Le peintre Gregor von Bochmann (1850 – 1930)

Transcription

Le peintre Gregor von Bochmann (1850 – 1930)
Le peintre
Gregor von Bochmann
(1850 – 1930)
Catalogue de l’exposition
tenue à la « Galerie an der Börse »
à Düsseldorf, en Allemagne,
du 3 au 17 août 2002
Traduction française du livre « Der Maler Gregor von Bochmann
(1850 – 1930), Katalog der Ausstellung in der Galerie an der
Börse, Düsseldorf vom 2. zum 17. August, 2002 »
par Gregor v. Bochmann aidé par Elise, Karine, et Frédéric von
Bochmann, Marie-Françoise Doërr, Gabriel Monange et Hélène
Sabourin,
Montreal, décembre 2002.
Page 2 : Dessins à l’encre du Catalogue de l’exposition à Krefeld
en 1906
Page 3 : Gregor von Bochmann – les données importantes
• Il naît le 1er juin 1850 sur le domaine Nehatu en Estonie.
• Il fréquente le Lycée Nicolai-Gymnasium à Tallinn (en
allemand : Reval), où son professeur en art, Albert
Sprengel, reconnaît son don pour le dessin.
• Il étudie les beaux arts à l’Académie des beaux arts de
Düsseldorf à partir de 1868.
• Il fonde son propre atelier en 1871 à Düsseldorf.
• Il marie Emilie Poensgen en 1877.
• Il devient membre de l’Académie des beaux arts de Berlin
en 1893.
• Il reçoit le titre de professeur de l’Académie des beaux arts
de Düsseldorf en 1895.
• Exposition individuelle dans le musée Kaiser-WilhelmMuseum à Krefeld en 1906
• Il décède le 12 février 1930 à Hösel, près de Düsseldorf.
Page 4 : Tableau « Le vieux marché de poissons près de Reval »
du musée Kunstmuseum à Düsseldorf.
Page 5 (a) : Préface de l’éditeur
L’idée d’organiser une exposition d’envergure sur le peintre
Gregor von Bochmann est née en 1999 lors de la visite du petitfils, le professeur Gregor von Bochmann, avec sa famille du
Canada dans ma galerie. M. von Bochmann était en recherche de
documents en lien avec l’œuvre de son arrière-grand-père dans le
but d’établir un répertoire des œuvres de l’artiste.
J’ai contribué volontairement à ce minutieux et long travail en
rendant accessible à M. von Bochmann mes tableaux et du matériel
photographique que j’avais sous la main. Je pu également le
mettre en contact avec quelques clients qui possèdent depuis de
nombreuses années des tableaux de l’artiste et qui se montraient
également enclins à collaborer avec M. von Bochmann en mettant
leurs tableaux à la disposition de M. von Bochmann.
C’est ainsi que prit forme cette exposition individuelle. Elle reçut
également le support de plusieurs musées de renom qui prêtèrent
leurs tableaux sans complications.
Ce catalogue de l’exposition est une co-production entre M. von
Bochmann et moi-même. Ce fut pour moi un grand plaisir de
préparer cette exposition avec lui à distance. J’aimerais remercier
spécialement M. Horst Volmer de Wuppertal qui a contribué
activement à cette exposition avec ses conseils et le prêt de
plusieurs tableaux de sa collection.
Wilhelm Körs, Düsseldorf
Page 5 (b) : Préface de l’arrière-grand-fils du peintre
Comme descendant du peintre, je suis évidemment très content de
la réalisation de cette exposition. Lorsque j’étais jeune, je ne faisais
cas de mon héritage artistique, quoique j’aie reçu beaucoup
d’encouragements dans ce sens par ma mère, Elfriede Eggebrecht
(née Voss), qui était elle-même artiste-peintre et professeure de
musique. Pendant l’exposition sur le peintre Hans-Peter Feddersen
(mon deuxième arrière-grand-père du côté de mon père), organisée
pendant l’été 1998 à l’occasion de son cent-cinquantième
anniversaire de naissance, mon oncle Berend Feddersen m’a
demandé si une telle exposition était prévue pour mon autre
arrière-grand-père qui était né deux ans plus tard. Je ne pouvais
répondre que par : « Non » . C’est alors que s’est développé en moi
l’intérêt de faire quelque chose pour le souvenir de mon arrièregrand-père. C’est ainsi que j’ai commencé à préparer un répertoire
des œuvres du peintre Gregor von Bochmann basé sur des
reproductions et des photos que je pu trouver. Le travail pour ce
répertoire est devenu pour moi un hobby pendant des années
puisque je trouvais continuellement de nouveaux tableaux. La
version actuelle du répertoire est disponible sur l’Internet à
l’adresse http://site.uottawa.ca/~bochmann/Maler/ . Toute piste ou
information supplémentaire sur les tableaux du peintre sont les
bienvenues.
J’aimerais exprimer ma gratitude pour toute l’aide que j’ai reçue
dans mon travail sur le catalogue des œuvres. En particulier,
j’aimerais remercier les proches et plus distantes parentés, ainsi
que les collectionneurs qui me permirent de photographier leurs
tableaux; j’aimerais remercier la galerie Paffrath qui m’a permis de
consulter leurs volumineuses archives; et Dorothea Peters de
Berlin pour son aide lors de l’établissement du répertoire et pour la
biographie du peintre qui est maintenant disponible sur l’adresse
Internet mentionnée ci-haut. Finalement, j’aimerais remercier
Wilhelm Körs pour l’organisation de cette exposition et pour sa
collaboration dans la préparation de ce catalogue.
