Édition 2004-07-01 (PDF document)

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Édition 2004-07-01 (PDF document)
Numéro 24 - juillet - août 2004
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Au cœur du Delta
le français devient
une langue d'avenir
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
B
onjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, les
yeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs fois
par jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants
au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exercer leur français devant les visiteurs francophones. Le regain
d'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste de
la Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour une
grande partie due à l'action de deux professeurs retraités bénévoles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF
(Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuis
l'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collègues
le font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain.
SOMMAIRE
Actualité
“Venez nous soutenir, nous sommes si isolés”
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de
Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concernant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder une
vingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas toujours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de choses
en regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire.
Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide,
avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheur
dont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant.
Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce programme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action.
Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue,
la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention.
Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères de
livres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit ses
ressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentiel
touristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais,
dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que
déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nombreux que les visiteurs anglophones.
Cours du soir pour femmes de pêcheurs
Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux professeurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, à
l’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfants
réceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur les
bancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaison
rébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans à
avoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés.
Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, elles
ont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombre
est passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Se
montant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Mais
il faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !".
C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ils
regardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta.
Vie internationale
Politique
Economie
Social
Entre modernisme et féodalité
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6 à 10
11 à 14
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Société
Evénements
Vie quotidienne
Enseignement
Santé
Religion
Environnement
Sports
Insolite
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Connaissance
et découverte
Littérature, Livres
Musique, Sciences
Médias
Histoire, Traditions
Tourisme
Francophonie, Humour
Infos pratiques
Abonnements
Coup de coeur
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P
ar bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunes
suivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent sur
Internet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, malgré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience.
Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air
de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade longeant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faire
oublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'ensemble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une large
partie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élargi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expression politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti Social
Démocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, accepter
sa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à ses
bras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrir
une entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot .
A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècle
après la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman par
Liviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les
"barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos de
leurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'école ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entreprises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelquesuns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local.
Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi les
milliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur le
chômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'engranger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralisme
s'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité,
qui voit son statut régresser.
Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises allemandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation…
l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté de
notre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" !
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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"450 millions d'Européens…
Et moi, et moi, et moi ?"
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Sabin Pop, nouvel
ambassadeur de
Roumanie en France
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Un premier mai amer pour
les Roumains laissés à la porte de l'UE
Conseiller du Premier ministre,
Adrian Nastase, pour les problèmes
de politique extérieure, Sabin Pop
(notre photo) a été nommé ambassadeur de Roumanie en France, en
remplacement d'Oliviu Gherman.
Sabin Pop, qui a intégré le corps
diplomatique voici plus de trente ans,
a déjà été en poste à Paris, de 1990
à 1994, comme principal collaborateur de l'ambassadeur de Roumanie.
Il a par ailleurs représenté son pays
auprès du Conseil de l'Europe à
Strasbourg, de 1995 à 2000.
Q
uatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi?
Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?".
Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse
chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amertume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveaux
membres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le
"paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien…
Alors que les cloches des églises des expays de l'Est sonnaient à la volée pour célébrer l'évènement, que des feux d'artifice éclataient dans les cieux, enterrant définitivement
le Rideau de fer, l'ambiance était morne à
Bucarest. Les journaux y pratiquaient l'autodérision en soulignant que, désormais, la
Roumanie avait une frontière commune avec
l'UE, pour mieux souligner qu'il serait encore
plus difficile d'y voyager, leurs compatriotes
devant montrer "patte blanche" et présenter
au moins 500 € aux douaniers afin d'accéder
aux pays voisins, devenus de "respectables"
membres de la Communauté et où il se
déplaçaient librement voici encore trois ans.
Les uns font la fête, les autres la tête
Oliviu Gherman, ambassadeur à
Paris depuis trois ans, devrait occuper à son retour un poste confortable
au sein de son parti, le PSD. Agé de
74 ans, ancien président du Sénat, il
devait sa nomination en France aux
bonnes relations le liant à Ion Iliescu.
Parlant très bien le français, il était
cependant brocardé d'une manière
générale et constante par la presse
roumaine, qui l'appelait "l'ambassadeur somnolent", pour son manque
d'initiative.
Pour tout arranger, le premier mai tombait un samedi et les Roumains ne purent
Roumains et Bulgares sont restés seuls
bénéficier d'un solide pont, comme les années
à la porte de l’Europe, comme le montre
précédentes. En 2002, la fête du Travail coïncette caricature de Gazdaru, paru dans
“Gardianul”, à la veille de Noël 2003.
cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyé
une semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale,
le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gouvernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin de
célébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN.
A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement de
l'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et de
Hongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargé
d'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme des
compositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire universel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), Jan
Levoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumains
y figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, la
pianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei.
"Les dix raisons" d'un échec
Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei",
"L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour la
Roumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliation
d'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand bal
du monde civilisé".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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*Au 20 juin 2004
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Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 24, juillet-août 2004
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
Fax: 02 40 49 79 49
E-Mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Bernard Camboulives, Catalina
Iacob, Adriana Lungu, Nicolae
Dragulanescu, Martine et Jean
Bovon-Dumoulin, Paula
Romanescu, Ovidiu Gorea.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1102 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro : début sept.
jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement
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tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par
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Echange annuel
franco-roumain
de 300 stagiaires
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Frontière hongroise plus souple
pour les cyclistes et les piétons
La Roumanie et la France ont
décidé de procéder à un échange
annuel de 300 stagiaires de 18 à 34
ans, issus de milieux professionnels,
en activité, et ayant une qualification
reconnue.
Ces stages de perfectionnement
d'une durée de un an, pouvant être
prolongée de six mois, nécessitent la
connaissance de la langue du pays
d'accueil et la possession d'un diplôme permettant d'occuper le poste
proposé. Les stagiaires recevront le
salaire pratiqué pour la profession
dans le pays hôte… ce qui risque de
restreindre les candidatures
françaises.
Par ailleurs le judet de Covasna
(Sfântu Gheorghe), à population
majoritairement hongroise, s'est jointe
à un accord signé entre le département du Maine et Loire (Angers) et
celui de Vezprem (Hongrie), assurant
par des professeurs français l'initiation à la langue française des élus
locaux et des maires.
Plus de visas
pour Monaco
Depuis le 15 mai, les Roumains
n'ont plus besoin de visa pour entrer
dans la Principauté de Monaco. Cette
mesure est plus utile pour les
Monégasques qui en avait besoin en
sens inverse que pour les Roumains,
aucun contrôle n'étant effectué à l'entrée du célèbre Rocher. Les citoyens
des deux pays peuvent séjourner 90
jours, avec des intervalles de six
mois.
udapest a décidé d'assouplir un peu
les conditions d'accès à son territoire des voisins roumains, rendues
plus difficiles depuis son entrée dans l'UE.
Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas à
présenter de billet retour, d'attestation d'assurance maladie, ni de carte verte. Ces dispositions
sont prises pour faciliter la vie des frontaliers
qui vont travailler quotidiennement en Hongrie,
utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion de
la Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois vers
leur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés)
frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €).
L
Remboursement de la TVA
pour des biens achetés en Roumanie
es étrangers ou les Roumains
vivant en Roumanie peuvent
obtenir, sous conditions, le
remboursement de la TVA pour les biens
qu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ils
veulent sortir du pays. Ceux-ci doivent
coûter, au minimum, 2,5 millions de lei
(65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de
plus de trois mois, ni faire l'objet de restrictions à l'exportation.
L'acheteur doit présenter à la douane,
outre le ou les biens acquis, une facture,
le double du formulaire spécial en deux
exemplaires qu'il aura fait remplir par le
vendeur, celui-ci en conservant une
copie.
Abonnez vos amis roumains
de Roumanie pour seulement 25 € !
Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifeste
de Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles de
Roumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leur
pays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule
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du ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonnements souscrits.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
"Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplissent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons des
manele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) et
pédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental dominant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)"
poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pourquoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais et
Hongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dix
éléments fondamentaux de réponse :
"1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonais
ont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidents
anti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communiste
notoire.
2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisins
ont balayé immédiatement les communistes du pouvoir et
choisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ont
continué à fonctionner avec des communistes de deuxième
génération et même avec les thuriféraires de Ceausescu
comme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor.
3 - Des services secrets toujours tout puissants : la
Securitate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue à
œuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrouve sa main dans des évènements comme les manifestations
anti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Ses
membres se sont partagés le pouvoir économique avec la nouvelle nomenklatura.
Réformes repoussées, promesses non tenues
4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pas
reçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et Ion
Iliescu a été le plus grand frein à cette transformation.
5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a fait
appel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, aux
manifestations de l'opposition, puis chasser le Premier
ministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plus
sombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée du
monde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratique
n'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS.
6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du Roi
Michel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classes
sociales dressées contre les intellectuels, les étudiants…
7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article ou
livre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque.
8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours promis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains ou
d'organismes internationaux de prendre les mesures
demandées ou attendues, mais repousse sans arrêt les
échéances.
9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domaine
de la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les décisions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute de
Ceausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pas
de leurs terres, mais de simples certificats que la Justice ne
reconnaît pas.
10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de manière constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants et
la nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales,
étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limousines luxueuses ".
Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régime Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrés
du doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beaucoup plus difficilement que leurs voisins".
"Le train ne s'est pas arrêté"
P
incements au cœur, désabusement, fatalisme, résignation…
les réactions étaient bien roumaines en ce premier mai qui a vu les
voisins intégrer l'UE. En voici quelques
unes, entendues dans la rue ou à la télévision :
- "J'ai eu le sentiment d'être sur le
A
quai, d'avoir mon billet en poche, et de
voir le train passer sans s'arrêter".
- "Nous, les Roumains, nous serons
toujours dans une sorte de "no man's
land" entre Russie et Europe… et on nous
oubliera".
- "Qui peut bien vouloir de nous,
avec nos quatre millions de Tsiganes ? "
(en fait, entre 1,5 millions et deux millions d'après les estimations, et 600 000
selon les autorités).
- "Ce premier mai, tout le monde faisait la fête, et nous, les Roumains, nous
étions agglutinés derrière les barrières,
comme de pauvres gens, salivant en
regardant les autres festoyer".
La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser
tous les fonds européens qui lui sont attribués
près six mois d'exercice, seulement un peu plus de
20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit
32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F)
attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routes
dans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau,
avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avait
réussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en bénéficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importante des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles.
Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'administration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il
fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le rythme de travail chute sérieusement pendant l'été… et cette
année, la Roumanie se trouve en campagne électorale au printemps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitution
des dossiers.
Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Flutur
s'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas la
capacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à cause
de l'incompétence de son administration" se demandant, au
propre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprès
des instances de Bruxelles.
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Plus de huit
entreprises roumaines
sur dix ne sont
pas prêtes pour l'UE
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Selon une étude portant sur la
perspective de l'adhésion à l'UE, réalisée sur huit mois par une centaine
de spécialistes universitaires, chercheurs et responsables du patronat
roumain, seulement 15 à 20 % des
entreprises roumaines sont aptes
aujourd'hui à affronter les conditions
de concurrence du marché
européen.
Les problèmes les plus importants
identifiés touchent le domaine de la
certification des produits en ce qui
concerne les normes de sécurité,
d'environnement, de qualité et de
garantie. Il faudrait investir, au moins,
entre 500 M€ et un milliard d'euros
pour mettre à niveau les entreprises
roumaines avec leurs concurrentes
européennes.
Un décalage qui a doublé
en quarante ans, passant
à un rapport de 1 à 60
Par ailleurs, il a été souligné que
la demande de produits roumains
risque d'être maigre car 80 % d'entre
eux répondent à une faible demande,
la présence de la Roumanie étant
minime dans les secteurs les plus
porteurs (communication, aéronautique, santé, environnement).
L'étude note enfin, qu'entre 1960
et aujourd'hui, le décalage entre l'économie roumaine et celle des pays
les plus développés a doublé, passant d'un rapport de un à trente, à un
à soixante.
"Faire bon cœur,
contre mauvaise fortune"
La "Journée de l'Europe"... pour
faire oublier l'échec du Premier mai
A
ppelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, les
Roumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désormais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre,
sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieu
dans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les festivités ont eu le plus d'ampleur.
Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix à
gagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi de
football, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, de
dix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plus
grands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice,
musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par le
Français Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France et
d'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profité
de l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain permanent à la capitale et est visible à 20 km.
Artistes roumains envoyés à l'étranger
L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandes
villes, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections municipales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné la
journée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a pas
souvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites.
Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate),
qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe à
travers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens et
des vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumains
installés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", le
groupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid,
en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, Vasile
Seicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premier
semestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le Président
Iliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana.
Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basés
des soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania et
Etno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tous
ces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançant
l'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour des
sommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir
Compte à rebours pour 2007
Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'à
cause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes les
affiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'une
mention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs que
l'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à en
rapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale,
indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élections générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
6,6 millions de Francophones
en Europe Centrale et de l'Est
Francophonie
A
vec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinq
pays membres de l'Organisation Internationale de la
Francophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie
et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie,
Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et de
l'Est constituent une composante importante de la communauté francophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, pays
largement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne,
contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % de
Francophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophones
partiels), la Lituanie 1 %.
La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% de
A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurs
cadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros Francophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophiBoutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie. le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis
1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dans
près de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999,
apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000
enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités.
En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires,
25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000
dans le secondaire et autant à l'université.
Blagues à la roumaine
Humour
Moustiques
- Quelle différence y-a-t-il entre un
député roumain et un moustique ?
- Aucune. Tous les deux te piquent,
font du bruit, te donnent des boutons, et
t'as beau les écraser, il y en a toujours un
pour te sucer le sang.
Justification
Dana, étudiante à Timisoara, écrit à
ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plusieurs mois, après une année universitaire
agitée: "Chers parents, excusez-moi pour
vous avoir laissés aussi longtemps sans
nouvelles, mais j'au eu beaucoup de
pépins au cours de cette année et je vous
conseille de vous asseoir pour lire cette
lettre. Finalement, mes brûlures sont
cicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit,
ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance,
c'est mon voisin qui m'a sauvée. Très
gentiment, il m'a proposé de partager son
studio. Nous vivons ensemble depuis. Je
suis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a dit
que c'était des triplés. Je suis sûre que
vous serez contents d'être grands-parents.
Nous allons nous marier bientôt. Il n'a
pas la même religion que nous, mais je
sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'a
pas pu aller à l'école car dans son pays, en
Afrique, ce n'était pas facile. Mais vous
verrez, il est très intelligent. D'ailleurs
vous serez ravis de discuter avec lui,
parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pouvons pas venir actuellement vous voir,
car il est hospitalisé pour soigner sa
syphilis.
Chers parents, quand je pense que
toutes ces choses terribles auraient pu
arriver… Heureusement, vous serez très
contents d'apprendre qu'il en est rien et
comprendrez que le fait que je n'ai pas
réussi à mes examens et que je doive
redoubler n'a rien de comparable".
Politesses
A sept heures, le matin, Ceausescu
salue le soleil levant :
- Bonjour Soleil, et bonne journée.
Le soleil lui répond :
- Mes respects, Camarade, et bonne
journée.
A midi, même cérémonie :
- Je te salue Soleil, et bon après-midi.
- Mes respects, Camarade, et bon
après-midi.
Le soir, à l'heure du coucher, le
Conducator prend congé :
- Je te salue, Soleil, et bonne nuit.
- Vas te faire foutre, Camarade, je
suis passé à l'Ouest.
Congrès
Les chiens se réunissent au cours
d'un congrès international, à l'époque du
communisme. Le délégué d'un pays occidental discute avec celui de la Roumanie.
- Chez nous, on raconte beaucoup de
choses sur les pays de l'Est. La vie n'est
pas trop dure ?
- On fait aller. J'ai un os à chaque
Noël…
- Ce n'est pas si terrible qu'on le dit,
alors…
- Ce qui nous manque, c'est de pouvoir aboyer de temps en temps.
Rassurant
- Docteur, prenez-moi la main… c'est
la première fois que je me fais opérer.
-Rassurez-vous, vous n'êtes pas
seule, moi aussi c'est la première fois que
j'opère.
49
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Francophonie
z
z
z
ARAD
z
DEVA
BACAU
SIBIU
TIMISOARA
IASI
z
z
z
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
CLUJ
z
z
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
Entre 5 et 13 %
des Roumains parlent le français
z
SATU MARE
ORADEA
z
z
PLOIESTI
z
z
TULCEA
„
BUCAREST
L'anglais est désormais en tête
des langues apprises par les jeunes
z
CONSTANTA
Q
uelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la France
s'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puissance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, personne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne faisant que s'accroître chez les jeunes Roumains.
Bucarest
devrait accueillir
le XIème sommet
francophone en 2006
48
22
Entrée au sein de l'Organisation
Internationale de la Francophonie en
1994, la Roumanie devrait accueillir
son XIème sommet en 2006, lequel
se tiendra pour la première fois dans
un pays d'Europe Centrale et de
l'Est. Des manifestations culturelles
importantes devraient marquer cet
évènement. Bucarest avait déjà
accueilli la XIIème conférence de la
Francophonie en 1998, au cours de
laquelle avait été lancée l'Agence
Intergouvernementale de la
Francophonie et adopté la réforme
structurelle de l'Agence de la
Francophonie. La capitale roumaine
accueille également en permanence
le siège du Bureau Régional de
l'Agence Universitaire de la
Francophonie pour l'Europe Centrale
et Orientale.
Par ailleurs, les gouvernements
français et roumains ont décidé de
développer mutuellement les
échanges culturels. Ainsi une exposition rétrospective d'art français, intitulée "Ombres et lumière", couvrant
quatre siècles de création, se déroulera au Musée National des BeauxArts de Bucarest, en 2005, alors que
la littérature roumaine et les écrivains
roumains seront les invités de la
France, dans le cadre de la manifestation intitulée "Belles Etrangères".
Plus généralement, les deux pays
organiseront une série de manifestations culturelles en France, durant la
période 2005-2007, sous le titre
générique "Paris-Bucarest ".
Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français
sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains.
Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que
15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'Organisation
Internationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125
000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de communication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnes
ayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombre
réduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions de
Francophones et 65 millions de Francophones partiels).
Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais
Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale roumain indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en
10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieur
d'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même période et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussi
tangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003
(- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %).
Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais et
remarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'Europe
Centrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves apprenaient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ
6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17
filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) qui
enregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an.
S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français
(Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatre
Alliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats préparant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se distingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15
à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale
Voisins
Une ville allemande et sa sœur polonaise
rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE
G
oerlitz, ville coupée en deux le long de la frontièAprès neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvée
re germano-polonaise depuis la seconde Guerre
divisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs de
mondiale, rêve de réunification et compte servir
l'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est,
d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Union
rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais.
européenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA,
Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulsés
Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuis
et, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelle
plus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent de
des pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerre
l'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Union
mondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froieuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque la
de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspective
Pologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club des
d'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se
Quinze.
sont pris alors à rêver de réunification.
A entendre le maire de Goerlitz,
Mais tous ne sont pas aussi optimistes
Rolf Karbaum, et son homologue poloque les maires des deux villes.
nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz,
"Je ne suis pas inquiète de voir
l'avenir semble tout rose. "Nous avons
Zgorzelec se joindre à nous, mais j'en
une vision. Nous voulons redevenir une
connais d'autres qui le sont. Vu le taux
ville le long de la frontière qui nous a
de chômage élevé, les gens ont peur de
séparés pendant des décennies", déclavoir les quelques emplois encore libres
re M. Karbaum.
disparaître. Il y a aussi la peur de la
Goerlitz et Zgorzelec ont signé en
criminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49
2001 une déclaration pour devenir "une
ans, habitante de Goerlitz.
Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font
ville dans deux nations" d'ici à 2030,
Anne Rebiger, 30 ans, coordinatrice
désormais sonner leurs carillons à l’unisson.
faisant d'eux un modèle unique d'intédu projet d'"une ville dans deux
gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement des
nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment visconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus comà-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela va
munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'endemander beaucoup de travail de restaurer la confiance des
fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien les
deux côtés".
euros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, il
Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une population
y avait avant des panneaux avertissant des conséquences judiplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industrie
ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz.
du charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômage
"Maintenant, il y a des affichettes informant que les commoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%.
merçants parlent polonais", ajoute-t-il.
En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, où
vivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voisine délabrée : son centre historique mêlant des bâtiments
Frères ennemis
gothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueuet camarades qui s'évitent
sement rénové.
MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-être
En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussi
les meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de la
un mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dolNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'eflars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gage
forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand on
d'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doit
n'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M.
rencontrer l'avocat du donateur secret.
Karbaum.
("Les Echos de Pologne")
L
Monseigneur Glemp et l'antisémitisme
e cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livres
antisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nous
jouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en
réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librairie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetés
dans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre un
non-lieu dans l'affaire de cette librairie.
("Les Echos de Pologne")
22
5
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
Un pouvoir sans partage
à l'échelle du judet ou localement
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
SUCEAVA
z
z
ORADEA
ARAD
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CLUJ
DEVA
z
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SIBIU
TÂRGOVISTE
CRAIOVA
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IASI
TARGU
MURES
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TIMISOARA
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BAIA MARE
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CHISINAU
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PIATRA
NEAMT
z
BACAU
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BRASOV
BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
z
Voisins
Une chanteuse
moldave de dix ans
"trop roumaine"
22
6
Chantant, place d'Opéra, devant
des milliers de personnes, Nicoleta
Nuca a fait un triomphe lors du festival de Timisoara, fin mars, consacré
à la Bessarabie (actuelle République
de Moldavie), à l'occasion du 86ème
anniversaire de son rattachement à
la Roumanie (de 1918 à 1940). La
jeune interprète de dix ans, originaire de Chisinau, capitale moldave, a
chanté des poèmes d'Eminescu et
remporte un grand succès dans son
pays auprès de ses compatriotes,
lesquels supportent mal leur séparation avec la "mère-patrie", imposée
par l'Union Soviétique.
Les autorités de Chisinau
supportent mal la
popularité de Nicoleta Nuca
Cette popularité dérange les autorités moldaves, communistes et prorusses, de la petite république devenue indépendante en 1991 et dont
les deux-tiers de la population sont
d'origine roumaine. Ainsi Nicoleta est
interdite de télévision et de radio, ses
chansons étant jugées "trop roumaines". On lui a également
demandé de changer tous les mots
faisant référence à la Roumanie en
les attribuant à la Moldavie.
La fillette a remporté récemment
le concours de la chanson européenne de Tallin (Estonie) consacré aux
enfants de 25 pays du Vieux
Continent.
Les "barons" ont installé
de véritables féodalités à travers le pays
U
ne nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur de
pages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluent
leur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'enrichir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs complicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les
"barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'écoeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compte
leur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pour
ne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux qui
leurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief.
Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet de
Gorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter à
l'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais bien
d'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea
(Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc.
Des fiefs entièrement contrôlés
Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefs
au fil de la "transition", utilisant l'omnipotence
du parti dominant, le PSD. Profitant de leurs
positions antérieures dans l'ancienne nomenklatura communiste, et des postes qu'ils occupaient
dans certains secteurs, ils ont habilement
mélangé proximité politique et détournement
des réformes économiques pour s'accaparer des
pans entiers des richesses nationales pour une
poignée de lei, par le biais de privatisations
biaisées, sans offres publiques d'achat. Pour
“Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”,
cela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autour
“Baron du PNA” (Parquet anticorruption)... “Souriez SVP“
d'eux: administrations, justice, élus, ministres…
(Caricature de Gazdaru: mariage
des
enfants
Mischie et Rudeanu).
créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur.
Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leur
pouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leur
chemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du pope
aux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou de
celui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les commandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou dessous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention.
Mariage entre enfants de "barons"
Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leur
modèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont même
entrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président du
judet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judet
d'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et MarieAntoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistant
à un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce.
Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant à
ce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances.
C
Connaissance et découverte
De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos
Eviter de rouler la nuit
et prendre son mal en patience
onduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'état
que les contrôles sont assez fréquents, tout comme les
de la chaussée et les trous ne sont pas seuls en
contrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radars
cause, les conditions de circulation rendent la pralongue distance.
tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles et
Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenez
on est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit,
votre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelques
un paysan qui traverse tranquillement la route - voir même
mots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, même
l'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'emsous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille,
bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume,
lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant un
que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il est
étranger dans l'embarras.
précédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de place
Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulier
pour vous rabattre.
pour la voiture ? Pas plus
Il faut en prendre son
que pour un autre pays parce
parti et se fixer comme ligne
qu'on trouve de tout désorde conduite, l'extrême prumais en Roumanie, notamdence : ne jamais dépasser
ment dans les stations Shell
90 km/h pour pouvoir s'arrê(mais pas Petrom), où on
ter rapidement; ne jamais
peut se procurer des chaînes
doubler sans visibilité : sur
pour la conduite sur neige,
les trois voies, alors que
et il en est de même pour le
vous roulez en toute quiétucarburant (sans plomb, euro
de sur la file de gauche qui
plus - 98 octanes -, diesel
est autorisée dans votre sens,
appelé motorina), l'huile,
il n'est pas rare de voir surgir
l'antigel, le liquide de freins.
en face, et à la sortie d'un
Toutefois, il est prudent de
virage, un véhicule qui a
se munir de 3 ou 4 bombes
franchi la ligne continue,
Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes anti-crevaison, de courroies
les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables. de ventilateur ou autres à la
empruntant la file interdite.
Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylinbonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : cela
drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de parevous évitera éventuellement de les faire venir de France.
chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse et
de manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenkRondes de nuit
latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraser
de leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestes
N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées qui
ne sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer et
Dacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pas
chaque année, on enregistre des accidents. En outre, des polià provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance.
ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contreAu moins la journée pour traverser tout le pays
venant, surtout s'il est étranger.
Attention également dans les villes, au deux voire trois
Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend au
rangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tourmoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on se
ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentaux
rend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif de
qui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefour
s'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoque
à mauvais escient.
les plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortes
Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montrede charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Les
ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. En
risques d'accidents, et de graves complications par la suite,
général, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, mais
sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : la
aux camions qui transportent de la marchandise, du bois, des
conduite de nuit est exclue !
matériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurs
De même, vous devez être particulièrement attentif lors du
sont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduire
coucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous troudeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et le
vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenez
plus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dans
votre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparu
les documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sont
de notre univers occidental.
appréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec
Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et
100 € en poche.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Evasion en Roumanie
avec le remarquable
Guide Bleu qui vient de paraître
Tourisme
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Bonnes adresses
"The Harbour"
à Bucarest
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Le nom n'a rien de roumain, mais
ce restaurant décoré comme l'intérieur d'un bateau est un des rares à
proposer une cuisine locale à la fois
traditionnelle et inventive. Chaque
mets à la carte est une recherche. Il
ne faut surtout pas manquer les
soupes, délicieuses et très relevées,
dont la goulasch et le bors de gâsca
dolfana (potage d'oie à la moldave),
une merveille. Vous pouvez tout tenter : des saucisses au fromage
enroulées dans des tranches de
bacon, à la tocanita marineasca,
ragoût d'agneau et de bœuf, cuit
dans un mélange de champignons et
de divers légumes, servi dans une
soupière en croûte de pain, en passant, pour les végétariens, par la
tocanita de ciuperci (champignons,
oignons, poivrons, tomates). Les
amateurs de cuisine occidentale, qui
ne supportent pas la viande attendrie
à coup de battoir, se régaleront d'un
filet de bœuf épais et tendre, servi
vraiment saignant (in sânge). Situé à
deux pas de l'ambassade de France,
en face du théâtre Ion Creanga et du
marché le plus réputé de la capitale,
ce restaurant a ouvert en mars de
cette année et a récupéré un chef qui
a opéré pendant huit ans derrière les
fourneaux de l'hôtel Intercontinental.
Pour l'addition, compter entre 300
000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64
F) par personne pour un repas complet, vin à la carafe inclus.
"The Harbour", 10-22 piata Amzei,
tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686.
Ouvert tous les jours, de 11 h 30 à
minuit, terrasse ombragée.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les judets et
leurs barons
P
aru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de La
Roumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publié
aux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui
permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements,
d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de photos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre
"ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusement
humain" où on a toujours quelque chose à découvrir.
Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documenté
de la Roumanie : la culture roumaine et les minorités,
l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois,
les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsuica. "Même si le quotidien peut être parfois rude, les
Roumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner de
l'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et de
légèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique Bernard
Houliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans retenue dans ce pays passionnant et encore méconnu".
Et les touristes français semblent de plus en plus
convaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et
2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), les
Allemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique en
Roumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), les
Britanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cette
diversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand.
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7
Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 €
L
Une sortie controversée en Roumanie
a parution d'Eternelle et fascinante Roumanie a provoqué une controverse dans le
pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité")
se posant des questions sur le financement du guide, prévu comme une opération de valorisation de l'image de la
Roumanie dans le contrat, très avantageux passé par l'éditeur français Hachette
et le ministre roumain du tourisme de l'époque, Dan Matei Agathon. Au terme de
celui-ci, l'Etat roumain engageait
870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé-
E
ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour les
opérations de promotion (conférence de
presse à Bruxelles et à Paris pour le lancement, voyage de presse en Roumanie
pour journalistes et libraires, publicité
dans les médias, affichage dans les rues
de Paris et de 25 autres grandes villes de
France), et 427 000 € (2,8 MF) pour
l'impression et l'édition du guide. Or,
selon "Adevarul", ce dernier poste n'aurait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Où
est passée la différence (210 000 €,
1,4 MF) ?" demande le quotidien.
Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti
n travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer un
classement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête à
entrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International
Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pour
qu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte le
nom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements,
le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est.
Le journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent.
Elections
Du bon usage d'un ambassadeur
Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visite
privée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- mai
en tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa campagne des municipales. Le représentant des USA était venu
avec ses parents pour admirer une église dont son pays finance la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest a
avancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement la
visite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pour
lui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alors
que les "officiels" arrivaient.
Bible pour les candidats PSD
Quelques jours avant le lancement de la campagne des
municipales, les candidats PSD de tout le pays se sont
retrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand meeting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti,
issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué un
dossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession de
foi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de la
constitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublier
leur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et une
bible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, Le
Premier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile du
monastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'instauration du communisme.
Dix kilos de pommes
de terre pour acheter un vote
La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis en
examen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de Corneliu
Vadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le vote
d'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre.
Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans de
prison.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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n des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards
- gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féodal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura communiste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous les
judets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur le
département entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas euxmêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique et
politique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux,
agressés, menacés, en ayant fait les frais.
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ZIMNICEA
Un empire de 23 sociétés
Ioan Niculae.
Main basse
sur la presse
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Tourisme
Il est revenu le temps des boyards
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ORADEA
A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième
fortune du pays, règne sur sa ville natale
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Mécontent des articles que le
quotidien "Curentul" consacrait à la
privatisation frauduleuse d'Inter/Agro,
Ioan Niculae l'a tout bonnement
racheté, en faisant un instrument de
sa campagne contre son concurrent
en affaires, l'autre milliardaire Culita
Tarâta. Proche du pouvoir, Ioan
Niculae est souvent vu en compagnie d'anciens ou d'actuels ministres,
dont certains sont impliqués dans
des affaires douteuses, ainsi que de
l'ancien responsable des privatisations, député de son judet, qu'il invite
à des parties de chasse ou à des
promenades dans le Delta du
Danube à bord de son yacht.
Les préfets ne
seront plus politisés
Désignés ou renvoyés jusqu'ici sur
critères politiques, les préfets
devraient l'être uniquement sur la
base de leurs compétences, en
2006, après la mise en application de
la réforme de l'administration
publique, demandée par l'UE. Ils
seront recrutés sur la base de
concours et deviendront de hauts
fonctionnaires représentant sur place
le Premier ministre et les différentes
administrations ministérielles, suivant
l'exemple français.
"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes la
main-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4
milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 %
de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'empire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents,
allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture.
Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offert
une "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant propriétaire du club de football d'Astra Ploiesti.
Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail
A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, de
cigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie,
trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospérité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis de
ses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne bénéficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewé
par le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pour
cinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine.
Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises par
l'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe douanière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteuses
du groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune de
Zimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001.
Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neuf
conseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié sa
fille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparaissant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une de
ses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute la
population.
La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte,
mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec
100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", que
les habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudis
construits à même la terre.
Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement une
croix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la population a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au temps
des boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec sa
famille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie.
Connaissance et découverte
La Roumanie authenthique
A Purcareni, de vastes étendues sauvages,
riches en faune, flore et sources d'eaux minérales
S
i vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrivelongtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneurs
rez à Purcareni (Pürkercz), commune de
venus de Bucarest.
Târlungeni, sur les premiers contreforts des
- La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13
Carpates, par de jolies routes
ème siècle entourée d'épaisses fortificaombragées. Le chemin s'arrête là, dans
tions, à l'intérieur desquelles, sur 4
un village paisible où Hongrois comme
étages sont aménagées des chambres où
Roumains ont souvent deux métiers,
se réfugiaient les paysans lors des invaemployés à Brasov et paysans le reste du
sions ottomanes. Prendre la route de
temps. Ici, les responsables sont les plus
Budila et Teliu, puis tourner à gauche,
polyglottes du réseau OVR… L'atout
Prejmer est à 8 km.
principal de Purcareni est de se trouver à
- Une autre citadelle paysanne,
20 minutes de Brasov. De plus, dans le
Harman; depuis Prejmer rejoindre la
village même, l'association OVR locale
E574 (N11), la citadelle se trouve de
organise de nombreuses activités et
l'autre côté de la nationale à 2 km.
balades avec guide, très bien structurées.
- Un peu plus loin sur la N73, à
Dans la montagne avoisinante, ranRasnov, importante citadelle paysanne.
données d'une journée comprenant soit
- A Bran le fameux château de
une heure ou trois heures de marche,
Dracula.
pique-nique, retour le soir entre 17 et 19
- La grotte glaciaire de Dâmbovih. Vous découvrirez de vastes étendues
cioara dans le défilé Rucar-Bran.
La forteresse paysanne de Prejmer.
sauvages, riches en faune, flore et
- Sur l'E60 à Sinaia, le château
sources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval sellé
Peles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale.
ou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour les
amateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto.
Evènements
Initiation au travail de la ferme: participer au retour des troupeaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récomC'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes traditionpense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu !
nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial.
Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folklorique
Brasov: une région à la richesse exceptionnelle
de jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vous
êtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir,
La région présente une richesse touristique et un patrimoicar à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oublié
ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiert
que leur amie Maylis vient de France !
une bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonne
Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov qui
longtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité tout
réunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folkloson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent le
riques du pays et est le principal évènement artistique de la
plus de maisons médiévales peintes avec leurs originales
Roumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia.
enseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment un
Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jour
ensemble unique. A visiter :
voici quelques années et a accueilli des vedettes étrangères
- les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennes
comme Patricia Kass, Tom Jones…
demeures polychromes.
Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recoutique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de la
verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pour
Transylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre en
la riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur.
charge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjour
- Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas.
en hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjà
- Les différents bastions de l'ancienne citadelle.
fatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose,
- De nombreux musées etc...
n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, on
vous laissera une paix royale !
- La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR
Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide
de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre
un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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Traditions
Dans le Maramures,
les animaux fêtent
Pâques... le jour
de l'Ascension
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A Desesti, dans le Maramures
(Baia Mare), (voir rubrique tourisme
du n° 23 des Nouvelles de
Roumanie), les rites religieux
concernent également le bétail. Ainsi,
conformément à une tradition populaire, le jour de l'Ascension, les paysannes organisent les "Pâques des
animaux" ("Pastele animalelor"), de
la même façon que pour les fidèles.
Vaches, porcs, moutons, chèvres
restent enfermés dans leur étable ou
enclos tandis que les femmes se rendent à l'église, emportant dans leur
sac la pitance des animaux, farine,
sel, herbe, sans oublier une bouteille
d'eau, chaque aliment ayant une
signification propre. La messe est
identique à celle que suivent les
paroissiens à Pâques et à l'issue de
la cérémonie, tous se retrouvent
dans la cour de l'église, attendant
que le pope vienne bénir le contenu
de leur sac.
