1 CORRIGÉ DES QUESTIONS Document 1 1. a) a) De quel pays
Transcription
1 CORRIGÉ DES QUESTIONS Document 1 1. a) a) De quel pays
CORRIGÉ DES QUESTIONS Document 1 1. a) a) De quel pays Staline et Mussolini sont-ils les chefs ? Réponse : Staline est le chef de l’URSS. (0,25 pt) Mussolini est le chef de l’Italie. (0,25 pt) b) De quelle façon Staline et Mussolini sont-ils mis en scène ? Réponse : Staline et Mussolini sont représentés en contre-plongée derrière un gouvernail, le regard grave, pour bien montrer qu’ils sont les seuls à mener leur pays vers son avenir. (0,5 pt) Quel effet ces affiches visent-elles à produire sur le peuple ? Réponse : Ces affiches cherchent à provoquer une totale adhésion du peuple, une confiance aveugle en son chef et une soumission inconditionnelle à son action. (idée d’adhésion totale : 0,5 pt ; idée de confiance : 0,5 pt ; idée de soumission : 0,5 pt) Ces affiches incitent au culte de la personnalité du chef. (valoriser si expression « culte de la personnalité » apparaît dans la réponse) Document 2 2. a) Quelle est l’expression utilisée par Mussolini lorsqu’il qualifie l’égalité dans un régime démocratique ? Réponse : Pour qualifier l’égalité dans la démocratie, Mussolini utilise « l’absurde mensonge ». (0,5 pt) b) Selon Mussolini, sur quoi repose le fascisme ? Donnez au moins quatre éléments Réponse : Dans ce même discours, Mussolini expose les principes du fascisme. Dans un premier temps, il fait de l’État la clé de voûte du régime. Dans un second temps, il insiste sur la nécessité de l’ordre et la primauté du policier sur tous les autres métiers. (si deux de ces éléments, 0,5 pt) Puis, il affirme son antisocialisme. Enfin, la raison d’être du fascisme est, pour Mussolini, la nécessité de faire la guerre. (si deux de ces éléments, 1 pt) Idée à valoriser : le fascisme est antidémocratique. Document 3 3. a) Quelle est la signification d’un autodafé dans le contexte du totalitarisme ? Réponse : Dans le contexte du totalitarisme, l’autodafé est une censure théâtralisée (ou une censure spectaculaire destinée à impressionner les masses). (1 pt) Si réponse : Dans le contexte du totalitarisme, l’autodafé est le fait de brûler des livres. (0,5 pt) Précision : Les livres et les journaux jugés indésirables par le pouvoir sont jetés au feu dans une cérémonie nocturne. La nuit et le feu symbolisent la fin d’un monde et la purification. b) Selon Hitler, quelles sont les trois règles d’une propagande réussie ? Réponse : Pour Hitler, une propagande réussie repose sur une propagande facile à comprendre par le plus grand nombre. (0,5 pt) Ensuite, elle doit être réduite à quelques sujets facilement identifiables (0,5 pt). Enfin, elle doit tenir dans des slogans efficaces. (0,5 pt) Pour aller plus loin : A propos de Mein Kampf, une fois arrivé au pouvoir Hitler cherche à faire interdire la publication de son ouvrage à l’étranger. C’est un des livres les plus lus et les plus vendus de l’histoire. Dix ans avant d’arriver au pouvoir, Hitler y annonçait ce qu’il y ferait. La violation des traités, l’élimination des Juifs, la guerre contre la France et la conquête d’un espace vital à l’Est, tout était écrit dans Mein Kampf. Jamais dans un livre un homme politique n’avait ainsi dévoilé à l’avance ses intentions en prenant le risque de faire peur à tous ceux dont il avait programmé l’élimination. Si bien qu’une fois devenu chancelier, Hitler avait vainement tenté d’empêcher la publication intégrale de son livre à l’étranger. « Si j’avais pu deviner qu’un jour je deviendrai chancelier, jamais je n’aurais écrit Mein Kampf. » avait-il dit un jour à l’un de ses fidèles. Et pourtant personne n’a cru qu’une fois au pouvoir, il réaliserait tout ce qu’il avait promis de faire dans ce livre écrit dans la prison où il avait été envoyé après avoir tenté un coup de force contre la 1 république de Weimar. Mais en 1924, Hitler n’avait pas encore trouvé le titre de ce qui allait devenir la Bible du nazisme. Document 4 4. a) Quel est l’instrument qui permet à Staline de mettre en place une terreur de masse ? Réponse : Le camp de concentration (ou le Goulag) permet à