vous pouvez également trouver des recettes sur notre site, des tableaux nutritionnels, des kits du végétarien débutant. Alors, pourquoi ne feriez-vous pas la démarche de donner une recette végétarienne savoureuse ou un document sur l'alimentation végétarienne au responsable de la cantine de votre fille ? Cela serait une belle façon de faire tomber les a priori, et de montrer que l'alimentation végétarienne est colorée, qualitative (surtout si elle est bio) et onctueuse pour les papilles gustatives ! Nous vous encourageons à être patiente, persévérante et habile pour que votre fille puisse accéder à son souhait. Et qui sait ! D’autres enfants pourraient également ressentir le besoin de suivre l’exemple de votre fille et de s’alimenter d’une façon plus respectueuse de l’environnement, de la santé et des animaux. Sachez que toute l’équipe de l’AVF est de tout cœur avec vous, Catherine. Et nous tenons à votre disposition des documents montrant de façon claire qu’une bonne alimentation végétarienne est un choix judicieux : « Position des diététiciens nordaméricains », « Des médecins pour le végétarisme », « Enfants végétariens », etc. LECTURES ET CRITIQUES Les animaux du troisième millénaire auront-ils des droits ? Par Karine MazoyerPar Quel doit être ici et maintenant le contenu de notre assiette pour nourrir neuf milliards d’individus dans quarante ans tout en préservant la planète ? Avons-nous le droit de continuer à manger les animaux ? Les êtres vivants sensibles non-humains ont-ils eux aussi le droit de vivre et de ne pas souffrir ? Les questions d’éthique environnementale et de solidarité internationale croisent celles de l’éthique animale en ce début d’année 2011 qui marque peut-être un tournant décisif dans la prise de conscience de l’ensemble des effets de nos habitudes alimentaires. INRA : l’homme devra modifier son alimentation « Pour préserver la planète, l’homme devra modifier son alimentation » titrait un récent article du Monde.fr. Des recherches menées depuis 2006 à L’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) aboutissent à la conclusion – présentée le 12 janvier 2011 dans le rapport ‘Agrimonde’ – que « Les pays riches devront mettre moins de viande dans leur assiette et en finir avec le gâchis pour nourrir neuf milliards d’individus en 2050, tout en préservant les ressources de la planète. »1 Comme le développement durable ne permet pas l’incroyable gaspillage de ressources qu’implique l’alimentation carnée, le rapport préconise que la part des calories végétales atteigne 2 500 kilocalories sur les 3 000 journaliers. Si l’article n’aborde pas le problème de la légitimité de la consommation de viande du point de vue de la condition animale, le dernier livre de l’Américain Jonathan Safran Foer a permis une médiatisation sans pré- cédent du débat moral portant sur le traitement infligé aux créatures industrielles qui servent de nourriture à une partie de l’humanité. Certaines librairies mettent d’ailleurs en ce moment l’éthique animale au premier plan de leurs rayons. À côté du livre vedette Faut-il manger les animaux ? (déjà best-seller aux USA, en Italie et en Allemagne), les parutions ou rééditions d’ouvrages abondent sur la question animale2. « Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas » Faut-il lire « Faut-il manger les animaux ? »3 ? Impérieusement et incontournablement si l’on en croit les critiques littéraires qui affluent ces dernières semaines. Celle du Monde.fr nous apprend que l’auteur n’a pas hésité à visiter les abattoirs et les fermes d’élevage intensif pour mener à bien un « impressionnant travail d’enquête et de réflexion » qui ne « prétend pas faire autorité sur la question mais seulement rendre visible et presque palpable le drame de la ‘chair torturée’ ». 4 Cet essai d’un genre « hybride » qui mêle enquêtes, souvenirs autobiographiques et réflexions philosophiques – dont celle qui a amené l’écrivain au végétarisme – n’est pas pour autant un réquisitoire militant, comme il l’explique dans les nombreuses interviews qu’il a accordées aux journalistes. Sur Le Point.fr, on nous précise que « la réflexion de Foer n’est pas radicale. Il ne considère pas que les animaux aient des droits sur les hommes, mais que l’homme a des devoirs envers eux. Non pas le devoir de ne pas les manger (il reconnaît le poids ancestral qui fait que, dans toutes les cultures, l’homme est un loup pour l’animal), mais de les traiter de façon digne à tous les stades qui précèdent l’ingestion de leur chair : reproduction, élevage, abattage. Il maintient la différence symbolique instaurée par toutes les religions : “ Même si nous sommes comme eux, ils ne sont pas nous. ” » Michel Schneider termine néanmoins sa critique par cet avertissement au lecteur : « Après avoir lu son réquisitoire, mangeurs de viande, vous n’êtes pas obligés de plaider coupable. Mais, en mangeant du fried chicken au fast-food du coin, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. »5 Tandis que la version française de Eating animals envahissait les librairies, la une de l’hebdomadaire Les inrockuptibles du 12 janvier 2011 affirmait effrontément : « Manger de la viande tue ». Un titre choc qui, associé à l’image d’un crâne mi-bovin mi-humain (un crâne humain orné de cornes) récapitule à la fois l’interview du romancier américain et celui de Marie-Monique Robin, l’auteur du Monde selon Monsanto6, réalisé à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Notre poison quotidien7 : deux auteurs qui dénoncent avec vigueur les méthodes de propagande utilisées par les lobbies des fermes industrielles pour nous faire avaler coûte que coûte leur « production animale » et les mensonges qui nécessairement l’accompagnent. Marie-Monique Robin explique : « Quand vous entendez sur France Inter une campagne parrainée par un ministère qui dit qu’il faut boire et manger trois produits laitiers par jour, c’est qu’il y a un énorme lobbying de l’industrie laitière derrière. ». Il est grand temps, poursuit-elle, que les consommateurs « se réapproprient leur assiette » afin de « court-circuiter la grande distribution ». Elle souhaite notamment attirer l’attention sur le lien qui a été mis en évidence entre viandes rouges et cancer – en particulier du côlon – qui est « clairement une maladie chronique liée aux pays développés »8. Elle rappelle que les taux de cancer en Europe ont augmenté de 35 % chez les hommes et de 43 % chez les femmes en vingt ans. Alternatives végétariennes N° 103 | 37 LECTURES ET CRITIQUES Comme pour le tabac… Dans le second entretien retranscrit sur le site web des Inrocks, Jonat h a n S a f ra n Foer s’indigne de son côté du fait que le paquet de viande ne soit pas soumis aux mêmes règles d’étiquetage que le paquet de cigarettes. Le consommateur de tabac connaît aujourd’hui la composition du produit qu’il achète et est avisé du fait que la cigarette tue. Pourquoi l’acheteur de viande n’est-il pas lui aussi informé des conséquences de sa pratique de consommation sur l’environnement et sa santé ? L’écrivain soutient qu’il devrait y avoir sur tout produit carné « une étiquette disant que manger de la viande issue d’animaux élevés en ferme industrielle est la première cause de pollution de l’eau et de l’air, du réchauffement climatique, que cela rend nos antibiotiques moins efficaces (car les animaux en sont bourrés) et que manger de la viande provoque les causes de mort les plus courantes (cancer, crise cardiaque...) »9 Or, bien loin d’avoir accès à cette information, l’acheteur trouve bien souvent au contraire sur l’emballage du produit une image trompeuse d’animaux de ferme heureux vivant en liberté. Le jeune romancier se montre néanmoins optimiste quant à l’évolution des tendances alimentaires aux États-Unis : « Dans les collèges américains aujourd’hui, il y a plus de végétariens que de catholiques, c’est devenu un vrai phénomène politique. Quand ces 18 % de végétariens vont devenir actifs, vont devenir les journalistes ou les politiciens de demain, le point de vue sur la question de la viande va complètement changer. Il y a dix ans, quand vous disiez à des amis que vous étiez végétarien, ils vous en demandaient la raison. Aujourd’hui, plus de problème. Dans dix ans, la question sera : “ Pourquoi mangez-vous de Sources : 1 Lemonde.fr, rubrique « Planète », « Pour préserver la planète, l’homme devra modifier son alimentation », AFP du 12.01.11 à 12 h 46, mis à jour le 27.01.11 à 14 h 03. http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/01/12/pour-preserver-la-planetel-homme-devra-modifier-son-alimentation_1464462_3244.html 2 La librairie Gibert-Joseph boulevard SaintMichel expose notamment en janvier-février 2011 une importante sélection de livres sur le thème « Homme-Animal ». 