Dossier de presse

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Dossier de presse
A ssociation F rançaise des D iététiciens- N utritionnistes
DU JEUDI 26 AU SAMEDI 28 MAI 2011
A GRENOBLE
ALPES CONGRES
DOSSIER DE PRESSE
BV CONSEIL Presse et Relations Publiques
Souade Derbouz – Bernard Vallet
Tél : 01 42 68 83 40 – Fax : 01 42 68 10 55
[email protected] - [email protected]
Sommaire
Edito
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I – Obésité : de la prévention chez l’enfant
aux traitements chirurgicaux chez l’adulte
page 4
II – Restauration scolaire : un enjeu de santé publique
page 7
III – La nutrition en région
page 9
IV – Prise en charge diététique de patients
en réhabilitation de Broncho-Pneumopathies
Chroniques Obstructives (BPCO)
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Edito
Journées d’Etudes 2011 : l’incontournable rassemblement annuel de la nutrition
Les 49èmes Journées d’Etudes de l’Association Française des Diététiciens-Nutritionnistes se
tiendront à Grenoble du jeudi 26 au samedi 28 mai 2011.
Durant trois jours, l’AFDN accueillera des professionnels de santé (diététiciens, médecins
nutritionnistes, …), des ingénieurs de l’agro alimentaire et des étudiants soit plus de 800 visiteurs.
Ce congrès qui explorera les différents aspects de la diététique et de la nutrition, prouve, cette
année encore, tout l’intérêt et l’importance de cette profession car même si aujourd’hui, le lien
entre nutrition et santé n’est plus à démontrer, il reste encore beaucoup de travail en termes de
prévention de l’obésité chez l’enfant que ce soit auprès des pouvoirs publics (les enjeux) ou dans
le cadre de la restauration scolaire (le rôle du diététicien-nutritionniste). En effet, il est de notre
devoir de veiller à la nutrition de nos enfants, c’est aujourd’hui qu’ils doivent apprendre à bien
manger. Une autre approche de l’obésité sera abordée avec la chirurgie bariatrique : réservée aux
adultes, elle permet aux patients de retrouver un poids normal. Cela sera aussi l’occasion de
rappeler les risques encourus lorsque les régimes ne sont ni encadrés ni suivis médicalement.
D’autres thèmes seront traités lors de ces rencontres, notamment les impacts nutritionnels sur les
maladies respiratoires – la prise en charge diététique des patients atteints de BPCO – mais aussi
la nutrition en situations atypiques – Que mange-t-on en haute altitude ? Autant de problématiques
que l’AFDN soulèvera pendant trois jours.
Ainsi, les Journées d’Etudes se placent comme l’un des évènements incontournables de la santé
et promettent une formation de qualité et un échange entre les différents acteurs de la nutrition.
Isabelle Parmentier,
Présidente de l’Association Française des Diététiciens-Nutritionnistes
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I.
Obésité : de la prévention chez l’enfant aux traitements
chirurgicaux chez l’adulte
La chirurgie bariatrique permet d’aider des patients obèses à recouvrer un poids normal. Mais au
prix de complications parfois lourdes. Cette chirurgie, certes efficace n’est pas une approche miracle
et il importe donc de développer la prévention du surpoids et de l’obésité dès le plus jeune âge.
L’obésité est un fléau. Non seulement par sa prévalence, mais parce qu’elle touche des populations de plus
en plus jeunes. En 2003 déjà, l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES) ancêtre de la Haute Autorité de Santé (HAS), tirait la sonnette d’alarme : la proportion des enfants
ème
1
percentile des courbes de corpulence, était passée de 5,1 % en 1980, à 16 % en 2000 .
dépassant le 97
Il existe des disparités régionales, qui reflètent les cartes de la précarité, du chômage et de l’immigration ; en
Ile-de-France, trois enfants sur dix sont obèses ou en surpoids.