Page 6 : Photos de l’Estonie (Gregor v. Bochmann sur les traces
de son arrière-grand-père, été 1999)
En haut : La ruine du cloître à Hapsalu (à gauche, la vue sur
Hapsalu vers la Mer Baltique. Vers 1900, Hapsalu était un lieu de
cure reconnu qui était d’ailleurs fréquenté par le Tsar.)
En bas : À la campagne dans la région de Nehatu (à gauche, une
ferme dans la région de Hapsalu, une carte postale d’environ 1920)
Pages 7 à 22 : Un texte sur le peintre Gregor von Bochmann
par Julia Homann (voir ci-dessous)
Page 23 à 24 : Reproduction d’un article qui parut dans la
première édition de la revue « Communiqué de l’Association pour
les arts de la région du Rhin et de la Westphalie » en 1929-30.
Pages 25 à 39 : Reproductions de quelques tableaux de
l’exposition
Pages 40 à 46 : Répertoire des tableaux exposés
Notes : Seulement quelques tableaux du peintre ont des titres bien
déterminés; la plupart des titres sont choisis d’une façon arbitraire.
L’ordre des œuvres dans cette liste est sans importance.
Notes : Öl = huile, Leinwand = toile, Pappe = carton, Holz = bois,
Bleistiftzeichnung = dessin au crayon, Federzeichnung = dessin à la plume,
Privatbesitz = propriété privée, WV = Werkverzeichnis = numéro dans le
répertoire des œuvres (voir http://site.uottawa.ca/~bochmann/Maler/ )
Page 47 : Liste des prêteurs de tableaux
Le peintre Gregor von Bochmann
(1850 – 1930)
-- un artiste entre les époques -par Julia Homann (juillet 2002)
En
effet, l’Estonie, le pays natal de Gregor von Bochmann, orienta ses
travaux artistiques tout au long de sa vie. À part des scènes de plages
hollandaises qui prirent aussi une place importante dans son œuvre, la vie
paysanne et le paysage plat et pauvre de sa patrie sont saisis dans ses
tableaux durant les 70 ans de sa vie artistique. Alexander Heinrich
Gregor von Bochmann, premier de trois enfants, est né le 1er juin 1850
sur le domaine Nehatu, en Estonie. Sa mère, Marie von Bochmann, née
Schwarzwald, est morte assez jeune ; le garçon l’ayant perdue à l’âge de
cinq ans. C’était déjà le deuxième mariage du père. Il avait déjà deux fils
de son premier mariage.
Le
père, Jakob Alexander von Bochmann, était capitaine du “Försterkorps” (corporation des gardes forestiers sous l’administration russe du
Tsar) et superviseur des domaines de l’État du gouvernement estonien.
Pour ses actions comme officier pendant la guerre de Crimée, le Tsar
Nicolas 1er lui donna le titre « von » (titre de noblesse équivalent au « de
»). En plus, il reçut l’intendance du domaine de forêts de Teibel près de
Hapsalu, où Gregor a passé son enfance.
Dans le cadre de son travail, le père du peintre faisait souvent des
voyages à travers le pays et son fils pouvait souvent l’accompagner. De
cette manière, Gregor von Bochmann pris connaissance du pays et de ses
habitants tôt dans sa vie. Il connut les relais et auberges du pays appellés
“Krüge” (cruches), les attelages lancés dans une course folle ainsi que la
vie simple des paysans. Déjà à cette époque, il captait à l’aide de dessins
ses impressions variées et les motifs qui constitueraient plus tard le
thème central de ses tableaux.
Page 7 de la version allemande
« Mon pays natal fut déterminant dans l’orientation de mon expression
artistique. […] Comme je me réjouissais des sublimes voyages que j’eus
le droit de faire avec la carriole des propriétaires terriens, toujours
regardant, observant et dessinant, tout en apprenant à saisir en
profondeur le caractère du pays et de ses habitants. » 1
Annotations aux illustrations
en bas : Gregor von Bochmann avec son père et ses plus jeunes frère et
sœur
Page 8 de la version allemande
Page 9 de la version allemande
Un cahier de dessins faits à l’âge de huit ans a été conservé jusqu’à ce
jour. Gregor l’avait préparé pour jouer avec ses cousins et cousines. Il
contient des scènes de contes de fées ainsi que des hommes, des femmes
et des enfants estoniens dans des scènes quotidiennes.
