2010 - IRTS Paris

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2010 - IRTS Paris
Vendredi 21 mai 2010 (Paris/Melun)
Épreuve écrite d’admissibilité
Technicien de l'Intervention Sociale et Familiale – Niveau IV
Durée : 2 heures
L’adoption et après ?
La mise en place du lien adoptif
[…]
Après la longue série d’étapes, voire d’épreuves, qui mène un enfant abandonné chez un
couple adoptif, le lien de filiation va devoir se construire aux plans psychique et symbolique
ainsi que dans la réalité quotidienne. Ce travail s’élabore à plusieurs : l’enfant, le parent
adoptif, les intervenants, avec en arrière-fond la disparition des figures parentales de
naissance. Un puzzle à reconstituer.
[…]
Au niveau étymologique, adopter vient du latin optare, qui signifie choisir. Adopter, c’est
décider de prendre légalement pour fils ou fille, s’engager à être parent.
L’adoption concerne trois histoires (celle des parents de naissance, celle de l’enfant et celle
des parents adoptifs), et doit s’inscrire pour l’enfant dans une certaine continuité, bien qu’il
doive faire face à des projets existentiels et à des modes de vie différents.
Mais est-ce si facile d’être parent adoptif ou enfant adopté ?
C’est un peu comme si chacun détenait une partie de la réponse, une pièce d’un puzzle dont
l’autre possédait le complément, et que tous les deux étaient en quête d’une réassurance qui
leur échappait sans cesse.
Beaucoup […] s’interrogent sur leurs compétences de parents. Les témoignages reflètent le
même désarroi.
[…]
“Adopter un enfant n’est pas seulement la suite logique des démarches médicales, c’est un
acte à mettre en rapport avec une certaine maturité, une certaine disponibilité psychique qui
permet au couple de s’ouvrir pour accueillir en son sein un enfant qui ne viendrait plus
réparer une injustice ou suppléer un manque, mais plutôt à sa place dans le désir d’un
couple”, explique N. Hamad […].
Les difficultés de l’adoption seraient alors la résultante d’une conjonction de facteurs liés aux
caractéristiques de ce mode de filiation, au cheminement de l’enfant et des parents adoptifs,
mais aussi aux pratiques des intervenants, professionnels et bénévoles, directement engagés
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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dans cette démarche éminemment sociale. Un grand nombre de tensions familiales ne
relèveront pas de l’adoption et ressembleront à toutes celles qui ne manquent pas d’apparaître
dans n’importe quelle famille.
La disparition des figures parentales de naissance, les ruptures précoces et parfois répétitives
des liens, les carences et les traumatismes peuvent en revanche générer un mal-être et des
troubles variés chez l’enfant.
[…]
Du côté des parents
[…]
Certains parents ne savent pas comment répondre aux questions de leur enfant, ajoutant
parfois qu’ils essaieraient bien mais que leur conjoint ne veut pas parler de cela. D’autres, au
contraire, ont compris que les propos disqualifiants au sujet de la mère de naissance peuvent
blesser l’enfant. Ils vont enjoliver la réalité ou idéaliser la séparation initiale, même s’ils n’en
sont pas eux-mêmes convaincus. […]
Pour qu’un enfant né ailleurs se sente celui des parents qui ont choisi de l’adopter, […] il doit
entendre de ses parents qu’il a été désiré et longuement attendu, qu’ils ont choisi d’en faire
leur enfant pour toujours et quoi qu’il arrive. […]
Du côté de l’enfant
La spécificité de l’enfant adopté, c’est le problème de l’abandon, et le désinvestissement
originaire va habiter celui qui en a été victime, d’autant qu’à la perte du parent s’ajoute une
perte de sens pour le jeune enfant qui ne peut comprendre ce qui s’est passé. Cette double
perte va laisser des traces indélébiles dans l’inconscient, dont les parents adoptifs ne mesurent
pas les conséquences. Les manifestations dépressives sont d’autant plus déconcertantes qu’ils
s’efforcent de faire tout ce qu’ils peuvent pour “rendre leur enfant heureux”.
[…]
L’adolescence viendra remettre en chantier une énième fois les images parentales. “Ce n’est
pas de ma faute s’ils m’ont adopté ; c’est de la leur”, déclare abruptement un adolescent de
16 ans, après une enfance relativement sereine. […]
Du côté des intervenants
L’adoption a été longtemps idéalisée et soumise à une obligation de réussite, tant du côté des
parents adoptifs, qui ne pouvaient qu’être de bons parents, que des intervenants, qui croyaient
qu’elle était capable d’effacer les souffrances des enfants victimes du désengagement parental
initial. Mais depuis quelques années, on constate que la filiation adoptive ne va pas de soi et
pose des problèmes spécifiques au niveau de l’évolution de la parentalité. Les difficultés à
créer le lien parental peuvent apparaître dès le début du placement en vue d’adoption, mais les
parents tardent à demander de l’aide aux professionnels et ne trouvent pas toujours des
réponses pertinentes prenant en compte les caractéristiques de ce mode de filiation.
[…]
Martine DUBOC – psychologue clinicienne
Informations sociales 2008/2 - N° 146
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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Travail à faire
1) Faites une synthèse rédigée de ce texte en dégageant les idées essentielles.
2) Pensez-vous qu'il suffira aux parents adoptants de "donner beaucoup d'amour" à leur
enfant, pour créer les conditions favorable à son épanouissement ?
Argumentez vos réflexions à partir du texte, et en vous appuyant sur votre expérience ou
vos observations.
Épreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 6 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 6 points
Richesse des idées, implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 4 points
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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Mercredi 8 septembre 2010 (Paris/Melun)
Épreuve écrite d’admissibilité
Technicien de l'Intervention Sociale et Familiale – Niveau IV
Durée : 2 heures
L’EUROPE COMMUNAUTAIRE, LES FEMMES ET LE POUVOIR
Le traité dit de Rome, ratifié par six États en 1957, a pour objectif de créer un marché unique.
Un seul de ses articles, le 119, concerne l’égalité des sexes : « Chaque État membre assure,
au cours de la première étape, et maintient par la suite l’application du principe d’égalité des
rémunérations entre les travailleurs masculins et féminins pour un même travail ». Entre
1957 et le milieu des années 1970, les droits économiques et sociaux des femmes ne font
cependant l’objet d’aucune politique européenne commune.
La préparation de la première conférence des Nations unies sur la situation des femmes dans
le monde, qui se tient à Mexico en 1975, permet à des féministes travaillant au sein de la
direction générale « Emploi » de la Commission européenne d’obtenir la création d’une
structure chargée de l’égalité des chances des femmes et des hommes, afin de préparer cette
échéance. […]
Toutefois, la rareté des femmes dans les instances de décision ne devient un objet de
mobilisation, de débats intellectuels et un thème de recherche qu’à partir de la dernière
décennie du XXe siècle. Les organisations de l’Europe communautaire ont joué un rôle
stratégique dans l’émergence de ce nouveau combat en légitimant une revendication jusque-là
à la fois diffuse et controversée dans les milieux féministes.
La fin des années 1970 marque un repli des mouvements féministes dans tous les pays
occidentaux. […]
Par ailleurs, la Communauté européenne dispose, depuis le début des années 1980, de
programmes à moyen terme d’égalité des chances entre les femmes et les hommes. […] En
dépit des directives adoptées en application de l’article 119 du traité de Rome, on constate,
lors de la préparation du troisième programme d’égalité des chances (1991-1996), que les
inégalités en matière de salaire ne se sont pas réduites. Le fait que les femmes soient absentes
ou rares dans les lieux où se prennent les décisions et où se négocient les accords salariaux est
identifié comme l’une des causes de ce phénomène. Le troisième programme introduit le
thème de l’égalité des femmes et des hommes dans la prise de décision. Un réseau d’experts
(un expert par pays membre) est chargé d’une triple mission de recherche, d’action et de
communication (Béthune, 1998). […]
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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Le réseau d’experts se voit doté de moyens destinés à mobiliser les associations féminines et
féministes. […] Une conférence se termine par un sommet de femmes exerçant dans leur pays
des responsabilités politiques importantes (Édith Cresson et Simone Veil pour la France, Rita
Süssmuth, présidente du Bundestag pour l’Allemagne, Melina Mercouri, ministre des Affaires
culturelles pour la Grèce…). Elles signent une déclaration solennelle sur la nécessaire égalité
des femmes et des hommes, qui affirme notamment : « Les femmes représentent plus de la
moitié de la population. L’égalité impose la parité dans la représentation et l’administration
des nations ». […]
Quatre ans plus tard, l’année 1996 marque l’apogée de l’action du réseau. Un sommet
européen intitulé « Les femmes pour le renouveau de la politique et de la société » se tient à
Rome, au mois de mai. Dans la salle où a été signé le traité de 1957, les ministres chargé/es de
l’égalité de chacun des pays de l’Union adoptent une charte actant d’un déficit démocratique
en raison de la domination masculine dans la vie politique et dans la prise de décision en
général, et reconnaissant la nécessité d’actions pour promouvoir « l’égale participation des
femmes et des hommes à la prise de décision dans toutes les sphères de la société ». Le 2
décembre 1996, le Conseil des ministres de l’Union adopte une recommandation
« concernant la participation équilibrée des femmes et des hommes au processus de
décision ». […]
Le 30 août 2008, paraît dans le quotidien Le Monde une tribune libre portant ce titre : « Des
femmes pour l’Europe ». Elle est signée de la commissaire européenne chargée des relations
institutionnelles et de la stratégie de communication, la Suédoise Margot Wallström, qui
écrit : « Pourquoi les trois personnalités qui pourraient prétendre à incarner l’Europe sur la
scène internationale devraient-elles nécessairement être trois hommes ? » […]
Certes, le nombre de femmes au Parlement européen est passé de 17 % en 1979 à 33 % en
2004. Certes, il y a désormais 28 % de femmes détenant des postes de commissaire (Hallier,
2006). […] Mais la présence de femmes dans les instances décisionnelles n’est pas, à elle
seule, la garantie de la prise en considération des besoins spécifiques de la moitié de la
population. Elle constitue cependant une condition parmi d’autres de l’intégration du genre
dans les politiques publiques, comme semblent l’avoir compris quelques-unes des jeunes
femmes qui reprennent le flambeau de leurs aînées. […]
Sans doute faudra-t-il que de nouveaux mouvements sociaux irriguent la société et informent
les institutions de la demande, sinon de parité, du moins d’équilibre des sexes dans les
instances décisionnelles, pour que la domination de toujours autant d’hommes aux postes de
commande soit regardée comme étant de nature à décrédibiliser les institutions elles-mêmes.
Françoise GASPARD - Historienne de formation
Informations sociales N° 151-2009/1
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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Travail à faire
1) Faites une synthèse rédigée de ce texte en dégageant les idées essentielles.
2) Vous vous appuierez sur votre expérience personnelle pour donner votre avis sur
l’affirmation suivante :
« L’égalité des sexes est un principe fondamental de la démocratie »
Épreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 6 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 6 points
Richesse des idées, implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 4 points
Épreuve écrite d'admissibilité / IRTS Paris Île-de-France
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