Staline de mettre en place une terreur de masse. (0,5 pt) Précision : Lorsque Staline prend les rênes du pouvoir, il y a moins de 200 000 détenus dans camps soviétiques. À la fin des « Grands procès » (1938), le nombre de détenus dépasse les 1 200 000. b) Quel est l’objectif principal du camp de concentration dans le totalitarisme ? Sous prétexte d’une rééducation par le travail forcé, le camp de concentration permet d’écarter, de supprimer ou d’éliminer les opposants au régime. (0,5 pt) Documents 1, 2, 3 et 4 5. Par quels moyens le totalitarisme entretient-il le culte de la personnalité ? Réponse : Dans le totalitarisme, le culte de la personnalité est entretenu par une forte répression policière (0,5 pt), et par la propagande. (0,5 pt) Ou Par la violence et la propagande. CORRIGÉ DU PARAGRAPHE ARGUMENTÉ Rappel : Pour revoir la méthodologie du paragraphe argumenté d’Histoire-Géographie au brevet, cliquez sur le lien suivant : http://www.col-bouxwiller.ac-strasbourg.fr/peda/histgeo.htm (correction des sujets de l’épreuve commune du 14/11/10). I. Explication du sujet 1. Intitulé et sujet du paragraphe argumenté - L’intitulé du sujet n°2 est « Le totalitarisme en Europe jusque dans les années 1930 ». Le sujet du paragraphe argumenté est « Quels sont les principaux points communs entre le totalitarisme italien, le totalitarisme allemand et le totalitarisme soviétique en Europe jusqu’à la fin des années 1930 ? ». Il s’agit en fait de mener une réflexion autour du totalitarisme jusque dans les années 1930 dans les pays de la Russie soviétique, de l’Italie et de l’Allemagne. Il faut remarquer que le mot « totalitarisme » reste au singulier. - Bien entendu, il y a des différences notables entre le totalitarisme de Staline, le totalitarisme de Mussolini et le totalitarisme d’Hitler. Néanmoins, les différences n’effacent pas les points communs. - Il faut donc prendre un brouillon et commencer à chercher, non pas les différences, mais les ressemblances entre ces trois exemples d’application du totalitarisme. - Enfin, il s’agit de comprendre que le totalitarisme est un concept (du latin con capere qui signifie prendre ensemble, associer, regrouper). C’est pourquoi, il est plus juste de parler des totalitarismes, plutôt que du totalitarisme. À ce propos, l’historien français Bernard Bruneteau a consacré un ouvrage dont le titre est sans ambiguïté : « Les totalitarismes » (publié chez Armand Colin en 1999). Le totalitarisme possède ainsi plusieurs visages. 2. Pour aller plus loin - L’idée de totalitarisme trouve ses origines dans le contexte créé par la Grande Guerre (19141918) qui, bien avant Mussolini et Hitler, avait déjà été qualifiée de « guerre totale ». Ce conflit militaire de l’âge démocratique avait absorbé toutes les ressources matérielles, mobilisé toutes les forces économiques et sociales, remodelé les mentalités et la culture des 2 pays de l’Europe. Avec ce conflit, les belligérants expérimentent la guerre de masse moderne, capable de transformer des champs de bataille étendus sur des dizaines de kilomètres en gigantesques cimetières. Avec ses tranchées, ses canons et ses armes chimiques, la « guerre totale » inaugure l’ère des massacres technologiques et révèle l’horreur de la mort anonyme de masse. Cette guerre provoque aussi le premier génocide du XXè s., celui des Arméniens, et préfigure les exterminations massives de la Seconde Guerre mondiale. Le carnage de 19141918 sera donc une expérience fondatrice. - Trois expériences historiques nées de la Première Guerre mondiale sont à l’origine du concept « totalitarisme » : le fascisme italien (1922-1945), le national-socialisme allemand (1933-1945) et le stalinisme russe (entre les années 1920 et le milieu des années 1950). Audelà de leurs différences substantielles, ces trois régimes ont exprimé des formes de pouvoir auparavant inconnues. Et tous les observateurs se rejoignent sur un point au moins : le totalitarisme est l’antithèse de l’État de droit. - L’adjectif « totalitaire » (de l’italien « totalitario ») voit le jour, dès 1923, dans les écrits des antifascistes italiens aussi bien libéraux, que socialistes ou catholiques. L’adjectif sera approprié et transformé en substantif par le fascisme, après avoir été forgé par ses opposants et ses victimes. Ce fut Benito Mussolini qui, en juin 1925, revendiqua la « féroce volonté totalitaire » de son règne, avant d’énoncer, quelque mois plus tard, un aphorisme célèbre : « Tout est dans l’État, rien en dehors de l’État, rien contre l’État. » Puis le mot fut repris par le philosophe officiel du fascisme, Giovanni Gentile. 