Plasencia et son Parador [brochure]

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Plasencia et son Parador [brochure]
Plasencia:
Noble, Temeraire Et Altiere
“...Entre ses rocs verts et ses pâturages défilaient, solennelles,
de paisibles chênaies et, de temps en temps, les chênes-liège
montraient leur tronc nu…”
(Miguel de Unamuno)
LASENCIA
P
Et son Parador
B
ien qu’il soit impossible de le démontrer totalement, il en est
ainsi, on peut le constater : Plasencia est comme protégée par
son relief et, fortuitement mais sagement, défendue par ses dispositions
naturelles. Il y a si longtemps, environ deux siècles avant notre ère, elle
était une place, une ville, une forteresse. Tout juste un campement, très
vite romain et romanisé.
Les légions qui l’envahirent, dessinèrent des chemins péninsulaires
stratégiques par lesquels elles pénétrèrent : cette route s’appela, s’appelle
et s’appellera encore « La Via de la Plata » (la route de l'Argent). C’était
et cela reste une communication verticale dans la péninsule ibérique, une
sorte de colonne vertébrale. On la connaît encore comme « La Raya de
Portugal » (la ligne du Portugal) : un témoin vivant des siècles passés.
Les légions impériales dessinèrent, à bon escient, un ingénieux réseau de
chemins (d’environ 30.000 kilomètres) pour établir des bornes et des
auberges dans les lieux les plus stratégiques. Cette Via de la Plata fut
l’un des axes les plus convoités par cet empire : du sud de Huelva,
débarquèrent de nombreuses caravanes des navires chargés d’esclaves et
de munitions qui se dirigeaient vers le nord d’Estrémadure et de Galice,
à la recherche d’or et d’argent que fleuves et montagnes offraient en
quantités si abondantes qu’ils pouvaient approvisionner largement cet
immense empire.
Au passage, les Romains établirent dans ces territoires des cultures
fertiles. Ils apportèrent des technologies nouvelles et améliorèrent les
usages et coutumes des arts, de l’artisanat, des lois et de l’ingénierie.
Ils éradiquèrent les peuples ibères et détruisirent des campements celtes.
Mais ils construisirent aussi villes et villages. Ils imaginèrent des
aqueducs, dessinèrent des cirques et des amphithéâtres, implantèrent le
Code romain dont aujourd’hui encore se nourrissent largement les
mondes occidentaux. Pour résumer, ils inventèrent ce que l’on connaît
aujourd’hui sous le nom de culture occidentale par laquelle transite cette
noble, belle, altière et surprenante ville d’Extremadura : Plasencia.
C'est ce qu'on peut voir sur le blason de ces gens-là, cultivés,
excentriques et de ces paysages surprenants et luxuriants. D’ailleurs le
blason le dit clairement depuis toujours et pour toujours : « Ut placeat
Deo et Omnibus » (Pour le plaisir de Dieu et des hommes).
Jadis un campement et aujourd’hui une cité superbe, cette ville fut
fondée par le roi de Castille don Alfonso VIII, à l’aube du XIIIe siècle de
notre ère.
Le visiteur se rendra vite compte que cette très noble ville est née de
pères querelleurs et d’habitants turbulents. Aujourd’hui encore, on peut
voir ses tours vigilantes, ses murailles défensives et ses portes qui
s’ouvraient ou se fermaient chaque jour selon le degré de confiance ou de
méfiance envers l’étranger. A cette époque-là, on assistait à des invasions
terribles, des pillages entre Maures et Chrétiens qui étaient
alternativement conquérants ou conquis.
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En ce temps-là, cette altière forteresse possédait environ soixante-dix
tours et huit portes « les tours bien closes et les portes grandes ouvertes »
selon les nobles intentions, sympathies ou convenances qu’offrait
l’étranger.
Au début, elle vécut sous la protection des couronnes des monarchies
castillanes jusqu’au milieu du XVIe siècle ; par la suite, elle fut concédée
comme comté par le roi Juan II en remerciement de ses faveurs et de ses
mérites à Pedro de Zúñiga, maître et seigneur des vies et demeures d’ici
et de là-bas.
