La décolonisation de la fin de la Seconde Guerre

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La décolonisation de la fin de la Seconde Guerre
corrigé bac 2012
Examen : Bac S
Epreuve : Histoire
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RAPPEL DU SUJET
SUJET 1 : COMPOSITION
LA DECOLONISATION DE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE AUX ANNEES 1960
LE CORRIGÉ
I ) L’ Analyse du sujet
Ce sujet appartient à la deuxième partie du programme d’histoire intitulée "colonisation et indépendance". La
particularité du programme de terminale S est qu’elle traite dans la même partie de la colonisation et de la
décolonisation. Cela permet d’aborder dans une approche chronologique ces deux phénomènes. Ce sujet ne présente
pas de difficulté particulière. Même si les limites chronologiques proposées sont un peu imprécises, il convient de les
respecter et ne pas aborder les évènements postérieurs aux années soixante. Ce sujet a souvent été proposé les
années précédentes, sous des formulations et des limites chronologiques différentes.
II) Les connaissances essentielles
La particularité de la décolonisation est qu’elle est préparée par des circonstances favorables qui ont mis à l’ordre du
jour l’émancipation des peuples dominés. Il est nécessaire de rappeler ces conditions. Par ailleurs, cette décolonisation
a parfois été pacifique et parfois violente. Il est aussi utile de donner quelques exemples de différents modes
d’accession à la souveraineté. On a le choix entre deux types de plan, le premier chronologique et le second qui
privilégie une approche thématique.
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Le plan (chronologique)
1 Un contexte favorable à la décolonisation
2 L’émancipation des peuples du Moyen-Orient et d’Asie
3 L’accession à l’indépendance des pays d’Afrique
Autre plan possible (thématique)
1 Un contexte favorable à la décolonisation
2 Un exemple de décolonisation pacifique (celle de l’Inde par exemple)
3 Une décolonisation violente (celle de l’Algérie par exemple)
LE CORRIGE
1. Un contexte favorable
1.1 Le rôle de la Seconde Guerre mondiale
La guerre a profondément modifié les relations entre les métropoles européennes et leurs colonies. Elle a démontré la
fragilité des empires et affaibli les puissances coloniales : en 1940, la France, la Belgique et les Pays-Bas sont balayés
par l’armée allemande. Ces pays ont été incapables de défendre leur empire. L’Italie perd ses colonies en 1942. De
même en Asie du Sud-Est, les japonais mettent fin aux institutions coloniales et promettent l’indépendance aux pays
qu’ils occupent. L’Europe sort épuisée du conflit et le prestige des métropoles est au plus bas. Enfin, comme en
1914-1918, les colonies ont fourni des combattants aux Alliés : ces hommes n’acceptent plus d’être considérés comme
des sous-citoyens.
1.2 Le contexte international
Le contexte international est également favorable à la décolonisation. Le 3 e point de la Charte de l’Atlantique, signée
entre le Président Roosevelt et Winston Churchill (le 14 août 1941) à bord du croiseur américain Augusta, proclame «le
droit des peuples à choisir la forme de gouvernement sous lequel ils veulent vivre». De même, la Charte de l’ONU (26
juin 1945) et la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) insistent sur le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes. De plus, les deux Grands, États-Unis et URSS, sont hostiles à la colonisation, mais pour des raisons
différentes. Les Soviétiques se réfèrent aux thèses anti-impérialistes de Lénine. Les Américains sont attachés au
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à leurs intérêts économiques.
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1.3 Les résistances des colonisateurs
Cependant, les métropoles qui forment le « bloc colonial » ne sont pas prêtes à accepter l’émancipation de leurs
colonies même si elles sont prêtes à des concessions. Durant la guerre, la Reine des Pays-Bas, Wilhelmine, a promis
à l’Indonésie la « liberté d’action en ce qui concerne les affaires intérieures ». En 1944, la conférence de Brazzaville
, réunie par le général de Gaulle, a préconisé des mesures pour améliorer le sort des peuples colonisés d’Afrique noire
française. Mais pour les Néerlandais comme pour les Français, toute idée d’indépendance est exclue. Seuls les
Britanniques admettent un processus graduel d’émancipation qui préserverait leurs intérêts ; ce que résume la formule
du ministre Bevin : « Give and keep ».
