La colonisation française en Algérie 2

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La colonisation française en Algérie 2
2ème PARTIE : LE DÉVELOPPEMENT DU NATIONALISME ALGÉRIEN
2 thèses s’affrontent au sujet du nationalisme algérien : celle des nationalistes algériens d’aujourd’hui, du
gouvernement algérien et la thèse des autorités françaises au moins jusqu’à de Gaulle reprise par une partie
de la communauté pied-noir en France.
Pour les premiers la nation algérienne existait déjà en 1830. Pour preuve, la résistance militaire collective à
l’intrusion française et la résistance à différentes tentatives d’assimilation.
Pour les seconds, la nation algérienne n’existait pas en 1830 et même pas en 1954 lorsque la « rébellion »
commence.
La population algérienne se sentait française depuis les années 1830 à preuve, sa participation à toutes les
guerres de la France depuis le milieu du XIXe siècle et notamment les 1ère et 2ème guerres mondiales. Le soidisant nationalisme algérien ne représentait en fait qu’une minorité de fanatiques, de « bandits », de
fellaghas manipulés par des puissances étrangères de l’Est.
Ces discours se sont poursuivis jusqu’à ce jour.
Depuis 1962 les historiens français et algériens mènent des recherches.
1- Les prémices du nationalisme algérien
En 1830, l’Algérie n’est certainement pas une nation si l’on s’en tient au modèle national français (origine
commune, territoire délimité, une langue commune, l’allégeance à un même État, la volonté de continuer à
vivre ensemble. L’Algérie apparaît plutôt comme une colonie dominée, exploitée par une minorité étrangère
qui est la minorité turque. MAIS, si ces populations ne formaient pas une nation au sens littéral du terme,
elles ne manquaient pas de facteurs de cohésion : la religion musulmane, la résistance tenace, multiforme,
aux Français.
Une résistance militaire collective
dont celle d’Abd el-Kader qui a rassemblé à un moment les 2/3 de l’Algérie.
Puis des chefs de tribu, de confréries ont participé à 2 grandes révoltes :
L’une à l’ouest de 1864-1865
L’autre à l’est en 1871 qui a intéressé près du
tiers de l’Algérie.
La répression a touché presque tout le pays. Sauvage, aveugle, féroce,
elle a rassemblé les peuples. Elle a marqué les indigènes.
Les indigènes ont dû se soumettre et accepter de collaborer avec les
nouveaux maîtres mais un esprit de résistance a persisté à travers
plusieurs comportements.
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Une résistance individuelle violente, résistance non violente et dissidence
Parmi ces mouvements de résistance violente et non violente, beaucoup d’actes sont comptabilisés
par la gendarmerie française comme des actes de banditisme, de malveillance. Au XIXe siècle, on voit des
meurtres de colons, de gardes forestiers, des incendies de propriétés, des vols de bétail, de matériels. La
population européenne à cette époque redoutait de prendre à son service des indigènes.
-
Il y a des mouvements d’exil : individuels ou en groupe plus ou moins important.
Le cas le plus important fut l’exode de Tlemcen vers
1911:
200 notables qui, avec femmes et enfants ont tenté de
gagner la Syrie, le Maroc, la Turquie. Cela quand on a
commencé à parler d’un projet de service militaire qui
les intègrerait totalement.
Le minaret d'El Mansourah symbole historique de la ville de Tlemcen
- Dans le Coran, il est dit que le croyant ne peut demeurer sous la domination des infidèles et qu’il a
le devoir de partir pour ne pas rester sous leur domination.
En France, c’est le triomphalisme catholique après la période de la révolution.
En 1832 les Français catholiques convertirent la Mosquée Ketchaoua
en Cathédrale Saint-Philippe d'Alger. Elle redevint une mosquée après
le départ des Français d'Algérie en 1962.