Si les chiffres les plus récents (enquête ObEpi ROCHE, conduite
sous l’égide de l’Inserm) suggèrent une stabilisation progressive
du nombre d’enfants et adolescents en surpoids, ils montrent que
2
ce phénomène survient de plus en plus tôt . Le problème de
Que font les pouvoirs publics ?
l’obésité est le suivant : plus elle apparaît précocement dans la vie,
plus elle risque d’être pérenne. Les études révèlent qu’un enfant
arrivant obèse à l’âge adulte, a 80 % de risque de le rester toute
Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, le
problème de l’obésité a été pris à bras le
sa vie. Les mécanismes commencent à en être élucidés, les
corps.
études sur les adipocytes (cellules graisseuses), leur croissance,
leur fonctionnement, se sont multipliées ces dernières années.
En janvier 2006, le gouvernement
Toutes convergent pour dire qu’une fois un surpoids installé, il est
américain a érigé en grande cause
extrêmement difficile de s’en défaire.
nationale, la lutte contre l’obésité. Une
émission « body challenge » incite à se
lancer dans une course à la perte
La prévention avant tout….
pondérale.
De son côté, Tony Blair s’est investi
« Il faut éviter de prendre du poids pour ne pas avoir à en perdre »
personnellement à la même période pour
tel est le message clef de Marie-Dominique Daniel-Lamazière,
promouvoir l’émission « You are what
cadre supérieur de santé à Bordeaux.
you eat ».
Cette prévention commence dès le plus jeune âge, avec la
Faut-il suivre cette voie ?
surveillance des courbes de corpulence par le pédiatre ou le
En France, le CNAO (Collectif National
généraliste et l’orientation, dès qu’une dérive pondérale s’amorce,
des Associations d’Obèses) organisateur
vers des réseaux de prise en charge pluridisciplinaires à l’image
des Réseau pour la Prise en charge et la Prévention de l’Obésité
de la journée européenne de l’obésité
en Pédiatrie (REPOP) qui se sont développés en région
(20-21 mai) regrette la timidité des
parisienne. Au-delà de l’aspect médical, les REPOP offrent un
pouvoirs publics, notamment pour
proscrire la publicité vantant les mérites
soutien psychologique et un accompagnement diététique à ces
enfants ou adolescents parfois « mal dans leur peau ». D’autres
d’aliments très caloriques et à faible
initiatives ont été mises en place régionalement. Ainsi, le Dr
densité nutritionnelle (sodas, pâtisseries,
Dominique Branche, chirurgien viscéral et spécialiste de la
sucreries…).
Reste que la prévention est un art
chirurgie de l’obésité nous informe que dans le Val de Marne, le
difficile : mobiliser sans stigmatiser est
Conseil Général a organisé un dépistage chez les 12-17 ans. Ces
délicat, informer des risques sans induire
derniers, repérés par les enseignants et les professeurs
peur et culpabilité ne l’est pas moins. La
d’éducation physique ont été inclus dans une action visant à les
prévention est indubitablement un art de
remettre au sport et à leur apprendre à mieux manger.
terrain. Généralistes et diététiciens en
sont les acteurs centraux.
1
www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/version_finale__recommandations_obesite_2006_10_25__15_29_37_144.pdf
2
http://www.roche.fr/fmfiles/re7199006/cms2_communiques/AttachedFile_10100.pdf
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Le piège des régimes…
Les régimes, comme l’a rappelé l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (ANSES) sont
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potentiellement dangereux et exposent à des déficiences et à des carences d’apports. « Il n’existe pas un
régime unique qui conviendrait à tout le monde, homme ou femme, enfant ou adulte… » précise MarieDominique Daniel-Lamazière. Les besoins sont différents selon l’âge, la perte de poids escomptée, l’activité
physique et les situations physiologiques. D’où l’importance d’un professionnel pour accompagner les choix
et établir un régime « sur mesure », qui tient compte des habitudes de vie de la personne, de ses principales
erreurs alimentaires et qui, en fonction d’un diagnostic préalable, va fixer des objectifs prioritaires, instaurer
progressivement des correctifs.
Contrairement aux régimes dit « marketing », censés lutter contre des surpoids réels ou imaginaires, cette
approche ne bannit aucun aliment, ne préconise aucune privation drastique mais se fonde seulement sur un
rééquilibrage opportun des apports.