A leur retour, les paysannes servent dans les mangeoires les vivres
ramenés et vont asperger d'eau bénite les quatre coins des endroits où
vivent habituellement leurs animaux,
récitant des prières. Pour les ethnologues, cette tradition exprime un lien
étrange et fort entre la nature, les
hommes et les bêtes.
Il faut noter que les Roumains utilisent l’expression “La Pastele cailor”,
(“A la Pâque des Chevaux”), équivalent français de “A la Saint Glinglin”...
Connaissance et découverte
La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'adversaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans des
marais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sa
débandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine.
La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune armée
turque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que
"la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoire
européenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cette
occasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accoutumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats.
Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, il
demanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendant
cette intervention.
L'année suivante,
en 1476, Mohamed II,
revint à la charge, à la
tête d'une armée "que
la terre pouvait tenir à
peine". En même
temps, les Tatars,
devenus vassaux du
sultan attaquèrent à
l'est. Etienne le Grand
envoya son armée de
paysans leur faire
front et se retira dans
la montagne avec sa
La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône
ont été reconstituées au musée du judet de Suceava.
"petite armée", attendant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcs
qui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoisonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule cité
fortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves.
Abandonné par l'Occident
Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, le
Pape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfait
de leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, ne
demeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincre
l'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté.
Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent la
paix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec la
Sublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée des
deux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche),
celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'autonomie de la Moldavie.
Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur Barbu
Delavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ont
guidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'appartient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'à
la fin des siècles".
Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan Cel
Mare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtés
de Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plus
grand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises de
Roumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort.
Paula Romanescu
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Un système de concessions qui réduit la condition
des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier
Politique
Le député de Tulcea s'est taillé
un royaume au cœur du Delta
D
éputé PSD
(Parti Social
Démocrate)
du judet de Tulcea depuis
2000 et ancien maire de
Crisan, au cœur du Delta
du Danube, Dan Verbina,
la quarantaine, s'est taillé
un royaume jusqu'à la
Mer Noire et le port de
Le député Dan Verbina
représente les Lipovènes Sulina, dans cette partie
au Parlement de Bucarest. isolée de la Roumanie. Il a
profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans,
devenant le principal concessionnaire des eaux de la région et
y obtenant le monopole du commerce des poisons. Les
pêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle,
modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libres
auparavant.
L'élu a également décroché d'autres concessions, délivrées
par activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du village, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée,
construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisant
construire un restaurant, un disco.
Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la nature, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rare
qu’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Il
ne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, il
n'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairie
de Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étant
découragés.
L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays,
l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remettait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenant
député et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russe
dont il est issu) au Parlement.
Des offres publiques
sans transparence, faites à la dernière minute
A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande.
Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors des
adjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont profité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus de
Bucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touristiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevant
cependant des subventions. Les offres publiques étaient souvent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… personne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner.
Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse comme
le plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôtelier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno-
ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) de
Tulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa famille
un hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'Union
Européenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard.
Des concessionnaires
qui font la pluie et le beau temps
La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe,
où un milliardaire achève la construction d'un impressionnant
village avec des maisons en bois et toits de chaume - respectant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles de
réception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être terminé à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma de
Bucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce la
venue de l'acteur Robert Redford.
Autant dire que les habitants du Delta se sentent
dépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent que
leurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué la
concurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépendent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilogramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euro
à un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, conditionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faible
quota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les magasins Metro de Brasov ou Bucarest.
Le système des concessions a été créé en 2002, après une
tentative en 1995. L'administration entend par ce biais discipliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne ne
payait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appartient - mettre fin au braconnage et au déclin de la population
piscicole, développer et moderniser les activités de tourisme,
de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau et
de son exportation.
Pour la première fois, les pêcheurs en grève
Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsi
apparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, les
pressions économiques, pour asseoir leur domination et faire
taire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscience que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouver
un siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"),
décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les paysans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui les
affamaient.
L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta se
sont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions.
Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenu
quelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais la
colère reste toujours là.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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CERNAVODA
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Le service militaire
obligatoire
éliminé d'ici 2007
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10
D'ici 2007, date prévue de l'intégration de la Roumanie dans l'Union
Européenne, le service militaire obligatoire devrait être supprimé. Le
pays se dirigerait alors vers une
armée de métier, basée sur le volontariat. Plusieurs évolutions avaient
tout d'abord été proposées avant
d'être rejetées avec véhémence :
laisser au jeune appelé le choix entre
l'accomplissement de son service
militaire ou celui d'un travail d'intérêt
public…ou encore la possibilité, pour
les plus fortunés, de verser 37,5 millions de lei (environ 1000 €) soit 15
fois le montant d'un salaire roumain
moyen. Pour ceux qui désirent quand
même effectuer un service militaire,
celui-ci devrait être réduit de 12 à 9
mois. L'obligation serait néanmoins
rétablie en cas de situation exceptionnelle comme une guerre.
Parallèlement, la démilitarisation
de la police des frontières, de la gendarmerie, des pompiers et de la protection civile devrait se poursuivre
Des inspecteurs du
fisc qui rapportent
L'administration fiscale a révélé
qu'en 2003, la moyenne des sanctions financières prises à l'égard de
chaque fraudeur était de l'ordre de
2000 € (13 000 F), chacun de ses
inspecteurs ayant rapporté à l'Etat
240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limier
du fisc se trouve dans le judet de
Hunedoara, où un inspecteur a
dressé des contraventions pour un
montant de 2 M€ (13 MF), suivi par
un collègue de Constantsa (1,2 M€,
8 MF).
"Cotisations" entre 10 000
et 150 000 € pour devenir
maire ou député en Moldavie
U
ne réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti SocialDémocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" que
doivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou
de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cette
rencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancien
ministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreilles
indiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glisser et d'apprendre le montant des sommes demandées.
Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'étiquette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30
000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investiture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande et
plus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un
"municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenu
secret.
Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivant
leur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire de
leur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou sénateur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter
150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de
"Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation.
Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiant
par la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fondements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent mensuellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants),
et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les met
dans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Il
leur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sansdoute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peut
imaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection…
R
L'Etoile de Roumanie,
une décoration enviée
efondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile de
Roumanie" ("Steaua României"), la plus prestigieuse distinction roumaine, qui peut être remise à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, a
été décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en est
le grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre croissant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier,
Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis à
aucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais ne
fixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu.
Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI,
Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autres
ordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant
la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent les
croix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité :
Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre Nicolae
Titulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangères
roumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldave
entré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes et
des romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contre
les envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre moldave afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes,
Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, tous
transformaient les Pays Roumains, la Moldavie et la
Valachie, en carrefour de batailles.
C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le quatorze avril 1457, sous les acclamations de la foule des
paysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431)
devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Son
règne de 47 ans assura au pays une renommée jamais
atteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - le
peuple tout entier- et son credo - défendre la liberté et
l'indépendance. Cela le conduisit à engager 36
batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacune
d'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à la
gloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés au
combat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parler
que des plus précieuses perles de cette couronne d'architecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne".
Connaissance et découverte
Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait normal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfois
confisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitait
pas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle
des forces de l'ordre et des
seigneurs, constituant une
"petite armée" de 10- 15000
membres.
Contre les Hongrois
et les Polonais
Si Etienne Le Grand
consacra la majorité de son
règne a repousser les Turcs,
refusant de leur faire allégeance et de leur payer un
tribut, il eut aussi à lutter
contre ses voisins immédiats
qui voulaient lui imposer
leur suzeraineté. Tentant
d'envahir la Moldavie, le roi
Mathias Corvin en fit les
frais en 1467 à la Bataille de
Baia, trois flèches lui transUne armée de petits
Après chaque bataille gagnée, Etienne perçant le corps. Vaincu
bourgeois et de paysans
le Grand faisait construire une église ou un mais survivant à ses blesmonastère, au total, près d’une quarantaine.
Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'il
sures, le Hongrois apprit à
respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contre
n'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celuiles Ottomans.
ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteint
Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois de
pas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux qui
Cosmin),
ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à la
défendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne le
tête
de
80
000 hommes, de subir une déroute, les neuf
Grand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendance
dixièmes
de
ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Albert
de sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête.
tomba
malade
et mourut.
Le voïvode créa une organisation administrative, accorda
En 1473, Etienne le Grand profita de ce
des privilèges aux
que
le sultan Mahomed II était engagé en
villes, aux négociants,
Mésopotamie
contre Uzun Hassan, pour
défendit les axes comchasser
Radu
le
Beau de Valachie, inféodé
merciaux internatioaux
Turcs
et
le
remplacer
par un prince loyal
naux, fonda des
églises, veilla à l'élaau Pays roumain. Radu s'enfuit chez ses
boration des évanamis, abandonnant ses trésors les plus prégiles, mit en place un
cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa fille
système
juridique
Maria Voïchitza, qui épousera quelques
rigoureux, assurant à
années plus tard son ravisseur.
la Moldavie l'une des
périodes les plus floA Vaslui, vainqueur
rissantes de son histoià 50 000 contre 120 000 Turcs
re. Les plaintes des
paysans étaient jugées
Mais le plus grand fait d'armes d'Etienne
Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand le Grand demeure la bataille de Vaslui (10
par le prince-même,
aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria
là, à Direptate (Champ
de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera janvier 1475). Quarante mille soldats molla messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504.
de la Justice), comme
daves, la fleur des villages et des bourgs,
le fit en son temps Saint Louis sous son chêne.
hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avec
La base politique et militaire de son pouvoir était constipour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui
tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerie
(Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaires
libre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40et spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultan
60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement.
Mohamed II.
(lire page suivante).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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Etienne le Grand, voïvode moldave,
"Athlète du Christ"contre les Turcs
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Pieux et amateur
de plaisirs terrestres
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La Roumanie célèbre
le 500ème anniversaire de la mort
d'un monument de son Histoire
Roi très pieux, Etienne le Grand
n'était pas pour autant insensible aux
plaisirs terrestres et aux charmes
des femmes, bien sûr très belles.
Une certaine Maruschka lui donna un
fils, Alexandre. Fut-elle sa femme
légitime ? L'histoire ne nous l'apprend pas. Son nom apparaît dans
une litanie auprès des noms de ses
autres femmes.
En 1463, six ans après son avènement au trône de Moldavie,
Etienne le Grand prit en noces
Evdochia, sœur du prince Siméon de
Kiev, vassal du roi de Pologne. Ils
eurent deux fils (morts en bas âge)
et une fille, Hélène. Quatre ans plus
tard, Evdochia mourait. Une princesse byzantine, Maria Comnène de
Mangop la remplaça en 1472 mais,
une fois de plus, le temps se montra
avare et en 1477, la princesse lointaine descendante de l'empire de
Byzance, disparaissait sans laisser
d'enfants. Elle fut enterrée dans le
monastère de Putna, fondé par le
voïvode, là où, plus tard, il allait
reposer aussi.
A la cour princière de Suceava,
une beauté sans égal fleurissait : la
petite prisonnière Maria Voïchitza ,
digne héritière de la beauté de son
père, éblouit Etienne le Grand. Il
avait 45 ans, elle en avait 20. En
1480 ils se marièrent et seule la mort
du voïvode vingt-quatre ans plus
tard, les sépara. C'était le 2 juillet
1504. Ils eurent deux enfants : une
fille et un fils, Bogdan le Borgne qui
lui succéda sur le trône. Sa fille,
Maria, lui donna un petit-fils, Petru
Rares qui fut le plus important voïvode moldave du XVIème siècle
(1527-38, 1541-46).
e deux juillet, la Roumanie
célèbre avec faste le cinq centième anniversaire de la mort de
Stefan Voda, plus connu sous le nom de
Stefan cel Mare (Etienne Le Grand), survenue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode,
qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans,
de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glorieuses de l'histoire médiévale des
Roumains, marquant le point culminant de
leur lutte pour l'indépendance.
Montrant d'évidentes qualités diplomatiques, Etienne le Grand a toujours évité de
combattre deux puissances importantes à la
fois, alternant les relations de paix et conflictuelles devant les appétits grandissants de
ses redoutables voisins, Polonais, Hongrois,
Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves.
Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équilibre entre les différentes composantes
sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires terriens), renforçant ainsi son pouvoir.
Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 se
caractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance de
la Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, est
celle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504,
marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide de
l'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leur
payer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leur
volonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les visées
polonaises sur sa province.
Une église ou un monastère
construits après chaque bataille
"O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princes
qu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du monde
qui aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de la
bataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'être
nommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accord
de tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôt
enclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait Jan
Dlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae).
Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? Un
Roi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini,
1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple"
prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu de
Murano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre le
Grand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âme
roumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ?
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
OMV seul en piste pour racheter Petrom
L
es autorités roumaines ont décidé de ne retenir que
la seule candidature de la compagnie autrichienne
OMV pour la privatisation de la Société Nationale
de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliard
d'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiert
un tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biais
d'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement
51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeux
du gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendre
intégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuelle, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait une
politique de développement avec promesse de gros investissements à venir.
Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), qui
envisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais maintient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négociations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § Gas
Holding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stations
services de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix de
l'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre de
super valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euro
en Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne de
carburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétrole
à la production est inférieur de 130 € à la différence enregistrée dans les pays de l'UE.
6 millions de tonnes de pétrole
extraites chaque année en Roumanie
Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre,
Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequel
OMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro-
blèmes de libre
concurrence),
Petrom est pratiquement la
seule a extraire
du pétrole en
Roumanie,
avec six millions de tonnes
par année. Elle
possède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient des
concessions de prospection et exploitation dans plusieurs pays
et dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services.
La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoir
externalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sa
restructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffre
d'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et son
profit net de 38 M€ (260 MF).
L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'investissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution de
carburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Il
possède des raffineries et des contrats de prospection dans
seize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochimique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé un
chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en
2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards de
F)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/
bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom.
Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient une
soixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler sa
production de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000
barils/jour.
A savoir
Président roumain
Pour la première fois, la Chambre de
Commerce et d'Industrie française en
Roumanie a porté à sa tête un Roumain.
Le nouveau président, Dan Bedros, 60
ans, élu pour deux ans et prenant la succession du Français Christian Estève
(Renault-Dacia), est Pdg d'AlcatelRoumanie qui emploie 750 personnes,
dont 89 % ont une formation supérieure
et 400 sont ingénieurs informaticiens. Il
est issu de l'Ecole Polytechnique de
Timisoara. Dan Bedros a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2002.
Contingents
L'UE a fixé les nouveaux contingents
annuels de produits alimentaires que la
Roumanie peut exporter sans qu'ils soient
taxés par des droits de douane.
Il s'agit de la viande de volailles
(9000 tonnes), de porc (15 625 t), de
bœuf (4000 t), des préparations de viande
de porc (2125 t), de volaille (1200 t), de
bœuf (500 t), de fromages (2800 t), de lait
en poudre (1500 t), de yaourts (1000 t),
de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t),
d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), de
concombres (3000 t), de farine (18 000 t),
de vin (345 000 hl).
redéploie, abandonnant ses lignes transcontinentales, pour se consacrer à des
vols à l'intérieur de l'Europe. Les quatre
avions seront payés grâce à un emprunt
de Tarom, garanti par l'Etat, et par une
subvention du ministère des Transports.
Malev, la compagnie hongroise, a acheté
récemment dix Airbus similaires.
Quatre Airbus pour Tarom
Les réserves de la Banque Nationale
de Roumanie s'élevaient à 7 milliards
d'euros (45 milliards de F) fin mars 2004,
en diminution d'un milliard à la suite de
la baisse du prix de l'or, dont la BNR
possède 105 tonnes. D'ici la fin de
l'année, la dette publique externe du pays
devrait baisser de la même somme.
Tarom a signé un contrat pour l'achat
de quatre Airbus A 318 qui seront livrés
en 2006-2007, après la restructuration et
le redressement attendu de la compagnie
nationale roumaine, laquelle a enregistré
des pertes importantes, l'an passé, et se
Réserves de
sept milliards d'euros
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Actualité
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Les raisons
d’un “miracle”
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Le PDG de Renault. Louis
Schweitzer avait décidé lui-même la
réalisation d’ un modèle de voiture
économique pour pays émergents en
1998, un an avant de prendre le
contrôle de Dacia. Dans un premier
temps, Renault a investi 100 M€ puis
a rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F)
pour développer le projet Logan.
En annonçant l'objectif de 5000 €,
qui ne concernera que 10 % des
véhicules, Louis Schweitzer a voulu
mettre sous pression l'ingénierie de
Renault "afin qu'elle recentre ses
rêves", refusant toujours de rallonger
le budget. D'où un design parcimonieux, des vitres plates, une planche
monobloc pour le tableau de bord,
une ligne conçue pour limiter les
coûts d'emboutissage.
Autre facteur d'économie, le recyclage des pièces existantes. Le train
avant de la Logan est celui de la
Clio, le train arrière provient de la
Modus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l)
équipent déjà la Clio et la Mégane,
tout comme la boite de vitesse. Et
plusieurs pièces du cockpit sont
issues de la Clio ou de l'Espace.
L'équipement a été réduit au minimum sur la version de base : pas de
climatisation, pas de vitres électriques et de verrouillage central, ni
de direction assistée. "Juste le
nécessaire" dit-on chez Renault.
Mais c'est oublier l'indispensable :
des coûts de production hors de
portée de la France, avec un salaire
moyen mensuel de 150 € (1000 F) et
la réduction par deux du nombre
d'ouvriers de l'usine de Pitesti, passé
de 28 000 à moins de 14 000, depuis
l'arrivée du constructeur français.
R
Renault Dacia a présenté
son modèle le moins cher du monde
"Logan", la voiture à 5000 €
enault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet de
voiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom de
code de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce
véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi,
un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des années
d'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents.
"Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait les
meilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides de
plusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, les
équipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers roumains)… et le tour est
joué".
Le pari de la Logan
revêt une importance
stratégique
décisive
pour Renault, 7ème
constructeur mondial
avec 4,1 % des parts de
marché, derrière, dans
l'ordre, Général Motors,
Toyota
et
Ford.
Véhicule populaire et
économique, doté d'un
grand coffre pour le
rendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gens
qui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la
"Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que les
classes moyennes optaient pour des standards supérieurs.
A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité,
puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) sera
concernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité,
la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio,
la Hyundai Accent.
Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissait
de remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grimper les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imaginait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont intéressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avant
de rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et qui
respecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossible
est la voiture de l'exploit ".
Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinq
usines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, en
Iran, en Russie, au Maroc et en Colombie.
175 km/h et 6,5 litres aux 100 km
Voici les principales caractéristiques
de la Logan :
Longueur : 4,26 m
Largeur : 1,70 m
Hauteur : 1,50 m
Cinq vitesses manuelles
Moteur : 1,6 litres (1598 cm3)
Puissance : 90 chevaux
Coffre : 500 litres
Vitesse maximum : 175 km/h
Consommation annoncée : 6,5 litres
au 100 km sur route, 8,7 litres en ville.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Médias
S
on nom, sa voix sont familiers à tous les Français et
Suisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journaliste
indépendant, Mirel Bran signe régulièrement des
articles dans l'hebdomadaire "Le Point" ou
le quotidien "Le Temps" de Genève. Il assure également des chroniques sur France
Inter et la Radio Suisse Romande, ainsi que
sur des radios anglaises. Mais cet Oltène de
39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest et
Londres, où réside sa femme - roumaine
comme lui et journaliste à la section roumaine de la BBC - est surtout connu comme
correspondant permanent du journal "Le
Monde", en Roumanie, ce qui lui occasionne des passages fréquents à Paris.
Mirel Bran, chargé également par le
quotidien parisien de superviser l'actualité
bulgare, moldave et, éventuellement, hongroise, a pris en 1998 la succession de son
compatriote Andrei Neacsu, lequel n'a été
que quelques mois en fonction. "Le
Monde" qui vient de créer un poste de journaliste à temps
plein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS
- confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement en
Roumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989.
Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes,
l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudet
a été son premier correspondant permanent, Christophe
Châtelot lui succédant.
Dur de parler sans fard de son pays…
Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Les
lecteurs français attendent de lui, non seulement une écriture
parfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'information
qui doit échapper à la tentation de concessions que pourraient
lui inspirer ses origines.
Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions de
ses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsque
l'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "Le
Monde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profonde
francophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sont
immanquablement repris et commentés dans l'ensemble de la
presse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expliquer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques,
dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchent
parfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée du
pouvoir.
Considéré par certains esprits étroits comme "le vilain
petit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote",
le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal le
connaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquête
sur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'embargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou-
Connaissance et découverte
Mirel Bran : la signature
du "Monde" en Roumanie
main et touchant, par ricochet, le financement de la campagne
électorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation…
qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pratiques d'un des plus importants ministres du
gouvernement d'Adrian Nastase, Serban
Mihailescu, dont il dévoilait le surnom
révélateur, "Mickey le backchish", provoquait la colère des autorités… mais aucunes
poursuites. En octobre dernier, Serban
Mihailescu a dû démissionner en compagnie de deux autres ministres, accusés de
malversations.
Heureusement, dans ces conflits qu'il
doit assumer seul sur place et qui sont
autant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'un
solide atout : la confiance et le soutien sans
faille de sa rédaction. Pour ne pas jeter de
l'huile sur le feu, le journaliste a par ailleurs
adopté un comportement discret, en harmonie avec son propre tempérament, se refusant de céder aux nombreuses sollicitations
dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer à
des débats télévisés, des tribunes dans les journaux…
"La réalité est aussi riche
et passionnante qu'un roman de fiction"
Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé par
la lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, mais
aussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeune
homme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beauxarts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois,
quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma en
militant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà change" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à la
mesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait du
surplace; je voulais apprendre et voir le monde".
En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé une
carrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, Mirel
Bran passa, un peu par hasard, le concours de recrutement
organisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme de
Lille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe.
Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi le
rythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocre
de culture générale des étudiants français.
Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînèrent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur les
médias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspondances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à partir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une porte
d'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier,
Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redescendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité est
aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction".
41
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Quand "Le Monde"
circulait sous le manteau,
à la barbe de la Securitate, impuissante
Médias
BAIA
MARE
z
BISTRITA
z
z
ARAD
z
z
z
CLUJ
DEVA
z
SUCEAVA
z
TARGU
MURES
IASI
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ORADEA
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SIBIU
TIMISOARA
z
SIGHISOARA
z
z
BACAU
GALATI
z
BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
L'armée forme
les correspondants
de guerre
22
40
Le ministère de la Défense
Nationale organise des cours de
correspondants de guerre pour les
journalistes roumains accrédités
auprès de lui et appelés à intervenir
dans les zones de conflits et sur le
théâtre des opérations militaires.
Cette formation, inspirée de l'armée
belge, se déroule à Bucarest et dans
un bataillon de chasseurs alpins, à
Predeal (Brasov).
Les journalistes sont instruits sur
les facteurs de risque, les armes, les
munitions, les mines anti-personnelles, les mesures de protection, les
premiers soins d'urgence. Ils participent aussi à des activités d'orientation sur le terrain, de jour et de nuit,
ainsi qu'à des séances de tir à l'arme
automatique.
Selon le ministère, cette initiative
a pour but de diminuer le nombre de
journalistes tués sur le terrain, plus
d'un millier dans le monde depuis dix
ans. La Roumanie qui n'avait jamais
été en guerre depuis 1945 participe
désormais à trois conflits (Kosovo,
Afghanistan, Irak) et cette situation
risque de s'aggraver avec son entrée
dans l'OTAN, augmentant le nombre
d'envoyés spéciaux sur place des
médias roumains.
Cette subite sollicitude du ministre
de la Défense a surpris les journalistes, habitués à être malmenés ou
agressés. L'an passé, Ioan Mircea
Pascu, excédé par les révélations de
la presse sur les scandales touchant
le pouvoir, les avait avertis d'une
manière à peine ambiguë :
"Attention, la vie se révèle parfois
plus courte qu'on ne le pense".
P
if-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abonnement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi une
contrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste
Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonnements souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût à
Craïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques
"L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accordant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils enduraient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa disposition par Ceausescu).
En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu"
Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "Le
Monde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglosaxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspond
au vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lors
de son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radios
étrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta vite
avec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du
"Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971.
Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement
"Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de la
presse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant à
l'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaient
nombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendait
immédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettait
sous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulièrement, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suffisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprès
de l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distribution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normalement. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fautif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays.
Parfois avec deux ou trois ans de retard
Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains en
mains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs suivants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusion
d'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient en
place. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plus
souvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on ne
récupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'importance, tant on était content d'en disposer.
Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles mais
aussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation de
livres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfois
expurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors dominant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journaux
anglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumains
étaient rétifs, n'y étant pas habitués.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
700 000 exemplaires prévus en 2010,
assemblés dans plusieurs usines
de montage à travers le monde
L
tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques,
es premiers modèles de la Logan seront disponibles
direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commerciaen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espérant
lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F)
en vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année,
avec les options.
puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en
Dans certains pays d'Europe
2003). A terme, 200 000 exemCentrale,
où les règlements complaires seront fabriqués à Pitesti
munautaires
s'appliquent, la Logan
ainsi que 150 000 kits destinés aux
basique
sera
équipée d'un airbag
usines de montage de Russie (60
(800
€,
5000
F) et, dès 2006, d'un
000 unités), du Maroc (30 000),
ABS,
devenu
obligatoire. En
d'Iran (300 000, avec une producTurquie,
elle
coûtera
au moins 8000
tion interne), de Colombie (16
€,
en
Russie,
7000
€
(46 000 F), en
000)."A l'horizon 2010, les ventes
Iran,
6000
€
(39
000
F), car il faut
se situeront à 700 000 exemplaires,
compter
aussi
avec
la
fiscalité de
soit l'équivalent de la Mégane et un
ces
pays.
petit cinquième des ventes du grouEn Roumanie et en Europe
pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdg
Centrale, où Renault est déjà préde Renault qui précise que le nom
Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers.
sent avec une part de marché de 10de cette dernière née a été choisi
11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Logan
parce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cirroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stanculation internationale. Mais le projet du constructeur inclut
dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests de
également la Chine qui se montre intéressée.
sécurité, alors que la norme de la firme française tend vers les
La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prix
cinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nom
qu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque la
est connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera le
Solenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, sera
nom de la marque Renault.
retirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima-
En 1966, Ceausescu prend la décision
de faire appel à l'industrie capitaliste
de 133 km/h et sa consommation
de 6,8 l aux 100 km. Peu de
Roumains ont pu faire son acquisition, mais cette voiture équipait la
police et la Securitate. Son premier
exemplaire
fût
remis
au
La Dacia 500 - Lastun (martinet), "Conducator".
un modèle peu connu, entre Trabant et Smart.
Dacia 1300: sa fabrication a
'histoire de Dacia remonte à commencé un an plus tard, en août 1969,
38 ans. Un an après son avec des pièces importées de France,
arrivée au pouvoir, en 1966, mais elle fût considérée comme la preCeausescu avait pris la décision surpre- mière voiture vraiment roumaine et la
nante de faire appel à l'industrie automo- base de la gamme Dacia. Un peu plus
bile capitaliste pour fabriquer annuelle- tard, est née la Dacia 1301, destinée aux
ment 40 000 exemplaires d'une voiture de services de l'Etat, puis la Dacia 2000,
moyenne cylindrée (1000-1300 cm3). copie de la Renault 20, réservée à la
Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austin nomenklatura.
étaient sur les rangs, mais c'est Renault
Trois nouvelles variantes virent le
l'emporta avec la R8.
jour, à partir de 1979. La Dacia Sport, en
Dacia 1100: le premier modèle pro- fait la Dacia 1300 restylisée, atteignant
duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût la 150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant au
Dacia 1100, dont la production fût lancée méthanol et la Dacia 500 - Lastun, qui
le 3 août 1968. Sa vitesse maximum était n'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti,
L
construite par Tehnometal de Timisoara.
Ce dernier modèle correspondait au vœu
de Ceausescu qui voulait une voiture à
usage urbain pour 2 + 2 personnes, à la
vitesse limitée à 70 km/h (mais en fait
elle atteindra 100 km/h), consommant 23 litres au 100 km et à la carrosserie en
matière synthétique… en fait l'ancêtre de
la Smart ou la sœur de la Trabant. Mais
cette voiture n'eut pas de succès et sa
fabrication fût arrêtée en 1989.
Dacia Nova: lancée en 1995, cette
voiture est la première Dacia 100 % roumaine. Elle atteint 160 km/h et consomme 6,7 litres au 100 km.
Dacia SuperNova: lancée en 2000,
elle concrétise le retour de Renault qui
l'équipe du moteur et de la boîte de vitesse de la Clio.
Dacia Solenza: le dernier modèle
avant la Logan, lancé en 2003 dans 7 versions différentes, avec un design qui la
démarque de la R 9.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Le leu lourd lancé
le 1er juillet 2005
Economie
SUCEAVA
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SF. GHEORGHE
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R. VÂLCEA
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PLOIESTI
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CONSTANTA
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Mise en service
de la première
éolienne roumaine
14
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L
z
Installée fin novembre à Ploiesti,
au cœur de ce qui fût la plus riche
réserve pétrolifère du Vieux
Continent, la première centrale
éolienne de Roumanie fonctionne
depuis janvier et dessert en énergie
les sociétés du parc industriel de la
ville. D'une hauteur de 79 m,
équipée d' un ordinateur de bord,
elle est prévue pour fonctionner à
des vitesses de vent comprises
entre 1,8 m et 13 mètres/seconde et
sa capacité est de 660 MWh.
L'investissement a été de 680 000 €
(4,5 MF) et devrait être amorti en
trois ans.
Un second projet, d'une capacité
de 26,7 MWh est en cours pour
équiper le port de Constantsa, l'éolienne étant installée sur une digue.
Les pouvoirs publics estiment que le
littoral de la Mer Noire et sa plateforme continentale recèlent un
potentiel important pour la production d'énergie éolienne.
Au niveau du pays, ces ressources ont été estimées à une production annuelle de plus de 60TWh,
permettant l'installation d'une puissance de 28 000 MW. En outre, le
pays dispose déjà d'une expérience
dans le domaine et plusieurs
sociétés roumaines ont des références en matière de construction
de certains éléments d'éoliennes.
L'ambition du gouvernement roumain est d'arriver à ce que les énergies renouvelables représentent
environ 7 % de la consommation
nationale brute d'énergie électrique,
à l'horizon 2010.
e gouvernement a finalement arrêté la
date du 1er juillet pour le lancement du
leu lourd. Ce projet était dans l'air du
temps depuis près de trois ans, mais il a fallu
attendre que l'inflation se calme aux alentours de 10
% pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu perdra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000
anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu égalera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera la
réapparition des bani (un leu sera divisé en cent
bani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au
31 décembre 2006, les prix devant être obligatoireMugur Isarescu, Gouverneur de ment affichés dans les deux monnaies. Les anciens
la Banque Nationale Roumaine.
lei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009.
Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir dans
cette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition,
et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro.
Indigestion de taxes
L
'Union
Générale
des
Industries Roumaines a calculé que l'Etat "met la main
dans la poche" du contribuable roumain à
183 reprises, par le biais des divers
impôts, taxes, droits, permis, enregistrements, timbres, commissions, qu'il a institués. Impôts et taxes, au nombre de 89,
viennent en tête, suivis par les commissions, timbres, permis 70).
Il faut payer pour avoir le droit
d'accès aux zones franches, consulter le
catalogue des programmes artistiques de
la télévision, pour obtenir une accréditation professionnelle…Les industriels
roumains soulignent que pour un salaire
net de 100 €, ils doivent acquitter des
taxes de 120 €, ce qui conduit à de
faibles rémunérations et à la généralisation des primes et salaires en sous-main,
expliquant ainsi le départ des jeunes vers
l'étranger. Ils ont donc demandé au gouvernement de baisser de 20 % les charges
concernant l'emploi des jeunes.
Un Roumain sur trois
dispose d'un téléphone mobile
L
e nombre de Roumains disposant d'un téléphone mobile était de 7 350 000, à Pâques,
en augmentation de 500 000 depuis Noël et
de près de cinq millions sur trois ans, Orange étant
l'opérateur le plus important devant Connex
(Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipé
d'un portable. La téléphonie fixe est également en
développement, mais sur un rythme beaucoup plus
modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voici
deux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayant
en charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplacerait
tous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004.
Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26
% dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pas
le téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (Baia
Mare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du pays
ne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans le
judet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Variétés
Connaissance et découverte
Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine
Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse
A
près une tournée dans les stations balnéaires françaises pendant l'été 2002, Dalila
Cernatescu est devenue la coqueluche de
nombreux festivals. La jeune et très belle
virtuose roumaine de la flûte de pan avait
été découverte huit ans plus tôt à Vienne, où
elle jouait dans les rues de la capitale autrichienne avec son père, par le président du
festival international de Montguyon, ville
du département de la Vienne… française,
celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitée
surprise et sans être annoncée dans les programmes officiels,
médusait littéralement le public. Elle est revenue en France
l'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestre
professionnel.
Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pan
dès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'influence de son père, qui est professeur de musique, elle a
appris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière exceptionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinq
ans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue en
Autriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier sa
Roumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de fois
sur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans son
pays à dix ans.
La seule artiste à jouer les
"Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan
A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des
musiques traditionnelles. Dès l'âge de
douze ans, elle interprétait des morceaux de
musique classique, gagnant de nombreux
concours nationaux et internationaux. En
1996, elle représentait l'Allemagne au
concours de l'Eurovision en duo avec
Angela Wield. Elle enregistra par la suite
"Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestre
symphonique de Radio Bucarest. C'était la
première fois que le morceau était interprété
à la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la
partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrement
son père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chose
d'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elle
est la seule musicienne à jouer l'intégralité des "Quatre
Saisons" avec son instrument.
De nombreux enregistrements suivront dans toute
l'Europe, dans des genres aussi variés que musique traditionnelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses études
à l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalent
du Conservatoire National Supérieur de Musique en France),
Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, tout
en obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et en
préparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur de
l'Université, Dan Buciu.
En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanez
donnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugurant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : les
partitions musicales et même les flûtes capables de jouer les
pièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père de
Dalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde !
Concours de l'Eurovision : déception et élimination
L
es Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante au
concours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto la
Roumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés
sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que ce
soit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des points
que dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10
points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera"
que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspectateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chanteuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates.
L
Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel
e Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Université
de Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'attribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un
prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement de
l'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulaire avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumains
s'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain…
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
BOTOSANI
z
ORADEA
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BARLAD
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
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GALATI
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BRASOV
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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"La fille aux ibis" de Lax et Giroud
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SIMERIA
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A lire aussi
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22
Actualité
Les tickets restaurant
sont entrés dans les mœurs
Social
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SUCEAVA
TARGU
MURES
CLUJ
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ARAD
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BAIA MARE
Une merveilleuse bande dessinée
avec la "Révolution" en toile de fond
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
- Florin Turcanu, Mircea Eliade Le prisonnier de l'histoire, préface
de Jacques Julliard, La Découverte,
2003. Prix 33 euros. Première biographie intégrale d'un savant ancré
dans le siècle, personnalité bouillonnante et contradictoire. Biographie
écrite par un jeune historien roumain.
- Du Bois Pierre, Ceausescu au
pouvoir: enquête sur une ascension, Georg (Suisse), 2004, 17
euros.
- Roman Radu Anton, Savoureuse Roumanie, Noir sur Blanc,
2003, 25 euros. Où il est question
de cuisine roumaine et de recettes
gastronomiques.
- Gavin Bowd, Paul Morand et la
Roumanie, L'Harmattan, 2003. 13
euros.
-Gregor Von Rezzori, Les neiges
d'antan, Editions de l'Olivier, 2004.
La Bucovine vue par un natif de
Cernowitz (Cernauti).
