dossier - L`officiel du Cycle
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dossier sommaire 1 DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS POUR LE MARCHÉ 2 UN CONTEXTE PLUS CHAHUTÉ POUR LES MOTOCISTES L D f t L d c V e l a e f J c é ( P M ( T d B é d e S s A d d p d é m b n l E DOSSIER ÉCHAPPEMENTS ADAPTABLES LES TUBES DE L’ÉTÉ Propres sur eux, très majoritairement homologués et de belle facture, les systèmes d’échappement adaptables proposés aux détaillants français ont su se parer de nombreuses vertus. Et si la notoriété d’un Akrapovic lui vaut de dominer le marché, d’autres bons industriels se partagent le reste du gâteau avec des offres plus abordables et des niveaux de marge dignes d’intérêt. 32 L’Officiel 3849 - avril 2016 C E a d d p c p S É par François Blanc, photos DR 1 DES DISTRIBUTEURS VALORISÉS LE POT À… DOUBLE DÉTENTE Des acteurs rompus à la diffusion d’échappements adaptables continuent à officier sur le marché français, malgré une redistribution partielle des cartes. Des constructeurs de véhicules, de leur côté, tentent de prendre la main sur une filière qu’ils considèrent comme valorisante et peu ou prou lucrative. L a société Parts Europe mise à part, à qui échoit la distribution des systèmes d’échappement de marque Akrapovic en France depuis janvier dernier – elle commercialisait déjà les produits Spark, Vance & Hines, Cobra, Supertrapp, ou encore Pro Circuit et FMF pour le cross, l’enduro et le quad –, les principaux acteurs de ce marché sont des entrepreneurs bien connus du réseau français de la revente. Ils s’appellent Jean-Claude Parot (société Plein Pot, chargée de commercialiser les équipements LeoVince), Michel Cazal (société Imex créatrice de l’enseigne Pro-Pot et importatrice de Laser, Motad, Marving et Bos), Christophe Delaet (distributeur des matériels de marque Termignoni), Denis Herlaut (importateur des systèmes de marque Ixil depuis 1995), Bihr (distributeur de longue date des échappements Yoshimura et Scorpion, et de Mivv depuis moins longtemps), ou encore Synergie (société dirigée par Sandra Ducastel, distributrice des systèmes Arrow, Gianelli et Cobra Allemagne), et Guillaume Bouillon (gérant de la société Artech, ex-importateur d’Akrapovic, aujourd’hui promoteur des pots Remus et co-distributeur des produits de marque Arrow). Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, tant ce marché de l’échappement adaptable a su, bon an, mal an, conserver un grand nombre de marques et d’acteurs depuis l’époque où la mise en place de la norme Euro 3 (2006) était censée réguler l’offre. norme Euro 4, au 1er janvier dernier, aura-t-elle engendré un nouveau tour de vis, sous prétexte de complexification du matériel installé en première monte sur les motos millésimées 2016 ? Non, fabricants eux-mêmes, les interlocuteurs de L’Officiel dans ce dossier ne répondent pas aisément à la question. Plus exactement, tous arguent du sérieux de leurs fournisseurs respectifs pour l’évacuer d’un revers de main. « Tous les fabricants qui maîtrisent les processus d’homologation de leurs produits savent les faire évoluer. C’est pour eux une question de survie », tranche Vincent Arnoult, responsable des ventes et du marketing en France de Parts Europe. Et Arnaud Kauffman, chef de département des produits route et tout-terrain chez Bihr, de rappeler qu’ « un seul passage à l’homologation coûte 1 500 € par type de moto ». Traduction : les structures incapables d’amortir de tels investissements ont a priori disparu du paysage depuis une dizaine d’années. Le passage à l’Euro 4 et le maintien d’une offre destinée à des centaines de modèles de véhicules conformes à l’Euro 3 ne poserait donc pas vraiment de problème. Outre les compétences techniques des fabricants de systèmes d’échappement encore en lice, cette réalité trouverait son origine dans la conception des pots de première monte, dont le catalyseur, dans la plupart des cas, a déserté