Seconde certitude : un régime seul n’est jamais la solution. Il doit être accompagné d’autres mesures en
particulier le sport. Il nécessite une prise en charge interdisciplinaire dans le cadre d’un projet d’éducation
thérapeutique.
Enfin et surtout, la mode des régimes est une spirale dangereuse dont il faut savoir sortir.
« Combien de gens font des régimes alors qu’ils n’en ont pas besoin » observe la spécialiste. L’idéal : ne
jamais grossir ou encore réagir très rapidement dès qu’une dérive est observée. « Il ne faut pas attendre
d’être obèse pour prendre les choses en mains ».
La place de la chirurgie bariatrique, deux options
Réservée en France aux adultes, elle s’adresse aux obèses chez qui le surpoids entraîne des
conséquences en termes de morbidité et de mortalité, en particulier des troubles métaboliques ou des
affections cardiovasculaires. Les études montrent qu’ « un obèse coûte 26 % de dépenses de santé
supplémentaires à la collectivité » note le Dr Branche.
La technique du ballon, l’approche non agressive
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Elle consiste à insérer un ballon gastrique (300 cm ), rempli d’air ou d’eau. Ce ballon occupe un certain
volume dans l’estomac et limite donc la prise alimentaire.
Efficace (perte moyenne de 15 kg en 6 mois), cette méthode souffre néanmoins de certaines limites :
- sa durée car malgré sa double enveloppe en silicone, le ballon est attaqué par les acides de
l’estomac, il se dégonfle et doit être retiré au bout de 6 ou 7 mois,
- son absence de reconnaissance et de prise en charge par l’assurance maladie.
« La technique du ballon, très prisée aux Etats-Unis, est réservée en France aux cas extrêmes », explique le
Dr Branche. C'est-à-dire soit les très grands obèses chez qui la chirurgie et l’anesthésie générale
représenteraient un risque trop élevé, soit les personnes dont l’excès de poids est trop faible pour justifier
une intervention invasive.
Approche chirurgicale, trois techniques proposées
-
3
L’anneau gastrique est la méthode utilisée le plus couramment en France (environ 80% des
indications chirurgicales) car c’est la seule qui soit réversible (on peut enlever l’anneau), modulable
(on peut gonfler ou dégonfler l’anneau au vu des résultats). Ses complications sont modérées (2%
de morbidité) et son efficacité comparable aux deux autres techniques chirurgicales. Il s’agit d’un
anneau en silicone, installé à la jonction entre l’œsophage et l’estomac. Relié par un tuyau à un
boîtier inséré sous la peau, l’anneau peut être gonflé en fonction de la perte de poids escomptée.
« L’anneau a tendance à se vider. De temps en temps, le radiologue le regonfle » explique le Dr
Branche. Le but de cette méthode : favoriser la satiété en obligeant les patients à manger
doucement et à mâcher longuement. En effet, le resserrement de l’œsophage oblige à avaler de
toutes petites bouchées.
http://www.anses.fr/Documents/NUT2009sa0099.pdf
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La sleeve gastrectomie consiste à retirer les ¾ de l’estomac. Outre la réduction de volume, qui
favorise la satiété et incite à réduire les apports alimentaires, l’opération élimine de nombreuses
cellules pariétales qui sécrètent une hormone, la ghréline, responsable de la sensation de faim. Ses
inconvénients : une morbidité et une mortalité peropératoire non négligeables.
-
Le by pass est réservé aux obésités extrêmes (IMC supérieur à 65). Cette intervention court-circuite
les 9/10e de l'estomac et les premiers 120 cm du grêle c’est-à-dire la partie du système digestif où
se fait le maximum de l'absorption. Elle provoque une perte de poids importante mais entraîne des
déficiences nutritionnelles, des diarrhées récurrentes et peut être à l’origine de complications
majeures.
Diététiciens, professionnels de santé incontournables
Toutes les personnes en surpoids ont, outre leur excès pondéral, des problèmes de déficiences
nutritionnelles. Il est donc essentiel de ne pas considérer la chirurgie comme une intervention « magique »
qui dispenserait d’un nécessaire rééquilibrage de l’alimentation.