3 Le livre de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? vient de paraître aux éditions de L’Olivier le 6 janvier 2011. 4 Le Monde des livres, « «Faut-il man- 38| Alternatives végétariennes N° 103 la viande tout le temps ? ”. La consommation de la viande va évoluer comme celle du tabac aujourd’hui : légale mais régulée. »10 Se faire invisible ou rétorquer : dilemme ! Lorsque l’hebdomadaire interroge l’écrivain sur la façon dont les lobbies ont réagi à la sortie de son livre, il explique que son éditeur et lui s’étaient préparés à des attaques qui curieusement n’ont pas eu lieu bien que l’ouvrage se soit déjà vendu à plus de 300 000 exemplaires. « S’ils n’ont pas contesté, est-ce parce qu’ils ne veulent pas poursuivre la discussion ? Ils savent que plus on en parle, plus les gens vont se mettre à penser à la question de la viande. Qu’est-ce qu’un commerce basé sur le fait que les gens ne doivent pas penser ? »11. Chez nous en « Qu’est-ce qu’un France, la racocommerce basé leuse couverture sur le fait des Inrockuptibles et l’accueil réservé que les gens au livre de Jonane doivent pas than Safran Foer penser ?» ont déjà alarmé la filière viande au point qu’elle a pris ce lundi 24 janvier la décision d’en appeler au gouvernement pour défendre le « modèle alimentaire français ». Il faut dire que le magazine n’a pas lésiné sur les moyens de promouvoir son numéro en diffusant notamment une vidéo (en ligne sur Dailymotion) qui montre le placardage de l’imposante affiche « Manger de la viande tue » sous les yeux des fonctionnaires de police et des passants et notamment devant le ministère de l’Agriculture. Face à cette incrimination publique, le SNIV et le SNCP (Syndicat National de l’Industrie de la Viande et Syndicat National du Commerce du Porc) ont réagi et écrit à Nicolas Sarkozy pour réclamer son soutien dans une lettre ouverte dont sont extraites ces quelques lignes : « (…) Car supprimer la viande, c’est supprimer l’élevage, c’est supprimer le débouché de nos céréales, c’est rayer l’agriculture et l’agro-alimentaire de la carte hexagonale, c’est perdre nos standards de qualité, nos produits, notre modèle alimentaire… et avec, plusieurs ger les animaux ?», de Jonathan Safran Foer : on achève bien les animaux », 06.01.11 à 11 h 00, mis à jour le 06.01.11 à 17 h 40. http://www.lemonde.fr/livres/ article/2011/01/06/faut-il-mangerles-animaux-de-jonathan-safran-foer_1461622_3260.html 5 Le Point.fr, « La façon de traiter les animaux que nous mangeons dégrade notre être moral », publié le 05/01/2011 à 21 h 03 – Modifié le 06/01/2011 à 12 h 19. http://www.lepoint.fr/culture/ la-facon-de-traiter-les-animaux-quenous-mangeons-degrade-notre-etremoral-05-01-2011-1282484_3.php 6 Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto, La Découverte, Paris, 2008, (le film documentaire est disponible en DVD). millions d’emplois directs et indirects. Monsieur le Président, si « Manger tue »…, cela aide néanmoins à vivre plus longtemps ! Et si la presse et les médias ne le disent plus, il faut bien que quelqu’un le rappelle. »12 Interrogé au sujet de ce « modèle alimentaire français » revendiqué par la filière viande, Fabrice Nicolino, l’auteur de « Bidoche »13, s’exprimait en ces termes, vendredi 28 janvier 2011, dans un chat organisé par Le Monde.fr : « C’est une pure propagande commerciale et industrielle. Il faut faire croire qu’il existe un modèle français raisonnable, gastronomique, pour maintenir « Il y a une les parts de marché de concurrence l’industrie française tragique de la viande ». Il rap- entre pelait que « le modèle l’obligation de alimentaire occidental et donc français basé nourrir les sur une forte consom- humains et mation de viande n’est l’envie de pas un modèle géné- nourrir les ralisable », précisant animaux » qu’« il faut des quantités phénoménales de végétaux pour nourrir les animaux qui vont ensuite nous nourrir » et qu’« en Europe et en France donc, 60 % des surfaces agricoles sont déjà utilisées pour les animaux. Soit sous la forme de pâturage soit sous la forme de céréales pour les alimenter ». Le journaliste concluait : « Il y a de fait et de plus en plus une concurrence tragique entre l’obligation de nourrir les humains et l’envie de nourrir les animaux pour permettre à la fraction riche de l’humanité de consommer de la viande. On devra peutêtre choisir entre nourrir les hommes ou les animaux. »14 7 Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, La Découverte, en librairie le 10 mars. 8 Interview de M-M. Robin dans Les inrocks.com, « Notre poison quotidien » : il y a un « ‘lien entre viande rouge et cancer’ », 15/01/2011. http://www.lesinrocks.com/ actualite/actu-article/t/57616/date/201101-15/article/notre-poison-quotidien-il-y-aun-lien-entre-viande-rouge-et-cancer 9 Les inrocks.com, « Faut-il-manger les-animaux ? », entretien avec Jonathan Safran Foer », 18 janvier 2011 http:// www.lesinrocks.com/actualite/actuarticle/t/57745/date/2011-01-18/article/ faut-il-manger-les-animaux-entretienavec-jonathan-safran-foer 10 Ibid., p. 2 11 Ibid., p. 3 12 La lettre est téléchargeable sur http:// www.web-agri.fr/actualite-elevage/politique-syndicalisme/article-magez-viandetue-1145-68172.html 13 Fabrice Nicolino, Bidoche : L’industrie de la viande menace le monde, Éditions Les liens qui libèrent, Paris, 2009. Le livre est désormais disponible en format poche chez Actes Sud, Collection Babel, Paris, 2010 14 On peut lire l’intégralité du débat du vendredi 28 janvier 2011 avec Fabrice Nicolino « Faut-il renoncer à la viande ? » sur lemonde.fr, rubrique « société », http:// www.lemonde.fr/societe/chat/2011/01/27/ faut-il-renoncer-a-la-viande_1471114_3224. html JURIDIQUE Chat piégé, piégeur condamné ! Par Hélène Thouy – Avocate au barreau de Bordeaux U Chronique du Palais n homme peu pacifique avait disposé dans son jardin un piège à mâchoires aussi appelé piège à loup. Le malheureux chat du voisin eut la malencontreuse idée de faire fi des limites de propriété, bien mal lui en prit… Le piège se ferma sur la patte du chat, l’immobilisant complètement. Alerté par ses miaulements désespérés, son maître vint le délivrer. Cependant, le piège créa des blessures profondes sur la patte et nécessita l’intervention du vétérinaire. Exaspéré et scandalisé par la répétition des comportements agressifs de son voisin envers les animaux, le propriétaire du chat a cette fois décidé de déposer plainte. Le parquet y a donné suite, et le piégeur a été convoqué devant le tribunal de police. Il était poursuivi des chefs de « mort ou blessures involontaires causées à animal domestique, apprivoisé ou captif », faits prévus et réprimés par l’article R 653-1 du code pénal. Cet article dispose que : « le fait par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements, d’occasionner la mort ou la blessure d’un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 3e classe ». Il doit déjà être noté que le fondement de la poursuite est contestable et en tout cas propre à banaliser de tels agissements. En effet, le caractère « involontaire » des faits est retenu et ce alors que l’objectif d’un tel piège est de blesser. Le piégeur a donc implicitement la volonté de blesser l’animal. Lors de l’audience, il a été mis en avant que ce piège était interdit en France depuis le 1er janvier 1995. En effet, le règlement communautaire n° 3254/91 du 4 novembre 1991, entré en vigueur en France le 1er janvier 1995, interdit l’utilisation de pièges à mâchoires sur le territoire de la Communauté européenne. Aux termes de ce règlement, le piège à mâchoires est défini comme « un dispositif destiné à entraver ou capturer un animal à l’aide de mâchoires qui se referment étroitement sur un ou plusieurs membres de l’animal, empêchant ainsi le ou les membres en question d’échapper au piège ». Le piégeur s’est alors défendu en soutenant qu’il ne souhaitait