Zebda Magyd Cherfi (parolier/chanteur), Hakim et Mustapha

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Zebda Magyd Cherfi (parolier/chanteur), Hakim et Mustapha
Zebda
Magyd Cherfi (parolier/chanteur), Hakim et Mustapha Amokrane (chanteurs)
grandissent dans la cité des Izards, aux Minimes, dans les quartiers Nord de
Toulouse. Tous trois, sont nés en France de parents kabyles (leurs pères sont
maçons et cégétistes). Leur éducation musicale passe par le punk, le reggae, la
musique orientale, le rap, le rock alternatif et la chanson contestataire. Ils fréquentent
dès 1982, l’association de quartier Vitécri, qui donnent aux jeunes un droit à la parole
à travers des pratiques culturelles, notamment des vidéos. Magyd y devient
animateur socioculturel. En 1985, à l’occasion de la vidéo Salah, Malik : Beurs, qui
narre l’histoire d’un groupe de rock qui cherche un local pour faire un concert dans la
cité, le groupe Zebda Bird est créé autour de Magyd au chant. Il appelle des amis de
lycée pour le seconder, Pascal Cabero (guitare) et Joël Saurin (basse). La formation
donne quelques concerts et se sépare à la fin de l’année. Un premier 45 tours deux
titres sort comme Bande Originale du Film.
En 1988, rejoints par Hakim et Mustapha au chant et par Vincent Sauvage à la
batterie, Zebda (beurre en arabe), commence à se produire en concert, dans les
tremplins locaux puis progressivement dans toute la France. Fin 1989, ils sont
sélectionnés pour les découvertes du Printemps de Bourges, et jouent au festival
l’année suivante. En 1991, Rémi Sanchez (accordéon, claviers) complète la
formation. Zebda est avant tout à l’époque un groupe de scène qui distille avec
énergie et un esprit festif un mélange de rock, de ska, de raï mais également de hip
hop, de ragga et de funk. En 1992, grâce à Peter Murray qui a signé quelques
années plus tôt Les Négresses Vertes et par la suite Dolly, Zebda entre en studio et
sort L’Arène des rumeurs. Enregistré dans des conditions quasiment live, ce premier
opus mélange les influences : rock en arabe proche du « Sidi H’Bibi » de La Mano
Negra (« Mala Diural »), funk rock (« CNN »), ska (« Arabadub »), reggae (« D’Eve à
Lise »)… Les textes évoquent les exclus, les problèmes liés à l’immigration,
dénoncent les inégalités sociales, le racisme ordinaire et l’intolérance. Toujours
investi dans l’association Vitécri, le groupe profite de la structure et de ses contacts
pour créer un festival dans les quartiers Nord de Toulouse, Ca bouge au Nord. De
nombreux groupes ou artistes viennent y apporter leur soutien et y jouer, notamment
Noir Désir, Les Satellites, M, Bénabar, ou encore les Têtes Raides. En 1995, paraît
Le Bruit et l’odeur, deuxième album à la production cohérente et aux arrangements
soignés. La chanson titre, très ragga grâce aux interventions des frères Amokrane,
reprend un extrait d’un discours de Jacques Chirac sur les immigrés et provoque une
polémique.
Le disque est bien accueilli et se vend à 50 000 exemplaires. L’année suivante voit la
fin de Vitécri. Magyd, Hakim et Mustapha pour qui : « l’aventure Zebda est
inséparable de la vie associative et du champ social », sont à l’origine de
l’association Tactikollectif. Voué à l’organisation de festivals de musique, d’aide
logistique à des projets artistiques, de soutien aux sans papiers, ce collectif publie
Motivés !, disque de chants de lutte d’époques et d’origines diverses, parrainé par la
LCR. Porté par le succès de « Motivés », reprise du morceau « Le Chant des
partisans » avec un nouveau refrain, cet album auto-produit se vend à plus de 100
000 exemplaires. La liste Motivé-e-s, issue de l’association du même nom,
composée de militants d’horizons divers, réunis autour de l’idée de reconquête d’une
citoyenneté confisquée, remportera plus de 12% des suffrages lors des élections
municipales à Toulouse au printemps 2001.
En 1998, Zebda participe à Aux Suivant (S), hommage à Jacques Brel, aux côtés
notamment d’Arno, Alain Bashung ou encore Arthur H, et interprète « Jaurès ». En
août de la même année sort Essence ordinaire, leur troisième opus, mixé aux EtatsUnis par Nicholas Sansano (Public Enemy, Sonic Youth, IAM…). Les morceaux
continuent d’être enrichis par des samples, notamment de musique orientale, et
mélangent ragga, rap et chaâbi (genre né dans la casbah d’Alger au cours des
années 1920, chanté en dialecte, se caractérisant par une liberté de ton et un sens
aigu d’improvisation). Les textes, remplis de souvenirs d’enfance, dénoncent
toujours, avec humour, la discrimination raciale, évoquent en nuance la double
peine, les sans papiers et l’extrême droite. Après « Je crois que ça va pas être
possible », le deuxième extrait « Tomber la chemise », devient le tube de l’été 1999.