-Petre Raileanu, Gherasim Luca,
Oxus, 2004. Biographie d'un grand
poète surréaliste en Roumanie puis
exilé à Paris
- Jean Nouzille, La Moldavie,
histoire tragique d’une nation
européenne, paru aux Editions
Bieler en collaboration avec le
Comité européen d’histoire et de
stratégie balkaniques, 27 rue Jean
Jaurès, 67 300 Schiltigheim auprès
duquel il faut commander l’ouvrage
(22 € + 4 € de port). Professeur à
Saint Cyr et à l’Université de
Strabourg, Jean Nouzille analyse la
situation actuelle de la Moldavie,
divisée ethniquement, tout en rappelant son histoire, à l’ombre de ses
voisins turcs et russes.
D
écembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop le
goût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de la
dictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir
du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sortie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elle
La fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue?
A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros et
des destins
poignants inspirés de la
réalité, nous
emmènent
dans l'univers
des dernières
années
du
régime communiste, ses
trahisons, ses
désespérances, ses
êtres abîmés,
victimes et
coupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la
"Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et ses
désillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "at-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu:
"Je voudrais tant le croire".
Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la
"Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ont
su croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalité
de la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur place
afin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C.
Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées.
Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, mais
aussi un document d'histoire.
La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F)
Cinéma
L
Catalin Mitulescu
distingué à Cannes
e cinéma roumain a obtenu sa Palme d'or
au dernier festival de Cannes, à savoir
celle du meilleur court-métrage, attribuée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pour
son film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans,
terminant ses études à l'Université d'art théâtral et
de cinéma, Catalin Mitulescu participait pour la
troisième fois à la manifestation et a réalisé des
films publicitaires ainsi que des vidéo-clips.
Un autre Roumain a été distingué, Corneliu
Porumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son courtmétrage "Voyage à la ville".
L
ancés en 1999, à l'initiative du syndicat
Cartel Alfa qui voulait apporter un supplément de
revenu aux travailleurs et s'assurer qu'ils mangent à leur faim, ce
qui n'était pas toujours le cas, les
tickets restaurants ont fait un
bond prodigieux depuis, passant
de 25 000 utilisateurs alors à plus
de 1,6 millions en 2003. La moitié des entreprises en ont émis
Les tickets restaurant l'an passé pour un montant estimé
sont utilisés pour les achats
des produits alimentaires. à 500 M€ (3,3 milliards de F).
Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produits
exclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoolisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 magasins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuellement représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié du
salaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que
L
Deux millions de Roumains sont établis à leur compte
'INS (Institut National de la
Statistique) relève que sur les
8,3 millions de Roumains
classés dans la catégorie de la population
active, pour une population globale de
21,7 millions d'habitants, 4,6 millions
sont des salariés, 2,1 millions travaillent à
leur compte, 1,4 millions sont des
femmes au foyer, 200 000 des patrons,
auxquels il faut rajouter 700 000 chômeurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000
personnes travaillent à l'étranger.
Le plus grand nombre de travailleurs
est enregistré dans l'agriculture et la sylviculture (2,3 millions, dont 50 000 ont
plus de 75 ans), puis viennent l'industrie
(2 millions), le commerce de gros et de
détail (900 000), la construction (530
Un jeune sur deux veut émigrer
P
perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc un
supplément de salaire appréciable qui a convaincu également
les entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôts
sur les bénéfices.
Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ont
même mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseur
peut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à travers
le pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, du
matériel informatique, des vêtements ou simplement des
fleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières,
comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ou
Noël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissance, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiver
et de fidéliser le personnel.
Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat également depuis trois ans pour faire accepter l'idée des ticketsvacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puissent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou se
déplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loi
qui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé.
lusieurs enquêtes d'opinions concordantes
illustrent le malaise, et même le mal-vivre,
de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur
deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % de
ceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire,
saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plus
que voici deux ans. Par contre le nombre de jeunes
désireux de poursuivre leurs études à l'étranger
(14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête des
destinations choisies, le rêve américain n'intéressant
que 7 % des candidats au départ.
Un autre sondage révèle que seulement 1 % des
jeunes estiment que le sérieux et les diplômes les
assurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pensent que la réussite ne dépend pas des études. 57 %
estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricher
avec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et
11 % seulement accordent une place au travail et au
mérite personnel.
000), le transport et les communications
(450 000), l'énergie (195 000), l'industrie
minière (165 000).
La Roumanie compte également 6,5
millions de retraités ou pensionnés, 3,4
millions d'élèves et 300 000 étudiants. La
proportion est d'un Roumain actif salarié
acquittant les cotisations sociales pour
cinq compatriotes non productifs.
Empire médiatique pour un syndicat
L
e paysage médiatique roumain est en plein bouleversement.
Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'est
un syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption.
L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regroupe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisions
locales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deux
radios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que du
groupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour").
T
Les charcutiers boudent l'Espagne
rès contentes du travail accomplis par les bouchers-charcutiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara),
des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir
chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposé
de 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculé
qu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entretien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit le
salaire qu'ils touchent actuellement.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
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Investisseurs étrangers:
le hit-parade des relations sociales
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Des Français
réputés “radins”
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Les Allemands viennent pour durer,
les Italiens pour empocher le "Jackpot"
H.G. : Les entrepreneurs
français se singularisent-ils ?
B.H. : “Ils sont assez nombreux,
rien que sur Bucarest avec 80 entreprises et des groupes importants
comme ACCOR qui a deux hôtels
dans la capitale (Sofitel et Ibis), plus
la Sodhexo et les chèques restaurants. Au hit-parade du bon comportement, je les mettrais en troisième
position. Mais il existe des différences entre les secteurs. Les
grosses entreprises de la production
sont attentives au cadre social.
Les services (hôtellerie, grande
distribution), en général, se comportent maintenant relativement mieux.
Mais c'est dans le sens d'une amélioration des conditions de travail
pour augmenter leur rentabilité (formation, techniques) et ces entreprises se montrent toujours fermées
au dialogue social. A Carrefour, on a
attendu qu'une quinzaine d'employés
découvrent leur intention de se syndiquer pour les mettre à la porte.
On justifie par le niveau du salaire
plus important que la moyenne, le
fait de ne pas respecter les normes
de travail, contrairement aux
Allemands. Les Français ont la réputation de ne pas payer les heures
supplémentaires, de faire travailler le
dimanche ou à des horaires tardifs
sans compensation salariale. Il existe un mécontentement à leur égard.
L'enthousiasme et la motivation pour
travailler dans certaines firmes
françaises à baisser. Les jeunes ont
le sentiment d'être exploités, de ne
pas être payés à la hauteur des
efforts fournis, comparent et vont voir
ailleurs. C’est nouveau chez nous”.
L
es investisseurs étrangers sont de plus en plus
nombreux en Roumanie,
certains caressant l'espoir que ce
pays se transforme en Eldorado,
d'autres y voyant un marché potentiel important dans cette région du
sud est de l'Europe. Mais qu'apportent-ils et comment se comportentils ? Henri Gillet a posé cette question à Bogdan Hossu (nos photos),
le principal leader syndical roumain, responsable de Cartel Alfa.
Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ?
Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le
moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres,
qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plus
intéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot".
H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économique
avec la venue des entreprises étrangères ?
B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant.
Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, les
cantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre où
l'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du travail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre la
pollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant les
acides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à maintenant.
Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaire
minimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de
120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F),
voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaise
du groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire".
Allemands et Autrichiens champions du bon
comportement, Italiens et Russes mauvais élèves
H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ?
B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très
différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, à
l'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sont
vraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme des
gens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je classerais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine des
relations sociales.
A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitude de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - qui
viennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capitaux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sans
reproche, dissimulant sous le voile transparent de la fiction
littéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non
moins réel ?". Il
est vrai que la
passion amoureuse que Garabet
Ibraileanu décrit
dans Adèle est
tout ce qu'il y a de
plus dévorant:
"Je lui parle
sans cesse de mon
amitié pour elle.
En réalité, je
mens, ou, plus
Dans
un
pli
montagneux
se
cache
le
monastère
d’Agapia,
exactement, je me
Un connaisseur
dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu.
fais des illusions.
des littératures française et russe
L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, or
ce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les insSans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant en
tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellement
cela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sorcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même,
tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus est
j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et
quant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique)
placé devant l'alternative: Adèle ivre de pasGeorgeta
Horodinca
sion dans les bras d'un autre, ou inanimée sur
présente le mérite
le catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorrerais
d'avoir proposé aux lecle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ".
teurs français un très
Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescu
beau roman. Sans que
n'a
plus
qu'à sombrer dans la neurasthénie
soient
véritablement
qu'Ibraileanu
lui-même connaissait bien et que
connues les raisons de sa
les
lieux
enchanteurs
de Neamt ne parviennent
réserve, Ibraileanu était
plus
à
conjurer:
plutôt réticent à publier
"A ce moment-là commença le passé.
ce texte portant aussi le
L'écho
d'une musique était d'ailleurs tout ce qui
sous-titre de Fragments
s'était
passé
dans les journées brûlantes de l'été
du journal d'Emile
La
forteresse
de
Neamtz,
qui,
lui
aussi,
s'en allait. La forteresse de
Codrescu (juillet-août
”molaire brisée de quelque monstre géant”.
Neamtz,
le
Varatec,
le Ceahlau, les promenades
189.). Il était pourtant
en
plein
soleil,
les
clairs
de
lune
m'apparaissaient
maintenant
déjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujets
comme
le
merveilleux
cortège
de
l'été,
conduit
par
Adèle, et
littéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908,
qui
avait
disparu
avec
elle
au-delà
de
l'horizon".
Création et analyse en 1926.
Bernard Camboulives
En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste intitulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écriGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile
Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991.
vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant,
Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages.
Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisait
16 euros.
pas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce,
Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sans
réussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi la
mienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais le
monastère de Varatec, égaré sous le soleil, le pli
montagneux où se cachait le monastère
d'Agapia, les montagnes aux formidables seins
de pierre, dont la dernière touchait l'horizon.
Devant nous la forteresse de Neamtz, molaire brisée de quelque monstre géant, brillait dans
le soleil de midi comme un ivoire et se faisait de
plus en plus grande à mesure que nous approchions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozana
montrait la courbe gracieuse de ses hanches de
femme endormie. Et, au fond, avec un aspect de
nuage, une énorme montagne obèse".
P
Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains
olitiquement, le poporanisme
prôné par Ibraileanu proposait
une doctrine de l'Etat démocratique paysan selon une voie non capitaliste, alors que Nicolae Iorga avait engagé
la critique de la société roumaine d’un
point de vue conservateur. Ibraileanu
imaginait une Roumanie démocratique,
avec un Parlement de petits producteurs
et une armée de paysans-soldats, à la
mode des Boers sud-africains; ces chefs
de famille permettraient à leurs cadets,
filles et garçons, d'étudier des matières
culturellement enrichissantes, à l'université ou dans des conservatoires, générant
ainsi une nouvelle élite intellectuelle
ayant acquis ses qualités en dehors de
toute préoccupations utilitaires. Les
poporanistes se considéraient comme les
successeurs des révolutionnaires de 1848.
Et ils refusaient d'inclure dans leur vision
idéale de la société les éléments non issus
des masses rurales.
Du point de vue littéraire, Ibraileanu
défendait le "spécifique national" dans la
tradition populisto-paysanne et prônait le
roman réaliste, traditionaliste, ouvert au
social. Il rejetait la poésie symboliste
qu'il jugeait non spécifique. Il sera toutefois l'un des premiers à accepter Proust…
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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P. NEAMT
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La vénération
des femmes et de la nature
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“Viata romaneasca”
(La Vie roumaine), la
revue du poporanisme
fondée par Ibraileanu
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“Adèle”, le roman d'un amour impossible
de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu
Garabet Ibraileanu dirigea la revue
Viata romaneasca (La Vie roumaine)
de 1906 à 1916 puis, après sa reparution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'entoura d'un groupe de collaborateurs
dont le plus célèbre fut Mihail
Sadoveanu (1880-1961). La revue,
après 1933, fut dirigée par Mihai
Ralea puis par Georges Calinescu.
Avec ses collaborateurs, Ibraileanu
passait des soirées entières à lire et
à discuter de littérature. Sur l'orientation de la revue elle-même, la traductrice Georgeta Horodinca écrit ceci :
"Socialiste dans sa jeunesse
comme toute la fine fleur de l'intelligentsia moldave (Iasi est le berceau
du socialisme roumain), il avait abandonné la doctrine de la révolution
prolétarienne sous l'influence de
Constantin Stere - ancien narodnic
(de narod : peuple, en russe), arrivé
clandestinement à Iasi après un
stage en Sibérie - et tourné ses
regards vers la paysannerie, qui formait la majorité de la population et
qui vivait encore sous un régime
semi-féodal. Le courant poporaniste
(d'après le mot popor: peuple, en roumain) était né.”
Depuis 1899, Ibraileanu, avec
Stere, militait à l'aile gauche du parti
libéral pour la réforme agraire et le
suffrage universel. En fondant en
1906 la revue Viata romaneasca, il
entendait donner au poporanisme
son expression littéraire, opposée
aux images folkloriques en cours
dans la revue rivale “Semanatorul“
(Le Semeur), dirigée par le grand historien Nicolae Iorga.
C
e n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu décide de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champ
de la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas
moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un homme
très apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dans
ce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeune
Adèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement une
magnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt.
Le premier des Moldaves
Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le département de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu restera, sa vie durant, attaché à sa région natale. Même
Bucarest ne parviendra pas à le séduire plus que la
Moldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en
1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'y
recevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujet
qu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plus
ancien des Moldaves puisque sa famille, de souche
arménienne, était installée là avant même la création
de la Principauté de Moldavie.
Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où il
était professeur à l'université. Mais c'est la région
voisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle.
Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses de
préférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "non
sans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruit
possible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui permettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collaborateurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait les
sentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la région
afin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien.
Une stimulation réciproque entre
l'amour de la femme et l'amour de la nature
Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psychologique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amoureux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour de
la femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragénaire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre naturel dans lequel cette affection se déploie :
"Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'anciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, proportionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) il
était impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon de
route. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas de
force majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nous
embarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus en
plus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecter
les lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvreté
et la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser des
affaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des terrains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant sur
une explosion ultérieure de leurs prix.
Une même mentalité, un peu "mafioso",
se retrouve chez les Russes auxquels il arrive,
en plus, de ne pas payer les salaires pendant
des mois d'affilée, comme cela se fait chez
eux. On a aussi parfois des problèmes avec les
Américains, comme la firme Solectron qui
fabrique des composants électroniques à
Timisoara et emploie 1400 personnes.
D'une manière générale, on peut dire que
lorsqu'on a à faire à la grosse industrie, des
entreprises importantes, les rapports patrons-employés sont
clairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose le
plus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, le
cuir (confection et chaussure)”.
Avec le système lohn,
l'esclavagisme moderne a fait son apparition
H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe ,
avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans les
grandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxe
parisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays encore plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn?
B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique qui
fractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où il
revient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à sa
transformation, et permet d’empocher ainsi un maximum de
bénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffre
puisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara),
se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sont
moins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions de
crise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40
%. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Les
ouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douze
heures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, travailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu par
le Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils protestent, c'est la porte immédiatement.
Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justification à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention collective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leur
seul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.”
H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagisme
moderne ?
B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratiquement rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'outillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail :
les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Par
contre, ils ont augmenté les normes de production… qui
dépassent maintenant celles des machines, car elles sont plus
grandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent
Actualité
impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire
"Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée sur
le salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pour
l'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures de
plus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et
le reste"… histoire de faire comprendre qu'il
n'est pas question d'heures supplémentaires.
Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays,
quelle que soit la notoriété de la firme.
Il s'agit de comportements autoritaires, de
mépris vis-à-vis des employés qui n'ont pas
leur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire :
on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ont
pas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verser
des indemnités de grossesse avec leur mariage,
des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de
leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais les
plus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangers
délèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afin
de se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que les
dirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiers
de dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie sur
l'entente et la corruption avec les administrations locales”.
Tester la réaction syndicale
H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ?
B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entreprises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndiqués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syndiquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et les
grandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialogue
social, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien.
Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussions
sont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont par
contre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadre
et les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont été
créés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine,
afin de désamorcer les conflits.
Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relations
de solidarité que nous avons nouées avec la Confédération
Syndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire des
observateurs syndicaux roumains dans des comités transnationaux de certaines branches (ciment, construction, services
comme Accor).
Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entreprises
européennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile de
discuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dans
un environnement prenant en compte les questions sociales,
qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture du
dialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souvent
devant la Justice.
Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné un
procès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syndiqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasse
appel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a surpris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester la
réaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”.
17
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
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BAIA MARE
ORADEA
TARGU MURES
CLUJ
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BACAU
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SIBIU
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SEVERIN
PITESTI
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CRAIOVA
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Le 14 juillet, la France
à Bucarest, c'est son ambassade
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SUCEAVA
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ARAD
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Sibiu capitale
européenne en 2007
18
22
Pour beaucoup de Roumains, ce jour
est un peu une seconde fête nationale
Le jury de la Commission
Européenne de Bruxelles a décidé de
choisir Sibiu et Luxembourg comme
capitales de la culture européenne en
2007, suivant le principe qui l'amène
à désigner deux villes différentes du
Vieux Continent chaque année, le
plus souvent une de l'Ouest et une de
l'Est. Les autorités roumaines avaient
découvert le projet de Luxembourg de
poser sa candidature, lors d'une visite
dans le Grand Duché en 2002, et
avaient proposé d'y adjoindre Sibiu.
Le dossier de cette cité a été jugé
sérieux par le jury qui l'a retenu à
l'unanimité, demandant toutefois à ce
que soient précisés certains aspects
du programme de manifestations et
expositions prévues, afin de l'examiner lors de sa prochaine réunion, en
février 2005.
Sibiu est considérée comme la ville
roumaine ayant le plus grand héritage
architectural du pays. La vieille ville
s'étend sur 100 hectares, compte
20 000 habitants et 1200 bâtiments
historiques, dont beaucoup sont dans
un état avancé de dégradation. Un
programme de réhabilitation germano-roumain a été mis en place pour
les restaurer, en 2000. Ville au
caractère allemand marqué, et dont
l'actuel maire est allemand, Sibiu
s'appelait aussi Hermannstadt, dans
cette langue.
Q
u'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeur
de France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14
juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par
la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et de
Matignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là,
pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritorialité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représentant, qui l'incarne.
La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encore
considéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pour
les valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entre
les deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se fera
un devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea
Geoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet.
L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier personne, il ne faut pas commettre d'impairs.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Insolite
D
ans sa ville de Prunisor (Mehedinti), Nicolae
Ceausescu est une petite vedette locale, tout
comme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les histoires ne manquent pas sur les deux homonymes du
"Conducator", des policiers se mettant au garde à vous en
découvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant,
tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand une
secrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae,
professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nommer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas de
combat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passait
immédiatement le recteur.
Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Parti
communiste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas y
entrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : ses
parents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime
Société
Nicolae Ceausescu…
interdit de Parti communiste
avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que son
homonyme a été un bon chef, mais mal conseillé.
Après la "Révolution", Nicu est devenu le président local
du "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliser
l'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par les
communistes, la Sécuritate et la nomenklatura.
Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques.
Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivait
mieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du travail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faim
et la misère".
Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoir
le moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetière
Ghencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque fois
qu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vin
devant la télé" se console-t-il.
Un coup de pied en
vache… salvateur
A
Trois réceptions au cours de la journée
Pour pouvoir
accueillir tout le
monde, la journée
est organisée en
trois parties. A
midi, ce sont les
autorités du pays et
le corps diplomatique qui sont reçus.
C'est le temps des
officialités, des discours. Sur le millier
d'invités, environ la
moitié se déplace.
Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font
Puis,
vers
18
la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception
réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage.
heures, c'est au tour
de la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille personnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cette
réception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils viennent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la tradition
républicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où que
ce soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande.
Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quand
tout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire des
sélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parc
Herestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifestation précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressent
autour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "se
sardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'ambassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciée
des Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir:
le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale.
Un drôle de
bateau, en
fac-similés
de vieux
numéros
du Monde...
planté là,
sur un quai
du port de
Constantsa.
Animaux de compagnie
U
ne habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vacciner
un chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle a
vu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle
d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois personnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans la
capitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette foisci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirper
une poche de pus.
800 000 Roumains portent un prénom de fleur
H
uit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent un
prénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux
(Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom
même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin,
Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose),
Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa,
Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita
(Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)…
près avoir reçu un coup de
pied d'une vache dans le
ventre, un enfant de 9 ans
du village de Calafinda a commencé à
se plaindre de douleurs atroces. Très
inquiets, ses parents l'ont conduit à
l'hôpital d'urgence de Suceava où, en
l'examinant, les médecins ont découvert que ses souffrances survenaient
en fait d'une péritonite avancée,
laquelle mettait en jeu son existence.
Opéré immédiatement, il s'est rétabli,
le chirurgien priant ses parents de ne
pas réprimander la vache qui, en
déclenchant des symptômes suffisamment tôt, lui avait certainement sauvé
la vie.
Six heures par jour
devant la télévision
B
ien que disposant de près
de trois fois moins de téléviseurs que la moyenne de
l'UE, les Roumains passent deux fois
plus de temps à regarder la télévision,
restant devant leurs postes six heures
par jour. On compte 230 postes de
télévision par mille habitants en
Roumanie, soit un pour cinq habitants, dont 35 % sont encore en noir et
blanc, contre 600 dans l'Union
Européenne, un pour moins de deux
habitants.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
SUCEAVA
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MURES NEAMT
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PRIUNISOR
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SIBIU BRASOV
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BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
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Six heures de sport
seulement par mois
34
Manque de sensibilisation, de
moyens et facilités, pauvreté… mais
aussi paresse, sont les raisons évoquées pour expliquer le manque
d'enthousiasme des Roumains à pratiquer un
sport,
ceux-ci
préférant
très nettement passer leur
temps
libre
devant un
poste de
télévision.
Pour se
maintenir
en forme,
un Roumain ne fait que six heures
d'exercice physique par mois, alors
que cette moyenne est de 36 heures
dans l'Union Européenne. Les
Français sont les plus acharnés avec
une moyenne mensuelle de 45
heures, devançant les Anglais, 43
heures, les Belges (40), les Irlandais
(39), les Danois (37), les Suédois
(35), les Italiens et les Espagnols
(30). Avec moins de 27 heures, les
Grecs et les Luxembourgeois ferment la marche.
Conséquence évoquée par
l'Association Roumaine
d'Endocrinologie: un quart des
Roumains sont obèses, ce qui leur
donne le 3ème rang sur le continent,
après l'ex Yougoslavie et la Grèce,
un classement qui a fait réagir
l'Organisation Mondiale de la Santé,
laquelle a indiqué que l'impact de
l'obésité sur la santé des Roumains
dépassera bientôt celui du tabac.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
A quelques semaines des
J.O. d'Athènes, les Roumains
ont réaffirmé leur suprématie européenne
Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités
Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeur
aura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voitures
le Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gouvernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également multiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières à
la France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après une
journée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pour
tout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeil
récupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendre
ses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Le
président Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France)
Gymnastique:
hommes et femmes… une équipe en or
D
epuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes roumaines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine.
Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant
de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la petite prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci.
C'était oublier que l'école roumaine de gymnastique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassablement ces générations d'athlètes de premier rang.
Ses rivales, notamment les Russes s'en sont rendu
compte lors des récents championnats d'Europe,
tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement la
Roumanie a confirmé sa première place mondiale au
niveau des filles, mais elle a également et outrageusement dominé la compétition masculine - une première- faisant d'elle la plus grande nation de gymnastes de la planète, aucun continent n'étant en
mesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine.
Marian Dragulescu, Catalina Ponor
et Dana Sofronie, nouveaux prodiges
Marian Dragulescu,
un gymnaste en or.
Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plus
grand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gymnaste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 km
de Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et ne
ratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de remporter la compétition par équipes.
Un mois plus tard, à Amsterdam, les
Roumaines relevaient le défi des hommes,
glanant douze médailles européennes entre
compétitions senior et junior, dont quatre
titres et celui par équipes, le plus recherché.
Les spectateurs ont ainsi découvert le
visage et le talent des jeunes filles qui figureront parmi les grandes favorites à Athènes.
Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia,
Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor
(trois titres), ainsi que de la nouvelle étoile
Dana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué de
justesse dans la quête de la médaille d'or de
la compétition toutes catégories, qu'elle a
dominée jusqu'à l'avant-dernière épreuve
finalement
s'incliner
devant
Catalina Ponor est l’un des grands espoirs pour
de la Roumanie pour les J.O. d’Athènes.
l'Ukrainienne Alina Kozici.
Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire des
prodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit son
équipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agées
aujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: Steliana
Nistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, Rodica
Marinescu et Oana Zbenghea.
Société
L
Un rendez-vous tellement prisé par certains…
qu'ils en fabriquent des fausses invitations
'organisation du 14 juillet est tellement lourde, que
l'événement se prépare dès le début de l'année. Une
équipe se forme, travaille avec la chambre de commerce franco-roumaine, les entreprises françaises implantées
dans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale,
Vivendi, etc. Cette coopération permet de faire
sponsoriser les trois
quarts des 40 000 € (260
000 F) que coûte la
journée et notamment la
soirée du bal populaire, le
reste étant à la charge de
l'ambassade.
On réfléchit aux initiatives à prendre. Ainsi,
un prix du 14 juillet a été
créé en 2003, attribué à
l'association "Valentina"
pour son action en faveur
de la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes français
et roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'une
école militaire roumaine, remplaçant les enregistrements qui
officiaient jusqu'ici.
Un des moments les plus délicats consiste à dresser la liste
des invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir de
place pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents
départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars,
l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant en
dernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou de
provoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une partie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux relations entre les deux pays
se montreront vexés de ne
plus recevoir leur carton.
Certains, soit recalés ou
bien oubliés, insisteront.
Début juillet, alors que
les invitations sont déjà
parties, et ce jusqu'au dernier jour, des demandes
touchantes ou dithyrambiques, vantant par
exemple l'amour porté à
la Marseillaise, parviennent à l'ambassade.
Car ce rendez-vous
est très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoir
y assister. De fausses invitations circulent même, ce qui a
conduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de personnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des réceptions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler les
fraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès !
(Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
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TURNU
MAGURELE
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CERNAVODA
BUCAREST
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CONSTANTA
Alba Iulia: appel
à Brigitte Bardot
22
20
Une association de propriétaires
d'un immeuble d'Alba Iulia a décidé
d'interdire l'accès de l'ascenseur aux
animaux, afin de conserver sa propreté… soulevant la colère d'un
quart de ses occupants qui possèdent soit un chat, soit un chien et
crient à une atteinte aux droits des
animaux. Ne sachant plus à qui
s'adresser pour obtenir l'annulation
de cette décision, les protestataires
ont décidé d'écrire à Brigitte Bardot
pour obtenir son soutien et lui ont
demandé de venir sur place défendre
leur cause.
Festival pour
homosexuels
à Bucarest
Se proposant de mieux faire
accepter les "gays" et les lesbiennes
dans un pays qui a dépénalisé l'homosexualité voici moins de trois ans,
le "Festival des diversités" s'est tenu
à Bucarest du 3 au 9 mai. Projection
de films, exposition d'affiches, de
photos, présentation de livres,
débats, se sont succédés au cours
de cette première qui avait reçu l'appui de plusieurs associations roumaines, ACCEPT, Centre de
Ressource Juridique, Fondation pour
une société ouverte, ainsi que des
organisations américaines Freedom
House, Civic Education Project.
Cette initiative bénéficiait également
de l'aide des Centres culturels
français, polonais, allemand (Institut
Goethe), anglais, espagnol (Institut
Cervantes), et de l'ambassade de
Suède.
L’ambassade de France,
meilleure table de Bucarest
F
rançoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'ambassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celleci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné
son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancellerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique.
Bien sûr, le 14 juillet elle ne
doit pas se manquer. La consigne
coule de source : puisque c'est le
jour de la France… on se doit de
manger et boire français. C'est
d'ailleurs l'habitude dans ces lieux.
Charcuterie, foie gras, fromages,
vins et Champagne viendront donc
de l'Hexagone, par avion, plusieurs semaines à l'avance, et
seront conservés au froid ou en
cave. Seuls les fleurs et les fruits
seront achetés sur place.
La réception du soir, très courue, se prépare
Les quantités à gérer sont très dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs.
importantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jusqu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réception
du soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les premiers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; les
seconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne.
Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq personnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui seront
congelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter sur
l'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre,
maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pour
assurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing demande des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, Françoise
Bellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure table
de Bucarest".
"Bien sûr, on a pris tous vos défauts"
M
irela,
professeur
de
français, écrivain, ne
manque pas un 14 juillet
qu'elle commente avec un brin d'amusement et d'étonnement : "Ce n'est pas facile de se faire inviter. Certains se font pistonner, d'autres récupèrent les cartons de
relations qui ne peuvent venir ce jour là.
Je crois qu'il y a même des faux qui sont
imprimés. Il y a du monde, on est trop
serré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, on
a pris tous vos défauts : les Roumains se
précipitent sur le camembert, la baguette, le saucisson, le Beaujolais, les yaourts
Danone. Ils apprécient qu'on puisse boire
et manger à volonté tout au long de la
nuit, tout en discutant, ce qui n'est pas
une habitude de chez nous.
Cette abondance n'a pas toujours été
le cas. Avant l'arrivé du précédent
ambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassade
de France avait la réputation d'être
pingre. C'était mauvais pour son image,
car bien sûr on comparait toutes les
réceptions des ambassades et çà la
fichait mal pour le pays du bien-vivre".
"Heureusement" note l'écrivain, "les
officiels ne nous embêtent pas trop avec
leurs discours. On est là pour une fête
après tout ? Roumains et Français s'y
côtoyaient sans trop se mélanger, mais
depuis l'instauration d'un bal populaire
et d'un concours de danse, ils se rapprochent. Je constate aussi que les
Roumaines font beaucoup plus d'effort,
côté élégance, que les Françaises".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sports
Société
Doublé coupe-championnat pour le Dinamo
L
e Dinamo Bucarest,
ancienne équipe de la
Police, a réalisé le
doublé cette saison, terminant à la
première place du Championnat
de Division A, décrochant son
17ème titre, devançant son éternel
rival, le Steaua (ex équipe de
l'Armée), et remportant la finale
de la coupe de Roumanie face à
Otelul Galati (Acier Galati), par 2
buts à 0. Les “Câinii rossi” ("Les
Chiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans la
Ligue des Champions, mais devront disputer les deux tours
préliminaires avant d'envisager de participer aux poules de
qualification.
Le Steaua participera au dernier des deux tours éliminatoires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'Otelul
Galati, également qualifié, devra les franchir tous les deux.
Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul Piatra
Neamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs de
Division B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, Poli
Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti.
L
a joie était immense parmi les
1500 supporters du CFR Cluj,
à l'issue du dernier match de la
saison de Division B de Football: en s'imposant 3-0 face au Cetate Deva, leur équipe assurait son retour parmi l'élite pour la
prochaine saison, après 28 ans de purgatoire. La performance relève du miracle,
car pour s'assurer la remontée en Division
A, le club du quartier Grivita de la capitale transylvaine devait aussi compter sur
un improbable faux-pas du leader Jiul
Petrosani face à Gaz Metan Medias. Or,
sur son terrain, l'équipe de la vallée des
mineurs n'a pu accrocher la victoire
nécessaire, concédant le nul. Il s'agissait
L
Classement final de la
Division A: 1er Dinamo Bucarest,
70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64
pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts,
4ème, Universitatea Craiova, 44
pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (en
gras, les équipes qualifiées en
coupe d'Europe), 6ème Apulum
Unirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FC
National 2000 Bucarest, 39 pts,
8ème Poli AEK Timisoara, 9ème
Farul Constantsa, 37 pts, 10ème
FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12ème
Gloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts),
14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème Petrolul
Ploiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernières
équipes descendent en Division B et sont remplacées pour la
prochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul
Studentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes en
championnat de Division A, en 2004-2005).
A noter que le Dinamo a également remporté la finale du
championnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori,
par 32 points à 21.
Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Cluj
retrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire
là d'une sorte de réminiscence de justice :
c'est justement à cause de Medias que,
l'année précédente, le CFR Cluj avait raté
son accession ! Les dirigeants clujois s'attendaient si peu à ce scénario… qu'ils
n'avaient pas prévu les traditionnelles
bouteilles de champagne roumain, les
joueurs devant se contenter de bière.
Le CFR Cluj est le plus vieux club
roumain. Il a été fondé en 1907 par des
employés des chemins de fer de la région
et est dirigé par deux fortes personnalités.
Son président, Arpad Paszkani, est la
seule personne à avoir été exclue à vie
par la Fédération de Football Roumain,
pour avoir déclaré que "les arbitres
étaient des voleurs". La Cour d'Appel
avait annulé cette décision. L'ensemble
des arbitres de Division B l'avaient
cependant traîné en justice… mais
avaient retiré leurs plaintes par la suite.
L'entraîneur, Aurel Sunda a pour particularité d'avoir fait monter ces trois dernières années en Division A les trois
équipes différentes qu'il a dirigées (UM
Timisoara, Apulum Alba Iulia et CFR
Cluj). Il affirme sans ambages son credo:
"Moi, je bâtis une équipe, pendant que les
autres se construisent des villas". Il faut
noter que, jusqu'à ce dernier succès, le
CFR opérait dans la même division que
son grand rival local, Universitatea Cluj.
Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre
a Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopage
dans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu des
championnats du monde d'athlétisme de Budapest
pour ce motif, deux semaines après que son compatriote Sergiu
Ursu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumains
ont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests de
tous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révélés
positifs.
Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont
pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produits
dopants de dernière génération, qui restent longtemps indétectables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, le
président de la Commission Nationale Antidoping, Ioan
Dragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière,
dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, il
espère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membres
de la délégation olympique seront contrôlés avant le début des
J.O. d'Athènes.
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Société
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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Pelouse d'importation
pour le Stade national
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Sélectionneur,
général et politicien
Sports
SUCEAVA
BISTRITA
La pelouse du Stade National de
Bucarest, où l'équipe de Roumanie
dispute ses matchs, est une véritable
catastrophe. Lors de la rencontre
contre le Danemark, remportée 5 à 2
par celui-ci, les deux équipes avaient
évolué sur une surface faite de
mottes de terre agglutinées au sable,
où l'herbe poussait en touffes.
Les spécialistes avaient avancé
cette raison pour expliquer la sévère
correction reçue par les Roumains,
dont le fonds de jeu technique pâtissait de l'état du terrain. Ils avaient par
ailleurs relevé que les défaites de l'équipe nationale à domicile contre
l'Italie (0-2), la Norvège (0-1), la
contre-performance devant la
Slovénie (1-1) qui lui avaient coûté sa
qualification pour la Coupe du Monde
2002 et l'Euro 2004, avaient été enregistrées par mauvais temps, sur une
pelouse fortement abîmée.
Malgré des mesures provisoires,
rien n'avait été sérieusement tenté
pour y remédier, le désastreux
Roumanie-Danemark, conduisant les
autorités à réagir. La phase éliminatoire du Mondial 2006 se profilant, la
décision de planter une nouvelle
pelouse, impliquant l'installation d'un
système de drainage efficace ayant
traîné, il a fallu abandonner cette
solution qui aurait été moins coûteuse, car elle ne permettra pas au terrain d'être opérationnel pour le 26
mars 2005, jour où les Roumains doivent accueillir les Hollandais. Ceux-ci
ont refusé de déplacer le match à
l'automne. Il a donc été décidé de
faire venir de la pelouse en bandes
de l'étranger qui devrait être installée
quelques semaines avant la rencontre. Le coût estimé de l'opération
est de 1,5 M€ (10 MF).