pas blesser le chat mais qu’il avait disposé le piège pour capturer des souris et rats. Cette défense n’est cependant pas admissible et témoigne d’une incompréhension complète de la protection animale. En effet, si un tel piège a été interdit c’est en raison des blessures profondes et très douloureuses qu’il engendrait pour l’animal, des dents de fer très pointues se refermant sur les membres de l’animal. Un tel piège a été considéré comme cruel et donc interdit. Si le piège est cruel pour le chat, il l’est tout autant pour la souris, le rat ou n’importe quel autre animal. Une telle défense conduit une fois encore à nier tout droit à l’animal même en tant qu’être sensible, notion qui devrait pourtant lui assurer une protection minimale. Le piégeur a été condamné sur le plan pénal à une amende de… 68 €… là où, s’il avait été poursuivi pour le chef d’actes de cruauté envers animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité, il encourrait jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 €€d’amende ! Sur le plan civil, il a été condamné à verser au propriétaire du chat la somme de 100 € au titre du préjudice moral et au remboursement des frais de vétérinaire. Il a également été condamné à verser 50 €€à chacune des deux associations de protection animale qui s’étaient constituées partie civile. Le propriétaire du chat a alors décidé de relever appel. La Cour, saisie uniquement de l’action civile puisque le parquet n’a pas fait appel, a confirmé le jugement. Elle a seulement alloué en plus une somme de 200 €€au titre des frais de procédure. Ces décisions sont significatives de la place extrêmement marginale qu’occupe la protection animale dans le droit et devant les tribunaux. Les atteintes à l’intégrité de l’animal étant tellement banalisées voire encouragées, en cas de poursuites contre leurs auteurs, les tribunaux sont naturellement enclins à une certaine tolérance et à bien moins de sévérité à leur égard qu’ils ne le seraient à l’égard d’auteurs d’atteinte aux biens ! Faut-il en conclure qu’un vol d’autoradio est plus grave que la violence infligée à un animal ? Il y a donc lieu de faire entrer la protection animale dans les palais de justice et de lutter par là-même contre l’ironie qu’elle engendre. Oui, l’animal a des droits et il a aussi des avocats ! Alternatives végétariennes N° 103 | 39 SLAM Bah on mange quoi alors ? Par Veganesh - www.veganesh.com J’y vais, j’étale les potentiels du végétal… Tu t’goures mais… j’te demande peu d’effort mais… ne pas déformer, juste t’informer : Qu’on me prenne pour un alien certes, mais j’reste heureux cette reu’cette végétalienne de pâte à l’italienne, sauce napolitaine pour t’rassurer : Des pâtes mais pas d’steak ! Juste un bout d’pastèque… Du riz mais pas d’rillettes ! Tranches de cake à la courgette… Des pâtes mais pas d’jambon ! Quelques bons plats du Japon… Du riz mais pas d’terrines ! Sauf aux champignons avec des noisettes… Des pâtes mais pas d’pâté ! Ou alors au shitaké peut-être… Des pâtes ou des patates et des bonnes ratat’ouilles, non, rate pas ta tambouille ! Des pâtes mais pas d’andouilles ! Enfin ouais quoi, juste des nouilles… Du riz mais au curry parfumé de fenouil (d’accord j’ai dit une couille, mais c’est pour la rime) Alors plus d’spaghettis, mais du riz m’mijoté aux amandes, du basmati avec une touche de gingembre… Si t’as la dalle, passe une commande ! Le dhal indien est fatal à la coriandre, et si « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » manger « indien vaut mieux que de tuer le rat »… Trop fou de tofou tout frit à la Téfal ! T’offre la truffe et l’tartare d’algues ! Croque à pleine dent, pas d’amalgames, Fruits, légumes et céréales, la gamme végétale est si large, ça surprend : Tapenade à la câpre sur ma pizza sicilienne sans anchois. Regard hagard, pas de hasard, la cuisine végétalienne c’est mon choix, et c’est pas sur la 3 qu’on parle de l’agar-agar… J’veux plus d’plats barbares ! L’astuce, si t’as c’truc, sans blagues : Oublie ton kebab ! Abracadabra ! Baiser du bout des doigts… Non, j’te parle pas de baiser le chien chinois ! Mais de braiser le chou chinois, à la sauce ail-shoyu…I show you ! Je te montre la sauce…non ! 40| Alternatives végétariennes N° 103 Pas la saucisse, ou bien je fais une diérèse à ton « mais », pour te parler du maïs et si t’es un mec si sain, y a le guacamole mexicain, caray ! et ma miss en raffole, non oublie la saucisse hein sauf si c’est du seitan, c’est ten’tant avec du cumin. J’aime les blondes, les vertes et les rouquines, corail ! J’te parle pas de filles mais de lentilles, pas de cul, tu m’embêtes assez, j’ai pas encore mentionné toutes les cucurbitacées… J’suis pas à court d’idées, par milliers, les galettes de millet, le kacha, le soja, j’adore ça, je vais pas t’humilier si tu connais pas, quinoa, tapioca, polenta. On aime même les nems, ça va de soi, y a qu’à voir le caviar d’aubergine, un couscous aux légumes sous le tajine, ou ose du houmous avec du tahine, Sésame ouvre ces âmes et si t’as pas bonne mine, action ! Gère la germination : J’te refile l’alternative de l’haltérophile, active les enzymes, harmonie digestive. L’aubaine de ces graines, de l’alfalfa à l’omégaga, des noix jusqu’au quinoa… Si j’ai cru au cuit, je crie au recrue du cru ce que j’écris au creux d’un écrin : « L’eusses-tu cru ? » Excuse cette pub pas marrante, j’ai tant d’recettes avec de l’amarante, des galettes avec ou sans raisins, j’ai en tête un dessert assez sain ou une galette au sarrasin, mais j’arrête avant que ce soit rasant, si l’appétit est grand, ma faim sera fine, si l’art de Séraphine se raffine, si elle est morte de faim comme tant d’enfants à présent, fais pas mine, dans ton sandwich sur ta tartine, pour que nos plaisirs évoluent un brin, plus d’inertie, j’te dis merci de manger en aimant, plus conscient et cohérent, La cuisine végétale est bien plus qu’un truc « in » C’est, tu le devines, un respect du vivant et du sensible… Porter la vie FAMILLE Par Laure Gall (et Jessica Da Costa, Princess Superstar, A.J Jeanne) Pour la naissance de la rubrique famille, nous mettons à l’honneur ces quelques mots qui changent tout. L’AVF a notamment recueilli le témoignage de Jessica, une future maman végétalienne qui tient un journal de sa grossesse. Une autre future maman, la chanteuse new-yorkaise Princess Superstar a par ailleurs accepté de nous faire quelques confidences... Témoignage : une petite cacahuète Juillet 2008 : Après avoir été plus ou moins végétarienne depuis plusieurs années, je commence à avoir de plus en plus de mal à faire des concessions sur les produits animaux. Plus je me pose de questions, plus je trouve de raisons de m’en passer, la question de la souffrance animale et les arguments écologiques arrivant en tête de liste. Puis, après mûre réflexion, je me décide à tenter l’expérience végétalienne. Très hésitante au début, du fait que ce mode d’alimentation est très controversé, je m’informe (notamment grâce au site de l’AVF), je tiens bon et finis par constater qu’aucune carence ne vient me décourager. Mon conjoint, non végétarien, accepte sans trop de difficulté mon nouveau mode de vie et apprécie ma nouvelle façon de cuisiner, ce qui m’aide beaucoup. Petit à petit, je reprends un peu confiance en une humanité pour laquelle j’avais finalement assez peu d’estime et d’espoir, si bien qu’au fil du temps, l’idée d’avoir un enfant (ce dont il n’était pas question avant) commence à germer. Août 2010 : Ouf, je suis végétalienne depuis maintenant plus de deux ans. Je dis « ouf » parce que je ne suis toujours pas atteinte d’une fonte musculaire due à la grave carence protéique que l’ont m’avait annoncée. Non, toujours pas de carences, plus de traces de mon cholestérol récurrent, plus d’asthme... Je suis même, à mon insu, en train de fabriquer un corps de plus. Septembre-octobre 2010 : Je me retrouve, pendant une bonne paire de minutes, bouche bée devant mon test de grossesse. À partir de là, tout s’enchaîne : l’incrédulité, l’émerveillement, l’émouvante annonce à l’heureux papa, une échographie lors de laquelle on me confirme la présence d’une petite cacahuète d’un mois dont le cœur bat déjà, les nausées et les premières inquiétudes quant à la réaction du corps médical face à mon mode de vie. Les résultats du premier bilan sanguin sont