Après avoir complété avec succès le cours élémentaire, Gregor suivit
les premier et deuxième cours préparatoires dans la salle antique avec
Carl Mueller (1818-1893). Mais quand il a entendu qu’Oswald
Achenbach (1827-1905), un artiste et professeur réputé qui dirigeait le
cours de peinture paysagiste, prévoyait quitter l’enseignement
prochainement, Gregor fit tout de suite des démarches pour obtenir une
place auprès de ce maître convoité. Étant donné que ses professeurs
certifiaient son grand talent et qu’il avait fait de grands progrès en peu de
temps, Oswald Achenbach le prit comme étudiant. C’est ainsi que,
seulement un an après son inscription à l’Académie, Gregor von
Bochmann termina ses cours préparatoires et entra dans le cours de
peinture paysagiste. Toutefois, son apprentissage auprès d’Oswald
Achenbach fut de courte durée, comme Gregor von Bochmann le
rapporte dans ses notes autobiographiques : « Les jours stimulants de sa
présence comme professeur étaient comptés; j’ai eu peut-être dix
corrections avec lui. À notre regret, il quitta l’Académie. » 2
Quand Gregor eut neuf ans, la famille déménagea dans la capitale
estonienne, Reval, appellée aujourd’hui Tallinn. C’est là qu’il fréquenta
le lycée Nicolai-Gymnasium, où Theodor Albert Sprengel (1832-1900)
était professeur d’art. Celui-ci eut une grande importance pour le
cheminement du jeune Gregor. En effet, ce fut le premier qui remarqua
le grand talent de Gregor et lui enseigna les fondements de l’art.
Theodor Albert Sprengel avait lui-même été étudiant à l’Académie de
Düsseldorf dans les années cinquantes dans la classe de maître de
Ferdinant Theodor Hildebrandt (1804-1874). C’est probablement à cause
de cela que, sur le conseil de Theodor Albert Sprengel, Alexander von
Bochmann accepta d’envoyer son fils à l’Académie de Düsseldorf plutôt
qu’à l’Académie de St. Petersburg où les compatriotes Eugéne Dücker
(1841-1916) et Eduard von Gebhardt (1838-1925) avaient déjà reçu leur
formation de peintre.
C’est en 1868, à l’âge de 18 ans, que Gregor quitta sa patrie
estonienne pour commencer sa formation de peintre à l’Académie de
Düsseldorf grâce à une bourse offerte par l’aristocratie du pays pour
encourager le développement de talents exceptionnels.
Arrivé à Düsseldorf, Gregor débuta ses études dans la classe
élémentaire d’Andreas Mueller (1811-1890). Il suiva des cours de dessin
et de copie d’autres tableaux. De plus, il suivit des cours sur l’histoire de
l’art. Pendant ce temps, il fit, entre autres, la connaissance de Hans Peter
Feddersen (1848-1941), qui étudiait, lui aussi, pour devenir paysagiste. Il
se développa entre ces deux jeunes peintres une amitié qui dura toute leur
vie et qui se transforma en une relation familiale lors du mariage de leurs
enfants, environ 35 ans plus tard.
Annotations aux illustrations
en haut : Dessins faits à l’âge de 8 à 9 ans
eu milieu : Theodor Albert Sprengel dans son atelier
en bas : Marianne Feddersen et Gregor von Bochmann, junior
(fils du peintre)
Quand Oswald Achenbach termina en 1879 ses activités
d’enseignement à l’Académie, les cours de peinture paysagiste furent
temporairement donnés par Albert Flamm (1823-1906). Pendant ce
temps, Gregor von Bochmann pensait déjà à quitter l’Académie. L’année
suivante, il réalisa ce projet et s’établissa à Düsseldorf comme artiste
indépendant. Un de ses copains à l’Académie était Robert Gustav
Meyerheim (1846-1920). Les deux étaient devenus amis et ils
partagèrent un atelier dans la rue Adlerstrasse pendant les premières
années. Gregor von Bochmann quitta cet atelier en 1888 pour établir son
nouvel atelier dans sa maison sur la rue Kurfürstenstrasse.
On ne trouve pas d’influence de ses professeurs de cette époque dans
l’œuvre de Gregor von Bochmann. Par exemple, on ne reconnaît dans ses
tableaux ni la construction de tableaux en coulisses ni les mises en scènes
d’effets de couleurs typiques chez Achenbach, et non plus la précision
des détails minutieux des paysages italiens d’Albert Flamm. Déjà au
début de sa carrière d’artiste, Gregor von Bochmann était considéré par
beaucoup d’amateurs d’art de l’époque comme un “Frühfertiger” (qui a
trouvé son style très tôt) 3. En effet, Oswald Achenbach aurait dit à
propos de lui à son ami von Berauth : « il ne pouvait rien apprendre à cet
étudiant, il savait tout par lui-même » 4 – mais il n’est pas certain que
cette phrase n’ait jamais été prononcée telle quelle!
Page 11 de la version allemande
Annotations aux illustrations
en haut : Probablement un autoportrait de jeunesse
en bas : Dans l’atelier devant le tableau “Vieux marché de poissons près
de Reval (Tallinn)”
Page 10 de la version allemande
Ses bons amis et ses connaissances de Düsseldorf, tels que Hans Peter
Feddersen, Robert Meyerheim, Carl Seibels (1844-1877) et Theodor
Hagen (1842-1919), n’influençaient pas non plus le jeune artiste. Pour
Gregor von Bochmann, la nature était le “meilleur professeur” 5 et, dès
le début, il fut fidèle à sa conception de l’art. Cette dernière ne changea
guère au cours des années et décennies suivantes, même quand
l’impressionnisme s’établit en Allemagne dans les années 90 du 19ième
siècle avec Max Liebermann en tête de ligne. Gregor von Bochmann prit
cette nouvelle orientation moderne en considération, comme le
démontrent certaines esquisses et études à l’huile (par exemple
“Getreideernte” – moisson de blé). Par contre, ses tableaux complétés ne
furent guère influencés.