S
électionneur de l'équipe nationale de football,
Anghel Iordanescu a illustré les liens qui existent entre le monde des affaires, de la politique
et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti Social
Démocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille des
élections locales auxquelles il était également candidat
comme conseiller départemental. C'est son ami, le
ministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissant
aussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gou
Anghel Iordanescu. vernemental dans ce judet, d'ici peu.
Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée,
remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colonel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélectionneur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescu
l'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a été
le témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Les
deux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immobilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale.
L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenue
une semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe allemande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites de
son histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro
84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pression
du Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse.
Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport.
Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue professionnelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général de
Bucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim
Tudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Parti
de la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader du
Parti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alors
que Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de Force
Démocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce au
football que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suite
au PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains,
après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de la
capitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD.
L
Eliminatoires du Mondial 2006:
la Roumanie commence par la Finlande
a Roumanie connaît le calendrier des matchs qu'elle doit
disputer au titre de la phase
qualificative pour la coupe du monde qui
se déroulera en juin 2006 en Allemagne.
Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge"
sont tombés dans un groupe de sept
équipes, particulièrement difficile, dont
les deux favoris sont les Pays-Bas et la
République tchèque. Seul le premier est
qualifié automatiquement, ainsi que les
deux meilleurs deuxièmes des huit
groupes européens, les six autres dispu-
tant entre eux un match de barrage.
18 août 2004: Roumanie-Finlande
4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine
8 sept. 2004: Andorre-Roumanie
9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie
17 nov. 2004: Arménie-Roumanie
26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas
30 mars 2005: Macédoine-Roumanie
4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie
8 juin 2005: Roumanie-Arménie
17 août 2005 : Roumanie-Andorre
3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque
8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un millier de Roumains reprennent
en chœur la Marseillaise à l'Athénée
pour le premier 14 juillet libre
Evénements
A
ncien
ministre
éphémère, lors des
illusions de la
période suivant la "Révolution
de décembre 1989", Nicolae
Dragulanescu, 54 ans, francophile envers et contre tout,
évoque avec émotion son preNicolae Dragulanescu, mier 14 juillet libre, en 1990.
témoin de 14 juillet marquants. "C'était le bonheur ; c'était
presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plus
d'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse de
Roumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucoup
pleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur.
C'est comme si on avait chanté notre hymne".
Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin
Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avait
bien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'y
rendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invitation, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nous
posait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Je
crois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en
1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous,
nous étions plongés dans notre nuit sans fin".
Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de
A
plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : Nicolae
Dragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue de
France montrant les festivités du bi-centenaire de la
Révolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur les
Champs Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait partager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, ce
qui le laisse encore inconsolable aujourd'hui.
Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à son
public clandestin une autre cassette d'un spectacle de Thierry
Le Luron. "Les réactions étaient étonnantes. Les gens ne
comprenaient pas
qu'on puisse se
moquer aussi férocement de ses dirigeants.
Certains
m'ont même suspecté
d'être un provocateur de la Securitate,
visant à les piéger.
Le 14 juillet 1990, l’Athénée
a vibré au son de la Marseillaise.
Puis, ils ont réfléchi
et m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le serait
pas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demande
si le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alors
que la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signe
avant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ?
Adriana : "un côté trop élitiste"
driana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein même
de sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans son
pays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les
véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de la
Grande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour de
l'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurrence sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la population
est appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtrage. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoque
des déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent marginalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4
juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un
magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille".
"C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exceptionnelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. On
peut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le
11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ils
veulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bien
qu'ils ont un comportement indiscipliné".
L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirment
des Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau,
ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays.
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Evénements
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Le 9 octobre
sera désormais
"Jour de l'Holocauste"
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A la demande de Ion Iliescu, le
gouvernement roumain a décidé que
le 9 octobre deviendrait désormais
"Jour de l'Holocauste", décision qui a
surpris la communauté juive vivant
encore en Roumanie, tout en la
satisfaisant.
Le Président a ainsi voulu effacer
le mauvais effet créé en Israël par
ses propos tenus à l'automne 2003,
dans lesquels il avait affirmé que
"l'Holocauste n'avait pas été un phénomène limité à la population juive
d'Europe… beaucoup d'autres personnes, dont des Polonais, étant
mortes de cette façon .
Cette déclaration avait été suivie
d'un communiqué du gouvernement
roumain indiquant que "l'Holocauste
n'avait pas existé en Roumanie", ce
qui n’avait fait que rajouter de l’huile
sur le feu.
Pour atténuer la vague de protestations suscitée par ces dires, Ion
Iliescu avait invité les experts du
monde entier à former une commission afin d'établir la vérité à ce sujet,
laquelle n'a rendu encore aucune
conclusion.
Centre de rééducation
pour mineurs
Afin de les séparer des adultes
avec lesquels ils croupissaient en prison, l'Etat a fait bâtir un centre de
rééducation pour mineurs a Buzias
(Timisoara), qui est désormais le
plus moderne du pays. D'une capacité de 120 places, il comprend également une école générale. Sa
construction a coûté 2 M€ (13 MF).
Dix huit morts
à la suite de l'explosion
d'un camion près de Buzau
A
près avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a explosé
à l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18
morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue
en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest,
en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunes
dont souffre le pays aussi bien dans le domaine du
transport des matières dangereuses, dont la réglementation est floue, que dans celui des mesures de
sécurité à prendre en cas d'urgence.
Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequel
n'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et de
nombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, ce
qui a entraîné la mort de 8 personnes et plusieurs
blessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures de
précaution nécessaires et ont payé un lourd tribu
avec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévision
ont également été tués. Une enquête a été déclenchée, mais semble déjà s'enliser. Le Président
Iliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelques
jours après la catastrophe : le fautif était le chauffeur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une intervention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion.
Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste
(Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur la
chaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours.
U
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Un réseau de chaussées
empierrées se met en place
ce des frontières roumaines a organisé 53
actions d'infiltration parmi les passagers
des transports en commun se rendant
dans l'Espace Schengen, cette opération
conduisant au retrait de leur licence à 135
firmes de transport et de tourisme et à l'établissement de 1750 contraventions.
L'adhésion de nouveaux membres à
l'UE a obligé la Roumanie à passer des
accords bi-latéraux avec ses voisins qui
n'ont pas la perspective d'y entrer, rétablissant le régime des visas (Ukraine,
Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine,
Russie, Belarus …). Actuellement, les
seuls pays ne demandant pas de visa d'entrée aux Roumains, outre les pays de l'UE
(moins la Grande-Bretagne et l'Irlande
qui en exigent toujours un), sont les suivants : Albanie, Corée du Sud, Costa
Rica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc,
Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse,
Tunisie, Venezuela, soit au total 28 pays
dans le monde.
"C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place"
Parallèlement, d'autres routes
voient le jour, destinées justement à
relier les villages isolés à l'axe
Tulcea-Sulina. Ainsi la village de
pêcheurs de Caraiaman sera définitivement réuni à Crisan cet automne
par une voie de 12 km. Puis, par un
chemin de 6 km menant au canal de
Sulina, viendra le tour du village de
Lipovènes, Mila 23. Un bac permettra de rejoindre la "grande route",
emprunté par les charettes, voitures
et camions (Notre photo)
Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Il
s'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne permettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêche
qu'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mauvaises routes de la Roumanie profonde.
Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creuser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pour
traverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour et
on envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour les
endroits trop difficiles.
Les maires, les élus, les parlementaires et l'administration se
montrent très favorables à ce
désenclavement du Delta, y voyant
aussi une chance pour le développement du tourisme. "C'est grand
le Delta, les oiseaux ont de la
place" répondent-ils quand on leur
parle de l'environnement.
"On est isolé complètement,
surtout l'hiver, quand les blocs de
glace empêchent la navigation sur
le canal" plaide le maire de Crisan,
ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller à
Tulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport au
bateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sans
compter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beaucoup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heure
pour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'hélicoptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas trop
l'apparition des voitures: "La route passera cent mètres derrière le village et les touristes se gareront dans un parking à
son entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circulation, les gabarits des véhicules seront réglementés".
Un projet de canal navigable ukrainien
suscite aussi de vives inquiétudes
500 000 Roumains retenus à leurs
frontières au cours du premier trimestre
n peu plus de 500 000
Roumains ont été refoulés à
leurs frontières au cours du
premier trimestre parce qu'ils ne respectaient pas les conditions pour se rendre à
l'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'assurance médicale, 24 000 n'avaient pas de
titre de transport aller-retour, 30000 n'ont
pu présenter la carte verte de leur véhicule et 345 000 la somme d'argent nécessaire à leur séjour (au minimum 500 €).
Pendant cette période, 5 millions de
personnes ont franchi les frontières roumaines, dont 3 millions de Roumains, 2
millions d'étrangers et 1 400 000 véhicules ; les sorties des citoyens roumains
étaient plus importantes de 50 % par rapport à leur retour. 1880 Roumains partis
légalement mais n'ayant pu justifier leur
séjour dans les pays de l'Espace
Schengen ont été renvoyés chez eux, et
7300 depuis d'autres pays (GrandeBretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli-
Société
L
e projet de l'Ukraine de rendre
navigable le canal Bâstroe,
dans la partie du Delta lui
appartenant, suscite de vives inquiétudes,
aussi bien au niveau des organisations
écologistes comme le WWF ou Birdlife
International, que de la part de
l'UNESCO, l'Union Européenne et les
USA, lesquels ont demandé à faire partie
d'une commission d'experts afin d'évaluer
les risques que cette initiative fait peser
sur les rives mêmes du Delta.
Mais les plus soucieux sont les
Roumains qui n'ont jamais été informés
du contenu du projet, apprenant son existence l'année passée, malgré les accords
de voisinage et internationaux qui lient les deux
pays et leur font obligation d'agir en concertation
pour maintenir la qualité
de l'environnement dans
cette région.
Or le projet, qui n'est
pas encore commencé,
paraît mené dans la plus
grande opacité. Aucune
étude d'impact n'aurait été
réalisée. On ne sait pas quelle sera la profondeur du canal, ni sa largeur, ni sa longueur. La Roumanie redoute les conséquences que le nouvel ouvrage pourrait
avoir sur le bras voisin de Chilia Veche,
entraînant une modification du régime
des eaux, mais aussi sur tout le Delta.
Kiev veut mettre fin
au monopole roumain
entre Danube et Mer Noire
Les Ukrainiens se défendent en
avançant que leur décision est conforme à
la législation de leur pays et qu'il ne s'agit
pas de la création d'un nouveau canal,
mais seulement de la modernisation de
l'ensemble de ses infrastructures. Pour
justifier cette opération, Kiev fait remarquer que la Roumanie dispose d'un véritable monopole sur le trafic fluvial entre
le Danube et la Mer Noire, indiquant que
le transit des bateaux ukrainiens empruntant le canal de Sulina, ces cinq dernières
années, lui a coûté 600 M€ (près de 4
milliards de F).
Les organisations de défense de l'environnement manifestent une opposition
résolue au projet, soulignant, en outre,
que "pour faire venir les bateaux de fort
tonnage, l'Ukraine sera obligée de draguer en permanence ce canal afin de lui
maintenir artificiellement une profondeur
suffisante. Les sédiments et les alluvions
ainsi recueillis seront alors rejetés en
Mer Noire, causant des dégâts irréparables dans la faune et parmi les poissons. D'autre part, les rives vont être renforcées par du béton, détruisant les
espaces de migration de nombreuses
espèces d'oiseau… sans parler des pollutions induites par le passage des bateaux,
le rejet de carburant, qui affecteront la
qualité des eaux".
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"Si le Delta,
n'est plus le Delta…
Est-ce qu'ils viendront
encore les touristes ?"
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Une route avance inexorablement
dans le Delta du Danube
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Les pêcheurs du Delta sont perplexes. Beaucoup ignorent que les
travaux de la route, commencés très
discrètement, sont aussi avancés.
Entre le "non" catégorique du
Gouverneur et le "oui" par derrière
des élus et de l'administration, ils ne
savant quoi penser, se demandant
s'il ne s'agit pas d'un double jeu,
visant à paralyser les réactions et à
rendre irréversible sa construction. Et
puis ici, le pouvoir est craint et la
population préfère souvent se taire.
Pourtant, dans leur fond intérieur,
nombreux sont ceux qui hochent la
tête devant la disparition programmée de leur cadre de vie qui
repose sur le bateau et leurs
barques. Depuis des siècles, ils rythment leurs journées. A cinq heures,
l’après-midi, on attend l'arrivée du
ferry avec une charrette pour ramener chez elle la grand-mère partie
voir ses petits-enfants à Tulcea et les
provisions pour la semaine.
Le boulanger charge ses sacs de
farine dans son embarcation, direction son four. En fin de semaine, ce
sont les jeunes qui reviennent du
lycée. Ici, on s'est toujours bien
accommodé de ne pas avoir de voitures. On n'en a pas besoin. Tout est
réglé en fonction du fleuve.
Et les plus lucides, qui misent sur
le tourisme pour pouvoir rester chez
eux, se posent avec angoisse cette
question : "Si le Delta n'est plus le
Delta, est-ce qu'ils viendront encore
les touristes ?".
Menace sur l’intégrité du paysage
et le cadre de vie des habitants
Q
u'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les marais
du Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par une
route Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la
Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dans
un environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier de
pêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation du
Conducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une population
habituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, le
Gouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sans
ambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'administration gérant cette
réserve
biosphère
reconnue par l'Unesco
y étant également
opposé.
Mauvais exemples
à l'appui, à travers le
monde mais aussi en
Camargue qu’il a
visitée, le Gouverneur
soutient que "mettre le
petit doigt dans ce processus, c'est y plonger
le bras". "Construisez
Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta en
empruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina.
une route et viennent
ensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings,
les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans parler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine.
Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité
Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route qui
devrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992.
De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, un
bac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions,
tracteurs et charrettes par jour.
Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur de
l'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicape
sérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient été
dégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leur
apparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant le
canal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'est
pas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration.
Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi une
réalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, au
coeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans,
l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26
MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alors
en service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon,
menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, mais
aucun calendrier n'est fixé.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Evénements
Société
A près de 70 ans, le voilier école Mircea
retrouve le grand large et fait escale à Brest cet été
Un trois mâts sur les mers et l'Océan
P
our la première fois de sa carrière, à près de 70 ans,
le "Mircea" va participer à une compétition internationale de voiliers, la "Tall
Ship Challenge", qui se déroule cet été
sur les côtes atlantiques américaines et
canadiennes. Avec ses trois mâts, ses
23 voiles d'une surface de 1750 m2, le
Mircea est un des cinq plus grands voiliers du monde, avec l'"Eagle" (USA),
le "Gorg Forch" (Allemagne), le
"Tavarisci" (Russie), le "Sagres"
(Portugal).
Le voilier école de l'Académie
navale "Mircea cel Batrin" ("Mircea le
Vieux", du nom d'un des plus grands
voïvodes de l'histoire roumaine) a
quitté le port de Constantsa le 17 avril
pour un voyage de 160 jours à travers
la Mer Noire, la Méditerranée et
l'Océan Atlantique, dont 55 seront
consacrés à ses treize escales. Le port
de Brest sera le seul à l'accueillir sur la
côte Atlantique européenne. A son
bord, un équipage de 190 marins, dont
105 sont étudiants à l'Académie navale
ou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu".
Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée transatlantique. A l'époque du rapprochement
entre
Washington
et
Ceausescu, le voilier avait en effet
été invité aux cérémonies célébrant
le bi-centenaire de l'indépendance
des USA, participant à la parade du 4
juillet dans le port de New York.
voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplit
de nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant
la Première Guerre mondiale, et incorporé à un convoi de bateaux remorqués, assurant le transport de provisions et de matériel pour le front. La
Seconde Guerre mondiale lui fut fatale
: métamorphosé en infirmerie flottante,
il fut victime du bombardement du
port de Galati et, transformé en torche,
brûla complètement, le 16 avril 1944.
Il avait soixante deux ans.
Son frère cadet avait vu le jour, six
ans auparavant, dans le chantier naval
"Blohm und Voss" de Hambourg.
Après un voyage inaugural de 50 jours,
le conflit mondial le surprit à l'été
1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuer
une visite à Toulon, Alger, Gibraltar,
Palerme et Alexandrie. Confisqué par
les Soviétiques et remorqué jusqu'à
Odessa, il fut restitué en 1946.
Sauvé de la tourmente
par un remorqueur français
En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer et
rénover à Hambourg. Pris en charge
par deux remorqueurs, le convoi fut
pris dans une terrible tempête dans
le Golfe de Gascogne, affrontant des
vents de 165 km/h. Les amarres du
voilier furent rompues et, ingouvernable, il fut pris dans la tourmente.
La tentative de l'équipage pour l'ancrer échoua, l'ancre cédant. Cinq
Frère aîné transformé
voies d'eau s'ouvrirent.
en torche et frère cadet
Un cargo norvégien et un remorconfisqué par les Soviétiques
queur de la marine française volèrent en vain à son secours. Le lendeLe "Mircea" avait eu un frère
main, après neuf heures d'efforts, le
aîné, premier voilier école roumain,
remorqueur français "Rhinocéros 4"
portant le même nom, comme le veut
parvenait enfin à le prendre en charla tradition. Celui-ci était né en 1882
ge, envoyant une chaloupe de sauvedans les chantiers britanniques et faitage pour évacuer l'équipage. Celuisait partie d'une commande globale
ci refusa de quitter son bateau qui,
portant également sur la construction
finalement pût être remorqué jusqu'à
Brest où les premières réparations
de bateaux écoles à vapeur devant
furent effectuées pour lui permettre
accompagner la véritable émergence
de continuer son voyage vers
de la marine roumaine, le pays
l'Allemagne.
Dans l'adversité, le
n'ayant accédé à l'indépendance que
Le voilier-ècole Mircea dans son port
d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire.
"Mircea"
avait
ainsi montré, qu'avec
cinq ans plus tôt. Ce deux mâts, de
son
aîné,
il
avait
forgé
de
véritables
générations
de marins.
dimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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ORADEA
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IASI
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TARGU
MURES
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VASLUI
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SIBIU
TIMISOARA
BRASOV
GALATI
BRAILA
R. VÂLCEA
TG. JIU
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CRAIOVA
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z
z
TULCEA
„
BUCAREST
GIURGIU
CONSTANTA
z
z
Les fruits exotiques
font de la concurrence
à la banane
24
Après la "Révolution", les
Roumains se sont jetés sur les
bananes et les oranges dont ils
avaient été privées pendant les dernières années du régime Ceausescu.
Si ces deux fruits des pays chauds
restent les préférés des consommateurs, d'autres se sont installés durablement dans leur univers, comme
les clémentines, mandarines et pamplemousses, leur faisant concurrence. Si bien que, d'après le Centre
Roumain du Commerce Extérieur, les
importations de bananes ont reculé
pour la première fois en 2003, passant de 55 000 tonnes, l'année
précédente, à 43 000 tonnes.
Les Roumains ont également pris
goût aux ananas, dont les importations ont doublé en deux ans, tout en
restant à un niveau très faible (280
tonnes), aux kiwis, que l'on ne peut
cultiver sur place à cause du climat
trop continental (1600 tonnes en
2002, 2000 tonnes en 2003). Ils
découvrent aussi les fruits exotiques
aux noms encore inconnus, voici peu
: mangues, mangoustans, goyaves,
tamarins, fruits de la passion, qui
viennent du Brésil, d'Afrique du Sud
ou d'Extrême-Orient.
Un plateau de ces fruits fait raffiné et impressionne les invités. Bien
sûr, très peu de personnes peuvent
se permettre leur achat et leur importation est encore confidentielle, de
l'ordre de quelques dizaines de
tonnes… à une demi-tonne pour les
tamarins, en 2003. Mais, pour
nombre de Roumains, offrir une orange à ses enfants pour Noël reste
encore dans le domaine du luxe.
Fraises et cerises
en abondance
E
pargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance,
cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se vendaient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F)
pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes.
La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000
hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par le
marché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie et
deux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud du
pays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, Râmnicu
Vâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimension
trop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'une
exploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterre
où elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtant
considérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un minimum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 20002200 € (13 000 -14 000 F).
L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli
80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF),
les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté
1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visine, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF).
Les Roumains mangent six fois
moins de poisson qu'au temps de Ceausescu
S
ans qu'aucune explication particulière ne soit donnée, un
rapport du ministère de
l'Environnement fait état d'une chute
importante de la consommation de poisson par les Roumains… alors que
parallèlement le tonnage péché augmente. Le prix ne semble pas mis plus en
cause que dans le cas de la viande de porc
ou de poulet qui a la préférence des
consommateurs.
S'agit-il d'une détérioration des circuits de distribution ou d'une modification des habitudes alimentaires ?... En
tous les cas, les Roumains n'avaient
L
mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soit
six fois moins qu'en 1989 (7 kg). Par
contre le tonnage pêché est passé de 16
580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002,
dont 5800 tonnes de poissons de rivière,
2700 tonnes de poissons de la mer Noire
et près de 14 000 tonnes de poissons d'élevage.
Les autorités espèrent que ce dernier
secteur dépassera les 50 000 tonnes en
2007, horizon où elles estiment que la
consommation sera remontée à 6 kg par
habitant. L'activité de la pêche est pratiquée par des chalutiers ou des embarcations artisanales.
Des consommateurs
protégés comme les citoyens de l'UE
e gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant les
directives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraient
conduire les consommateurs roumains à être protégés de la même manière que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, la
sécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manquements ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementales
de défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domaines
de leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, de
la promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des programmes financés par l'UE.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Religion
Société
La foi soulève... des églises
M
reverser. Ils vivent - et leur famille puisircea, 32 ans, ingénieur en
qu'ils doivent être obligatoirement mariés
construction mécanique en
et ont des enfants - des rentrées procurées
Bucovine, a la foi et voulait
par les cérémonies : baptêmes, mariages,
devenir prêtre, ayant suivi la formation
obsèques, services religieux, "Boboteaza"
nécessaire. Pour faire vivre sa famille, il a
(Epiphanie, à l'occasion de laquelle les
demandé a être prêtre honorifique, c'est à
popes vont bénir chaque foyer et reçoidire uniquement le dimanche, afin de pouvent ainsi une contribution, quasiment
voir conserver son emploi. Sa proposition
obligatoire).
a été refusée par la hiérarchie religieuse
Autant de ressources qui ne sont pas
orthodoxe qui lui a proposé d'occuper un
déclarées,
sur lesquelles la "Garde
ministère à part entière, tout en continuant
Financière"
(le fisc) ferme tacitement les
à travailler. Mircea a finalement accepté
yeux,
mais
qui
se sont sérieusement ameet, moyennant une enveloppe de 3000 €
nuisées
avec
la
détérioration générale des
(20 000 F) remise à un conseiller de
budgets
familiaux.
l'évêque, a été nommé dans une paroisse
Mircea a donc fait sécession avec son
de 5000 habitants qui avait grandi et discollègue, la commune se trouvant divisée
posant déjà d'un pope de 40 ans.
en deux, et a installé ses fidèles dans une
Pendant un an, le nouveau prêtre a
toute petite chapelle en bois, dans l'attenmené de front ses deux occupations, ce
te de la construction d'une église en dur.
qui était très dur. Il était appelé fréquemLe Conseil paroissial qu'il a constiment à l'occasion de décès et devait quitter son entreprise sur le champ, ce qui le
tué,
et qui vérifie tous les comptes, est
Les collectes ne suffisent pas, il faut aussi
trouver des sponsors pour bâtir une église.
parti à la recherche de sponsors, tout en
mettait en porte à faux. Il décida donc
lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des artid'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer uniquesans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas les
ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princimoyens de régler les charges et une grande partie des respal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deux
sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées.
après son arrivée s'étaient détériorées.
Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions de
Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui correslei (38 €, 250 F).
pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent
1800 édifices religieux ont été
construits depuis la Révolution
D
epuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises de
tous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays,
soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de
communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27
étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processus
de systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtiments
religieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenklatura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichie
depuis la chute du communisme.
Dix sept cultes ou Eglises reconnues
L
'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit de
l'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholique
et gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne,
évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, du
culte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste,
adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangéliste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culte
boudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assez
d'adeptes.
Seulement 70 %
d'orthodoxes en Roumanie
selon Microsoft et la CIA
D
ans sa dernière encyclopédie
Encarta, datée de 2004, Microsoft
estime que le nombre d'orthodoxes
se situe aux environs de 70 % de la population, en
Roumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquent
les chiffres du recensement de 2002. D'autres
écarts sont notés, allant de un a cent, pour les
athées ou Roumains se déclarant sans religion (10
% pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gouvernement), du simple au double pour les protestants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions
(baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8
% a 4 %).
Pour donner donner l’ensemble des chiffres,
qui indiquent une baisse conséquente de 17 % de
la population orthodoxe en quatre ans, Microsoft
s'est basé sur les informations de la CIA, accessibles librement sur le site de celle-ci
(www.cia.org/publications/factbook) et provenant d'autres sources spécialisées).
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
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Instauration
du carnet de maternité
28
Vie quotidienne
La psychiatrie aspire au
grand chambardement
SUCEAVA
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Oubliée, sans moyens et mal considérée
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Dès leur première visite chez le
médecin, les femmes enceintes recevront désormais un carnet de maternité que le praticien devra remplir, et
qui servira à la surveillance de leur
grossesse. Ce petit livret contiendra
également des conseils de soins,
d'hygiène, d'alimentation pour ellesmêmes et leurs bébés.
Tiré à 220 000 exemplaires pour
l'année, ce qui devrait correspondre
au nombre de grossesses annuelles
dans le pays, ce carnet a été financé
par des fonds européens PHARE. Il
a été présenté par le ministre de la
Santé, en présence de représentants
de l'UNICEF et de l'UE en Roumanie.
Par ailleurs, les femmes enceintes
n'auront plus à attendre pour obtenir
une consultation médicale où faire
pratiquer des analyses : elles seront
traitées en priorité, comme des cas
d'urgence, n'auront pas à s'inscrire
sur des listes d'attente et pourront
être hospitalisées sans passer par le
médecin. Cette mesure a été décidée
afin de lutter contre la mortalité
maternelle, due dans la moitié des
cas à l'insuffisance des consultations
prénatales et même, pour un tiers, à
leur absence.
L
es conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les malades
mentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatrique
en Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue.
Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout que
quatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cette
voie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre des
médicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste.
Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouve
au niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne.
Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patients
qu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambulatoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les établissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits.
Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer.
On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté par
la société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hôpital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés de
façon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, une
assistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pour
le président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "la
profession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique qui
avait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre".
Amnesty International attire l'attention
sur la situation dans les hôpitaux psychiatriques
E
van Fisher, le responsable
d'Amnesty International pour
l'Europe Centrale et du Sud,
s'est élevé contre la pratique qui consiste
à interner dans des hôpitaux psychiatriques des enfants présentant des problèmes psychiques chroniques et placés
dans des centres spécialisés, dès qu'ils ont
atteint leur majorité, alors qu'ils pourraient réintégrer leur communauté et
vivre auprès de leurs familles.
Evan Fisher a rappelé les conditions
déplorables des hôpitaux psychiatriques
Examen
médical annuel
La Caisse Nationale d'Assurance
Santé a décidé que tous les assurés
de plus de 18 ans devraient subir un
contrôle médical annuel, en vue du
dépistage de graves maladies. La
Caisse du judet d'Arad a indiqué
qu'elle envisageait de ne pas rembourser les traitements des affections
non détectées à temps.
L
roumains: "J'ai visité un établissement du
judet d'Arad où, pour tout chauffage, il y
avait un poêle dans une seule pièce, et
où, faute de fonds, on ne pouvait plus
donner de médicaments". Ses informations étant mises en cause par les autorités, il a indiqué qu'il les détenait de
sources indépendantes, crédibles et
qu'elles étaient à jour, rajoutant "la réaction des autorités est absurde ; j'ai visité
certainement plus d'hôpitaux psychiatriques dans le pays que le ministre de la
Santé".
Cabinets médicaux
cédés sous forme de concession
e ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sous
forme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire,
aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une
durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situer
en moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets se
situent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grande
valeur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont pris
place parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, les
médecins occupaient gratuitement ces cabinets.
A
Société
A Iana, les paysans n'ont pas d'eau,
de gaz, de téléphone… mais utilisent
Internet pour commander leurs semences
Iana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est toujours pas branché sur le réseau du gaz, seuls
quatre postes de téléphone fonctionnent, les habitants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas goudronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour commander les semences destinées à améliorer la reproduction de
leur vaches et taurillons.
A la suite d'un accord passé entre le gouvernement roumain et l'Agence des Nations Unies pour le développement
International, un "télécentre" a été installé dans le village, permettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, une
photocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étant
mis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ce
projet expérimental, concernant une population de 12 000
habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situé
parfois à la Maison de la Culture ou à l'école.
Un tiers des habitants se rendent quotidiennement aux
cinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté
200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo,
mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec la
famille, de préférence au téléphone, cher (un euro les six
minutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit.
"Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué.
Le ministère des Communications et des Technologies
informatiques envisage d'installer quelques dizaines de télécentres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à trois
mois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€
(13 MF) à cette initiative.
Pas chères et résistant aux tremblements de terre,
les maisons en bois font leur apparition sur le marché
C
onstruct Expo", le salon de la construction, qui s'est
déroulé à Bucarest, a permis de constater la percée,
encore bien timide, des constructeurs de maison en
bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé à
progresser voici deux à trois ans, réservées principalement aux
résidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, ce
secteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concernant des commandes pour des résidences principales.
Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coût
d'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantage
de pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2
sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous la
menace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit
qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à
20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossature et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 €
(150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie.
Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols,
Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 à
l'exportation, suivant la qualité du bois demandé.
Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture
E
n moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendant
treize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinq
ans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les
voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant aux
normes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste est
transformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementation
communautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judet
se chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhicules
sur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la partie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment les
matières plastiques coûtant trop cher.
Châtiments corporels
pour enfants interdits
L
es sénateurs roumains ont
adopté plusieurs dispositions
législatives concernant l'enfance, l'une précisant la hiérarchie des
responsabilités, revenant dans l'ordre à la
famille, la commune et l'Etat, si besoin,
l'autre interdisant de façon formelle l'application de châtiments corporels aux
enfants et punissant de prison toute personne les incitant à la mendicité.
25
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Examens achetés, piston
sur commande, jurys qu'il faut
soigner, voire rançonnement
Enseignement
SUCEAVA
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ORADEA
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ARAD
z
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z
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P. NEAMT
SIGHISOARA
BACAU
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SIBIU
BRASOV
PITESTI
GALATI
BRAILA
z
z
z
TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
z
Alcool, tabac, drogue:
une progression
inquiétante chez les
lycéens de 16 ans
26
Ces pratiques qui accablent
enseignants, parents et élèves
z
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CRAIOVA
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IASI
TARGU
MURES
CLUJ
DEVA
TIMISOARA
BAIA
MARE
Dans le cadre d'une enquête
européenne auprès de 200 lycées
roumains et portant sur 4000 élèves
de 16 ans, actualisée tous les quatre
ans, plus de la moitié des lycéens
interrogés ont reconnu boire ou
fumer régulièrement, la progression
étant alarmante, de l'ordre du double
ou du triple, depuis 1999.
A cet âge, presque tous ces
jeunes ont déjà consommé de l'alcool, et plus de la moitié ont été ivres
au moins une fois. Fumer est devenu
une pratique courante, commencée
vers l'âge de 14 ans. Ces lycéens
déclarent boire pour se distraire (plus
de la moitié), 38 % pour oublier leurs
problèmes. Un tiers considèrent que
cela leur permet d'avoir des relations
plus fortes avec leurs amis, ou des
relations sexuelles, que certains
regrettent le lendemain. Près de 3 %
sont entraînés dans des complications avec la police.
Les lieux où l'on consomme le
plus sont la maison, puis la discothèque (pourcentage qui a triplé
depuis quatre ans). 77 % des
lycéens estiment qu'il est facile de se
procurer des bières, du vin ou des
cigarettes, bien que leur vente soit
interdite aux mineurs. 10 % ont touché à la drogue, qu'ils déclarent trouver assez facilement dans les discothèques, les bars ou dans la rue. Le
nombre d’initiés par leur grand frère
ou sœur a doublé depuis 1999, celui
des consommateurs a augmenté de
50 % pour les drogues et de 85 %
pour les amphétamines.
B
eaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditions
dans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3
millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considération, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au point
de vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiques
auxquels ils doivent parfois se prêter.
La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agit
de former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, professeurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autres
courbent l'échine car ils se considèrent impuissants.
Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et donc
en les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ont
décidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoigner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à travers
tout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à faire
qu'elle quitte le pays.
Profiter et se servir
Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directrice, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation,
trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentés
dans ma classe de français. Ils ont repéré toute un
assortiment de dictionnaires que m'avaient apportés
des amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci je
ne l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sans
que je ne puisse rien dire.
A la fin de l'inspection, il a fallu que je les invite
au restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirer
l'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme si
c'était moi qui leur demandait quelque chose. J'ai
Si certains candidats
appris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'étremblent, dans l’attente
des résultats, d’autres les
taient rendus dans une école d'une commune voisine
connaissent à l’’avance.
(c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveau
directeur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" au
champagne ".
Coup de main obligé
Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectrice
m'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suis
rentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses
(A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant la
candidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de ma
main, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal.
Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dû
faire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire du
ministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pas
fait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues,
apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Obole pour les examinateurs
Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parents
pour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants.
C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe partout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commune pour payer "les frais de protocole" pour la commission
d'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : le
café, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est que
cette commission se montre tolérante et que pratiquement tous
les élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner.
On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer,
se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches.
Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du brevet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitié
du salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examinateurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à la
première session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %,
puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes et
c'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pas
versé notre obole…"
Baccalauréat et relations bien placées
Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amie
vient me voir et me demande comment faire pour arranger les
notes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes et
lui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé et
j'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, mais
rappelle-moi un peu avant".
Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, qui
ne sont pas particulièrement riches, viennent me voir et me
remettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combien
il voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus aux
parents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'examen", qu'il fallait bien arroser aussi.
Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convoqué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnie
d'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leur
a fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que
Société
leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains mots
et fautes volontaires à des endroits précis, etc…
En outre, en général, le président de la commission a une
liste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles de
copies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les
"bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bien
que le système de la double correction qui permettrait de déceler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune fille
évoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9
sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université".
D'après Pavel, un président de commission récupère à
chaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza
(5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourrait
à faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteuradjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bien
placées".
Savoir faire
Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième
(équivalent seconde), mes copines et moi on a été très surprises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle était
sympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée,
surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse et
au repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce que
ses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'inspecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas".
A la fac, aussi
Tudor, professeur d'université: "Un professeur de français
a tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entrée
à la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille a
été collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3ème
année, car le prof en question était parti en stage pour trois
mois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre professeur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous le
communisme, mais reconverti en prof d'économie de marché,
qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à ces
étudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline.
De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté
L
a Roumanie est à peu près alignée sur les pays européens
en ce qui concerne les taxes que doivent payer les étudiants pour suivre leur cursus universitaire dans les universités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier par
dix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir compte de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'il
n'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F)
de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajouter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. En
France et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000
F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'est
aux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plus
élevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité de
l'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la
Suède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg.
2002-2003: 350 mariages d'élèves
et une centaine de naissances
L
es statistiques du ministère de l'Education
nationale font apparaître que 348 élèves, fréquentant le collège ou le lycée, se sont
mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 20022003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, les
académies concernées prenant des dispositions pour
qu'elles puissent continuer à suivre un enseignement,
souvent à distance et sous forme allégée.