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2- Les débuts d’un projet politique
Le mouvement des « Jeunes Algériens »
le docteur Ben Djelloul
Ferhat Abbas (1899-1985)
C’est un mouvement important mais qui n’est pas un mouvement nationaliste. Il fait parler de lui au tout
début du XXe siècle et intéresse une petite élite indigène : il est formé par un médecin, le docteur Ben
Djelloul, un pharmacien établi à Sétif, Ferhat Abbas, quelques instituteurs, quelques médecins, avocats et
commerçants. Ces gens sont plutôt séduits par le mouvement « Jeunes Turcs » qui va soutenir Atatürk en
Turquie et qui pense que l’islam peut s’affirmer en se laïcisant un peu. Ils revendiquent d’être intégrés
totalement dans la communauté française, d’être « naturalisés ».
À différents moments, ils tentent de négocier avec le gouvernement français, en 1927, en 1933, en 36-37
pendant le Front populaire Chaque fois, ce sont des rebuffades de la part des autorités.
Au départ, ce mouvement est fondamentalement anti-nationaliste. Il est obligé d’opérer un rapprochement
avec d’autres formations sous peine de perdre toute autorité.
« Je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. Je ne
l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’histoire. J’ai interrogé les vivants et les morts. J’ai
visité les cimetières. Personne ne m’en a parlé »
Fehrat Abbas 1936
Film : Ferhat Abbas - Moderniste et visionnaire (1) www.youtube.com/watch?v=O8O427CRCyI 25 août
2008 - 9 min
L’initiative isolée de l’émir Khaled (1919)
C’est le petit-fils d’Abd el-Kader. Il fait une carrière militaire française : il fait Saint-Cyr et
se bat très courageusement dans les rangs de l’armée française pendant la guerre de 14-18.
En 1919, alors qu’il n’a jamais fait parler de lui, il se rend à l’ambassade américaine à Paris
et là, il remet un réquisitoire extrêmement violent contre la politique suivie par la France en
Algérie depuis 1830. I demande d’accorder au peuple algérien le droit à son
autodétermination sous la protection de la SDN.
Kaled va être désavoué par la plupart des leaders des Jeunes Algériens notamment.
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La création de l’ÉTOILE NORD-AFRICAINE (1926)
Elle est créée par le parti communiste français qui veut regrouper les ouvriers nord-africains qui luttent pour
l’indépendance du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.
Au sein de ce mouvement, un ouvrier algérien, Messali Hadj, plutôt hostile à l’influence
communiste de l’époque va assez vite le prendre à son compte.
Messali Hadj 1898-1974
Il propose très vite un programme (1927)
En 1927, Messali Hadj dresse la base d'un programme se résumant à :
•
•
•
•
•
L'indépendance totale des trois pays d'Afrique du Nord « Algérie, Tunisie et
Maroc » ;
L'unité du Maghreb ;
La terre aux fellahs ;
Création d'une assemblée constituante au suffrage universel ;
La remise en toute priorité à l’État des banques, des mines, des chemins de fer, des
ports et de tous les services publics que détenait la France.
Il crée un journal (1930) El-Ouma (La Nation)
L’Étoile Nord-africaine s’implante discrètement en Algérie à
partir de 1936. Elle est dissoute par les autorités en 1937 et va
réapparaître sous le nom de PPA, Parti du Peuple Algérien.
Un nouveau parti : le PARTI DU PEUPLE ALGERIEN (PPA) 1937
Parti clandestin, il connaît un certain succès auprès des jeunes.
Il y a plusieurs dizaines de sections, plusieurs milliers de militants en 1939.
Film : Mort de Messali Hadj - INA
www.ina.fr/histoire-et.../mort-de-messali-hadj.fr.html 4 juin 1974 - 1 min
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La fondation du Mouvement des Oulémas musulmans algériens 1931
Ce mouvement relève d’un grand renouveau islamique qui s’est emparé du monde arabe à la fin du XIXe
siècle. Ce mouvement conduit par les « docteurs de la loi » veut épurer l’islam de toutes les superstitions.En
même temps, les oulémas algériens et notamment Ben Badis vont essayer de défendre la personnalité
algérienne. Il va y avoir un lien étroit entre la renaissance de l’islam et la renaissance de l’entité algérienne.