Dans cette moitié de l’Espagne, les Maures, les Juifs et les Chrétiens ont
voulu et ont su cohabiter. Les trois cultures vécurent en une harmonie
bénéfique pour tous. Plasencia fut un noyau remarquable et rayonnant
de la culture hébraïque.
Il serait sans doute convenable de rappeler
que le bon accueil fait à la population
juive fut favorisé par la décision du roi
Alfonso VIII selon la juridiction
promulguée en 1189. Et il faut noter que
la population juive de Plasencia
comptait déjà à l’époque un millier
d’habitants. Ils se réunissaient pour
prier, parler, négocier ou conspirer dans
une importante synagogue connue sous
le nom de « La Mota », édifiée
précisément à l’endroit qui est
aujourd’hui occupé par le palais du
marquis de Mirabel et le couvent
dominicain de Saint-Vincent, à présent
Parador national.
Le Parador :
Eblouissant Couvent
de Santo Domingo
Dès ses débuts, en 1477, la pieuse communauté prodiguera des soins
intenses et fervents à l’enseignement et l’éducation chrétienne, selon
l’ordre absolu de la duchesse :
« …j’ordonne que parmi les religieux qui habitent le couvent, cinq
d’entre eux se consacrent pleinement et exclusivement à l’étude de la
théologie ». Et pour sa réalisation, on dota le couvent d’une chaire et
d’une somme d’argent conséquente.
Plus tard, le couvent reçut des donations personnelles de grande
valeur ; comme par exemple celle de Don Rodrigo Ignacio de Carvajal
y Nieto qui offrit au couvent une bibliothèque d’une valeur
inestimable qui compte environ trois mille volumes ; un trésor
impressionnant pour l’époque. Le monastère pourra se vanter d’avoir
deux chaires de théologie, une d’art et des cours
de philosophie.
Le Parador « Convento de Santo Domingo »
(couvent de Saint-Dominique) intègre un
ensemble architectural du XVIe siècle. Le
couvent sera aussi habité par les Pères du
« Corazón de Maria » (Coeur de Marie).
Après de nombreuses vicissitudes, il
terminera dans un état lamentable
d’abandon jusqu’à qu’il soit rénové et
réhabilité pour être transformé en un lieu
privilégié de villégiature pour le visiteur.
Ces murs, cours et nombreuses dépendances sont
édifiés sur ce qui fut « La Mota », ancienne
forteresse de Plasencia, mais aussi synagogue et
cimetière juif. Les recherches archéologiques en
apportent la preuve. Les fouilles elles-mêmes ont
mis en lumière des objets antérieurs à la fondation
de la ville sur ordre royal d’Alfonso VIII. Des objets
précieux furent découverts, ainsi que d’abondantes
reliques juives, comme des lampes votives.
Les travaux du superbe monastère furent dirigés et réalisés par le
maître tailleur de pierre Pedro Gonzalez. Il put compter sur l’aide
précieuse de son fils ainsi que sur les maîtres Malueñes, Daras et
Garcia Escalante, qui ont construit la cathédrale.
A
u milieu du XVe siècle, Alvaro de Zúñiga exproprie ces
terrains pour édifier le pieux couvent. Pour cela, il fut
inévitable de démolir la synagogue et ses alentours.
Le visiteur partagera donc le lieu et les dépendances d’une enceinte
exceptionnelle où vécurent des saints (et des moins saints) frères
dominicains par décision expresse et généreuse des comtes de Zúñiga,
don Alvaro et doña Leonor de Pimentel.
La lettre qui est à l’origine de ce lieu dit ainsi : « …moi, Leonor,
duchesse de la ville de Plasencia, avec l’autorisation et le
consentement du duc, mon époux, j’ai fait construire un monastère de
l’ordre des Dominicains en honneur à saint Vincent des Prêcheurs
auquel je voue une dévotion toute particulière… »
Noble dévotion et gratitude à saint Vicente Ferrer qui voulut et sut,
miraculeusement, ressusciter le seul enfant mâle des ducs.