le silencieux pour remonter en direction du moteur et s’est installé plus ou moins à mi-chemin de la ligne d’échappement. Or au moins 80 % des ventes, dans cette famille de produits, concerneraient les silencieux seuls. Tarifs et notoriété « Notre objectif consiste à encourager les fabricants à concevoir et fabriquer des systèmes homologués, peu bruyants. » Vincent Arnoult, responsable ventes et marketing de Parts Europe La marque Arrow fait partie des familles de produits prisées par le marché français. Crédibilité et marge Encore nombreux sur la place, tous ces agents ou distributeurs poursuivent leur dessein initial : vendre le plus possible à des détaillants soucieux d’en tirer un profit, tant du point de vue de leur crédibilité technique que de celui de leur porte-monnaie. L’entrée en scène de la LEOVINCE, LE RETOUR… Jean-Claude Parot, acteur historique du secteur de l’accessoire moto en France, profite du micro tendu dans sa direction pour rappeler qu’en 2013 « Le groupe Sito, propriétaire des marques Sito, Leo Vince et Silvertail, a déposé le bilan. Les raisons de cette décision radicale se fondent surtout sur la chute des ventes, en particulier en Italie et en Espagne. Le mariage du groupe, en 2014, avec la société italienne Adler Spa., poids lourd de la chaîne d’approvisionnement du secteur du 2-RM (embrayages, transmissions et pièces moteur de première monte pour de grandes marques de moto), a permis de relancer la fabrication de systèmes d’échappement sur de nouvelles bases. En revanche, les modes de diffusion ont été revus – la distribution en direct a cessé : en France, nous avons créé une structure d’importation officielle, la société Plein Pot. Avec du stock confié à une plate-forme logistique, nous sommes capables de livrer sous 24 heures si une commande est passée avant 16h30. De même, le catalogue s’est affiné. Il n’est plus question de lancer des fabrications pour des modèles à faible potentiel ». Qu’on se le dise : si le flou artistique des années 2013-2014 aura sans nul doute profité à la concurrence, les délais de livraison intenables et LeoVince aux abonnés absents, c’est terminé ! Jean-Claude Parot, créateur et dirigeant de l’agence commerciale ACP, puis de la société Plein Pot, connaît bien la question. Promoteur des produits de marque LeoVince depuis 25 ans (Cf. encadré ci-dessous), il relève pour sa part que « Tous les pots du catalogue LeoVince sont homologués et donc dotés d’un catalyseur lorsque telle ou telle composante du système l’exige (collecteur, tube intermédiaire ou silencieux). N’empêche que nous ne vendons jamais de catalyseurs ! Les gens achètent majoritairement des silencieux, dont la plupart n’en portent pas d’origine. À moins qu’ils ne remontent pas de catalyseur lors d’un changement d’échappement ». Si l’obstacle du taux d’émissions gazeuses ne tracasse apparemment pas les spécialistes (pas plus que leurs clients finaux), le paramètre du bruit, lui, soucie désormais tout bon faiseur. D’où les évolutions de forme et de constitution des systèmes commercialisés depuis une dizaine d’années ; et, avec elles, la fin de la course à la puissance qui, un temps, a motivé les fabricants de pots adaptables. La compétition entre industriels, aujourd’hui, se déroule donc sur d’autres terrains. L’esthétique, la sonorité en sortie de tube et le prix constituent une bonne partie de l’enjeu. À ces paramètres peut-on encore ajouter le niveau de notoriété de telle ou telle marque aux yeux du consommateur. Le niveau de service proposé, enfin, achève de convaincre les détaillants de faire affaire avec tel ou tel fournisseur – nous parlons de la rapidité de livraison, de l’éventuelle rationalisation d’une politique d’achats menée auprès de fournisseurs généralistes (comme les Bihr et Parts Europe par exemple) et de la vitesse à laquelle sont traités les possibles retours ou demandes de pièces détachées. Akra tout puissant ? Au chapitre de la