Spectrina la petite sorcière

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Spectrina la petite sorcière
Spectrina, la petite sorcière
Spectrina est une petite sorcière étrange. Elle ne sait pas ricaner, ne tire jamais la langue, et ne
transforme jamais les lapins en grenouilles.
Normalement, les petites sorcières ont un nez pointu, qui devient crochu. Mais Spectrina n’a
pas de bosse sur le nez ! Elle a une belle peau rosée et des yeux bleus.
En général ; les sorcières ont une dent sur deux. Mais Spectrina possède des dents blanches et
brillantes. Alors, tout le monde la trouve laide. A l’école, ses camarades se moquent d’elle.
Spectrina, elle aussi, se trouve laide. Elle ne ressemble pas à une sorcière ! Même son grand
chapeau noir ne tient pas sur sa tête. Pourtant, c’est Chapotras, la meilleure chapelière qui l’a
confectionnée.
Spectrina a rapporté son chapeau à Chapotras qui l’a trempé dans la bave noire de crapaud.
Mais il n’ y a rien à faire : le chapeau ne veut pas se tenir droit comme un i.
A la cinquième visite, Chapotras s’est mise en colère. Elle a craché quelques lézards. Puis, elle a
crié qu’elle ne voulait plus entendre parler de cette petite sorcière ratée.
Aujourd’hui, la petite sorcière est triste. Elle vient d’avoir zéro à un exercice de fabrication de
potions magiques. C’est très difficile et même dangereux. On peut transformer un enfant en
tigre plutôt qu’en grenouille.
Alors Spectrina rêve et lit les étiquettes des flacons : PATTES D’ARAIGNEE, POILS DE RATS,
LANGUES DE CRAPAUDS, …Puis, elle invente une potion qui ne veut rien dire et se fait gronder.
Alors, toutes ses camarades rient de plus belle.
- Pourquoi apprendre tout cela, demande Spectrina à son miroir magique ;
- Mais parce que tu es une sorcière, répond le miroir ! Tu dois apprendre à faire peur aux
enfants. Pour cela, il faut aller à l’école et apprendre des formules magiques.
Mais Spectrian ne veut pas faire peur aux enfants.
Dans la classe, tout le monde se moque d’elle car elle ressemble à une gentille sorcière.
Mais la maîtresse sorcière, madame Granfourbicoutra dit que cela n’existe pas. Elle est vieille.
Aussi, c’est la plus savante car elle a neuf verrues dur le nez !
- Ecrivez vos devoirs, dit-elle en se grattant la tête sous son chapeau tout en crachant une
araignée. Vous allez inventer une potion pour faire dresser les cheveux des enfants.
Tous les soirs, après l’école, Spectrina s’enfuit au bord de la rivière. Cachée dans les buissons,
elle épie un groupe de trois enfants : un petit garçon et une petite fille. Ils rentrent de l’école, leur
cartable sur le dos.
Lui se nomme Pierre et les filles Prune et Lison. Spectrina les écoute parler et elle les
regarde s’amuser. Elle aimerait bien jouer avec eux. Cela changerait des ricanements et des
vilains sortilèges.
- Aujourd’hui, quelle bonne surprise vais-je préparer pour les enfants ? se demande Spectrina.
Un vol de papillons parfumés ou un arc-en-ciel dans la rivière ? Non, je vais faire pousser des
fleurs géantes au bord du chemin.
Spectrina ramasse des écorces, des graines, des herbes rares et des plumes rouges. Elle pile,
écrase, ajoute de l’eau pure et prononce trois formules. Elle jette un peu de sa préparation, puis
se cache au bord du chemin. Alors, on entend la cloche de l’école. Les enfants vont sortir !
- Regardez, regardez, crie Prune, des fleurs géantes ! Quelle merveille, je n’ai jamais vu ça !
Le soir tombe. Il est déjà sept heures. Dans la maison de Spectrina, des beignets de pattes
d’araignée rissolent dans une poêle noire.
- Spectrina, veux-tu mettre la table s’il te plaît ?