Jusqu’à ce que le monastère soit terminé, les religieux priaient et
oeuvraient près de la paroisse de Saint-Michel qui deviendra « Santo
Domingo el Viejo » (Saint-Dominique le Vieux).
L’ensemble monacal ressemble à une sorte de bras pieux et protecteur
embrassant l’église qui, par sa magnificence, a davantage l’allure
d’une cathédrale. On accède au temple par un immense portail
néoclassique du XVIIe siècle. Cependant, l’accès au couvent se fait par
la zone ouest, en passant sous un saisissant portail du XVIIIe siècle.
L’entrée qui donne sur la belle cour, laisse voir un impressionnant
plafond à caissons (en grisaille) patiemment et sagement façonné aux
XVIe et XVIIe siècles. A l’origine il se trouvait près des cellules, entre
le choeur et le sanctuaire.
Le cloître aux magnifiques proportions, est de gothique tardif. Dans la
partie sud-ouest du rez-de-chaussée, on peut voir les restes d’un
plafond à caissons polychrome mudéjar, qui fait l’admiration du
visiteur. Au dernier étage, se trouvent des peintures avec les blasons
des Dominicains des familles Zúñiga Pimentel et même une allégorie
de la mort, toutes datent du XVIe siècle. Les murs sont ornés de
fresques du XIXe siècle, fidèles reflets du modèle original du XVIe.
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L’escalier est comme un sortilège agile fait de
lourdes pierres de taille. L’oeuvre est aussi belle
que surprenante : étant donné sa généreuse
envergure, elle défie les principes de la
construction par d’invraisemblables et
mystérieux supports. Ce n’est pas pour rien
qu’on la connaît sous le nom « d’escalier
suspendu ». Son créateur est le maître Juan
Alvarez, originaire de Plasencia (1577).
L’oeuvre est si remarquable que les frères des
contrées voisines ainsi que de grands
architectes venaient l’admirer.
La salle capitulaire (et chapelle de profundis) impose respect et
révérence. Elle est disposée sous des voûtes en croisée d’ogives en
forme d’étoiles, édifiées au XVe siècle.
Le couvent possède deux grandes salles : au rez-de-chaussée, le
réfectoire, du XVIe siècle, est doté d’une superbe frise en carreaux de
faïence polychromes de Talavera. Au-dessus se trouve la bibliothèque.
Les deux salles, aux belles proportions, ont un plafond à caissons.
La façade occidentale qui donne sur la cour principale –
correspondant à l’arrière du réfectoire et de la bibliothèque – attire
l’attention par ses deux blasons représentés sur une fresque. L’un des
Dominicains, l’autre de la famille Zúñiga- Pimentel. La cour nord
montre une autre façade de noble apparence, du XVIe siècle, qui fait
alterner fenêtres et arcs en anse de panier et en accolade.
La cave monacale mérite toute notre attention. Bien que christianisée
au XVe siècle, elle est aujourd’hui adaptée aux nécessités hôtelières de
ce Parador. Mais elle respecte et révèle ses origines. Elle est creusée
sous la roche, avec trois niveaux de profondeur et elle est dotée d’un
système intelligent et sûr pour l’élaboration du vin. Si l’une des cuves
du niveau supérieur se casse, à cause de l’étape de la fermentation, le
liquide renversé sera recueilli dans les cuves inférieures. Les
connaisseurs affirment que ces caves sombres et fraîches ont contenu
près de deux mille cuves de vin.
Et les mauvaises langues diront que dans ces profondeurs vinicoles a
été célébrée en grande pompe et avec une généreuse abondance de
mets exquis, l’expulsion des Jésuites – ordonnée par le roi
Carlos III – au milieu du XVIIIe siècle.
Depuis Le Parador:
A La Rencontre Du Temps
Perdu
“... Entre des rochers revêtus de verdure, tournée vers la Jerte,
Plasencia dresse les masses de ses anciens châteaux et, au centre,
les fondations de sa cathédrale inachevée ...”