1.4 Les prémices de la contestation
Dès l’entre-deux-guerres, des mouvements de libération nationale se sont formés dans les colonies.
En Indochine, le Viêt Minh communiste, dirigé par Hô Chi Minh, lutte contre les Japonais, puis contre la France. En
1945, il proclame l’indépendance du Vietnam.
En Inde, le Parti du Congrès animé par Gandhi et Nehru s’oppose aux Britanniques de façon non-violente. Dans ce
même pays, la Ligue musulmane , dirigée par Jinnah , réclame la création d’un État musulman indépendant. En
Indonésie, deux mouvements réclament l’indépendance : le parti communiste indonésien et le
parti national
indonésien de Soekarno. Au Maroc, les nationalistes fondent en 1943 le parti de l’Istiqlal (« Indépendance ») dirigé
par Allal El-Fassi.
En Tunisie, c’est le Néo-Destour, dirigé depuis 1934 par Bourguiba, qui lutte pour l’indépendance. En Algérie,
Messali Hadj fonde en 1934 le Parti du Peuple Algérien (PPA) qui attire surtout des travailleurs urbains, puis en 1946,
le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques ( MTLD ). Ferhat Abbas publie en 1943 le Manifeste du
peuple algérien et unifie les mouvements nationalistes. Des émeutes éclatent le 1 er et le 8 mai 1945 dans le
Constantinois (Sétif et Guelma). Elles sont sévèrement réprimées et font entre 1500 et 5000 victimes musulmanes et
une centaine de colons européens. Dans les colonies d’Afrique noire, les élites sont fortement imprégnées de culture
occidentale et les mouvements nationalistes ne revendiquent pas l’indépendance immédiate mais des aménagements.
2. L’émancipation des peuples d’Asie et du Moyen-Orient
2.1 Au Moyen-Orient
Les États sous tutelle au Moyen-Orient accèdent à l’indépendance dès 1946. À la fin de la Seconde Guerre mondiale,
les territoires sous mandat réclament leur indépendance qui leur est accordée l’année suivante. La Syrie et le Liban,
qui étaient sous mandat français, deviennent indépendants, ainsi que la Jordanie , qui s’affranchit du mandat
britannique. La Palestine , également sous mandat britannique, est l’objet d’un conflit entre les populations juive et
palestinienne et, les Britanniques. Les deux communautés s’opposent également entre elles et réclament ce territoire.
Le problème est alors confié à l’ONU.
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2.2 En Asie Orientale
En dix ans, toutes les colonies d’Asie Orientale accèdent à la souveraineté. En 1947, l’Inde accède à l’indépendance de
façon pacifique. Deux États voient le jour, l’Union indienne à majorité hindoue et le Pakistan à majorité musulmane.
Cette indépendance entraîne celle des autres colonies de la région, de 1948 à la fin des années 1950 : Birmanie
(1948), Ceylan (1948), Malaisie et Singapour (1957). Ces nouveaux États adhèrent presque tous au Commonwealth.
L’indépendance pacifique de l’Inde n’empêche pas cependant de vives tensions entre les communautés musulmane et
hindoue : 12 millions de personnes sont déplacées, on déplore près d’un million de victimes et, en 1948, le premier
conflit indo-pakistanais éclate à propos de la région du Cachemire que les deux nouveaux États se disputent (autres
guerres en 1965 et 1971). Gandhi est assassiné par un fanatique hindou en janvier 1948.