formels : je vais bigrement bien, gonflée à bloc. De toute façon, mon médecin traitant n’est plus à convaincre, sachant comment je gère mon alimentation, elle a confiance. À ma grande surprise, elle semble même approuver les vitamines prénatales vegan commandées par Internet que je prends déjà depuis 6 mois, soucieuse de voir si elles étaient fiables (et, manifestement, elles le sont). Mais vient l’épreuve du gynécologue, qui ne me connaît pas encore... Je passe mes nerfs sur les dépliants présents dans la salle d’attente. J’en lis un sur l’alimentation de la femme enceinte, où il y a un encadré spécial expliquant que les femmes végétaliennes mettent en danger leur grossesse. C’est mal parti ! Quand le gynécologue m’explique tout ce qu’il faut que j’évite comme aliments lors de ma grossesse (je ne suis pas immunisée contre la toxoplasmose), je ne cesse de dire « pas de problème, je n’en mange pas, sauf les légumes crus ». Puis, je finis par lâcher le morceau : « je suis végétalienne ». En face, aucune réaction ne se fait sentir ! Je suis la plus surprise des deux. À l’examen, tout semble se passer comme sur des roulettes, bébé est bien installé et sa maman est en pleine forme. En ce qui concerne l’entourage familial (non végétarien dans sa totalité), la nouvelle est accueillie avec joie. Aucune méfiance concernant mon mode de vie n’est exprimée. Cela fait deux ans qu’ils constatent que je suis en bonne santé, j’imagine que ce fait a pesé dans la balance. Les seules questions que l’on nous pose est s’il sera végétarien ou non. Pour l’instant, mon conjoint et moi semblons d’accord sur le fait que ce sera à l’enfant de choisir, lorsqu’il aura l’âge de comprendre d’où viennent les produits animaux. De toute façon, la base de l’alimentation familiale est nettement végétale et nous en sommes tous deux satisfaits, nous souhaitons transmettre ces bonnes habitudes. S’ensuivent deux mois éprouvants, entre somnolence, nausées pas matinales du tout, mais plutôt permanentes, et brûlures d’estomac... Le futur papa doit se résoudre à ne plus faire cuire de viande à la maison, sous peine de crises de larmes, tellement l’odeur me donne des spasmes à l’estomac. L’échographie du premier trimestre révèle à nos humides yeux ébahis un petit bout de chou, cette fois bien plus proche du look bébé que du look cacahuète. Le petit court déjà le marathon dans mon ventre, tout se passe bien, rien d’anormal à signaler. Comme quoi, il a bien su trouver ses protéines. On ne trouve toujours pas de carences dans mes prises de sang, excepté un taux de ferritine un peu bas, mais dans les normales. Qu’à cela ne tienne, il y a des compléments de fer végétaliens ! Novembre-décembre 2010 : Le quatrième mois arrive. Qu’il est beau, le deuxième Alternatives végétariennes N° 103 | 41 espa bre ve FAMILLE trimestre de la grossesse ! Mon ventre s’arrondit encore plus vite, les nausées et la fatigue intense sont oubliées et j’ai un sacré regain d’énergie. J’entends çà et là des histoires de végétariennes ou végétaliennes qui ont repris une alimentation carnée pendant leur grossesse, soit par inquiétude pour leur bébé, soit parce que l’envie de viande était trop forte. D’ailleurs, les gens attendent, en vain, ma première envie de viande. Malheureusement, je ne fais de carnages que dans les étals d’avocats et je ne produis que des cadavres de boîtes de levure de bière vides. La quinzième semaine de ma grossesse est marquée par un sacré évènement : fini le papillon dans le ventre, c’est un vrai coup que mon petit mammifère vient de me donner ! Depuis lors, il ne cesse de montrer sa vitalité, ce qui me rassure, bien évidemment, mais me réveille aussi la nuit... Le papa peut enfin sentir nettement les coups, on voit même mon ventre se soulever. Même un innocent médecin a pris un bon gros coup en palpant mon ventre. Mes analyses de sang ne révèlent toujours rien d’anormal, au contraire, tout se passe bien, malgré la fatigue du travail. Je n’ai pas pris beaucoup de poids : entre trois et quatre kilos et je n’ai grossi que du ventre. Je n’ai vraiment pas à me plaindre pour l’instant ! Est-ce dû au régime végétalien ? Je ne pourrais pas le dire car je n’ai jamais mené de grossesse non végétarienne, mais en tous cas, je peux affirmer que je me porte bien et mon bébé aussi. Bien, sûr, le reste de ma grossesse est encore en point d’interrogation, comme toute grossesse, mais je n’ai aucune raison de m’inquiéter pour le moment. J’apprends même avec un grand soulagement que la maternité où je vais accoucher, en plus d’être conforme à nos souhaits en ce qui concerne l’accouchement, offre la possibilité d’avoir des repas végétaliens si j’en informe le responsable à l’avance. Encore une fois, je suis surprise de voir que les mentalités évoluent dans le milieu médical : nous ne sommes plus systématiquement regardés comme de dangereux inconscients. Je poursuis donc mon chemin avec mon petit bidon qui gigote et ne vois vraiment aucune raison de changer mon mode de vie, bien au contraire. Jessica Jessica tient à remercier l’APSARES pour son aide précieuse et invite à les soutenir... People Prévu pour le 22 avril, son bébé a déjà animé le Paris Vegan Day (in utero) ! Princess Superstar est une MC new-yorkaise, vegan et militante, elle a donné un concert à l’occasion du Paris Vegan Day en novembre dernier. Elle nous parle de sa grossesse : - Garçon, fille, surprise ou non communiqué ? Ce sera une surprise, c’est très palpitant ainsi ! - Avez-vous eu des envies bizarres ? Avez-vous des aliments de prédilection maintenant que vous êtes enceinte ? J’ai des envies de viande comme jamais ! C’est dur, donc j’ai augmenté mes doses de fer et je mange beaucoup de simili carne et de saucisses vegan, tout ce que je peux trouver. Mais j’ai également des envies de pamplemousse. Je pourrais manger 4 pamplemousses par jour !! Dieu merci j’ai au moins une envie saine ! - Est-ce que le futur papa est végétalien ou végétarien et vous soutient-il pour votre grossesse vegan ? Il est végétarien et me soutient à fond. Il me prépare des plats tout le temps. J’ai beaucoup de chance. - Est-ce que votre bébé sera élevé de manière vegan ? Il sera au moins végétarien, c’est sûr. J’aimerais l’élever vegan mais je ne veux pas non plus être trop dogmatique, je verrai quels aliments s’accordent ou non avec lui ou elle. Et puis, je laisserai le bébé faire ses propres choix à un certain âge. Je pense que c’est très important sinon vous créez une situation où l’enfant se rebelle et devient un mangeur de viande enragé juste pour affirmer son identité. - Est-ce que vos familles et amis vous soutiennent ? Avez-vous dû essuyer des critiques ou répondre à des inquiétudes ? Heureusement, je m’entoure d’autres végétaliens et végétariens et il n’y a eu aucune inquiétude ou critique. J’ai une pleine confiance en ma capacité à me fier à mon corps et à mes choix. - Avez-vous ressenti de la pression de la part des professionnels de la santé ou étaient-ils plutôt bien renseignés et avaient une bonne compréhension de ce qu’est une alimentation vegan ? Vivre à New York a été une bénédiction sur beaucoup de plans, j’ai trouvé des médecins très ouverts. En plus, je vais accoucher à la maison et j’ai choisi une sage-femme qui est branchée santé et me soutient totalement en ce qui concerne mon alimentation. Princess Superstar - Janvier 2011 D’autres futures mamans… L’actrice vegan Alicia Silverstone et son mari Christopher Jarecki attendent leur premier enfant. Convaincue des bienfaits d’un mode de vie vegan, c’est un départ dans la vie sans cruauté (et dans la lumière médiatique !) qui s’annonce pour ce bébé. Sur le blog www.thekindlife.com Alicia dispense des conseils aux futures mamans (catégorie « pregnancy »). Nathalie Portman, végétarienne de longue date qui serait devenue végétalienne en lisant le livre de Jonathan Foer « Faut-il manger les animaux ? » devrait de son côté accoucher cet été. Alanis Morissette, la célèbre chanteuse vegan a quant à elle enfanté... le jour de Noël ! FAMILLE Shopping En attendant bébé Pour lutter contre les vergetures, de nombreuses huiles naturelles sont efficaces comme l’avocat, le jojoba, le beurre de cacao ou de karité mais vous pouvez utiliser des produits tout prêts comme l’huile de massage vergetures de Weleda. Une huile de massage du