Unamuno, encore une fois
rès vite, les Rois Catholiques et unificateurs, Isabel et
Fernando, décidèrent au début du XVIe siècle de récupérer
Plasencia pour leurs royaumes exclusifs. Et cette forteresse
médiévale, mêlée de gothique, restera pratiquement intacte ainsi :
moderne et bruyante mais dissimulée entre les roches et la végétation.
Ces lieux splendides, par bonheur peu fréquentés par les invasions de
touristes, offrent au visiteur une hospitalité inhabituelle.
T
La ville rappelle des splendeurs jamais perdues. Ce n’est pas pour
rien que ces rues, ces places et un grand nombre de ces demeures
aristocratiques abritèrent maîtres et puissants « qui surent habilement
et pendant longtemps ordonner et gouverner ces lieux… »
CATHEDRALE DES CATHEDRALES
Pour son plus grand plaisir, le visiteur ne trouvera pas une cathédrale
habituelle : c’est plutôt un ensemble, une succession d’enceintes
religieuses aux singularités artistiques surprenantes habilement et
patiemment brodées par des temps lointains mais pas si anciens. Elle
bénéficia de pouvoirs religieux et économiques étendus. Les évêchés de
Plasencia voulurent et surent attirer les meilleurs artistes et artisans de
l’époque. Ces pierres ont été taillées et moulées par des noms aussi
prestigieux que ceux de Rodrigo Gil de Ontañón, Alonso de Covarrubias
ou Diego de Siloé.
Le résultat sera une sage symbiose de deux cathédrales en une seule :
la vieille et la nouvelle. Résultat miraculeux d’un difficile équilibre entre
le roman, le gothique et le plateresque.
« La Vieille » est un temple qui se vante d’être modeste alors qu’il se
dresse en face du palais épiscopal. Cette cathédrale fut édifiée entre le
XIIIe et le XIXe siècle et se compose de trois nefs avec des voûtes en
croisée d’ogives, un vieux cloître cistercien et la très singulière coupole
octogonale terminée par un chapiteau en écailles qui rappelle la Vieille
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cathédrale de Salamanque ou la collégiale de Toro. Elle porte le sceau et
le goût du très réputé Juan Francés.
Mais « la Nouvelle » n’a rien à lui envier : elle attira de très nombreux
architectes fort prisés de l’époque. Enrique Egas conçut et initia sa
construction. Francisco de Colonia et d’autres encore poursuivirent plus
ou moins fidèlement son chef-d’oeuvre. C’est Juan de Alava qui
terminera la Grande chapelle en lui donnant une touche exceptionnelle
de style Renaissance. Alonso de Covarrubias poursuivra la construction
de l’édifice et Gil de Hontañon sera l’auteur de la splendide façade
principale aux saveurs de Renaissance.
Les deux cathédrales, inachevées, offrent au spectateur un ensemble
hétérogène mais harmonieux et d’une incomparable beauté. La touche
finale ne peut raisonnablement être attribuée qu’au passage et à la
marque du temps.
VISITE DE LA VILLE
-
Vieille cathédrale, XIIIe s. et Nouvelle cathédrale, XVIe s.
Musée de la cathédrale
Musée ethnographique
Palacio Episcopal (palais épiscopal)
Plaza Mayor (grand-place)
Eglise de San Salvador XVIIIe s.
Eglise de San Nicolas XIIIe s.
Eglise de San Martin XIIIe s.
Remparts et ses portes : Berrozana del sol et Postigo de Santa
Maria.
Tables De Produits Typiques:
Goûts prononcés mais
savamment domestiqués
L
e commensal se trouve sur le lieu privilégié, d’où part la Via
de la Plata, croisement de l’histoire, de l’art. Cette route a connu et
hérité de bien de promenades et déambulations douloureuses mais
bénéfiques de passants divers et variés. Les uns ont su apprendre et
les autres ont pu enseigner les « arts de découper les viandes » qu’on
appelle aujourd’hui, « gastronomie ».
Cela ne pouvait pas en être autrement : les produits que cette
nature a toujours offerts et continue encore à offrir, comme le
chevreau ou le mouton élevés à l’air libre, sont abondants et variés.