2.3 En Indochine
L’émancipation de l’Indochine française est plus dramatique encore, puisqu’elle n’aboutit qu’à l’issue d’une guerre de
neuf ans (1945-1954). Le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclame à Hanoi l’indépendance de la République
démocratique du Vietnam. Le 6 mars la France la reconnaît comme un État libre. Mais sur place, le haut-commissaire
Thierry d’Argenlieu joue un double jeu. Le 23 novembre, il prend prétexte de l’agitation nationaliste pour faire
bombarder le port de Haiphong au Tonkin. Le mois suivant, le massacre d’Européens à Hanoi marque le début d’une
guerre qui va durer jusqu’en 1954.
La France reçoit l’aide des États-Unis, tandis que Hô Chi Minh est aidé par Moscou. La France ne peut venir à bout des
forces commandées par le général Giap qui obtient la capitulation de 12 000 Français à Diên Biên Phu, le 7 mai 1954.
Les accords de Genève, signés le 21 juillet 1954, marquent l’indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam qui
est divisé en deux États séparés par le 17 e parallèle. Au Nord, la République démocratique du Vietnam, communiste ;
au Sud, une République nationaliste sous influence américaine.
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3. L’accession à l’indépendance des pays d’Afrique
3.1 L’émancipation du Maghreb
L’opposition des colons à toute évolution plonge les protectorats du Maroc et de la Tunisie dans une spirale de
violences. Les actes de terrorisme se multiplient au Maroc après l’arrestation du sultan Mohamed Ben Youssef (1953),
et en Tunisie où la France refuse d’accorder l’autonomie interne que réclame Habib Bourguiba . En 1954,
Pierre Mendès France , chef du gouvernement français, reconnaît l’autonomie interne de la Tunisie ( discours
de Carthage ). La défaite en Indochine et l’éclatement de l’insurrection algérienne précipitent l’évolution en faisant
craindre l’embrasement de tout le Maghreb. En 1956, le Maroc et la Tunisie deviennent indépendants.
3.2 La guerre d’Algérie
La situation en Algérie est compliquée car un million d’Européens, les "pieds noirs", y vivent, convaincus que "l’Algérie,
c’est la France". Des manifestations nationalistes ont lieu à Sétif en mai 1945, auxquelles le gouvernement répond par
la répression et de timides réformes. Dès lors l’opposition se radicalise dans la clandestinité.Le 1 er novembre 1954,
une série d’attentats signés du FLN (Front de Libération Nationale) déclenchent la guerre.
Déterminé à s’opposer à l’indépendance que réclame le FLN, le gouvernement français engage le contingent. Les
moyens mis en œuvre pour démanteler la direction du Front de Libération Nationale ( bataille d’Alger en 1957) et
couper celui-ci de ses arrières (construction de la ligne Morice à la frontière algéro-tunisienne) assurent à l’armée
française la maîtrise militaire du terrain. Mais les sentiments nationalistes progressent.
En France, l’opinion publique s’inquiète de l’enlisement dans un conflit qui semble sans issue et une partie de la presse
dénonce le recours à la torture. L’idée progresse aussi que le colonialisme est "souvent une charge plus qu’un profit"
selon l’expression du journaliste Raymond Cartier. Idée qui sera résumée sous cette formule lapidaire : "La Corrèze
avant le Zambèze".
À partir de 1959, le général de Gaulle engage le processus qui conduit à l’indépendance de l’Algérie. Le 16 septembre,
il reconnaît le droit à l’autodétermination des Algériens. Il se heurte à l’opposition d’une partie des pieds noirs et de
certains éléments de l’armée qui tentent un putsch en avril 1961 puis ayant échoué, constituent l’ OAS (Organisation
Armée Secrète) pour s’opposer par la violence aux négociations. Le 18 mars 1962 par les accords d’Évian, la France
reconnaît l’indépendance de l’Algérie qui est proclamée le 3 juillet 1962.
Le bilan est lourd : 200 à 300 000 morts, le retour dramatique en France de près d’un million de pieds noirs et de
150 000 harkis, les représailles du FLN contre les harkis restés en Algérie, les luttes pour le pouvoir à l’intérieur du
FLN. Cette guerre pèse encore lourdement dans la mémoire collective des deux pays.