Et surtout, ces méthodes quelles qu’elles soient, induisent elles-mêmes des carences.
Le by-pass court-circuite le grêle et donc réduit l’absorption des graisses mais par la même, des
micronutriments véhiculés par ces dernières.
L’anneau rend inconfortable la consommation de certains aliments, notamment les viandes, ou encore les
fruits et légumes filandreux. Il est responsable d’une insuffisance des apports en protéines et de certaines
vitamines.
« Les patients ont besoin d’un check up régulier et d’un suivi pour compenser ces manques » note le Dr
Branche. Le diététicien joue donc un rôle crucial auprès de ces patients.
« A l’hôpital de Marne la Vallée, nous avons passé un accord avec un groupe hôtelier. Le diététicien
organise des ateliers culinaires, adaptés à ces patients (menus basses calories, équilibrés, facile à avaler
4
même avec un anneau….). Les patients cuisinent eux-mêmes et consomment leurs repas… ».
Quelle que soit la technique un suivi multidisciplinaire est nécessaire, c’est le seul garant du succès à moyen
et long terme.
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Communiqué réalisé sur la base d’entretien avec :
● Dr Dominique Branche – Chirurgien viscéral et Spécialiste de la chirurgie de l’obésité –
Hôpital privé de Marne la Vallée
● Marie-Dominique Daniel-Lamazière – Cadre supérieur de santé – Bordeaux
4
http://www.hpmv-obesite.fr/article?id=32
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II. Restauration scolaire : un enjeu de santé publique
Cantine, mais que mangent-ils ?
Un milliard de repas sont servis annuellement dans les cantines scolaires aux quelques six millions
d’élèves qui y sont inscrits.
La qualité nutritionnelle des mets servis en restauration scolaire préoccupe au plus haut point les parents. Et
c’est normal. Plusieurs évolutions, parfois contradictoires, se dessinent.
Une volonté politique….
Depuis l’avis du Conseil National de l’Alimentation (CNA) sur l’éducation alimentaire (avis n°24, 1999 ), les
5
recommandations du GPEMDA en juin 2001, confortées en 2007 par le PNNS, puis englobées en 2010
dans la Loi de Modernisation de l’Agricole et de la Pêche (LMAP, 27 juillet 2010), la nécessité de fournir des
menus équilibrés aux enfants et adolescents est gravée dans le marbre.
Parmi les objectifs nutritionnels fixés à la restauration scolaire, on distingue :
- l’augmentation de la consommation de fruits, légumes et féculents,
- la baisse des apports en lipides et le rééquilibrage en faveur des acides gras bénéfiques,
- la réduction des glucides simples ajoutés (sucre),
- l’augmentation des apports en fer et en calcium.
Pour faciliter la mise en œuvre des ces objectifs, des outils ont été créés :
Un tableau de fréquences de service des plats : le but est d’analyser vingt journées de menus, avec des
fréquences « minimum » pour certains plats déterminants pour atteindre les objectifs de densité
nutritionnelle (fer, calcium…) et des fréquences « maximum » à ne pas dépasser pour les plats trop riches
en graisses et en sucres ajoutés (par exemple les frites et fritures).
Un tableau de grammages : il précise la taille des portions en fonction de l’âge des convives (les repas de
cantine suivent une structure traditionnelle avec cinq composantes : entrée, plat principal, accompagnement,
produit laitier, dessert et pain ; les portions doivent donc être adaptées et peuvent paraître plus modestes
que lors des dîners familiaux où les repas se sont simplifiés et sont souvent « monoplat ».
Des résultats concrets
Cette volonté politique aboutit aujourd’hui à une meilleure qualité des repas, tant sur le plan de l’équilibre
alimentaire que sur le plan sanitaire. « Les industriels, soucieux de conserver leurs parts de marché, ont été
incités à amender la composition de leurs produits, et l’évolution du matériel en cuisine offre des
perspectives culinaires plus avantageuses pour les cuisiniers » constate Danièle Colin.
