français

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français
__________________Epreuve de
français
Examen 1, Novembre 2013
Classe : 1ère
Durée : 4 h
Nombre de pages : 4
Usage du dictionnaire non autorisé
Objet d’étude :
La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVI siècle à nos jours.
Corpus :
Texte A : Jaucourt, « Traite des nègres », Encyclopédie, 1766.
Texte B : Martin Luther King, « Je fais un rêve », Discours du 28 août 1963.
Texte C : Voltaire, Candide, chap.XIX, extrait, 1759.
I- Question transversale : (4pts)
Qu’est-ce qui rapproche les différents textes du corpus et quels éléments les différencient-ils ?
II- Travail d’écriture : (20pts)
Choisissez l’un des deux sujets proposés ci-dessous.
1- Commentaire analytique :
Vous ferez le commentaire analytique du texte de Jaucourt.
2- Ecriture d’invention :
À la manière de Jaucourt, vous écrirez un article d’Encyclopédie dans lequel vous défendrez une valeur
humaine que vous considérez bafouée dans votre pays.
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Texte A
Jaucourt, Encyclopédie
Article « Traite des nègres », 1766.
L’article « Traite des nègres » définit l’esclavage et la manière dont il fonctionne. L’auteur de
l’article, le chevalier de Jaucourt, rattache le problème à celui, plus politique, des relations entre
rois et sujets.
Traite des nègres (Commerce d’Afrique). C’est l’achat des nègres que font les Européens sur les
côtes d’Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d’esclaves. Cet
achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les
lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine.
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Les nègres, dit un Anglais moderne plein de lumières et d’humanité, ne sont point devenus
esclaves par le droit de la guerre ; ils ne se dévouent pas non plus volontairement eux-mêmes à la
servitude, et par conséquent leurs enfants ne naissent point esclaves. Personne n’ignore qu’on les
achète de leurs princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, et que les négociants
les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies,
soit en Amérique où ils les exposent en vente.
Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n’y a point de crime,
quelque atroce qu’il soit, qu’on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont
point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont donc pas en droit de disposer de leur liberté, et de
les vendre pour esclaves.
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D’un autre côté, aucun homme n’a droit de les acheter ou de s’en rendre le maître ; les hommes et
leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés
à aucun prix. Il faut conclure de là qu’un homme dont l’esclave prend la fuite, ne doit s’en prendre
qu’à lui-même, puisqu’il avait acquis à prix d’argent une marchandise illicite, et dont l’acquisition
lui était interdite par toutes les lois de l’humanité et de l’équité.
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Il n’y a donc pas un seul de ces infortunés que l’on prétend n’être que des esclaves, qui n’ait droit
d’être déclaré libre, puisqu’il n’a jamais perdu la liberté ; qu’il ne pouvait pas la perdre ; et que
son prince, son père, et qui que ce soit dans le monde n’avait le pouvoir d’en disposer ; par
conséquent la vente qui en a été faite est nulle en elle-même : ce nègre ne se dépouille, et ne peut
pas même se dépouiller jamais de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, et il peut exiger
partout qu’on l’en laisse jouir. C’est donc une inhumanité manifeste de la part des juges de pays
libres où il est transporté, de ne pas l’affranchir à l’instant en le déclarant libre, puisque c’est leur
semblable, ayant une âme comme eux.
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Texte B
Martin Luther King, « Je fais un rêve », discours du 28 août 1963, extraits.
Alors que l’on célèbre aujourd’hui son cinquantième anniversaire, le discours prononcé devant
250.000 personnes face au mémorial d’Abraham Lincoln à Washington par Martin Luther King, le
28 août 1963, est aujourd’hui l’un des plus célèbres discours politiques de l’histoire contemporaine.
"Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la
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plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.
Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique
signait notre Proclamation d’Émancipation. […]
Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est
encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la
discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un
vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la
société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.
C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse
[…].
C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. C’est l’heure d’émerger des vallées
obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est
l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de
la fraternité. C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait
fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime
mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et
d’égalité. [...]
Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des
difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans
l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité
de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont
créés égaux ”.
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens
propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. […]
Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la
bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en
Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main,
comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve ! […]
Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire ! Que la
cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York ! Que la
cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie ! Que la cloche de
la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado ! Que la
cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !
Mais cela ne suffit pas.
Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque
hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de
Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront
se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres,
grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”."
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Texte C
Voltaire, Chap. XIX, Candide ou l’Optimisme, 1759, extrait.
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En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de
son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la
main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où
je te vois ? - J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M.
Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne
un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la
meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.
Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher
enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l’honneur d’être esclave de
nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. » Hélas ! Je ne sais pas si j’ai
fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois
moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que
nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs
disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user
avec ses parents d’une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je
renonce à ton optimisme. - Qu’est-ce qu’optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c’est la rage de
soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant
il entra dans Surinam.
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