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3.3 L’indépendance de l’Afrique noire
À quelques exceptions près, l’émancipation des colonies d’Afrique noire s’effectue de façon pacifique. Les colonies
anglaises parviennent les premières à l’indépendance, à partir des années 1950. La Gold Coast(Ghana) ouvre la voie
avec Nkrumah qui anime dès 1945, un mouvement en faveur de l’indépendance. Le succès de son parti aux élections
législatives de 1951 lui vaut d’être nommé chef du gouvernement puis Premier ministre. Le transfert progressif des
compétences à l’élite locale débouche sur le self-government en 1954 puis sur l’indépendance en 1957.
Le Nigeria, la Sierra Leone et la Gambie en Afrique Occidentale, le Tanganyika et l’Ouganda en Afrique Orientale
deviennent indépendants entre 1960 et 1965. Cependant, l’émancipation est parfois ralentie par les antagonismes entre
populations que la colonisation a réunies artificiellement à l’intérieur des mêmes frontières. Au Nigeria, les rivalités
opposent les Yoruba, les Ibo et les Haoussa ; en Sierra Leone et en Gambie, les habitants anglicisés de la côte aux
populations de l’intérieur. Les structures élaborées pour faire coexister ces peuples vont vite se révéler fragiles.
Dans une partie de l’ Afrique Orientale Britannique , les colons, nombreux, bloquent le processus d’émancipation
graduelle. Le Kenya accède à l’indépendance en 1963, après avoir connu de graves troubles ( insurrection des
Mau-Mau en 1952). En 1964, c’est le tour du Nyassaland (Malawi) et de la Rhodésie du Nord(Zambie) d’accéder à
l’indépendance.Dans les colonies françaises, les revendications sont limitées, sauf à Madagascar où une insurrection
est violemment réprimée en 1947. En 1946, la France abolit le travail forcé et attribue la citoyenneté à tous les
habitants de l’Union française qui acquièrent ainsi le droit d’élire des représentants au Parlement. Des hommes comme
le Sénégalais Senghor et l’Ivoirien Houphouët-Boigny y font l’apprentissage de la vie politique.
Trois dates rythment le retrait de la France :
En 1956, une loi-cadre, préparée par Gaston Defferre et Houphouët-Boigny, accorde un début d’autonomie interne
aux territoires d’outre-mer. Les assemblées élues au suffrage universel par un collège électoral unique, sont dotées en
certaines matières d’un véritable pouvoir législatif.
En 1958, le général de Gaulle donne aux colonies le choix entre l’indépendance immédiate et une autonomie élargie
dans le cadre d’une Communauté qui les associe à la France. Lors du référendum du 28 juillet 1958 , tous les
territoires d’Afrique noire, à l’exception de la Guinée, choisissent l’association.
En 1960, 14 États souverains voient le jour. Soumise aux pressions internationales et intérieures, la France a préféré
partir en préservant ses intérêts plutôt que de risquer de s’enliser dans une situation difficile.
Au Congo belge , les grandes compagnies minières et forestières ont tenu les populations locales à l’écart de toute
participation à la vie publique. Mais après 1945, l’essor économique et l’urbanisation gonflent les rangs du prolétariat.
Celui-ci est d’autant plus sensible aux thèses nationalistes que le reste de l’Afrique donne l’exemple. La timidité des
réformes envisagées provoque de
graves émeutes
à Léopoldville en janvier 1959 . La Belgique accorde
précipitamment l’indépendance l’année suivante. Mal préparé et divisé, le pays sombre dans la guerre civile.
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Conclusion
Au total, le mouvement de la décolonisation a constitué, avec la guerre froide, le fait majeur des rapports internationaux
pendant le demi-siècle qui s’est écoulé après la fin Seconde Guerre mondiale. Les conséquences de ce mouvement
sont encore sensibles aujourd’hui.
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