Dans le même temps et même si le décret visant à rendre obligatoires les recommandations de 2007 n’est
pas encore publié, nombre de collectivités se sont engagées à suivre ces recommandations.
Parents, une mobilisation utile mais paradoxale…
Les familles se sont toujours montrées très attentives à la qualité des menus proposés par les cantines. Un
engagement qui amène certains à participer à des commissions menus, ou à user de leur influence
(fédérations) pour convaincre les municipalités d’aller dans le sens d’un mieux nutritionnel.
Toutefois, certains parents conscients que la qualité des mets dans les cantines s’améliore, vont alors
« relâcher » leur attention à la maison. Ils deviennent très exigeants vis-à-vis de la cantine, parce que
l’alimentation familiale est très simplifiée voire déstructurée. La qualité des repas de cantine ne doit pas
servir de caution à un appauvrissement des repas familiaux.
5
GROUPE PERMANENT D'ÉTUDE DES MARCHÉS DE DENRÉES ALIMENTAIRES. Le GPEMDA est devenu depuis
le Groupe d'Etude des Marchés de Restauration Collective et de Nutrition (GEMRCN). C’est ce dernier qui a émis la
recommandation du 4 mai 2007.
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La cantine un rôle clef, même avec seulement 4 repas par semaine !
Pour de nombreux enfants évoluant au sein de familles qui ont perdu l’héritage culinaire des générations
précédentes, la cantine est le seul lieu où ils se voient proposer un repas complet, équilibré et un certain
nombre de plats, de saveurs, qu’ils n’ont pas l’habitude de consommer. Il ne s’agit donc pas seulement de
« restaurer » des enfants et adolescents, mais également de jouer un rôle éducatif essentiel, en enrichissant
leur environnement culinaire dans la convivialité.
D’un autre côté, le déjeuner pris à la cantine n’est qu’un des quatre repas de la journée, à raison de quatre
jours par semaine, et uniquement en période scolaire. La majorité des prises alimentaires se font en dehors
du milieu scolaire.
Des repas sains et équilibrés, encore faut-il qu’ils soient consommés…
L’amélioration constante de la qualité des menus est indéniable. Mais l’observation montre qu’une part
importante des mets servis termine à la poubelle.
C’est là que le rôle du diététicien peut se révéler fondamental. « Nous ne sommes pas seulement là pour
aider à élaborer des menus. Car avoir de beaux menus sur le papier c’est bien. Vérifier qu’ils sont conformes
une fois cuisinés, c’est mieux. Et s’ils sont conformes, sont-ils consommés par les élèves ? S’ils ne mangent
pas, il faut comprendre pourquoi » précise Danièle Colin. Il est donc nécessaire d’aller voir sur le terrain,
d’identifier les freins et d’impliquer tous ceux qui peuvent aider à lever ces freins. Le phénomène « groupe »
joue un rôle.
Certains enfants refusent des plats qu’ils acceptent à la maison. Il suffit qu’un copain, un « leader » ait
exprimé sa désapprobation devant le menu pour que les autres suivent. De manière plus générale, la
génération actuelle ne mange que ce qui lui plaît « même s’ils ont faim, ils sont capables de ne pas
manger ».
L’information, les animations, les rencontres avec les jeunes peuvent leur permettre dans un premier temps
d’accepter de « goûter » et dans un second temps de « consommer ». D’autres fois, la saveur des mets (ou
plus souvent leur insipidité) est en jeu. « Par notre expertise culinaire, nous pouvons aider les cuisiniers à
modifier les recettes pour les rendre plus alléchantes ou à changer leurs pratiques. L’évolution de la sécurité
et du matériel a été très importante ces dernières années.
Ce matériel technique, est souvent très performant (cuisson vapeur, sans matière grasse…) mais son emploi
n’est pas inné. Une réflexion commune doit être menée pour mieux l’utiliser et améliorer les qualités
organoleptiques des aliments que l’on y cuisine ».