Le record est détenu par le judet de Botosani, avec
le mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3
jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on a
enregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majorité
des cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus de
milieux ruraux.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Examens achetés, piston
sur commande, jurys qu'il faut
soigner, voire rançonnement
Enseignement
SUCEAVA
z
z
ORADEA
z
ARAD
z
z
z
z
P. NEAMT
SIGHISOARA
BACAU
z
SIBIU
BRASOV
PITESTI
GALATI
BRAILA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Alcool, tabac, drogue:
une progression
inquiétante chez les
lycéens de 16 ans
26
Ces pratiques qui accablent
enseignants, parents et élèves
z
z
z
CRAIOVA
z
z
z
z
IASI
TARGU
MURES
CLUJ
DEVA
TIMISOARA
BAIA
MARE
Dans le cadre d'une enquête
européenne auprès de 200 lycées
roumains et portant sur 4000 élèves
de 16 ans, actualisée tous les quatre
ans, plus de la moitié des lycéens
interrogés ont reconnu boire ou
fumer régulièrement, la progression
étant alarmante, de l'ordre du double
ou du triple, depuis 1999.
A cet âge, presque tous ces
jeunes ont déjà consommé de l'alcool, et plus de la moitié ont été ivres
au moins une fois. Fumer est devenu
une pratique courante, commencée
vers l'âge de 14 ans. Ces lycéens
déclarent boire pour se distraire (plus
de la moitié), 38 % pour oublier leurs
problèmes. Un tiers considèrent que
cela leur permet d'avoir des relations
plus fortes avec leurs amis, ou des
relations sexuelles, que certains
regrettent le lendemain. Près de 3 %
sont entraînés dans des complications avec la police.
Les lieux où l'on consomme le
plus sont la maison, puis la discothèque (pourcentage qui a triplé
depuis quatre ans). 77 % des
lycéens estiment qu'il est facile de se
procurer des bières, du vin ou des
cigarettes, bien que leur vente soit
interdite aux mineurs. 10 % ont touché à la drogue, qu'ils déclarent trouver assez facilement dans les discothèques, les bars ou dans la rue. Le
nombre d’initiés par leur grand frère
ou sœur a doublé depuis 1999, celui
des consommateurs a augmenté de
50 % pour les drogues et de 85 %
pour les amphétamines.
B
eaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditions
dans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3
millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considération, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au point
de vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiques
auxquels ils doivent parfois se prêter.
La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agit
de former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, professeurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autres
courbent l'échine car ils se considèrent impuissants.
Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et donc
en les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ont
décidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoigner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à travers
tout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à faire
qu'elle quitte le pays.
Profiter et se servir
Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directrice, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation,
trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentés
dans ma classe de français. Ils ont repéré toute un
assortiment de dictionnaires que m'avaient apportés
des amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci je
ne l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sans
que je ne puisse rien dire.
A la fin de l'inspection, il a fallu que je les invite
au restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirer
l'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme si
c'était moi qui leur demandait quelque chose. J'ai
Si certains candidats
appris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'étremblent, dans l’attente
des résultats, d’autres les
taient rendus dans une école d'une commune voisine
connaissent à l’’avance.
(c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveau
directeur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" au
champagne ".
Coup de main obligé
Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectrice
m'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suis
rentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses
(A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant la
candidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de ma
main, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal.
Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dû
faire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire du
ministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pas
fait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues,
apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Obole pour les examinateurs
Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parents
pour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants.
C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe partout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commune pour payer "les frais de protocole" pour la commission
d'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : le
café, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est que
cette commission se montre tolérante et que pratiquement tous
les élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner.
On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer,
se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches.
Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du brevet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitié
du salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examinateurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à la
première session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %,
puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes et
c'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pas
versé notre obole…"
Baccalauréat et relations bien placées
Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amie
vient me voir et me demande comment faire pour arranger les
notes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes et
lui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé et
j'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, mais
rappelle-moi un peu avant".
Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, qui
ne sont pas particulièrement riches, viennent me voir et me
remettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combien
il voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus aux
parents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'examen", qu'il fallait bien arroser aussi.
Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convoqué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnie
d'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leur
a fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que
Société
leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains mots
et fautes volontaires à des endroits précis, etc…
En outre, en général, le président de la commission a une
liste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles de
copies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les
"bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bien
que le système de la double correction qui permettrait de déceler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune fille
évoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9
sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université".
D'après Pavel, un président de commission récupère à
chaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza
(5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourrait
à faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteuradjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bien
placées".
Savoir faire
Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième
(équivalent seconde), mes copines et moi on a été très surprises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle était
sympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée,
surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse et
au repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce que
ses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'inspecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas".
A la fac, aussi
Tudor, professeur d'université: "Un professeur de français
a tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entrée
à la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille a
été collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3ème
année, car le prof en question était parti en stage pour trois
mois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre professeur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous le
communisme, mais reconverti en prof d'économie de marché,
qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à ces
étudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline.
De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté
L
a Roumanie est à peu près alignée sur les pays européens
en ce qui concerne les taxes que doivent payer les étudiants pour suivre leur cursus universitaire dans les universités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier par
dix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir compte de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'il
n'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F)
de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajouter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. En
France et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000
F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'est
aux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plus
élevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité de
l'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la
Suède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg.
2002-2003: 350 mariages d'élèves
et une centaine de naissances
L
es statistiques du ministère de l'Education
nationale font apparaître que 348 élèves, fréquentant le collège ou le lycée, se sont
mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 20022003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, les
académies concernées prenant des dispositions pour
qu'elles puissent continuer à suivre un enseignement,
souvent à distance et sous forme allégée.
Le record est détenu par le judet de Botosani, avec
le mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3
jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on a
enregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majorité
des cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus de
milieux ruraux.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
z
ORADEA
z
ARAD
z
z
z
IASI
z
TARGU
MURES
CLUJ
DEVA
TIMISOARA
BAIA
MARE
z
VASLUI
BACAU
z
z
z
SIBIU
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
BRASOV
z
SINAIA
GALATI
BRAILA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Instauration
du carnet de maternité
28
Vie quotidienne
La psychiatrie aspire au
grand chambardement
SUCEAVA
z
Oubliée, sans moyens et mal considérée
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Dès leur première visite chez le
médecin, les femmes enceintes recevront désormais un carnet de maternité que le praticien devra remplir, et
qui servira à la surveillance de leur
grossesse. Ce petit livret contiendra
également des conseils de soins,
d'hygiène, d'alimentation pour ellesmêmes et leurs bébés.
Tiré à 220 000 exemplaires pour
l'année, ce qui devrait correspondre
au nombre de grossesses annuelles
dans le pays, ce carnet a été financé
par des fonds européens PHARE. Il
a été présenté par le ministre de la
Santé, en présence de représentants
de l'UNICEF et de l'UE en Roumanie.
Par ailleurs, les femmes enceintes
n'auront plus à attendre pour obtenir
une consultation médicale où faire
pratiquer des analyses : elles seront
traitées en priorité, comme des cas
d'urgence, n'auront pas à s'inscrire
sur des listes d'attente et pourront
être hospitalisées sans passer par le
médecin. Cette mesure a été décidée
afin de lutter contre la mortalité
maternelle, due dans la moitié des
cas à l'insuffisance des consultations
prénatales et même, pour un tiers, à
leur absence.
L
es conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les malades
mentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatrique
en Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue.
Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout que
quatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cette
voie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre des
médicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste.
Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouve
au niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne.
Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patients
qu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambulatoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les établissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits.
Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer.
On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté par
la société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hôpital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés de
façon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, une
assistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pour
le président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "la
profession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique qui
avait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre".
Amnesty International attire l'attention
sur la situation dans les hôpitaux psychiatriques
E
van Fisher, le responsable
d'Amnesty International pour
l'Europe Centrale et du Sud,
s'est élevé contre la pratique qui consiste
à interner dans des hôpitaux psychiatriques des enfants présentant des problèmes psychiques chroniques et placés
dans des centres spécialisés, dès qu'ils ont
atteint leur majorité, alors qu'ils pourraient réintégrer leur communauté et
vivre auprès de leurs familles.
Evan Fisher a rappelé les conditions
déplorables des hôpitaux psychiatriques
Examen
médical annuel
La Caisse Nationale d'Assurance
Santé a décidé que tous les assurés
de plus de 18 ans devraient subir un
contrôle médical annuel, en vue du
dépistage de graves maladies. La
Caisse du judet d'Arad a indiqué
qu'elle envisageait de ne pas rembourser les traitements des affections
non détectées à temps.
L
roumains: "J'ai visité un établissement du
judet d'Arad où, pour tout chauffage, il y
avait un poêle dans une seule pièce, et
où, faute de fonds, on ne pouvait plus
donner de médicaments". Ses informations étant mises en cause par les autorités, il a indiqué qu'il les détenait de
sources indépendantes, crédibles et
qu'elles étaient à jour, rajoutant "la réaction des autorités est absurde ; j'ai visité
certainement plus d'hôpitaux psychiatriques dans le pays que le ministre de la
Santé".
Cabinets médicaux
cédés sous forme de concession
e ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sous
forme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire,
aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une
durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situer
en moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets se
situent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grande
valeur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont pris
place parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, les
médecins occupaient gratuitement ces cabinets.
A
Société
A Iana, les paysans n'ont pas d'eau,
de gaz, de téléphone… mais utilisent
Internet pour commander leurs semences
Iana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est toujours pas branché sur le réseau du gaz, seuls
quatre postes de téléphone fonctionnent, les habitants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas goudronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour commander les semences destinées à améliorer la reproduction de
leur vaches et taurillons.
A la suite d'un accord passé entre le gouvernement roumain et l'Agence des Nations Unies pour le développement
International, un "télécentre" a été installé dans le village, permettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, une
photocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étant
mis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ce
projet expérimental, concernant une population de 12 000
habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situé
parfois à la Maison de la Culture ou à l'école.
Un tiers des habitants se rendent quotidiennement aux
cinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté
200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo,
mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec la
famille, de préférence au téléphone, cher (un euro les six
minutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit.
"Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué.
Le ministère des Communications et des Technologies
informatiques envisage d'installer quelques dizaines de télécentres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à trois
mois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€
(13 MF) à cette initiative.
Pas chères et résistant aux tremblements de terre,
les maisons en bois font leur apparition sur le marché
C
onstruct Expo", le salon de la construction, qui s'est
déroulé à Bucarest, a permis de constater la percée,
encore bien timide, des constructeurs de maison en
bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé à
progresser voici deux à trois ans, réservées principalement aux
résidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, ce
secteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concernant des commandes pour des résidences principales.
Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coût
d'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantage
de pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2
sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous la
menace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit
qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à
20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossature et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 €
(150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie.
Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols,
Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 à
l'exportation, suivant la qualité du bois demandé.
Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture
E
n moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendant
treize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinq
ans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les
voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant aux
normes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste est
transformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementation
communautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judet
se chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhicules
sur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la partie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment les
matières plastiques coûtant trop cher.
Châtiments corporels
pour enfants interdits
L
es sénateurs roumains ont
adopté plusieurs dispositions
législatives concernant l'enfance, l'une précisant la hiérarchie des
responsabilités, revenant dans l'ordre à la
famille, la commune et l'Etat, si besoin,
l'autre interdisant de façon formelle l'application de châtiments corporels aux
enfants et punissant de prison toute personne les incitant à la mendicité.
25
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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TG. JIU
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BUCAREST
GIURGIU
CONSTANTA
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Les fruits exotiques
font de la concurrence
à la banane
24
Après la "Révolution", les
Roumains se sont jetés sur les
bananes et les oranges dont ils
avaient été privées pendant les dernières années du régime Ceausescu.
Si ces deux fruits des pays chauds
restent les préférés des consommateurs, d'autres se sont installés durablement dans leur univers, comme
les clémentines, mandarines et pamplemousses, leur faisant concurrence. Si bien que, d'après le Centre
Roumain du Commerce Extérieur, les
importations de bananes ont reculé
pour la première fois en 2003, passant de 55 000 tonnes, l'année
précédente, à 43 000 tonnes.
Les Roumains ont également pris
goût aux ananas, dont les importations ont doublé en deux ans, tout en
restant à un niveau très faible (280
tonnes), aux kiwis, que l'on ne peut
cultiver sur place à cause du climat
trop continental (1600 tonnes en
2002, 2000 tonnes en 2003). Ils
découvrent aussi les fruits exotiques
aux noms encore inconnus, voici peu
: mangues, mangoustans, goyaves,
tamarins, fruits de la passion, qui
viennent du Brésil, d'Afrique du Sud
ou d'Extrême-Orient.
Un plateau de ces fruits fait raffiné et impressionne les invités. Bien
sûr, très peu de personnes peuvent
se permettre leur achat et leur importation est encore confidentielle, de
l'ordre de quelques dizaines de
tonnes… à une demi-tonne pour les
tamarins, en 2003. Mais, pour
nombre de Roumains, offrir une orange à ses enfants pour Noël reste
encore dans le domaine du luxe.
Fraises et cerises
en abondance
E
pargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance,
cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se vendaient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F)
pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes.
La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000
hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par le
marché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie et
deux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud du
pays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, Râmnicu
Vâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimension
trop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'une
exploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterre
où elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtant
considérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un minimum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 20002200 € (13 000 -14 000 F).
L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli
80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF),
les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté
1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visine, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF).
Les Roumains mangent six fois
moins de poisson qu'au temps de Ceausescu
S
ans qu'aucune explication particulière ne soit donnée, un
rapport du ministère de
l'Environnement fait état d'une chute
importante de la consommation de poisson par les Roumains… alors que
parallèlement le tonnage péché augmente. Le prix ne semble pas mis plus en
cause que dans le cas de la viande de porc
ou de poulet qui a la préférence des
consommateurs.
S'agit-il d'une détérioration des circuits de distribution ou d'une modification des habitudes alimentaires ?... En
tous les cas, les Roumains n'avaient
L
mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soit
six fois moins qu'en 1989 (7 kg). Par
contre le tonnage pêché est passé de 16
580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002,
dont 5800 tonnes de poissons de rivière,
2700 tonnes de poissons de la mer Noire
et près de 14 000 tonnes de poissons d'élevage.
Les autorités espèrent que ce dernier
secteur dépassera les 50 000 tonnes en
2007, horizon où elles estiment que la
consommation sera remontée à 6 kg par
habitant. L'activité de la pêche est pratiquée par des chalutiers ou des embarcations artisanales.
Des consommateurs
protégés comme les citoyens de l'UE
e gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant les
directives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraient
conduire les consommateurs roumains à être protégés de la même manière que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, la
sécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manquements ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementales
de défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domaines
de leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, de
la promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des programmes financés par l'UE.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Religion
Société
La foi soulève... des églises
M
reverser. Ils vivent - et leur famille puisircea, 32 ans, ingénieur en
qu'ils doivent être obligatoirement mariés
construction mécanique en
et ont des enfants - des rentrées procurées
Bucovine, a la foi et voulait
par les cérémonies : baptêmes, mariages,
devenir prêtre, ayant suivi la formation
obsèques, services religieux, "Boboteaza"
nécessaire. Pour faire vivre sa famille, il a
(Epiphanie, à l'occasion de laquelle les
demandé a être prêtre honorifique, c'est à
popes vont bénir chaque foyer et reçoidire uniquement le dimanche, afin de pouvent ainsi une contribution, quasiment
voir conserver son emploi. Sa proposition
obligatoire).
a été refusée par la hiérarchie religieuse
Autant de ressources qui ne sont pas
orthodoxe qui lui a proposé d'occuper un
déclarées,
sur lesquelles la "Garde
ministère à part entière, tout en continuant
Financière"
(le fisc) ferme tacitement les
à travailler. Mircea a finalement accepté
yeux,
mais
qui
se sont sérieusement ameet, moyennant une enveloppe de 3000 €
nuisées
avec
la
détérioration générale des
(20 000 F) remise à un conseiller de
budgets
familiaux.
l'évêque, a été nommé dans une paroisse
Mircea a donc fait sécession avec son
de 5000 habitants qui avait grandi et discollègue, la commune se trouvant divisée
posant déjà d'un pope de 40 ans.
en deux, et a installé ses fidèles dans une
Pendant un an, le nouveau prêtre a
toute petite chapelle en bois, dans l'attenmené de front ses deux occupations, ce
te de la construction d'une église en dur.
qui était très dur. Il était appelé fréquemLe Conseil paroissial qu'il a constiment à l'occasion de décès et devait quitter son entreprise sur le champ, ce qui le
tué,
et qui vérifie tous les comptes, est
Les collectes ne suffisent pas, il faut aussi
trouver des sponsors pour bâtir une église.
parti à la recherche de sponsors, tout en
mettait en porte à faux. Il décida donc
lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des artid'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer uniquesans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas les
ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princimoyens de régler les charges et une grande partie des respal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deux
sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées.
après son arrivée s'étaient détériorées.
Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions de
Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui correslei (38 €, 250 F).
pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent
1800 édifices religieux ont été
construits depuis la Révolution
D
epuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises de
tous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays,
soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de
communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27
étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processus
de systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtiments
religieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenklatura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichie
depuis la chute du communisme.
Dix sept cultes ou Eglises reconnues
L
'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit de
l'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholique
et gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne,
évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, du
culte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste,
adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangéliste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culte
boudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assez
d'adeptes.
Seulement 70 %
d'orthodoxes en Roumanie
selon Microsoft et la CIA
D
ans sa dernière encyclopédie
Encarta, datée de 2004, Microsoft
estime que le nombre d'orthodoxes
se situe aux environs de 70 % de la population, en
Roumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquent
les chiffres du recensement de 2002. D'autres
écarts sont notés, allant de un a cent, pour les
athées ou Roumains se déclarant sans religion (10
% pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gouvernement), du simple au double pour les protestants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions
(baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8
% a 4 %).
Pour donner donner l’ensemble des chiffres,
qui indiquent une baisse conséquente de 17 % de
la population orthodoxe en quatre ans, Microsoft
s'est basé sur les informations de la CIA, accessibles librement sur le site de celle-ci
(www.cia.org/publications/factbook) et provenant d'autres sources spécialisées).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Environnement
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"Si le Delta,
n'est plus le Delta…
Est-ce qu'ils viendront
encore les touristes ?"
30
Une route avance inexorablement
dans le Delta du Danube
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TIMISOARA
BAIA
MARE
Les pêcheurs du Delta sont perplexes. Beaucoup ignorent que les
travaux de la route, commencés très
discrètement, sont aussi avancés.
Entre le "non" catégorique du
Gouverneur et le "oui" par derrière
des élus et de l'administration, ils ne
savant quoi penser, se demandant
s'il ne s'agit pas d'un double jeu,
visant à paralyser les réactions et à
rendre irréversible sa construction. Et
puis ici, le pouvoir est craint et la
population préfère souvent se taire.
Pourtant, dans leur fond intérieur,
nombreux sont ceux qui hochent la
tête devant la disparition programmée de leur cadre de vie qui
repose sur le bateau et leurs
barques. Depuis des siècles, ils rythment leurs journées. A cinq heures,
l’après-midi, on attend l'arrivée du
ferry avec une charrette pour ramener chez elle la grand-mère partie
voir ses petits-enfants à Tulcea et les
provisions pour la semaine.
Le boulanger charge ses sacs de
farine dans son embarcation, direction son four. En fin de semaine, ce
sont les jeunes qui reviennent du
lycée. Ici, on s'est toujours bien
accommodé de ne pas avoir de voitures. On n'en a pas besoin. Tout est
réglé en fonction du fleuve.
Et les plus lucides, qui misent sur
le tourisme pour pouvoir rester chez
eux, se posent avec angoisse cette
question : "Si le Delta n'est plus le
Delta, est-ce qu'ils viendront encore
les touristes ?".
Menace sur l’intégrité du paysage
et le cadre de vie des habitants
Q
u'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les marais
du Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par une
route Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la
Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dans
un environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier de
pêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation du
Conducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une population
habituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, le
Gouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sans
ambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'administration gérant cette
réserve
biosphère
reconnue par l'Unesco
y étant également
opposé.
Mauvais exemples
à l'appui, à travers le
monde mais aussi en
Camargue qu’il a
visitée, le Gouverneur
soutient que "mettre le
petit doigt dans ce processus, c'est y plonger
le bras". "Construisez
Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta en
empruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina.
une route et viennent
ensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings,
les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans parler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine.
Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité
Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route qui
devrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992.
De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, un
bac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions,
tracteurs et charrettes par jour.
Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur de
l'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicape
sérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient été
dégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leur
apparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant le
canal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'est
pas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration.
Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi une
réalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, au
coeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans,
l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26
MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alors
en service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon,
menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, mais
aucun calendrier n'est fixé.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Evénements
Société
A près de 70 ans, le voilier école Mircea
retrouve le grand large et fait escale à Brest cet été
Un trois mâts sur les mers et l'Océan
P
our la première fois de sa carrière, à près de 70 ans,
le "Mircea" va participer à une compétition internationale de voiliers, la "Tall
Ship Challenge", qui se déroule cet été
sur les côtes atlantiques américaines et
canadiennes. Avec ses trois mâts, ses
23 voiles d'une surface de 1750 m2, le
Mircea est un des cinq plus grands voiliers du monde, avec l'"Eagle" (USA),
le "Gorg Forch" (Allemagne), le
"Tavarisci" (Russie), le "Sagres"
(Portugal).
Le voilier école de l'Académie
navale "Mircea cel Batrin" ("Mircea le
Vieux", du nom d'un des plus grands
voïvodes de l'histoire roumaine) a
quitté le port de Constantsa le 17 avril
pour un voyage de 160 jours à travers
la Mer Noire, la Méditerranée et
l'Océan Atlantique, dont 55 seront
consacrés à ses treize escales. Le port
de Brest sera le seul à l'accueillir sur la
côte Atlantique européenne. A son
bord, un équipage de 190 marins, dont
105 sont étudiants à l'Académie navale
ou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu".
Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée transatlantique. A l'époque du rapprochement
entre
Washington
et
Ceausescu, le voilier avait en effet
été invité aux cérémonies célébrant
le bi-centenaire de l'indépendance
des USA, participant à la parade du 4
juillet dans le port de New York.
voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplit
de nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant
la Première Guerre mondiale, et incorporé à un convoi de bateaux remorqués, assurant le transport de provisions et de matériel pour le front. La
Seconde Guerre mondiale lui fut fatale
: métamorphosé en infirmerie flottante,
il fut victime du bombardement du
port de Galati et, transformé en torche,
brûla complètement, le 16 avril 1944.
Il avait soixante deux ans.
Son frère cadet avait vu le jour, six
ans auparavant, dans le chantier naval
"Blohm und Voss" de Hambourg.
Après un voyage inaugural de 50 jours,
le conflit mondial le surprit à l'été
1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuer
une visite à Toulon, Alger, Gibraltar,
Palerme et Alexandrie. Confisqué par
les Soviétiques et remorqué jusqu'à
Odessa, il fut restitué en 1946.
Sauvé de la tourmente
par un remorqueur français
En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer et
rénover à Hambourg. Pris en charge
par deux remorqueurs, le convoi fut
pris dans une terrible tempête dans
le Golfe de Gascogne, affrontant des
vents de 165 km/h. Les amarres du
voilier furent rompues et, ingouvernable, il fut pris dans la tourmente.
La tentative de l'équipage pour l'ancrer échoua, l'ancre cédant. Cinq
Frère aîné transformé
voies d'eau s'ouvrirent.
en torche et frère cadet
Un cargo norvégien et un remorconfisqué par les Soviétiques
queur de la marine française volèrent en vain à son secours. Le lendeLe "Mircea" avait eu un frère
main, après neuf heures d'efforts, le
aîné, premier voilier école roumain,
remorqueur français "Rhinocéros 4"
portant le même nom, comme le veut
parvenait enfin à le prendre en charla tradition. Celui-ci était né en 1882
ge, envoyant une chaloupe de sauvedans les chantiers britanniques et faitage pour évacuer l'équipage. Celuisait partie d'une commande globale
ci refusa de quitter son bateau qui,
portant également sur la construction
finalement pût être remorqué jusqu'à
Brest où les premières réparations
de bateaux écoles à vapeur devant
furent effectuées pour lui permettre
accompagner la véritable émergence
de continuer son voyage vers
de la marine roumaine, le pays
l'Allemagne.
Dans l'adversité, le
n'ayant accédé à l'indépendance que
Le voilier-ècole Mircea dans son port
d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire.
"Mircea"
avait
ainsi montré, qu'avec
cinq ans plus tôt. Ce deux mâts, de
son
aîné,
il
avait
forgé
de
véritables
générations
de marins.
dimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
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Le 9 octobre
sera désormais
"Jour de l'Holocauste"
22
A la demande de Ion Iliescu, le
gouvernement roumain a décidé que
le 9 octobre deviendrait désormais
"Jour de l'Holocauste", décision qui a
surpris la communauté juive vivant
encore en Roumanie, tout en la
satisfaisant.
Le Président a ainsi voulu effacer
le mauvais effet créé en Israël par
ses propos tenus à l'automne 2003,
dans lesquels il avait affirmé que
"l'Holocauste n'avait pas été un phénomène limité à la population juive
d'Europe… beaucoup d'autres personnes, dont des Polonais, étant
mortes de cette façon .
Cette déclaration avait été suivie
d'un communiqué du gouvernement
roumain indiquant que "l'Holocauste
n'avait pas existé en Roumanie", ce
qui n’avait fait que rajouter de l’huile
sur le feu.
Pour atténuer la vague de protestations suscitée par ces dires, Ion
Iliescu avait invité les experts du
monde entier à former une commission afin d'établir la vérité à ce sujet,
laquelle n'a rendu encore aucune
conclusion.
Centre de rééducation
pour mineurs
Afin de les séparer des adultes
avec lesquels ils croupissaient en prison, l'Etat a fait bâtir un centre de
rééducation pour mineurs a Buzias
(Timisoara), qui est désormais le
plus moderne du pays. D'une capacité de 120 places, il comprend également une école générale. Sa
construction a coûté 2 M€ (13 MF).
Dix huit morts
à la suite de l'explosion
d'un camion près de Buzau
A
près avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a explosé
à l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18
morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue
en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest,
en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunes
dont souffre le pays aussi bien dans le domaine du
transport des matières dangereuses, dont la réglementation est floue, que dans celui des mesures de
sécurité à prendre en cas d'urgence.
Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequel
n'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et de
nombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, ce
qui a entraîné la mort de 8 personnes et plusieurs
blessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures de
précaution nécessaires et ont payé un lourd tribu
avec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévision
ont également été tués. Une enquête a été déclenchée, mais semble déjà s'enliser. Le Président
Iliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelques
jours après la catastrophe : le fautif était le chauffeur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une intervention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion.
Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste
(Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur la
chaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours.
U
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Un réseau de chaussées
empierrées se met en place
ce des frontières roumaines a organisé 53
actions d'infiltration parmi les passagers
des transports en commun se rendant
dans l'Espace Schengen, cette opération
conduisant au retrait de leur licence à 135
firmes de transport et de tourisme et à l'établissement de 1750 contraventions.
L'adhésion de nouveaux membres à
l'UE a obligé la Roumanie à passer des
accords bi-latéraux avec ses voisins qui
n'ont pas la perspective d'y entrer, rétablissant le régime des visas (Ukraine,
Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine,
Russie, Belarus …). Actuellement, les
seuls pays ne demandant pas de visa d'entrée aux Roumains, outre les pays de l'UE
(moins la Grande-Bretagne et l'Irlande
qui en exigent toujours un), sont les suivants : Albanie, Corée du Sud, Costa
Rica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc,
Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse,
Tunisie, Venezuela, soit au total 28 pays
dans le monde.
"C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place"
Parallèlement, d'autres routes
voient le jour, destinées justement à
relier les villages isolés à l'axe
Tulcea-Sulina. Ainsi la village de
pêcheurs de Caraiaman sera définitivement réuni à Crisan cet automne
par une voie de 12 km. Puis, par un
chemin de 6 km menant au canal de
Sulina, viendra le tour du village de
Lipovènes, Mila 23. Un bac permettra de rejoindre la "grande route",
emprunté par les charettes, voitures
et camions (Notre photo)
Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Il
s'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne permettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêche
qu'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mauvaises routes de la Roumanie profonde.
Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creuser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pour
traverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour et
on envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour les
endroits trop difficiles.
Les maires, les élus, les parlementaires et l'administration se
montrent très favorables à ce
désenclavement du Delta, y voyant
aussi une chance pour le développement du tourisme. "C'est grand
le Delta, les oiseaux ont de la
place" répondent-ils quand on leur
parle de l'environnement.
"On est isolé complètement,
surtout l'hiver, quand les blocs de
glace empêchent la navigation sur
le canal" plaide le maire de Crisan,
ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller à
Tulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport au
bateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sans
compter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beaucoup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heure
pour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'hélicoptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas trop
l'apparition des voitures: "La route passera cent mètres derrière le village et les touristes se gareront dans un parking à
son entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circulation, les gabarits des véhicules seront réglementés".
Un projet de canal navigable ukrainien
suscite aussi de vives inquiétudes
500 000 Roumains retenus à leurs
frontières au cours du premier trimestre
n peu plus de 500 000
Roumains ont été refoulés à
leurs frontières au cours du
premier trimestre parce qu'ils ne respectaient pas les conditions pour se rendre à
l'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'assurance médicale, 24 000 n'avaient pas de
titre de transport aller-retour, 30000 n'ont
pu présenter la carte verte de leur véhicule et 345 000 la somme d'argent nécessaire à leur séjour (au minimum 500 €).
Pendant cette période, 5 millions de
personnes ont franchi les frontières roumaines, dont 3 millions de Roumains, 2
millions d'étrangers et 1 400 000 véhicules ; les sorties des citoyens roumains
étaient plus importantes de 50 % par rapport à leur retour. 1880 Roumains partis
légalement mais n'ayant pu justifier leur
séjour dans les pays de l'Espace
Schengen ont été renvoyés chez eux, et
7300 depuis d'autres pays (GrandeBretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli-
Société
L
e projet de l'Ukraine de rendre
navigable le canal Bâstroe,
dans la partie du Delta lui
appartenant, suscite de vives inquiétudes,
aussi bien au niveau des organisations
écologistes comme le WWF ou Birdlife
International, que de la part de
l'UNESCO, l'Union Européenne et les
USA, lesquels ont demandé à faire partie
d'une commission d'experts afin d'évaluer
les risques que cette initiative fait peser
sur les rives mêmes du Delta.
Mais les plus soucieux sont les
Roumains qui n'ont jamais été informés
du contenu du projet, apprenant son existence l'année passée, malgré les accords
de voisinage et internationaux qui lient les deux
pays et leur font obligation d'agir en concertation
pour maintenir la qualité
de l'environnement dans
cette région.
Or le projet, qui n'est
pas encore commencé,
paraît mené dans la plus
grande opacité. Aucune
étude d'impact n'aurait été
réalisée. On ne sait pas quelle sera la profondeur du canal, ni sa largeur, ni sa longueur. La Roumanie redoute les conséquences que le nouvel ouvrage pourrait
avoir sur le bras voisin de Chilia Veche,
entraînant une modification du régime
des eaux, mais aussi sur tout le Delta.
Kiev veut mettre fin
au monopole roumain
entre Danube et Mer Noire
Les Ukrainiens se défendent en
avançant que leur décision est conforme à
la législation de leur pays et qu'il ne s'agit
pas de la création d'un nouveau canal,
mais seulement de la modernisation de
l'ensemble de ses infrastructures. Pour
justifier cette opération, Kiev fait remarquer que la Roumanie dispose d'un véritable monopole sur le trafic fluvial entre
le Danube et la Mer Noire, indiquant que
le transit des bateaux ukrainiens empruntant le canal de Sulina, ces cinq dernières
années, lui a coûté 600 M€ (près de 4
milliards de F).
Les organisations de défense de l'environnement manifestent une opposition
résolue au projet, soulignant, en outre,
que "pour faire venir les bateaux de fort
tonnage, l'Ukraine sera obligée de draguer en permanence ce canal afin de lui
maintenir artificiellement une profondeur
suffisante. Les sédiments et les alluvions
ainsi recueillis seront alors rejetés en
Mer Noire, causant des dégâts irréparables dans la faune et parmi les poissons. D'autre part, les rives vont être renforcées par du béton, détruisant les
espaces de migration de nombreuses
espèces d'oiseau… sans parler des pollutions induites par le passage des bateaux,
le rejet de carburant, qui affecteront la
qualité des eaux".
22
31
Société
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
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Pelouse d'importation
pour le Stade national
32
Sélectionneur,
général et politicien
Sports
SUCEAVA
BISTRITA
La pelouse du Stade National de
Bucarest, où l'équipe de Roumanie
dispute ses matchs, est une véritable
catastrophe. Lors de la rencontre
contre le Danemark, remportée 5 à 2
par celui-ci, les deux équipes avaient
évolué sur une surface faite de
mottes de terre agglutinées au sable,
où l'herbe poussait en touffes.
Les spécialistes avaient avancé
cette raison pour expliquer la sévère
correction reçue par les Roumains,
dont le fonds de jeu technique pâtissait de l'état du terrain. Ils avaient par
ailleurs relevé que les défaites de l'équipe nationale à domicile contre
l'Italie (0-2), la Norvège (0-1), la
contre-performance devant la
Slovénie (1-1) qui lui avaient coûté sa
qualification pour la Coupe du Monde
2002 et l'Euro 2004, avaient été enregistrées par mauvais temps, sur une
pelouse fortement abîmée.
Malgré des mesures provisoires,
rien n'avait été sérieusement tenté
pour y remédier, le désastreux
Roumanie-Danemark, conduisant les
autorités à réagir. La phase éliminatoire du Mondial 2006 se profilant, la
décision de planter une nouvelle
pelouse, impliquant l'installation d'un
système de drainage efficace ayant
traîné, il a fallu abandonner cette
solution qui aurait été moins coûteuse, car elle ne permettra pas au terrain d'être opérationnel pour le 26
mars 2005, jour où les Roumains doivent accueillir les Hollandais. Ceux-ci
ont refusé de déplacer le match à
l'automne. Il a donc été décidé de
faire venir de la pelouse en bandes
de l'étranger qui devrait être installée
quelques semaines avant la rencontre. Le coût estimé de l'opération
est de 1,5 M€ (10 MF).
S
électionneur de l'équipe nationale de football,
Anghel Iordanescu a illustré les liens qui existent entre le monde des affaires, de la politique
et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti Social
Démocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille des
élections locales auxquelles il était également candidat
comme conseiller départemental. C'est son ami, le
ministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissant
aussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gou
Anghel Iordanescu. vernemental dans ce judet, d'ici peu.
Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée,
remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colonel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélectionneur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescu
l'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a été
le témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Les
deux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immobilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale.
L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenue
une semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe allemande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites de
son histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro
84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pression
du Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse.
Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport.
Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue professionnelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général de
Bucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim
Tudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Parti
de la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader du
Parti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alors
que Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de Force
Démocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce au
football que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suite
au PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains,
après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de la
capitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD.
L
Eliminatoires du Mondial 2006:
la Roumanie commence par la Finlande
a Roumanie connaît le calendrier des matchs qu'elle doit
disputer au titre de la phase
qualificative pour la coupe du monde qui
se déroulera en juin 2006 en Allemagne.
Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge"
sont tombés dans un groupe de sept
équipes, particulièrement difficile, dont
les deux favoris sont les Pays-Bas et la
République tchèque. Seul le premier est
qualifié automatiquement, ainsi que les
deux meilleurs deuxièmes des huit
groupes européens, les six autres dispu-
tant entre eux un match de barrage.
18 août 2004: Roumanie-Finlande
4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine
8 sept. 2004: Andorre-Roumanie
9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie
17 nov. 2004: Arménie-Roumanie
26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas
30 mars 2005: Macédoine-Roumanie
4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie
8 juin 2005: Roumanie-Arménie
17 août 2005 : Roumanie-Andorre
3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque
8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un millier de Roumains reprennent
en chœur la Marseillaise à l'Athénée
pour le premier 14 juillet libre
Evénements
A
ncien
ministre
éphémère, lors des
illusions de la
période suivant la "Révolution
de décembre 1989", Nicolae
Dragulanescu, 54 ans, francophile envers et contre tout,
évoque avec émotion son preNicolae Dragulanescu, mier 14 juillet libre, en 1990.
témoin de 14 juillet marquants. "C'était le bonheur ; c'était
presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plus
d'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse de
Roumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucoup
pleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur.