Les produits de la chasse sont le sanglier, la perdrix… ceux des
rivières sont la truite et la tanche d’eau douce ou les grenouilles des
mares. Et évidemment les jambons et les charcuteries, séchés dans des
propriétés où abondent les chênes et les glands, sont excellents. Il y a
aussi les fromages régionaux et les fruits des berges de la Jerte.
Ces plats élaborés avec des produits naturels et une grande rigueur
sont l’héritage ancestral de pasteurs transhumants, de recettes
monacales, de rites et coutumes raffinés mais pas tout à fait frugaux.
On ne pourra pas oublier de mentionner brièvement le palais
épiscopal, belle enceinte entièrement unie à l’ensemble qui intègre la
place de la cathédrale. Sur sa façade de style Renaissance, on peut voir
un blason de l’évêque Vargas Carvajal (XVe siècle), promoteur très actif
d’un grand nombre de monuments de facture religieuse.
Le voyageur devra trouver du temps pour de sages pérégrinations sur
ces places et dans ces rues, ces bars et ces boutiques artisanales perdues
et cachées, ces antiquaires et pour de féconds bavardages avec ces
habitants.
Et souvenez-vous que si jadis Plasencia fut une place fortifiée aux
portes closes, c’est aujourd’hui une ville aux portes grandes ouvertes
pour tout voyageur qui prendra la peine de s’en approcher. La
communauté juive put vivre et cohabiter dans les rues qui s’appellent
aujourd’hui « Coria », « Zapateria » et « Trujillo » ; quand la première
synagogue fut détruite, la communauté juive resta fidèle à ses traditions,
à ses coutumes et à sa religion ; elle décida de construire une nouvelle
synagogue où se trouve aujourd’hui la place d’Ansamo, près de la rue
Trujillo, mais en vain ; sa durée de vie fut brève.
PLATS BÂTARDS
Le commensal pourra certainement goûter tous ou presque tous les
plats cités ci-dessous :
« Jamon de bellota » (jambon cru de porc, que l’on appelle ici «
marranes »). Toutes ces tranches sont si appétissantes que les fins
connaisseurs ne savent pas s’ils doivent goûter d’abord une tranche
grasse et rosée ou une tranche maigre plus foncée.
Les « ancas de rana de charco » (cuisses de grenouille de mare).
Batracien savoureux qui vit dans ces régions de basse altitude.
« Riñones de cordero en sopetón » (rognons d’agneau sur tranche de
pain grillée trempée dans l’huile), ou « zorongollos » jambon de
canard, à base de poivrons grillés et assaisonnés de La Vega. Et des
« tostas de patatera dulce », sorte de boudin à l’élaboration
mystérieuse et singulière. « Lomo de retinto a la parrilla » (entrecôte
au vin grillée), élaborée avec du veau du pays et saupoudrée de
paillettes de sel.
Quand c’est l’époque – en automne –, on peut manger de la perdrix
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« estofada y rellena de hongos » (avec des champignons farcis à
l’étuvée) et des « ibèricos » (charcuterie du pays). Le plat préféré des
connaisseurs est la « paletilla de cordero lechal » (épaule d’agneau) –
avec appellation d’origine – rôtie et assaisonnée d’herbes aromatiques
cueillies dans les environs.
Et bien d’autres plats qui varient selon les époques : « milhojas
rellenas de criadillas de la tierra » (millefeuilles farcis de truffes),
« espárragos trigueros » (asperges sauvages) et « gambas sobre
salsa de setas » (crevettes accompagnées d’une sauce aux
champignons). « Musaca de cordero lechal asada sobre caviar de
berenjenas » (Moussaka d’agneau de lait rôti sur caviar d’aubergines).
Mais que le commensal se réserve pour les desserts qui sont un
savoureux mélange monacal, pastoral, maure et juif :
La « técula-mécula » est un mélange d’oeufs et d’amandes dont la
recette et l’élaboration sont variables et demeurent secrètes.
L’étrange « sopa de garbochas » est en réalité une sorte de soupe
avec du lait, du riz, des châtaignes, du miel, et autres ingrédients
mystérieux.