Les études à l’huile ou à l’aquarelle représentent en effet un chapitre
particulier dans l’œuvre de Gregor von Bochmann. Pendant que ces
tableaux finis dans les plus grands détails sont peints plutôt à la manière
des vieux maîtres et suivant le réalisme, ses équisses se démarquent de
ces derniers par un mouvement de pinceau léger et des couleurs plus
claires. Un joli et intéressant exemple de telles tendances
impressionnistes est offert au spectateur par l’étude en aquarelle d’une
église de campagne devant un ciel bleu (voir illustration “Kirche in
Katwijk” – Eglise à Katwijk).
Annotations aux illustrations
en haut : Moisson de blé (numéro de catalogue 29)
en bas : Le peintre dans son atelier à différentes époques et, à gauche,
avec le tableau intitulé“Pferdemark” – Marché de chevaux
(numéro dans le catalogue d’œuvre : 370)
Ici, l’artiste n’accorde pas d’importance aux détails, aux données
détaillées du paysage, ni aux caractéristiques architecturales des
immeubles. Dans cette étude, il capte le moment et l’impression tels
qu’ils sont vécus par l’artiste. Mais ce type d’études n’étaient
normalement pas destiné à la vente; ces études servaient à l’artiste
comme matériel pour la composition dans l’atelier ou pour son usage
personnel. C’est pourquoi on ne peut pas considérer Gregor von
Bochmann comme un peintre impressionniste.
Dans son travail, l’artiste croyait en sa capacité à saisir et à observer,
une facilité qu’il garda jusqu’à un âge avancé. Elle constitue, avec ses
habilités techniques poussées, la base de son art. Comme il le disait luimême, il observait, déjà en tant qu’enfant, le paysage d’Estonie et ses
habitants. Ces images se sont imprégnées dans la mémoire de Gregor von
Bochmann, et dans les années suivantes, alors qu’il était établi comme
artiste indépendant à Düsseldorf, il se rappelait régulièrement ses images
lors du choix des motifs de ses tableaux. Des voyages répétés dans sa
patrie jusqu’à la fin des années 70, mais aussi sur les côtes hollandaises
et belges dans les années suivantes (dont on parlera encore)
approfondissaient régulièrement ses impressions. Pourtant, ses équisses
qui sont si vivantes et qui se caractérisent par la reproduction exacte du
paysage et de ses habitants, n’ont en général pas été créées dans la
nature, mais dans l’atelier, basées sur sa bonne mémoire. En effet,
Gregor von Bochmann avait une mémoire impressionnante pour les
formes, les couleurs et les images d’événements vécus. Par contre, lors
de la création de ses tableaux, les études qu’il faisait ne lui servaient pas
directement de modèle. D’ailleurs, il ne peignait jamais d’après des
modèles vivants. C’étaient plutôt ses impressions mémorisées comme
décrites ci-haut qui se combinaient avec sa sensibilité de la nature qui
intervenaient dans la composition de ses tableaux.
Annotations aux illustrations
en haut : Eglise à Katwijk (numéro de catalogue 41)
au milieu : Paysan estonien (numéro de catalogue 57)
en bas : Au marché à la campagne
Page 12 de la version allemande
Page 13 de la version allemande
Déjà en 1873, le jeune artiste devint membre ordinaire de l’association
d’artistes “Malkasten” (malette de peinture) qui avait été fondée en 1848
à Düsseldorf et qui regroupait d’autres artistes de rénom tels qu’Andreas
et Oswald Achenbach, Richard Burnier, Albert Flamm et Carl Seibels. Il
en est resté membre toute sa vie et a fait partie de l’exécutif pendant un
certain temps. Quelques lettres conservées confirment sa liaison étroite
avec cette association, par exemple, il écrit que celle-ci est importante
pour lui et que c’est là qu’il retrouve ses amis.
En 1893, il fut invité à devenir membre ordinaire de l’Académie des
beaux arts de Berlin, et, deux ans plus tard, il reçut le titre de professeur
de l’Académie des beaux arts de Düsseldorf, mais il n’y enseigna jamais.
Puis, en 1899, finalement, le Kaiser allemand, Wilhelm II, reconnut le
titre de noblesse de Gregor von Bochmann. À cette occasion, l’artiste
conçeva un blason pour la famille.
Bientôt,
Gregor von Bochmann compta parmi les artistes reconnus
ayant du succès : déjà en 1874, à l’âge de seulement 24 ans, il faisait
parler de lui par son tableau “Le dimanche matin devant une église en
Estonie” pour lequel il reçut, peu après, une petite médaille d’or à Berlin,
une reconnaissance bien convoitée dans le milieu artistique de l’époque.
Par contre, on ne sait pas où se trouve ce tableau aujourd’hui.
Dans
les années suivantes, d’autres récompenses et médailles
suivèrent : en 1879, il était sélectionné pour la médaille d’or de deuxième
classe à Munich; en 1887, il reçut le prix-diplôme de l’exposition
d’aquarelles à Dresden; l’année suivante, il s’ajouta à ces dernières une
médaille d’état en argent de Vienne et une médaille de première classe de
Munich.