périnée Weleda est aussi disponible afin d’éviter les déchirements. La valise de maternité version vegan En plus des petits vêtements que vous pourrez trouver sans grande difficulté en version bio pour les mamans écolos et d’un petit cahier en papier recyclé pour noter vos souvenirs mais aussi l’heure des tétées, le sein qui a été pris, le nombre de couches et le poids, vous pourriez vouloir emmener quelques produits sans cruauté... Allaitement et lait infantile Entre nous, le meilleur anti-crevasses naturel, bon pour bébé et vegan, c’est votre propre lait ! À la fin de chaque tétée, enduisez vos mamelons du lait gras de fin de tétée et laissez sécher, cela les protégera. Mais n’oubliez pas que la cause majeure des crevasses est un mauvais positionnement de bébé au sein, ainsi que le réflexe, parfois encouragé par les infirmières de dégager le nez de bébé avec le doigt pendant la tétée. Le nez de bébé est adapté et permet normalement le passage de l’air sur les côtés. Les crèmes du commerce sont à base de lano- line purifiée, voire de vaseline comme la crème « Castor equi » dont le principe actif est issu du cheval (plus précisément de la « châtaigne du cheval », de la corne produite sur certains de ses membres). Si vous tenez à acheter un produit, le soin pour mamelons de Féminaissance (www.bivea.com) est bio et convient aux vegans. Il semble par ailleurs que La Vea Olio de Vea à base de vitamine E ne soit pas testée sur les animaux. Prévoyez un biberon sans BPA et un lait infantile avec lequel vous vous sentez à l’aise au cas où vous ne souhaitiez pas allaiter ou qu’un problème majeur survienne, sinon il vous faudra accepter ceux de la maternité... Depuis l’arrêt de la fabrication de la Farley formula de Heinz, il n’existe plus de lait infantile totalement vegan. Le meilleur compromis serait le Modilac expert riz 1 (s’il est indiqué comme étant 100 % végétal tous les ingrédients et les vitamines ne sont pas forcément vegan). Pensez aussi à prendre le numéro de la Leche League (01 39 584 584 pour trouver une animatrice de permanence) pour parer à d’éventuels soucis avec l’allaitement (les professionnels peuvent parfois vous donner de mauvais conseils). Toilette de bébé Quelques produits intéressants : le Bain shampoing Bébé de Douce Nature, le Bain moussant bébé Bio d’Eco cosmetics (approuvé par la Vegan Society, à commander sur www.mondebio.com ou www.naturalforme.fr), Cosmousse bébé de Coslys. Le change Pour protéger les fesses de bébé, le liniment est une option efficace et naturelle, on peut le préparer soi-même à partir de chaux et d’huile d’olive bio. Le lait maternel a également le pouvoir d’apaiser les rougeurs. En crème toute prête, nous vous conseillons la crème pour le change Baby & Kids Argousier et Grenade d’Eco cosmetics ainsi que les lingettes biodégradables de Planet Kid ou de Douce Nature. Question couches, il peut être pratique le temps du séjour à la maternité d’opter pour des jetables écologiques. À côté des traditionnelles Moltex, on peut citer les Attitude ( à commander sur www.bebe-au-naturel.com ) qui ne contiennent pas de substances animales. Des suppléments ? L’indispensable B12 S’il est une vitamine sur laquelle il ne faut pas faire l’impasse pendant la grossesse et l’allaitement, c’est bien la vitamine B12. Il n’est pas certain que bébé puisse accéder aux stocks de sa mère1, un apport régulier est donc important par le biais d’aliments enrichis ou pour plus de tranquillité par un supplément.2 De nombreuses marques vegan sont disponibles, on peut en trouver sur internet (par exemple chez www.unmondevegan.net) ou même en pharmacie (ampoules Delagrange ou Gerda). L’acide folique contre la spina bifida L’alimentation végétarienne est riche en folates et c’est un avantage de taille ! La prise d’acide folique les 12 premières semaines préviendrait en effet les risques de spina bifida. Vous pouvez envisager de prendre un complément pour plus de sécurité. La dose généralement recommandée est de 0,4 mg. Des vitamines prénatales pour plus de tranquillité Très répandues outre-Atlantique, il s’agit d’un « multivitamines » conçu spécifiquement pour les femmes enceintes. Plusieurs marques vegan et végétariennes existent. Un bon prénatal contient notamment de la vitamine D, de l’iode et du zinc. Attention cependant à ne pas les prendre sur un estomac vide surtout en cas de nausées ! Le goût n’est pas toujours au rendez-vous.... Les marques vegan se trouvent facilement sur des sites comme www.veganessentials.com (US) ou en Europe depuis de nombreux sites anglais (comme www.veganstore.co.uk). En Europe, on trouve par exemple la marque DEVA. De la DHA ? Obtenir ses omégas 3 n’est pas très compliqué mais des compléments de DHA à base d’algues existent. Vegan et moins à même d’être contaminés par du mercure que des compléments à base de poissons, ils peuvent se commander sur Internet depuis des sites anglais ou américains. Quelques marques : Deva, V-pure, Pure One, Nutru... Certaines vitamines prénatales vegan comme Country Life incluent de la DHA. toujours très végétarienne ! Une arrivée pas 3 La vitamine K1 orale donnée aux bébés dès la naissance en prévention de la maladie hémorragique du nouveau-né n’est pas végétarienne, ses excipients contiennent en effet de l’acide glycocholique d’origine bovine. Vous avez tout à fait le droit de refuser la vitamine K pour votre bébé mais comme pour tous les soins à la naissance, il vous faudra être vigilant si vous vous y opposez car ces gestes sont faits de manière automatique, tout du moins en milieu hospitalier. Les risques d’hémorragie sont augmentés par la prématurité, les césariennes et l’utilisation de forceps. Notes: 1 Specker BL Black A Allen L Morrow F (1990) Vitamin B12: low milk concentrations are related to low serum concentrations in vegetarian women and to methylmalonic aciduria in their infants Am J Clin Nutr 52 1073-1076 2 Feeding your vegan infant with confidence de Sandra Hood, p.17-19 3 Vitamine K1 Roche solution buvable et injectable Alternatives végétariennes N° 103 | 43 FAMILLE Le côté zen des grossesses Un peu de lecture - De moindres risques d’intoxication alimentaire : les aliments concernés étant principalement la viande, les œufs et certains produits laitiers. Si l’on n’est pas immunisée contre la toxoplasmose, il convient cependant de faire attention à bien laver les légumes crus et les salades. - Pas de poisson = moins de mercure, nul besoin de s’interroger sur les espèces les plus à risque. Honneur aux sushis végétariens ! - Moins de pesticides. Les fœtus et les enfants en bas âge sont plus sensibles que les adultes aux polluants et aux pesticides. Les produits animaux concentrent ces derniers. - Des taux de pré-éclampsie plus faibles chez les végétaliennes d’après l’étude « The Farm »1 Note 1 Carter JP, Furman T, Hutcheson HR. Preeclampsia and reproductive performance in a community of vegans. Southern Med J 1987;80:692-697. Nous n’avons pas connaissance d’un guide français de qualité sur la grossesse végétarienne et végétalienne mais des ouvrages existent notamment en anglais et sont faciles à commander depuis la France. Les futures mamans végétariennes peuvent éprouver des difficultés à obtenir des conseils adéquats, un guide spécifique est donc un compagnon agréable. En français : l’AVF met à disposition sur son site un document informatif sur la grossesse végétalienne : http://www.vegetarisme.fr/_pdfs/ BrochureGrossesseVegetalienne.pdf (avec d’autres documents sur http://www.vegetarisme.fr/ressources.php?content=ressources_telechargements) la position de l’ADA en français consultable depuis le site de l’Apsares http://www.alimentation-responsable.com/ En anglais : Feeding your vegan infant with confidence de Sandra Hood (un guide clair à commander absolument si vous comprenez l’anglais). Pregnancy, Children and the Vegan Diet par le Dr. Michael Klaper Vegetarian and Vegan Mother and Baby Guide par Rose Elliot, (disponible auprès de Viva!) Quelques sites : avis.free.fr, www.bebevege.info, www.veganfamilies. eu, www.pcrm.org, www.vegansociety.com , www.vegfamily.com Des livres pour ne pas penser trop tard… Par Francine Delerue Bon appétit Monsieur Renard Auteur : Claude Boujon Édition : École des Loisirs À partir de 4/5 ans et… sans limite. Rentré bredouille et affamé, Monsieur