Pistes d’avenir…
In fine, la présence du diététicien doit être renforcée car il peut jouer un rôle fédérateur en créant du lien
social à tous les niveaux :
- en aidant l’écolier, le collégien, le lycéen à diversifier ses apports et à s’approprier une culture culinaire et
nutritionnelle qui lui est peut-être peu familière,
- en établissant des ponts entre les différents intervenants, du producteur au consommateur en passant par
le cuisinier et l’administration de l’établissement,
- en agissant en partenariat avec les familles, les associations de parents, les enseignants, afin d’établir une
cohérence nutritionnelle là où tend à régner une cacophonie alimentaire,
- en aidant les professionnels (cuisiniers en particulier) à s’approprier les recommandations nutritionnelles
émises par les autorités, à les comprendre et à les mettre en pratique.
« Au début, quand on arrive, on est perçues comme les « madame minceur », les « madame anti-obésité »
ou encore les « madame moins ». Il faut faire un travail pédagogique pour que le regard change. Les
équipes maintenant attendent que l’on ait une réflexion commune, qu’on avance ensemble. On est là pour
partager, accompagner, pas seulement pour valider et contrôler ».
************
Communiqué réalisé sur la base d’entretien avec :
● Danièle Colin – Diététicienne-nutritionniste – Brindas
● Virginie Grandjean – Diététicienne-nutritionniste – Rives
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III. La nutrition en région
Riche de sa formation nutritionnelle, culinaire et sanitaire et de sa connaissance du milieu de la
restauration, le diététicien est un acteur clef de santé publique, auprès des collectivités territoriales.
En témoigne cet exemple en région Rhône-Alpes.
Le diététicien en région, acteur de terrain !
On imagine volontiers le diététicien dans son cabinet, conseillant des adultes en surpoids. Ce n’est qu’une
des facettes du métier. Acteurs de terrain, les diététiciens se sont, de longue date, rapprochés des mairies
pour les aider à équilibrer les menus et à améliorer la qualité des repas dont elles ont la responsabilité
(crèches, écoles primaires, portage de repas à domicile…). Ces projets locaux ont vocation à se multiplier,
plaçant le diététicien au cœur des différentes politiques régionales de prévention (santé, alimentation,
précarité…). Ainsi, en Isère, l’ensemble des collèges bénéficient depuis 2008, des interventions ciblées
(appui technique à l’élaboration des menus, animations pendant la pause méridienne, informations,
formations…), permettant aux jeunes de varier le contenu de leur assiette et d’avoir des apports nutritionnels
équilibrés. Ces actions s’inscrivant dans le cadre du schéma départemental axé sur la « qualité »,
l’ « équité » et la « solidarité ».
La clef de la réussite de telles actions : « fédérer les différentes compétences autour d’un projet », explique
Danièle Colin, l’un des professionnels engagés dans cette initiative. « Nous ne devons pas être là seulement
pour contrôler et vérifier, mais pour sensibiliser, motiver, créer du lien, notamment en favorisant les
rencontres avec les cuisiniers, les producteurs, afin que les collégiens comprennent le travail des équipes et
réalisent la manière dont sont élaborés les repas… ».
Domaines d’intervention : pas que les établissements scolaires…
Les scolaires ne sont pas les seuls publics ciblés par les diététiciens : les enfants en crèche, les jeunes de
16-25 ans, les personnes âgées (à domicile ou en institution), les populations en grande difficulté dont les
apports alimentaires sont souvent inadaptés, sont autant de publics qui bénéficient ponctuellement
d’interventions, au gré des partenariats conclus entre des collectivités territoriales (mairies, départements,
régions…) et les associations et des diététiciens.
« A Grenoble nous avons participé au plan municipal de santé ; nous avons travaillé sur l’alimentation et
l’activité physique, sujets qui nous ont conduits à avoir une vision globale, à réfléchir à l’urbanisme, aux
moyens de motiver les jeunes à faire du sport, et pas seulement aux apports nutritionnels…» explique
Virginie Grandjean.
Un véritable travail de réflexion a été mené et les actions ont largement dépassé le strict cadre de
l’alimentation.
