La polémique enfle après un mégaconcert néonazi en Suisse

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La polémique enfle après un mégaconcert néonazi en Suisse
4.11.2016
SMD Dokument
© SWI swissinfo.ch; 18.10.2016
Politique
La polémique enfle après un méga­concert néo­nazi en Suisse
La Confédération serait­elle devenue un paradis pour la scène d’extrême­droite européenne?
C’est la crainte manifestée par de nombreux experts, politiciens et éditorialistes à la suite d’un
concert qui a réuni plus de 5000 personnes samedi soir dans une petite commune du canton de
Saint­Gall.
Crânes rasés, bras droits tendus, riffs de guitares agressifs et chansons faisant ouvertement
l’apologie du Troisième Reich: Unterwasser, une bourgade d’habitude calme et paisible de la
campagne saint­galloise, s’est muée samedi soir en véritable capitale de la scène musicale
d’extrême­droite européenne. «Je n’ai pas connaissance d’une soirée de concerts de groupes
néonazis de cette ampleur en Europe de l’Ouest», affirme Hans Stutz, spécialiste des
mouvements d’extrême­droite, qui s’exprime dans les colonnes de plusieurs quotidiens helvétiques
ce mardi. Hans Stutz dénonce le manque d’initiative de la police, qui n’a pas jugé bon d’entrer dans la salle
de concert pour contrôler ce qu’il se passait. Une attitude également très critiquée par les
principaux titres de la presse suisse. «La police dit ne pas être entrée dans la salle au motif qu’il
s’agissait d’un événement privé et ne commente pas les ‘orientations politiques’ des organisateurs.
Or on ne parle pas d’une soirée de soutien à un parti, mais bien de l’un des plus grands
rassemblements de sympathisants d’extrême droite jamais vus en Suisse», écrit ainsi l’éditorialiste
du Temps.
Le Tages­Anzeiger cite de son côté le professeur de droit Marc Forster ainsi que la jurisprudence
du Tribunal fédéral, selon lesquels des propos racistes tenus au cours de grands événements
privés tombent également sous le coup de la norme pénale antiraciste.
Une carte blanche?
La Tribune de Genève s’inquiète pour sa part de la facilité déconcertante avec laquelle les
organisateurs sont parvenus à déjouer les contrôles de sécurité. «Ces événements peuvent
donner l’impression qu’une carte blanche a été accordée aux rassemblements d’extrême droite de
l’Europe entière», estime le quotidien genevois. Une inquiétude partagée par le Tages­Anzeiger et le Bund: «Si les autorités et les propriétaires de
salles continuent d’agir de manière aussi naïve, le risque est grand que la Suisse devienne encore
plus populaire aux yeux des néo­nazis. L’exemple d’Unterwasser pourrait leur donner le sentiment
que la Suisse est une terre propice à leurs rassemblements», écrivent les deux quotidiens dans un
éditorial commun.
La Suisse est considérée depuis longtemps par la scène d’extrême­droite comme un havre sûr
pour l’organisation de concerts, rappelle pour sa part la Luzerner Zeitung. «Leurs partisans
peuvent s’y agiter en toute tranquillité, il leur suffit de déclarer que l’événement est privé. Cela doit
changer!»
«Il n’est pas concevable que des militants d’extrême­droite se rassemblent en Suisse parce qu’il est plus facile d’y
organiser des événements»
Chantal Galladé, députée socialiste
L’affaire remonte à Berne
Après avoir enflammé les réseaux sociaux, ce concert suscite désormais l’ire de nombreux
politiciens suisses. «Il n’est pas concevable que des militants d’extrême­droite se rassemblent en
Suisse parce qu’il est plus facile d’y organiser des événements», souligne ainsi la députée
socialiste Chantal Galladé, interrogée par le Bund.
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Le quotidien bernois nous apprend que la commission de sécurité du Conseil national (Chambre
basse) pourrait se saisir de l’affaire et demander des comptes à Markus Seiler, le chef du Service
de renseignement de la Confédération (SRC). Le SRC affirme de son côté qu’il était au courant de
la manifestation et qu’il a informé en ce sens les polices cantonales, dont celle de Saint­Gall.
Cet événement aura également des suites judiciaires. La Fondation contre le racisme et
l'antisémitisme (GRA) a porté plainte contre les groupes suisse Amok et allemands Stahlgewitter,
Confident of Victory, Exzess et Frontalkraft, ainsi que contre les organisateurs de la manifestation,
a indiqué mardi la GRA. La fondation estime qu'il y a eu violation de la norme antiraciste (article
261 bis du Code pénal). Les autorités de la commune saint­galloise entendent elles aussi examiner si les paroles des
chansons jouées samedi soir violent la norme antiraciste. Le maire d'Unterwasser, Rolf Züllig, vise
également les organisateurs du concert, estimant qu'ils ont obtenu une autorisation en donnant de
fausses informations aux autorités. swissinfo.ch
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