notoriété, un consensus général se forme autour du nom d’Akrapovic. Qu’il s’agisse d’ex-importateurs, de l’actuel diffuseur ou de certaines marques de véhicules, les éloges fusent et consacrent la qualité reconnue aux systèmes produits sous la marque slovène. « Akrapovic a le vent en poupe », reconnaît Vincent Arnoult. Pour autant, chez Parts Europe, pas question de focaliser sur ce seul label : « Vance & Hines voit également ses ventes augmenter en France. D’une L’Officiel 3849- avril 2016 33 >> dossier accessoires très demandés, assure Jean‑Luc Mars, patron de Triumph France, en vertu de leurs qualités en termes d’esthétique, de poids et de sonorité, le tout avec la garantie du respect d’un standard exigé par le constructeur, que ce soit à l’égard de la cartographie liée à l’injection ou de la facilité de montage. » Les couacs des doubles canaux ? Le fabricant slovène Akrapovic, distribué depuis le 1er janvier 2016 par Parts Europe, domine le marché de l’échappement adaptable. manière générale, les volumes réalisés par Parts Europe ont tendance à croître sur tous ses marchés. Il est vrai que notre offre couvre plus de 550 marques et se destine uniquement aux détaillants professionnels », rappelle-t-il au passage. Le projet de Parts Europe en matière d’échappements adaptables ? « Entretenir des liens étroits avec les fabricants et les encourager à concevoir et fabriquer des systèmes homologués, peu bruyants. Nous souhaitons aussi élargir l’offre des pots homologués destinés au marché du custom », expose-t-il. Une autre réalité conditionne cependant la performance commerciale de la marque Akrapovic, en France notamment : l’intégration de modèles d’échappement spécifiques en liste d’accessoires agréés chez KTM, BMW, Yamaha, Honda, Kawasaki et Ducati. Poussée des accords entre marques Julien Mabile, responsable des lignes d’accessoires chez YMFH, confirme qu’un accord lie Yamaha et Akrapovic « depuis janvier 2012 ». Partenaire estimé, le fabricant de pots produit donc, pour chacune des marques de moto précitées, des lignes (complètes ou non) à prix négocié et porteuses du logo du constructeur concerné. « C’est une disposition fructueuse pour les deux parties, estime le responsable d’YMFH, même si les prix conseillés TTC ne sont pas plus concurrentiels que ceux de l’importateur », reconnaît-il – normal, si YMFH (comme les autres constructeurs engagés sur cette voie) prélève sa part en passant. En revanche, les échappements disponibles pour certaines motos du catalogue matérialisent « un véritable “plus” produit », portent « une référence Yamaha », concourent à « générer de la marge sur les pièces et accessoires de la marque », sont « éligibles aux primes de fin d’année dans le chiffre d’affaires » et « apportent une image 34 L’Officiel 3849 - avril 2016 Certains estiment le marché français de l’échappement adaptable dans une fourchette de 30 000 à 40 000 unités Les produits italiens Spark sont également proposés par Parts Europe. Ici, la ligne complète inox homologuée pour le Yamaha T-max, conseillée à 816 € TTC. dynamique » au réseau. Vus sous cet angle, les arguments pourront séduire. Et de fait, les concessionnaires « jouent le jeu », assure Julien Mabile. Chez Ducati, le partenariat avec Akrapovic, venu par la compétition de haut niveau, n’a pas mis un terme à celui qui lie historiquement le constructeur à Termignoni. Une réalité dont se félicite le concessionnaire interrogé dans ce dossier (lire article suivant) ; et dont Christophe Delaet, nouvel importateur des produits italiens sous la raison sociale Numero Uno (société créée en 2012), ne paraît pas vouloir se soucier outre mesure. « Termignoni est en train de se redéployer sur de nouvelles bases depuis l’arrivée de son actionnaire principal actuel. Ils investissent dans de l’outillage dernier cri, car ils veulent évoluer, élargir leur marché et ne plus dépendre d’une seule marque de moto », explique-t-il. Triumph