Annotations aux illustrations
en haut : Le dimanche matin devant une église en Estonie. Cette copie en
gravure sur bois apparut en 1888 dans la revue “Über Land und
Meer” (Par dessus terre et mer)
en bas, à gauche : Église à Ridala (numéro de catalogue 10)
en bas, à droite : Église à Ridala (photo 1999)
À Düsseldorf, Gregor von Bochmann et ses deux compatriotes ainés,
Eugène Dücker et Eduard von Gebhardt, qui enseignaient à l’Académie,
étaient appellés “la constellation des trois étoiles des pays baltes”. Et ce
furent justement ces trois allemands des pays baltes qui marquèrent
d’une façon particulière la peinture paysagiste à Düsseldorf pendant la
deuxième partie du 19ième siècle. Le jeune artiste entretenait une relation
privée privilégiée avec Eduard von Gebhardt. Ce fut d’ailleurs dans la
maison de Gebhardt que Gregor von Bochmann rencontra pour la
première fois sa future femme, Emilie Poensgen, qui appartenait à une
importante famille d’industriels de la Rhénanie. Ses parents étaient des
amis des von Gebhardt et ils les visitaient fréquemment. La jeune Emilie,
aussi appellée Milla, et l’artiste avaient alors l’occasion de faire plus
ample connaissance; et peu après, en 1876, ils se fiançèrent lors d’un
voyage qu’ils firent ensemble en Hollande. L’année suivante, ils furent
mariés et emménagèrent dans une maison de la Kurfürstenstrasse, à
Düsseldorf. De cette époque reste encore une image d’Emilie que le
peintre a dessiné en septembre 1877 en Hollande.
Les von Bochmann eurent une vie de couple heureuse. Leur premier
fils, aussi appellé Gregor, est né en septembre 1878. Plusieurs années
plus tard, il fut lui aussi un étudiant à l’Académie de Düsseldorf pour
devenir sculpteur. Il était au début d’une grande carrière d’artiste quand
il mourut, beaucoup trop tôt, dans les premières semaines de la première
guerre mondiale.
Annotations aux illustrations
en haut : Le blason familial conçu par l’artiste
au milieu : Emilie Poensgen
en bas : Le sculpteur Gregor von Bochmann dans son atelier
Page 14 de la version allemande
Page 15 de la version allemande
semble que Gregor von Bochmann ait visité pour la dernière fois
son pays de naissance à peu près au moment où son premier enfant
naquit. Cela n’empêcha pas les paysages et la vie du peuple estoniens de
se retrouver dans l’expression artistique de l’artiste pendant les cinquante
ans suivants. Néanmoins, ce furent surtout les premiers tableaux de
paysages estoniens de l’artiste – avec les auberges typiques, les puits à
contrepoids, les attelages à trois chevaux appellés “troïkas” et les
bouleaux au bord du chemin, qui caractérisaient l’image de l’Estonie au
19ième siècle - marqués par une tonalité de coloris qui produisait une
impression monochrome dans le brun-noir, qui lui faisaient attribuer la
mention “altmeisterlich” (comme les vieux maîtres) lors des premières
discussions sur ses œuvres. Le fait que Gregor von Bochmann valorisait
beaucoup les situations particulières et mettait quelques fois trop
d’emphase sur les détails contribuait également à l’attribution de ce titre.
De ce point de vue, l’artiste se plaçait presque dans la tradition des vieux
peintres hollandais du 17ième siècle.
Un élément typique dans l’art de Gregor von Bochmann, dans ce
contexte, est le traitement des ombres : elles apparaissent en forme de
surfaces sombres, comme elles se présentent au spectateur dans la nature.
Autrement que les impressionnistes, il ne les décompose pas en couleurs
différentes. Ce sont des choix de couleurs graduées et la pénombre entre
le jour et la nuit qui transmettent au spectateur une ambiance presque
mélancolique, spécialement caractéristique aux tableaux de l’artiste
représentant des paysages estoniens.
Il
Dans
la plupart des tableaux, le peintre renonçait à la reproduction
des couleurs naturelles des scènes qu’il peignait. C’est aussi le cas pour
le tableau Le vieux marché de poisson près de Reval de 1886 (voir
reproduction sur la page 4) qui représente, avec Paysans estoniens
devant le relais (voir ci-haut), un sommet dans son œuvre. Gregor von
Bochmann travaille dans Le vieux marché de poisson de l’ombre vers la
luminosité. Pour lui, le traitement de la lumière était alors d’une
importance capitale. Il y faisait beaucoup attention, et de cette manière, il
arrivait toujours à donner à ses tableaux une atmosphère de profondeur
particulière. Le marché de poisson, à la mi-profondeur du tableau,
semble plongé dans une obscurité accablante; mais à travers le ciel
couvert, le soleil fraie lentement son chemin, illuminant déjà les huttes
situées à gauche et la place elle-même, pendant que les bateaux et le petit
abri près de l’eau sont encore dans l’ombre.