Renard découvre avec résignation puis étonnement et plaisir le goût d’une compote de pommes. On assiste à l’évolution du mode alimentaire de ce carnivore : à la première page, il se régale de la chair d’autres animaux ; à la dernière, il prépare avec gourmandise une purée de pommes. Entre les deux, se déroulent des scènes de chasse infructueuse où les animaux que notre renard consomme habituellement se dérobent les uns après les autres en le couvrant de ridicule ; même ses vantardises ne sont pas prises au sérieux ! Sur les conseils d’un asticot compatissant à qui il laisse la vie sauve, il découvre le goût des pommes et leurs avantages : elles tombent sans qu’on ait besoin de les chasser et permettent, de plus, de préparer des plats savoureux. Certes, Monsieur Renard se tourne vers les fruits plus par paresse que par respect pour les autres animaux mais, dans cet album, le lien est établi entre la consommation 44| Alternatives végétariennes N° 103 de viande et l’animal vivant ; c’est même le point de départ de l’intrigue. Les enfants se réjouissent des rodomontades puis des mésaventures du chasseur ; ils s’identifient aux proies vulnérables mais futées puis accordent volontiers leur sympathie à Monsieur Renard lorsque ses choix alimentaires le rendent inoffensif. « Bon appétit Monsieur Lapin », du même auteur, explorait les différents modes alimentaires ; ici, on envisage la possibilité de changer. La grande évasion des cochons Auteur : Linda Moller Éditions RAGEOT romans Écarté d’un élevage porcin en raison de sa frêle constitution, Petit Lard, treizième porcelet d’une portée, se voit cédé pour amuser le fils d’un voisin. De projet de jambon sur pattes, il devient donc peluche vivante, mais insatisfaisante car le garçon rêvait plutôt d’un vélo de course ! Isolé de sa famille, notre héros s’ennuie et s’échappe pour retourner à la ferme dans son enclos mais le chat l’en dissuade en lui apprenant le sort promis aux douze autres porcelets. Il prend alors part à une véritable mutinerie puis se retrouve à la tête d’une cavale pleine d’espoirs et de déceptions, riche en rencontres bonnes et mauvaises. Dans ce roman, on reconnaît la filière de la viande avec son aspect économique, son mépris de la sensibilité et des besoins de l’animal. Le lien entre l’animal bien vivant et la consommation de sa chair par les humains est également bien souligné, notamment lors des échanges entre le chat et Petit Lard. L’évasion connaît une fin heureuse puisque nos rescapés trouvent refuge, par hasard, sur les terres d’un couple de végétariens… Cet ouvrage s’adresse aux enfants maîtrisant bien la lecture, à partir de 8 ans. Le texte est bien aéré par de nombreux dessins qui font sourire le lecteur, établissent avec lui une espèce de complicité et l’engagent à poursuivre sa lecture. Tom et l’oiseau Auteur : Patrick LENZ Éditions Sarbacane Dans la vie de Tom, les adultes sont présents mais évoluent à grande distance du monde de cet enfant et de ses besoins affectifs. Lorsqu’il découvre dans le regard d’un oiseau en cage l’écho de sa propre tristesse, un sourire apparaît sur son visage : il découvre l’espoir d’une amitié. Après avoir tenté par FAMILLE tous les moyens possibles de rendre la captivité « aimable » à l’oiseau, Tom, sans l’aide d’un adulte, sait dépasser le plaisir égoïste de possession et reconnaître, respecter le besoin de liberté de l’animal. En souvenir de cette amitié, l’enfant garde une plume laissée par l’oiseau. Chaque nuit, il le rejoint en rêve et s’envole sur son dos pour de merveilleux voyages. Par l’utilisation de plans variés (du grand angle au zoom), cette bande dessinée sans texte nous place au niveau de l’enfant, le situe dans son environnement puis nous fait partager ses émotions et celles de l’oiseau. La communication enfant/animal est à l’honneur et surtout la prise en compte du point de vue de l’animal. Quel beau geste d’amour de la part de cet humain qui semble en recevoir si peu ! Par Nicole Paumerie Le vampire végétarien Auteur : Carlo Frabetti Illustrations de Miguel Navia Éditions Anna Chanel, collection Fantastik 1ère série, 2010 Prix : 9,80 € Âge conseillé : à partir de 9 ans. Du nouveau chez les vampires ? Cela semble peu probable au milieu du flot sanglant que la littérature jeunesse déverse depuis plusieurs mois dans les rayons de nos librairies. Pourtant, ce « vampire végétarien » mérite tout de même notre attention, car il n’est vraiment pas ordinaire. Lucie et Thomas sont amis d’enfance et habitent dans le même immeuble. Ils se retrouvent souvent après l’école pour échanger leurs impressions sur les autres locataires. Il y a Rosie, la concierge joviale et sympathique, la belle Camille qui paraît sortir tout droit d’un conte de fées, et l’horrible Monsieur Lucarda au long nez pointu, au regard inquiétant, et dont le nom est l’anagramme de Dracula. Il n’en faudra pas plus aux enfants pour mener l’enquête et s’apercevoir que les apparences sont parfois on ne peut plus trompeuses. Voici un petit roman très sympathique qui joue à nous faire peur sans trop nous tourmenter, grâce à la logique imparable de sa jeune héroïne qui la pousse à remettre en question les évidences. Mais on peut aimer raisonner sans tout prendre au sérieux ! L’humour est là pour dédramatiser les situations les plus angoissantes et joue allègrement avec les clichés du genre. Les trouvailles originales n’en sont que plus efficaces. On se laisse berner par de fausses preuves que l’on prend plaisir à déjouer. Et bien sûr, le meilleur pour la faim (si !) : la recette du sang végétal au jus de tomate et au soja. Si ça se trouve, ça marche aussi pour les humains qui, comme Monsieur Lucarda, pensent que « On ne choisit pas ce que l’on est, mais on peut choisir ce que l’on fait ». Bien plus malin que les vampires de Twilight qui, pour épargner les humains n’ont pas eu de meilleure idée que de s’en prendre aux animaux ! L’homme et l’animal Auteurs : Brigitte Labbé et Pierre-François DupontBeurrier Illustrations de Jacques Azam Editeur : Milan Jeunesse, collection Les goûters philo (2007) Prix : 7,50 € Milan a été un des premiers éditeurs à proposer des livres d’initiation à la philosophie pour les enfants avec sa collection « Les goûters philos ». Son principe est d’inviter les enfants à la discussion, tout en leur apprenant à écouter et à respecter les idées des autres, autour de sujet liés à la vie de tous les jours, habituellement à la source de la plupart de leurs questions. Celle des rapports entres les hommes et les animaux est traitée dans cet ouvrage en une quarantaine de pages organisées autour de grands thèmes tels que la liberté, la sensibilité, le droit des animaux ou l’observation de leurs comportements. Chacun d’eux est amené par une petite histoire ou anecdote qui le rattache, en termes simples, au quotidien et à des expériences probablement déjà vécues par le lecteur. Par exemple, la petite Jeanne s’étonne de voir son papa manger des escargots au restaurant alors qu’il vient de lui interdire de lancer des escargots dans le lac pendant leur dernière promenade. Et si parmi les escargots qu’il mange se trouvait un de ceux qui vivent au bord du lac et dont il voulait sauver la vie ? Le texte donne des informations et ouvre des pistes de réflexions, mais laisse à chacun la possibilité de construire sa propre opinion. Sa vertu essentielle est de permettre au lecteur de s’interroger au-delà de ses habitudes et d’exercer son sens critique. Cela peut bien sûr déboucher sur des décisions qui vont à l’encontre de pratiques couramment admises, mais en accord avec des convictions profondes qui peuvent déjà se manifester dès le plus jeune âge. Car, comme l’écrivent les auteurs : « L’homme et l’animal ont des comportements qui se ressemblent, ils sont capables de bouger, de partir, de fuir, ils sont des sensations, de chaud, de froid, de faim, de soif, ils ressentent du plaisir et de la douleur, ce sont des êtres vivants qui souffrent et cherchent à éviter la souffrance. L’animal et l’homme sont des êtres vraiment très proches. » Alors, comment dès lors considérer les animaux comme de simples biens de consommation ? DE LA FORÊT À LA FOURCHETTE ! La demande croissante en viande, aliments fourragers et agrocarburants en Europe exerce une pression de plus en plus forte sur