Les « repapalos » sont des beignets faits de mie de pain et d’oeufs
et cuits dans du lait anisé.
Que le commensal ne se décourage pas par la variété et l’abondance
de ces plats. Si vous n’arrivez pas à vous décider, demandez conseil.
LES RECETTES SECRETES
Bien que ce ne soit pas habituel, le Chef de l’établissement ne voit
aucun inconvénient à révéler les secrets de l’élaboration de certains de
ses plats préférés. Mais à vous de les réussir…
BACALAO MONACAL
Après avoir dessalé, essoré et enfariné la morue, la faire frire dans
la même huile avec laquelle vous aviez frit auparavant les rondelles de
pommes de terre.
Puis avec une partie de cette huile, faites revenir les épinards que
vous aurez cuits au préalable.
Dans un plat en terre, répartir la couche de pommes de terre puis
les épinards, et enfin la morue. Recouvrez de lait et d’une gousse d’ail
écrasée puis mettez au four.
GAZPACHO DE TRIGUEROS
Dans une poêle, faites frire deux gousses d’ail dans beaucoup
d’huile. Puis faites frire trois oeufs.
Dans l’huile qui reste, faites frire une botte d’asperges sauvages.
Mettez le tout dans une casserole avec un peu de mie de pain.
Mélangez.
Ajoutez un peu d’eau et assaisonnez avec du sel et du vinaigre.
Servez froid et décorez de lamelles de jambon du pays…
CUCHIFRITO DE CABRITO
Après avoir découpé le chevreau, faites frire les morceaux. Ajoutez
quelques gousses d’ail et une pincée de « pimentón » (paprika) de
Jaraiz de la Vera. Versez un petit jet de vinaigre, un autre de vin blanc
et un dernier d’eau : laissez cuire la sauce jusqu’à ce qu’elle épaississe.
TENCAS FRITAS
Tout simplement : lavez la tanche, nettoyez-la, assaisonnez-la,
enfarinez-la et faites-la frire dans de l’huile bien chaude.
On peut aussi l’accompagner de tranches de jambon frit. Rien
d’autre.
Excursions Ou Iincursions:
De Raisonnablles Pelerinages
“...Et la vie solennelle des mondes
poursuivra sa course monotone, immuable,
magnifique, sereine ...”
Gabriel y Galán
D
epuis ce Parador de tourisme historique – mais non vieillot –,
aujourd’hui rénové et fort agréable, on propose aux touristes quelques
excursions, incursions, promenades ou déambulations, nombreuses et
variées (selon l’époque de l’année et le courage de chacun).
Une carte ou une boussole seront les bienvenues mais seulement si vous
le souhaitez :
Dans La Vallee Prodigieuse
CALDERETA DE CORDERO MERINO
Faites revenir dans de l’huile bien chaude les morceaux de côtelettes
et de gigot. Ajoutez un oignon haché, du vin blanc, de l’ail et du pain
frit en purée.
Puis un morceau de foie frit de mouton. Ajoutez une pincée de
paprika puis laissez cuire jusqu’à ce que les morceaux soient bien
tendres.
Nous trouverons facilement cette vallée insolite si nous partons du
Parador en direction de la nationale 110 qui longe les rives de la
prodigieuse Jerte.
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Nous passerons par des routes parsemées de passés orgueilleux, de
populations respectueuses mais aussi soumises que le voyageur l’aurait
supposé. Elles sont aimables et sympathiques mais exigent du voyageur
une attitude réciproque : l’étranger est bien reçu mais c’est un invité.
Le voyageur pourra choisir sa route selon ses envies ou ses
disponibilités. Avant même de s’en rendre compte, il sera au coeur de la
Vallée de la Jerte. Que le voyageur et lecteur ne l’oublient pas : c’est une
vallées de troupeaux de chèvres aux coutumes pastorales. De ces proches
frontières, on peut voir des maisons en bois de châtaignier édifiées sur des
socles de granit.