Annotations aux illustrations
en haut : Paysans estoniens devant le relais
C’est similaire pour le tableau Marché de chevaux à Reval (voir cihaut). Celui-ci montre des activités du marché sur la rue mouillée par la
pluie : la pluie semble arrêtée depuis peu et la rue brille dans la lumière
du soleil qui vient de percer. Sur le côté gauche, des paysannes sont
occupées dans leurs discussions, et sur la rue, un marchand mène un
cheval récalcitrant; à l’arrière-plan, on entrevoit la ville. Dans ce tableau,
on voit une abondance vivante de représentations, d’animaux, de
personnes et de maisons. À cette occasion, Gregor von Bochmann a
réussi à capter les activités du marché avec ses mouvements, sans tomber
dans l’allure de la peinture de genre. Aucun élément n’est stylisé ni
embelli, tout semble tiré directement de la vie. Parmi les tableaux à
l’huile, ce sont surtout les petits formats qui sont marqués par une vue
directe sur le sujet et qui évoquent une atmosphère particulière. Au
spectateur d’aujourd’hui se présente de cette manière, dans ces tableaux,
l’image d’une époque révolue.
En général, Gregor von Bochmann évite la composition académique
de tableaux, et avec les années, sa palette de couleurs devient un peu plus
claire (comme, par exemple, dans Attelage estoniens, voir numéro de
catalogue 7).
Annotations aux illustrations
en haut : Marché de chevaux à Reval (numéro de catalogue 1)
Page 16 de la version allemande
Page 17 de la version allemande
Un très bon exemple de cela sont ses aquarelles finement exécutées, qui
se caractérisent par une touche de pinceau légère qui décompose la
surface du tableau, et qui illustrent d’une façon particulière sa maîtrise de
son art. Justement, dans la représentation d’un attelage en course folle
(voir ci-haut : Paysans estoniens sur attelage troïka et chien), un motif
choisi à plusieurs reprises, s’exprime une inconventionnelle et
entraînante vivacité, unique et surpassant tout ce qui est académique.
Chaque coup de pinceau semble bien réfléchi, et le jeu d’ombres et de
lumières fait ressortir la force du mouvement de l’attelage. Ici, le peintre
a su habilement mettre des surfaces claires et fonçées l’une à côté de
l’autre.
Annotations aux illustrations
en haut : Paysans estoniens sur attelage troïka et chien (numéro de
catalogue 38)
en bas : Une journée de pluie
Entre-temps,
la famille von Bochmann s’était agrandie avec les
enfants Hélène (née en 1881), Elisabeth (née en 1884) et Ewald (né
en1988). Ils passaient normalement les mois d’été dans leur maison d’été
à Hösel, pas loin de Düsseldorf. En plus, Gregor von Bochmann faisait
des voyages en Hollande, en Belgique et sur l’île de Rügen (dans la mer
baltique au nord de Berlin). Il y trouva de nouveaux thèmes pour ses
tableaux. Il utilisait ces voyages, pour lesquels il était souvent
accompagné par sa famille, afin d’étudier les paysages des plages
hollandaises et observer les pêcheurs lors de leur travail. Il fixait ce qu’il
voyait dans des esquisses. En 1874, lors de son premier voyage en
Hollande avec son ami, le peintre de paysages et d’animaux Carl Seibels,
il rencontra un ami de Seibels, le paysagiste Anton Mauve (1838-1888)
qui était influencé par l’école de Barbizon. Cette rencontre ne semble pas
avoir laissée de trace remarquable dans l’œuvre de Gregor von
Bochmann.
Par la suite, la représentation des paysages côtiers de Hollande devint
une grande partie de son œuvre, tout comme les motifs estoniens. Le
peintre retournait souvent sur la côte hollandaise, en particulier à Katwijk
où séjournaient à cette époque des artistes de toute l’Allemagne.
L’intensité des couleurs de ces tableaux est amoindrie, comme pour les
tableaux de paysages estoniens. Malgré tout, ce qui est représenté
apparaît clairement tangible, comme l’illustre particulièrement le tableau
Mettre à flot un bateau de pêcheurs en Hollande :
Annotations aux illustrations
en haut : Les enfants du peintre
en bas : Mise à flot d’un bateau de pêcheurs en Hollande (numéro de
catalogue 5)
Page 18 de la version allemande
Page 19 de la version allemande
Les pêcheurs s’efforcent de mettre le bateau à l’eau en le tirant à l’aide
de leurs chevaux. Les femmes des pêcheurs attendent sur la plage avec
leurs paniers. C’est l’aube et le soleil apparaît lentement à travers les
nuages.
Cette représentation est marquée par un réalisme qui reflète bien la
conception de la nature de Gregor von Bochmann. De plus, dans ce
tableau, le peintre accorde beaucoup d’importance aux détails, aussi bien
à l’attelage des chevaux qu’aux agrès du bateau qui sont détaillés
minutieusement. On remarque, par ailleurs, que Gregor von Bochmann
n’accorde pas autant d’importance aux détails des visages des personnes.
En effet, il tend, au moins dans les tableaux de son époque de jeunesse, à
exagérer les détails, tandis que les traits individuels et la mimique des
visages ne sont généralement pas observables. Ceci est un élément de
structuration typique de son œuvre : Les personnes de ses tableaux – soit
les paysans estoniens ou les pêcheurs hollandais – ne sont pas pris en
portrait, les visages ne sont d’ailleurs pas du tout idéalisés, mais
considérés par le peintre comme une partie intégrante du paysage.
