Comment aborder la Parole de Dieu - Site officiel de Jean

Transcription

Comment aborder la Parole de Dieu - Site officiel de Jean
INTRODUCTION :
Comment aborder la Parole de Dieu ?
Méditation n°7 :
Qu’est-ce qu’une lecture chrétienne
de l’Ancien Testament ?
par Jean-Marie Élie Setbon
Comme nous l’avons dit et répété au cours des méditations précédentes, la
Parole de Dieu n’est pas une parole humaine mais divine.
« Et alors ? », me direz-vous. Est-ce que cela change réellement quelque
chose dans la manière dont nous devons l’aborder ?
Eh bien oui, complètement ! Pour comprendre une parole humaine, nous utilisons
notre intelligence humaine. Notre compréhension découle d’une réflexion.
Malheureusement, bien souvent, c’est également de cette manière que nous
abordons la Sainte Écriture.
Et pourtant, celle-ci étant véritablement la Parole de Dieu, notre intelligence
humaine n’a pas la capacité de la comprendre ! Pour l’aborder, il nous faut donc
commencer par l’accueillir, nous mettre à son écoute et laisser le Christ nous ouvrir
l’intelligence à ce qui le concerne Lui dans le texte que nous lisons. Certes, la
réflexion est importante mais elle viendra après, dans un second temps, quand
nous nous poserons les questions : Pourquoi ? Comment ?
Qu’est-ce qu’une lecture chrétienne de l’Ancien Testament ?
En tant que chrétiens, nous nous contentons souvent de voir dans l’Ancien
Testament des préfigurations du messie mais dans sa dimension humaine.
Prenons par exemple le texte du serviteur souffrant dans Isaïe 52, 13 – 53, 12. En
voici un extrait :
« Il était méprisé et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la
souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face ; en butte au mépris,
nous n'en faisions aucun cas. Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos
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douleurs dont il s'était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé
de Dieu et humilié.
Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ;
le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures
que nous sommes guéris. »
Dans ce passage, nous voyons évidemment une préfiguration de Jésus et de sa
passion. Mais celle-ci nous laisse simplement entrevoir l’humanité de Jésus. La
question que je vous pose est la suivante : cette lecture est-elle spécifiquement
chrétienne ? Je soulignerai en effet deux choses :
1 – Tout d’abord, n’importe qui, même s’il n’est pas chrétien, pourrait faire le lien
entre ce passage et la passion du Christ.
2 – Ensuite, en quoi réside notre spécificité à nous, chrétiens ? Nous croyons en
l’Incarnation de Dieu. Par conséquent, une lecture spécifiquement chrétienne
consiste à voir avant tout une préfiguration de l’Incarnation de Dieu dans l’Ancien
Testament. Et cela, je ne peux pas le voir par moi-même : j’ai besoin que le
Seigneur m’ouvre l’intelligence aux Écritures.
« L’homme psychique n’accueille pas ce qui est de l’Esprit de Dieu ; c’est
une folie pour lui ! »
Voilà ce que déclare saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (1Co 2,
14). Qui est l’homme psychique ? C’est l’homme et son intelligence dans leur état
naturel. Quand le Seigneur m’ouvre l’intelligence aux Écritures, j’entre dans une
compréhension qui me dépasse totalement. Ce que je vois est une folie pour la
raison humaine ! Si ce n’est pas le cas, c’est que je ne suis pas chrétiennement
dans l’écoute et dans l’accueil de la Parole de Dieu. Ma lecture est celle d’un
chrétien, certes, mais à travers une vision et une interprétation humaines.
L’exemple de Sarah et Agar
En Genèse 16, Sarah, n’ayant pas encore donné d’enfant à Abraham, lui offre Agar,
sa servante égyptienne, qui tombe enceinte et enfante un fils nommé Ismaël. En
Genèse 17, Dieu dit à Abraham : « Je bénirai Sarah, et je te donnerai d'elle un
fils ; je la bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples sortiront
d'elle. » Un peu plus tard, celle-ci donnera en effet naissance à Isaac.
Au sujet de cette histoire, saint Paul écrit dans sa lettre aux Galates : « il est écrit
en effet qu'Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre.
Mais celui de la servante est né selon la chair, celui de la femme libre en vertu de
la promesse. Il y a là une allégorie, ces femmes représentent deux alliances ; la
première se rattache au Sinaï et enfante pour la servitude : c'est Agar (car le Sinaï
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est en Arabie) et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui de fait est esclave
avec ses enfants. Mais la Jérusalem d'en haut est libre, et elle est notre mère »
(Ga 4, 22-26).
Que signifie le mot « allégorie » pour saint Paul ? Il s’agit d’une lecture en Christ.
Saint Paul a une vision du texte tel qu’il n’apparaît pas à nos yeux humains, à
notre intelligence humaine. Quand nous lisons le texte de la Genèse, nous ne
voyons nullement qu’Agar et Sarah correspondent à deux alliances. Dire qu’Agar
correspond à l’Alliance du Mont Sinaï est une folie pour l’esprit humain ! Comment
saint Paul peut-il affirmer des choses qui ne sont pas écrites dans le texte ? Parce
qu’elles sont le fruit d’une vision. Il accueille ce que le Christ lui donne de voir dans
l’Ancien Testament. Il ne peut pas expliquer ou justifier ce qu’il dit, il peut juste
l’affirmer. Ou nous l’accueillons, ou nous ne l’accueillons pas. Voilà ce qu’est une
véritable lecture chrétienne de l’Ancien Testament.
Je prie pour que, de plus en plus, nos saints prêtres puissent nous emmener, à
travers leurs homélies, dans la folie et le feu de Dieu !!!
Que le Seigneur vous bénisse, qu’il vous donne à vous aussi la folie et le courage
d’entrer réellement dans sa Parole même si cela peut nous faire peur et nous
déstabiliser. Amen.
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