l’Amazonie et le Cerrado, au Brésil, comme le révèle un nouveau rapport des Amis de la Terre Europe. Le rapport « De la forêt à la fourchette » utilise les données les plus récentes pour montrer que l’Union européenne : • est le 4e importateur mondial de viande du Brésil avec 250 000 tonnes de bœuf importées en 2009 ; • achète environ un tiers de la récolte de soja du Brésil ; • est le premier importateur mondial d’éthanol brésilien, issu de la canne à sucre. L’association souligne que ce phénomène pourrait s’accentuer d’ici à 2020 : la production de soja pourrait augmenter de 5 millions d’hectares et la surface consacrée à l’élevage et à la culture de canne à sucre, de 25 % pour la même période. Pour Adrian Bebb, chargé de campagne Agriculture et Alimentation au sein des Amis de la Terre Europe : « Les consommateurs européens peuvent jouer un rôle pour réduire la pression sur l’Amazonie et le Cerrado en limitant leur consommation de viande mais nous avons besoin que les gouvernements mettent en place des politiques pour aider les agriculteurs à réduire les importations de tourteaux de soja pour le bétail, ou encore pour stopper l’utilisation d’agrocarburants ». Source : http://www.amisdelaterre.org/-Ce-que-nous-voulons-pour-les-Rapport [en anglais uniquement] : http://www.foe.co.uk/resource/reports/from_forest_to_fork.pdf BRÈVES LE COCHON SE RECONNAIT DANS LE MIROIR... COMME NOUS! On savait le porc malin, mais en prouvant qu’il sait identifier son reflet, des chercheurs de l’Université de Cambridge viennent de démontrer qu’il a conscience de sa propre existence. Il rejoint ainsi les rares animaux qui en sont capables – dont le chimpanzé, le dauphin ou la pie – et l’homme, bien sûr, avec qui il partage de nombreuses similitudes anatomiques. L’étude, dirigée par Donald Broom, de l’Université de Cambridge, a d’abord consisté à confronter les suidés pendant cinq heures, par groupes de deux, à leur image reflétée dans un miroir. Dans un premier temps, ils ont cru être face à un congénère, l’un d’eux a même chargé son reflet ! Mais là où un gorille ou un chat aurait continué à prendre ce reflet pour un intrus, nos cochons ont progressivement fait de petits mouvements, découvrant que c’était bien d’eux qu’il s’agissait – une prise de conscience qui n’intervient chez l’être humain qu’entre 12 et 18 mois. Lors de la deuxième étape de l’étude – qu’un enfant de 3 ans peinerait à réussir – les bêtes ont été confrontées au reflet d’une mangeoire. Ayant préalablement pu se familiariser avec le miroir, elles ne sont pas tombées dans le panneau : il leur a fallu moins de 30 secondes pour découvrir la supercherie et se diriger vers la vraie mangeoire. En revanche, les cochons qui n’ont pas été préparés à cette épreuve l’ont manquée. Preuve qu’ils sont capables d’évaluer une situation et d’adapter leur comportement. Cette surprenante étude va dans le sens de recherches précédemment effectuées à l’Université d’État de Pennsylvanie. Les cochons avaient cette fois été placés devant un... jeu vidéo ! Manette en bouche, ils se sont immédiatement familiarisés avec cet univers virtuel, où on leur demandait de diriger une balle sur la partie bleue de l’écran en échange d’une récompense comestible. À ce petit jeu, certains chimpanzés ont été plus longs à la détente, alors qu’il a fallu un an d’apprentissage à un chien accompagné d’un dresseur! Cette intelligence se remarque également dans la manière de vivre de l’animal. En dépit de l’image de saleté qui lui est ordinairement associée, cet animal très sociable délimite deux espaces distincts dans son enclos : d’un côté les « toilettes », de l’autre la salle à manger ! Les similitudes entre le cochon, domestiqué il y a près de 10 000 ans, et l’homme sont troublantes. Une truie peut être mère porteuse d’un embryon humain le temps d’une opération chirurgicale, comme cela a été le cas au Canada ! Selon l’historien français Michel Pastoureau, spécialiste des couleurs, des symboles et des animaux, auteur de « Le cochon – Histoire d’un cousin mal aimé » (Découvertes Gallimard, 2009), le mélange d’attirance et de répugnance que nous portons au cochon vient du fait que nous sommes « très proches, certainement trop ». Source : article résumé à partir de l’original sur http://www.lematin.ch/tendances/evasion/cochon-reconnait-miroir-240712 (Frédéric Rein - le 20 février 2010) DIXIT Quand avez-vous commencé à vous interroger sur la viande ? « Je me suis toujours senti concerné mais, comme la plupart des gens, davantage comme spectateur que comme participant. Je ne suis ni meilleur ni pire que les autres. Je me sens concerné aussi par les guerres mais la question de la nourriture est différente : c’est quelque chose qui m’oblige à prendre des décisions plusieurs fois par jour. Des choix inévitables. Les gens me demandent souvent pourquoi j’ai écrit un livre au sujet des animaux et pas des génocides par exemple, comme si on ne pouvait pas s’intéresser à plusieurs choses à la fois. Bien sûr que je m’intéresse aussi aux génocides ou à la faim dans le monde mais j’ai écrit ce livre autour des animaux et de l’élevage parce qu’il y a un silence très étrange, insoutenable, qui entoure la question de la viande ». Jonathan Safran Foer, entretien publié dans Les Inrockuptibles n° 789, 12-18 janvier 2011 http://www.lesinrocks.com/, auteur de Faut-il manger les animaux ?, Éditions de l’Olivier (6 janvier 2011). 46 | Alternatives végétariennes N° 103 Alternatives végétariennes N° 103 | 41 BRÈVES DES ÉCOLES PROPOSENT DES REPAS VÉGÉTALIENS… AILLEURS QUE CHEZ NOUS BIS DIX ANS DE VEGGIE PRIDE : LE POINT SUR LA VÉGÉPHOBIE Par l’équipe d’organisation de la Veggie Pride Cette année, nous célébrons les dix ans de la Veggie Pride. Depuis 2001, les personnes qui organisent cette manifestation travaillent pour souligner l’existence en France de la végéphobie, la discrimination à l’encontre des personnes végétariennes et végétaliennes. Si aujourd’hui la société française commence à prendre acte du caractère problématique de la viande, la vie quotidienne des personnes végétariennes ne s’est pas améliorée. Le gouvernement français s’acharne à condamner l’alimentation végétarienne en affirmant qu’elle serait dangereuse pour la santé ou une « pratique à risque de dérive sectaire ». Les hôpitaux, les professionnels de santé, les cantines ignorent encore ce qu’est un repas végétalien équilibré. En famille, à l’école, au travail, ce sont souvent railleries et stigmatisation. En 2010, un parent en instance de divorce a été qualifié de dogmatique par le juge à cause de son alimentation végétalienne. En 2011, un étudiant a dû subir un cours de neuropsychologie où les végétaliens étaient décrits comme des individus hyper-fatigués adeptes de sectes. Les épisodes s’accumulent... Pouvons-nous les considérer comme des éléments d’un système de discrimination ? La végéphobie existe-t-elle réellement ? Nous, organisateurs de la Veggie Pride, pensons que oui. En effet, tous les gestes végétariens ont pour facteur commun le refus de tuer pour se nourrir, et ce fait symbolise clairement le rejet du type de relations que la communauté humaine entretient avec les animaux. Plus les enjeux de pouvoir, économiques, symboliques de ces relations sont importants, plus les personnes qui n’y participent pas sont condamnées ; plus la valeur symbolique de l’alimentation carnée est élevée dans une société, plus les personnes qui la contestent sont perçues comme un corps étranger. Certains végétariens rejettent le concept de végéphobie, en affirmant que le végétarisme, choix conscient et réfléchi contrairement au fait d’être Noir dans un pays de Blancs ou femme dans une société patriarcale, ne peut être une cause de discrimination. Pourtant la différence de traitement des individus selon l’acceptabilité sociale de leurs idées n’a rien de nouveau : jusqu’à récemment, par exemple, il était fréquent en Europe que le recrutement d’un travailleur dépende de ses opinions politiques. Ainsi la végéphobie est-elle une négation de la liberté d’opinion. Elle se rapproche aussi des autres systèmes de discrimination par les effets qu’elle provoque chez ses victimes : la personne végétarienne intériorise souvent la stigmatisation qu’elle subit, voire finit par accepter la différence de traitement qui découle de sa non