a lui aussi cédé à la tentation de s’associer les services et la notoriété de prestigieux fabricants de pots adaptables. Vance & Hines pour la gamme Classic, Arrow pour le segment sport-route : « Des Un menu alléchant, mais qui suscite un commentaire – sans malice – de la part de Sandra Ducastel, pour Synergie, société importatrice des systèmes adaptables Arrow. « Il arrive que des concessionnaires Triumph nous appellent lorsqu’ils ont besoin de pièces spécifiques pour réparer ou entretenir des échappements vendus par Triumph, pièces qu’ils n’arrivent pas toujours à faire rentrer rapidement par le canal du constructeur britannique. Or, cela ne nous est pas toujours possible, car certains modèles sont strictement réservés à Triumph et ne peuvent être vendus par une autre entreprise », note-t-elle. Objective dans son constat, elle ajoute cependant que ces partenariats entre industriels « servent l’image des fabricants de systèmes adaptables, ce qui est bon pour nos commerces » ; et ce même si elle s’interroge sur le niveau des marges réservés aux détaillants lorsque ceux-ci s’approvisionnent chez leur concédant : « Chez Synergie, un pot Arrow génère 45 % de marge au client professionnel. Or, j’ai entendu parler de marge de 30 à 35 % lorsqu’ils s’approvisionnent chez leur importateur de moto. » S’il est clair que chaque revendeur‑réparateur professionnel est capable, au cas par cas, de voir où se situe son intérêt, il est possible qu’un importateur comme Harley-Davidson France se félicite de n’avoir pas mis le doigt dans cet engrenage, faute d’accord régional ou mondial entre la marque de véhicules et un fabricant d’échappements. Ainsi Xavier Crépet, pour H-D France, sait très bien que « des marques de systèmes d’échappement adaptables cherchent à prendre des parts de marché dans le custom, bien que des pots personnalisés de la gamme Screamin Eagle soient proposés à nos clients. » Le custom en ligne de mire Les très bons résultats de Harley-Davidson en particulier, et du segment custom en général, n’auront effectivement pas échappé à des fabricants de pots. Le catalogue de Parts Europe en atteste, mais pas seulement lui. Guillaume Bouillon, gérant d’Artech et nouveau représentant de la marque Remus en France, par exemple, ne cache pas son enthousiasme à l’égard de la « gamme HD » concoctée par l’industriel autrichien, en plus de l’offre destinée à des « BMW, KTM et à quelques japonaises. » Solidement campé sur le secteur automobile, « Remus détient un remarquable savoir-faire. Les concepteurs et commerciaux de l’entreprise croient beaucoup au deux-roues motorisé. Au fil des années, ils se sont forgés une image de sérieux. J’ai l’intention de les aider à prendre leur place sur le marché français de la moto », confie-t-il. Quant à Arrow, également dans son portefeuille depuis le mois de janvier dernier, alors que la marque était déjà travaillée en France par Synergie, il semble que le fabricant italien, en répartissant le travail sur deux sociétés françaises distinctes, espère doper ses v h D c c e d p D j j P e v d B c « q 4 a g q h c r a a Y h niveau et que nous intégrions la marque britannique Scorpion en vue de son développement, d’autres marques ont sans doute pris la place disponible », songe le chef du département de Bihr. Quoi qu’il en soit, ces deux partenariats, aujourd’hui, fondent l’essentiel de l’offre de l’entreprise française. Complémentaires, elles couvrent la plupart des segments du marché de l’échappement adaptable et « apportent toute satisfaction ». Les silencieux “Twin Slash” de Vance & Hines sur la Harley Sportster : joli ! LA PAROLE À… MICHEL CAZAL Gérant de Imex, importateur des produits Motad, Laser, Marving, Bos, Silmotor, Endy et Cobra Trois offres chez Bihr ventes à travers l’Hexagone. Une hypothèse plausible, même si Sandra Ducastel avoue « ne pas très bien comprendre ce qui a poussé Arrow à prendre cette décision ». La preuve, s’il en