L`art et la technique

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L`art et la technique
L’art et la technique
SOMMAIRE
CHAPITRE 3
La technique fait-elle l’histoire ? (BERGSON)
CHAPITRE 4
L’artiste doit-il être d’abord artisan ? (ALAIN)
CHAPITRE 5
L’art est-il désintéressé ? (ARENDT)
CHAPITRE 6
Un objet technique peut-il être beau ? (HUME)
CHAPITRE 7
L’originalité est-elle du côté de l’art ou de la
technique ? (HEGEL)
CHAPITRE 8
La technique a-t-elle moins de valeur que l’art ? (D’ALEMBERT)
L
e mot « technique » provient du grec
tekhnê qui désignait, dans l’Antiquité, tout
type de savoir-faire permettant de remplir
une activité ou de fabriquer un objet avec
efficacité et de la manière appropriée. On
parlait ainsi de la tekhnê du cordonnier tout
aussi bien que de celle d’un médecin. Dans ce
sens large, posséder une certaine technique,
c’est disposer d’un ensemble de règles ou
d’une méthode produisant un certain résultat.
Pendant très longtemps le savoir-faire technique a été associé, en priorité, au travail
manuel, c’est-à-dire, littéralement, au travail
« qui utilise les mains ». Mais l’essor prodigieux des innovations techniques depuis la
fi n de la Renaissance a amené Bergson, au
début du siècle dernier, à s’interroger sur le
rôle central de l’invention technique dans le
devenir des sociétés (CHAPITRE 3).
Le terme « art », quant à lui, dérive du
mot ars qui est la traduction latine du grec
tekhnê. Il désigne donc lui aussi, à l’origine,
un savoir-faire et, dans ce sens ancien,
toute activité qui nécessite la maîtrise d’une
technique peut s’appeler un art. On parle
alors aussi bien de l’art militaire, de l’art du
verrier, que de l’art culinaire. Il faut attendre
le Moyen Âge pour que s’affirme progressivement une séparation entre le domaine de
l’artisanat (poterie, menuiserie, etc.) et celui
des Beaux-Arts, c’est-à-dire entre la production d’objets utilitaires et la création d’œuvres
que l’on veut belles.
Mais s’il est commun, de nos jours, de creuser
cette opposition en reprochant à l’art son caractère parfois excentrique, Alain nous rappelle
qu’il n’y a pas d’artiste sans savoir-faire artisanal (CHAPITRE 4). Il reste que l’œuvre d’art,
comme le souligne Hannah Arendt, « doit être
écartée des besoins et des exigences de la vie
quotidienne », ce qui lui donne une place tout
à fait à part parmi l’ensemble des productions
culturelles (CHAPITRE 5).
Mais la distinction précédente est-elle si
tranchée que cela ? Les produits de la technique ne peuvent-ils pas conjuguer beauté et
fonctionnalité ? C’est la question que soulève
Hume dès le XVIIIe siècle (CHAPITRE 6). Quant
à Hegel, il fait de l’originalité le caractère
propre, non pas de l’art, mais de la technique
(CHAPITRE 7).
En définitive, le mépris souvent affiché pour
les artisans, par rapport aux artistes davantage
célébrés et « portés aux nues », n’est-il pas
profondément injuste ? D’Alembert est l’un
des premiers à rejeter cette hiérarchie qui
méconnaît les liens profonds unissant l’art et
la technique (CHAPITRE 8).
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