Le mot d'ordre du mouvement est : « L’ Arabe est ma langue, l'Algérie est mon pays, l'islam est ma
religion. »
« Nous avons cherché dans l'histoire et dans le présent et nous avons constaté que la
nation algérienne musulmane s'est formée et existe, comme se sont formées toutes les
nations de la terre. Cette nation a son histoire illustrée par les plus hauts faits ; elle a
son unité religieuse et linguistique ; elle a sa culture, ses traditions et ses
caractéristiques, bonnes ou mauvaises comme c'est le cas de toute nation sur terre. Nous
disons ensuite que cette nation algérienne n'est pas la France, ne peut être la France et
ne veut pas être la France. Il est impossible qu'elle soit la France, même si elle veut
l'assimilation. Elle a son territoire déterminé qui est l'Algérie avec ses limites actuelles »
Ben Badis (1931)
Cheikh Abdelhamid Ben Badis de Constantine
Ces mouvements n’ont aucun lien entre eux. On va voir, surtout au moment de la seconde guerre mondiale
des tentatives d’unification.
3- Les tentatives d’unification
En 1936, Fehrat Abbas ne croyait pas en la nation algérienne. 7 ans plus tard, il pense très différemment et il
décide de mettre au point ce que l’on va appeler le manifeste du peuple algérien du 10 février 1943 :
MANIFESTE DU 10 FÉVRIER 1943
« L'Algérie est depuis le 8 novembre dernier sous l'occupation des forces anglo-américaines. Cette
occupation en isolant la colonie de la métropole, a provoqué parmi les Français d'Algérie une véritable
course au pouvoir. Républicains, gaullistes, royalistes, israélites, chaque groupe, de son côté, essaye de
faire valoir sa collaboration aux yeux des Alliés et veille à la défense de ses intérêts particuliers. Devant
cette agitation, chacun semble ignorer jusqu'à l'existence même des 8 millions et demi d'indigènes.
Cependant, l'Algérie musulmane, quoique indifférente à ces rivalités reste vigilante et attentive à son destin.
Aujourd'hui les représentants de cette Algérie, répondant au vœu unanime de leurs populations, ne peuvent
se soustraire à l'impérieux devoir de poser le problème de leur avenir. Ce faisant, ils n'entendent ne rien
renier de la culture française et occidentale qu'ils ont reçues et qui leur reste chère. C'est au contraire en
puisant dans les richesses morales et spirituelles de la France métropolitaine et dans la tradition de liberté
du peuple français qu'ils trouvent la force et la justification de leur action présente. Conscients de leurs
responsabilités devant Dieu, ces représentants traduisent ici sincèrement et fidèlement, les aspirations
profondes de tout le peuple algérien musulman. Ce manifeste, plus qu'un plaidoyer, est un témoignage et un
acte de foi… »
Fehrat ABBAS et 21 autres signataires
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Suit un programme :
- Mettre fin à la colonisation
- Application du principe d'autodétermination à tous les peuples.
- Doter l'Algérie de sa propre constitution distincte de la constitution française, garantissant l'égalité des
droits et la liberté à tous les habitants.
La seconde guerre mondiale a appris aux musulmans algériens que la France et ses colons français avaient
subi la plus grave défaite qu’on ait pu subir en 1940. Ce n’était donc pas une nation forte, ourageuse omme
elle le proclamait à tous vents.
Dès février 1943, il y a une nouvelle donne, du moins pour eux qui peuvent se faire entendre. C’est le
moment où il faut apparaître.
Il y a une entente entre les 3 principaux courants, Le mouvement des Oulémas, le PPA de Messali Hadj et
les Jeunes Musulmans, qui signent le manifeste et forment en 1944 l’Association des Amis du Manifeste de
la Liberté( A.M.L.).
Cette association se transforme en un parti l’UDMA en 1946(Union Démocratique du Manifeste Algérien)
Le PPA va lui-même créer son propre parti, le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés
Démocratiques) qui se scindera rapidement en 2.
Cette association est purement ponctuelle autour d’un texte et ne signifie nullement une fusion des partis.