fallait encore, que la diffusion de systèmes d’échappement en France conserve sa part de complexité… Dans le peloton des marques sérieuses, le japonais Yoshimura n’est pas le dernier à jouir d’une aura de haute respectabilité. Préalablement à l’avènement d’Akrapovic, elle était la marque haut de gamme en vogue, volontiers associée à Suzuki, soit dit en passant. Arnaud Kauffman, pour Bihr, souligne à quel point le fabricant est considéré à Bartenheim comme un « véritable partenaire », et ce depuis un quart de siècle. « À la fin des années 1980, 40 % du chiffre d’affaires de ce qui s’appelait alors Bihr Racing était imputable à la gamme Yoshimura », rappelle-t-il à ceux qui l’auraient oublié. Lignes non homologuées, les produits Yoshimura ont cependant dû refluer sous la pression réglementaire européenne. « Au début des années 2000, l’offre de Bihr en échappements adaptables était modeste. Le temps que Yoshimura conçoive des produits homologués de haut L’arrivée de la marque italienne Mivv, au lendemain de la fusion de Re’Action dans le chaudron Bihr, paraît devoir renforcer l’offre. Arnaud Kauffman : « Ce fabricant est un bon développeur, il réagit vite aux tendances et à l’apparition de nouveaux modèles de moto. Le produit est qualitativement au niveau et la gamme étendue. Nous croyons à son potentiel », résume-t-il, en donnant l’exemple d’un échappement conçu pour la BMW Nine-T particulièrement « bien vu ». Avec Yoshimura pour « tirer l’offre vers le haut », Scorpion en « bon représentant du milieu de gamme » et Mivv en complément (et en chevauchement, par endroits), le grossiste français se voit bien armé pour gagner quelques parts de marché, y compris parce que « Scorpion est en train de rattraper son retard sur le maxi-scooter », une catégorie qui, depuis le milieu des années 2000, a effectivement gagné sa place sur l’échiquier, même si elle a vu ses ventes se segmenter. En l’occurrence, les best-sellers T-Max, puis 125 X-Max de Yamaha, ainsi qu’un Honda Forza, auront conduit des fabricants de pots à investir sur ces modèles, tandis que le marché du remplacement, pour la frange du parc des “utilitaires”, n’aura pas connu l’explosion que les observateurs avaient imaginée voilà dix ans. Le réseau pro national, dans ce domaine aussi, a donc l’embarras du choix ; à condition que les accords de marques signés avec des fabricants de pots viennent plus les épauler que brouiller les cartes. « Le marché des particuliers nous échappe de plus en plus » Qui sont majoritairement les clients d’Imex ? u Nous vendons aux pros et aux particuliers. Mais en pratique, nous vendons de moins en moins au consommateur. La raison ? Les sites marchands se sont déployés, y compris ceux qui sont le fait de spécialistes de l’équipement 2-RM. Dans ce domaine, nous avons ceux qui ne stockent pas et sont incapables de livrer vite, et ceux qui, au contraire, stockent et livrent dans des délais courts. Mais les premiers proposent évidemment des prix plus bas. Si l’on ajoute que les revendeurs français, parce qu’ils sont taxés plus lourdement, cherchent des marges supérieures à celles de leurs concurrents étrangers, on comprend que le marché des particuliers nous échappe de plus en plus. Comment ce marché s’organise-t-il selon vous aujourd’hui ? u Les volumes réalisés me semblent en légère diminution, ou en tout cas stabilisés après quelques années baissières, entre 2008 et 2012 – on peut raisonnablement estimer les quantités annuelles écoulées en France dans une fourchette de 30 000 à 40 000 unités. Mais surtout, ils se répartissent différemment, par rapport au début des années 2000 (l’Euro 3 date de 2006). Les véhicules neufs et jusqu’à environ trois ans d’âge restent le marché des revendeurs traditionnels. Ceux-ci captent encore une clientèle à potentiel financier qui cherche des matériels de marque. La clientèle qui entretient des machines de quatre ou cinq ans d’âge, et a fortiori de plus de