La petite sorcière sort du buffet des assiettes en carapace de tortues, les fourchettes en pattes
de poulet et les cuillères en bec de canard.
- Je t’ai préparé des beignets, dit la maman de Spectrina. On va se régaler ! J’ai composé pour
le dessert de la gelée de grenouilles vertes du marais.
Malgré toutes ces bonnes choses, elle est triste et n’a pas faim.
- Mais qu’est-ce que tu as ce soir, Spectrina ? lui demande sa maman. Tu sembles fatiguée. Tu
passes trop de temps avec ces enfants près de la rivière. Tu n’es pas une assez bonne sorcière
pour leur résister. Ils sont maléfiques et le soir, tu es fatiguée. Bon, récite moi les leçons de
madame Granfourbicotra. Comment fait-on la potion pour faire mentir les enfants ?
- Il faut deux rondelles de hérisson et une cuillère de poudre de lézard …
- NON, répond la maman, d’escargots !
- Ensuite, il faut remuer avec une cuillère en bois.
- Mais NON, il faut agiter dans un flacon. Décidément, tu n’y arriveras jamais.
La tisane d’orties n’est vraiment pas une boisson agréable. Mais tous les soirs, un vraie sorcière
doit en boire pour avoir l’esprit clair.
Une fois la porte fermée, Spectrina saisit son miroir magique.
- Comme tu es pâle ce soir, dit le miroir. Qu’est-il arrivé ?
- Il s’est passé quelque chose de terrible dit Spectrina. Ce matin, je me suis approchée de l’école
des enfants et j ‘ai regardé par la fenêtre. Cette école est très jolie et n’a rien à voir avec l’école
des sorcières. Il y a de beaux dessins accrochés aux murs et un bouquet de fleurs sur le bureau
de la maîtresse.
Les enfants faisaient des problèmes avec des billes à échanger. Ensuite, la maîtresse leur a lu
une histoire. Tu sais que j’adore les histoires. C’était celle de deux petits enfants qui se perdaient
dans la forêt et qui étaient capturés par une sorcière. Mais, après, les enfants ont attrapé la
sorcière et ils l’ont … brûlée !!!
Moi, je croyais que les enfants étaient gentils ! Mais cette histoire signifie que madame
Granfourbicoutra a raison : ce sont des êtres dangereux. Je ne veux plus aller près de la rivière
leur faire des surprises car s’ils me trouvent, que me feront-ils ?
Le lendemain soir, c’est la pleine lune. La maman de Spectrina lui demande d’aller cueillir des
champignons vénéneux pour le repas du soir. La petite sorcière emporte un grand sac en toile
d’araignée et s »enfonce dans la forêt. Soudain, derrière un grand chêne, elle entend des pleurs.
Elle s’approche et reconnaît Pierre. Lorsqu’il la voit, il se met à crier :
« Aide moi ! Aide moi ! Je suis perdu ! Je jouais dans la forêt et je ne retrouve plus mon
chemin ! »
- Pourquoi ne dis-tu rien ? Aide moi, je suis perdu, crie le petit garçon.
- Tu ne te sauves pas ? lui demande Spectrina. Tu vois bien que je suis une sorcière.
- Une sorcière ? Et tu as peur des enfants ? C’est très étonnant car tu as un beau chapeau et
toutes tes dents !
- Mais oui, je suis une sorcière , rétorque Spectrina. Mais pas comme les autres. Je déteste
effrayer les enfants. Je vous regarde souvent rentrer de l’école Lison, Prune et toi. Et je vous
invente des surprise !
- Alors les fleurs géantes, c’était toi ?
- Oui, c’est moi !
Mais c’est merveilleux ce que tu fais. Personne ne nous croit. Si tu veux nous jouerons ensemble
demain après l’école.
Oh oui, s’écrie Spectrina. J’ai plein de jolis tours dans mon sac. On va bien s’amuser.
Alors, Spectrina, la plus heureuse des sorcières, traverse la forêt avec son nouvel ami, guidée
par une belle lune blanche.
Auteur : inconnu

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