conformité à la « normalité ». Parce que la végéphobie existe et tend même à croître, nous appelons les végétarien-ne-s et végétalien-ne-s à une mobilisation exceptionnelle pour les dix ans de la Veggie Pride, les samedis 21 mai à Marseille et 11 juin à Paris : ensemble, luttons pour notre droit à exprimer et à pratiquer notre solidarité avec les animaux ! Toutes les infos sur veggiepride.fr. Environ 86 % des écoles élémentaires, primaires et secondaires à Taïwan ont proposé des déjeuners végétariens aux élèves afin de promouvoir des modes de vie sains et d’aider à réduire le réchauffement climatique, c’est ce que révèlent les résultats d’une enquête publiée dimanche par le ministère de l’Éducation. L’enquête, effectuée mi-octobre, montre que 2 328 des 3 517 écoles publiques du pays ont proposé des repas végétariens, 676 écoles offrant une alimentation végétarienne au moins une fois par quinzaine ou une fois par mois. L’enquête a révélé que 46 écoles ont offert des menus végétariens deux fois par semaine, et trois des écoles sondées ont suivi une alimentation végétarienne plus de trois jours par semaine. Les derniers chiffres indiquent que la promotion de repas végétariens a été bien acceptée par rapport à une précédente enquête réalisée en février qui avait montré que seulement 1 201 écoles, soit 34 % du total, offraient des repas végétariens. Lin Tsong-ming, commissaire à l’Éducation, a indiqué que le réchauffement climatique menaçait la survie de l’humanité et que la surconsommation de viande est à l’origine d’importants problèmes de santé chez de nombreuses personnes. Contrairement à ce que pense le public, les légumes sont plus nutritifs pour le corps humain que les produits animaux, a déclaré Lin. Par exemple, dit-il, le tofu séché contient plus de protéines que les crevettes, le contenu en fer des algues est neuf fois supérieur à celui du foie et les graines de sésame noir contiennent 10 fois plus de calcium que le lait de chèvre. Le comté de Yunlin est celui qui compte le plus d’écoles proposant des plats végétariens, ayant démarré la promotion d’une alimentation saine en 2009. Il a reçu un accueil chaleureux et un fort soutien des parents d’élèves. Source : Focus Taiwan News Channel - 7/11/2010 - http://focustaiwan. tw/ShowNews/WebNews_Detail.aspx?Type=aALL&ID=201011070010 Traduction : Pascal Goux Alternatives végétariennes N° 103 | 47 ÉTHIQUE L’amour d’un animal Par Cristi Barbulescu J e prendrai comme exemple le chien parce qu’il est peut-être l’animal que nous connaissions le mieux mais cette petite analyse peut s’appliquer à tous les animaux... Nous sommes tous d’accord qu’un grand amour est un amour capable de dépasser toutes les frontières, qu’elles soient ethniques, sexuelles, sociales, intellectuelles, culturelles, esthétiques. Il est capable non seulement de les dépasser mais de les rendre caduques, insignifiantes. Un grand amour est un amour capable de voir au fond de l’être, au-delà de toutes les apparences, au-delà de la superficialité quotidienne, au-delà des intérêts personnels... C’est ce genre d’amour qui révèle l’être, qui le découvre, à lui et aux autres. Cet amour forme et crée, encourage à exister, dans le vrai sens du terme. Toute personne qui se sentira aimée pour ce qu’elle a au fond d’elle, sera profondément heureuse et fière, d’une fierté modeste. Plus, le rêve de chacun de nous c’est qu’on soit aimés de cette façon-là, au-delà de notre apparence chan- geante et si fragile... Cet amour qui a trait à notre être profond et essentiel est l’amour indispensable que chacun devrait pouvoir vivre au moins une fois dans sa vie. Aimés de cette façon, nous ne nous sentirons jamais ridicules de faire une blague basique, de nous montrer faibles, de découvrir nos défauts, de nous laisser aller, d’être nous-mêmes, sans peur, sans carapace, sans désir de performance, sans envie d’être quelqu’un d’autre, quelqu’un de mieux... car ce genre d’amour nous révèle notre valeur et nous convainc que nous aussi, nous sommes quelqu’un de bien. Nul besoin de vouloir tricher et faire semblant. L’autre nous aime tel que nous sommes au fond... C’est un amour qui libère, comme chaque vrai amour. Cet amour, les hommes sont rarement capables de le ressentir. Cet amour, un chien le ressent peut-être à chaque fois qu’il s’attache à quelqu’un. Le chien ne nous aime pas parce que nous sommes beaux, riches, blancs, cadres supérieurs, etc. mais pour la façon dont nous nous comportons, c’est-à-dire pour notre moi profond. Un chien est capable de dépasser les barrières des apparences pour ne voir que ce qui compte : l’amour qu’il reçoit, et non pas qui le lui offre. Un chien sera trompé, battu, déçu... mais il aimera toujours, souvent prêt à donner sa vie pour la personne qu’il aime. Certains, convaincus de la supériorité et la vérité de l’intellect, diront que les chiens ne pensent pas et qu’ils ne nous aiment que parce que nous leur donnons de la nourriture et un toit. Et qu’un chien pourrait tout aussi bien aimer Hitler que Gandhi ; pour lui, à part la moustache, il n’y aurait aucune différence entre les deux. Vrai, un chien pourrait aimer Hitler. Et il pourrait aussi aimer Gandhi. Preuve, encore une fois, non pas que le chien s’attache à n’importe qui, mais qu’il sait apprécier quand il reçoit quelque chose. De plus, cet argument est sans fondement, car des hommes aussi ont aimé Hitler, ce qui ne prouve pas qu’ils étaient des chiens à ce moment-là... Le fait est que nous ne savons pas pourquoi, au fond, nous, les hommes, nous nous attachons à d’autres hommes. Certes, le caractère, la beauté, le charme, l’honnêteté comptent, mais nous ne tombons pas amoureux de tous ceux qui ont ces qualités. Force est de constater que nous aussi, nous pouvons aimer des criminels comme des héros... Cela ne nous rend pas plus mauvais pour autant. Cela prouve seulement que nous n’aimons pas avec l’intellect. Comme les chiens, donc... Il faut aussi reconnaître que nous préférons les personnes qui sont tendres, justes, solidaires, généreuses... les chiens aussi. La différence est que les chiens ne préfèrent que ces qualités-là, alors que nous, les êtres rationnels tellement prétentieux et imbus de nous-mêmes, nous sommes souvent à la recherche de la superficialité la plus criante (beauté physique, situation financière, célébrité...). À quoi nous sert alors notre « conscience » si, au lieu de nous éclairer l’essentiel, elle nous le masque ? Cet animal qui aime comme peu de gens sont capables de le faire, est souvent abandonné et torturé, malgré tout son amour. Tels sont le prix et la reconnaissance qu’il reçoit en retour de son amour inconditionnel... Comment punir de cette manière un être qui nous aime de tout son cœur et pour la vie ? Ne savons-nous pas reconnaître l’amour alors qu’il nous regarde dans les yeux ? Ne savons-nous pas être reconnaissants pour cet amour qui nous reconnaît comme dignes d’être aimés ? En vérité, le chien se trompe, effectivement... Il se trompe car son amour n’est que rarement apprécié à sa juste valeur. Il se trompe car il aime ceux qui ne méritent pas un tel amour. Il se trompe car il aime ceux qui ne font souvent que profiter de ses sentiments et de son utilité... Pauvres chiens ! L’amour d’un chien est un exemple d’amour. L’amour d’un animal est canonique. Nous, les hommes, qui nous croyons si intelligents, prenons exemple... Entrée gratuitese pour 2 persotinonn sur présenta de cette page 18/21 Alternatives PARC FLORAL DE PARIS MARS 2011 égétariennes REVUE DE L’ASSOCIATION VÉGÉTARIENNE DE FRANCE N° 103 MARS - AVR iL - MA i 2011 - TR i MESTR i EL - 26è ANNEE - i SSN 0295 - 0863 - 4 e Nouveau ! rubrique famille « DE L’UTOPIE À L’ACTION » Conférences, tables rondes, rencontres ◗ DES CLÉS POUR SE LOGER AUTREMENT Vendredi 18 à 14h • Comment réussir son projet d’habitat participatif Vendredi 18 à 16h • Habitat groupé ou partagé, écovillages et écoquartiers : un phénomène de société ? ◗ BOÎTE À OUTILS POUR TRAVAILLER AUTREMENT Vendredi 18 à 14h • Des ressources alternatives pour se lancer Vendredi 18 à 16h • Des réseaux pour coacher vos projets ◗ UNE ÉDUCATION REPENSÉE Samedi 19 à 14h • Un état des lieux du système éducatif français Samedi 19 à 14h • Et si on en finissait avec la violence ordinaire ? 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