dix ans, a tendance à échapper aux revendeurs classiques. Ces consommateurs-là vont plus volontiers acheter sur Internet, soit chez des accessoiristes qui proposent des offres économiques, soit chez des marchands moins bien identifiés, mais faiseurs de remises. Il n’est qu’à aller sur eBay et regarder les commentaires laissés par les clients de ces marchands allemands ou italiens par exemple : le nombre d’avis rédigés en français suffit à nous renseigner sur ce point… D’après vous, les évolutions normatives ont-elles beaucoup pesé sur l’offre ? u Jusqu’à un certain point, oui. Mais tant qu’il n’existera pas de contrôle anti-pollution réglementé, l’impact de ces évolutions restera relatif. Les fabricants ont d’ailleurs tous des produits en catalogue dont les catalyseurs sont en option… Une étude suisse récente montre en outre que la durée d’efficacité d’un catalyseur de moto ne dépasse pas les 15 000 km, soit à peine trois ans. En théorie, les catalyseurs devraient être changés à cette échéance. Qui s’y astreint ? Concernant Euro 4, il est évident que les firmes s’y alignent. Les fabricants d’échappements adaptables sont censés suivre. Qu’en est-il ? Je ne serais pas surpris d’apprendre que les catalyseurs proposés sur le marché du remplacement non d’origine sont trop petits pour satisfaire aux normes en vigueur. Face à Akrapovic, Yoshimura, distribuée depuis plus de 25 ans par Bihr, espère gagner du terrain sur le marché français du haut de gamme. Les temps changent, le moment est venu de vous brancher. >> PRODUIT FRANÇAIS CHOIX DES COMPOSANTS Fort de 7 ans d’expérience en tant que constructeur français de véhicules électriques, nous souhaitons renforcer notre présence sur le marché de l’e-mobilité. Ne ratez pas cette opportunité, pour en savoir plus, connectez-vous sur ÉCOLO FIABILITÉ L’Officiel 3849- avril 2016 35 dossier 2 DES DÉTAILLANTS PARTAGÉS LES PROS VOIENT MIDI À LEUR PORTE Trois revendeurs du réseau classique proposent leurs points de vue respectifs sur le commerce de l’échappement adaptable : un multimarque, un monomarque et un magasin d’accessoires attenant à une concession. Trois contextes différents, trois regards distincts. A vec huit marques de 2-RM à l’affiche et une clientèle à profils multiples, Paris Nord Moto dans le 93, vend de l’échappement adaptable depuis des lustres. Robert Doron, le maître des lieux, explique que ses critères de sélection reposent sur trois piliers non négociables : l’homologation du système qui sera proposé à la vente, le passage de représentants sérieux qui connaissent bien leurs produits et la possibilité d’essayer le matériel avant de le proposer au client. « Un pot, nous l’essayons sur un véhicule de démonstration et le passons sur un banc de puissance pour nous faire une idée de ce qu’il vaut », prévient-il. Ce qui est rédhibitoire, selon lui, c’est « l’éventuelle perte de puissance engendrée par la pose d’un système de deuxième monte. Or, 70 % des matériels du marché font perdre deux ou trois chevaux. Une fois le matériel sélectionné, il s’agit ensuite de jauger le niveau de service qui va avec. » Autrement dit, l’efficacité du SAV, que ce soit en termes de maintenance ou de remplacement en cas de détérioration accidentelle, délais de réaction compris. Toujours proche de Ducati, Termignoni cherche néanmoins à diversifier son offre (ici sur la nouvelle Honda Africa Twin). « Un pot, nous l’essayons sur un véhicule de démonstration et le passons sur un banc de puissance pour nous faire une idée de ce qu’il vaut. » Robert Doron, gérant de Paris Nord Motos moto concerné. L’offre est en outre suffisamment large, du simple silencieux à la ligne complète réservée à la piste, pour intéresser un éventail significatif de clientèle », reconnaît-il. Le fait que ces matériels bénéficient de la garantie du constructeur et viennent soutenir les objectifs à réaliser en vue de la remise de fin d’année (RFA), ne gâte évidemment rien. Un