3. Explication du sujet - Quelles sont les limites chronologiques du sujet ? On peut raisonnablement fixer les débuts du totalitarisme au milieu des années 1920 (notamment pour l’Italie, puis à la fin des années 1920 pour la Russie de Staline et enfin au début des années 1930 pour l’Allemagne d’Hitler). La fin chronologique du sujet est indiquée par l’intitulé : « jusqu’à la fin des années 1930 ». - Quelles sont les limites géographiques du sujet ? Ces limites sont données par l’intitulé du sujet du paragraphe argumenté. La réflexion doit s’organiser autour des trois pays de l’Europe qui ont connu le régime totalitaire. Il est à remarquer que le sujet inclut la Russie soviétique dans l’Europe ! - Pour les mot clés du sujet, il est clair que « totalitarisme » s’impose (voir ci-dessus). Ensuite, l’expression « points communs » renvoie au mot « ressemblance ». II. Analyse des documents, croisement des informations et identification des idées clés Présentation rapide des documents Arguments Extraire les Mobiliser les informations des connaissances Identification des idées clés du sujet 3 documents personnelles Document 1 Il est composé de deux affiches de 1937. Staline et Mussolini sont représentés de manière identique : tous les deux tiennent un gouvernail. Ces deux affiches sont des affiches de propagande qui montrent le Duce et l’« homme d’acier » (Staline) à la barre d’un navire. Elles visent à provoquer une adhésion totale de la population à son chef, voire une soumission inconditionnelle à son action. Ces deux affiches renvoient au culte du chef. Dans le régime totalitaire le culte du chef charismatique est omniprésent. Ce dernier détient la Vérité. Il est le guide infaillible qui ne peut pas se tromper sur la destinée du pays dont il incarne les aspirations profondes. Contexte : - En URSS, l’année 1937 est marquée par la Grande terreur (cf. les Procès de Moscou) qui élimine les derniers opposants, purge l’armée et anéantit les résistances. Ces procès sont arbitraires et ne laissent aucune chance aux accusés. Le nombre de victimes de ces procès s’élève à 800 000 morts. - En Italie, en 1935, Mussolini se lance dans la conquête de l’Ethiopie et proclame l’Empire. En 1937, le régime de Mussolini prend un visage plus racial en perpétrant le massacre des populations éthiopiennes. Culte du chef charismatique Document 2 C’est un texte qui date de 1926. Extrait d’un célèbre discours de Mussolini qui définit sa propre vision du totalitarisme. L’extrait du discours de Mussolini expose sa vision du nouveau régime politique qu’il incarne en Italie : - refus des principes fondamentaux de la démocratie (notamment le principe de l’égalité), - création d’un État policier - la guerre comme horizon, - rejet du socialisme. Rôle clé de l’État Document 3 a) Ce document est une photographie du premier autodafé nazi à Berlin le mai 1933 b) Ce document est un texte d’Hitler, extrait de Mein Kampf, publié en 1925. La photographie de l’autodafé s’intègre dans le champ de la manipulation des masses. Brûler des livres est une forme théâtralisée de la censure. Cet extrait présente la conception de la propagande selon Hitler. L’objectif est de trouver des techniques efficaces afin de soumettre le plus grand nombre à une même idéologie. Pour Mussolini, sa vision du fascisme est très pragmatique. Elle repose sur un État « militariste » et « guerrier », dans lequel la nation est encadrée et mobilisée dans un but expansionniste. Contexte : Mussolini, après avoir pris la tête du Parti national fasciste (1921) tente un coup de force pour accéder au pouvoir. En octobre 1922, il organise une « marche sur Rome » pour faire pression