Zebda ne cesse de tournée en France (à Paris, ils font salle comble à l’Olympia, à La
Cigale puis au Zénith), et à l’étranger (Québec, Suisse). Fort du succès de « Tomber
la chemise » (près d’un million de singles ), l’album se vend à 700 000 exemplaires.
Aux Victoires de la musique 2000, Zebda est élu meilleur groupe de l’année et
« Tomber la chemise », meilleure chanson. Le 25 juillet 2000 au Paléo Festival de
Nyon en Suisse, Zebda rejoint Louise Attaque sur scène et interprète avec eux « Du
nord au sud ». En octobre 2000, 100% Collègues, groupe dans lequel on retrouve les
deux frères Amokrane, entourés de musiciens toulousains dont Bernardo Sandoval
et Serge Lopez, publie leur deuxième album éponyme.
Après deux années de réflexion et de travail, Zebda revient le 26 août 2002, avec
Utopie d’occase, un disque moins festif que le précédent, avec une tonalité plus
nostalgique. Musicalement Zebda propose toujours un mélange de reggae
(« L’Erreur est humaine », « Du soleil à la toque »), chaâbi, funk, rock (« La Fête »,
« Sheitan ») et ska. Le groupe renoue avec certains aspects acoustiques de l’album
Le Bruit et l’odeur. Les arrangements sont plus variés, le groupe utilise ainsi des
cordes (violon, alto, violoncelle), ainsi qu’un saxophone, des flûtes, une clarinette…
Les textes de Magyd Cherfi se recentrent sur l’enfance, et à travers elle, les
conditions précaires de logement de l’époque (la ballade « Ca… La famille », « Du
soleil à la toque »). Avec « Le plus beau », il écrit une ode aux mères. Le thème de
l’exclusion est également présent avec « J’y suis j’y reste ». Portés par le premier
extrait « L’Erreur est humaine », Zebda repart en tournée à l’automne 2002,
poursuivie au printemps 2003, avec un passage symbolique à l’Olympia le 1 er mai
2003. Magyd Cherfi a prévu la sortie de son premier album solo pour début 2004. Il
s’est entouré pour l’occasion de M, Imotep d’IAM, ou encore de Lo’Jo, et Serge
Lopez. En novembre 2003 paraît La Tawa, premier album live de Zebda, comprenant
18 morceaux. Le groupe a donné la dernière prestation de sa tournée le 18 octobre
précédent et s'est séparé provisoirement afin que chaque membre puisse réaliser
des projets en solo.
Magyd Cherfi est le premier à sortir son album, Cité des étoiles, le 2 mars 2004. Il
s'est entouré de compositeurs d'horizons divers : M ("Ma place..."), Joël Saurin,
bassiste de Zebda et ami depuis 31 ans ("Les grandes", "Qu'est-ce que ça change",
"C'est par ma mère", "Je suis franc", "Le bouchon de la cocotte", "Latine est ma
racine"), Imothep du groupe IAM ("L'alphabet syndical", "L'adjectif", "Classée sans
site"), Loo et Placido, deux musiciens producteurs spécialisés dans le reggae, dont
un n'est autre que Roro, ancien batteur des Satellites ("Cité des étoiles"). Ces douze
morceaux reflètent la mixité des influences musicales de Magyd : le bal musette (la
valse "Qu'est-ce que ça change" et l'accordéon de Jean Luc Amestoy), le reggae
("Le bouchon de la cocotte", "L'alphabet syndical", "l'adjectif "...), le chaâbi ("En
enfer"), la chanson ("Je suis franc", "latine est ma racine"), les influences hip hop (la
boucle de "Classée sans suite"), et un zeste de rock (les guitares de M sur "Ma
place..."). Côté textes le Toulousain est plus sombre et personnel qu'avec Zebda. Il
aborde le thème des filles plus âgées impossible à atteindre lors de l'adolescence
("Les grandes"), des racines ("C'est par ma mère", "Latine et ma racine" sur son
enfance), des femmes battues ("Classée sans suite"), de la difficulté d'intégration
("Pour ma place...", " Je suis franc "), de la solitude ("le bouchon de la cocotte")... En
parallèle, il publie un recueil de nouvelles chez Actes Sud (Livret de famille). Dès fin
mars 2004, il entame une tournée en France. De leur côté, Hakim et Mouss
préparent un album en duo. Magyd Cherfi continue sa tournée en janvier 2005 avec
notamment deux concerts à La Maroquinerie à Paris les 27 et 28 janvier. Cette série
de concerts prend fin le vendredi 29 juillet 2005. De leur côté Mouss et Hakim sortent
leur album, Mouss et Hakim ou le contraire, le 20 juin 2005. Ils donnent quelques
concerts en juillet et août, mais la tournée débute véritablement en octobre 2005.
© Le Hall de la Chanson