C'est comme si on avait chanté notre hymne".
Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin
Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avait
bien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'y
rendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invitation, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nous
posait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Je
crois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en
1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous,
nous étions plongés dans notre nuit sans fin".
Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de
A
plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : Nicolae
Dragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue de
France montrant les festivités du bi-centenaire de la
Révolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur les
Champs Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait partager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, ce
qui le laisse encore inconsolable aujourd'hui.
Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à son
public clandestin une autre cassette d'un spectacle de Thierry
Le Luron. "Les réactions étaient étonnantes. Les gens ne
comprenaient pas
qu'on puisse se
moquer aussi férocement de ses dirigeants.
Certains
m'ont même suspecté
d'être un provocateur de la Securitate,
visant à les piéger.
Le 14 juillet 1990, l’Athénée
a vibré au son de la Marseillaise.
Puis, ils ont réfléchi
et m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le serait
pas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demande
si le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alors
que la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signe
avant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ?
Adriana : "un côté trop élitiste"
driana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein même
de sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans son
pays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les
véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de la
Grande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour de
l'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurrence sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la population
est appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtrage. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoque
des déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent marginalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4
juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un
magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille".
"C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exceptionnelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. On
peut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le
11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ils
veulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bien
qu'ils ont un comportement indiscipliné".
L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirment
des Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau,
ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
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TURNU
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CONSTANTA
Alba Iulia: appel
à Brigitte Bardot
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20
Une association de propriétaires
d'un immeuble d'Alba Iulia a décidé
d'interdire l'accès de l'ascenseur aux
animaux, afin de conserver sa propreté… soulevant la colère d'un
quart de ses occupants qui possèdent soit un chat, soit un chien et
crient à une atteinte aux droits des
animaux. Ne sachant plus à qui
s'adresser pour obtenir l'annulation
de cette décision, les protestataires
ont décidé d'écrire à Brigitte Bardot
pour obtenir son soutien et lui ont
demandé de venir sur place défendre
leur cause.
Festival pour
homosexuels
à Bucarest
Se proposant de mieux faire
accepter les "gays" et les lesbiennes
dans un pays qui a dépénalisé l'homosexualité voici moins de trois ans,
le "Festival des diversités" s'est tenu
à Bucarest du 3 au 9 mai. Projection
de films, exposition d'affiches, de
photos, présentation de livres,
débats, se sont succédés au cours
de cette première qui avait reçu l'appui de plusieurs associations roumaines, ACCEPT, Centre de
Ressource Juridique, Fondation pour
une société ouverte, ainsi que des
organisations américaines Freedom
House, Civic Education Project.
Cette initiative bénéficiait également
de l'aide des Centres culturels
français, polonais, allemand (Institut
Goethe), anglais, espagnol (Institut
Cervantes), et de l'ambassade de
Suède.
L’ambassade de France,
meilleure table de Bucarest
F
rançoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'ambassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celleci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné
son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancellerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique.
Bien sûr, le 14 juillet elle ne
doit pas se manquer. La consigne
coule de source : puisque c'est le
jour de la France… on se doit de
manger et boire français. C'est
d'ailleurs l'habitude dans ces lieux.
Charcuterie, foie gras, fromages,
vins et Champagne viendront donc
de l'Hexagone, par avion, plusieurs semaines à l'avance, et
seront conservés au froid ou en
cave. Seuls les fleurs et les fruits
seront achetés sur place.
La réception du soir, très courue, se prépare
Les quantités à gérer sont très dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs.
importantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jusqu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réception
du soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les premiers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; les
seconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne.
Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq personnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui seront
congelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter sur
l'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre,
maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pour
assurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing demande des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, Françoise
Bellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure table
de Bucarest".
"Bien sûr, on a pris tous vos défauts"
M
irela,
professeur
de
français, écrivain, ne
manque pas un 14 juillet
qu'elle commente avec un brin d'amusement et d'étonnement : "Ce n'est pas facile de se faire inviter. Certains se font pistonner, d'autres récupèrent les cartons de
relations qui ne peuvent venir ce jour là.
Je crois qu'il y a même des faux qui sont
imprimés. Il y a du monde, on est trop
serré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, on
a pris tous vos défauts : les Roumains se
précipitent sur le camembert, la baguette, le saucisson, le Beaujolais, les yaourts
Danone. Ils apprécient qu'on puisse boire
et manger à volonté tout au long de la
nuit, tout en discutant, ce qui n'est pas
une habitude de chez nous.
Cette abondance n'a pas toujours été
le cas. Avant l'arrivé du précédent
ambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassade
de France avait la réputation d'être
pingre. C'était mauvais pour son image,
car bien sûr on comparait toutes les
réceptions des ambassades et çà la
fichait mal pour le pays du bien-vivre".
"Heureusement" note l'écrivain, "les
officiels ne nous embêtent pas trop avec
leurs discours. On est là pour une fête
après tout ? Roumains et Français s'y
côtoyaient sans trop se mélanger, mais
depuis l'instauration d'un bal populaire
et d'un concours de danse, ils se rapprochent. Je constate aussi que les
Roumaines font beaucoup plus d'effort,
côté élégance, que les Françaises".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sports
Société
Doublé coupe-championnat pour le Dinamo
L
e Dinamo Bucarest,
ancienne équipe de la
Police, a réalisé le
doublé cette saison, terminant à la
première place du Championnat
de Division A, décrochant son
17ème titre, devançant son éternel
rival, le Steaua (ex équipe de
l'Armée), et remportant la finale
de la coupe de Roumanie face à
Otelul Galati (Acier Galati), par 2
buts à 0. Les “Câinii rossi” ("Les
Chiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans la
Ligue des Champions, mais devront disputer les deux tours
préliminaires avant d'envisager de participer aux poules de
qualification.
Le Steaua participera au dernier des deux tours éliminatoires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'Otelul
Galati, également qualifié, devra les franchir tous les deux.
Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul Piatra
Neamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs de
Division B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, Poli
Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti.
L
a joie était immense parmi les
1500 supporters du CFR Cluj,
à l'issue du dernier match de la
saison de Division B de Football: en s'imposant 3-0 face au Cetate Deva, leur équipe assurait son retour parmi l'élite pour la
prochaine saison, après 28 ans de purgatoire. La performance relève du miracle,
car pour s'assurer la remontée en Division
A, le club du quartier Grivita de la capitale transylvaine devait aussi compter sur
un improbable faux-pas du leader Jiul
Petrosani face à Gaz Metan Medias. Or,
sur son terrain, l'équipe de la vallée des
mineurs n'a pu accrocher la victoire
nécessaire, concédant le nul. Il s'agissait
L
Classement final de la
Division A: 1er Dinamo Bucarest,
70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64
pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts,
4ème, Universitatea Craiova, 44
pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (en
gras, les équipes qualifiées en
coupe d'Europe), 6ème Apulum
Unirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FC
National 2000 Bucarest, 39 pts,
8ème Poli AEK Timisoara, 9ème
Farul Constantsa, 37 pts, 10ème
FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12ème
Gloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts),
14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème Petrolul
Ploiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernières
équipes descendent en Division B et sont remplacées pour la
prochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul
Studentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes en
championnat de Division A, en 2004-2005).
A noter que le Dinamo a également remporté la finale du
championnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori,
par 32 points à 21.
Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Cluj
retrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire
là d'une sorte de réminiscence de justice :
c'est justement à cause de Medias que,
l'année précédente, le CFR Cluj avait raté
son accession ! Les dirigeants clujois s'attendaient si peu à ce scénario… qu'ils
n'avaient pas prévu les traditionnelles
bouteilles de champagne roumain, les
joueurs devant se contenter de bière.
Le CFR Cluj est le plus vieux club
roumain. Il a été fondé en 1907 par des
employés des chemins de fer de la région
et est dirigé par deux fortes personnalités.
Son président, Arpad Paszkani, est la
seule personne à avoir été exclue à vie
par la Fédération de Football Roumain,
pour avoir déclaré que "les arbitres
étaient des voleurs". La Cour d'Appel
avait annulé cette décision. L'ensemble
des arbitres de Division B l'avaient
cependant traîné en justice… mais
avaient retiré leurs plaintes par la suite.
L'entraîneur, Aurel Sunda a pour particularité d'avoir fait monter ces trois dernières années en Division A les trois
équipes différentes qu'il a dirigées (UM
Timisoara, Apulum Alba Iulia et CFR
Cluj). Il affirme sans ambages son credo:
"Moi, je bâtis une équipe, pendant que les
autres se construisent des villas". Il faut
noter que, jusqu'à ce dernier succès, le
CFR opérait dans la même division que
son grand rival local, Universitatea Cluj.
Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre
a Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopage
dans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu des
championnats du monde d'athlétisme de Budapest
pour ce motif, deux semaines après que son compatriote Sergiu
Ursu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumains
ont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests de
tous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révélés
positifs.
Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont
pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produits
dopants de dernière génération, qui restent longtemps indétectables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, le
président de la Commission Nationale Antidoping, Ioan
Dragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière,
dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, il
espère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membres
de la délégation olympique seront contrôlés avant le début des
J.O. d'Athènes.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
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Six heures de sport
seulement par mois
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Manque de sensibilisation, de
moyens et facilités, pauvreté… mais
aussi paresse, sont les raisons évoquées pour expliquer le manque
d'enthousiasme des Roumains à pratiquer un
sport,
ceux-ci
préférant
très nettement passer leur
temps
libre
devant un
poste de
télévision.
Pour se
maintenir
en forme,
un Roumain ne fait que six heures
d'exercice physique par mois, alors
que cette moyenne est de 36 heures
dans l'Union Européenne. Les
Français sont les plus acharnés avec
une moyenne mensuelle de 45
heures, devançant les Anglais, 43
heures, les Belges (40), les Irlandais
(39), les Danois (37), les Suédois
(35), les Italiens et les Espagnols
(30). Avec moins de 27 heures, les
Grecs et les Luxembourgeois ferment la marche.
Conséquence évoquée par
l'Association Roumaine
d'Endocrinologie: un quart des
Roumains sont obèses, ce qui leur
donne le 3ème rang sur le continent,
après l'ex Yougoslavie et la Grèce,
un classement qui a fait réagir
l'Organisation Mondiale de la Santé,
laquelle a indiqué que l'impact de
l'obésité sur la santé des Roumains
dépassera bientôt celui du tabac.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
A quelques semaines des
J.O. d'Athènes, les Roumains
ont réaffirmé leur suprématie européenne
Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités
Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeur
aura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voitures
le Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gouvernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également multiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières à
la France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après une
journée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pour
tout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeil
récupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendre
ses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Le
président Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France)
Gymnastique:
hommes et femmes… une équipe en or
D
epuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes roumaines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine.
Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant
de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la petite prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci.
C'était oublier que l'école roumaine de gymnastique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassablement ces générations d'athlètes de premier rang.
Ses rivales, notamment les Russes s'en sont rendu
compte lors des récents championnats d'Europe,
tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement la
Roumanie a confirmé sa première place mondiale au
niveau des filles, mais elle a également et outrageusement dominé la compétition masculine - une première- faisant d'elle la plus grande nation de gymnastes de la planète, aucun continent n'étant en
mesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine.
Marian Dragulescu, Catalina Ponor
et Dana Sofronie, nouveaux prodiges
Marian Dragulescu,
un gymnaste en or.
Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plus
grand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gymnaste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 km
de Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et ne
ratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de remporter la compétition par équipes.
Un mois plus tard, à Amsterdam, les
Roumaines relevaient le défi des hommes,
glanant douze médailles européennes entre
compétitions senior et junior, dont quatre
titres et celui par équipes, le plus recherché.
Les spectateurs ont ainsi découvert le
visage et le talent des jeunes filles qui figureront parmi les grandes favorites à Athènes.
Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia,
Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor
(trois titres), ainsi que de la nouvelle étoile
Dana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué de
justesse dans la quête de la médaille d'or de
la compétition toutes catégories, qu'elle a
dominée jusqu'à l'avant-dernière épreuve
finalement
s'incliner
devant
Catalina Ponor est l’un des grands espoirs pour
de la Roumanie pour les J.O. d’Athènes.
l'Ukrainienne Alina Kozici.
Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire des
prodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit son
équipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agées
aujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: Steliana
Nistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, Rodica
Marinescu et Oana Zbenghea.
Société
L
Un rendez-vous tellement prisé par certains…
qu'ils en fabriquent des fausses invitations
'organisation du 14 juillet est tellement lourde, que
l'événement se prépare dès le début de l'année. Une
équipe se forme, travaille avec la chambre de commerce franco-roumaine, les entreprises françaises implantées
dans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale,
Vivendi, etc. Cette coopération permet de faire
sponsoriser les trois
quarts des 40 000 € (260
000 F) que coûte la
journée et notamment la
soirée du bal populaire, le
reste étant à la charge de
l'ambassade.
On réfléchit aux initiatives à prendre. Ainsi,
un prix du 14 juillet a été
créé en 2003, attribué à
l'association "Valentina"
pour son action en faveur
de la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes français
et roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'une
école militaire roumaine, remplaçant les enregistrements qui
officiaient jusqu'ici.
Un des moments les plus délicats consiste à dresser la liste
des invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir de
place pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents
départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars,
l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant en
dernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou de
provoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une partie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux relations entre les deux pays
se montreront vexés de ne
plus recevoir leur carton.
Certains, soit recalés ou
bien oubliés, insisteront.
Début juillet, alors que
les invitations sont déjà
parties, et ce jusqu'au dernier jour, des demandes
touchantes ou dithyrambiques, vantant par
exemple l'amour porté à
la Marseillaise, parviennent à l'ambassade.
Car ce rendez-vous
est très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoir
y assister. De fausses invitations circulent même, ce qui a
conduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de personnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des réceptions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler les
fraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès !
(Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
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Le 14 juillet, la France
à Bucarest, c'est son ambassade
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Sibiu capitale
européenne en 2007
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Pour beaucoup de Roumains, ce jour
est un peu une seconde fête nationale
Le jury de la Commission
Européenne de Bruxelles a décidé de
choisir Sibiu et Luxembourg comme
capitales de la culture européenne en
2007, suivant le principe qui l'amène
à désigner deux villes différentes du
Vieux Continent chaque année, le
plus souvent une de l'Ouest et une de
l'Est. Les autorités roumaines avaient
découvert le projet de Luxembourg de
poser sa candidature, lors d'une visite
dans le Grand Duché en 2002, et
avaient proposé d'y adjoindre Sibiu.
Le dossier de cette cité a été jugé
sérieux par le jury qui l'a retenu à
l'unanimité, demandant toutefois à ce
que soient précisés certains aspects
du programme de manifestations et
expositions prévues, afin de l'examiner lors de sa prochaine réunion, en
février 2005.
Sibiu est considérée comme la ville
roumaine ayant le plus grand héritage
architectural du pays. La vieille ville
s'étend sur 100 hectares, compte
20 000 habitants et 1200 bâtiments
historiques, dont beaucoup sont dans
un état avancé de dégradation. Un
programme de réhabilitation germano-roumain a été mis en place pour
les restaurer, en 2000. Ville au
caractère allemand marqué, et dont
l'actuel maire est allemand, Sibiu
s'appelait aussi Hermannstadt, dans
cette langue.
Q
u'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeur
de France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14
juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par
la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et de
Matignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là,
pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritorialité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représentant, qui l'incarne.
La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encore
considéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pour
les valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entre
les deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se fera
un devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea
Geoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet.
L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier personne, il ne faut pas commettre d'impairs.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Insolite
D
ans sa ville de Prunisor (Mehedinti), Nicolae
Ceausescu est une petite vedette locale, tout
comme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les histoires ne manquent pas sur les deux homonymes du
"Conducator", des policiers se mettant au garde à vous en
découvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant,
tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand une
secrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae,
professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nommer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas de
combat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passait
immédiatement le recteur.
Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Parti
communiste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas y
entrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : ses
parents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime
Société
Nicolae Ceausescu…
interdit de Parti communiste
avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que son
homonyme a été un bon chef, mais mal conseillé.
Après la "Révolution", Nicu est devenu le président local
du "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliser
l'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par les
communistes, la Sécuritate et la nomenklatura.
Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques.
Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivait
mieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du travail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faim
et la misère".
Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoir
le moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetière
Ghencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque fois
qu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vin
devant la télé" se console-t-il.
Un coup de pied en
vache… salvateur
A
Trois réceptions au cours de la journée
Pour pouvoir
accueillir tout le
monde, la journée
est organisée en
trois parties. A
midi, ce sont les
autorités du pays et
le corps diplomatique qui sont reçus.
C'est le temps des
officialités, des discours. Sur le millier
d'invités, environ la
moitié se déplace.
Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font
Puis,
vers
18
la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception
réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage.
heures, c'est au tour
de la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille personnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cette
réception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils viennent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la tradition
républicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où que
ce soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande.
Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quand
tout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire des
sélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parc
Herestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifestation précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressent
autour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "se
sardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'ambassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciée
des Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir:
le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale.
Un drôle de
bateau, en
fac-similés
de vieux
numéros
du Monde...
planté là,
sur un quai
du port de
Constantsa.
Animaux de compagnie
U
ne habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vacciner
un chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle a
vu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle
d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois personnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans la
capitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette foisci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirper
une poche de pus.
800 000 Roumains portent un prénom de fleur
H
uit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent un
prénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux
(Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom
même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin,
Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose),
Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa,
Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita
(Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)…
près avoir reçu un coup de
pied d'une vache dans le
ventre, un enfant de 9 ans
du village de Calafinda a commencé à
se plaindre de douleurs atroces. Très
inquiets, ses parents l'ont conduit à
l'hôpital d'urgence de Suceava où, en
l'examinant, les médecins ont découvert que ses souffrances survenaient
en fait d'une péritonite avancée,
laquelle mettait en jeu son existence.
Opéré immédiatement, il s'est rétabli,
le chirurgien priant ses parents de ne
pas réprimander la vache qui, en
déclenchant des symptômes suffisamment tôt, lui avait certainement sauvé
la vie.
Six heures par jour
devant la télévision
B
ien que disposant de près
de trois fois moins de téléviseurs que la moyenne de
l'UE, les Roumains passent deux fois
plus de temps à regarder la télévision,
restant devant leurs postes six heures
par jour. On compte 230 postes de
télévision par mille habitants en
Roumanie, soit un pour cinq habitants, dont 35 % sont encore en noir et
blanc, contre 600 dans l'Union
Européenne, un pour moins de deux
habitants.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Littérature
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La vénération
des femmes et de la nature
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“Viata romaneasca”
(La Vie roumaine), la
revue du poporanisme
fondée par Ibraileanu
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“Adèle”, le roman d'un amour impossible
de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu
Garabet Ibraileanu dirigea la revue
Viata romaneasca (La Vie roumaine)
de 1906 à 1916 puis, après sa reparution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'entoura d'un groupe de collaborateurs
dont le plus célèbre fut Mihail
Sadoveanu (1880-1961). La revue,
après 1933, fut dirigée par Mihai
Ralea puis par Georges Calinescu.
Avec ses collaborateurs, Ibraileanu
passait des soirées entières à lire et
à discuter de littérature. Sur l'orientation de la revue elle-même, la traductrice Georgeta Horodinca écrit ceci :
"Socialiste dans sa jeunesse
comme toute la fine fleur de l'intelligentsia moldave (Iasi est le berceau
du socialisme roumain), il avait abandonné la doctrine de la révolution
prolétarienne sous l'influence de
Constantin Stere - ancien narodnic
(de narod : peuple, en russe), arrivé
clandestinement à Iasi après un
stage en Sibérie - et tourné ses
regards vers la paysannerie, qui formait la majorité de la population et
qui vivait encore sous un régime
semi-féodal. Le courant poporaniste
(d'après le mot popor: peuple, en roumain) était né.”
Depuis 1899, Ibraileanu, avec
Stere, militait à l'aile gauche du parti
libéral pour la réforme agraire et le
suffrage universel. En fondant en
1906 la revue Viata romaneasca, il
entendait donner au poporanisme
son expression littéraire, opposée
aux images folkloriques en cours
dans la revue rivale “Semanatorul“
(Le Semeur), dirigée par le grand historien Nicolae Iorga.
C
e n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu décide de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champ
de la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas
moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un homme
très apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dans
ce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeune
Adèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement une
magnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt.
Le premier des Moldaves
Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le département de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu restera, sa vie durant, attaché à sa région natale. Même
Bucarest ne parviendra pas à le séduire plus que la
Moldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en
1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'y
recevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujet
qu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plus
ancien des Moldaves puisque sa famille, de souche
arménienne, était installée là avant même la création
de la Principauté de Moldavie.
Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où il
était professeur à l'université. Mais c'est la région
voisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle.
Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses de
préférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "non
sans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruit
possible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui permettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collaborateurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait les
sentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la région
afin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien.
Une stimulation réciproque entre
l'amour de la femme et l'amour de la nature
Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psychologique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amoureux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour de
la femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragénaire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre naturel dans lequel cette affection se déploie :
"Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'anciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, proportionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) il
était impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon de
route. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas de
force majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nous
embarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus en
plus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecter
les lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvreté
et la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser des
affaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des terrains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant sur
une explosion ultérieure de leurs prix.
Une même mentalité, un peu "mafioso",
se retrouve chez les Russes auxquels il arrive,
en plus, de ne pas payer les salaires pendant
des mois d'affilée, comme cela se fait chez
eux. On a aussi parfois des problèmes avec les
Américains, comme la firme Solectron qui
fabrique des composants électroniques à
Timisoara et emploie 1400 personnes.
D'une manière générale, on peut dire que
lorsqu'on a à faire à la grosse industrie, des
entreprises importantes, les rapports patrons-employés sont
clairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose le
plus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, le
cuir (confection et chaussure)”.
Avec le système lohn,
l'esclavagisme moderne a fait son apparition
H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe ,
avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans les
grandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxe
parisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays encore plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn?
B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique qui
fractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où il
revient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à sa
transformation, et permet d’empocher ainsi un maximum de
bénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffre
puisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara),
se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sont
moins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions de
crise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40
%. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Les
ouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douze
heures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, travailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu par
le Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils protestent, c'est la porte immédiatement.
Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justification à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention collective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leur
seul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.”
H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagisme
moderne ?
B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratiquement rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'outillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail :
les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Par
contre, ils ont augmenté les normes de production… qui
dépassent maintenant celles des machines, car elles sont plus
grandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent
Actualité
impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire
"Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée sur
le salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pour
l'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures de
plus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et
le reste"… histoire de faire comprendre qu'il
n'est pas question d'heures supplémentaires.
Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays,
quelle que soit la notoriété de la firme.
Il s'agit de comportements autoritaires, de
mépris vis-à-vis des employés qui n'ont pas
leur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire :
on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ont
pas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verser
des indemnités de grossesse avec leur mariage,
des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de
leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais les
plus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangers
délèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afin
de se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que les
dirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiers
de dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie sur
l'entente et la corruption avec les administrations locales”.
Tester la réaction syndicale
H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ?
B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entreprises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndiqués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syndiquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et les
grandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialogue
social, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien.
Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussions
sont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont par
contre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadre
et les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont été
créés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine,
afin de désamorcer les conflits.
Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relations
de solidarité que nous avons nouées avec la Confédération
Syndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire des
observateurs syndicaux roumains dans des comités transnationaux de certaines branches (ciment, construction, services
comme Accor).
Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entreprises
européennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile de
discuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dans
un environnement prenant en compte les questions sociales,
qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture du
dialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souvent
devant la Justice.
Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné un
procès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syndiqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasse
appel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a surpris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester la
réaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”.
17
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
BOTOSANI
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BAIA MARE
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ORADEA
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ARAD
HUNEDOARA
TIMISOARA
TARGU
MURES
IASI
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CLUJ
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SIBIU
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BACAU
GALATI
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BRASOV
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BRAILA
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CRAIOVA
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Investisseurs étrangers:
le hit-parade des relations sociales
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SUCEAVA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Des Français
réputés “radins”
16
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Les Allemands viennent pour durer,
les Italiens pour empocher le "Jackpot"
H.G. : Les entrepreneurs
français se singularisent-ils ?
B.H. : “Ils sont assez nombreux,
rien que sur Bucarest avec 80 entreprises et des groupes importants
comme ACCOR qui a deux hôtels
dans la capitale (Sofitel et Ibis), plus
la Sodhexo et les chèques restaurants. Au hit-parade du bon comportement, je les mettrais en troisième
position. Mais il existe des différences entre les secteurs. Les
grosses entreprises de la production
sont attentives au cadre social.
Les services (hôtellerie, grande
distribution), en général, se comportent maintenant relativement mieux.
Mais c'est dans le sens d'une amélioration des conditions de travail
pour augmenter leur rentabilité (formation, techniques) et ces entreprises se montrent toujours fermées
au dialogue social. A Carrefour, on a
attendu qu'une quinzaine d'employés
découvrent leur intention de se syndiquer pour les mettre à la porte.
On justifie par le niveau du salaire
plus important que la moyenne, le
fait de ne pas respecter les normes
de travail, contrairement aux
Allemands. Les Français ont la réputation de ne pas payer les heures
supplémentaires, de faire travailler le
dimanche ou à des horaires tardifs
sans compensation salariale. Il existe un mécontentement à leur égard.
L'enthousiasme et la motivation pour
travailler dans certaines firmes
françaises à baisser. Les jeunes ont
le sentiment d'être exploités, de ne
pas être payés à la hauteur des
efforts fournis, comparent et vont voir
ailleurs. C’est nouveau chez nous”.
L
es investisseurs étrangers sont de plus en plus
nombreux en Roumanie,
certains caressant l'espoir que ce
pays se transforme en Eldorado,
d'autres y voyant un marché potentiel important dans cette région du
sud est de l'Europe. Mais qu'apportent-ils et comment se comportentils ? Henri Gillet a posé cette question à Bogdan Hossu (nos photos),
le principal leader syndical roumain, responsable de Cartel Alfa.
Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ?
Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le
moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres,
qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plus
intéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot".
H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économique
avec la venue des entreprises étrangères ?
B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant.
Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, les
cantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre où
l'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du travail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre la
pollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant les
acides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à maintenant.
Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaire
minimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de
120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F),
voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaise
du groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire".
Allemands et Autrichiens champions du bon
comportement, Italiens et Russes mauvais élèves
H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ?
B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très
différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, à
l'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sont
vraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme des
gens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je classerais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine des
relations sociales.
A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitude de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - qui
viennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capitaux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sans
reproche, dissimulant sous le voile transparent de la fiction
littéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non
moins réel ?". Il
est vrai que la
passion amoureuse que Garabet
Ibraileanu décrit
dans Adèle est
tout ce qu'il y a de
plus dévorant:
"Je lui parle
sans cesse de mon
amitié pour elle.
En réalité, je
mens, ou, plus
Dans
un
pli
montagneux
se
cache
le
monastère
d’Agapia,
exactement, je me
Un connaisseur
dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu.
fais des illusions.
des littératures française et russe
L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, or
ce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les insSans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant en
tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellement
cela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sorcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même,
tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus est
j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et
quant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique)
placé devant l'alternative: Adèle ivre de pasGeorgeta
Horodinca
sion dans les bras d'un autre, ou inanimée sur
présente le mérite
le catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorrerais
d'avoir proposé aux lecle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ".
teurs français un très
Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescu
beau roman. Sans que
n'a
plus
qu'à sombrer dans la neurasthénie
soient
véritablement
qu'Ibraileanu
lui-même connaissait bien et que
connues les raisons de sa
les
lieux
enchanteurs
de Neamt ne parviennent
réserve, Ibraileanu était
plus
à
conjurer:
plutôt réticent à publier
"A ce moment-là commença le passé.
ce texte portant aussi le
L'écho
d'une musique était d'ailleurs tout ce qui
sous-titre de Fragments
s'était
passé
dans les journées brûlantes de l'été
du journal d'Emile
La
forteresse
de
Neamtz,
qui,
lui
aussi,
s'en allait. La forteresse de
Codrescu (juillet-août
”molaire brisée de quelque monstre géant”.
Neamtz,
le
Varatec,
le Ceahlau, les promenades
189.). Il était pourtant
en
plein
soleil,
les
clairs
de
lune
m'apparaissaient
maintenant
déjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujets
comme
le
merveilleux
cortège
de
l'été,
conduit
par
Adèle, et
littéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908,
qui
avait
disparu
avec
elle
au-delà
de
l'horizon".
Création et analyse en 1926.
Bernard Camboulives
En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste intitulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écriGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile
Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991.
vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant,
Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages.
Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisait
16 euros.
pas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce,
Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sans
réussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi la
mienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais le
monastère de Varatec, égaré sous le soleil, le pli
montagneux où se cachait le monastère
d'Agapia, les montagnes aux formidables seins
de pierre, dont la dernière touchait l'horizon.
Devant nous la forteresse de Neamtz, molaire brisée de quelque monstre géant, brillait dans
le soleil de midi comme un ivoire et se faisait de
plus en plus grande à mesure que nous approchions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozana
montrait la courbe gracieuse de ses hanches de
femme endormie. Et, au fond, avec un aspect de
nuage, une énorme montagne obèse".
P
Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains
olitiquement, le poporanisme
prôné par Ibraileanu proposait
une doctrine de l'Etat démocratique paysan selon une voie non capitaliste, alors que Nicolae Iorga avait engagé
la critique de la société roumaine d’un
point de vue conservateur. Ibraileanu
imaginait une Roumanie démocratique,
avec un Parlement de petits producteurs
et une armée de paysans-soldats, à la
mode des Boers sud-africains; ces chefs
de famille permettraient à leurs cadets,
filles et garçons, d'étudier des matières
culturellement enrichissantes, à l'université ou dans des conservatoires, générant
ainsi une nouvelle élite intellectuelle
ayant acquis ses qualités en dehors de
toute préoccupations utilitaires. Les
poporanistes se considéraient comme les
successeurs des révolutionnaires de 1848.
Et ils refusaient d'inclure dans leur vision
idéale de la société les éléments non issus
des masses rurales.
Du point de vue littéraire, Ibraileanu
défendait le "spécifique national" dans la
tradition populisto-paysanne et prônait le
roman réaliste, traditionaliste, ouvert au
social. Il rejetait la poésie symboliste
qu'il jugeait non spécifique. Il sera toutefois l'un des premiers à accepter Proust…
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
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BRASOV
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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"La fille aux ibis" de Lax et Giroud
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SIMERIA
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CONSTANTA
BUCAREST
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A lire aussi
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Actualité
Les tickets restaurant
sont entrés dans les mœurs
Social
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SUCEAVA
TARGU
MURES
CLUJ
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ARAD
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BAIA MARE
Une merveilleuse bande dessinée
avec la "Révolution" en toile de fond
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
- Florin Turcanu, Mircea Eliade Le prisonnier de l'histoire, préface
de Jacques Julliard, La Découverte,
2003. Prix 33 euros. Première biographie intégrale d'un savant ancré
dans le siècle, personnalité bouillonnante et contradictoire. Biographie
écrite par un jeune historien roumain.
- Du Bois Pierre, Ceausescu au
pouvoir: enquête sur une ascension, Georg (Suisse), 2004, 17
euros.
- Roman Radu Anton, Savoureuse Roumanie, Noir sur Blanc,
2003, 25 euros. Où il est question
de cuisine roumaine et de recettes
gastronomiques.
- Gavin Bowd, Paul Morand et la
Roumanie, L'Harmattan, 2003. 13
euros.
-Gregor Von Rezzori, Les neiges
d'antan, Editions de l'Olivier, 2004.
La Bucovine vue par un natif de
Cernowitz (Cernauti).
-Petre Raileanu, Gherasim Luca,
Oxus, 2004. Biographie d'un grand
poète surréaliste en Roumanie puis
exilé à Paris
- Jean Nouzille, La Moldavie,
histoire tragique d’une nation
européenne, paru aux Editions
Bieler en collaboration avec le
Comité européen d’histoire et de
stratégie balkaniques, 27 rue Jean
Jaurès, 67 300 Schiltigheim auprès
duquel il faut commander l’ouvrage
(22 € + 4 € de port). Professeur à
Saint Cyr et à l’Université de
Strabourg, Jean Nouzille analyse la
situation actuelle de la Moldavie,
divisée ethniquement, tout en rappelant son histoire, à l’ombre de ses
voisins turcs et russes.
D
écembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop le
goût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de la
dictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir
du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sortie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elle
La fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue?
A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros et
des destins
poignants inspirés de la
réalité, nous
emmènent
dans l'univers
des dernières
années
du
régime communiste, ses
trahisons, ses
désespérances, ses
êtres abîmés,
victimes et
coupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la
"Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et ses
désillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "at-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu:
"Je voudrais tant le croire".
Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la
"Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ont
su croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalité
de la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur place
afin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C.
Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées.
Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, mais
aussi un document d'histoire.
La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F)
Cinéma
L
Catalin Mitulescu
distingué à Cannes
e cinéma roumain a obtenu sa Palme d'or
au dernier festival de Cannes, à savoir
celle du meilleur court-métrage, attribuée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pour
son film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans,
terminant ses études à l'Université d'art théâtral et
de cinéma, Catalin Mitulescu participait pour la
troisième fois à la manifestation et a réalisé des
films publicitaires ainsi que des vidéo-clips.
Un autre Roumain a été distingué, Corneliu
Porumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son courtmétrage "Voyage à la ville".
L
ancés en 1999, à l'initiative du syndicat
Cartel Alfa qui voulait apporter un supplément de
revenu aux travailleurs et s'assurer qu'ils mangent à leur faim, ce
qui n'était pas toujours le cas, les
tickets restaurants ont fait un
bond prodigieux depuis, passant
de 25 000 utilisateurs alors à plus
de 1,6 millions en 2003. La moitié des entreprises en ont émis
Les tickets restaurant l'an passé pour un montant estimé
sont utilisés pour les achats
des produits alimentaires. à 500 M€ (3,3 milliards de F).
Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produits
exclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoolisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 magasins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuellement représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié du
salaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que
L
Deux millions de Roumains sont établis à leur compte
'INS (Institut National de la
Statistique) relève que sur les
8,3 millions de Roumains
classés dans la catégorie de la population
active, pour une population globale de
21,7 millions d'habitants, 4,6 millions
sont des salariés, 2,1 millions travaillent à
leur compte, 1,4 millions sont des
femmes au foyer, 200 000 des patrons,
auxquels il faut rajouter 700 000 chômeurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000
personnes travaillent à l'étranger.
Le plus grand nombre de travailleurs
est enregistré dans l'agriculture et la sylviculture (2,3 millions, dont 50 000 ont
plus de 75 ans), puis viennent l'industrie
(2 millions), le commerce de gros et de
détail (900 000), la construction (530
Un jeune sur deux veut émigrer
P
perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc un
supplément de salaire appréciable qui a convaincu également
les entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôts
sur les bénéfices.
Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ont
même mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseur
peut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à travers
le pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, du
matériel informatique, des vêtements ou simplement des
fleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières,
comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ou
Noël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissance, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiver
et de fidéliser le personnel.
Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat également depuis trois ans pour faire accepter l'idée des ticketsvacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puissent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou se
déplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loi
qui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé.
lusieurs enquêtes d'opinions concordantes
illustrent le malaise, et même le mal-vivre,
de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur
deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % de
ceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire,
saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plus
que voici deux ans. Par contre le nombre de jeunes
désireux de poursuivre leurs études à l'étranger
(14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête des
destinations choisies, le rêve américain n'intéressant
que 7 % des candidats au départ.
Un autre sondage révèle que seulement 1 % des
jeunes estiment que le sérieux et les diplômes les
assurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pensent que la réussite ne dépend pas des études. 57 %
estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricher
avec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et
11 % seulement accordent une place au travail et au
mérite personnel.