sur le roi, Victor Emmanuel III. Ce dernier cède et nomme Mussolini président du Conseil. Il obtient les pleins pouvoirs et élimine toute opposition politique (le secrétaire du parti socialiste, Giacomo Matteotti, est assassiné en 1924). En 1926, des lois, dites fascistissimes, interdisent tous les partis. Désormais, le Parti national fasciste est proclamé parti unique. La masse doit se fondre dans un corps collectif cimenté par des croyances, animé par l’enthousiasme et mobilisé en permanence. Avec des rituels (comme l’autodafé) et une propagande active et efficace, le totalitarisme transforme la population en une communauté de fidèles. Contexte : - En Allemagne, une fois nommé chancelier (le 30/01/1933), Hitler va imposer en quelques semaines une dictature totale. Exploitant l’incendie du Reichstag (27/02/1933), organisé en sous main par les nazis, Hitler accuse le Parti communiste. À la suite de cet acte, la censure est établie, les arrestations sont arbitraires et le Parti communiste interdit. En mars, le premier camp de concentration est ouvert à Dachau. Tous les opposants au nazisme (notamment les communistes y sont enfermés). - Dix années auparavant, Hitler tente d’arriver au pouvoir par la Encadrement et conditionnement des masses (cf. la propagande) 4 force. En 1923, alors que la situation économique de l’Allemagne est difficile (hyperinflation, occupation de la Ruhr par la France), Hitler rêve d'avoir à son tour sa « marche sur Rome » qui le fasse accéder au pouvoir par la force. Hitler alors croit le moment venu pour prendre le contrôle de la Bavière avant de marcher sur Berlin et d'en chasser le gouvernement élu. Les 8 et 9 novembre 1923, il conduit avec le maréchal Erich Ludendorff le coup d'État avorté de Munich connu comme le Putsch de la Brasserie. En fuite, Hitler est arrêté le 11 novembre, inculpé de conspiration contre l’État, et incarcéré à la prison de Landsberg am Lech. Le 1er avril 1924, il est condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour « haute trahison », dont il purgera moins d'une année, à la prison de Landsberg am Lech. Durant cette année d’emprisonnement, il rédigera un manifeste politique, Mein Kampf dans lequel il dévoilera l’idéologie du nationalsocialisme. Document 4 a) Ce document est un graphique qui indique le nombre de détenus au Goulag entre 1930 et 1954. b) Ce document est une double page du journal Match de sept. 1939. Le graphique indique que le camp de concentration est un instrument de la terreur stalinienne. Il est à remarquer l’augmentation très forte de la population concentrationnaire dans les années 1930. L’extrait du journal Match nous fait comprendre que le camp de concentration est un instrument d’élimination de toute forme d’opposition politique. Les camps de concentration dans les régimes totalitaires sont les instruments de la terreur. C’est une violence d’État dont les victimes se comptent par millions. Contexte : - En URRS, dans les années 1930 la terreur stalinienne se manifeste en deux vagues qui accompagnent la transformation brutale de la société soviétique soumise à la dictature d’un parti unique. La première (19291932) impose la dékoulakisation » et l’épuration du Parti. La seconde, la « Grande terreur », commence en 1936 avec l’organisation de procès spectaculaires à Moscou afin d’éliminer les derniers opposants à Staline et de purger l’armée. Ces procès et les camps de concentration sont les instruments de la terreur. - En Allemagne, la fin des années 1930 voit le renforcement des épurations notamment à l’égard des juifs (1935 : lois de Nuremberg, 1938 : « nuit de cristal », violence contre les juifs) et l’efficacité redoutable des camps de concentration. Institutionnalisation de la violence grâce à un appareil policier efficace et à une terreur de masse (camp de concentration). III. Développement des idées attendues dans le paragraphe argumenté Barème : 5 - 2 points pour des phrases d’introduction et de conclusion, - 2 points pour un développement structuré (avec au moins trois thèmes développés), - 4 points pour les informations tirées des documents, - 2 points pour l’apport