Les autorités françaises (les gouverneurs) font ce que dictent « les grands colons », qui font barrage dans
leur très grande majorité à toute modification du statut des musulmans. Ils auront une très grande
responsabilité dans les évènements qui suivont.
4- Le recours au soulèvement armé
Il aura lieu 10 ans plus tard en 1954.
• Il sera la conséquence du refus des Français d’Algérie ou de métropole (par le choix des
gouverneurs) de faire des concessions importantes aux élites indigènes.
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En 1944-45 le général de Gaulle va nommer Yves Chataigneau. Plutôt libéral, il est mal vu
par les colons qui obtiendront son départ.
À cette époque est voté le statut de 47 qui reconnait implicitement une spécificité algérienne,
en particulier la reconnaissance du culte musulman auparavant toléré (L'indépendance du culte
musulman à l'égard de l'État est assuré au même titre que celle des autres cultes, dans le cadre de la loi du 9
décembre 1905 et du décret du 27 septembre 1907.L'application de ce principe, notamment en ce qui concerne l'administration des
biens habous, fera l'objet de décisions de l'Assemblée algérienne, rendues exécutoires selon la procédure instituée aux articles 15
et 16 du présent statut. Les grandes fêtes musulmanes : Aïd es Seghir, Aïd et Kebir, Mouloud et Achoura, sont déclarées fêtes
légales en Algérie – art 56 –,
dans l’enseignement à tous les degrés, il y aura un enseignement de la langue arabe
(La langue arabe constituant une des langues de l'Union française, les mêmes dispositions s'appliquent à la langue française et à la
langue arabe en ce qui concerne le régime de la presse et des publications officielles ou privées éditées en Algérie.
L'enseignement de la langue arabe sera organisé en Algérie à tous les degrés.
L'application de cette dernière disposition fera l'objet de décisions de l'Assemblée algérienne, rendues exécutoires selon la
procédure instituée aux articles 15 et 16 du statut. – art 57 –),
les femmes musulmanes ont désormais le droit de vote
Yves Chataigneau est écarté au profit d’un député socialiste Marcel Edmond Naegelen
Il pense que le séparatisme algérien est aussi dangereux que le séparatisme alsacien. Il va être
sensible aux pressions des colons.
En 1948, il y eut des élections locales qui ont été truquées pour éviter que le vote algérien ne
soit trop important. Naegelen a d’abord nié puis a reconnu le trucage de ces élections (d’où l’expression :
une élection à la Naegelen)
Film
VOYAGE DE MONSIEUR NAEGELEN EN ORANIE ... 17/02/1949 - 01min34s
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La 2ème raison du soulèvement armé est ce qui s’est passé à Sétif 9 ans auparavant.
•
Sétif mai 1945
Les faits :
Le 8 mai 1945, le jour de la victoire française sur l’Allemagne des
émeutes éclatent dans l’est de l’Algérie à Sétif et à Guelma et vont
s’étendre dans les jours suivants aux campagnes et à d’autres villes
comme Bône ou comme Batna.
Les causes et les conséquences sont controversées.
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Le contexte :
-
C’est la famine : les importations en blé et en riz ont été insuffisantes.
- Les tensions entre activistes algériens : il commençait à y avoir des divisions entre les mouvements
de Ferhat Abbas et de Messali Hadj. Finalement, c’est le mouvement de Messali Hadj qui l’emporte en
influence. Messali Hadj est arrêté, exilé, rappelé. Il est au cœur de l’opinion musulmane.