Si vous le pouvez, prenez la direction du Puerto de Tornavacas, terres
hautes mais aimables qui conduisent à Avila. Dès le début de l’itinéraire,
on aura l’agréable surprise de découvrir, aux alentours de la Jerte, dans
des endroits inattendus à la végétation luxuriante, Cabezuela del Valle –
Jerte – Piornal – Tornavacas – Barrado.
Et la nature nous procure sans cesse d’agréables surprises. Le voyageur
à pied sera subjugué par une leçon magistrale de botanique, de géologie,
de zoologie… La flore et la faune constituent un spectacle abondant et
généreux d’espèces qui se sont réfugiées ici, protégées. Dans les vents des
crêtes et des ravins, des aigles noirs et des aigles royaux naviguent et se
posent avec superbe. Quant aux cigognes noires, elles trouvent auprès des
cloches une aimable compagnie.
Cette montagne est un puits sans fond de surprises. Ses habitants ont
même une façon de parler bien à eux, singulière et mystérieuse. Dans
n’importe lequel de ces vingt villages, l’étranger entendra des expressions
et des termes qui rappellent des temps lointains. C’est un dialecte curieux
et chantant – ALa fala, el Achapurriau, el Amañegu, el Alagartieru – qui
suscite l’admiration et la controverse des chercheurs. C’est peut-être une
trace – avec de fortes influences de Castille, d’Estrémadure et de Galice –
des peuples des Asturies et de León, qui à l’époque médiévale, ont
repeuplé cette région.
LA BELLE CORIA
Pour les voyageurs qui disposent de peu de temps, voici une
proposition fort alléchante. Coria, aux jolies rues et aux monuments de
grande valeur est un petit village coquet. Il mérite un détour.
Ses habitants sont austères mais leurs coutumes ne sont en rien
humbles : « …nous sommes sans doute loin mais non lointains… »,
rappellent-ils à l’étranger dans un accès de fierté. Coria est un lieu
noble et remarquable.
GATA : MONTAGNES SCULPTEES PAR LES ANGES
Terres consacrées pour les Olympes de dieux impossibles qui ont fui
les colères destructrices des hommes : lumineux filigranes des eaux,
des vents et des soleils.
Les terres de Gata sont magiques. Région enfouie et encore blottie dans
le nord de Caceres, divisée et rassemblée par des coins de la région de
Salamanque et de la Lusitanie. Climats bienveillants abrités des vents
tumultueux du nord de ces rochers. Vallées exagérément fertiles. Fleuves et
ruisseaux sautillants et rebelles. Paysages d’une puissante exubérance.
Villages sculptés par des artistes ignorant leur habileté : des gens oubliés,
silencieux, laborieux, résignés et fiers de leur montagne.
L’étranger trouvera de tout sur ces routes : témoignages préhistoriques,
restes de fortifications celtes. Fragments d’impériales chaussées romaines,
comme la Via Dalmacia qui unissait Caurum et Mirobriga qu’on appelle
aujourd’hui Coria et Ciudad Rodrigo.
Ses villages et ses chemins sont remplis de l’amour intense et de
l’éternelle présence maure, à l’exil impossible : Eljas, La Almenara,
Trebejo, Santibañez… La rédemption cultivatrice des vignes et des
oliviers, essences passées et futures de cette terre.
On dit que, plus qu’ailleurs, les Arabes versèrent beaucoup de sang et
de larmes pour céder ces paradis au Chrétien, triomphateur, fidèle au
rendez-vous de son histoire. Au début du XIIIe siècle, Alfonso IX arriva et
n’allait plus en partir. Ces terres furent, tout au long des siècles, des
pâturages habités par des populations cultivées grâce aux ordres militaires
du Temple, de l’Hôpital et surtout d’Alcantara.
Aujourd’hui Gata est l’héritière des saveurs médiévales. De nombreux
clochers le rappellent fréquemment dans des églises du XVIe.
L’architecture rurale est une sculpture magique : auvents en ardoise et en
châtaignier, granits blasonnés, ornements gothiques…
Parador de Plasencia
Pza. San Vicente Ferrer, s/n. 10600 Plasencia (Cáceres)
Tel.: 927 42 58 70 - Fax: 927 42 58 72
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
Textos: Juan G. D’Atri y Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar
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