de connaissances personnelles qui enrichissent le paragraphe. Trois thèmes sont à développer pour répondre au sujet du paragraphe : I. Un culte du chef charismatique. II. Un encadrement et un conditionnement des masses par l’État et le parti unique. III. Une violence institutionnalisée dont la police et les camps de concentration sont les instruments. Phrases d’introduction : Né à la suite du carnage de la Première Guerre mondiale (19141918), le totalitarisme est un nouveau concept forgé par trois expériences historiques : le fascisme italien (1922-1945), le national-socialisme allemand (1933-1945) et le stalinisme russe (entre les années 1920 et le milieu des années 1950). Il s’appuie sur le poids nouveau des masses populaires qui, face aux crises, en votant pour des partis ou en soutenant des mouvements antidémocratiques, sanctionnent l’échec des gouvernements en place et soulignent leur désarroi et leurs aspirations à un monde meilleur. Le totalitarisme est un régime politique dans lequel les masses sont mises en avant. Professant une haine de la démocratie libérale, il efface l’individu dans le projet collectif défini par le guide. Même si des différences existent entre les trois expériences du totalitarisme, il n’en demeure pas moins que certains éléments communs peuvent être dégagés : le culte du chef charismatique, l’encadrement et le conditionnement des masses et enfin la violence institutionnalisée. Ière idée : Le culte du chef charismatique Dans les trois régimes totalitaires, le culte du chef charismatique est omniprésent. Mussolini, Hitler et Staline occupent l’espace de la société et le quotidien des populations. Les outils sont essentiellement les affiches de propagande (voir document 1), les grandes manifestations culturelles (parades sportives), les défilés militaires, les rassemblements organisés lors des congrès du parti unique, le cinéma et la littérature (connaissances personnelles). Tout est prétexte au culte du chef, détenteur de la vérité. Staline (l’« homme d’acier ») est le guide infaillible. Mussolini (le « Duce », le chef) est le nouvel empereur qui ressuscitera la grandeur 6 de Rome dans le bassin Méditerranéen. Hitler (le « Führer », le guide) possède une autorité suprême et sans partage. (connaissances personnelles) Son image et son culte apparaissent comme la combinaison de plusieurs références. La première est issue de la culture chrétienne. Le chef se veut l’homme providentiel, tout à la fois sauveur et fondateur d’une nouvelle religion après un parcours d’épreuves partagé par les fidèles du parti (cf. les tranchées pendant la Première Guerre mondiale, la guerre civile en Russie entre 1918 et 1921). (connaissances personnelles) La seconde est empruntée à la tradition romantique du grand homme et du génie universel. En cela, le chef est transfiguré en incarnant la société de son temps (qu’il apparaisse en guerrier, en travailleur ou en maître de la technique). Une foi intime et inconditionnelle se met alors en place entre lui et la population qui aspire à suivre un homme omniscient, un homme qui voit tout et surtout qui peut tout. (connaissances personnelles) Une fois le processus mis en place, le chef est tout naturellement identifié à la destinée du pays. Ainsi, Staline, héritier de Lénine, se veut-il l’artisan du socialisme en URSS. Mussolini personnifie le nouveau régime nationaliste de l’Italie. Enfin, Hitler incarne une Allemagne qui se relève de l’humiliation du traité de Versailles (1919), puissante et consciente de sa force. (connaissances personnelles) Le culte du chef charismatique est un des éléments explicatifs du soutien généralisé des masses, objectif poursuivi dans les trois expériences du totalitarisme. Et pour accentuer ce soutien, la population est progressivement encadrée et conditionnée par l’État et le parti unique. II. Un encadrement et un conditionnement des masses par l’État et le parti unique Dans les trois expériences totalitaires, l’encadrement et le conditionnement des masses s’effectuent par l’État et le parti unique. Ce dernier se confond avec l’État : le parti-État. Cette fusion a pour but de