Des extraits du rapport du général Tubert, après les massacres de mai 1945
Alors que la fraternité régnait sur les champs de bataille de l’Europe, en Algérie le fossé se creusait de plus en plus
entre les deux communautés. Déjà les provocations fusent. Les indigènes menacent les Français. Beaucoup n’osent
plus se promener avec des Européens. Les pierres volent, les injures pleuvent. Les Européens répliquent par des
termes de mépris. "Sale race" résonnait trop fréquemment. Les indigènes n’étaient pas toujours traités, quel que fût
leur rang, avec le minimum d’égards. Ils sont l’objet de moqueries, de vexations.Trois faits nous ont été racontés,
prouvant l’état d’esprit de la population musulmane : - Un instituteur de la région de Bougie donne à ses élèves un
modèle d’écriture : " Je suis français, la France est ma patrie." Les enfants musulmans écrivent : "Je suis algérien,
l’Algérie est ma patrie." - Un autre instituteur fait un cours sur l’Empire romain. Il parle des esclaves. "Comme
nous", crie un gosse. - A Bône enfin, une partie de football opposant une équipe entièrement européenne à un "onze"
musulman doit être arrêtée par crainte d’émeute...La multiplicité des renseignements qui nous sont parvenus permet
d’affirmer que les démonstrations de cet état d’esprit couvraient tout le territoire algérien.[...] Les musulmans ayant
séjourné en métropole comme soldats ou travailleurs ont porté leur attention sur des faits sociaux qui passaient
inaperçus aux yeux de leurs parents. Ils font des comparaisons entre leur situation et celle des Européens, qu’ils
jugent privilégiés. [...] Ils jalousent les colons propriétaires de grands domaines. Un seul colon règne en maître sur
des milliers d’hectares et ils comparent sa richesse à leur misère.
Les événements
Le 8 mai, des cortèges organisés par les AML, les tenants de Ferhat Abbas,
sont autorisés à condition de n’arborrer ni drapeaux ni slogans « séditieux ». La
police intervient durement. Il y a des morts parmi les manifestants algériens. À
Sétif, sans qu’on sache qui commence, une vingtaine d’Européens sont
massacrés dans les rues. Peu à peu les paysans des environs sont ameutés au cri
du djihad et ils s’attaquent aux représentants de l’autorité, aux civils européens
et on envoie l’armée car la police est dépassée dès le départ. Les jours suivants
interviendront l’aviation et la marine.
Du côté français, on considère que l’ordre est rétabli le 20 mai.
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Le bilan :
Bilan officiel français : 1165 morts
Chiffre du gouvernement algérien aujourd’hui :
45 000 morts
Chiffre accepté par les historiens les plus objectifs actuellement : autour de
20 000 morts.
Causes controversées :
Côté français et côté algérien, il y a l’idée de complot :
Du côté français : On dit que les grands colons auraient, pour dénoncer la
politique des communistes et des socialistes, du général Catroux et d’Yves
Chataigneau, joué la politique du pire en laissant s’exprimer Ferhat Abbas et
Messali Hadj, affamé les musulmans pour les pousser à la révolte par
l’intermédiaire du PPA, le parti de Messali Hadj.
Du côté algérien, il y avait une concurrence certaine entre les partis de Ferhat Abbas et Messali Hadj et dans
cette concurrence, il y avait une surenchère. Le parti de Messali Hadj prêchait la révolte et avait l’idée qu’
une insurrection était souhaitable et inévitable.
Il est probable que le 8 mai 1945, il y ait eu une série d’incidents qui ont été immédiatement exploités par la
droite française par une répression qui aura été terrible et par les nationalistes algériens de l’époque qui
étaient prêts à lancer la population musulmane dans un état d’insurrection. Sinon, on ne comprend pas
comment le mouvement se soit aussi rapidement étendu et aussi profondément dans les campagnes du
Constantinois.
Albert Camus écrit dans Combat : Les massacres de Guelma et de Sétif ont provoqué chez les Français d’Algérie un
ressentiment profond et indigné. La répression qui a suivi a développé dans les masses arabes un sentiment de crainte
et d’hostilité. (...)
Conséquences :
Le peuple algérien n’oublia jamais Sétif. La guerre d’Algérie a commencé en mai 1945 pour les historiens.
Après Sétif, Messali Hadj est exilé. Très vite, son parti décide de se préparer à une insurrection plus
importante et crée une organisation l’Organisation Spéciale (O.S) chargée de recruter des militants,
rechercher des armes, organiser l’insurrection. Mais en 1950, la police française démantèle l’O.S. Les
membres rescapés de l’O.S créent en 1954 le F.L.N et l’A.L.N (front et armée de libération nationale)
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