minimum de stock Ces préalables mis à part, et fort de son expérience en la matière, Robert Doron estime qu’il s’est vendu « un peu moins » d’échappements adaptables ces derniers temps. Deux raisons principales à cela : « Parce qu’il s’est moins vendu de véhicules neufs, mais aussi parce que de plus en plus de marques de moto ont pris la main sur cette famille d’accessoires en intégrant dans leurs catalogues des kits portant leur griffe ». Et si cette appropriation ne peut décemment pas être considérée comme un frein à la vente, elle ne la facilite pas forcément non plus. « En effet, pour vendre, il faut s’appuyer sur un minimum de stock, car cet achat est souvent impulsif chez le client. Et si nous ne pouvons pas lui montrer le matériel, lui mettre dans les mains tout en lui expliquant ce qu’il y gagnera, nous risquons d’en vendre de moins en moins. » conclut-il. Or ces matériels coûtent cher. Robert Gennaro, concessionnaire Ducati à Grenoble (38) depuis 1989 (et Ducati Store depuis 2000), pour sa part, s’est résolu à jouer à fond la carte des échappements intégrés dans le catalogue du constructeur qu’il représente. « Non seulement les matériels proposés – Termingnoni et Akrapovic – sont de bonne qualité, mais encore sommes-nous sûrs qu’ils sont parfaitement étudiés et fabriqués pour se monter correctement sur chaque modèle de 36 L’Officiel 3849 - avril 2016 Jouer sur plusieurs tableaux Le critère du budget est fréquemment ce qui guide le client dans son choix Cependant, il estime n’en être qu’aux « balbutiements de cette approche commerciale ». Par ailleurs, les deux marques de systèmes d’échappement ne toucheraient pas tout à fait la même clientèle : « Les “anciens” ducatistes sont très attirés par Termignoni, tandis que les autres sont tentés par Akrapovic », note Robert Gennaro. En attendant que telle ou telle tendance se confirme, il déclare que « 75 % des ventes profitent à Termignoni » dans sa concession. Quant aux motos de plus de six ou sept ans d’âge, non servies par le catalogue de Ducati, elles nécessitent que soient sollicités des fournisseurs extérieurs. Ce à quoi le concessionnaire se résout volontiers, en vertu du fait qu’il a « toujours bien travaillé ce genre d’accessoire ». Encore aujourd’hui, sur la centaine de machines neuves qu’il écoule chaque année, il vend « une quarantaine de pots en même temps. » Mieux, depuis quelques années, grâce à Internet, il a gagné quelques clients lointains, fondus de Ducati et satisfaits du service de Ducati Grenoble : des pots, il en envoie quelques-uns aux États-Unis, au Japon, et même en Australie… Anael Miez, vendeur d’accessoires techniques au sein du magasin Maxxess de Chambray-lès-Tours (37), est quant à lui chargé de sélectionner tout ce qui se vend – ou presque – en matière de systèmes d’échappement adaptables. Et ce qui se vend, c’est entre autres ce que la clientèle demande régulièrement. Voilà pourquoi les marques Akrapovic, LeoVince, Arrow, Ixil, IX-Race, Yoshimura, Mivv, Scorpion, Gianelli ou Termignoni cohabitent dans l’offre du magasin. Mais si certains clients passent la porte avec une idée préconçue du matériel dont ils rêvent, d’autres ont besoin de parler prix. « Le critère du budget est fréquemment, ce qui sert de guide dans le choix », confirme Anael, qui profite de l’abondance de l’offre pour conseiller ses prospects en matière de rendu sonore et d’agrément de conduite ; mais les laisse naturellement exprimer leurs préférences esthétiques. Il relève par ailleurs que le système adaptable, parfois, a été évoqué en amont, au sein de la concession multimarque Team Delétang mitoyenne, entre le client et le vendeur de VN. « Il est assez courant que le VN soit livré avec un échappement non d’origine, convient-il, des systèmes coûteux peuvent servir de levier de négociation ». Une réalité que tous les concessionnaires de France et de Navarre vivent effectivement au quotidien, ou peu s’en faut.