contrôler, voire censurer, la pensée. Des livres sont brûlés (autodafés en Allemagne) (document 3a). La presse est contrôlée (interdiction de parution des journaux d’opposition). L’enseignement est mis au pas (avec des programmes épurés et des professeurs relais du pouvoir). Les loisirs sont organisés par le parti-État et la jeunesse très encadrée (« jeunesses hitlérienne », « balillas », « komsomol »). Il s’agit d’obtenir une soumission totale de la population (document 2) par une propagande omniprésente. (connaissances personnelles et document 3.b) L’individu est broyé, absorbé et annulé dans l’État. Les hommes deviennent masse ; leur singularité est dissoute ou écrasée. Le parti-État cherche ensuite l’adhésion des masses. La propagande occupe un rôle clé. (document 3b.) Elle permet de jouer sur les registres de l’émotion et du sentiment. Elle incite 7 les masses à penser « collectif ». Les grands rassemblements officiels sont un moment privilégié avec une mise en scène à grand spectacle où l’effet de foule, la présence charismatique du chef, sa maîtrise du geste et du discours contribuent à créer une ferveur communicative. (connaissances personnelles) Les grandes manifestations du parti nazi à Nuremberg, les « cathédrales de lumières », les discours grandiloquents de Mussolini sur la place Venezia de Rome, les « rassemblements océaniques » de Rome, les manifestations gymniques sur la place Rouge à Moscou sont autant de rituels qui entretiennent la popularité du régime. Les masses communient pour se fondre dans un corps collectif cimenté par des croyances, des mythes et des symboles (le Volk, la romanità, la dictature du prolétariat, le svastika, le faisceau du licteur, la faucille et le marteau). (connaissances personnelles) Avec ses promesses de fin du monde, ses icônes (cf. momification de Lénine dans un mausolée sur la place Rouge) et ses rituels, le totalitarisme se présente ainsi comme une « religion laïque » qui désagrège la société civile et transforme le peuple en une communauté de fidèles. (connaissances personnelles) Enfin, l’art totalitaire, autre instrument de propagande, construit l’image d’un homme constamment en action – au travail comme dans l’armée -, exalté dans sa force et sa perfection physique. L’État prétend ainsi créer un « homme nouveau » dont la soumission permettra de garantir l’avenir du régime. (connaissances personnelles) Le totalitarisme par son parti unique (1927 en Italie, 1934 en Allemagne, 1925 en URSS), par une propagande très maîtrisée (document 3.b) et par une censure quotidienne déploie un dispositif d’embrigadement et d’activation des masses. Il tend à supprimer les frontières entre l’État et la société. Il absorbe la société civile jusqu’à son anéantissement par l’État. (document 2) III Une violence institutionnalisée dont la police et les camps de concentration sont les instruments Les systèmes totalitaires se sont développés dans des sociétés profondément marquées par les violences de la Première Guerre mondiale et, dans le cas de la Russie, par la guerre civile. Les cadres dirigeants sont conditionnés par une culture militaire visant à éliminer l’adversaire et reposant sur l’exaltation de la violence et de la mort. La terreur, une violence d’État, est élevée en système d’organisation du pouvoir qui fait des millions de victimes. La terreur totalitaire met fin à l’État de droit qui régnait dans le régime démocratique. Elle désigne l’accomplissement de l’État criminel. Pour cela, l’État se dote d’un appareil répressif qui s’appuie sur une police au service de l’idéologie officielle. La police politique (OVRA en Italie, SS et Gestapo en Allemagne, GPU puis NKVD en URSS) est un instrument de la 8 terreur. Tous les moyens sont utilisés (assassinats et tortures) pour s’imposer et mater les oppositions : « Nuit des longs couteaux » en 1934, guerre civile (1918-1921) et Grands procès (1936-1938) en URSS, assassinat d’opposants politiques en Italie (1924, G. Matteotti). (connaissances personnelles) Les camps de concentration (en Russie dès 1918, en Allemagne en 1933, en Italie à partir de 1935) sont un autre instrument