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Communiqué réalisé sur la base d’entretien avec :
● Danièle Colin – Diététicienne-nutritionniste – Bardas
● Virginie Grandjean – Diététicienne-nutritionniste – Rives
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IV. Prise en charge diététique de patients en réhabilitation de
Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives (BPCO)
Des insuffisants respiratoires mieux dans leur assiette…
La BPCO est une maladie pulmonaire responsable d’une insuffisance respiratoire chronique. La
rééducation alimentaire participe à l’amélioration générale du patient.
Parmi les conséquences de la BPCO, les principales sont l’essoufflement et la fatigue à l’effort qui lui est
concomitante. C’est pourquoi les patients ont souvent tendance à réduire au strict minimum leur activité.
Situation qui les fait entrer dans un cercle vicieux : moins ils bougent, plus leur capacité pulmonaire se réduit
et plus leurs muscles s’atrophient. Et plus les déplacements leurs sont difficiles. Un des éléments
fondamentaux de la prise en charge de ces patients consiste à les rééduquer à l’effort, en particulier en
augmentant leur « périmètre de marche » (distance que le patient est capable de parcourir). Dans cette
optique, un suivi nutritionnel peut se révéler utile….
Trois situations, trois prises en charges différentes
Chez l’obèse
Le surpoids accroît la difficulté à se mouvoir. A l’essoufflement dû à la BPCO s’ajoute donc celui lié aux kilos
surnuméraires. Le rôle de la diététicienne consistera à faire mincir ces patients de façon douce (les diètes
seront rarement à moins de 1400 calories), sans faire fondre leur masse musculaire. Ou mieux encore en
augmentant cette masse musculaire.
Chez le patient ayant un IMC quasi normal
Souvent ces patients ont quelques kilos en trop, qui les gênent sur le plan esthétique. Ces kilos ayant parfois
été pris à l’occasion du sevrage tabagique préconisé pour éviter l’aggravation de la BPCO. Il faut arriver à
convaincre ces personnes de ne surtout pas entreprendre de régime restrictif. « Les patients victimes de
BPCO ont régulièrement des exacerbations de leur maladie pendant lesquelles ils perdent du poids. Les
études ont montré qu’un discret surpoids était un facteur protecteur qui augmentait l’espérance de vie,
explique Hélène Brisac, diététicienne au centre médical Forcilles, qui accompagne des asthmatiques, des
diabétiques et des insuffisants respiratoires…. Le suivi de ces patients consiste essentiellement à équilibrer
leur alimentation.
Chez le patient dénutri
Très fragiles, ces personnes sont rapidement fatiguées à l’effort. Elles ont besoin d’une alimentation
adaptée pour prendre du poids et refaire du muscle, condition sine qua non pour qu’elles soient capables de
suivre les programmes de « remise à l’effort ». Cela passe par l’élaboration de menus hyperprotidiques et
hypercaloriques.
Les moyens
Au centre de Forcilles, les patients souffrant d’insuffisance respiratoire, se voient proposer des stages de 6
semaines qui allient activité physique et rééducation nutritionnelle. « Nous les pesons le lundi et le vendredi.
Le week-end, ils rentrent chez eux mais doivent noter tout ce qu’ils mangent et boivent et comment
(grignotage ou repas, consommé seul ou en famille...). Ils sont repesés le lundi dès leur retour. » A la fin du
stage, ils peuvent rester en contact par mail avec l’équipe de diététiciens. Ils peuvent aussi revenir voir celleci à l’occasion de leurs visites médicales de contrôle (tous les 3 à 6 mois). La majorité (77 %) se contente
d’un seul stage, quelques uns réitèrent l’opération pour reprendre de bonnes et saines habitudes. « Les
résultats sont globalement encourageants observe Hélène Brisac. Les obèses sont soit stabilisés soit en
perte de poids, Pour les dénutris, c’est souvent plus difficile mais certains arrivent à retrouver un peu de
masse musculaire ».
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Communiqué réalisé sur la base d’entretien avec :
● Hélène Brisac – Diététicienne-nutritionniste – Centre médical de Forcilles
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