000), le transport et les communications
(450 000), l'énergie (195 000), l'industrie
minière (165 000).
La Roumanie compte également 6,5
millions de retraités ou pensionnés, 3,4
millions d'élèves et 300 000 étudiants. La
proportion est d'un Roumain actif salarié
acquittant les cotisations sociales pour
cinq compatriotes non productifs.
Empire médiatique pour un syndicat
L
e paysage médiatique roumain est en plein bouleversement.
Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'est
un syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption.
L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regroupe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisions
locales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deux
radios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que du
groupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour").
T
Les charcutiers boudent l'Espagne
rès contentes du travail accomplis par les bouchers-charcutiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara),
des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir
chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposé
de 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculé
qu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entretien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit le
salaire qu'ils touchent actuellement.
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22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Le leu lourd lancé
le 1er juillet 2005
Economie
SUCEAVA
BAIA
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ORADEA
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ALBA IULIA
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HUNEDOARA
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SF. GHEORGHE
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BRASOV BUZAU
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R. VÂLCEA
z
CRAIOVA
z
PLOIESTI
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„
BUCAREST
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z
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TULCEA
CONSTANTA
z
Mise en service
de la première
éolienne roumaine
14
22
L
z
Installée fin novembre à Ploiesti,
au cœur de ce qui fût la plus riche
réserve pétrolifère du Vieux
Continent, la première centrale
éolienne de Roumanie fonctionne
depuis janvier et dessert en énergie
les sociétés du parc industriel de la
ville. D'une hauteur de 79 m,
équipée d' un ordinateur de bord,
elle est prévue pour fonctionner à
des vitesses de vent comprises
entre 1,8 m et 13 mètres/seconde et
sa capacité est de 660 MWh.
L'investissement a été de 680 000 €
(4,5 MF) et devrait être amorti en
trois ans.
Un second projet, d'une capacité
de 26,7 MWh est en cours pour
équiper le port de Constantsa, l'éolienne étant installée sur une digue.
Les pouvoirs publics estiment que le
littoral de la Mer Noire et sa plateforme continentale recèlent un
potentiel important pour la production d'énergie éolienne.
Au niveau du pays, ces ressources ont été estimées à une production annuelle de plus de 60TWh,
permettant l'installation d'une puissance de 28 000 MW. En outre, le
pays dispose déjà d'une expérience
dans le domaine et plusieurs
sociétés roumaines ont des références en matière de construction
de certains éléments d'éoliennes.
L'ambition du gouvernement roumain est d'arriver à ce que les énergies renouvelables représentent
environ 7 % de la consommation
nationale brute d'énergie électrique,
à l'horizon 2010.
e gouvernement a finalement arrêté la
date du 1er juillet pour le lancement du
leu lourd. Ce projet était dans l'air du
temps depuis près de trois ans, mais il a fallu
attendre que l'inflation se calme aux alentours de 10
% pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu perdra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000
anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu égalera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera la
réapparition des bani (un leu sera divisé en cent
bani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au
31 décembre 2006, les prix devant être obligatoireMugur Isarescu, Gouverneur de ment affichés dans les deux monnaies. Les anciens
la Banque Nationale Roumaine.
lei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009.
Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir dans
cette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition,
et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro.
Indigestion de taxes
L
'Union
Générale
des
Industries Roumaines a calculé que l'Etat "met la main
dans la poche" du contribuable roumain à
183 reprises, par le biais des divers
impôts, taxes, droits, permis, enregistrements, timbres, commissions, qu'il a institués. Impôts et taxes, au nombre de 89,
viennent en tête, suivis par les commissions, timbres, permis 70).
Il faut payer pour avoir le droit
d'accès aux zones franches, consulter le
catalogue des programmes artistiques de
la télévision, pour obtenir une accréditation professionnelle…Les industriels
roumains soulignent que pour un salaire
net de 100 €, ils doivent acquitter des
taxes de 120 €, ce qui conduit à de
faibles rémunérations et à la généralisation des primes et salaires en sous-main,
expliquant ainsi le départ des jeunes vers
l'étranger. Ils ont donc demandé au gouvernement de baisser de 20 % les charges
concernant l'emploi des jeunes.
Un Roumain sur trois
dispose d'un téléphone mobile
L
e nombre de Roumains disposant d'un téléphone mobile était de 7 350 000, à Pâques,
en augmentation de 500 000 depuis Noël et
de près de cinq millions sur trois ans, Orange étant
l'opérateur le plus important devant Connex
(Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipé
d'un portable. La téléphonie fixe est également en
développement, mais sur un rythme beaucoup plus
modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voici
deux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayant
en charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplacerait
tous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004.
Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26
% dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pas
le téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (Baia
Mare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du pays
ne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans le
judet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Variétés
Connaissance et découverte
Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine
Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse
A
près une tournée dans les stations balnéaires françaises pendant l'été 2002, Dalila
Cernatescu est devenue la coqueluche de
nombreux festivals. La jeune et très belle
virtuose roumaine de la flûte de pan avait
été découverte huit ans plus tôt à Vienne, où
elle jouait dans les rues de la capitale autrichienne avec son père, par le président du
festival international de Montguyon, ville
du département de la Vienne… française,
celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitée
surprise et sans être annoncée dans les programmes officiels,
médusait littéralement le public. Elle est revenue en France
l'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestre
professionnel.
Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pan
dès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'influence de son père, qui est professeur de musique, elle a
appris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière exceptionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinq
ans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue en
Autriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier sa
Roumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de fois
sur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans son
pays à dix ans.
La seule artiste à jouer les
"Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan
A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des
musiques traditionnelles. Dès l'âge de
douze ans, elle interprétait des morceaux de
musique classique, gagnant de nombreux
concours nationaux et internationaux. En
1996, elle représentait l'Allemagne au
concours de l'Eurovision en duo avec
Angela Wield. Elle enregistra par la suite
"Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestre
symphonique de Radio Bucarest. C'était la
première fois que le morceau était interprété
à la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la
partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrement
son père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chose
d'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elle
est la seule musicienne à jouer l'intégralité des "Quatre
Saisons" avec son instrument.
De nombreux enregistrements suivront dans toute
l'Europe, dans des genres aussi variés que musique traditionnelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses études
à l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalent
du Conservatoire National Supérieur de Musique en France),
Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, tout
en obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et en
préparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur de
l'Université, Dan Buciu.
En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanez
donnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugurant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : les
partitions musicales et même les flûtes capables de jouer les
pièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père de
Dalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde !
Concours de l'Eurovision : déception et élimination
L
es Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante au
concours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto la
Roumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés
sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que ce
soit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des points
que dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10
points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera"
que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspectateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chanteuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates.
L
Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel
e Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Université
de Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'attribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un
prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement de
l'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulaire avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumains
s'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain…
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Quand "Le Monde"
circulait sous le manteau,
à la barbe de la Securitate, impuissante
Médias
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BUCAREST
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L'armée forme
les correspondants
de guerre
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40
Le ministère de la Défense
Nationale organise des cours de
correspondants de guerre pour les
journalistes roumains accrédités
auprès de lui et appelés à intervenir
dans les zones de conflits et sur le
théâtre des opérations militaires.
Cette formation, inspirée de l'armée
belge, se déroule à Bucarest et dans
un bataillon de chasseurs alpins, à
Predeal (Brasov).
Les journalistes sont instruits sur
les facteurs de risque, les armes, les
munitions, les mines anti-personnelles, les mesures de protection, les
premiers soins d'urgence. Ils participent aussi à des activités d'orientation sur le terrain, de jour et de nuit,
ainsi qu'à des séances de tir à l'arme
automatique.
Selon le ministère, cette initiative
a pour but de diminuer le nombre de
journalistes tués sur le terrain, plus
d'un millier dans le monde depuis dix
ans. La Roumanie qui n'avait jamais
été en guerre depuis 1945 participe
désormais à trois conflits (Kosovo,
Afghanistan, Irak) et cette situation
risque de s'aggraver avec son entrée
dans l'OTAN, augmentant le nombre
d'envoyés spéciaux sur place des
médias roumains.
Cette subite sollicitude du ministre
de la Défense a surpris les journalistes, habitués à être malmenés ou
agressés. L'an passé, Ioan Mircea
Pascu, excédé par les révélations de
la presse sur les scandales touchant
le pouvoir, les avait avertis d'une
manière à peine ambiguë :
"Attention, la vie se révèle parfois
plus courte qu'on ne le pense".
P
if-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abonnement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi une
contrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste
Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonnements souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût à
Craïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques
"L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accordant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils enduraient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa disposition par Ceausescu).
En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu"
Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "Le
Monde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglosaxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspond
au vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lors
de son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radios
étrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta vite
avec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du
"Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971.
Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement
"Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de la
presse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant à
l'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaient
nombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendait
immédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettait
sous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulièrement, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suffisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprès
de l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distribution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normalement. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fautif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays.
Parfois avec deux ou trois ans de retard
Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains en
mains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs suivants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusion
d'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient en
place. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plus
souvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on ne
récupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'importance, tant on était content d'en disposer.
Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles mais
aussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation de
livres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfois
expurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors dominant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journaux
anglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumains
étaient rétifs, n'y étant pas habitués.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
700 000 exemplaires prévus en 2010,
assemblés dans plusieurs usines
de montage à travers le monde
L
tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques,
es premiers modèles de la Logan seront disponibles
direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commerciaen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espérant
lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F)
en vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année,
avec les options.
puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en
Dans certains pays d'Europe
2003). A terme, 200 000 exemCentrale,
où les règlements complaires seront fabriqués à Pitesti
munautaires
s'appliquent, la Logan
ainsi que 150 000 kits destinés aux
basique
sera
équipée d'un airbag
usines de montage de Russie (60
(800
€,
5000
F) et, dès 2006, d'un
000 unités), du Maroc (30 000),
ABS,
devenu
obligatoire. En
d'Iran (300 000, avec une producTurquie,
elle
coûtera
au moins 8000
tion interne), de Colombie (16
€,
en
Russie,
7000
€
(46 000 F), en
000)."A l'horizon 2010, les ventes
Iran,
6000
€
(39
000
F), car il faut
se situeront à 700 000 exemplaires,
compter
aussi
avec
la
fiscalité de
soit l'équivalent de la Mégane et un
ces
pays.
petit cinquième des ventes du grouEn Roumanie et en Europe
pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdg
Centrale, où Renault est déjà préde Renault qui précise que le nom
Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers.
sent avec une part de marché de 10de cette dernière née a été choisi
11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Logan
parce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cirroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stanculation internationale. Mais le projet du constructeur inclut
dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests de
également la Chine qui se montre intéressée.
sécurité, alors que la norme de la firme française tend vers les
La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prix
cinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nom
qu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque la
est connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera le
Solenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, sera
nom de la marque Renault.
retirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima-
En 1966, Ceausescu prend la décision
de faire appel à l'industrie capitaliste
de 133 km/h et sa consommation
de 6,8 l aux 100 km. Peu de
Roumains ont pu faire son acquisition, mais cette voiture équipait la
police et la Securitate. Son premier
exemplaire
fût
remis
au
La Dacia 500 - Lastun (martinet), "Conducator".
un modèle peu connu, entre Trabant et Smart.
Dacia 1300: sa fabrication a
'histoire de Dacia remonte à commencé un an plus tard, en août 1969,
38 ans. Un an après son avec des pièces importées de France,
arrivée au pouvoir, en 1966, mais elle fût considérée comme la preCeausescu avait pris la décision surpre- mière voiture vraiment roumaine et la
nante de faire appel à l'industrie automo- base de la gamme Dacia. Un peu plus
bile capitaliste pour fabriquer annuelle- tard, est née la Dacia 1301, destinée aux
ment 40 000 exemplaires d'une voiture de services de l'Etat, puis la Dacia 2000,
moyenne cylindrée (1000-1300 cm3). copie de la Renault 20, réservée à la
Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austin nomenklatura.
étaient sur les rangs, mais c'est Renault
Trois nouvelles variantes virent le
l'emporta avec la R8.
jour, à partir de 1979. La Dacia Sport, en
Dacia 1100: le premier modèle pro- fait la Dacia 1300 restylisée, atteignant
duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût la 150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant au
Dacia 1100, dont la production fût lancée méthanol et la Dacia 500 - Lastun, qui
le 3 août 1968. Sa vitesse maximum était n'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti,
L
construite par Tehnometal de Timisoara.
Ce dernier modèle correspondait au vœu
de Ceausescu qui voulait une voiture à
usage urbain pour 2 + 2 personnes, à la
vitesse limitée à 70 km/h (mais en fait
elle atteindra 100 km/h), consommant 23 litres au 100 km et à la carrosserie en
matière synthétique… en fait l'ancêtre de
la Smart ou la sœur de la Trabant. Mais
cette voiture n'eut pas de succès et sa
fabrication fût arrêtée en 1989.
Dacia Nova: lancée en 1995, cette
voiture est la première Dacia 100 % roumaine. Elle atteint 160 km/h et consomme 6,7 litres au 100 km.
Dacia SuperNova: lancée en 2000,
elle concrétise le retour de Renault qui
l'équipe du moteur et de la boîte de vitesse de la Clio.
Dacia Solenza: le dernier modèle
avant la Logan, lancé en 2003 dans 7 versions différentes, avec un design qui la
démarque de la R 9.
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Les raisons
d’un “miracle”
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Le PDG de Renault. Louis
Schweitzer avait décidé lui-même la
réalisation d’ un modèle de voiture
économique pour pays émergents en
1998, un an avant de prendre le
contrôle de Dacia. Dans un premier
temps, Renault a investi 100 M€ puis
a rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F)
pour développer le projet Logan.
En annonçant l'objectif de 5000 €,
qui ne concernera que 10 % des
véhicules, Louis Schweitzer a voulu
mettre sous pression l'ingénierie de
Renault "afin qu'elle recentre ses
rêves", refusant toujours de rallonger
le budget. D'où un design parcimonieux, des vitres plates, une planche
monobloc pour le tableau de bord,
une ligne conçue pour limiter les
coûts d'emboutissage.
Autre facteur d'économie, le recyclage des pièces existantes. Le train
avant de la Logan est celui de la
Clio, le train arrière provient de la
Modus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l)
équipent déjà la Clio et la Mégane,
tout comme la boite de vitesse. Et
plusieurs pièces du cockpit sont
issues de la Clio ou de l'Espace.
L'équipement a été réduit au minimum sur la version de base : pas de
climatisation, pas de vitres électriques et de verrouillage central, ni
de direction assistée. "Juste le
nécessaire" dit-on chez Renault.
Mais c'est oublier l'indispensable :
des coûts de production hors de
portée de la France, avec un salaire
moyen mensuel de 150 € (1000 F) et
la réduction par deux du nombre
d'ouvriers de l'usine de Pitesti, passé
de 28 000 à moins de 14 000, depuis
l'arrivée du constructeur français.
R
Renault Dacia a présenté
son modèle le moins cher du monde
"Logan", la voiture à 5000 €
enault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet de
voiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom de
code de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce
véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi,
un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des années
d'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents.
"Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait les
meilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides de
plusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, les
équipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers roumains)… et le tour est
joué".
Le pari de la Logan
revêt une importance
stratégique
décisive
pour Renault, 7ème
constructeur mondial
avec 4,1 % des parts de
marché, derrière, dans
l'ordre, Général Motors,
Toyota
et
Ford.
Véhicule populaire et
économique, doté d'un
grand coffre pour le
rendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gens
qui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la
"Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que les
classes moyennes optaient pour des standards supérieurs.
A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité,
puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) sera
concernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité,
la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio,
la Hyundai Accent.
Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissait
de remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grimper les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imaginait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont intéressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avant
de rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et qui
respecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossible
est la voiture de l'exploit ".
Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinq
usines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, en
Iran, en Russie, au Maroc et en Colombie.
175 km/h et 6,5 litres aux 100 km
Voici les principales caractéristiques
de la Logan :
Longueur : 4,26 m
Largeur : 1,70 m
Hauteur : 1,50 m
Cinq vitesses manuelles
Moteur : 1,6 litres (1598 cm3)
Puissance : 90 chevaux
Coffre : 500 litres
Vitesse maximum : 175 km/h
Consommation annoncée : 6,5 litres
au 100 km sur route, 8,7 litres en ville.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Médias
S
on nom, sa voix sont familiers à tous les Français et
Suisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journaliste
indépendant, Mirel Bran signe régulièrement des
articles dans l'hebdomadaire "Le Point" ou
le quotidien "Le Temps" de Genève. Il assure également des chroniques sur France
Inter et la Radio Suisse Romande, ainsi que
sur des radios anglaises. Mais cet Oltène de
39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest et
Londres, où réside sa femme - roumaine
comme lui et journaliste à la section roumaine de la BBC - est surtout connu comme
correspondant permanent du journal "Le
Monde", en Roumanie, ce qui lui occasionne des passages fréquents à Paris.
Mirel Bran, chargé également par le
quotidien parisien de superviser l'actualité
bulgare, moldave et, éventuellement, hongroise, a pris en 1998 la succession de son
compatriote Andrei Neacsu, lequel n'a été
que quelques mois en fonction. "Le
Monde" qui vient de créer un poste de journaliste à temps
plein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS
- confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement en
Roumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989.
Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes,
l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudet
a été son premier correspondant permanent, Christophe
Châtelot lui succédant.
Dur de parler sans fard de son pays…
Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Les
lecteurs français attendent de lui, non seulement une écriture
parfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'information
qui doit échapper à la tentation de concessions que pourraient
lui inspirer ses origines.
Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions de
ses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsque
l'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "Le
Monde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profonde
francophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sont
immanquablement repris et commentés dans l'ensemble de la
presse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expliquer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques,
dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchent
parfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée du
pouvoir.
Considéré par certains esprits étroits comme "le vilain
petit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote",
le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal le
connaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquête
sur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'embargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou-
Connaissance et découverte
Mirel Bran : la signature
du "Monde" en Roumanie
main et touchant, par ricochet, le financement de la campagne
électorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation…
qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pratiques d'un des plus importants ministres du
gouvernement d'Adrian Nastase, Serban
Mihailescu, dont il dévoilait le surnom
révélateur, "Mickey le backchish", provoquait la colère des autorités… mais aucunes
poursuites. En octobre dernier, Serban
Mihailescu a dû démissionner en compagnie de deux autres ministres, accusés de
malversations.
Heureusement, dans ces conflits qu'il
doit assumer seul sur place et qui sont
autant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'un
solide atout : la confiance et le soutien sans
faille de sa rédaction. Pour ne pas jeter de
l'huile sur le feu, le journaliste a par ailleurs
adopté un comportement discret, en harmonie avec son propre tempérament, se refusant de céder aux nombreuses sollicitations
dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer à
des débats télévisés, des tribunes dans les journaux…
"La réalité est aussi riche
et passionnante qu'un roman de fiction"
Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé par
la lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, mais
aussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeune
homme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beauxarts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois,
quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma en
militant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà change" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à la
mesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait du
surplace; je voulais apprendre et voir le monde".
En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé une
carrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, Mirel
Bran passa, un peu par hasard, le concours de recrutement
organisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme de
Lille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe.
Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi le
rythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocre
de culture générale des étudiants français.
Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînèrent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur les
médias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspondances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à partir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une porte
d'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier,
Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redescendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité est
aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction".
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Connaissance et découverte
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Etienne le Grand, voïvode moldave,
"Athlète du Christ"contre les Turcs
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Pieux et amateur
de plaisirs terrestres
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La Roumanie célèbre
le 500ème anniversaire de la mort
d'un monument de son Histoire
Roi très pieux, Etienne le Grand
n'était pas pour autant insensible aux
plaisirs terrestres et aux charmes
des femmes, bien sûr très belles.
Une certaine Maruschka lui donna un
fils, Alexandre. Fut-elle sa femme
légitime ? L'histoire ne nous l'apprend pas. Son nom apparaît dans
une litanie auprès des noms de ses
autres femmes.
En 1463, six ans après son avènement au trône de Moldavie,
Etienne le Grand prit en noces
Evdochia, sœur du prince Siméon de
Kiev, vassal du roi de Pologne. Ils
eurent deux fils (morts en bas âge)
et une fille, Hélène. Quatre ans plus
tard, Evdochia mourait. Une princesse byzantine, Maria Comnène de
Mangop la remplaça en 1472 mais,
une fois de plus, le temps se montra
avare et en 1477, la princesse lointaine descendante de l'empire de
Byzance, disparaissait sans laisser
d'enfants. Elle fut enterrée dans le
monastère de Putna, fondé par le
voïvode, là où, plus tard, il allait
reposer aussi.
A la cour princière de Suceava,
une beauté sans égal fleurissait : la
petite prisonnière Maria Voïchitza ,
digne héritière de la beauté de son
père, éblouit Etienne le Grand. Il
avait 45 ans, elle en avait 20. En
1480 ils se marièrent et seule la mort
du voïvode vingt-quatre ans plus
tard, les sépara. C'était le 2 juillet
1504. Ils eurent deux enfants : une
fille et un fils, Bogdan le Borgne qui
lui succéda sur le trône. Sa fille,
Maria, lui donna un petit-fils, Petru
Rares qui fut le plus important voïvode moldave du XVIème siècle
(1527-38, 1541-46).
e deux juillet, la Roumanie
célèbre avec faste le cinq centième anniversaire de la mort de
Stefan Voda, plus connu sous le nom de
Stefan cel Mare (Etienne Le Grand), survenue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode,
qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans,
de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glorieuses de l'histoire médiévale des
Roumains, marquant le point culminant de
leur lutte pour l'indépendance.
Montrant d'évidentes qualités diplomatiques, Etienne le Grand a toujours évité de
combattre deux puissances importantes à la
fois, alternant les relations de paix et conflictuelles devant les appétits grandissants de
ses redoutables voisins, Polonais, Hongrois,
Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves.
Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équilibre entre les différentes composantes
sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires terriens), renforçant ainsi son pouvoir.
Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 se
caractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance de
la Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, est
celle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504,
marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide de
l'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leur
payer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leur
volonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les visées
polonaises sur sa province.
Une église ou un monastère
construits après chaque bataille
"O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princes
qu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du monde
qui aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de la
bataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'être
nommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accord
de tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôt
enclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait Jan
Dlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae).
Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? Un
Roi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini,
1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple"
prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu de
Murano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre le
Grand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âme
roumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ?
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
OMV seul en piste pour racheter Petrom
L
es autorités roumaines ont décidé de ne retenir que
la seule candidature de la compagnie autrichienne
OMV pour la privatisation de la Société Nationale
de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliard
d'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiert
un tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biais
d'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement
51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeux
du gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendre
intégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuelle, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait une
politique de développement avec promesse de gros investissements à venir.
Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), qui
envisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais maintient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négociations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § Gas
Holding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stations
services de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix de
l'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre de
super valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euro
en Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne de
carburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétrole
à la production est inférieur de 130 € à la différence enregistrée dans les pays de l'UE.
6 millions de tonnes de pétrole
extraites chaque année en Roumanie
Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre,
Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequel
OMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro-
blèmes de libre
concurrence),
Petrom est pratiquement la
seule a extraire
du pétrole en
Roumanie,
avec six millions de tonnes
par année. Elle
possède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient des
concessions de prospection et exploitation dans plusieurs pays
et dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services.
La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoir
externalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sa
restructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffre
d'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et son
profit net de 38 M€ (260 MF).
L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'investissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution de
carburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Il
possède des raffineries et des contrats de prospection dans
seize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochimique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé un
chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en
2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards de
F)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/
bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom.
Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient une
soixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler sa
production de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000
barils/jour.
A savoir
Président roumain
Pour la première fois, la Chambre de
Commerce et d'Industrie française en
Roumanie a porté à sa tête un Roumain.
Le nouveau président, Dan Bedros, 60
ans, élu pour deux ans et prenant la succession du Français Christian Estève
(Renault-Dacia), est Pdg d'AlcatelRoumanie qui emploie 750 personnes,
dont 89 % ont une formation supérieure
et 400 sont ingénieurs informaticiens. Il
est issu de l'Ecole Polytechnique de
Timisoara. Dan Bedros a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2002.
Contingents
L'UE a fixé les nouveaux contingents
annuels de produits alimentaires que la
Roumanie peut exporter sans qu'ils soient
taxés par des droits de douane.
Il s'agit de la viande de volailles
(9000 tonnes), de porc (15 625 t), de
bœuf (4000 t), des préparations de viande
de porc (2125 t), de volaille (1200 t), de
bœuf (500 t), de fromages (2800 t), de lait
en poudre (1500 t), de yaourts (1000 t),
de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t),
d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), de
concombres (3000 t), de farine (18 000 t),
de vin (345 000 hl).
redéploie, abandonnant ses lignes transcontinentales, pour se consacrer à des
vols à l'intérieur de l'Europe. Les quatre
avions seront payés grâce à un emprunt
de Tarom, garanti par l'Etat, et par une
subvention du ministère des Transports.
Malev, la compagnie hongroise, a acheté
récemment dix Airbus similaires.
Quatre Airbus pour Tarom
Les réserves de la Banque Nationale
de Roumanie s'élevaient à 7 milliards
d'euros (45 milliards de F) fin mars 2004,
en diminution d'un milliard à la suite de
la baisse du prix de l'or, dont la BNR
possède 105 tonnes. D'ici la fin de
l'année, la dette publique externe du pays
devrait baisser de la même somme.
Tarom a signé un contrat pour l'achat
de quatre Airbus A 318 qui seront livrés
en 2006-2007, après la restructuration et
le redressement attendu de la compagnie
nationale roumaine, laquelle a enregistré
des pertes importantes, l'an passé, et se
Réserves de
sept milliards d'euros
11
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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ORADEA
z
BAIA MARE
z
ARAD
z
z
z
SUCEAVA
CLUJ
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TARGU MURES
z
DEVA
BACAU
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
z
GALATI
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SIBIU
z
TIMISOARA
BRASOV
HUNEDOARA
IASI
z
BRAILA
z
„
BUCAREST
z
CERNAVODA
z
z
CONSTANTA
Le service militaire
obligatoire
éliminé d'ici 2007
22
10
D'ici 2007, date prévue de l'intégration de la Roumanie dans l'Union
Européenne, le service militaire obligatoire devrait être supprimé. Le
pays se dirigerait alors vers une
armée de métier, basée sur le volontariat. Plusieurs évolutions avaient
tout d'abord été proposées avant
d'être rejetées avec véhémence :
laisser au jeune appelé le choix entre
l'accomplissement de son service
militaire ou celui d'un travail d'intérêt
public…ou encore la possibilité, pour
les plus fortunés, de verser 37,5 millions de lei (environ 1000 €) soit 15
fois le montant d'un salaire roumain
moyen. Pour ceux qui désirent quand
même effectuer un service militaire,
celui-ci devrait être réduit de 12 à 9
mois. L'obligation serait néanmoins
rétablie en cas de situation exceptionnelle comme une guerre.
Parallèlement, la démilitarisation
de la police des frontières, de la gendarmerie, des pompiers et de la protection civile devrait se poursuivre
Des inspecteurs du
fisc qui rapportent
L'administration fiscale a révélé
qu'en 2003, la moyenne des sanctions financières prises à l'égard de
chaque fraudeur était de l'ordre de
2000 € (13 000 F), chacun de ses
inspecteurs ayant rapporté à l'Etat
240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limier
du fisc se trouve dans le judet de
Hunedoara, où un inspecteur a
dressé des contraventions pour un
montant de 2 M€ (13 MF), suivi par
un collègue de Constantsa (1,2 M€,
8 MF).
"Cotisations" entre 10 000
et 150 000 € pour devenir
maire ou député en Moldavie
U
ne réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti SocialDémocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" que
doivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou
de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cette
rencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancien
ministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreilles
indiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glisser et d'apprendre le montant des sommes demandées.
Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'étiquette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30
000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investiture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande et
plus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un
"municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenu
secret.
Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivant
leur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire de
leur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou sénateur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter
150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de
"Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation.
Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiant
par la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fondements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent mensuellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants),
et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les met
dans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Il
leur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sansdoute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peut
imaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection…
R
L'Etoile de Roumanie,
une décoration enviée
efondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile de
Roumanie" ("Steaua României"), la plus prestigieuse distinction roumaine, qui peut être remise à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, a
été décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en est
le grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre croissant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier,
Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis à
aucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais ne
fixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu.
Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI,
Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autres
ordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant
la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent les
croix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité :
Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre Nicolae
Titulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangères
roumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldave
entré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes et
des romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contre
les envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre moldave afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes,
Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, tous
transformaient les Pays Roumains, la Moldavie et la
Valachie, en carrefour de batailles.
C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le quatorze avril 1457, sous les acclamations de la foule des
paysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431)
devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Son
règne de 47 ans assura au pays une renommée jamais
atteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - le
peuple tout entier- et son credo - défendre la liberté et
l'indépendance. Cela le conduisit à engager 36
batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacune
d'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à la
gloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés au
combat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parler
que des plus précieuses perles de cette couronne d'architecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne".
Connaissance et découverte
Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait normal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfois
confisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitait
pas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle
des forces de l'ordre et des
seigneurs, constituant une
"petite armée" de 10- 15000
membres.
Contre les Hongrois
et les Polonais
Si Etienne Le Grand
consacra la majorité de son
règne a repousser les Turcs,
refusant de leur faire allégeance et de leur payer un
tribut, il eut aussi à lutter
contre ses voisins immédiats
qui voulaient lui imposer
leur suzeraineté. Tentant
d'envahir la Moldavie, le roi
Mathias Corvin en fit les
frais en 1467 à la Bataille de
Baia, trois flèches lui transUne armée de petits
Après chaque bataille gagnée, Etienne perçant le corps. Vaincu
bourgeois et de paysans
le Grand faisait construire une église ou un mais survivant à ses blesmonastère, au total, près d’une quarantaine.
Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'il
sures, le Hongrois apprit à
respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contre
n'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celuiles Ottomans.
ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteint
Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois de
pas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux qui
Cosmin),
ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à la
défendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne le
tête
de
80
000 hommes, de subir une déroute, les neuf
Grand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendance
dixièmes
de
ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Albert
de sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête.
tomba
malade
et mourut.
Le voïvode créa une organisation administrative, accorda
En 1473, Etienne le Grand profita de ce
des privilèges aux
que
le sultan Mahomed II était engagé en
villes, aux négociants,
Mésopotamie
contre Uzun Hassan, pour
défendit les axes comchasser
Radu
le
Beau de Valachie, inféodé
merciaux internatioaux
Turcs
et
le
remplacer
par un prince loyal
naux, fonda des
églises, veilla à l'élaau Pays roumain. Radu s'enfuit chez ses
boration des évanamis, abandonnant ses trésors les plus prégiles, mit en place un
cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa fille
système
juridique
Maria Voïchitza, qui épousera quelques
rigoureux, assurant à
années plus tard son ravisseur.
la Moldavie l'une des
périodes les plus floA Vaslui, vainqueur
rissantes de son histoià 50 000 contre 120 000 Turcs
re. Les plaintes des
paysans étaient jugées
Mais le plus grand fait d'armes d'Etienne
Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand le Grand demeure la bataille de Vaslui (10
par le prince-même,
aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria
là, à Direptate (Champ
de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera janvier 1475). Quarante mille soldats molla messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504.
de la Justice), comme
daves, la fleur des villages et des bourgs,
le fit en son temps Saint Louis sous son chêne.
hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avec
La base politique et militaire de son pouvoir était constipour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui
tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerie
(Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaires
libre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40et spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultan
60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement.
Mohamed II.
(lire page suivante).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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TULCEA
PLOIESTI
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Traditions
Dans le Maramures,
les animaux fêtent
Pâques... le jour
de l'Ascension
44
22
A Desesti, dans le Maramures
(Baia Mare), (voir rubrique tourisme
du n° 23 des Nouvelles de
Roumanie), les rites religieux
concernent également le bétail. Ainsi,
conformément à une tradition populaire, le jour de l'Ascension, les paysannes organisent les "Pâques des
animaux" ("Pastele animalelor"), de
la même façon que pour les fidèles.
Vaches, porcs, moutons, chèvres
restent enfermés dans leur étable ou
enclos tandis que les femmes se rendent à l'église, emportant dans leur
sac la pitance des animaux, farine,
sel, herbe, sans oublier une bouteille
d'eau, chaque aliment ayant une
signification propre. La messe est
identique à celle que suivent les
paroissiens à Pâques et à l'issue de
la cérémonie, tous se retrouvent
dans la cour de l'église, attendant
que le pope vienne bénir le contenu
de leur sac.
A leur retour, les paysannes servent dans les mangeoires les vivres
ramenés et vont asperger d'eau bénite les quatre coins des endroits où
vivent habituellement leurs animaux,
récitant des prières. Pour les ethnologues, cette tradition exprime un lien
étrange et fort entre la nature, les
hommes et les bêtes.
Il faut noter que les Roumains utilisent l’expression “La Pastele cailor”,
(“A la Pâque des Chevaux”), équivalent français de “A la Saint Glinglin”...
Connaissance et découverte
La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'adversaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans des
marais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sa
débandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine.
La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune armée
turque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que
"la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoire
européenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cette
occasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accoutumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats.
Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, il
demanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendant
cette intervention.
L'année suivante,
en 1476, Mohamed II,
revint à la charge, à la
tête d'une armée "que
la terre pouvait tenir à
peine". En même
temps, les Tatars,
devenus vassaux du
sultan attaquèrent à
l'est. Etienne le Grand
envoya son armée de
paysans leur faire
front et se retira dans
la montagne avec sa
La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône
ont été reconstituées au musée du judet de Suceava.
"petite armée", attendant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcs
qui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoisonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule cité
fortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves.
Abandonné par l'Occident
Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, le
Pape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfait
de leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, ne
demeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincre
l'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté.
Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent la
paix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec la
Sublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée des
deux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche),
celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'autonomie de la Moldavie.
Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur Barbu
Delavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ont
guidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'appartient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'à
la fin des siècles".
Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan Cel
Mare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtés
de Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plus
grand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises de
Roumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort.
Paula Romanescu
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Un système de concessions qui réduit la condition
des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier
Politique
Le député de Tulcea s'est taillé
un royaume au cœur du Delta
D
éputé PSD
(Parti Social
Démocrate)
du judet de Tulcea depuis
2000 et ancien maire de
Crisan, au cœur du Delta
du Danube, Dan Verbina,
la quarantaine, s'est taillé
un royaume jusqu'à la
Mer Noire et le port de
Le député Dan Verbina
représente les Lipovènes Sulina, dans cette partie
au Parlement de Bucarest. isolée de la Roumanie. Il a
profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans,
devenant le principal concessionnaire des eaux de la région et
y obtenant le monopole du commerce des poisons. Les
pêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle,
modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libres
auparavant.
L'élu a également décroché d'autres concessions, délivrées
par activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du village, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée,
construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisant
construire un restaurant, un disco.
Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la nature, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rare
qu’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Il
ne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, il
n'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairie
de Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étant
découragés.
L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays,
l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remettait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenant
député et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russe
dont il est issu) au Parlement.
Des offres publiques
sans transparence, faites à la dernière minute
A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande.
Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors des
adjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont profité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus de
Bucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touristiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevant
cependant des subventions. Les offres publiques étaient souvent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… personne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner.
Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse comme
le plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôtelier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno-
ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) de
Tulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa famille
un hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'Union
Européenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard.
Des concessionnaires
qui font la pluie et le beau temps
La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe,
où un milliardaire achève la construction d'un impressionnant
village avec des maisons en bois et toits de chaume - respectant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles de
réception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être terminé à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma de
Bucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce la
venue de l'acteur Robert Redford.
Autant dire que les habitants du Delta se sentent
dépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent que
leurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué la
concurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépendent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilogramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euro
à un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, conditionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faible
quota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les magasins Metro de Brasov ou Bucarest.