du pouvoir totalitaire pour imposer une terreur de masse. (document 4) La logique est toujours la même : écarter, voire éliminer, les opposants ou supposés tels. Dans un système totalitaire, la répression dépasse ainsi la simple réduction des opposants. Celui qui est « différent » n’a pas sa place : il faut l’éliminer. (connaissances personnelles) En Allemagne, l’élément à éliminer est l’ennemi de race : le Juif, le Tsigane, mais aussi les handicapés, les homosexuels et les témoins de Jéhovah. Utilisant le darwinisme pour justifier le droit des forts à éliminer les faibles, les nazis décident de mettre en œuvre un principe de déportation en construisant des camps de concentration (administrés par les SS). (connaissances personnelles) En URSS, le « koulak » et le « petit bourgeois » sont les « ennemis de classe » du prolétariat, d’où leur nécessaire exclusion et déportation. Le camp soviétique, instauré surtout dans des régions difficiles à mettre en valeur, a comme finalité avouée la réduction des oppositions par le travail. La mortalité y est effrayante. L’instauration du GOULAG (abréviation russe signifiant « administration centrale des camps », rattachée directement au NKVD) en 1934 rationalise l’organisation des camps : leurs effectifs passent de 500 000 zeks (nom donné au détenu d’un camp de concentration soviétique) en 1934 à près de 2 millions en 1939. (document 4) En Italie, le camp est utilisé de façon moins systématique. Mais à partir de 1935, l’État fasciste passe d’une mise à l’écart « individuelle » à un internement plus massif. (connaissances personnelles) Ainsi, alors que le totalitarisme en Italie, en Allemagne et URSS a longtemps bénéficié du soutien actif ou passif des populations, la violence, inhérente au phénomène, a-t-elle réduit à néant les libertés de la population. Phrases de conclusion : Trois principaux points communs peuvent être retenus entre les expériences historiques du totalitarisme. Le premier est le culte du chef charismatique. Bien sûr, dans la réalité, les modes de direction diffèrent d’un pays à l’autre, entre la polycratie nazie arbitrée par Hitler et les pyramides hiérarchiques des appareils fascistes italiens et du Parti communiste soviétique, entre le charisme d’Hitler et de Mussolini et le gouvernement plus en arrière-plan de Staline, mais partout le culte du chef écrase tout. 9 Le second point commun est l’encadrement et le conditionnement des masses par le partiÉtat qui utilise la censure de la pensée. C’est enfin un appareil policier au service de l’idéologie officielle et une terreur de masse, avec des camps de concentration et l’élimination physique des opposants réels ou supposés. Certes, des différences se retrouvent aussi sur certaines finalités et sur certaines modalités. En Italie comme en Allemagne, la terreur ne frappe que les ennemis politiques au début (communistes surtout) et ensuite les Juifs mis au ban de la société. L’essentiel de la population y échappe et s’efforce de l’ignorer. En URSS, ce sont des groupes entiers qui sont désignés comme ennemis du peuple : bourgeois, ingénieurs ou paysans réfractaires aux réquisitions puis à la collectivisation (rebaptisés koulaks pour justifier la répression). Même si les idéologies totalitaires sont aux antipodes l’une de l’autre – le nazisme et le fascisme proclament ouvertement leur volonté de tourner la page du Siècle des Lumières, le stalinisme se veut au contraire le seul héritier légitime de la Révolution française et de l’idée du progrès – elles participent sans conteste d’un même travail pratique de destruction du politique conçu comme lieu de confrontation de la diversité et de la pluralité des hommes et des femmes. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE Bruneteau Bernard, Les Totalitarismes, éditions Armand Colin, Paris, 1999 10 Traverso Enzo, Le Totalitarisme, le XXè s. en débat, collection Points Essais, Paris, 2001 Courtois Stéphane (sous la direction de), Les logiques totalitaires en Europe, éditions du Rocher, Paris 2006 Dreyfus Michel (sous la direction de), Le siècle des communismes, collection Points Histoire, Paris, 2004 11