Pourtant, ils ne représentent pas des éléments de moindre importance; ils
lui fournissent l’occasion de représenter les hommes comme une partie
de la nature, dans le sens d’une unité entre les paysages et les hommes.
De cette manière, il semble que l’artiste ait été ouvert aux influences
impressionnistes dans ses tableaux de l’âge mûr.
Les
dessins au crayon prennent une place particulière dans l’œuvre de
Gregor von Bochmann. À part les vues de villes et de paysages (voir à
gauche), il représente surtout des personnes : des paysans estoniens et
leur femme au travail ou lors d’un repos, des enfants, des familles
hollandaises et des pêcheurs. Leur vie et leurs actions ont été captées
avec des traits sûrs. Souvent ces dessins, qui doivent être considérés dans
beaucoup de cas comme des études, sont d’un format très petit; ils sont
quand même travaillés dans tous les détails. On reconnaît ici encore
l’amour du détail de l’artiste, mais il n’apparaît jamais ici comme
exagéré ou dérangeant. Au contraire, c’est juste cette finesse de la
représentation qui rend ses dessins si touchants. Un bon exemple, qui est
montré dans cette exposition, est la Scène de marché en Estonie. Elle
représente des paysans assis sur leurs attelages transportant leurs bœufs
et des sacs de grains. D’autres personnes, plongées dans leurs
conversations, sont debout près de leurs attelages.
Cette impression ressort aussi du tableau En attente. La femme de
pêcheur avec son bébé sur le bras reste seule sur la plage et attend le
retour des bateaux. En contraste avec les autres scènes de plage de
l’artiste, une seule personne adulte est représentée ici : elle reste debout
seule dans le crépuscule, le ciel se couvre. Pourtant, elle n’apparaît pas
isolée, mais incorporée dans le paysage.
On peut remarquer que ce tableau de 1905 donne moins de détails
dans la reproduction du paysage côtier. Ce développement est déjà
apparent d’une façon similaire dans le tableau Bateau sur la plage au
soir. Tous les objects représentés sont cadrés sur la surface plane et
dissimulés dans un jeu vivant de textures.
Annotations aux illustrations
en haut : En attente
Annotations aux illustrations
en haut : Bateau sur la plage au soir (numéro de catalogue 26)
au milieu : Sur le Rhin (numéro de catalogue 49)
en bas : Scène de marché en Estonie (numéro de catalogue 54)
Page 20 de la version allemande
Les activités campagnardes se déroulent à une certaine distance, au
deuxième plan du tableau. Entre les paysans et le spectateur se trouve
alors le premier plan, ce qui engendre une distance dans l’espace.
Néanmoins, on a le sentiment de ne pas être spectateur, mais d’être
directement impliqué dans les événements.
Gregor von Bochmann est devenu très tôt un peintre établi et était un
artiste respecté dans la communauté artistique de Düsseldorf et de ses
alentours. Il participait à beaucoup d’expositions à travers toute
l’Allemagne – comme par exemple à l’Exposition d’art national
allemand à Düsseldorf en 1902 ou à l’Exposition d’art allemand à
Cologne en 1906 où il a eu une salle d’exposition à lui seul; ces
expositions étaient organisées par des clubs artistiques comme le
“Malkasten” ou le “Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen” et lui
valurent plusieurs prix. En 1906, on lui organisa une grande exposition
individuelle dans le musée de Krefeld dans laquelle on montrait une
soixantaine de peintures à l’huile, ainsi que 10 aquarelles et plus de 20
dessins. La carrière artistique de Gregor von Bochmann était à son
apogée.
Avec le début de la première guerre mondiale en 1914 commencèrent
des temps financièrement difficiles pour la famille qui habitait pendant
les dernières années de la guerre dans leur maison d’été à Hösel. Pendant
ces années, Gregor von Bochmann peignait principalement des tableaux
en petits formats que sa femme échangeait contre de la nourriture. Les
temps étaient maigres – ce qui a été accentué plus tard par l’inflation et la
crise économique mondiale – et le couple von Bochmann devait alors
nourrir une famille de six : les deux filles Hélène et Elisabeth qui ne se
sont pas mariées, et après la mort du fils Gregor, qui avait marié en 1905
la fille Marianne de Hans Peter Feddersen, les deux petit-enfants Gregor
et Renate qui vivaient chez les grand-parents. En effet, seulement six
mois après la mort de Gregor à la guerre en France, la mère des deux
enfants de 4 et 5 ans mourut d’une tumeur au cerveau. Et 10 ans plus
tard, le peintre subissait un autre coup du destin qu’il eut de la difficulté
à accepter : son deuxième fils Ewald, qui s’était établi comme médecin
près de Dresden, mourut en 1924 d’un problème cardiaque. Ainsi, le
peintre avait perdu ses deux fils en l’espace de 10 ans.