Le système des concessions a été créé en 2002, après une
tentative en 1995. L'administration entend par ce biais discipliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne ne
payait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appartient - mettre fin au braconnage et au déclin de la population
piscicole, développer et moderniser les activités de tourisme,
de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau et
de son exportation.
Pour la première fois, les pêcheurs en grève
Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsi
apparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, les
pressions économiques, pour asseoir leur domination et faire
taire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscience que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouver
un siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"),
décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les paysans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui les
affamaient.
L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta se
sont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions.
Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenu
quelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais la
colère reste toujours là.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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n des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards
- gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féodal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura communiste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous les
judets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur le
département entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas euxmêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique et
politique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux,
agressés, menacés, en ayant fait les frais.
GALATI
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ZIMNICEA
Un empire de 23 sociétés
Ioan Niculae.
Main basse
sur la presse
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Tourisme
Il est revenu le temps des boyards
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ORADEA
A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième
fortune du pays, règne sur sa ville natale
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Mécontent des articles que le
quotidien "Curentul" consacrait à la
privatisation frauduleuse d'Inter/Agro,
Ioan Niculae l'a tout bonnement
racheté, en faisant un instrument de
sa campagne contre son concurrent
en affaires, l'autre milliardaire Culita
Tarâta. Proche du pouvoir, Ioan
Niculae est souvent vu en compagnie d'anciens ou d'actuels ministres,
dont certains sont impliqués dans
des affaires douteuses, ainsi que de
l'ancien responsable des privatisations, député de son judet, qu'il invite
à des parties de chasse ou à des
promenades dans le Delta du
Danube à bord de son yacht.
Les préfets ne
seront plus politisés
Désignés ou renvoyés jusqu'ici sur
critères politiques, les préfets
devraient l'être uniquement sur la
base de leurs compétences, en
2006, après la mise en application de
la réforme de l'administration
publique, demandée par l'UE. Ils
seront recrutés sur la base de
concours et deviendront de hauts
fonctionnaires représentant sur place
le Premier ministre et les différentes
administrations ministérielles, suivant
l'exemple français.
"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes la
main-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4
milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 %
de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'empire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents,
allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture.
Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offert
une "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant propriétaire du club de football d'Astra Ploiesti.
Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail
A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, de
cigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie,
trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospérité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis de
ses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne bénéficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewé
par le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pour
cinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine.
Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises par
l'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe douanière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteuses
du groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune de
Zimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001.
Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neuf
conseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié sa
fille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparaissant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une de
ses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute la
population.
La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte,
mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec
100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", que
les habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudis
construits à même la terre.
Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement une
croix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la population a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au temps
des boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec sa
famille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie.
Connaissance et découverte
La Roumanie authenthique
A Purcareni, de vastes étendues sauvages,
riches en faune, flore et sources d'eaux minérales
S
i vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrivelongtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneurs
rez à Purcareni (Pürkercz), commune de
venus de Bucarest.
Târlungeni, sur les premiers contreforts des
- La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13
Carpates, par de jolies routes
ème siècle entourée d'épaisses fortificaombragées. Le chemin s'arrête là, dans
tions, à l'intérieur desquelles, sur 4
un village paisible où Hongrois comme
étages sont aménagées des chambres où
Roumains ont souvent deux métiers,
se réfugiaient les paysans lors des invaemployés à Brasov et paysans le reste du
sions ottomanes. Prendre la route de
temps. Ici, les responsables sont les plus
Budila et Teliu, puis tourner à gauche,
polyglottes du réseau OVR… L'atout
Prejmer est à 8 km.
principal de Purcareni est de se trouver à
- Une autre citadelle paysanne,
20 minutes de Brasov. De plus, dans le
Harman; depuis Prejmer rejoindre la
village même, l'association OVR locale
E574 (N11), la citadelle se trouve de
organise de nombreuses activités et
l'autre côté de la nationale à 2 km.
balades avec guide, très bien structurées.
- Un peu plus loin sur la N73, à
Dans la montagne avoisinante, ranRasnov, importante citadelle paysanne.
données d'une journée comprenant soit
- A Bran le fameux château de
une heure ou trois heures de marche,
Dracula.
pique-nique, retour le soir entre 17 et 19
- La grotte glaciaire de Dâmbovih. Vous découvrirez de vastes étendues
cioara dans le défilé Rucar-Bran.
La forteresse paysanne de Prejmer.
sauvages, riches en faune, flore et
- Sur l'E60 à Sinaia, le château
sources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval sellé
Peles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale.
ou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour les
amateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto.
Evènements
Initiation au travail de la ferme: participer au retour des troupeaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récomC'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes traditionpense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu !
nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial.
Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folklorique
Brasov: une région à la richesse exceptionnelle
de jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vous
êtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir,
La région présente une richesse touristique et un patrimoicar à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oublié
ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiert
que leur amie Maylis vient de France !
une bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonne
Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov qui
longtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité tout
réunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folkloson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent le
riques du pays et est le principal évènement artistique de la
plus de maisons médiévales peintes avec leurs originales
Roumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia.
enseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment un
Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jour
ensemble unique. A visiter :
voici quelques années et a accueilli des vedettes étrangères
- les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennes
comme Patricia Kass, Tom Jones…
demeures polychromes.
Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recoutique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de la
verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pour
Transylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre en
la riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur.
charge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjour
- Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas.
en hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjà
- Les différents bastions de l'ancienne citadelle.
fatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose,
- De nombreux musées etc...
n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, on
vous laissera une paix royale !
- La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR
Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide
de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre
un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Evasion en Roumanie
avec le remarquable
Guide Bleu qui vient de paraître
Tourisme
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Bonnes adresses
"The Harbour"
à Bucarest
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Le nom n'a rien de roumain, mais
ce restaurant décoré comme l'intérieur d'un bateau est un des rares à
proposer une cuisine locale à la fois
traditionnelle et inventive. Chaque
mets à la carte est une recherche. Il
ne faut surtout pas manquer les
soupes, délicieuses et très relevées,
dont la goulasch et le bors de gâsca
dolfana (potage d'oie à la moldave),
une merveille. Vous pouvez tout tenter : des saucisses au fromage
enroulées dans des tranches de
bacon, à la tocanita marineasca,
ragoût d'agneau et de bœuf, cuit
dans un mélange de champignons et
de divers légumes, servi dans une
soupière en croûte de pain, en passant, pour les végétariens, par la
tocanita de ciuperci (champignons,
oignons, poivrons, tomates). Les
amateurs de cuisine occidentale, qui
ne supportent pas la viande attendrie
à coup de battoir, se régaleront d'un
filet de bœuf épais et tendre, servi
vraiment saignant (in sânge). Situé à
deux pas de l'ambassade de France,
en face du théâtre Ion Creanga et du
marché le plus réputé de la capitale,
ce restaurant a ouvert en mars de
cette année et a récupéré un chef qui
a opéré pendant huit ans derrière les
fourneaux de l'hôtel Intercontinental.
Pour l'addition, compter entre 300
000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64
F) par personne pour un repas complet, vin à la carafe inclus.
"The Harbour", 10-22 piata Amzei,
tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686.
Ouvert tous les jours, de 11 h 30 à
minuit, terrasse ombragée.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les judets et
leurs barons
P
aru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de La
Roumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publié
aux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui
permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements,
d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de photos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre
"ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusement
humain" où on a toujours quelque chose à découvrir.
Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documenté
de la Roumanie : la culture roumaine et les minorités,
l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois,
les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsuica. "Même si le quotidien peut être parfois rude, les
Roumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner de
l'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et de
légèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique Bernard
Houliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans retenue dans ce pays passionnant et encore méconnu".
Et les touristes français semblent de plus en plus
convaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et
2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), les
Allemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique en
Roumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), les
Britanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cette
diversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand.
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Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 €
L
Une sortie controversée en Roumanie
a parution d'Eternelle et fascinante Roumanie a provoqué une controverse dans le
pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité")
se posant des questions sur le financement du guide, prévu comme une opération de valorisation de l'image de la
Roumanie dans le contrat, très avantageux passé par l'éditeur français Hachette
et le ministre roumain du tourisme de l'époque, Dan Matei Agathon. Au terme de
celui-ci, l'Etat roumain engageait
870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé-
E
ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour les
opérations de promotion (conférence de
presse à Bruxelles et à Paris pour le lancement, voyage de presse en Roumanie
pour journalistes et libraires, publicité
dans les médias, affichage dans les rues
de Paris et de 25 autres grandes villes de
France), et 427 000 € (2,8 MF) pour
l'impression et l'édition du guide. Or,
selon "Adevarul", ce dernier poste n'aurait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Où
est passée la différence (210 000 €,
1,4 MF) ?" demande le quotidien.
Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti
n travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer un
classement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête à
entrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International
Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pour
qu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte le
nom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements,
le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est.
Le journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent.
Elections
Du bon usage d'un ambassadeur
Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visite
privée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- mai
en tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa campagne des municipales. Le représentant des USA était venu
avec ses parents pour admirer une église dont son pays finance la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest a
avancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement la
visite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pour
lui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alors
que les "officiels" arrivaient.
Bible pour les candidats PSD
Quelques jours avant le lancement de la campagne des
municipales, les candidats PSD de tout le pays se sont
retrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand meeting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti,
issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué un
dossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession de
foi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de la
constitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublier
leur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et une
bible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, Le
Premier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile du
monastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'instauration du communisme.
Dix kilos de pommes
de terre pour acheter un vote
La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis en
examen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de Corneliu
Vadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le vote
d'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre.
Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans de
prison.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
Un pouvoir sans partage
à l'échelle du judet ou localement
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
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Voisins
Une chanteuse
moldave de dix ans
"trop roumaine"
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Chantant, place d'Opéra, devant
des milliers de personnes, Nicoleta
Nuca a fait un triomphe lors du festival de Timisoara, fin mars, consacré
à la Bessarabie (actuelle République
de Moldavie), à l'occasion du 86ème
anniversaire de son rattachement à
la Roumanie (de 1918 à 1940). La
jeune interprète de dix ans, originaire de Chisinau, capitale moldave, a
chanté des poèmes d'Eminescu et
remporte un grand succès dans son
pays auprès de ses compatriotes,
lesquels supportent mal leur séparation avec la "mère-patrie", imposée
par l'Union Soviétique.
Les autorités de Chisinau
supportent mal la
popularité de Nicoleta Nuca
Cette popularité dérange les autorités moldaves, communistes et prorusses, de la petite république devenue indépendante en 1991 et dont
les deux-tiers de la population sont
d'origine roumaine. Ainsi Nicoleta est
interdite de télévision et de radio, ses
chansons étant jugées "trop roumaines". On lui a également
demandé de changer tous les mots
faisant référence à la Roumanie en
les attribuant à la Moldavie.
La fillette a remporté récemment
le concours de la chanson européenne de Tallin (Estonie) consacré aux
enfants de 25 pays du Vieux
Continent.
Les "barons" ont installé
de véritables féodalités à travers le pays
U
ne nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur de
pages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluent
leur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'enrichir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs complicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les
"barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'écoeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compte
leur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pour
ne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux qui
leurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief.
Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet de
Gorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter à
l'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais bien
d'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea
(Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc.
Des fiefs entièrement contrôlés
Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefs
au fil de la "transition", utilisant l'omnipotence
du parti dominant, le PSD. Profitant de leurs
positions antérieures dans l'ancienne nomenklatura communiste, et des postes qu'ils occupaient
dans certains secteurs, ils ont habilement
mélangé proximité politique et détournement
des réformes économiques pour s'accaparer des
pans entiers des richesses nationales pour une
poignée de lei, par le biais de privatisations
biaisées, sans offres publiques d'achat. Pour
“Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”,
cela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autour
“Baron du PNA” (Parquet anticorruption)... “Souriez SVP“
d'eux: administrations, justice, élus, ministres…
(Caricature de Gazdaru: mariage
des
enfants
Mischie et Rudeanu).
créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur.
Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leur
pouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leur
chemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du pope
aux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou de
celui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les commandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou dessous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention.
Mariage entre enfants de "barons"
Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leur
modèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont même
entrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président du
judet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judet
d'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et MarieAntoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistant
à un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce.
Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant à
ce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances.
C
Connaissance et découverte
De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos
Eviter de rouler la nuit
et prendre son mal en patience
onduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'état
que les contrôles sont assez fréquents, tout comme les
de la chaussée et les trous ne sont pas seuls en
contrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radars
cause, les conditions de circulation rendent la pralongue distance.
tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles et
Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenez
on est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit,
votre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelques
un paysan qui traverse tranquillement la route - voir même
mots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, même
l'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'emsous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille,
bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume,
lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant un
que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il est
étranger dans l'embarras.
précédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de place
Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulier
pour vous rabattre.
pour la voiture ? Pas plus
Il faut en prendre son
que pour un autre pays parce
parti et se fixer comme ligne
qu'on trouve de tout désorde conduite, l'extrême prumais en Roumanie, notamdence : ne jamais dépasser
ment dans les stations Shell
90 km/h pour pouvoir s'arrê(mais pas Petrom), où on
ter rapidement; ne jamais
peut se procurer des chaînes
doubler sans visibilité : sur
pour la conduite sur neige,
les trois voies, alors que
et il en est de même pour le
vous roulez en toute quiétucarburant (sans plomb, euro
de sur la file de gauche qui
plus - 98 octanes -, diesel
est autorisée dans votre sens,
appelé motorina), l'huile,
il n'est pas rare de voir surgir
l'antigel, le liquide de freins.
en face, et à la sortie d'un
Toutefois, il est prudent de
virage, un véhicule qui a
se munir de 3 ou 4 bombes
franchi la ligne continue,
Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes anti-crevaison, de courroies
les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables. de ventilateur ou autres à la
empruntant la file interdite.
Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylinbonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : cela
drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de parevous évitera éventuellement de les faire venir de France.
chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse et
de manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenkRondes de nuit
latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraser
de leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestes
N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées qui
ne sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer et
Dacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pas
chaque année, on enregistre des accidents. En outre, des polià provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance.
ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contreAu moins la journée pour traverser tout le pays
venant, surtout s'il est étranger.
Attention également dans les villes, au deux voire trois
Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend au
rangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tourmoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on se
ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentaux
rend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif de
qui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefour
s'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoque
à mauvais escient.
les plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortes
Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montrede charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Les
ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. En
risques d'accidents, et de graves complications par la suite,
général, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, mais
sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : la
aux camions qui transportent de la marchandise, du bois, des
conduite de nuit est exclue !
matériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurs
De même, vous devez être particulièrement attentif lors du
sont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduire
coucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous troudeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et le
vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenez
plus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dans
votre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparu
les documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sont
de notre univers occidental.
appréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec
Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et
100 € en poche.
47
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Francophonie
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Entre 5 et 13 %
des Roumains parlent le français
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SATU MARE
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PLOIESTI
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TULCEA
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BUCAREST
L'anglais est désormais en tête
des langues apprises par les jeunes
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CONSTANTA
Q
uelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la France
s'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puissance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, personne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne faisant que s'accroître chez les jeunes Roumains.
Bucarest
devrait accueillir
le XIème sommet
francophone en 2006
48
22
Entrée au sein de l'Organisation
Internationale de la Francophonie en
1994, la Roumanie devrait accueillir
son XIème sommet en 2006, lequel
se tiendra pour la première fois dans
un pays d'Europe Centrale et de
l'Est. Des manifestations culturelles
importantes devraient marquer cet
évènement. Bucarest avait déjà
accueilli la XIIème conférence de la
Francophonie en 1998, au cours de
laquelle avait été lancée l'Agence
Intergouvernementale de la
Francophonie et adopté la réforme
structurelle de l'Agence de la
Francophonie. La capitale roumaine
accueille également en permanence
le siège du Bureau Régional de
l'Agence Universitaire de la
Francophonie pour l'Europe Centrale
et Orientale.
Par ailleurs, les gouvernements
français et roumains ont décidé de
développer mutuellement les
échanges culturels. Ainsi une exposition rétrospective d'art français, intitulée "Ombres et lumière", couvrant
quatre siècles de création, se déroulera au Musée National des BeauxArts de Bucarest, en 2005, alors que
la littérature roumaine et les écrivains
roumains seront les invités de la
France, dans le cadre de la manifestation intitulée "Belles Etrangères".
Plus généralement, les deux pays
organiseront une série de manifestations culturelles en France, durant la
période 2005-2007, sous le titre
générique "Paris-Bucarest ".
Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français
sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains.
Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que
15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'Organisation
Internationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125
000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de communication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnes
ayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombre
réduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions de
Francophones et 65 millions de Francophones partiels).
Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais
Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale roumain indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en
10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieur
d'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même période et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussi
tangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003
(- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %).
Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais et
remarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'Europe
Centrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves apprenaient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ
6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17
filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) qui
enregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an.
S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français
(Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatre
Alliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats préparant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se distingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15
à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale
Voisins
Une ville allemande et sa sœur polonaise
rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE
G
oerlitz, ville coupée en deux le long de la frontièAprès neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvée
re germano-polonaise depuis la seconde Guerre
divisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs de
mondiale, rêve de réunification et compte servir
l'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est,
d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Union
rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais.
européenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA,
Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulsés
Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuis
et, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelle
plus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent de
des pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerre
l'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Union
mondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froieuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque la
de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspective
Pologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club des
d'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se
Quinze.
sont pris alors à rêver de réunification.
A entendre le maire de Goerlitz,
Mais tous ne sont pas aussi optimistes
Rolf Karbaum, et son homologue poloque les maires des deux villes.
nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz,
"Je ne suis pas inquiète de voir
l'avenir semble tout rose. "Nous avons
Zgorzelec se joindre à nous, mais j'en
une vision. Nous voulons redevenir une
connais d'autres qui le sont. Vu le taux
ville le long de la frontière qui nous a
de chômage élevé, les gens ont peur de
séparés pendant des décennies", déclavoir les quelques emplois encore libres
re M. Karbaum.
disparaître. Il y a aussi la peur de la
Goerlitz et Zgorzelec ont signé en
criminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49
2001 une déclaration pour devenir "une
ans, habitante de Goerlitz.
Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font
ville dans deux nations" d'ici à 2030,
Anne Rebiger, 30 ans, coordinatrice
désormais sonner leurs carillons à l’unisson.
faisant d'eux un modèle unique d'intédu projet d'"une ville dans deux
gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement des
nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment visconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus comà-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela va
munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'endemander beaucoup de travail de restaurer la confiance des
fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien les
deux côtés".
euros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, il
Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une population
y avait avant des panneaux avertissant des conséquences judiplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industrie
ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz.
du charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômage
"Maintenant, il y a des affichettes informant que les commoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%.
merçants parlent polonais", ajoute-t-il.
En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, où
vivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voisine délabrée : son centre historique mêlant des bâtiments
Frères ennemis
gothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueuet camarades qui s'évitent
sement rénové.
MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-être
En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussi
les meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de la
un mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dolNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'eflars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gage
forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand on
d'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doit
n'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M.
rencontrer l'avocat du donateur secret.
Karbaum.
("Les Echos de Pologne")
L
Monseigneur Glemp et l'antisémitisme
e cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livres
antisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nous
jouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en
réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librairie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetés
dans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre un
non-lieu dans l'affaire de cette librairie.
("Les Echos de Pologne")
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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BUCAREST
Plus de huit
entreprises roumaines
sur dix ne sont
pas prêtes pour l'UE
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Selon une étude portant sur la
perspective de l'adhésion à l'UE, réalisée sur huit mois par une centaine
de spécialistes universitaires, chercheurs et responsables du patronat
roumain, seulement 15 à 20 % des
entreprises roumaines sont aptes
aujourd'hui à affronter les conditions
de concurrence du marché
européen.
Les problèmes les plus importants
identifiés touchent le domaine de la
certification des produits en ce qui
concerne les normes de sécurité,
d'environnement, de qualité et de
garantie. Il faudrait investir, au moins,
entre 500 M€ et un milliard d'euros
pour mettre à niveau les entreprises
roumaines avec leurs concurrentes
européennes.
Un décalage qui a doublé
en quarante ans, passant
à un rapport de 1 à 60
Par ailleurs, il a été souligné que
la demande de produits roumains
risque d'être maigre car 80 % d'entre
eux répondent à une faible demande,
la présence de la Roumanie étant
minime dans les secteurs les plus
porteurs (communication, aéronautique, santé, environnement).
L'étude note enfin, qu'entre 1960
et aujourd'hui, le décalage entre l'économie roumaine et celle des pays
les plus développés a doublé, passant d'un rapport de un à trente, à un
à soixante.
"Faire bon cœur,
contre mauvaise fortune"
La "Journée de l'Europe"... pour
faire oublier l'échec du Premier mai
A
ppelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, les
Roumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désormais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre,
sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieu
dans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les festivités ont eu le plus d'ampleur.
Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix à
gagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi de
football, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, de
dix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plus
grands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice,
musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par le
Français Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France et
d'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profité
de l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain permanent à la capitale et est visible à 20 km.
Artistes roumains envoyés à l'étranger
L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandes
villes, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections municipales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné la
journée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a pas
souvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites.
Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate),
qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe à
travers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens et
des vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumains
installés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", le
groupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid,
en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, Vasile
Seicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premier
semestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le Président
Iliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana.
Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basés
des soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania et
Etno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tous
ces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançant
l'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour des
sommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir
Compte à rebours pour 2007
Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'à
cause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes les
affiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'une
mention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs que
l'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à en
rapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale,
indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élections générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
6,6 millions de Francophones
en Europe Centrale et de l'Est
Francophonie
A
vec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinq
pays membres de l'Organisation Internationale de la
Francophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie
et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie,
Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et de
l'Est constituent une composante importante de la communauté francophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, pays
largement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne,
contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % de
Francophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophones
partiels), la Lituanie 1 %.
La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% de
A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurs
cadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros Francophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophiBoutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie. le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis
1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dans
près de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999,
apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000
enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités.
En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires,
25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000
dans le secondaire et autant à l'université.
Blagues à la roumaine
Humour
Moustiques
- Quelle différence y-a-t-il entre un
député roumain et un moustique ?
- Aucune. Tous les deux te piquent,
font du bruit, te donnent des boutons, et
t'as beau les écraser, il y en a toujours un
pour te sucer le sang.
Justification
Dana, étudiante à Timisoara, écrit à
ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plusieurs mois, après une année universitaire
agitée: "Chers parents, excusez-moi pour
vous avoir laissés aussi longtemps sans
nouvelles, mais j'au eu beaucoup de
pépins au cours de cette année et je vous
conseille de vous asseoir pour lire cette
lettre. Finalement, mes brûlures sont
cicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit,
ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance,
c'est mon voisin qui m'a sauvée. Très
gentiment, il m'a proposé de partager son
studio. Nous vivons ensemble depuis. Je
suis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a dit
que c'était des triplés. Je suis sûre que
vous serez contents d'être grands-parents.
Nous allons nous marier bientôt. Il n'a
pas la même religion que nous, mais je
sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'a
pas pu aller à l'école car dans son pays, en
Afrique, ce n'était pas facile. Mais vous
verrez, il est très intelligent. D'ailleurs
vous serez ravis de discuter avec lui,
parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pouvons pas venir actuellement vous voir,
car il est hospitalisé pour soigner sa
syphilis.
Chers parents, quand je pense que
toutes ces choses terribles auraient pu
arriver… Heureusement, vous serez très
contents d'apprendre qu'il en est rien et
comprendrez que le fait que je n'ai pas
réussi à mes examens et que je doive
redoubler n'a rien de comparable".
Politesses
A sept heures, le matin, Ceausescu
salue le soleil levant :
- Bonjour Soleil, et bonne journée.
Le soleil lui répond :
- Mes respects, Camarade, et bonne
journée.
A midi, même cérémonie :
- Je te salue Soleil, et bon après-midi.
- Mes respects, Camarade, et bon
après-midi.
Le soir, à l'heure du coucher, le
Conducator prend congé :
- Je te salue, Soleil, et bonne nuit.
- Vas te faire foutre, Camarade, je
suis passé à l'Ouest.
Congrès
Les chiens se réunissent au cours
d'un congrès international, à l'époque du
communisme. Le délégué d'un pays occidental discute avec celui de la Roumanie.
- Chez nous, on raconte beaucoup de
choses sur les pays de l'Est. La vie n'est
pas trop dure ?
- On fait aller. J'ai un os à chaque
Noël…
- Ce n'est pas si terrible qu'on le dit,
alors…
- Ce qui nous manque, c'est de pouvoir aboyer de temps en temps.
Rassurant
- Docteur, prenez-moi la main… c'est
la première fois que je me fais opérer.
-Rassurez-vous, vous n'êtes pas
seule, moi aussi c'est la première fois que
j'opère.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Infos pratiques
A savoir
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BUCAREST
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Echange annuel
franco-roumain
de 300 stagiaires
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Frontière hongroise plus souple
pour les cyclistes et les piétons
La Roumanie et la France ont
décidé de procéder à un échange
annuel de 300 stagiaires de 18 à 34
ans, issus de milieux professionnels,
en activité, et ayant une qualification
reconnue.
Ces stages de perfectionnement
d'une durée de un an, pouvant être
prolongée de six mois, nécessitent la
connaissance de la langue du pays
d'accueil et la possession d'un diplôme permettant d'occuper le poste
proposé. Les stagiaires recevront le
salaire pratiqué pour la profession
dans le pays hôte… ce qui risque de
restreindre les candidatures
françaises.
Par ailleurs le judet de Covasna
(Sfântu Gheorghe), à population
majoritairement hongroise, s'est jointe
à un accord signé entre le département du Maine et Loire (Angers) et
celui de Vezprem (Hongrie), assurant
par des professeurs français l'initiation à la langue française des élus
locaux et des maires.
Plus de visas
pour Monaco
Depuis le 15 mai, les Roumains
n'ont plus besoin de visa pour entrer
dans la Principauté de Monaco. Cette
mesure est plus utile pour les
Monégasques qui en avait besoin en
sens inverse que pour les Roumains,
aucun contrôle n'étant effectué à l'entrée du célèbre Rocher. Les citoyens
des deux pays peuvent séjourner 90
jours, avec des intervalles de six
mois.
udapest a décidé d'assouplir un peu
les conditions d'accès à son territoire des voisins roumains, rendues
plus difficiles depuis son entrée dans l'UE.
Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas à
présenter de billet retour, d'attestation d'assurance maladie, ni de carte verte. Ces dispositions
sont prises pour faciliter la vie des frontaliers
qui vont travailler quotidiennement en Hongrie,
utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion de
la Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois vers
leur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés)
frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €).
L
Remboursement de la TVA
pour des biens achetés en Roumanie
es étrangers ou les Roumains
vivant en Roumanie peuvent
obtenir, sous conditions, le
remboursement de la TVA pour les biens
qu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ils
veulent sortir du pays. Ceux-ci doivent
coûter, au minimum, 2,5 millions de lei
(65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de
plus de trois mois, ni faire l'objet de restrictions à l'exportation.
L'acheteur doit présenter à la douane,
outre le ou les biens acquis, une facture,
le double du formulaire spécial en deux
exemplaires qu'il aura fait remplir par le
vendeur, celui-ci en conservant une
copie.
Abonnez vos amis roumains
de Roumanie pour seulement 25 € !
Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifeste
de Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles de
Roumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leur
pays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule
"Abonnez vos amis roumains".
Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif)
peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie*. La
revue leur sera expédiée directement.
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votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement
normal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €).
Cette somme représente les seuls coûts de fabrication, d'impression et d'expédition de la revue, soit le tiers de son budget, "Les Nouvelles de Roumanie" ayant
décidé de ne pas répercuter les autres postes de dépenses dans cette formule.
Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer à
une meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renforcer leurs liens.
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du ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonnements souscrits.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
"Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplissent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons des
manele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) et
pédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental dominant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)"
poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pourquoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais et
Hongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dix
éléments fondamentaux de réponse :
"1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonais
ont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidents
anti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communiste
notoire.
2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisins
ont balayé immédiatement les communistes du pouvoir et
choisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ont
continué à fonctionner avec des communistes de deuxième
génération et même avec les thuriféraires de Ceausescu
comme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor.
3 - Des services secrets toujours tout puissants : la
Securitate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue à
œuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrouve sa main dans des évènements comme les manifestations
anti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Ses
membres se sont partagés le pouvoir économique avec la nouvelle nomenklatura.
Réformes repoussées, promesses non tenues
4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pas
reçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et Ion
Iliescu a été le plus grand frein à cette transformation.
5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a fait
appel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, aux
manifestations de l'opposition, puis chasser le Premier
ministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plus
sombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée du
monde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratique
n'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS.
6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du Roi
Michel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classes
sociales dressées contre les intellectuels, les étudiants…
7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article ou
livre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque.
8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours promis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains ou
d'organismes internationaux de prendre les mesures
demandées ou attendues, mais repousse sans arrêt les
échéances.
9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domaine
de la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les décisions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute de
Ceausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pas
de leurs terres, mais de simples certificats que la Justice ne
reconnaît pas.
10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de manière constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants et
la nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales,
étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limousines luxueuses ".
Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régime Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrés
du doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beaucoup plus difficilement que leurs voisins".
"Le train ne s'est pas arrêté"
P
incements au cœur, désabusement, fatalisme, résignation…
les réactions étaient bien roumaines en ce premier mai qui a vu les
voisins intégrer l'UE. En voici quelques
unes, entendues dans la rue ou à la télévision :
- "J'ai eu le sentiment d'être sur le
A
quai, d'avoir mon billet en poche, et de
voir le train passer sans s'arrêter".
- "Nous, les Roumains, nous serons
toujours dans une sorte de "no man's
land" entre Russie et Europe… et on nous
oubliera".
- "Qui peut bien vouloir de nous,
avec nos quatre millions de Tsiganes ? "
(en fait, entre 1,5 millions et deux millions d'après les estimations, et 600 000
selon les autorités).
- "Ce premier mai, tout le monde faisait la fête, et nous, les Roumains, nous
étions agglutinés derrière les barrières,
comme de pauvres gens, salivant en
regardant les autres festoyer".
La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser
tous les fonds européens qui lui sont attribués
près six mois d'exercice, seulement un peu plus de
20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit
32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F)
attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routes
dans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau,
avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avait
réussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en bénéficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importante des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles.
Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'administration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il
fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le rythme de travail chute sérieusement pendant l'été… et cette
année, la Roumanie se trouve en campagne électorale au printemps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitution
des dossiers.
Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Flutur
s'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas la
capacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à cause
de l'incompétence de son administration" se demandant, au
propre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprès
des instances de Bruxelles.
22
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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CRAIOVA
"450 millions d'Européens…
Et moi, et moi, et moi ?"
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BRAILA
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BUCAREST
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Sabin Pop, nouvel
ambassadeur de
Roumanie en France
2
Un premier mai amer pour
les Roumains laissés à la porte de l'UE
Conseiller du Premier ministre,
Adrian Nastase, pour les problèmes
de politique extérieure, Sabin Pop
(notre photo) a été nommé ambassadeur de Roumanie en France, en
remplacement d'Oliviu Gherman.
Sabin Pop, qui a intégré le corps
diplomatique voici plus de trente ans,
a déjà été en poste à Paris, de 1990
à 1994, comme principal collaborateur de l'ambassadeur de Roumanie.
Il a par ailleurs représenté son pays
auprès du Conseil de l'Europe à
Strasbourg, de 1995 à 2000.
Q
uatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi?
Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?".
Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse
chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amertume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveaux
membres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le
"paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien…
Alors que les cloches des églises des expays de l'Est sonnaient à la volée pour célébrer l'évènement, que des feux d'artifice éclataient dans les cieux, enterrant définitivement
le Rideau de fer, l'ambiance était morne à
Bucarest. Les journaux y pratiquaient l'autodérision en soulignant que, désormais, la
Roumanie avait une frontière commune avec
l'UE, pour mieux souligner qu'il serait encore
plus difficile d'y voyager, leurs compatriotes
devant montrer "patte blanche" et présenter
au moins 500 € aux douaniers afin d'accéder
aux pays voisins, devenus de "respectables"
membres de la Communauté et où il se
déplaçaient librement voici encore trois ans.
Les uns font la fête, les autres la tête
Oliviu Gherman, ambassadeur à
Paris depuis trois ans, devrait occuper à son retour un poste confortable
au sein de son parti, le PSD. Agé de
74 ans, ancien président du Sénat, il
devait sa nomination en France aux
bonnes relations le liant à Ion Iliescu.
Parlant très bien le français, il était
cependant brocardé d'une manière
générale et constante par la presse
roumaine, qui l'appelait "l'ambassadeur somnolent", pour son manque
d'initiative.
Pour tout arranger, le premier mai tombait un samedi et les Roumains ne purent
Roumains et Bulgares sont restés seuls
bénéficier d'un solide pont, comme les années
à la porte de l’Europe, comme le montre
précédentes. En 2002, la fête du Travail coïncette caricature de Gazdaru, paru dans
“Gardianul”, à la veille de Noël 2003.
cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyé
une semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale,
le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gouvernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin de
célébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN.
A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement de
l'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et de
Hongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargé
d'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme des
compositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire universel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), Jan
Levoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumains
y figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, la
pianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei.
"Les dix raisons" d'un échec
Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei",
"L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour la
Roumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliation
d'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand bal
du monde civilisé".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 24, juillet-août 2004
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
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Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
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Ont participé à ce numéro :
Bernard Camboulives, Catalina
Iacob, Adriana Lungu, Nicolae
Dragulanescu, Martine et Jean
Bovon-Dumoulin, Paula
Romanescu, Ovidiu Gorea.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1102 G 80172
ISSN 1624-4699
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Prochain numéro : début sept.
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Numéro 24 - juillet - août 2004
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Au cœur du Delta
le français devient
une langue d'avenir
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
B
onjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, les
yeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs fois
par jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants
au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exercer leur français devant les visiteurs francophones. Le regain
d'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste de
la Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour une
grande partie due à l'action de deux professeurs retraités bénévoles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF
(Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuis
l'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collègues
le font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain.
SOMMAIRE
Actualité
“Venez nous soutenir, nous sommes si isolés”
52
de
Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concernant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder une
vingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas toujours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de choses
en regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire.
Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide,
avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheur
dont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant.
Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce programme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action.
Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue,
la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention.
Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères de
livres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit ses
ressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentiel
touristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais,
dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que
déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nombreux que les visiteurs anglophones.
Cours du soir pour femmes de pêcheurs
Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux professeurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, à
l’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfants
réceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur les
bancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaison
rébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans à
avoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés.
Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, elles
ont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombre
est passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Se
montant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Mais
il faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !".
C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ils
regardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta.
Vie internationale
Politique
Economie
Social
Entre modernisme et féodalité
2à5
6 à 10
11 à 14
15 à 17
Société
Evénements
Vie quotidienne
Enseignement
Santé
Religion
Environnement
Sports
Insolite
18 à 23
24 et 25
26 et 27
28
29
30 et 31
32 à 34
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Connaissance
et découverte
Littérature, Livres
Musique, Sciences
Médias
Histoire, Traditions
Tourisme
Francophonie, Humour
Infos pratiques
Abonnements
Coup de coeur
Lettre d’information bimestrielle
36 à 38
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40 et 41
42 à 44
45 à 47
48 et 49
50
51
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P
ar bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunes
suivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent sur
Internet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, malgré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience.
Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air
de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade longeant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faire
oublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'ensemble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une large
partie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élargi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expression politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti Social
Démocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, accepter
sa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à ses
bras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrir
une entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot .
A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècle
après la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman par
Liviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les
"barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos de
leurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'école ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entreprises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelquesuns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local.
Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi les
milliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur le
chômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'engranger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralisme
s'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité,
qui voit son statut régresser.
Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises allemandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation…
l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté de
notre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" !
Henri Gillet