Annotations aux illustrations
en haut : Un découpage : La déclaration de guerre 1870 (numéro de
catalogue 55)
en bas : Gregor et Emilie von Bochmann en 1927
Page 21 de la version allemande
C’est Emilie von Bochmann qui s’occupait de l’éducation des enfants,
mais son mari en prenait soin aussi : il faisait à l’occasion des
découpages pour ses petits-enfants qu’il préparait en toute vitesse sous la
table sans regarder. On peut visualiser sa maîtrise de découpage dans
l’exposition. Le travail exposé, La déclaration de guerre 1870, prouve
d’un façon particulière sa mémoire, son sens des formes et sa dexterité.
Gregor von Bochmann mourut le 12 février 1930 dans sa maison à
Hösel. Puis, sa veuve vendit la propriété sur le Kurfürstenstrasse et vécut
les dernières années jusqu’à sa mort en 1935 dans la maison d’été.
Après sa mort, le “Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen”
organisa en 1930 une exposition rétrospective qui fut bien remarquée.
Plusieurs articles de journaux de cette année attestent un haut degré
d’appréciation générale pour l’artiste. Ses œuvres étaient aimées et
recherchées surtout à Düsseldorf et ses environs. Aussi les peintres
collègues avaient une grande estime pour l’homme et l’artiste, et le
reconnaissaient comme un grand artiste. Par exemple, il paraît que Hugo
Mühlig (1854-1929) avait proclamé peu avant sa mort : « Un tel artiste
ne reviendra jamais. » 5
Gregor von Bochmann a laissé, avec ses tableaux d’huile, aquarelles
et dessins, une très grande œuvre, dans laquelle on remarque clairement
la personnalité et l’originalité propre de l’artiste. D’une certaine façon, il
était un “Meister alter Art” (maître à la manière ancienne), qui peignait la
nature et les gens comme ils se représentaient. Il n’était pas préoccupé
par la reproduction du beau. Il était beaucoup plus important pour lui de
capter le paysage et les personnages dans leur situation caractéristique,
de représenter le “Echte” (le vrai, le véritable), et le peintre réussissait
en cela par son style propre réaliste-naturaliste.
Annotations aux illustrations
en haut : Sur le prés (numéro de catalogue 16)
Page 22 de la version allemande
Ses tableaux sont marqués par un amour pour la reproduction conforme à
la réalité : la vie dure des pêcheurs et de la population paysanne en
Estonie n’est pas embellie, mais pas non plus représentée d’une façon
critique dans le sens d’une dénonciation sociale.
Dans la littérature de l’époque, l’artiste a été souvent présenté comme
“individualiste à côté des sécessions”, puisqu’il se montrait peu influencé
par le courant impressioniste – et plus tard de même par le courant
expressioniste. Pourtant, on peut reconnaître aussi un certain
développement dans son œuvre: pendant que les œuvres de jeunesse sont
encore marquées par une peinture détaillée presque une obsession du
détail, comme par exemple dans le tableau Sur le prés, ses œuvres de
l’âge mûr montrent une composition à grands traits et un éclaircissement
des couleurs fonçées. 6
Durant
sa vie, les tableaux de Gregor von Bochmann étaient beaucoup
appréciés. Ils étaient achetés par un grand nombre de galeries et de
particuliers, et ont été en partie exportés à l’étranger, vers l’Angleterre ou
les Etats-Unis. Jusqu’à aujourd’hui, ses œuvres sont restées présentes sur
le marché des arts nationaux.
Par contre, pendant les derniers 50 ans, il y eut seulement quelques
expositions sporadiques sur Gregor von Bochmann, comme l’exposition
rétrospective à l’occasion de son centième anniversaire par le
“Kunstverein für die Rheinlande und Westfalen” en 1951 ou quelques
petites expositions dans des galeries de Düsseldorf en 1981 et 1984.
Aussi la recherche de l’histoire de l’art l’a négligé jusqu’ici. Son nom
apparaît rarement dans la littérature d’aujourd’hui, excepté dans des
contributions pour des lexiques et petits articles de revues.
Aujourd’hui, Gregor von Bochmann est presque tombé dans l’oubli
ne le mérite pas.
- il
Annotations :
1 “Gregor von Bochmann” dans: „Autobiographische Plaudereien rheinischer
Künstler“, dans la revue: “Mitteilungen des Kunstvereins für die Rheinlande und
Westfalen” (1. Jahrgang, Heft I), édité par le Kunstverein für die Rheinlande
und Westfalen, Düsseldorf 1929/30, S. 7-9.
2 Idem
3 “Bildhauer und Maler in den Ländern am Rhein”, édité par W. Schäfer,
Düsseldorf: Bagel, 1913.
4 G.W. Schleicher: „Gregor von Bochmanns Meisterschaffen. Zur
Gedächtnisausstellung im Kunstverein für Rheinland und Westfalen“, dans le
journal “Der Mittag” du 11.04.1930, Nr. 86, Düsseldorf.
5 Idem
6 Dr. Heinz Peters: Allocution à l’occasion de l’ouverture de l’exposition
„Gregor von Bochmann 1850-1930 – Gedächtnisausstellung“, Kunstverein für
die Rheinlande und Westfalen, Düsseldorf, 1951.
7 „Gregor von Bochmanns, der Maler“, dans “Blätter der LIGA - Zwangslose
Vereinigung Düsseldorfer Künstler”, revue pour la culture artistique, édité par
Carl Aller, Cahier II, 2. Jg., Düsseldorf, August 1931, S. 8.

Documents pareils