Édition 2004-07-01 (PDF document)
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Numéro 24 - juillet - août 2004 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Au cœur du Delta le français devient une langue d'avenir NOUVeLLes ROUMANIe Les B onjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, les yeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs fois par jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exercer leur français devant les visiteurs francophones. Le regain d'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste de la Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour une grande partie due à l'action de deux professeurs retraités bénévoles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF (Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuis l'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collègues le font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain. SOMMAIRE Actualité “Venez nous soutenir, nous sommes si isolés” 52 de Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concernant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder une vingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas toujours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de choses en regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire. Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide, avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheur dont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant. Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce programme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action. Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue, la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention. Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères de livres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit ses ressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentiel touristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais, dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nombreux que les visiteurs anglophones. Cours du soir pour femmes de pêcheurs Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux professeurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, à l’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfants réceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur les bancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaison rébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans à avoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés. Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, elles ont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombre est passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Se montant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Mais il faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !". C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ils regardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta. Vie internationale Politique Economie Social Entre modernisme et féodalité 2à5 6 à 10 11 à 14 15 à 17 Société Evénements Vie quotidienne Enseignement Santé Religion Environnement Sports Insolite 18 à 23 24 et 25 26 et 27 28 29 30 et 31 32 à 34 35 Connaissance et découverte Littérature, Livres Musique, Sciences Médias Histoire, Traditions Tourisme Francophonie, Humour Infos pratiques Abonnements Coup de coeur Lettre d’information bimestrielle 36 à 38 39 40 et 41 42 à 44 45 à 47 48 et 49 50 51 52 P ar bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunes suivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent sur Internet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, malgré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience. Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade longeant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faire oublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'ensemble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une large partie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élargi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expression politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti Social Démocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, accepter sa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à ses bras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrir une entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot . A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècle après la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman par Liviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les "barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos de leurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'école ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entreprises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelquesuns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local. Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi les milliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur le chômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'engranger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralisme s'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité, qui voit son statut régresser. Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises allemandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation… l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté de notre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" ! Henri Gillet Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z BACAU z z z SIBIU z PITESTI z z VASLUI BRASOV SINAIA CRAIOVA "450 millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi ?" z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Sabin Pop, nouvel ambassadeur de Roumanie en France 2 Un premier mai amer pour les Roumains laissés à la porte de l'UE Conseiller du Premier ministre, Adrian Nastase, pour les problèmes de politique extérieure, Sabin Pop (notre photo) a été nommé ambassadeur de Roumanie en France, en remplacement d'Oliviu Gherman. Sabin Pop, qui a intégré le corps diplomatique voici plus de trente ans, a déjà été en poste à Paris, de 1990 à 1994, comme principal collaborateur de l'ambassadeur de Roumanie. Il a par ailleurs représenté son pays auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg, de 1995 à 2000. Q uatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi? Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?". Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amertume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveaux membres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le "paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien… Alors que les cloches des églises des expays de l'Est sonnaient à la volée pour célébrer l'évènement, que des feux d'artifice éclataient dans les cieux, enterrant définitivement le Rideau de fer, l'ambiance était morne à Bucarest. Les journaux y pratiquaient l'autodérision en soulignant que, désormais, la Roumanie avait une frontière commune avec l'UE, pour mieux souligner qu'il serait encore plus difficile d'y voyager, leurs compatriotes devant montrer "patte blanche" et présenter au moins 500 € aux douaniers afin d'accéder aux pays voisins, devenus de "respectables" membres de la Communauté et où il se déplaçaient librement voici encore trois ans. Les uns font la fête, les autres la tête Oliviu Gherman, ambassadeur à Paris depuis trois ans, devrait occuper à son retour un poste confortable au sein de son parti, le PSD. Agé de 74 ans, ancien président du Sénat, il devait sa nomination en France aux bonnes relations le liant à Ion Iliescu. Parlant très bien le français, il était cependant brocardé d'une manière générale et constante par la presse roumaine, qui l'appelait "l'ambassadeur somnolent", pour son manque d'initiative. Pour tout arranger, le premier mai tombait un samedi et les Roumains ne purent Roumains et Bulgares sont restés seuls bénéficier d'un solide pont, comme les années à la porte de l’Europe, comme le montre précédentes. En 2002, la fête du Travail coïncette caricature de Gazdaru, paru dans “Gardianul”, à la veille de Noël 2003. cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyé une semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale, le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gouvernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin de célébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN. A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement de l'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et de Hongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargé d'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme des compositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire universel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), Jan Levoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumains y figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, la pianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei. "Les dix raisons" d'un échec Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei", "L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour la Roumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliation d'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand bal du monde civilisé". Les NOUVeLLes de ROUMANIe CHANGE* ( en lei ) Euro Franc Franc belge Franc suisse Dollar Forint hongrois *Au 20 juin 2004 Infos pratiques Multi-abonnement Abonnez vos amis* et gagnez ensemble 40 750 6 212 1 010 26 972 33 910 159 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 24, juillet-août 2004 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 Fax: 02 40 49 79 49 E-Mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Bernard Camboulives, Catalina Iacob, Adriana Lungu, Nicolae Dragulanescu, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Paula Romanescu, Ovidiu Gorea. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA Impression : Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1102 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro : début sept. jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement Afin de rendre l'abonnement plus accessible aux particuliers et de faciliter la tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par nos soins la diffusion de notre revue auprès de leurs membres ou collaborateurs, "Les Nouvelles de Roumanie" proposent une formule spéciale: le multi-abonnement Le système en est simple : vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant de 75 € à 56 € (Multi-abonnement Formule 2). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement : 45 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement : 37,5 €). Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à la formule choisie. Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. (* dans la limite, au total, de quatre personnes) ABONNEMENT Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Normal: 100 € TTC / an Associations et particuliers : 75 € TTC / an Nom:……………………………………………………………………………… Adresse :…………………………………………………………………………. Code postal :.......................Ville……………………........................................... Pays :.................................Tel :………………........Fax :……………………..... E-mail :……………………………………. Cachet, signature : *Chèque bancaire ou postal joint , uniquement en Euro, à l'ordre de ADICA. R.I.B : Crédit Lyonnais, agence Saint-Pierre, Nantes 44 000. Code banque: 30 002. Code guichet : 07 437. N° de compte : 00000794 30 H. Clé RIB : 11. Coupon à retourner à : Les Nouvelles de Roumanie-ADICA 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France 51 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Infos pratiques A savoir z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z DEVA z z IASI z GALATI BRASOV PITESTI z BACAU z SIBIU CRAIOVA B z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Echange annuel franco-roumain de 300 stagiaires 22 50 Frontière hongroise plus souple pour les cyclistes et les piétons La Roumanie et la France ont décidé de procéder à un échange annuel de 300 stagiaires de 18 à 34 ans, issus de milieux professionnels, en activité, et ayant une qualification reconnue. Ces stages de perfectionnement d'une durée de un an, pouvant être prolongée de six mois, nécessitent la connaissance de la langue du pays d'accueil et la possession d'un diplôme permettant d'occuper le poste proposé. Les stagiaires recevront le salaire pratiqué pour la profession dans le pays hôte… ce qui risque de restreindre les candidatures françaises. Par ailleurs le judet de Covasna (Sfântu Gheorghe), à population majoritairement hongroise, s'est jointe à un accord signé entre le département du Maine et Loire (Angers) et celui de Vezprem (Hongrie), assurant par des professeurs français l'initiation à la langue française des élus locaux et des maires. Plus de visas pour Monaco Depuis le 15 mai, les Roumains n'ont plus besoin de visa pour entrer dans la Principauté de Monaco. Cette mesure est plus utile pour les Monégasques qui en avait besoin en sens inverse que pour les Roumains, aucun contrôle n'étant effectué à l'entrée du célèbre Rocher. Les citoyens des deux pays peuvent séjourner 90 jours, avec des intervalles de six mois. udapest a décidé d'assouplir un peu les conditions d'accès à son territoire des voisins roumains, rendues plus difficiles depuis son entrée dans l'UE. Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas à présenter de billet retour, d'attestation d'assurance maladie, ni de carte verte. Ces dispositions sont prises pour faciliter la vie des frontaliers qui vont travailler quotidiennement en Hongrie, utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion de la Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois vers leur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés) frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €). L Remboursement de la TVA pour des biens achetés en Roumanie es étrangers ou les Roumains vivant en Roumanie peuvent obtenir, sous conditions, le remboursement de la TVA pour les biens qu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ils veulent sortir du pays. Ceux-ci doivent coûter, au minimum, 2,5 millions de lei (65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de plus de trois mois, ni faire l'objet de restrictions à l'exportation. L'acheteur doit présenter à la douane, outre le ou les biens acquis, une facture, le double du formulaire spécial en deux exemplaires qu'il aura fait remplir par le vendeur, celui-ci en conservant une copie. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour seulement 25 € ! Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifeste de Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles de Roumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leur pays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule "Abonnez vos amis roumains". Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie*. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 25 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €). Cette somme représente les seuls coûts de fabrication, d'impression et d'expédition de la revue, soit le tiers de son budget, "Les Nouvelles de Roumanie" ayant décidé de ne pas répercuter les autres postes de dépenses dans cette formule. Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer à une meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renforcer leurs liens. * Formule strictement réservée aux abonnés ou personnes s'abonnant, et à destination exclusive de Roumains demeurant en Roumanie. Indiquer les coordonnées du ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonnements souscrits. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité "Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplissent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons des manele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) et pédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental dominant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)" poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pourquoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais et Hongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dix éléments fondamentaux de réponse : "1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonais ont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidents anti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communiste notoire. 2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisins ont balayé immédiatement les communistes du pouvoir et choisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ont continué à fonctionner avec des communistes de deuxième génération et même avec les thuriféraires de Ceausescu comme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor. 3 - Des services secrets toujours tout puissants : la Securitate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue à œuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrouve sa main dans des évènements comme les manifestations anti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Ses membres se sont partagés le pouvoir économique avec la nouvelle nomenklatura. Réformes repoussées, promesses non tenues 4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pas reçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et Ion Iliescu a été le plus grand frein à cette transformation. 5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a fait appel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, aux manifestations de l'opposition, puis chasser le Premier ministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plus sombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée du monde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratique n'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS. 6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du Roi Michel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classes sociales dressées contre les intellectuels, les étudiants… 7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article ou livre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque. 8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours promis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains ou d'organismes internationaux de prendre les mesures demandées ou attendues, mais repousse sans arrêt les échéances. 9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domaine de la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les décisions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute de Ceausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pas de leurs terres, mais de simples certificats que la Justice ne reconnaît pas. 10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de manière constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants et la nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales, étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limousines luxueuses ". Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régime Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrés du doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beaucoup plus difficilement que leurs voisins". "Le train ne s'est pas arrêté" P incements au cœur, désabusement, fatalisme, résignation… les réactions étaient bien roumaines en ce premier mai qui a vu les voisins intégrer l'UE. En voici quelques unes, entendues dans la rue ou à la télévision : - "J'ai eu le sentiment d'être sur le A quai, d'avoir mon billet en poche, et de voir le train passer sans s'arrêter". - "Nous, les Roumains, nous serons toujours dans une sorte de "no man's land" entre Russie et Europe… et on nous oubliera". - "Qui peut bien vouloir de nous, avec nos quatre millions de Tsiganes ? " (en fait, entre 1,5 millions et deux millions d'après les estimations, et 600 000 selon les autorités). - "Ce premier mai, tout le monde faisait la fête, et nous, les Roumains, nous étions agglutinés derrière les barrières, comme de pauvres gens, salivant en regardant les autres festoyer". La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser tous les fonds européens qui lui sont attribués près six mois d'exercice, seulement un peu plus de 20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit 32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F) attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routes dans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau, avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avait réussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en bénéficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importante des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles. Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'administration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le rythme de travail chute sérieusement pendant l'été… et cette année, la Roumanie se trouve en campagne électorale au printemps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitution des dossiers. Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Flutur s'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas la capacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à cause de l'incompétence de son administration" se demandant, au propre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprès des instances de Bruxelles. 22 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z CLUJ ARAD DEVA z z z BACAU SIBIU BRASOV CHISINAU z z z TULCEA z z IASI GALATI z PITESTI CRAIOVA z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES z TURDA z z BAIA MARE ORADEA BUCAREST Plus de huit entreprises roumaines sur dix ne sont pas prêtes pour l'UE 22 4 Selon une étude portant sur la perspective de l'adhésion à l'UE, réalisée sur huit mois par une centaine de spécialistes universitaires, chercheurs et responsables du patronat roumain, seulement 15 à 20 % des entreprises roumaines sont aptes aujourd'hui à affronter les conditions de concurrence du marché européen. Les problèmes les plus importants identifiés touchent le domaine de la certification des produits en ce qui concerne les normes de sécurité, d'environnement, de qualité et de garantie. Il faudrait investir, au moins, entre 500 M€ et un milliard d'euros pour mettre à niveau les entreprises roumaines avec leurs concurrentes européennes. Un décalage qui a doublé en quarante ans, passant à un rapport de 1 à 60 Par ailleurs, il a été souligné que la demande de produits roumains risque d'être maigre car 80 % d'entre eux répondent à une faible demande, la présence de la Roumanie étant minime dans les secteurs les plus porteurs (communication, aéronautique, santé, environnement). L'étude note enfin, qu'entre 1960 et aujourd'hui, le décalage entre l'économie roumaine et celle des pays les plus développés a doublé, passant d'un rapport de un à trente, à un à soixante. "Faire bon cœur, contre mauvaise fortune" La "Journée de l'Europe"... pour faire oublier l'échec du Premier mai A ppelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, les Roumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désormais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre, sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieu dans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les festivités ont eu le plus d'ampleur. Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix à gagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi de football, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, de dix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plus grands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice, musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par le Français Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France et d'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profité de l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain permanent à la capitale et est visible à 20 km. Artistes roumains envoyés à l'étranger L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandes villes, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections municipales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné la journée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a pas souvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites. Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate), qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe à travers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens et des vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumains installés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", le groupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid, en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, Vasile Seicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premier semestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le Président Iliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana. Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basés des soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania et Etno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tous ces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançant l'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour des sommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir Compte à rebours pour 2007 Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'à cause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes les affiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'une mention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs que l'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à en rapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale, indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élections générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800… Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte 6,6 millions de Francophones en Europe Centrale et de l'Est Francophonie A vec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinq pays membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et de l'Est constituent une composante importante de la communauté francophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, pays largement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne, contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % de Francophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophones partiels), la Lituanie 1 %. La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% de A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurs cadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros Francophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophiBoutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie. le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis 1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dans près de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999, apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000 enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités. En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires, 25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000 dans le secondaire et autant à l'université. Blagues à la roumaine Humour Moustiques - Quelle différence y-a-t-il entre un député roumain et un moustique ? - Aucune. Tous les deux te piquent, font du bruit, te donnent des boutons, et t'as beau les écraser, il y en a toujours un pour te sucer le sang. Justification Dana, étudiante à Timisoara, écrit à ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plusieurs mois, après une année universitaire agitée: "Chers parents, excusez-moi pour vous avoir laissés aussi longtemps sans nouvelles, mais j'au eu beaucoup de pépins au cours de cette année et je vous conseille de vous asseoir pour lire cette lettre. Finalement, mes brûlures sont cicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit, ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance, c'est mon voisin qui m'a sauvée. Très gentiment, il m'a proposé de partager son studio. Nous vivons ensemble depuis. Je suis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a dit que c'était des triplés. Je suis sûre que vous serez contents d'être grands-parents. Nous allons nous marier bientôt. Il n'a pas la même religion que nous, mais je sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'a pas pu aller à l'école car dans son pays, en Afrique, ce n'était pas facile. Mais vous verrez, il est très intelligent. D'ailleurs vous serez ravis de discuter avec lui, parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pouvons pas venir actuellement vous voir, car il est hospitalisé pour soigner sa syphilis. Chers parents, quand je pense que toutes ces choses terribles auraient pu arriver… Heureusement, vous serez très contents d'apprendre qu'il en est rien et comprendrez que le fait que je n'ai pas réussi à mes examens et que je doive redoubler n'a rien de comparable". Politesses A sept heures, le matin, Ceausescu salue le soleil levant : - Bonjour Soleil, et bonne journée. Le soleil lui répond : - Mes respects, Camarade, et bonne journée. A midi, même cérémonie : - Je te salue Soleil, et bon après-midi. - Mes respects, Camarade, et bon après-midi. Le soir, à l'heure du coucher, le Conducator prend congé : - Je te salue, Soleil, et bonne nuit. - Vas te faire foutre, Camarade, je suis passé à l'Ouest. Congrès Les chiens se réunissent au cours d'un congrès international, à l'époque du communisme. Le délégué d'un pays occidental discute avec celui de la Roumanie. - Chez nous, on raconte beaucoup de choses sur les pays de l'Est. La vie n'est pas trop dure ? - On fait aller. J'ai un os à chaque Noël… - Ce n'est pas si terrible qu'on le dit, alors… - Ce qui nous manque, c'est de pouvoir aboyer de temps en temps. Rassurant - Docteur, prenez-moi la main… c'est la première fois que je me fais opérer. -Rassurez-vous, vous n'êtes pas seule, moi aussi c'est la première fois que j'opère. 49 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Francophonie z z z ARAD z DEVA BACAU SIBIU TIMISOARA IASI z z z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Entre 5 et 13 % des Roumains parlent le français z SATU MARE ORADEA z z PLOIESTI z z TULCEA BUCAREST L'anglais est désormais en tête des langues apprises par les jeunes z CONSTANTA Q uelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la France s'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puissance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, personne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne faisant que s'accroître chez les jeunes Roumains. Bucarest devrait accueillir le XIème sommet francophone en 2006 48 22 Entrée au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie en 1994, la Roumanie devrait accueillir son XIème sommet en 2006, lequel se tiendra pour la première fois dans un pays d'Europe Centrale et de l'Est. Des manifestations culturelles importantes devraient marquer cet évènement. Bucarest avait déjà accueilli la XIIème conférence de la Francophonie en 1998, au cours de laquelle avait été lancée l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie et adopté la réforme structurelle de l'Agence de la Francophonie. La capitale roumaine accueille également en permanence le siège du Bureau Régional de l'Agence Universitaire de la Francophonie pour l'Europe Centrale et Orientale. Par ailleurs, les gouvernements français et roumains ont décidé de développer mutuellement les échanges culturels. Ainsi une exposition rétrospective d'art français, intitulée "Ombres et lumière", couvrant quatre siècles de création, se déroulera au Musée National des BeauxArts de Bucarest, en 2005, alors que la littérature roumaine et les écrivains roumains seront les invités de la France, dans le cadre de la manifestation intitulée "Belles Etrangères". Plus généralement, les deux pays organiseront une série de manifestations culturelles en France, durant la période 2005-2007, sous le titre générique "Paris-Bucarest ". Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains. Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que 15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125 000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de communication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnes ayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombre réduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions de Francophones et 65 millions de Francophones partiels). Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale roumain indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en 10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieur d'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même période et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussi tangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003 (- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %). Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais et remarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'Europe Centrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves apprenaient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ 6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17 filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) qui enregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an. S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français (Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatre Alliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats préparant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se distingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15 à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale Voisins Une ville allemande et sa sœur polonaise rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE G oerlitz, ville coupée en deux le long de la frontièAprès neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvée re germano-polonaise depuis la seconde Guerre divisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs de mondiale, rêve de réunification et compte servir l'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est, d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Union rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais. européenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA, Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulsés Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuis et, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelle plus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent de des pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerre l'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Union mondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froieuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque la de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspective Pologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club des d'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se Quinze. sont pris alors à rêver de réunification. A entendre le maire de Goerlitz, Mais tous ne sont pas aussi optimistes Rolf Karbaum, et son homologue poloque les maires des deux villes. nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz, "Je ne suis pas inquiète de voir l'avenir semble tout rose. "Nous avons Zgorzelec se joindre à nous, mais j'en une vision. Nous voulons redevenir une connais d'autres qui le sont. Vu le taux ville le long de la frontière qui nous a de chômage élevé, les gens ont peur de séparés pendant des décennies", déclavoir les quelques emplois encore libres re M. Karbaum. disparaître. Il y a aussi la peur de la Goerlitz et Zgorzelec ont signé en criminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49 2001 une déclaration pour devenir "une ans, habitante de Goerlitz. Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font ville dans deux nations" d'ici à 2030, Anne Rebiger, 30 ans, coordinatrice désormais sonner leurs carillons à l’unisson. faisant d'eux un modèle unique d'intédu projet d'"une ville dans deux gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement des nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment visconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus comà-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela va munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'endemander beaucoup de travail de restaurer la confiance des fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien les deux côtés". euros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, il Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une population y avait avant des panneaux avertissant des conséquences judiplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industrie ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz. du charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômage "Maintenant, il y a des affichettes informant que les commoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%. merçants parlent polonais", ajoute-t-il. En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, où vivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voisine délabrée : son centre historique mêlant des bâtiments Frères ennemis gothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueuet camarades qui s'évitent sement rénové. MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-être En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussi les meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de la un mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dolNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'eflars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gage forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand on d'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doit n'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M. rencontrer l'avocat du donateur secret. Karbaum. ("Les Echos de Pologne") L Monseigneur Glemp et l'antisémitisme e cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livres antisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nous jouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librairie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetés dans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre un non-lieu dans l'affaire de cette librairie. ("Les Echos de Pologne") 22 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique Un pouvoir sans partage à l'échelle du judet ou localement Les NOUVeLLes de ROUMANIe Tourisme SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA z z z SIBIU TÂRGOVISTE CRAIOVA z IASI TARGU MURES z TIMISOARA z BAIA MARE z z CHISINAU z PIATRA NEAMT z BACAU z BRASOV BRAILA z z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Voisins Une chanteuse moldave de dix ans "trop roumaine" 22 6 Chantant, place d'Opéra, devant des milliers de personnes, Nicoleta Nuca a fait un triomphe lors du festival de Timisoara, fin mars, consacré à la Bessarabie (actuelle République de Moldavie), à l'occasion du 86ème anniversaire de son rattachement à la Roumanie (de 1918 à 1940). La jeune interprète de dix ans, originaire de Chisinau, capitale moldave, a chanté des poèmes d'Eminescu et remporte un grand succès dans son pays auprès de ses compatriotes, lesquels supportent mal leur séparation avec la "mère-patrie", imposée par l'Union Soviétique. Les autorités de Chisinau supportent mal la popularité de Nicoleta Nuca Cette popularité dérange les autorités moldaves, communistes et prorusses, de la petite république devenue indépendante en 1991 et dont les deux-tiers de la population sont d'origine roumaine. Ainsi Nicoleta est interdite de télévision et de radio, ses chansons étant jugées "trop roumaines". On lui a également demandé de changer tous les mots faisant référence à la Roumanie en les attribuant à la Moldavie. La fillette a remporté récemment le concours de la chanson européenne de Tallin (Estonie) consacré aux enfants de 25 pays du Vieux Continent. Les "barons" ont installé de véritables féodalités à travers le pays U ne nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur de pages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluent leur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'enrichir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs complicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les "barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'écoeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compte leur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pour ne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux qui leurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief. Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet de Gorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter à l'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais bien d'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea (Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc. Des fiefs entièrement contrôlés Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefs au fil de la "transition", utilisant l'omnipotence du parti dominant, le PSD. Profitant de leurs positions antérieures dans l'ancienne nomenklatura communiste, et des postes qu'ils occupaient dans certains secteurs, ils ont habilement mélangé proximité politique et détournement des réformes économiques pour s'accaparer des pans entiers des richesses nationales pour une poignée de lei, par le biais de privatisations biaisées, sans offres publiques d'achat. Pour “Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”, cela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autour “Baron du PNA” (Parquet anticorruption)... “Souriez SVP“ d'eux: administrations, justice, élus, ministres… (Caricature de Gazdaru: mariage des enfants Mischie et Rudeanu). créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur. Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leur pouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leur chemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du pope aux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou de celui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les commandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou dessous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention. Mariage entre enfants de "barons" Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leur modèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont même entrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président du judet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judet d'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et MarieAntoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistant à un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce. Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant à ce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances. C Connaissance et découverte De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos Eviter de rouler la nuit et prendre son mal en patience onduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'état que les contrôles sont assez fréquents, tout comme les de la chaussée et les trous ne sont pas seuls en contrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radars cause, les conditions de circulation rendent la pralongue distance. tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles et Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenez on est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit, votre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelques un paysan qui traverse tranquillement la route - voir même mots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, même l'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'emsous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille, bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume, lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant un que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il est étranger dans l'embarras. précédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de place Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulier pour vous rabattre. pour la voiture ? Pas plus Il faut en prendre son que pour un autre pays parce parti et se fixer comme ligne qu'on trouve de tout désorde conduite, l'extrême prumais en Roumanie, notamdence : ne jamais dépasser ment dans les stations Shell 90 km/h pour pouvoir s'arrê(mais pas Petrom), où on ter rapidement; ne jamais peut se procurer des chaînes doubler sans visibilité : sur pour la conduite sur neige, les trois voies, alors que et il en est de même pour le vous roulez en toute quiétucarburant (sans plomb, euro de sur la file de gauche qui plus - 98 octanes -, diesel est autorisée dans votre sens, appelé motorina), l'huile, il n'est pas rare de voir surgir l'antigel, le liquide de freins. en face, et à la sortie d'un Toutefois, il est prudent de virage, un véhicule qui a se munir de 3 ou 4 bombes franchi la ligne continue, Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes anti-crevaison, de courroies les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables. de ventilateur ou autres à la empruntant la file interdite. Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylinbonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : cela drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de parevous évitera éventuellement de les faire venir de France. chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse et de manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenkRondes de nuit latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraser de leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestes N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées qui ne sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer et Dacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pas chaque année, on enregistre des accidents. En outre, des polià provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance. ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contreAu moins la journée pour traverser tout le pays venant, surtout s'il est étranger. Attention également dans les villes, au deux voire trois Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend au rangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tourmoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on se ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentaux rend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif de qui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefour s'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoque à mauvais escient. les plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortes Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montrede charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Les ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. En risques d'accidents, et de graves complications par la suite, général, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, mais sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : la aux camions qui transportent de la marchandise, du bois, des conduite de nuit est exclue ! matériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurs De même, vous devez être particulièrement attentif lors du sont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduire coucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous troudeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et le vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenez plus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dans votre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparu les documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sont de notre univers occidental. appréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et 100 € en poche. 47 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Evasion en Roumanie avec le remarquable Guide Bleu qui vient de paraître Tourisme z z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z z DEVA z BRASOV z PITESTI CRAIOVA z z BACAU z SIBIU z IASI z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Bonnes adresses "The Harbour" à Bucarest 46 22 Le nom n'a rien de roumain, mais ce restaurant décoré comme l'intérieur d'un bateau est un des rares à proposer une cuisine locale à la fois traditionnelle et inventive. Chaque mets à la carte est une recherche. Il ne faut surtout pas manquer les soupes, délicieuses et très relevées, dont la goulasch et le bors de gâsca dolfana (potage d'oie à la moldave), une merveille. Vous pouvez tout tenter : des saucisses au fromage enroulées dans des tranches de bacon, à la tocanita marineasca, ragoût d'agneau et de bœuf, cuit dans un mélange de champignons et de divers légumes, servi dans une soupière en croûte de pain, en passant, pour les végétariens, par la tocanita de ciuperci (champignons, oignons, poivrons, tomates). Les amateurs de cuisine occidentale, qui ne supportent pas la viande attendrie à coup de battoir, se régaleront d'un filet de bœuf épais et tendre, servi vraiment saignant (in sânge). Situé à deux pas de l'ambassade de France, en face du théâtre Ion Creanga et du marché le plus réputé de la capitale, ce restaurant a ouvert en mars de cette année et a récupéré un chef qui a opéré pendant huit ans derrière les fourneaux de l'hôtel Intercontinental. Pour l'addition, compter entre 300 000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64 F) par personne pour un repas complet, vin à la carafe inclus. "The Harbour", 10-22 piata Amzei, tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686. Ouvert tous les jours, de 11 h 30 à minuit, terrasse ombragée. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les judets et leurs barons P aru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de La Roumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publié aux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements, d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de photos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre "ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusement humain" où on a toujours quelque chose à découvrir. Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documenté de la Roumanie : la culture roumaine et les minorités, l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois, les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsuica. "Même si le quotidien peut être parfois rude, les Roumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner de l'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et de légèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique Bernard Houliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans retenue dans ce pays passionnant et encore méconnu". Et les touristes français semblent de plus en plus convaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et 2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), les Allemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique en Roumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), les Britanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cette diversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand. 22 7 Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 € L Une sortie controversée en Roumanie a parution d'Eternelle et fascinante Roumanie a provoqué une controverse dans le pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité") se posant des questions sur le financement du guide, prévu comme une opération de valorisation de l'image de la Roumanie dans le contrat, très avantageux passé par l'éditeur français Hachette et le ministre roumain du tourisme de l'époque, Dan Matei Agathon. Au terme de celui-ci, l'Etat roumain engageait 870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé- E ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour les opérations de promotion (conférence de presse à Bruxelles et à Paris pour le lancement, voyage de presse en Roumanie pour journalistes et libraires, publicité dans les médias, affichage dans les rues de Paris et de 25 autres grandes villes de France), et 427 000 € (2,8 MF) pour l'impression et l'édition du guide. Or, selon "Adevarul", ce dernier poste n'aurait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Où est passée la différence (210 000 €, 1,4 MF) ?" demande le quotidien. Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti n travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer un classement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête à entrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pour qu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte le nom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements, le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est. Le journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent. Elections Du bon usage d'un ambassadeur Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visite privée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- mai en tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa campagne des municipales. Le représentant des USA était venu avec ses parents pour admirer une église dont son pays finance la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest a avancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement la visite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pour lui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alors que les "officiels" arrivaient. Bible pour les candidats PSD Quelques jours avant le lancement de la campagne des municipales, les candidats PSD de tout le pays se sont retrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand meeting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti, issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué un dossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession de foi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de la constitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublier leur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et une bible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, Le Premier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile du monastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'instauration du communisme. Dix kilos de pommes de terre pour acheter un vote La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis en examen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de Corneliu Vadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le vote d'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre. Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans de prison. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z BAIA MARE SATU MARE SUCEAVA z z ARAD DEVA z TIAGU MURES z z CLUJ z z SIBIU TIMISOARA z z IASI U z n des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards - gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féodal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura communiste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous les judets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur le département entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas euxmêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique et politique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux, agressés, menacés, en ayant fait les frais. GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA BACAU z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z ZIMNICEA Un empire de 23 sociétés Ioan Niculae. Main basse sur la presse 22 8 Tourisme Il est revenu le temps des boyards z z ORADEA A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième fortune du pays, règne sur sa ville natale Les NOUVeLLes de ROUMANIe Mécontent des articles que le quotidien "Curentul" consacrait à la privatisation frauduleuse d'Inter/Agro, Ioan Niculae l'a tout bonnement racheté, en faisant un instrument de sa campagne contre son concurrent en affaires, l'autre milliardaire Culita Tarâta. Proche du pouvoir, Ioan Niculae est souvent vu en compagnie d'anciens ou d'actuels ministres, dont certains sont impliqués dans des affaires douteuses, ainsi que de l'ancien responsable des privatisations, député de son judet, qu'il invite à des parties de chasse ou à des promenades dans le Delta du Danube à bord de son yacht. Les préfets ne seront plus politisés Désignés ou renvoyés jusqu'ici sur critères politiques, les préfets devraient l'être uniquement sur la base de leurs compétences, en 2006, après la mise en application de la réforme de l'administration publique, demandée par l'UE. Ils seront recrutés sur la base de concours et deviendront de hauts fonctionnaires représentant sur place le Premier ministre et les différentes administrations ministérielles, suivant l'exemple français. "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes la main-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4 milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 % de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'empire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents, allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture. Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offert une "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant propriétaire du club de football d'Astra Ploiesti. Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, de cigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie, trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospérité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis de ses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne bénéficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewé par le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pour cinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine. Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises par l'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe douanière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteuses du groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune de Zimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001. Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neuf conseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié sa fille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparaissant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une de ses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute la population. La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte, mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec 100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", que les habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudis construits à même la terre. Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement une croix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la population a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au temps des boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec sa famille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie. Connaissance et découverte La Roumanie authenthique A Purcareni, de vastes étendues sauvages, riches en faune, flore et sources d'eaux minérales S i vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrivelongtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneurs rez à Purcareni (Pürkercz), commune de venus de Bucarest. Târlungeni, sur les premiers contreforts des - La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13 Carpates, par de jolies routes ème siècle entourée d'épaisses fortificaombragées. Le chemin s'arrête là, dans tions, à l'intérieur desquelles, sur 4 un village paisible où Hongrois comme étages sont aménagées des chambres où Roumains ont souvent deux métiers, se réfugiaient les paysans lors des invaemployés à Brasov et paysans le reste du sions ottomanes. Prendre la route de temps. Ici, les responsables sont les plus Budila et Teliu, puis tourner à gauche, polyglottes du réseau OVR… L'atout Prejmer est à 8 km. principal de Purcareni est de se trouver à - Une autre citadelle paysanne, 20 minutes de Brasov. De plus, dans le Harman; depuis Prejmer rejoindre la village même, l'association OVR locale E574 (N11), la citadelle se trouve de organise de nombreuses activités et l'autre côté de la nationale à 2 km. balades avec guide, très bien structurées. - Un peu plus loin sur la N73, à Dans la montagne avoisinante, ranRasnov, importante citadelle paysanne. données d'une journée comprenant soit - A Bran le fameux château de une heure ou trois heures de marche, Dracula. pique-nique, retour le soir entre 17 et 19 - La grotte glaciaire de Dâmbovih. Vous découvrirez de vastes étendues cioara dans le défilé Rucar-Bran. La forteresse paysanne de Prejmer. sauvages, riches en faune, flore et - Sur l'E60 à Sinaia, le château sources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval sellé Peles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale. ou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour les amateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto. Evènements Initiation au travail de la ferme: participer au retour des troupeaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récomC'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes traditionpense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu ! nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial. Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folklorique Brasov: une région à la richesse exceptionnelle de jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vous êtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir, La région présente une richesse touristique et un patrimoicar à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oublié ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiert que leur amie Maylis vient de France ! une bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonne Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov qui longtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité tout réunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folkloson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent le riques du pays et est le principal évènement artistique de la plus de maisons médiévales peintes avec leurs originales Roumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia. enseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment un Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jour ensemble unique. A visiter : voici quelques années et a accueilli des vedettes étrangères - les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennes comme Patricia Kass, Tom Jones… demeures polychromes. Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recoutique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de la verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pour Transylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre en la riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur. charge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjour - Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas. en hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjà - Les différents bastions de l'ancienne citadelle. fatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose, - De nombreux musées etc... n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, on vous laissera une paix royale ! - La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov, Martine et Jean Bovon-Dumoulin juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z TARGU MURES ARAD z z z SUCEAVA IASI z DEVA z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z GALATI z BRASOV z z z BRAILA z z TULCEA PLOIESTI CONSTANTA BUCAREST z Traditions Dans le Maramures, les animaux fêtent Pâques... le jour de l'Ascension 44 22 A Desesti, dans le Maramures (Baia Mare), (voir rubrique tourisme du n° 23 des Nouvelles de Roumanie), les rites religieux concernent également le bétail. Ainsi, conformément à une tradition populaire, le jour de l'Ascension, les paysannes organisent les "Pâques des animaux" ("Pastele animalelor"), de la même façon que pour les fidèles. Vaches, porcs, moutons, chèvres restent enfermés dans leur étable ou enclos tandis que les femmes se rendent à l'église, emportant dans leur sac la pitance des animaux, farine, sel, herbe, sans oublier une bouteille d'eau, chaque aliment ayant une signification propre. La messe est identique à celle que suivent les paroissiens à Pâques et à l'issue de la cérémonie, tous se retrouvent dans la cour de l'église, attendant que le pope vienne bénir le contenu de leur sac. A leur retour, les paysannes servent dans les mangeoires les vivres ramenés et vont asperger d'eau bénite les quatre coins des endroits où vivent habituellement leurs animaux, récitant des prières. Pour les ethnologues, cette tradition exprime un lien étrange et fort entre la nature, les hommes et les bêtes. Il faut noter que les Roumains utilisent l’expression “La Pastele cailor”, (“A la Pâque des Chevaux”), équivalent français de “A la Saint Glinglin”... Connaissance et découverte La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'adversaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans des marais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sa débandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine. La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune armée turque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que "la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoire européenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cette occasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accoutumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats. Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, il demanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendant cette intervention. L'année suivante, en 1476, Mohamed II, revint à la charge, à la tête d'une armée "que la terre pouvait tenir à peine". En même temps, les Tatars, devenus vassaux du sultan attaquèrent à l'est. Etienne le Grand envoya son armée de paysans leur faire front et se retira dans la montagne avec sa La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône ont été reconstituées au musée du judet de Suceava. "petite armée", attendant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcs qui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoisonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule cité fortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves. Abandonné par l'Occident Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, le Pape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfait de leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, ne demeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincre l'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté. Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent la paix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec la Sublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée des deux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche), celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'autonomie de la Moldavie. Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur Barbu Delavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ont guidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'appartient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'à la fin des siècles". Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan Cel Mare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtés de Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plus grand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises de Roumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort. Paula Romanescu Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Un système de concessions qui réduit la condition des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier Politique Le député de Tulcea s'est taillé un royaume au cœur du Delta D éputé PSD (Parti Social Démocrate) du judet de Tulcea depuis 2000 et ancien maire de Crisan, au cœur du Delta du Danube, Dan Verbina, la quarantaine, s'est taillé un royaume jusqu'à la Mer Noire et le port de Le député Dan Verbina représente les Lipovènes Sulina, dans cette partie au Parlement de Bucarest. isolée de la Roumanie. Il a profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans, devenant le principal concessionnaire des eaux de la région et y obtenant le monopole du commerce des poisons. Les pêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle, modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libres auparavant. L'élu a également décroché d'autres concessions, délivrées par activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du village, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée, construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisant construire un restaurant, un disco. Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la nature, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rare qu’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Il ne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, il n'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairie de Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étant découragés. L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays, l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remettait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenant député et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russe dont il est issu) au Parlement. Des offres publiques sans transparence, faites à la dernière minute A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande. Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors des adjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont profité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus de Bucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touristiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevant cependant des subventions. Les offres publiques étaient souvent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… personne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner. Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse comme le plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôtelier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno- ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) de Tulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa famille un hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'Union Européenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard. Des concessionnaires qui font la pluie et le beau temps La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe, où un milliardaire achève la construction d'un impressionnant village avec des maisons en bois et toits de chaume - respectant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles de réception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être terminé à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma de Bucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce la venue de l'acteur Robert Redford. Autant dire que les habitants du Delta se sentent dépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent que leurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué la concurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépendent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilogramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euro à un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, conditionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faible quota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les magasins Metro de Brasov ou Bucarest. Le système des concessions a été créé en 2002, après une tentative en 1995. L'administration entend par ce biais discipliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne ne payait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appartient - mettre fin au braconnage et au déclin de la population piscicole, développer et moderniser les activités de tourisme, de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau et de son exportation. Pour la première fois, les pêcheurs en grève Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsi apparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, les pressions économiques, pour asseoir leur domination et faire taire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscience que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouver un siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"), décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les paysans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui les affamaient. L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta se sont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions. Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenu quelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais la colère reste toujours là. 22 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z ORADEA z BAIA MARE z ARAD z z z SUCEAVA CLUJ z TARGU MURES z DEVA BACAU z z PITESTI CRAIOVA z z GALATI z SIBIU z TIMISOARA BRASOV HUNEDOARA IASI z BRAILA z BUCAREST z CERNAVODA z z CONSTANTA Le service militaire obligatoire éliminé d'ici 2007 22 10 D'ici 2007, date prévue de l'intégration de la Roumanie dans l'Union Européenne, le service militaire obligatoire devrait être supprimé. Le pays se dirigerait alors vers une armée de métier, basée sur le volontariat. Plusieurs évolutions avaient tout d'abord été proposées avant d'être rejetées avec véhémence : laisser au jeune appelé le choix entre l'accomplissement de son service militaire ou celui d'un travail d'intérêt public…ou encore la possibilité, pour les plus fortunés, de verser 37,5 millions de lei (environ 1000 €) soit 15 fois le montant d'un salaire roumain moyen. Pour ceux qui désirent quand même effectuer un service militaire, celui-ci devrait être réduit de 12 à 9 mois. L'obligation serait néanmoins rétablie en cas de situation exceptionnelle comme une guerre. Parallèlement, la démilitarisation de la police des frontières, de la gendarmerie, des pompiers et de la protection civile devrait se poursuivre Des inspecteurs du fisc qui rapportent L'administration fiscale a révélé qu'en 2003, la moyenne des sanctions financières prises à l'égard de chaque fraudeur était de l'ordre de 2000 € (13 000 F), chacun de ses inspecteurs ayant rapporté à l'Etat 240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limier du fisc se trouve dans le judet de Hunedoara, où un inspecteur a dressé des contraventions pour un montant de 2 M€ (13 MF), suivi par un collègue de Constantsa (1,2 M€, 8 MF). "Cotisations" entre 10 000 et 150 000 € pour devenir maire ou député en Moldavie U ne réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti SocialDémocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" que doivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cette rencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancien ministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreilles indiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glisser et d'apprendre le montant des sommes demandées. Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'étiquette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30 000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investiture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande et plus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un "municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenu secret. Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivant leur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire de leur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou sénateur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter 150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de "Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation. Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiant par la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fondements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent mensuellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants), et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les met dans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Il leur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sansdoute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peut imaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection… R L'Etoile de Roumanie, une décoration enviée efondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile de Roumanie" ("Steaua României"), la plus prestigieuse distinction roumaine, qui peut être remise à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, a été décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en est le grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre croissant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier, Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis à aucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais ne fixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu. Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI, Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autres ordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent les croix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité : Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre Nicolae Titulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangères roumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldave entré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes et des romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contre les envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre moldave afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes, Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, tous transformaient les Pays Roumains, la Moldavie et la Valachie, en carrefour de batailles. C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le quatorze avril 1457, sous les acclamations de la foule des paysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431) devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Son règne de 47 ans assura au pays une renommée jamais atteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - le peuple tout entier- et son credo - défendre la liberté et l'indépendance. Cela le conduisit à engager 36 batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacune d'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à la gloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés au combat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parler que des plus précieuses perles de cette couronne d'architecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne". Connaissance et découverte Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait normal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfois confisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitait pas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle des forces de l'ordre et des seigneurs, constituant une "petite armée" de 10- 15000 membres. Contre les Hongrois et les Polonais Si Etienne Le Grand consacra la majorité de son règne a repousser les Turcs, refusant de leur faire allégeance et de leur payer un tribut, il eut aussi à lutter contre ses voisins immédiats qui voulaient lui imposer leur suzeraineté. Tentant d'envahir la Moldavie, le roi Mathias Corvin en fit les frais en 1467 à la Bataille de Baia, trois flèches lui transUne armée de petits Après chaque bataille gagnée, Etienne perçant le corps. Vaincu bourgeois et de paysans le Grand faisait construire une église ou un mais survivant à ses blesmonastère, au total, près d’une quarantaine. Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'il sures, le Hongrois apprit à respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contre n'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celuiles Ottomans. ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteint Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois de pas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux qui Cosmin), ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à la défendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne le tête de 80 000 hommes, de subir une déroute, les neuf Grand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendance dixièmes de ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Albert de sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête. tomba malade et mourut. Le voïvode créa une organisation administrative, accorda En 1473, Etienne le Grand profita de ce des privilèges aux que le sultan Mahomed II était engagé en villes, aux négociants, Mésopotamie contre Uzun Hassan, pour défendit les axes comchasser Radu le Beau de Valachie, inféodé merciaux internatioaux Turcs et le remplacer par un prince loyal naux, fonda des églises, veilla à l'élaau Pays roumain. Radu s'enfuit chez ses boration des évanamis, abandonnant ses trésors les plus prégiles, mit en place un cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa fille système juridique Maria Voïchitza, qui épousera quelques rigoureux, assurant à années plus tard son ravisseur. la Moldavie l'une des périodes les plus floA Vaslui, vainqueur rissantes de son histoià 50 000 contre 120 000 Turcs re. Les plaintes des paysans étaient jugées Mais le plus grand fait d'armes d'Etienne Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand le Grand demeure la bataille de Vaslui (10 par le prince-même, aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria là, à Direptate (Champ de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera janvier 1475). Quarante mille soldats molla messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504. de la Justice), comme daves, la fleur des villages et des bourgs, le fit en son temps Saint Louis sous son chêne. hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avec La base politique et militaire de son pouvoir était constipour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerie (Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaires libre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40et spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultan 60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement. Mohamed II. (lire page suivante). 43 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z CLUJ DEVA z z SIBIU TIMISOARA z z z ARAD PUTNA SUCEAVA IASI VASLUI GALATI z BRASOV PITESTI z CHILIA z z BRAILA CRAIOVA z z z Etienne le Grand, voïvode moldave, "Athlète du Christ"contre les Turcs TULCEA z BUCAREST L CONSTANTA z Pieux et amateur de plaisirs terrestres 42 22 La Roumanie célèbre le 500ème anniversaire de la mort d'un monument de son Histoire Roi très pieux, Etienne le Grand n'était pas pour autant insensible aux plaisirs terrestres et aux charmes des femmes, bien sûr très belles. Une certaine Maruschka lui donna un fils, Alexandre. Fut-elle sa femme légitime ? L'histoire ne nous l'apprend pas. Son nom apparaît dans une litanie auprès des noms de ses autres femmes. En 1463, six ans après son avènement au trône de Moldavie, Etienne le Grand prit en noces Evdochia, sœur du prince Siméon de Kiev, vassal du roi de Pologne. Ils eurent deux fils (morts en bas âge) et une fille, Hélène. Quatre ans plus tard, Evdochia mourait. Une princesse byzantine, Maria Comnène de Mangop la remplaça en 1472 mais, une fois de plus, le temps se montra avare et en 1477, la princesse lointaine descendante de l'empire de Byzance, disparaissait sans laisser d'enfants. Elle fut enterrée dans le monastère de Putna, fondé par le voïvode, là où, plus tard, il allait reposer aussi. A la cour princière de Suceava, une beauté sans égal fleurissait : la petite prisonnière Maria Voïchitza , digne héritière de la beauté de son père, éblouit Etienne le Grand. Il avait 45 ans, elle en avait 20. En 1480 ils se marièrent et seule la mort du voïvode vingt-quatre ans plus tard, les sépara. C'était le 2 juillet 1504. Ils eurent deux enfants : une fille et un fils, Bogdan le Borgne qui lui succéda sur le trône. Sa fille, Maria, lui donna un petit-fils, Petru Rares qui fut le plus important voïvode moldave du XVIème siècle (1527-38, 1541-46). e deux juillet, la Roumanie célèbre avec faste le cinq centième anniversaire de la mort de Stefan Voda, plus connu sous le nom de Stefan cel Mare (Etienne Le Grand), survenue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode, qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans, de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glorieuses de l'histoire médiévale des Roumains, marquant le point culminant de leur lutte pour l'indépendance. Montrant d'évidentes qualités diplomatiques, Etienne le Grand a toujours évité de combattre deux puissances importantes à la fois, alternant les relations de paix et conflictuelles devant les appétits grandissants de ses redoutables voisins, Polonais, Hongrois, Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves. Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équilibre entre les différentes composantes sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires terriens), renforçant ainsi son pouvoir. Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 se caractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance de la Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, est celle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504, marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide de l'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leur payer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leur volonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les visées polonaises sur sa province. Une église ou un monastère construits après chaque bataille "O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princes qu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du monde qui aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de la bataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'être nommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accord de tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôt enclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait Jan Dlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae). Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? Un Roi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini, 1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple" prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu de Murano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre le Grand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âme roumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ? Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité OMV seul en piste pour racheter Petrom L es autorités roumaines ont décidé de ne retenir que la seule candidature de la compagnie autrichienne OMV pour la privatisation de la Société Nationale de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliard d'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiert un tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biais d'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement 51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeux du gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendre intégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuelle, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait une politique de développement avec promesse de gros investissements à venir. Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), qui envisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais maintient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négociations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § Gas Holding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stations services de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix de l'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre de super valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euro en Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne de carburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétrole à la production est inférieur de 130 € à la différence enregistrée dans les pays de l'UE. 6 millions de tonnes de pétrole extraites chaque année en Roumanie Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre, Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequel OMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro- blèmes de libre concurrence), Petrom est pratiquement la seule a extraire du pétrole en Roumanie, avec six millions de tonnes par année. Elle possède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient des concessions de prospection et exploitation dans plusieurs pays et dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services. La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoir externalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sa restructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffre d'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et son profit net de 38 M€ (260 MF). L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'investissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution de carburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Il possède des raffineries et des contrats de prospection dans seize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochimique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé un chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en 2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards de F)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/ bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom. Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient une soixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler sa production de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000 barils/jour. A savoir Président roumain Pour la première fois, la Chambre de Commerce et d'Industrie française en Roumanie a porté à sa tête un Roumain. Le nouveau président, Dan Bedros, 60 ans, élu pour deux ans et prenant la succession du Français Christian Estève (Renault-Dacia), est Pdg d'AlcatelRoumanie qui emploie 750 personnes, dont 89 % ont une formation supérieure et 400 sont ingénieurs informaticiens. Il est issu de l'Ecole Polytechnique de Timisoara. Dan Bedros a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2002. Contingents L'UE a fixé les nouveaux contingents annuels de produits alimentaires que la Roumanie peut exporter sans qu'ils soient taxés par des droits de douane. Il s'agit de la viande de volailles (9000 tonnes), de porc (15 625 t), de bœuf (4000 t), des préparations de viande de porc (2125 t), de volaille (1200 t), de bœuf (500 t), de fromages (2800 t), de lait en poudre (1500 t), de yaourts (1000 t), de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t), d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), de concombres (3000 t), de farine (18 000 t), de vin (345 000 hl). redéploie, abandonnant ses lignes transcontinentales, pour se consacrer à des vols à l'intérieur de l'Europe. Les quatre avions seront payés grâce à un emprunt de Tarom, garanti par l'Etat, et par une subvention du ministère des Transports. Malev, la compagnie hongroise, a acheté récemment dix Airbus similaires. Quatre Airbus pour Tarom Les réserves de la Banque Nationale de Roumanie s'élevaient à 7 milliards d'euros (45 milliards de F) fin mars 2004, en diminution d'un milliard à la suite de la baisse du prix de l'or, dont la BNR possède 105 tonnes. D'ici la fin de l'année, la dette publique externe du pays devrait baisser de la même somme. Tarom a signé un contrat pour l'achat de quatre Airbus A 318 qui seront livrés en 2006-2007, après la restructuration et le redressement attendu de la compagnie nationale roumaine, laquelle a enregistré des pertes importantes, l'an passé, et se Réserves de sept milliards d'euros 11 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z BAIA MARE ORADEA z z z ARAD z z z TARGU MURES CLUJ DEVA z SUCEAVA ZALAU z z z SIBIU TIMISOARA GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z IASI BACAU z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les raisons d’un “miracle” 12 22 Le PDG de Renault. Louis Schweitzer avait décidé lui-même la réalisation d’ un modèle de voiture économique pour pays émergents en 1998, un an avant de prendre le contrôle de Dacia. Dans un premier temps, Renault a investi 100 M€ puis a rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F) pour développer le projet Logan. En annonçant l'objectif de 5000 €, qui ne concernera que 10 % des véhicules, Louis Schweitzer a voulu mettre sous pression l'ingénierie de Renault "afin qu'elle recentre ses rêves", refusant toujours de rallonger le budget. D'où un design parcimonieux, des vitres plates, une planche monobloc pour le tableau de bord, une ligne conçue pour limiter les coûts d'emboutissage. Autre facteur d'économie, le recyclage des pièces existantes. Le train avant de la Logan est celui de la Clio, le train arrière provient de la Modus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l) équipent déjà la Clio et la Mégane, tout comme la boite de vitesse. Et plusieurs pièces du cockpit sont issues de la Clio ou de l'Espace. L'équipement a été réduit au minimum sur la version de base : pas de climatisation, pas de vitres électriques et de verrouillage central, ni de direction assistée. "Juste le nécessaire" dit-on chez Renault. Mais c'est oublier l'indispensable : des coûts de production hors de portée de la France, avec un salaire moyen mensuel de 150 € (1000 F) et la réduction par deux du nombre d'ouvriers de l'usine de Pitesti, passé de 28 000 à moins de 14 000, depuis l'arrivée du constructeur français. R Renault Dacia a présenté son modèle le moins cher du monde "Logan", la voiture à 5000 € enault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet de voiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom de code de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi, un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des années d'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents. "Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait les meilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides de plusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, les équipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers roumains)… et le tour est joué". Le pari de la Logan revêt une importance stratégique décisive pour Renault, 7ème constructeur mondial avec 4,1 % des parts de marché, derrière, dans l'ordre, Général Motors, Toyota et Ford. Véhicule populaire et économique, doté d'un grand coffre pour le rendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gens qui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la "Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que les classes moyennes optaient pour des standards supérieurs. A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité, puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) sera concernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité, la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio, la Hyundai Accent. Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissait de remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grimper les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imaginait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont intéressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avant de rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et qui respecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossible est la voiture de l'exploit ". Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinq usines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, en Iran, en Russie, au Maroc et en Colombie. 175 km/h et 6,5 litres aux 100 km Voici les principales caractéristiques de la Logan : Longueur : 4,26 m Largeur : 1,70 m Hauteur : 1,50 m Cinq vitesses manuelles Moteur : 1,6 litres (1598 cm3) Puissance : 90 chevaux Coffre : 500 litres Vitesse maximum : 175 km/h Consommation annoncée : 6,5 litres au 100 km sur route, 8,7 litres en ville. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Médias S on nom, sa voix sont familiers à tous les Français et Suisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journaliste indépendant, Mirel Bran signe régulièrement des articles dans l'hebdomadaire "Le Point" ou le quotidien "Le Temps" de Genève. Il assure également des chroniques sur France Inter et la Radio Suisse Romande, ainsi que sur des radios anglaises. Mais cet Oltène de 39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest et Londres, où réside sa femme - roumaine comme lui et journaliste à la section roumaine de la BBC - est surtout connu comme correspondant permanent du journal "Le Monde", en Roumanie, ce qui lui occasionne des passages fréquents à Paris. Mirel Bran, chargé également par le quotidien parisien de superviser l'actualité bulgare, moldave et, éventuellement, hongroise, a pris en 1998 la succession de son compatriote Andrei Neacsu, lequel n'a été que quelques mois en fonction. "Le Monde" qui vient de créer un poste de journaliste à temps plein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS - confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement en Roumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989. Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes, l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudet a été son premier correspondant permanent, Christophe Châtelot lui succédant. Dur de parler sans fard de son pays… Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Les lecteurs français attendent de lui, non seulement une écriture parfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'information qui doit échapper à la tentation de concessions que pourraient lui inspirer ses origines. Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions de ses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsque l'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "Le Monde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profonde francophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sont immanquablement repris et commentés dans l'ensemble de la presse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expliquer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques, dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchent parfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée du pouvoir. Considéré par certains esprits étroits comme "le vilain petit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote", le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal le connaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquête sur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'embargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou- Connaissance et découverte Mirel Bran : la signature du "Monde" en Roumanie main et touchant, par ricochet, le financement de la campagne électorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation… qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pratiques d'un des plus importants ministres du gouvernement d'Adrian Nastase, Serban Mihailescu, dont il dévoilait le surnom révélateur, "Mickey le backchish", provoquait la colère des autorités… mais aucunes poursuites. En octobre dernier, Serban Mihailescu a dû démissionner en compagnie de deux autres ministres, accusés de malversations. Heureusement, dans ces conflits qu'il doit assumer seul sur place et qui sont autant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'un solide atout : la confiance et le soutien sans faille de sa rédaction. Pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, le journaliste a par ailleurs adopté un comportement discret, en harmonie avec son propre tempérament, se refusant de céder aux nombreuses sollicitations dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer à des débats télévisés, des tribunes dans les journaux… "La réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction" Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé par la lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, mais aussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeune homme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beauxarts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois, quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma en militant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà change" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à la mesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait du surplace; je voulais apprendre et voir le monde". En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé une carrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, Mirel Bran passa, un peu par hasard, le concours de recrutement organisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme de Lille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe. Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi le rythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocre de culture générale des étudiants français. Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînèrent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur les médias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspondances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à partir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une porte d'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier, Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redescendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction". 41 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Quand "Le Monde" circulait sous le manteau, à la barbe de la Securitate, impuissante Médias BAIA MARE z BISTRITA z z ARAD z z z CLUJ DEVA z SUCEAVA z TARGU MURES IASI z ORADEA z SIBIU TIMISOARA z SIGHISOARA z z BACAU GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z L'armée forme les correspondants de guerre 22 40 Le ministère de la Défense Nationale organise des cours de correspondants de guerre pour les journalistes roumains accrédités auprès de lui et appelés à intervenir dans les zones de conflits et sur le théâtre des opérations militaires. Cette formation, inspirée de l'armée belge, se déroule à Bucarest et dans un bataillon de chasseurs alpins, à Predeal (Brasov). Les journalistes sont instruits sur les facteurs de risque, les armes, les munitions, les mines anti-personnelles, les mesures de protection, les premiers soins d'urgence. Ils participent aussi à des activités d'orientation sur le terrain, de jour et de nuit, ainsi qu'à des séances de tir à l'arme automatique. Selon le ministère, cette initiative a pour but de diminuer le nombre de journalistes tués sur le terrain, plus d'un millier dans le monde depuis dix ans. La Roumanie qui n'avait jamais été en guerre depuis 1945 participe désormais à trois conflits (Kosovo, Afghanistan, Irak) et cette situation risque de s'aggraver avec son entrée dans l'OTAN, augmentant le nombre d'envoyés spéciaux sur place des médias roumains. Cette subite sollicitude du ministre de la Défense a surpris les journalistes, habitués à être malmenés ou agressés. L'an passé, Ioan Mircea Pascu, excédé par les révélations de la presse sur les scandales touchant le pouvoir, les avait avertis d'une manière à peine ambiguë : "Attention, la vie se révèle parfois plus courte qu'on ne le pense". P if-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abonnement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi une contrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonnements souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût à Craïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques "L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accordant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils enduraient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa disposition par Ceausescu). En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu" Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "Le Monde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglosaxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspond au vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lors de son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radios étrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta vite avec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du "Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971. Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement "Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de la presse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant à l'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaient nombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendait immédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettait sous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulièrement, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suffisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprès de l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distribution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normalement. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fautif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays. Parfois avec deux ou trois ans de retard Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains en mains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs suivants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusion d'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient en place. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plus souvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on ne récupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'importance, tant on était content d'en disposer. Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles mais aussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation de livres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfois expurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors dominant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journaux anglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumains étaient rétifs, n'y étant pas habitués. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité 700 000 exemplaires prévus en 2010, assemblés dans plusieurs usines de montage à travers le monde L tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques, es premiers modèles de la Logan seront disponibles direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commerciaen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espérant lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F) en vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année, avec les options. puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en Dans certains pays d'Europe 2003). A terme, 200 000 exemCentrale, où les règlements complaires seront fabriqués à Pitesti munautaires s'appliquent, la Logan ainsi que 150 000 kits destinés aux basique sera équipée d'un airbag usines de montage de Russie (60 (800 €, 5000 F) et, dès 2006, d'un 000 unités), du Maroc (30 000), ABS, devenu obligatoire. En d'Iran (300 000, avec une producTurquie, elle coûtera au moins 8000 tion interne), de Colombie (16 €, en Russie, 7000 € (46 000 F), en 000)."A l'horizon 2010, les ventes Iran, 6000 € (39 000 F), car il faut se situeront à 700 000 exemplaires, compter aussi avec la fiscalité de soit l'équivalent de la Mégane et un ces pays. petit cinquième des ventes du grouEn Roumanie et en Europe pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdg Centrale, où Renault est déjà préde Renault qui précise que le nom Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers. sent avec une part de marché de 10de cette dernière née a été choisi 11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Logan parce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cirroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stanculation internationale. Mais le projet du constructeur inclut dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests de également la Chine qui se montre intéressée. sécurité, alors que la norme de la firme française tend vers les La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prix cinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nom qu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque la est connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera le Solenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, sera nom de la marque Renault. retirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima- En 1966, Ceausescu prend la décision de faire appel à l'industrie capitaliste de 133 km/h et sa consommation de 6,8 l aux 100 km. Peu de Roumains ont pu faire son acquisition, mais cette voiture équipait la police et la Securitate. Son premier exemplaire fût remis au La Dacia 500 - Lastun (martinet), "Conducator". un modèle peu connu, entre Trabant et Smart. Dacia 1300: sa fabrication a 'histoire de Dacia remonte à commencé un an plus tard, en août 1969, 38 ans. Un an après son avec des pièces importées de France, arrivée au pouvoir, en 1966, mais elle fût considérée comme la preCeausescu avait pris la décision surpre- mière voiture vraiment roumaine et la nante de faire appel à l'industrie automo- base de la gamme Dacia. Un peu plus bile capitaliste pour fabriquer annuelle- tard, est née la Dacia 1301, destinée aux ment 40 000 exemplaires d'une voiture de services de l'Etat, puis la Dacia 2000, moyenne cylindrée (1000-1300 cm3). copie de la Renault 20, réservée à la Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austin nomenklatura. étaient sur les rangs, mais c'est Renault Trois nouvelles variantes virent le l'emporta avec la R8. jour, à partir de 1979. La Dacia Sport, en Dacia 1100: le premier modèle pro- fait la Dacia 1300 restylisée, atteignant duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût la 150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant au Dacia 1100, dont la production fût lancée méthanol et la Dacia 500 - Lastun, qui le 3 août 1968. Sa vitesse maximum était n'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti, L construite par Tehnometal de Timisoara. Ce dernier modèle correspondait au vœu de Ceausescu qui voulait une voiture à usage urbain pour 2 + 2 personnes, à la vitesse limitée à 70 km/h (mais en fait elle atteindra 100 km/h), consommant 23 litres au 100 km et à la carrosserie en matière synthétique… en fait l'ancêtre de la Smart ou la sœur de la Trabant. Mais cette voiture n'eut pas de succès et sa fabrication fût arrêtée en 1989. Dacia Nova: lancée en 1995, cette voiture est la première Dacia 100 % roumaine. Elle atteint 160 km/h et consomme 6,7 litres au 100 km. Dacia SuperNova: lancée en 2000, elle concrétise le retour de Renault qui l'équipe du moteur et de la boîte de vitesse de la Clio. Dacia Solenza: le dernier modèle avant la Logan, lancé en 2003 dans 7 versions différentes, avec un design qui la démarque de la R 9. 13 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Le leu lourd lancé le 1er juillet 2005 Economie SUCEAVA BAIA MARE z ARAD z z z IASI ORADEA CLUJ z TARGU MURES z TIMISOARA VASLUI z ALBA IULIA z z HUNEDOARA z SF. GHEORGHE SIBIU z GALATI z BRASOV BUZAU z R. VÂLCEA z CRAIOVA z PLOIESTI z BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Mise en service de la première éolienne roumaine 14 22 L z Installée fin novembre à Ploiesti, au cœur de ce qui fût la plus riche réserve pétrolifère du Vieux Continent, la première centrale éolienne de Roumanie fonctionne depuis janvier et dessert en énergie les sociétés du parc industriel de la ville. D'une hauteur de 79 m, équipée d' un ordinateur de bord, elle est prévue pour fonctionner à des vitesses de vent comprises entre 1,8 m et 13 mètres/seconde et sa capacité est de 660 MWh. L'investissement a été de 680 000 € (4,5 MF) et devrait être amorti en trois ans. Un second projet, d'une capacité de 26,7 MWh est en cours pour équiper le port de Constantsa, l'éolienne étant installée sur une digue. Les pouvoirs publics estiment que le littoral de la Mer Noire et sa plateforme continentale recèlent un potentiel important pour la production d'énergie éolienne. Au niveau du pays, ces ressources ont été estimées à une production annuelle de plus de 60TWh, permettant l'installation d'une puissance de 28 000 MW. En outre, le pays dispose déjà d'une expérience dans le domaine et plusieurs sociétés roumaines ont des références en matière de construction de certains éléments d'éoliennes. L'ambition du gouvernement roumain est d'arriver à ce que les énergies renouvelables représentent environ 7 % de la consommation nationale brute d'énergie électrique, à l'horizon 2010. e gouvernement a finalement arrêté la date du 1er juillet pour le lancement du leu lourd. Ce projet était dans l'air du temps depuis près de trois ans, mais il a fallu attendre que l'inflation se calme aux alentours de 10 % pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu perdra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000 anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu égalera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera la réapparition des bani (un leu sera divisé en cent bani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au 31 décembre 2006, les prix devant être obligatoireMugur Isarescu, Gouverneur de ment affichés dans les deux monnaies. Les anciens la Banque Nationale Roumaine. lei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009. Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir dans cette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition, et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro. Indigestion de taxes L 'Union Générale des Industries Roumaines a calculé que l'Etat "met la main dans la poche" du contribuable roumain à 183 reprises, par le biais des divers impôts, taxes, droits, permis, enregistrements, timbres, commissions, qu'il a institués. Impôts et taxes, au nombre de 89, viennent en tête, suivis par les commissions, timbres, permis 70). Il faut payer pour avoir le droit d'accès aux zones franches, consulter le catalogue des programmes artistiques de la télévision, pour obtenir une accréditation professionnelle…Les industriels roumains soulignent que pour un salaire net de 100 €, ils doivent acquitter des taxes de 120 €, ce qui conduit à de faibles rémunérations et à la généralisation des primes et salaires en sous-main, expliquant ainsi le départ des jeunes vers l'étranger. Ils ont donc demandé au gouvernement de baisser de 20 % les charges concernant l'emploi des jeunes. Un Roumain sur trois dispose d'un téléphone mobile L e nombre de Roumains disposant d'un téléphone mobile était de 7 350 000, à Pâques, en augmentation de 500 000 depuis Noël et de près de cinq millions sur trois ans, Orange étant l'opérateur le plus important devant Connex (Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipé d'un portable. La téléphonie fixe est également en développement, mais sur un rythme beaucoup plus modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voici deux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayant en charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplacerait tous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004. Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26 % dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pas le téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (Baia Mare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du pays ne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans le judet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Variétés Connaissance et découverte Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse A près une tournée dans les stations balnéaires françaises pendant l'été 2002, Dalila Cernatescu est devenue la coqueluche de nombreux festivals. La jeune et très belle virtuose roumaine de la flûte de pan avait été découverte huit ans plus tôt à Vienne, où elle jouait dans les rues de la capitale autrichienne avec son père, par le président du festival international de Montguyon, ville du département de la Vienne… française, celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitée surprise et sans être annoncée dans les programmes officiels, médusait littéralement le public. Elle est revenue en France l'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestre professionnel. Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pan dès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'influence de son père, qui est professeur de musique, elle a appris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière exceptionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinq ans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue en Autriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier sa Roumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de fois sur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans son pays à dix ans. La seule artiste à jouer les "Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des musiques traditionnelles. Dès l'âge de douze ans, elle interprétait des morceaux de musique classique, gagnant de nombreux concours nationaux et internationaux. En 1996, elle représentait l'Allemagne au concours de l'Eurovision en duo avec Angela Wield. Elle enregistra par la suite "Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestre symphonique de Radio Bucarest. C'était la première fois que le morceau était interprété à la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrement son père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chose d'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elle est la seule musicienne à jouer l'intégralité des "Quatre Saisons" avec son instrument. De nombreux enregistrements suivront dans toute l'Europe, dans des genres aussi variés que musique traditionnelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses études à l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalent du Conservatoire National Supérieur de Musique en France), Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, tout en obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et en préparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur de l'Université, Dan Buciu. En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanez donnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugurant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : les partitions musicales et même les flûtes capables de jouer les pièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père de Dalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde ! Concours de l'Eurovision : déception et élimination L es Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante au concours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto la Roumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que ce soit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des points que dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10 points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera" que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspectateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chanteuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates. L Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel e Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Université de Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'attribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement de l'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulaire avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumains s'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain… 39 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres BOTOSANI z ORADEA z BARLAD z z z SIBIU TIMISOARA z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z "La fille aux ibis" de Lax et Giroud z IASI z SIMERIA z z CONSTANTA BUCAREST z A lire aussi 38 22 Actualité Les tickets restaurant sont entrés dans les mœurs Social z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z ARAD z BAIA MARE Une merveilleuse bande dessinée avec la "Révolution" en toile de fond Les NOUVeLLes de ROUMANIe - Florin Turcanu, Mircea Eliade Le prisonnier de l'histoire, préface de Jacques Julliard, La Découverte, 2003. Prix 33 euros. Première biographie intégrale d'un savant ancré dans le siècle, personnalité bouillonnante et contradictoire. Biographie écrite par un jeune historien roumain. - Du Bois Pierre, Ceausescu au pouvoir: enquête sur une ascension, Georg (Suisse), 2004, 17 euros. - Roman Radu Anton, Savoureuse Roumanie, Noir sur Blanc, 2003, 25 euros. Où il est question de cuisine roumaine et de recettes gastronomiques. - Gavin Bowd, Paul Morand et la Roumanie, L'Harmattan, 2003. 13 euros. -Gregor Von Rezzori, Les neiges d'antan, Editions de l'Olivier, 2004. La Bucovine vue par un natif de Cernowitz (Cernauti). -Petre Raileanu, Gherasim Luca, Oxus, 2004. Biographie d'un grand poète surréaliste en Roumanie puis exilé à Paris - Jean Nouzille, La Moldavie, histoire tragique d’une nation européenne, paru aux Editions Bieler en collaboration avec le Comité européen d’histoire et de stratégie balkaniques, 27 rue Jean Jaurès, 67 300 Schiltigheim auprès duquel il faut commander l’ouvrage (22 € + 4 € de port). Professeur à Saint Cyr et à l’Université de Strabourg, Jean Nouzille analyse la situation actuelle de la Moldavie, divisée ethniquement, tout en rappelant son histoire, à l’ombre de ses voisins turcs et russes. D écembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop le goût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de la dictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sortie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elle La fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue? A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros et des destins poignants inspirés de la réalité, nous emmènent dans l'univers des dernières années du régime communiste, ses trahisons, ses désespérances, ses êtres abîmés, victimes et coupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la "Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et ses désillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "at-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu: "Je voudrais tant le croire". Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la "Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ont su croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalité de la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur place afin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C. Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées. Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, mais aussi un document d'histoire. La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F) Cinéma L Catalin Mitulescu distingué à Cannes e cinéma roumain a obtenu sa Palme d'or au dernier festival de Cannes, à savoir celle du meilleur court-métrage, attribuée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pour son film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans, terminant ses études à l'Université d'art théâtral et de cinéma, Catalin Mitulescu participait pour la troisième fois à la manifestation et a réalisé des films publicitaires ainsi que des vidéo-clips. Un autre Roumain a été distingué, Corneliu Porumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son courtmétrage "Voyage à la ville". L ancés en 1999, à l'initiative du syndicat Cartel Alfa qui voulait apporter un supplément de revenu aux travailleurs et s'assurer qu'ils mangent à leur faim, ce qui n'était pas toujours le cas, les tickets restaurants ont fait un bond prodigieux depuis, passant de 25 000 utilisateurs alors à plus de 1,6 millions en 2003. La moitié des entreprises en ont émis Les tickets restaurant l'an passé pour un montant estimé sont utilisés pour les achats des produits alimentaires. à 500 M€ (3,3 milliards de F). Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produits exclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoolisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 magasins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuellement représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié du salaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que L Deux millions de Roumains sont établis à leur compte 'INS (Institut National de la Statistique) relève que sur les 8,3 millions de Roumains classés dans la catégorie de la population active, pour une population globale de 21,7 millions d'habitants, 4,6 millions sont des salariés, 2,1 millions travaillent à leur compte, 1,4 millions sont des femmes au foyer, 200 000 des patrons, auxquels il faut rajouter 700 000 chômeurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000 personnes travaillent à l'étranger. Le plus grand nombre de travailleurs est enregistré dans l'agriculture et la sylviculture (2,3 millions, dont 50 000 ont plus de 75 ans), puis viennent l'industrie (2 millions), le commerce de gros et de détail (900 000), la construction (530 Un jeune sur deux veut émigrer P perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc un supplément de salaire appréciable qui a convaincu également les entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôts sur les bénéfices. Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ont même mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseur peut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à travers le pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, du matériel informatique, des vêtements ou simplement des fleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières, comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ou Noël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissance, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiver et de fidéliser le personnel. Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat également depuis trois ans pour faire accepter l'idée des ticketsvacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puissent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou se déplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loi qui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé. lusieurs enquêtes d'opinions concordantes illustrent le malaise, et même le mal-vivre, de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % de ceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire, saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plus que voici deux ans. Par contre le nombre de jeunes désireux de poursuivre leurs études à l'étranger (14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête des destinations choisies, le rêve américain n'intéressant que 7 % des candidats au départ. Un autre sondage révèle que seulement 1 % des jeunes estiment que le sérieux et les diplômes les assurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pensent que la réussite ne dépend pas des études. 57 % estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricher avec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et 11 % seulement accordent une place au travail et au mérite personnel. 000), le transport et les communications (450 000), l'énergie (195 000), l'industrie minière (165 000). La Roumanie compte également 6,5 millions de retraités ou pensionnés, 3,4 millions d'élèves et 300 000 étudiants. La proportion est d'un Roumain actif salarié acquittant les cotisations sociales pour cinq compatriotes non productifs. Empire médiatique pour un syndicat L e paysage médiatique roumain est en plein bouleversement. Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'est un syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption. L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regroupe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisions locales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deux radios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que du groupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour"). T Les charcutiers boudent l'Espagne rès contentes du travail accomplis par les bouchers-charcutiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara), des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposé de 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculé qu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entretien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit le salaire qu'ils touchent actuellement. 15 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BOTOSANI z BAIA MARE z ORADEA z z z ARAD HUNEDOARA TIMISOARA TARGU MURES IASI z z CLUJ z z SIBIU z BACAU GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Investisseurs étrangers: le hit-parade des relations sociales z SUCEAVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des Français réputés “radins” 16 22 Les Allemands viennent pour durer, les Italiens pour empocher le "Jackpot" H.G. : Les entrepreneurs français se singularisent-ils ? B.H. : “Ils sont assez nombreux, rien que sur Bucarest avec 80 entreprises et des groupes importants comme ACCOR qui a deux hôtels dans la capitale (Sofitel et Ibis), plus la Sodhexo et les chèques restaurants. Au hit-parade du bon comportement, je les mettrais en troisième position. Mais il existe des différences entre les secteurs. Les grosses entreprises de la production sont attentives au cadre social. Les services (hôtellerie, grande distribution), en général, se comportent maintenant relativement mieux. Mais c'est dans le sens d'une amélioration des conditions de travail pour augmenter leur rentabilité (formation, techniques) et ces entreprises se montrent toujours fermées au dialogue social. A Carrefour, on a attendu qu'une quinzaine d'employés découvrent leur intention de se syndiquer pour les mettre à la porte. On justifie par le niveau du salaire plus important que la moyenne, le fait de ne pas respecter les normes de travail, contrairement aux Allemands. Les Français ont la réputation de ne pas payer les heures supplémentaires, de faire travailler le dimanche ou à des horaires tardifs sans compensation salariale. Il existe un mécontentement à leur égard. L'enthousiasme et la motivation pour travailler dans certaines firmes françaises à baisser. Les jeunes ont le sentiment d'être exploités, de ne pas être payés à la hauteur des efforts fournis, comparent et vont voir ailleurs. C’est nouveau chez nous”. L es investisseurs étrangers sont de plus en plus nombreux en Roumanie, certains caressant l'espoir que ce pays se transforme en Eldorado, d'autres y voyant un marché potentiel important dans cette région du sud est de l'Europe. Mais qu'apportent-ils et comment se comportentils ? Henri Gillet a posé cette question à Bogdan Hossu (nos photos), le principal leader syndical roumain, responsable de Cartel Alfa. Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ? Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres, qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plus intéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot". H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économique avec la venue des entreprises étrangères ? B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant. Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, les cantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre où l'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du travail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre la pollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant les acides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à maintenant. Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaire minimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de 120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F), voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaise du groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire". Allemands et Autrichiens champions du bon comportement, Italiens et Russes mauvais élèves H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ? B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, à l'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sont vraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme des gens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je classerais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine des relations sociales. A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitude de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - qui viennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capitaux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sans reproche, dissimulant sous le voile transparent de la fiction littéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non moins réel ?". Il est vrai que la passion amoureuse que Garabet Ibraileanu décrit dans Adèle est tout ce qu'il y a de plus dévorant: "Je lui parle sans cesse de mon amitié pour elle. En réalité, je mens, ou, plus Dans un pli montagneux se cache le monastère d’Agapia, exactement, je me Un connaisseur dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu. fais des illusions. des littératures française et russe L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, or ce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les insSans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant en tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellement cela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sorcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même, tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus est j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et quant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique) placé devant l'alternative: Adèle ivre de pasGeorgeta Horodinca sion dans les bras d'un autre, ou inanimée sur présente le mérite le catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorrerais d'avoir proposé aux lecle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ". teurs français un très Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescu beau roman. Sans que n'a plus qu'à sombrer dans la neurasthénie soient véritablement qu'Ibraileanu lui-même connaissait bien et que connues les raisons de sa les lieux enchanteurs de Neamt ne parviennent réserve, Ibraileanu était plus à conjurer: plutôt réticent à publier "A ce moment-là commença le passé. ce texte portant aussi le L'écho d'une musique était d'ailleurs tout ce qui sous-titre de Fragments s'était passé dans les journées brûlantes de l'été du journal d'Emile La forteresse de Neamtz, qui, lui aussi, s'en allait. La forteresse de Codrescu (juillet-août ”molaire brisée de quelque monstre géant”. Neamtz, le Varatec, le Ceahlau, les promenades 189.). Il était pourtant en plein soleil, les clairs de lune m'apparaissaient maintenant déjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujets comme le merveilleux cortège de l'été, conduit par Adèle, et littéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908, qui avait disparu avec elle au-delà de l'horizon". Création et analyse en 1926. Bernard Camboulives En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste intitulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écriGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991. vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant, Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages. Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisait 16 euros. pas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce, Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sans réussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi la mienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais le monastère de Varatec, égaré sous le soleil, le pli montagneux où se cachait le monastère d'Agapia, les montagnes aux formidables seins de pierre, dont la dernière touchait l'horizon. Devant nous la forteresse de Neamtz, molaire brisée de quelque monstre géant, brillait dans le soleil de midi comme un ivoire et se faisait de plus en plus grande à mesure que nous approchions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozana montrait la courbe gracieuse de ses hanches de femme endormie. Et, au fond, avec un aspect de nuage, une énorme montagne obèse". P Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains olitiquement, le poporanisme prôné par Ibraileanu proposait une doctrine de l'Etat démocratique paysan selon une voie non capitaliste, alors que Nicolae Iorga avait engagé la critique de la société roumaine d’un point de vue conservateur. Ibraileanu imaginait une Roumanie démocratique, avec un Parlement de petits producteurs et une armée de paysans-soldats, à la mode des Boers sud-africains; ces chefs de famille permettraient à leurs cadets, filles et garçons, d'étudier des matières culturellement enrichissantes, à l'université ou dans des conservatoires, générant ainsi une nouvelle élite intellectuelle ayant acquis ses qualités en dehors de toute préoccupations utilitaires. Les poporanistes se considéraient comme les successeurs des révolutionnaires de 1848. Et ils refusaient d'inclure dans leur vision idéale de la société les éléments non issus des masses rurales. Du point de vue littéraire, Ibraileanu défendait le "spécifique national" dans la tradition populisto-paysanne et prônait le roman réaliste, traditionaliste, ouvert au social. Il rejetait la poésie symboliste qu'il jugeait non spécifique. Il sera toutefois l'un des premiers à accepter Proust… 37 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Littérature z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z z SIBIU GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z IASI BRASOV z z z z P. NEAMT z TIMISOARA La vénération des femmes et de la nature z SUCEAVA TARGU MURES z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z “Viata romaneasca” (La Vie roumaine), la revue du poporanisme fondée par Ibraileanu 36 22 “Adèle”, le roman d'un amour impossible de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu Garabet Ibraileanu dirigea la revue Viata romaneasca (La Vie roumaine) de 1906 à 1916 puis, après sa reparution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'entoura d'un groupe de collaborateurs dont le plus célèbre fut Mihail Sadoveanu (1880-1961). La revue, après 1933, fut dirigée par Mihai Ralea puis par Georges Calinescu. Avec ses collaborateurs, Ibraileanu passait des soirées entières à lire et à discuter de littérature. Sur l'orientation de la revue elle-même, la traductrice Georgeta Horodinca écrit ceci : "Socialiste dans sa jeunesse comme toute la fine fleur de l'intelligentsia moldave (Iasi est le berceau du socialisme roumain), il avait abandonné la doctrine de la révolution prolétarienne sous l'influence de Constantin Stere - ancien narodnic (de narod : peuple, en russe), arrivé clandestinement à Iasi après un stage en Sibérie - et tourné ses regards vers la paysannerie, qui formait la majorité de la population et qui vivait encore sous un régime semi-féodal. Le courant poporaniste (d'après le mot popor: peuple, en roumain) était né.” Depuis 1899, Ibraileanu, avec Stere, militait à l'aile gauche du parti libéral pour la réforme agraire et le suffrage universel. En fondant en 1906 la revue Viata romaneasca, il entendait donner au poporanisme son expression littéraire, opposée aux images folkloriques en cours dans la revue rivale “Semanatorul“ (Le Semeur), dirigée par le grand historien Nicolae Iorga. C e n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu décide de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champ de la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un homme très apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dans ce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeune Adèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement une magnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt. Le premier des Moldaves Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le département de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu restera, sa vie durant, attaché à sa région natale. Même Bucarest ne parviendra pas à le séduire plus que la Moldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en 1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'y recevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujet qu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plus ancien des Moldaves puisque sa famille, de souche arménienne, était installée là avant même la création de la Principauté de Moldavie. Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où il était professeur à l'université. Mais c'est la région voisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle. Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses de préférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "non sans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruit possible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui permettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collaborateurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait les sentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la région afin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien. Une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psychologique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amoureux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragénaire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre naturel dans lequel cette affection se déploie : "Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'anciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, proportionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) il était impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon de route. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas de force majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nous embarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus en plus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecter les lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvreté et la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser des affaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des terrains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant sur une explosion ultérieure de leurs prix. Une même mentalité, un peu "mafioso", se retrouve chez les Russes auxquels il arrive, en plus, de ne pas payer les salaires pendant des mois d'affilée, comme cela se fait chez eux. On a aussi parfois des problèmes avec les Américains, comme la firme Solectron qui fabrique des composants électroniques à Timisoara et emploie 1400 personnes. D'une manière générale, on peut dire que lorsqu'on a à faire à la grosse industrie, des entreprises importantes, les rapports patrons-employés sont clairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose le plus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, le cuir (confection et chaussure)”. Avec le système lohn, l'esclavagisme moderne a fait son apparition H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe , avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans les grandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxe parisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays encore plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn? B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique qui fractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où il revient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à sa transformation, et permet d’empocher ainsi un maximum de bénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffre puisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara), se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sont moins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions de crise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40 %. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Les ouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douze heures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, travailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu par le Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils protestent, c'est la porte immédiatement. Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justification à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention collective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leur seul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.” H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagisme moderne ? B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratiquement rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'outillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail : les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Par contre, ils ont augmenté les normes de production… qui dépassent maintenant celles des machines, car elles sont plus grandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent Actualité impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire "Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée sur le salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pour l'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures de plus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et le reste"… histoire de faire comprendre qu'il n'est pas question d'heures supplémentaires. Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays, quelle que soit la notoriété de la firme. Il s'agit de comportements autoritaires, de mépris vis-à-vis des employés qui n'ont pas leur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire : on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ont pas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verser des indemnités de grossesse avec leur mariage, des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais les plus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangers délèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afin de se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que les dirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiers de dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie sur l'entente et la corruption avec les administrations locales”. Tester la réaction syndicale H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ? B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entreprises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndiqués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syndiquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et les grandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialogue social, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien. Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussions sont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont par contre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadre et les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont été créés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine, afin de désamorcer les conflits. Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relations de solidarité que nous avons nouées avec la Confédération Syndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire des observateurs syndicaux roumains dans des comités transnationaux de certaines branches (ciment, construction, services comme Accor). Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entreprises européennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile de discuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dans un environnement prenant en compte les questions sociales, qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture du dialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souvent devant la Justice. Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné un procès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syndiqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasse appel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a surpris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester la réaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”. 17 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements z z BAIA MARE ORADEA TARGU MURES CLUJ z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA TURNU SEVERIN PITESTI z CRAIOVA z Le 14 juillet, la France à Bucarest, c'est son ambassade z SUCEAVA z z ARAD IASI z GALATI z BRASOV z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Sibiu capitale européenne en 2007 18 22 Pour beaucoup de Roumains, ce jour est un peu une seconde fête nationale Le jury de la Commission Européenne de Bruxelles a décidé de choisir Sibiu et Luxembourg comme capitales de la culture européenne en 2007, suivant le principe qui l'amène à désigner deux villes différentes du Vieux Continent chaque année, le plus souvent une de l'Ouest et une de l'Est. Les autorités roumaines avaient découvert le projet de Luxembourg de poser sa candidature, lors d'une visite dans le Grand Duché en 2002, et avaient proposé d'y adjoindre Sibiu. Le dossier de cette cité a été jugé sérieux par le jury qui l'a retenu à l'unanimité, demandant toutefois à ce que soient précisés certains aspects du programme de manifestations et expositions prévues, afin de l'examiner lors de sa prochaine réunion, en février 2005. Sibiu est considérée comme la ville roumaine ayant le plus grand héritage architectural du pays. La vieille ville s'étend sur 100 hectares, compte 20 000 habitants et 1200 bâtiments historiques, dont beaucoup sont dans un état avancé de dégradation. Un programme de réhabilitation germano-roumain a été mis en place pour les restaurer, en 2000. Ville au caractère allemand marqué, et dont l'actuel maire est allemand, Sibiu s'appelait aussi Hermannstadt, dans cette langue. Q u'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeur de France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14 juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et de Matignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là, pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritorialité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représentant, qui l'incarne. La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encore considéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pour les valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entre les deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se fera un devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet. L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier personne, il ne faut pas commettre d'impairs. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Insolite D ans sa ville de Prunisor (Mehedinti), Nicolae Ceausescu est une petite vedette locale, tout comme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les histoires ne manquent pas sur les deux homonymes du "Conducator", des policiers se mettant au garde à vous en découvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant, tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand une secrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae, professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nommer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas de combat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passait immédiatement le recteur. Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Parti communiste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas y entrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : ses parents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime Société Nicolae Ceausescu… interdit de Parti communiste avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que son homonyme a été un bon chef, mais mal conseillé. Après la "Révolution", Nicu est devenu le président local du "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliser l'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par les communistes, la Sécuritate et la nomenklatura. Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques. Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivait mieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du travail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faim et la misère". Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoir le moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetière Ghencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque fois qu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vin devant la télé" se console-t-il. Un coup de pied en vache… salvateur A Trois réceptions au cours de la journée Pour pouvoir accueillir tout le monde, la journée est organisée en trois parties. A midi, ce sont les autorités du pays et le corps diplomatique qui sont reçus. C'est le temps des officialités, des discours. Sur le millier d'invités, environ la moitié se déplace. Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font Puis, vers 18 la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage. heures, c'est au tour de la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille personnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cette réception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils viennent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la tradition républicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où que ce soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande. Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quand tout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire des sélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parc Herestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifestation précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressent autour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "se sardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'ambassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciée des Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir: le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale. Un drôle de bateau, en fac-similés de vieux numéros du Monde... planté là, sur un quai du port de Constantsa. Animaux de compagnie U ne habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vacciner un chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle a vu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois personnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans la capitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette foisci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirper une poche de pus. 800 000 Roumains portent un prénom de fleur H uit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent un prénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux (Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin, Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose), Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa, Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita (Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)… près avoir reçu un coup de pied d'une vache dans le ventre, un enfant de 9 ans du village de Calafinda a commencé à se plaindre de douleurs atroces. Très inquiets, ses parents l'ont conduit à l'hôpital d'urgence de Suceava où, en l'examinant, les médecins ont découvert que ses souffrances survenaient en fait d'une péritonite avancée, laquelle mettait en jeu son existence. Opéré immédiatement, il s'est rétabli, le chirurgien priant ses parents de ne pas réprimander la vache qui, en déclenchant des symptômes suffisamment tôt, lui avait certainement sauvé la vie. Six heures par jour devant la télévision B ien que disposant de près de trois fois moins de téléviseurs que la moyenne de l'UE, les Roumains passent deux fois plus de temps à regarder la télévision, restant devant leurs postes six heures par jour. On compte 230 postes de télévision par mille habitants en Roumanie, soit un pour cinq habitants, dont 35 % sont encore en noir et blanc, contre 600 dans l'Union Européenne, un pour moins de deux habitants. 35 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA z ARAD z IASI z z ALBA IULIA z z TARGU PIATRA MURES NEAMT CLUJ z z z z TIMISOARA z PRIUNISOR GALATI z SIBIU BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Six heures de sport seulement par mois 34 Manque de sensibilisation, de moyens et facilités, pauvreté… mais aussi paresse, sont les raisons évoquées pour expliquer le manque d'enthousiasme des Roumains à pratiquer un sport, ceux-ci préférant très nettement passer leur temps libre devant un poste de télévision. Pour se maintenir en forme, un Roumain ne fait que six heures d'exercice physique par mois, alors que cette moyenne est de 36 heures dans l'Union Européenne. Les Français sont les plus acharnés avec une moyenne mensuelle de 45 heures, devançant les Anglais, 43 heures, les Belges (40), les Irlandais (39), les Danois (37), les Suédois (35), les Italiens et les Espagnols (30). Avec moins de 27 heures, les Grecs et les Luxembourgeois ferment la marche. Conséquence évoquée par l'Association Roumaine d'Endocrinologie: un quart des Roumains sont obèses, ce qui leur donne le 3ème rang sur le continent, après l'ex Yougoslavie et la Grèce, un classement qui a fait réagir l'Organisation Mondiale de la Santé, laquelle a indiqué que l'impact de l'obésité sur la santé des Roumains dépassera bientôt celui du tabac. Les NOUVeLLes de ROUMANIe A quelques semaines des J.O. d'Athènes, les Roumains ont réaffirmé leur suprématie européenne Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeur aura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voitures le Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gouvernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également multiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières à la France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après une journée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pour tout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeil récupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendre ses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Le président Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France) Gymnastique: hommes et femmes… une équipe en or D epuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes roumaines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine. Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la petite prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci. C'était oublier que l'école roumaine de gymnastique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassablement ces générations d'athlètes de premier rang. Ses rivales, notamment les Russes s'en sont rendu compte lors des récents championnats d'Europe, tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement la Roumanie a confirmé sa première place mondiale au niveau des filles, mais elle a également et outrageusement dominé la compétition masculine - une première- faisant d'elle la plus grande nation de gymnastes de la planète, aucun continent n'étant en mesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine. Marian Dragulescu, Catalina Ponor et Dana Sofronie, nouveaux prodiges Marian Dragulescu, un gymnaste en or. Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plus grand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gymnaste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 km de Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et ne ratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de remporter la compétition par équipes. Un mois plus tard, à Amsterdam, les Roumaines relevaient le défi des hommes, glanant douze médailles européennes entre compétitions senior et junior, dont quatre titres et celui par équipes, le plus recherché. Les spectateurs ont ainsi découvert le visage et le talent des jeunes filles qui figureront parmi les grandes favorites à Athènes. Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia, Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor (trois titres), ainsi que de la nouvelle étoile Dana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué de justesse dans la quête de la médaille d'or de la compétition toutes catégories, qu'elle a dominée jusqu'à l'avant-dernière épreuve finalement s'incliner devant Catalina Ponor est l’un des grands espoirs pour de la Roumanie pour les J.O. d’Athènes. l'Ukrainienne Alina Kozici. Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire des prodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit son équipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agées aujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: Steliana Nistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, Rodica Marinescu et Oana Zbenghea. Société L Un rendez-vous tellement prisé par certains… qu'ils en fabriquent des fausses invitations 'organisation du 14 juillet est tellement lourde, que l'événement se prépare dès le début de l'année. Une équipe se forme, travaille avec la chambre de commerce franco-roumaine, les entreprises françaises implantées dans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale, Vivendi, etc. Cette coopération permet de faire sponsoriser les trois quarts des 40 000 € (260 000 F) que coûte la journée et notamment la soirée du bal populaire, le reste étant à la charge de l'ambassade. On réfléchit aux initiatives à prendre. Ainsi, un prix du 14 juillet a été créé en 2003, attribué à l'association "Valentina" pour son action en faveur de la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes français et roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'une école militaire roumaine, remplaçant les enregistrements qui officiaient jusqu'ici. Un des moments les plus délicats consiste à dresser la liste des invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir de place pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars, l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant en dernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou de provoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une partie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux relations entre les deux pays se montreront vexés de ne plus recevoir leur carton. Certains, soit recalés ou bien oubliés, insisteront. Début juillet, alors que les invitations sont déjà parties, et ce jusqu'au dernier jour, des demandes touchantes ou dithyrambiques, vantant par exemple l'amour porté à la Marseillaise, parviennent à l'ambassade. Car ce rendez-vous est très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoir y assister. De fausses invitations circulent même, ce qui a conduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de personnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des réceptions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler les fraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès ! (Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu). 19 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements z z BAIA MARE ORADEA ARAD z z CLUJ z ALBA IULIA z z IASI z BRASOV z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES GALATI z SIBIU z BUZAU PITESTI z z z TURNU MAGURELE CERNAVODA BUCAREST z z CONSTANTA Alba Iulia: appel à Brigitte Bardot 22 20 Une association de propriétaires d'un immeuble d'Alba Iulia a décidé d'interdire l'accès de l'ascenseur aux animaux, afin de conserver sa propreté… soulevant la colère d'un quart de ses occupants qui possèdent soit un chat, soit un chien et crient à une atteinte aux droits des animaux. Ne sachant plus à qui s'adresser pour obtenir l'annulation de cette décision, les protestataires ont décidé d'écrire à Brigitte Bardot pour obtenir son soutien et lui ont demandé de venir sur place défendre leur cause. Festival pour homosexuels à Bucarest Se proposant de mieux faire accepter les "gays" et les lesbiennes dans un pays qui a dépénalisé l'homosexualité voici moins de trois ans, le "Festival des diversités" s'est tenu à Bucarest du 3 au 9 mai. Projection de films, exposition d'affiches, de photos, présentation de livres, débats, se sont succédés au cours de cette première qui avait reçu l'appui de plusieurs associations roumaines, ACCEPT, Centre de Ressource Juridique, Fondation pour une société ouverte, ainsi que des organisations américaines Freedom House, Civic Education Project. Cette initiative bénéficiait également de l'aide des Centres culturels français, polonais, allemand (Institut Goethe), anglais, espagnol (Institut Cervantes), et de l'ambassade de Suède. L’ambassade de France, meilleure table de Bucarest F rançoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'ambassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celleci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancellerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique. Bien sûr, le 14 juillet elle ne doit pas se manquer. La consigne coule de source : puisque c'est le jour de la France… on se doit de manger et boire français. C'est d'ailleurs l'habitude dans ces lieux. Charcuterie, foie gras, fromages, vins et Champagne viendront donc de l'Hexagone, par avion, plusieurs semaines à l'avance, et seront conservés au froid ou en cave. Seuls les fleurs et les fruits seront achetés sur place. La réception du soir, très courue, se prépare Les quantités à gérer sont très dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs. importantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jusqu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réception du soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les premiers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; les seconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne. Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq personnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui seront congelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter sur l'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre, maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pour assurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing demande des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, Françoise Bellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure table de Bucarest". "Bien sûr, on a pris tous vos défauts" M irela, professeur de français, écrivain, ne manque pas un 14 juillet qu'elle commente avec un brin d'amusement et d'étonnement : "Ce n'est pas facile de se faire inviter. Certains se font pistonner, d'autres récupèrent les cartons de relations qui ne peuvent venir ce jour là. Je crois qu'il y a même des faux qui sont imprimés. Il y a du monde, on est trop serré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, on a pris tous vos défauts : les Roumains se précipitent sur le camembert, la baguette, le saucisson, le Beaujolais, les yaourts Danone. Ils apprécient qu'on puisse boire et manger à volonté tout au long de la nuit, tout en discutant, ce qui n'est pas une habitude de chez nous. Cette abondance n'a pas toujours été le cas. Avant l'arrivé du précédent ambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassade de France avait la réputation d'être pingre. C'était mauvais pour son image, car bien sûr on comparait toutes les réceptions des ambassades et çà la fichait mal pour le pays du bien-vivre". "Heureusement" note l'écrivain, "les officiels ne nous embêtent pas trop avec leurs discours. On est là pour une fête après tout ? Roumains et Français s'y côtoyaient sans trop se mélanger, mais depuis l'instauration d'un bal populaire et d'un concours de danse, ils se rapprochent. Je constate aussi que les Roumaines font beaucoup plus d'effort, côté élégance, que les Françaises". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Sports Société Doublé coupe-championnat pour le Dinamo L e Dinamo Bucarest, ancienne équipe de la Police, a réalisé le doublé cette saison, terminant à la première place du Championnat de Division A, décrochant son 17ème titre, devançant son éternel rival, le Steaua (ex équipe de l'Armée), et remportant la finale de la coupe de Roumanie face à Otelul Galati (Acier Galati), par 2 buts à 0. Les “Câinii rossi” ("Les Chiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans la Ligue des Champions, mais devront disputer les deux tours préliminaires avant d'envisager de participer aux poules de qualification. Le Steaua participera au dernier des deux tours éliminatoires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'Otelul Galati, également qualifié, devra les franchir tous les deux. Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul Piatra Neamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs de Division B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti. L a joie était immense parmi les 1500 supporters du CFR Cluj, à l'issue du dernier match de la saison de Division B de Football: en s'imposant 3-0 face au Cetate Deva, leur équipe assurait son retour parmi l'élite pour la prochaine saison, après 28 ans de purgatoire. La performance relève du miracle, car pour s'assurer la remontée en Division A, le club du quartier Grivita de la capitale transylvaine devait aussi compter sur un improbable faux-pas du leader Jiul Petrosani face à Gaz Metan Medias. Or, sur son terrain, l'équipe de la vallée des mineurs n'a pu accrocher la victoire nécessaire, concédant le nul. Il s'agissait L Classement final de la Division A: 1er Dinamo Bucarest, 70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64 pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts, 4ème, Universitatea Craiova, 44 pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (en gras, les équipes qualifiées en coupe d'Europe), 6ème Apulum Unirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FC National 2000 Bucarest, 39 pts, 8ème Poli AEK Timisoara, 9ème Farul Constantsa, 37 pts, 10ème FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12ème Gloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts), 14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème Petrolul Ploiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernières équipes descendent en Division B et sont remplacées pour la prochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes en championnat de Division A, en 2004-2005). A noter que le Dinamo a également remporté la finale du championnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori, par 32 points à 21. Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Cluj retrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire là d'une sorte de réminiscence de justice : c'est justement à cause de Medias que, l'année précédente, le CFR Cluj avait raté son accession ! Les dirigeants clujois s'attendaient si peu à ce scénario… qu'ils n'avaient pas prévu les traditionnelles bouteilles de champagne roumain, les joueurs devant se contenter de bière. Le CFR Cluj est le plus vieux club roumain. Il a été fondé en 1907 par des employés des chemins de fer de la région et est dirigé par deux fortes personnalités. Son président, Arpad Paszkani, est la seule personne à avoir été exclue à vie par la Fédération de Football Roumain, pour avoir déclaré que "les arbitres étaient des voleurs". La Cour d'Appel avait annulé cette décision. L'ensemble des arbitres de Division B l'avaient cependant traîné en justice… mais avaient retiré leurs plaintes par la suite. L'entraîneur, Aurel Sunda a pour particularité d'avoir fait monter ces trois dernières années en Division A les trois équipes différentes qu'il a dirigées (UM Timisoara, Apulum Alba Iulia et CFR Cluj). Il affirme sans ambages son credo: "Moi, je bâtis une équipe, pendant que les autres se construisent des villas". Il faut noter que, jusqu'à ce dernier succès, le CFR opérait dans la même division que son grand rival local, Universitatea Cluj. Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre a Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopage dans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu des championnats du monde d'athlétisme de Budapest pour ce motif, deux semaines après que son compatriote Sergiu Ursu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumains ont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests de tous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révélés positifs. Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produits dopants de dernière génération, qui restent longtemps indétectables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, le président de la Commission Nationale Antidoping, Ioan Dragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière, dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, il espère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membres de la délégation olympique seront contrôlés avant le début des J.O. d'Athènes. 33 22 Société Les NOUVeLLes de ROUMANIe BAIA MARE z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z z z z IASI z z BACAU z BRASOV PITESTI CRAIOVA z z PIATRA NEAMT ALBA IULIA VULCAN z z TARGU MURES z z z BRAILA PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Pelouse d'importation pour le Stade national 32 Sélectionneur, général et politicien Sports SUCEAVA BISTRITA La pelouse du Stade National de Bucarest, où l'équipe de Roumanie dispute ses matchs, est une véritable catastrophe. Lors de la rencontre contre le Danemark, remportée 5 à 2 par celui-ci, les deux équipes avaient évolué sur une surface faite de mottes de terre agglutinées au sable, où l'herbe poussait en touffes. Les spécialistes avaient avancé cette raison pour expliquer la sévère correction reçue par les Roumains, dont le fonds de jeu technique pâtissait de l'état du terrain. Ils avaient par ailleurs relevé que les défaites de l'équipe nationale à domicile contre l'Italie (0-2), la Norvège (0-1), la contre-performance devant la Slovénie (1-1) qui lui avaient coûté sa qualification pour la Coupe du Monde 2002 et l'Euro 2004, avaient été enregistrées par mauvais temps, sur une pelouse fortement abîmée. Malgré des mesures provisoires, rien n'avait été sérieusement tenté pour y remédier, le désastreux Roumanie-Danemark, conduisant les autorités à réagir. La phase éliminatoire du Mondial 2006 se profilant, la décision de planter une nouvelle pelouse, impliquant l'installation d'un système de drainage efficace ayant traîné, il a fallu abandonner cette solution qui aurait été moins coûteuse, car elle ne permettra pas au terrain d'être opérationnel pour le 26 mars 2005, jour où les Roumains doivent accueillir les Hollandais. Ceux-ci ont refusé de déplacer le match à l'automne. Il a donc été décidé de faire venir de la pelouse en bandes de l'étranger qui devrait être installée quelques semaines avant la rencontre. Le coût estimé de l'opération est de 1,5 M€ (10 MF). S électionneur de l'équipe nationale de football, Anghel Iordanescu a illustré les liens qui existent entre le monde des affaires, de la politique et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti Social Démocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille des élections locales auxquelles il était également candidat comme conseiller départemental. C'est son ami, le ministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissant aussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gou Anghel Iordanescu. vernemental dans ce judet, d'ici peu. Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée, remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colonel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélectionneur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescu l'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a été le témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Les deux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immobilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale. L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenue une semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe allemande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites de son histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro 84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pression du Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse. Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport. Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue professionnelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général de Bucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim Tudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Parti de la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader du Parti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alors que Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de Force Démocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce au football que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suite au PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains, après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de la capitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD. L Eliminatoires du Mondial 2006: la Roumanie commence par la Finlande a Roumanie connaît le calendrier des matchs qu'elle doit disputer au titre de la phase qualificative pour la coupe du monde qui se déroulera en juin 2006 en Allemagne. Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge" sont tombés dans un groupe de sept équipes, particulièrement difficile, dont les deux favoris sont les Pays-Bas et la République tchèque. Seul le premier est qualifié automatiquement, ainsi que les deux meilleurs deuxièmes des huit groupes européens, les six autres dispu- tant entre eux un match de barrage. 18 août 2004: Roumanie-Finlande 4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine 8 sept. 2004: Andorre-Roumanie 9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie 17 nov. 2004: Arménie-Roumanie 26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas 30 mars 2005: Macédoine-Roumanie 4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie 8 juin 2005: Roumanie-Arménie 17 août 2005 : Roumanie-Andorre 3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque 8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un millier de Roumains reprennent en chœur la Marseillaise à l'Athénée pour le premier 14 juillet libre Evénements A ncien ministre éphémère, lors des illusions de la période suivant la "Révolution de décembre 1989", Nicolae Dragulanescu, 54 ans, francophile envers et contre tout, évoque avec émotion son preNicolae Dragulanescu, mier 14 juillet libre, en 1990. témoin de 14 juillet marquants. "C'était le bonheur ; c'était presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plus d'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse de Roumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucoup pleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur. C'est comme si on avait chanté notre hymne". Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avait bien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'y rendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invitation, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nous posait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Je crois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en 1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous, nous étions plongés dans notre nuit sans fin". Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de A plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : Nicolae Dragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue de France montrant les festivités du bi-centenaire de la Révolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur les Champs Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait partager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, ce qui le laisse encore inconsolable aujourd'hui. Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à son public clandestin une autre cassette d'un spectacle de Thierry Le Luron. "Les réactions étaient étonnantes. Les gens ne comprenaient pas qu'on puisse se moquer aussi férocement de ses dirigeants. Certains m'ont même suspecté d'être un provocateur de la Securitate, visant à les piéger. Le 14 juillet 1990, l’Athénée a vibré au son de la Marseillaise. Puis, ils ont réfléchi et m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le serait pas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demande si le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alors que la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signe avant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ? Adriana : "un côté trop élitiste" driana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein même de sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans son pays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de la Grande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour de l'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurrence sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la population est appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtrage. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoque des déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent marginalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4 juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille". "C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exceptionnelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. On peut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le 11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ils veulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bien qu'ils ont un comportement indiscipliné". L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirment des Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau, ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays. 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z z z VASLUI BRASOV GALATI PITESTI CRAIOVA z BACAU z SIBIU z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z BUZAU BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Le 9 octobre sera désormais "Jour de l'Holocauste" 22 A la demande de Ion Iliescu, le gouvernement roumain a décidé que le 9 octobre deviendrait désormais "Jour de l'Holocauste", décision qui a surpris la communauté juive vivant encore en Roumanie, tout en la satisfaisant. Le Président a ainsi voulu effacer le mauvais effet créé en Israël par ses propos tenus à l'automne 2003, dans lesquels il avait affirmé que "l'Holocauste n'avait pas été un phénomène limité à la population juive d'Europe… beaucoup d'autres personnes, dont des Polonais, étant mortes de cette façon . Cette déclaration avait été suivie d'un communiqué du gouvernement roumain indiquant que "l'Holocauste n'avait pas existé en Roumanie", ce qui n’avait fait que rajouter de l’huile sur le feu. Pour atténuer la vague de protestations suscitée par ces dires, Ion Iliescu avait invité les experts du monde entier à former une commission afin d'établir la vérité à ce sujet, laquelle n'a rendu encore aucune conclusion. Centre de rééducation pour mineurs Afin de les séparer des adultes avec lesquels ils croupissaient en prison, l'Etat a fait bâtir un centre de rééducation pour mineurs a Buzias (Timisoara), qui est désormais le plus moderne du pays. D'une capacité de 120 places, il comprend également une école générale. Sa construction a coûté 2 M€ (13 MF). Dix huit morts à la suite de l'explosion d'un camion près de Buzau A près avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a explosé à l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18 morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest, en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunes dont souffre le pays aussi bien dans le domaine du transport des matières dangereuses, dont la réglementation est floue, que dans celui des mesures de sécurité à prendre en cas d'urgence. Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequel n'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et de nombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, ce qui a entraîné la mort de 8 personnes et plusieurs blessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures de précaution nécessaires et ont payé un lourd tribu avec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévision ont également été tués. Une enquête a été déclenchée, mais semble déjà s'enliser. Le Président Iliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelques jours après la catastrophe : le fautif était le chauffeur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une intervention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion. Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste (Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur la chaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours. U Les NOUVeLLes de ROUMANIe Un réseau de chaussées empierrées se met en place ce des frontières roumaines a organisé 53 actions d'infiltration parmi les passagers des transports en commun se rendant dans l'Espace Schengen, cette opération conduisant au retrait de leur licence à 135 firmes de transport et de tourisme et à l'établissement de 1750 contraventions. L'adhésion de nouveaux membres à l'UE a obligé la Roumanie à passer des accords bi-latéraux avec ses voisins qui n'ont pas la perspective d'y entrer, rétablissant le régime des visas (Ukraine, Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine, Russie, Belarus …). Actuellement, les seuls pays ne demandant pas de visa d'entrée aux Roumains, outre les pays de l'UE (moins la Grande-Bretagne et l'Irlande qui en exigent toujours un), sont les suivants : Albanie, Corée du Sud, Costa Rica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc, Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse, Tunisie, Venezuela, soit au total 28 pays dans le monde. "C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place" Parallèlement, d'autres routes voient le jour, destinées justement à relier les villages isolés à l'axe Tulcea-Sulina. Ainsi la village de pêcheurs de Caraiaman sera définitivement réuni à Crisan cet automne par une voie de 12 km. Puis, par un chemin de 6 km menant au canal de Sulina, viendra le tour du village de Lipovènes, Mila 23. Un bac permettra de rejoindre la "grande route", emprunté par les charettes, voitures et camions (Notre photo) Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Il s'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne permettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêche qu'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mauvaises routes de la Roumanie profonde. Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creuser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pour traverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour et on envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour les endroits trop difficiles. Les maires, les élus, les parlementaires et l'administration se montrent très favorables à ce désenclavement du Delta, y voyant aussi une chance pour le développement du tourisme. "C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place" répondent-ils quand on leur parle de l'environnement. "On est isolé complètement, surtout l'hiver, quand les blocs de glace empêchent la navigation sur le canal" plaide le maire de Crisan, ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller à Tulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport au bateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sans compter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beaucoup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heure pour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'hélicoptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas trop l'apparition des voitures: "La route passera cent mètres derrière le village et les touristes se gareront dans un parking à son entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circulation, les gabarits des véhicules seront réglementés". Un projet de canal navigable ukrainien suscite aussi de vives inquiétudes 500 000 Roumains retenus à leurs frontières au cours du premier trimestre n peu plus de 500 000 Roumains ont été refoulés à leurs frontières au cours du premier trimestre parce qu'ils ne respectaient pas les conditions pour se rendre à l'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'assurance médicale, 24 000 n'avaient pas de titre de transport aller-retour, 30000 n'ont pu présenter la carte verte de leur véhicule et 345 000 la somme d'argent nécessaire à leur séjour (au minimum 500 €). Pendant cette période, 5 millions de personnes ont franchi les frontières roumaines, dont 3 millions de Roumains, 2 millions d'étrangers et 1 400 000 véhicules ; les sorties des citoyens roumains étaient plus importantes de 50 % par rapport à leur retour. 1880 Roumains partis légalement mais n'ayant pu justifier leur séjour dans les pays de l'Espace Schengen ont été renvoyés chez eux, et 7300 depuis d'autres pays (GrandeBretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli- Société L e projet de l'Ukraine de rendre navigable le canal Bâstroe, dans la partie du Delta lui appartenant, suscite de vives inquiétudes, aussi bien au niveau des organisations écologistes comme le WWF ou Birdlife International, que de la part de l'UNESCO, l'Union Européenne et les USA, lesquels ont demandé à faire partie d'une commission d'experts afin d'évaluer les risques que cette initiative fait peser sur les rives mêmes du Delta. Mais les plus soucieux sont les Roumains qui n'ont jamais été informés du contenu du projet, apprenant son existence l'année passée, malgré les accords de voisinage et internationaux qui lient les deux pays et leur font obligation d'agir en concertation pour maintenir la qualité de l'environnement dans cette région. Or le projet, qui n'est pas encore commencé, paraît mené dans la plus grande opacité. Aucune étude d'impact n'aurait été réalisée. On ne sait pas quelle sera la profondeur du canal, ni sa largeur, ni sa longueur. La Roumanie redoute les conséquences que le nouvel ouvrage pourrait avoir sur le bras voisin de Chilia Veche, entraînant une modification du régime des eaux, mais aussi sur tout le Delta. Kiev veut mettre fin au monopole roumain entre Danube et Mer Noire Les Ukrainiens se défendent en avançant que leur décision est conforme à la législation de leur pays et qu'il ne s'agit pas de la création d'un nouveau canal, mais seulement de la modernisation de l'ensemble de ses infrastructures. Pour justifier cette opération, Kiev fait remarquer que la Roumanie dispose d'un véritable monopole sur le trafic fluvial entre le Danube et la Mer Noire, indiquant que le transit des bateaux ukrainiens empruntant le canal de Sulina, ces cinq dernières années, lui a coûté 600 M€ (près de 4 milliards de F). Les organisations de défense de l'environnement manifestent une opposition résolue au projet, soulignant, en outre, que "pour faire venir les bateaux de fort tonnage, l'Ukraine sera obligée de draguer en permanence ce canal afin de lui maintenir artificiellement une profondeur suffisante. Les sédiments et les alluvions ainsi recueillis seront alors rejetés en Mer Noire, causant des dégâts irréparables dans la faune et parmi les poissons. D'autre part, les rives vont être renforcées par du béton, détruisant les espaces de migration de nombreuses espèces d'oiseau… sans parler des pollutions induites par le passage des bateaux, le rejet de carburant, qui affecteront la qualité des eaux". 22 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Environnement SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z BACAU z z z SIBIU PITESTI z z BRASOV z SINAIA CRAIOVA SULINA GALATI BRAILA z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z "Si le Delta, n'est plus le Delta… Est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?" 30 Une route avance inexorablement dans le Delta du Danube z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE Les pêcheurs du Delta sont perplexes. Beaucoup ignorent que les travaux de la route, commencés très discrètement, sont aussi avancés. Entre le "non" catégorique du Gouverneur et le "oui" par derrière des élus et de l'administration, ils ne savant quoi penser, se demandant s'il ne s'agit pas d'un double jeu, visant à paralyser les réactions et à rendre irréversible sa construction. Et puis ici, le pouvoir est craint et la population préfère souvent se taire. Pourtant, dans leur fond intérieur, nombreux sont ceux qui hochent la tête devant la disparition programmée de leur cadre de vie qui repose sur le bateau et leurs barques. Depuis des siècles, ils rythment leurs journées. A cinq heures, l’après-midi, on attend l'arrivée du ferry avec une charrette pour ramener chez elle la grand-mère partie voir ses petits-enfants à Tulcea et les provisions pour la semaine. Le boulanger charge ses sacs de farine dans son embarcation, direction son four. En fin de semaine, ce sont les jeunes qui reviennent du lycée. Ici, on s'est toujours bien accommodé de ne pas avoir de voitures. On n'en a pas besoin. Tout est réglé en fonction du fleuve. Et les plus lucides, qui misent sur le tourisme pour pouvoir rester chez eux, se posent avec angoisse cette question : "Si le Delta n'est plus le Delta, est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?". Menace sur l’intégrité du paysage et le cadre de vie des habitants Q u'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les marais du Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par une route Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dans un environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier de pêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation du Conducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une population habituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, le Gouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sans ambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'administration gérant cette réserve biosphère reconnue par l'Unesco y étant également opposé. Mauvais exemples à l'appui, à travers le monde mais aussi en Camargue qu’il a visitée, le Gouverneur soutient que "mettre le petit doigt dans ce processus, c'est y plonger le bras". "Construisez Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta en empruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina. une route et viennent ensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings, les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans parler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine. Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route qui devrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992. De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, un bac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions, tracteurs et charrettes par jour. Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur de l'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicape sérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient été dégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leur apparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant le canal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'est pas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration. Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi une réalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, au coeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans, l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26 MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alors en service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon, menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, mais aucun calendrier n'est fixé. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Evénements Société A près de 70 ans, le voilier école Mircea retrouve le grand large et fait escale à Brest cet été Un trois mâts sur les mers et l'Océan P our la première fois de sa carrière, à près de 70 ans, le "Mircea" va participer à une compétition internationale de voiliers, la "Tall Ship Challenge", qui se déroule cet été sur les côtes atlantiques américaines et canadiennes. Avec ses trois mâts, ses 23 voiles d'une surface de 1750 m2, le Mircea est un des cinq plus grands voiliers du monde, avec l'"Eagle" (USA), le "Gorg Forch" (Allemagne), le "Tavarisci" (Russie), le "Sagres" (Portugal). Le voilier école de l'Académie navale "Mircea cel Batrin" ("Mircea le Vieux", du nom d'un des plus grands voïvodes de l'histoire roumaine) a quitté le port de Constantsa le 17 avril pour un voyage de 160 jours à travers la Mer Noire, la Méditerranée et l'Océan Atlantique, dont 55 seront consacrés à ses treize escales. Le port de Brest sera le seul à l'accueillir sur la côte Atlantique européenne. A son bord, un équipage de 190 marins, dont 105 sont étudiants à l'Académie navale ou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu". Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée transatlantique. A l'époque du rapprochement entre Washington et Ceausescu, le voilier avait en effet été invité aux cérémonies célébrant le bi-centenaire de l'indépendance des USA, participant à la parade du 4 juillet dans le port de New York. voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplit de nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant la Première Guerre mondiale, et incorporé à un convoi de bateaux remorqués, assurant le transport de provisions et de matériel pour le front. La Seconde Guerre mondiale lui fut fatale : métamorphosé en infirmerie flottante, il fut victime du bombardement du port de Galati et, transformé en torche, brûla complètement, le 16 avril 1944. Il avait soixante deux ans. Son frère cadet avait vu le jour, six ans auparavant, dans le chantier naval "Blohm und Voss" de Hambourg. Après un voyage inaugural de 50 jours, le conflit mondial le surprit à l'été 1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuer une visite à Toulon, Alger, Gibraltar, Palerme et Alexandrie. Confisqué par les Soviétiques et remorqué jusqu'à Odessa, il fut restitué en 1946. Sauvé de la tourmente par un remorqueur français En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer et rénover à Hambourg. Pris en charge par deux remorqueurs, le convoi fut pris dans une terrible tempête dans le Golfe de Gascogne, affrontant des vents de 165 km/h. Les amarres du voilier furent rompues et, ingouvernable, il fut pris dans la tourmente. La tentative de l'équipage pour l'ancrer échoua, l'ancre cédant. Cinq Frère aîné transformé voies d'eau s'ouvrirent. en torche et frère cadet Un cargo norvégien et un remorconfisqué par les Soviétiques queur de la marine française volèrent en vain à son secours. Le lendeLe "Mircea" avait eu un frère main, après neuf heures d'efforts, le aîné, premier voilier école roumain, remorqueur français "Rhinocéros 4" portant le même nom, comme le veut parvenait enfin à le prendre en charla tradition. Celui-ci était né en 1882 ge, envoyant une chaloupe de sauvedans les chantiers britanniques et faitage pour évacuer l'équipage. Celuisait partie d'une commande globale ci refusa de quitter son bateau qui, portant également sur la construction finalement pût être remorqué jusqu'à Brest où les premières réparations de bateaux écoles à vapeur devant furent effectuées pour lui permettre accompagner la véritable émergence de continuer son voyage vers de la marine roumaine, le pays l'Allemagne. Dans l'adversité, le n'ayant accédé à l'indépendance que Le voilier-ècole Mircea dans son port d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire. "Mircea" avait ainsi montré, qu'avec cinq ans plus tôt. Ce deux mâts, de son aîné, il avait forgé de véritables générations de marins. dimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne z z ORADEA z IASI z TARGU MURES z ARAD SUCEAVA SATU MARE CLUJ VASLUI z z z z z z SIBIU TIMISOARA BRASOV GALATI BRAILA R. VÂLCEA TG. JIU z z CRAIOVA z z z z TULCEA BUCAREST GIURGIU CONSTANTA z z Les fruits exotiques font de la concurrence à la banane 24 Après la "Révolution", les Roumains se sont jetés sur les bananes et les oranges dont ils avaient été privées pendant les dernières années du régime Ceausescu. Si ces deux fruits des pays chauds restent les préférés des consommateurs, d'autres se sont installés durablement dans leur univers, comme les clémentines, mandarines et pamplemousses, leur faisant concurrence. Si bien que, d'après le Centre Roumain du Commerce Extérieur, les importations de bananes ont reculé pour la première fois en 2003, passant de 55 000 tonnes, l'année précédente, à 43 000 tonnes. Les Roumains ont également pris goût aux ananas, dont les importations ont doublé en deux ans, tout en restant à un niveau très faible (280 tonnes), aux kiwis, que l'on ne peut cultiver sur place à cause du climat trop continental (1600 tonnes en 2002, 2000 tonnes en 2003). Ils découvrent aussi les fruits exotiques aux noms encore inconnus, voici peu : mangues, mangoustans, goyaves, tamarins, fruits de la passion, qui viennent du Brésil, d'Afrique du Sud ou d'Extrême-Orient. Un plateau de ces fruits fait raffiné et impressionne les invités. Bien sûr, très peu de personnes peuvent se permettre leur achat et leur importation est encore confidentielle, de l'ordre de quelques dizaines de tonnes… à une demi-tonne pour les tamarins, en 2003. Mais, pour nombre de Roumains, offrir une orange à ses enfants pour Noël reste encore dans le domaine du luxe. Fraises et cerises en abondance E pargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance, cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se vendaient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F) pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes. La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000 hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par le marché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie et deux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud du pays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, Râmnicu Vâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimension trop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'une exploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterre où elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtant considérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un minimum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 20002200 € (13 000 -14 000 F). L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli 80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF), les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté 1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visine, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF). Les Roumains mangent six fois moins de poisson qu'au temps de Ceausescu S ans qu'aucune explication particulière ne soit donnée, un rapport du ministère de l'Environnement fait état d'une chute importante de la consommation de poisson par les Roumains… alors que parallèlement le tonnage péché augmente. Le prix ne semble pas mis plus en cause que dans le cas de la viande de porc ou de poulet qui a la préférence des consommateurs. S'agit-il d'une détérioration des circuits de distribution ou d'une modification des habitudes alimentaires ?... En tous les cas, les Roumains n'avaient L mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soit six fois moins qu'en 1989 (7 kg). Par contre le tonnage pêché est passé de 16 580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002, dont 5800 tonnes de poissons de rivière, 2700 tonnes de poissons de la mer Noire et près de 14 000 tonnes de poissons d'élevage. Les autorités espèrent que ce dernier secteur dépassera les 50 000 tonnes en 2007, horizon où elles estiment que la consommation sera remontée à 6 kg par habitant. L'activité de la pêche est pratiquée par des chalutiers ou des embarcations artisanales. Des consommateurs protégés comme les citoyens de l'UE e gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant les directives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraient conduire les consommateurs roumains à être protégés de la même manière que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, la sécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manquements ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementales de défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domaines de leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, de la promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des programmes financés par l'UE. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Religion Société La foi soulève... des églises M reverser. Ils vivent - et leur famille puisircea, 32 ans, ingénieur en qu'ils doivent être obligatoirement mariés construction mécanique en et ont des enfants - des rentrées procurées Bucovine, a la foi et voulait par les cérémonies : baptêmes, mariages, devenir prêtre, ayant suivi la formation obsèques, services religieux, "Boboteaza" nécessaire. Pour faire vivre sa famille, il a (Epiphanie, à l'occasion de laquelle les demandé a être prêtre honorifique, c'est à popes vont bénir chaque foyer et reçoidire uniquement le dimanche, afin de pouvent ainsi une contribution, quasiment voir conserver son emploi. Sa proposition obligatoire). a été refusée par la hiérarchie religieuse Autant de ressources qui ne sont pas orthodoxe qui lui a proposé d'occuper un déclarées, sur lesquelles la "Garde ministère à part entière, tout en continuant Financière" (le fisc) ferme tacitement les à travailler. Mircea a finalement accepté yeux, mais qui se sont sérieusement ameet, moyennant une enveloppe de 3000 € nuisées avec la détérioration générale des (20 000 F) remise à un conseiller de budgets familiaux. l'évêque, a été nommé dans une paroisse Mircea a donc fait sécession avec son de 5000 habitants qui avait grandi et discollègue, la commune se trouvant divisée posant déjà d'un pope de 40 ans. en deux, et a installé ses fidèles dans une Pendant un an, le nouveau prêtre a toute petite chapelle en bois, dans l'attenmené de front ses deux occupations, ce te de la construction d'une église en dur. qui était très dur. Il était appelé fréquemLe Conseil paroissial qu'il a constiment à l'occasion de décès et devait quitter son entreprise sur le champ, ce qui le tué, et qui vérifie tous les comptes, est Les collectes ne suffisent pas, il faut aussi trouver des sponsors pour bâtir une église. parti à la recherche de sponsors, tout en mettait en porte à faux. Il décida donc lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des artid'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer uniquesans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas les ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princimoyens de régler les charges et une grande partie des respal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deux sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées. après son arrivée s'étaient détériorées. Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions de Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui correslei (38 €, 250 F). pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent 1800 édifices religieux ont été construits depuis la Révolution D epuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises de tous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays, soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27 étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processus de systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtiments religieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenklatura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichie depuis la chute du communisme. Dix sept cultes ou Eglises reconnues L 'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit de l'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholique et gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne, évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, du culte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste, adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangéliste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culte boudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assez d'adeptes. Seulement 70 % d'orthodoxes en Roumanie selon Microsoft et la CIA D ans sa dernière encyclopédie Encarta, datée de 2004, Microsoft estime que le nombre d'orthodoxes se situe aux environs de 70 % de la population, en Roumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquent les chiffres du recensement de 2002. D'autres écarts sont notés, allant de un a cent, pour les athées ou Roumains se déclarant sans religion (10 % pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gouvernement), du simple au double pour les protestants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions (baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8 % a 4 %). Pour donner donner l’ensemble des chiffres, qui indiquent une baisse conséquente de 17 % de la population orthodoxe en quatre ans, Microsoft s'est basé sur les informations de la CIA, accessibles librement sur le site de celle-ci (www.cia.org/publications/factbook) et provenant d'autres sources spécialisées). 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z ORADEA z ARAD z z z IASI z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z VASLUI BACAU z z z SIBIU PITESTI CRAIOVA z z z BRASOV z SINAIA GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Instauration du carnet de maternité 28 Vie quotidienne La psychiatrie aspire au grand chambardement SUCEAVA z Oubliée, sans moyens et mal considérée Les NOUVeLLes de ROUMANIe Dès leur première visite chez le médecin, les femmes enceintes recevront désormais un carnet de maternité que le praticien devra remplir, et qui servira à la surveillance de leur grossesse. Ce petit livret contiendra également des conseils de soins, d'hygiène, d'alimentation pour ellesmêmes et leurs bébés. Tiré à 220 000 exemplaires pour l'année, ce qui devrait correspondre au nombre de grossesses annuelles dans le pays, ce carnet a été financé par des fonds européens PHARE. Il a été présenté par le ministre de la Santé, en présence de représentants de l'UNICEF et de l'UE en Roumanie. Par ailleurs, les femmes enceintes n'auront plus à attendre pour obtenir une consultation médicale où faire pratiquer des analyses : elles seront traitées en priorité, comme des cas d'urgence, n'auront pas à s'inscrire sur des listes d'attente et pourront être hospitalisées sans passer par le médecin. Cette mesure a été décidée afin de lutter contre la mortalité maternelle, due dans la moitié des cas à l'insuffisance des consultations prénatales et même, pour un tiers, à leur absence. L es conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les malades mentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatrique en Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue. Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout que quatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cette voie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre des médicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste. Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouve au niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne. Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patients qu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambulatoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les établissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits. Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer. On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté par la société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hôpital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés de façon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, une assistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pour le président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "la profession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique qui avait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre". Amnesty International attire l'attention sur la situation dans les hôpitaux psychiatriques E van Fisher, le responsable d'Amnesty International pour l'Europe Centrale et du Sud, s'est élevé contre la pratique qui consiste à interner dans des hôpitaux psychiatriques des enfants présentant des problèmes psychiques chroniques et placés dans des centres spécialisés, dès qu'ils ont atteint leur majorité, alors qu'ils pourraient réintégrer leur communauté et vivre auprès de leurs familles. Evan Fisher a rappelé les conditions déplorables des hôpitaux psychiatriques Examen médical annuel La Caisse Nationale d'Assurance Santé a décidé que tous les assurés de plus de 18 ans devraient subir un contrôle médical annuel, en vue du dépistage de graves maladies. La Caisse du judet d'Arad a indiqué qu'elle envisageait de ne pas rembourser les traitements des affections non détectées à temps. L roumains: "J'ai visité un établissement du judet d'Arad où, pour tout chauffage, il y avait un poêle dans une seule pièce, et où, faute de fonds, on ne pouvait plus donner de médicaments". Ses informations étant mises en cause par les autorités, il a indiqué qu'il les détenait de sources indépendantes, crédibles et qu'elles étaient à jour, rajoutant "la réaction des autorités est absurde ; j'ai visité certainement plus d'hôpitaux psychiatriques dans le pays que le ministre de la Santé". Cabinets médicaux cédés sous forme de concession e ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sous forme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire, aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situer en moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets se situent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grande valeur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont pris place parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, les médecins occupaient gratuitement ces cabinets. A Société A Iana, les paysans n'ont pas d'eau, de gaz, de téléphone… mais utilisent Internet pour commander leurs semences Iana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est toujours pas branché sur le réseau du gaz, seuls quatre postes de téléphone fonctionnent, les habitants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas goudronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour commander les semences destinées à améliorer la reproduction de leur vaches et taurillons. A la suite d'un accord passé entre le gouvernement roumain et l'Agence des Nations Unies pour le développement International, un "télécentre" a été installé dans le village, permettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, une photocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étant mis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ce projet expérimental, concernant une population de 12 000 habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situé parfois à la Maison de la Culture ou à l'école. Un tiers des habitants se rendent quotidiennement aux cinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté 200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo, mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec la famille, de préférence au téléphone, cher (un euro les six minutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit. "Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué. Le ministère des Communications et des Technologies informatiques envisage d'installer quelques dizaines de télécentres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à trois mois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€ (13 MF) à cette initiative. Pas chères et résistant aux tremblements de terre, les maisons en bois font leur apparition sur le marché C onstruct Expo", le salon de la construction, qui s'est déroulé à Bucarest, a permis de constater la percée, encore bien timide, des constructeurs de maison en bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé à progresser voici deux à trois ans, réservées principalement aux résidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, ce secteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concernant des commandes pour des résidences principales. Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coût d'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantage de pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2 sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous la menace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à 20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossature et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 € (150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie. Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols, Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 à l'exportation, suivant la qualité du bois demandé. Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture E n moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendant treize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinq ans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant aux normes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste est transformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementation communautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judet se chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhicules sur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la partie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment les matières plastiques coûtant trop cher. Châtiments corporels pour enfants interdits L es sénateurs roumains ont adopté plusieurs dispositions législatives concernant l'enfance, l'une précisant la hiérarchie des responsabilités, revenant dans l'ordre à la famille, la commune et l'Etat, si besoin, l'autre interdisant de façon formelle l'application de châtiments corporels aux enfants et punissant de prison toute personne les incitant à la mendicité. 25 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Examens achetés, piston sur commande, jurys qu'il faut soigner, voire rançonnement Enseignement SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z z P. NEAMT SIGHISOARA BACAU z SIBIU BRASOV PITESTI GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Alcool, tabac, drogue: une progression inquiétante chez les lycéens de 16 ans 26 Ces pratiques qui accablent enseignants, parents et élèves z z z CRAIOVA z z z z IASI TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE Dans le cadre d'une enquête européenne auprès de 200 lycées roumains et portant sur 4000 élèves de 16 ans, actualisée tous les quatre ans, plus de la moitié des lycéens interrogés ont reconnu boire ou fumer régulièrement, la progression étant alarmante, de l'ordre du double ou du triple, depuis 1999. A cet âge, presque tous ces jeunes ont déjà consommé de l'alcool, et plus de la moitié ont été ivres au moins une fois. Fumer est devenu une pratique courante, commencée vers l'âge de 14 ans. Ces lycéens déclarent boire pour se distraire (plus de la moitié), 38 % pour oublier leurs problèmes. Un tiers considèrent que cela leur permet d'avoir des relations plus fortes avec leurs amis, ou des relations sexuelles, que certains regrettent le lendemain. Près de 3 % sont entraînés dans des complications avec la police. Les lieux où l'on consomme le plus sont la maison, puis la discothèque (pourcentage qui a triplé depuis quatre ans). 77 % des lycéens estiment qu'il est facile de se procurer des bières, du vin ou des cigarettes, bien que leur vente soit interdite aux mineurs. 10 % ont touché à la drogue, qu'ils déclarent trouver assez facilement dans les discothèques, les bars ou dans la rue. Le nombre d’initiés par leur grand frère ou sœur a doublé depuis 1999, celui des consommateurs a augmenté de 50 % pour les drogues et de 85 % pour les amphétamines. B eaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditions dans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3 millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considération, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au point de vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiques auxquels ils doivent parfois se prêter. La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agit de former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, professeurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autres courbent l'échine car ils se considèrent impuissants. Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et donc en les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ont décidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoigner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à travers tout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à faire qu'elle quitte le pays. Profiter et se servir Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directrice, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation, trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentés dans ma classe de français. Ils ont repéré toute un assortiment de dictionnaires que m'avaient apportés des amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci je ne l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sans que je ne puisse rien dire. A la fin de l'inspection, il a fallu que je les invite au restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirer l'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme si c'était moi qui leur demandait quelque chose. J'ai Si certains candidats appris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'étremblent, dans l’attente des résultats, d’autres les taient rendus dans une école d'une commune voisine connaissent à l’’avance. (c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveau directeur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" au champagne ". Coup de main obligé Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectrice m'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suis rentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses (A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant la candidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de ma main, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal. Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dû faire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire du ministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pas fait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues, apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Obole pour les examinateurs Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parents pour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants. C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe partout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commune pour payer "les frais de protocole" pour la commission d'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : le café, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est que cette commission se montre tolérante et que pratiquement tous les élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner. On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer, se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches. Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du brevet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitié du salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examinateurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à la première session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %, puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes et c'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pas versé notre obole…" Baccalauréat et relations bien placées Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amie vient me voir et me demande comment faire pour arranger les notes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes et lui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé et j'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, mais rappelle-moi un peu avant". Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, qui ne sont pas particulièrement riches, viennent me voir et me remettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combien il voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus aux parents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'examen", qu'il fallait bien arroser aussi. Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convoqué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnie d'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leur a fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que Société leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains mots et fautes volontaires à des endroits précis, etc… En outre, en général, le président de la commission a une liste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles de copies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les "bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bien que le système de la double correction qui permettrait de déceler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune fille évoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9 sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université". D'après Pavel, un président de commission récupère à chaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza (5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourrait à faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteuradjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bien placées". Savoir faire Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième (équivalent seconde), mes copines et moi on a été très surprises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle était sympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée, surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse et au repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce que ses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'inspecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas". A la fac, aussi Tudor, professeur d'université: "Un professeur de français a tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entrée à la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille a été collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3ème année, car le prof en question était parti en stage pour trois mois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre professeur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous le communisme, mais reconverti en prof d'économie de marché, qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à ces étudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline. De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté L a Roumanie est à peu près alignée sur les pays européens en ce qui concerne les taxes que doivent payer les étudiants pour suivre leur cursus universitaire dans les universités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier par dix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir compte de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'il n'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F) de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajouter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. En France et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000 F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'est aux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plus élevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité de l'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg. 2002-2003: 350 mariages d'élèves et une centaine de naissances L es statistiques du ministère de l'Education nationale font apparaître que 348 élèves, fréquentant le collège ou le lycée, se sont mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 20022003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, les académies concernées prenant des dispositions pour qu'elles puissent continuer à suivre un enseignement, souvent à distance et sous forme allégée. Le record est détenu par le judet de Botosani, avec le mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3 jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on a enregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majorité des cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus de milieux ruraux. 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Examens achetés, piston sur commande, jurys qu'il faut soigner, voire rançonnement Enseignement SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z z P. NEAMT SIGHISOARA BACAU z SIBIU BRASOV PITESTI GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Alcool, tabac, drogue: une progression inquiétante chez les lycéens de 16 ans 26 Ces pratiques qui accablent enseignants, parents et élèves z z z CRAIOVA z z z z IASI TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE Dans le cadre d'une enquête européenne auprès de 200 lycées roumains et portant sur 4000 élèves de 16 ans, actualisée tous les quatre ans, plus de la moitié des lycéens interrogés ont reconnu boire ou fumer régulièrement, la progression étant alarmante, de l'ordre du double ou du triple, depuis 1999. A cet âge, presque tous ces jeunes ont déjà consommé de l'alcool, et plus de la moitié ont été ivres au moins une fois. Fumer est devenu une pratique courante, commencée vers l'âge de 14 ans. Ces lycéens déclarent boire pour se distraire (plus de la moitié), 38 % pour oublier leurs problèmes. Un tiers considèrent que cela leur permet d'avoir des relations plus fortes avec leurs amis, ou des relations sexuelles, que certains regrettent le lendemain. Près de 3 % sont entraînés dans des complications avec la police. Les lieux où l'on consomme le plus sont la maison, puis la discothèque (pourcentage qui a triplé depuis quatre ans). 77 % des lycéens estiment qu'il est facile de se procurer des bières, du vin ou des cigarettes, bien que leur vente soit interdite aux mineurs. 10 % ont touché à la drogue, qu'ils déclarent trouver assez facilement dans les discothèques, les bars ou dans la rue. Le nombre d’initiés par leur grand frère ou sœur a doublé depuis 1999, celui des consommateurs a augmenté de 50 % pour les drogues et de 85 % pour les amphétamines. B eaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditions dans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3 millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considération, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au point de vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiques auxquels ils doivent parfois se prêter. La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agit de former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, professeurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autres courbent l'échine car ils se considèrent impuissants. Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et donc en les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ont décidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoigner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à travers tout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à faire qu'elle quitte le pays. Profiter et se servir Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directrice, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation, trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentés dans ma classe de français. Ils ont repéré toute un assortiment de dictionnaires que m'avaient apportés des amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci je ne l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sans que je ne puisse rien dire. A la fin de l'inspection, il a fallu que je les invite au restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirer l'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme si c'était moi qui leur demandait quelque chose. J'ai Si certains candidats appris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'étremblent, dans l’attente des résultats, d’autres les taient rendus dans une école d'une commune voisine connaissent à l’’avance. (c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveau directeur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" au champagne ". Coup de main obligé Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectrice m'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suis rentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses (A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant la candidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de ma main, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal. Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dû faire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire du ministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pas fait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues, apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Obole pour les examinateurs Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parents pour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants. C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe partout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commune pour payer "les frais de protocole" pour la commission d'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : le café, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est que cette commission se montre tolérante et que pratiquement tous les élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner. On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer, se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches. Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du brevet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitié du salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examinateurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à la première session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %, puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes et c'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pas versé notre obole…" Baccalauréat et relations bien placées Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amie vient me voir et me demande comment faire pour arranger les notes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes et lui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé et j'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, mais rappelle-moi un peu avant". Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, qui ne sont pas particulièrement riches, viennent me voir et me remettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combien il voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus aux parents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'examen", qu'il fallait bien arroser aussi. Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convoqué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnie d'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leur a fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que Société leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains mots et fautes volontaires à des endroits précis, etc… En outre, en général, le président de la commission a une liste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles de copies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les "bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bien que le système de la double correction qui permettrait de déceler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune fille évoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9 sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université". D'après Pavel, un président de commission récupère à chaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza (5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourrait à faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteuradjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bien placées". Savoir faire Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième (équivalent seconde), mes copines et moi on a été très surprises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle était sympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée, surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse et au repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce que ses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'inspecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas". A la fac, aussi Tudor, professeur d'université: "Un professeur de français a tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entrée à la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille a été collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3ème année, car le prof en question était parti en stage pour trois mois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre professeur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous le communisme, mais reconverti en prof d'économie de marché, qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à ces étudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline. De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté L a Roumanie est à peu près alignée sur les pays européens en ce qui concerne les taxes que doivent payer les étudiants pour suivre leur cursus universitaire dans les universités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier par dix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir compte de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'il n'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F) de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajouter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. En France et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000 F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'est aux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plus élevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité de l'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg. 2002-2003: 350 mariages d'élèves et une centaine de naissances L es statistiques du ministère de l'Education nationale font apparaître que 348 élèves, fréquentant le collège ou le lycée, se sont mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 20022003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, les académies concernées prenant des dispositions pour qu'elles puissent continuer à suivre un enseignement, souvent à distance et sous forme allégée. Le record est détenu par le judet de Botosani, avec le mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3 jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on a enregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majorité des cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus de milieux ruraux. 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z ORADEA z ARAD z z z IASI z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z VASLUI BACAU z z z SIBIU PITESTI CRAIOVA z z z BRASOV z SINAIA GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Instauration du carnet de maternité 28 Vie quotidienne La psychiatrie aspire au grand chambardement SUCEAVA z Oubliée, sans moyens et mal considérée Les NOUVeLLes de ROUMANIe Dès leur première visite chez le médecin, les femmes enceintes recevront désormais un carnet de maternité que le praticien devra remplir, et qui servira à la surveillance de leur grossesse. Ce petit livret contiendra également des conseils de soins, d'hygiène, d'alimentation pour ellesmêmes et leurs bébés. Tiré à 220 000 exemplaires pour l'année, ce qui devrait correspondre au nombre de grossesses annuelles dans le pays, ce carnet a été financé par des fonds européens PHARE. Il a été présenté par le ministre de la Santé, en présence de représentants de l'UNICEF et de l'UE en Roumanie. Par ailleurs, les femmes enceintes n'auront plus à attendre pour obtenir une consultation médicale où faire pratiquer des analyses : elles seront traitées en priorité, comme des cas d'urgence, n'auront pas à s'inscrire sur des listes d'attente et pourront être hospitalisées sans passer par le médecin. Cette mesure a été décidée afin de lutter contre la mortalité maternelle, due dans la moitié des cas à l'insuffisance des consultations prénatales et même, pour un tiers, à leur absence. L es conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les malades mentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatrique en Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue. Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout que quatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cette voie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre des médicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste. Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouve au niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne. Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patients qu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambulatoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les établissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits. Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer. On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté par la société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hôpital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés de façon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, une assistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pour le président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "la profession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique qui avait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre". Amnesty International attire l'attention sur la situation dans les hôpitaux psychiatriques E van Fisher, le responsable d'Amnesty International pour l'Europe Centrale et du Sud, s'est élevé contre la pratique qui consiste à interner dans des hôpitaux psychiatriques des enfants présentant des problèmes psychiques chroniques et placés dans des centres spécialisés, dès qu'ils ont atteint leur majorité, alors qu'ils pourraient réintégrer leur communauté et vivre auprès de leurs familles. Evan Fisher a rappelé les conditions déplorables des hôpitaux psychiatriques Examen médical annuel La Caisse Nationale d'Assurance Santé a décidé que tous les assurés de plus de 18 ans devraient subir un contrôle médical annuel, en vue du dépistage de graves maladies. La Caisse du judet d'Arad a indiqué qu'elle envisageait de ne pas rembourser les traitements des affections non détectées à temps. L roumains: "J'ai visité un établissement du judet d'Arad où, pour tout chauffage, il y avait un poêle dans une seule pièce, et où, faute de fonds, on ne pouvait plus donner de médicaments". Ses informations étant mises en cause par les autorités, il a indiqué qu'il les détenait de sources indépendantes, crédibles et qu'elles étaient à jour, rajoutant "la réaction des autorités est absurde ; j'ai visité certainement plus d'hôpitaux psychiatriques dans le pays que le ministre de la Santé". Cabinets médicaux cédés sous forme de concession e ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sous forme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire, aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situer en moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets se situent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grande valeur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont pris place parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, les médecins occupaient gratuitement ces cabinets. A Société A Iana, les paysans n'ont pas d'eau, de gaz, de téléphone… mais utilisent Internet pour commander leurs semences Iana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est toujours pas branché sur le réseau du gaz, seuls quatre postes de téléphone fonctionnent, les habitants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas goudronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour commander les semences destinées à améliorer la reproduction de leur vaches et taurillons. A la suite d'un accord passé entre le gouvernement roumain et l'Agence des Nations Unies pour le développement International, un "télécentre" a été installé dans le village, permettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, une photocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étant mis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ce projet expérimental, concernant une population de 12 000 habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situé parfois à la Maison de la Culture ou à l'école. Un tiers des habitants se rendent quotidiennement aux cinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté 200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo, mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec la famille, de préférence au téléphone, cher (un euro les six minutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit. "Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué. Le ministère des Communications et des Technologies informatiques envisage d'installer quelques dizaines de télécentres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à trois mois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€ (13 MF) à cette initiative. Pas chères et résistant aux tremblements de terre, les maisons en bois font leur apparition sur le marché C onstruct Expo", le salon de la construction, qui s'est déroulé à Bucarest, a permis de constater la percée, encore bien timide, des constructeurs de maison en bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé à progresser voici deux à trois ans, réservées principalement aux résidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, ce secteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concernant des commandes pour des résidences principales. Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coût d'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantage de pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2 sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous la menace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à 20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossature et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 € (150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie. Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols, Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 à l'exportation, suivant la qualité du bois demandé. Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture E n moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendant treize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinq ans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant aux normes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste est transformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementation communautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judet se chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhicules sur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la partie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment les matières plastiques coûtant trop cher. Châtiments corporels pour enfants interdits L es sénateurs roumains ont adopté plusieurs dispositions législatives concernant l'enfance, l'une précisant la hiérarchie des responsabilités, revenant dans l'ordre à la famille, la commune et l'Etat, si besoin, l'autre interdisant de façon formelle l'application de châtiments corporels aux enfants et punissant de prison toute personne les incitant à la mendicité. 25 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne z z ORADEA z IASI z TARGU MURES z ARAD SUCEAVA SATU MARE CLUJ VASLUI z z z z z z SIBIU TIMISOARA BRASOV GALATI BRAILA R. VÂLCEA TG. JIU z z CRAIOVA z z z z TULCEA BUCAREST GIURGIU CONSTANTA z z Les fruits exotiques font de la concurrence à la banane 24 Après la "Révolution", les Roumains se sont jetés sur les bananes et les oranges dont ils avaient été privées pendant les dernières années du régime Ceausescu. Si ces deux fruits des pays chauds restent les préférés des consommateurs, d'autres se sont installés durablement dans leur univers, comme les clémentines, mandarines et pamplemousses, leur faisant concurrence. Si bien que, d'après le Centre Roumain du Commerce Extérieur, les importations de bananes ont reculé pour la première fois en 2003, passant de 55 000 tonnes, l'année précédente, à 43 000 tonnes. Les Roumains ont également pris goût aux ananas, dont les importations ont doublé en deux ans, tout en restant à un niveau très faible (280 tonnes), aux kiwis, que l'on ne peut cultiver sur place à cause du climat trop continental (1600 tonnes en 2002, 2000 tonnes en 2003). Ils découvrent aussi les fruits exotiques aux noms encore inconnus, voici peu : mangues, mangoustans, goyaves, tamarins, fruits de la passion, qui viennent du Brésil, d'Afrique du Sud ou d'Extrême-Orient. Un plateau de ces fruits fait raffiné et impressionne les invités. Bien sûr, très peu de personnes peuvent se permettre leur achat et leur importation est encore confidentielle, de l'ordre de quelques dizaines de tonnes… à une demi-tonne pour les tamarins, en 2003. Mais, pour nombre de Roumains, offrir une orange à ses enfants pour Noël reste encore dans le domaine du luxe. Fraises et cerises en abondance E pargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance, cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se vendaient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F) pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes. La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000 hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par le marché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie et deux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud du pays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, Râmnicu Vâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimension trop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'une exploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterre où elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtant considérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un minimum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 20002200 € (13 000 -14 000 F). L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli 80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF), les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté 1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visine, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF). Les Roumains mangent six fois moins de poisson qu'au temps de Ceausescu S ans qu'aucune explication particulière ne soit donnée, un rapport du ministère de l'Environnement fait état d'une chute importante de la consommation de poisson par les Roumains… alors que parallèlement le tonnage péché augmente. Le prix ne semble pas mis plus en cause que dans le cas de la viande de porc ou de poulet qui a la préférence des consommateurs. S'agit-il d'une détérioration des circuits de distribution ou d'une modification des habitudes alimentaires ?... En tous les cas, les Roumains n'avaient L mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soit six fois moins qu'en 1989 (7 kg). Par contre le tonnage pêché est passé de 16 580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002, dont 5800 tonnes de poissons de rivière, 2700 tonnes de poissons de la mer Noire et près de 14 000 tonnes de poissons d'élevage. Les autorités espèrent que ce dernier secteur dépassera les 50 000 tonnes en 2007, horizon où elles estiment que la consommation sera remontée à 6 kg par habitant. L'activité de la pêche est pratiquée par des chalutiers ou des embarcations artisanales. Des consommateurs protégés comme les citoyens de l'UE e gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant les directives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraient conduire les consommateurs roumains à être protégés de la même manière que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, la sécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manquements ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementales de défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domaines de leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, de la promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des programmes financés par l'UE. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Religion Société La foi soulève... des églises M reverser. Ils vivent - et leur famille puisircea, 32 ans, ingénieur en qu'ils doivent être obligatoirement mariés construction mécanique en et ont des enfants - des rentrées procurées Bucovine, a la foi et voulait par les cérémonies : baptêmes, mariages, devenir prêtre, ayant suivi la formation obsèques, services religieux, "Boboteaza" nécessaire. Pour faire vivre sa famille, il a (Epiphanie, à l'occasion de laquelle les demandé a être prêtre honorifique, c'est à popes vont bénir chaque foyer et reçoidire uniquement le dimanche, afin de pouvent ainsi une contribution, quasiment voir conserver son emploi. Sa proposition obligatoire). a été refusée par la hiérarchie religieuse Autant de ressources qui ne sont pas orthodoxe qui lui a proposé d'occuper un déclarées, sur lesquelles la "Garde ministère à part entière, tout en continuant Financière" (le fisc) ferme tacitement les à travailler. Mircea a finalement accepté yeux, mais qui se sont sérieusement ameet, moyennant une enveloppe de 3000 € nuisées avec la détérioration générale des (20 000 F) remise à un conseiller de budgets familiaux. l'évêque, a été nommé dans une paroisse Mircea a donc fait sécession avec son de 5000 habitants qui avait grandi et discollègue, la commune se trouvant divisée posant déjà d'un pope de 40 ans. en deux, et a installé ses fidèles dans une Pendant un an, le nouveau prêtre a toute petite chapelle en bois, dans l'attenmené de front ses deux occupations, ce te de la construction d'une église en dur. qui était très dur. Il était appelé fréquemLe Conseil paroissial qu'il a constiment à l'occasion de décès et devait quitter son entreprise sur le champ, ce qui le tué, et qui vérifie tous les comptes, est Les collectes ne suffisent pas, il faut aussi trouver des sponsors pour bâtir une église. parti à la recherche de sponsors, tout en mettait en porte à faux. Il décida donc lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des artid'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer uniquesans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas les ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princimoyens de régler les charges et une grande partie des respal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deux sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées. après son arrivée s'étaient détériorées. Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions de Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui correslei (38 €, 250 F). pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent 1800 édifices religieux ont été construits depuis la Révolution D epuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises de tous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays, soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27 étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processus de systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtiments religieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenklatura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichie depuis la chute du communisme. Dix sept cultes ou Eglises reconnues L 'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit de l'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholique et gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne, évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, du culte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste, adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangéliste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culte boudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assez d'adeptes. Seulement 70 % d'orthodoxes en Roumanie selon Microsoft et la CIA D ans sa dernière encyclopédie Encarta, datée de 2004, Microsoft estime que le nombre d'orthodoxes se situe aux environs de 70 % de la population, en Roumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquent les chiffres du recensement de 2002. D'autres écarts sont notés, allant de un a cent, pour les athées ou Roumains se déclarant sans religion (10 % pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gouvernement), du simple au double pour les protestants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions (baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8 % a 4 %). Pour donner donner l’ensemble des chiffres, qui indiquent une baisse conséquente de 17 % de la population orthodoxe en quatre ans, Microsoft s'est basé sur les informations de la CIA, accessibles librement sur le site de celle-ci (www.cia.org/publications/factbook) et provenant d'autres sources spécialisées). 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Environnement SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z BACAU z z z SIBIU PITESTI z z BRASOV z SINAIA CRAIOVA SULINA GALATI BRAILA z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z "Si le Delta, n'est plus le Delta… Est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?" 30 Une route avance inexorablement dans le Delta du Danube z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE Les pêcheurs du Delta sont perplexes. Beaucoup ignorent que les travaux de la route, commencés très discrètement, sont aussi avancés. Entre le "non" catégorique du Gouverneur et le "oui" par derrière des élus et de l'administration, ils ne savant quoi penser, se demandant s'il ne s'agit pas d'un double jeu, visant à paralyser les réactions et à rendre irréversible sa construction. Et puis ici, le pouvoir est craint et la population préfère souvent se taire. Pourtant, dans leur fond intérieur, nombreux sont ceux qui hochent la tête devant la disparition programmée de leur cadre de vie qui repose sur le bateau et leurs barques. Depuis des siècles, ils rythment leurs journées. A cinq heures, l’après-midi, on attend l'arrivée du ferry avec une charrette pour ramener chez elle la grand-mère partie voir ses petits-enfants à Tulcea et les provisions pour la semaine. Le boulanger charge ses sacs de farine dans son embarcation, direction son four. En fin de semaine, ce sont les jeunes qui reviennent du lycée. Ici, on s'est toujours bien accommodé de ne pas avoir de voitures. On n'en a pas besoin. Tout est réglé en fonction du fleuve. Et les plus lucides, qui misent sur le tourisme pour pouvoir rester chez eux, se posent avec angoisse cette question : "Si le Delta n'est plus le Delta, est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?". Menace sur l’intégrité du paysage et le cadre de vie des habitants Q u'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les marais du Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par une route Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dans un environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier de pêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation du Conducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une population habituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, le Gouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sans ambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'administration gérant cette réserve biosphère reconnue par l'Unesco y étant également opposé. Mauvais exemples à l'appui, à travers le monde mais aussi en Camargue qu’il a visitée, le Gouverneur soutient que "mettre le petit doigt dans ce processus, c'est y plonger le bras". "Construisez Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta en empruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina. une route et viennent ensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings, les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans parler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine. Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route qui devrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992. De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, un bac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions, tracteurs et charrettes par jour. Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur de l'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicape sérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient été dégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leur apparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant le canal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'est pas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration. Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi une réalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, au coeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans, l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26 MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alors en service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon, menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, mais aucun calendrier n'est fixé. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Evénements Société A près de 70 ans, le voilier école Mircea retrouve le grand large et fait escale à Brest cet été Un trois mâts sur les mers et l'Océan P our la première fois de sa carrière, à près de 70 ans, le "Mircea" va participer à une compétition internationale de voiliers, la "Tall Ship Challenge", qui se déroule cet été sur les côtes atlantiques américaines et canadiennes. Avec ses trois mâts, ses 23 voiles d'une surface de 1750 m2, le Mircea est un des cinq plus grands voiliers du monde, avec l'"Eagle" (USA), le "Gorg Forch" (Allemagne), le "Tavarisci" (Russie), le "Sagres" (Portugal). Le voilier école de l'Académie navale "Mircea cel Batrin" ("Mircea le Vieux", du nom d'un des plus grands voïvodes de l'histoire roumaine) a quitté le port de Constantsa le 17 avril pour un voyage de 160 jours à travers la Mer Noire, la Méditerranée et l'Océan Atlantique, dont 55 seront consacrés à ses treize escales. Le port de Brest sera le seul à l'accueillir sur la côte Atlantique européenne. A son bord, un équipage de 190 marins, dont 105 sont étudiants à l'Académie navale ou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu". Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée transatlantique. A l'époque du rapprochement entre Washington et Ceausescu, le voilier avait en effet été invité aux cérémonies célébrant le bi-centenaire de l'indépendance des USA, participant à la parade du 4 juillet dans le port de New York. voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplit de nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant la Première Guerre mondiale, et incorporé à un convoi de bateaux remorqués, assurant le transport de provisions et de matériel pour le front. La Seconde Guerre mondiale lui fut fatale : métamorphosé en infirmerie flottante, il fut victime du bombardement du port de Galati et, transformé en torche, brûla complètement, le 16 avril 1944. Il avait soixante deux ans. Son frère cadet avait vu le jour, six ans auparavant, dans le chantier naval "Blohm und Voss" de Hambourg. Après un voyage inaugural de 50 jours, le conflit mondial le surprit à l'été 1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuer une visite à Toulon, Alger, Gibraltar, Palerme et Alexandrie. Confisqué par les Soviétiques et remorqué jusqu'à Odessa, il fut restitué en 1946. Sauvé de la tourmente par un remorqueur français En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer et rénover à Hambourg. Pris en charge par deux remorqueurs, le convoi fut pris dans une terrible tempête dans le Golfe de Gascogne, affrontant des vents de 165 km/h. Les amarres du voilier furent rompues et, ingouvernable, il fut pris dans la tourmente. La tentative de l'équipage pour l'ancrer échoua, l'ancre cédant. Cinq Frère aîné transformé voies d'eau s'ouvrirent. en torche et frère cadet Un cargo norvégien et un remorconfisqué par les Soviétiques queur de la marine française volèrent en vain à son secours. Le lendeLe "Mircea" avait eu un frère main, après neuf heures d'efforts, le aîné, premier voilier école roumain, remorqueur français "Rhinocéros 4" portant le même nom, comme le veut parvenait enfin à le prendre en charla tradition. Celui-ci était né en 1882 ge, envoyant une chaloupe de sauvedans les chantiers britanniques et faitage pour évacuer l'équipage. Celuisait partie d'une commande globale ci refusa de quitter son bateau qui, portant également sur la construction finalement pût être remorqué jusqu'à Brest où les premières réparations de bateaux écoles à vapeur devant furent effectuées pour lui permettre accompagner la véritable émergence de continuer son voyage vers de la marine roumaine, le pays l'Allemagne. Dans l'adversité, le n'ayant accédé à l'indépendance que Le voilier-ècole Mircea dans son port d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire. "Mircea" avait ainsi montré, qu'avec cinq ans plus tôt. Ce deux mâts, de son aîné, il avait forgé de véritables générations de marins. dimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z z z VASLUI BRASOV GALATI PITESTI CRAIOVA z BACAU z SIBIU z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z BUZAU BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Le 9 octobre sera désormais "Jour de l'Holocauste" 22 A la demande de Ion Iliescu, le gouvernement roumain a décidé que le 9 octobre deviendrait désormais "Jour de l'Holocauste", décision qui a surpris la communauté juive vivant encore en Roumanie, tout en la satisfaisant. Le Président a ainsi voulu effacer le mauvais effet créé en Israël par ses propos tenus à l'automne 2003, dans lesquels il avait affirmé que "l'Holocauste n'avait pas été un phénomène limité à la population juive d'Europe… beaucoup d'autres personnes, dont des Polonais, étant mortes de cette façon . Cette déclaration avait été suivie d'un communiqué du gouvernement roumain indiquant que "l'Holocauste n'avait pas existé en Roumanie", ce qui n’avait fait que rajouter de l’huile sur le feu. Pour atténuer la vague de protestations suscitée par ces dires, Ion Iliescu avait invité les experts du monde entier à former une commission afin d'établir la vérité à ce sujet, laquelle n'a rendu encore aucune conclusion. Centre de rééducation pour mineurs Afin de les séparer des adultes avec lesquels ils croupissaient en prison, l'Etat a fait bâtir un centre de rééducation pour mineurs a Buzias (Timisoara), qui est désormais le plus moderne du pays. D'une capacité de 120 places, il comprend également une école générale. Sa construction a coûté 2 M€ (13 MF). Dix huit morts à la suite de l'explosion d'un camion près de Buzau A près avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a explosé à l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18 morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest, en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunes dont souffre le pays aussi bien dans le domaine du transport des matières dangereuses, dont la réglementation est floue, que dans celui des mesures de sécurité à prendre en cas d'urgence. Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequel n'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et de nombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, ce qui a entraîné la mort de 8 personnes et plusieurs blessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures de précaution nécessaires et ont payé un lourd tribu avec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévision ont également été tués. Une enquête a été déclenchée, mais semble déjà s'enliser. Le Président Iliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelques jours après la catastrophe : le fautif était le chauffeur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une intervention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion. Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste (Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur la chaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours. U Les NOUVeLLes de ROUMANIe Un réseau de chaussées empierrées se met en place ce des frontières roumaines a organisé 53 actions d'infiltration parmi les passagers des transports en commun se rendant dans l'Espace Schengen, cette opération conduisant au retrait de leur licence à 135 firmes de transport et de tourisme et à l'établissement de 1750 contraventions. L'adhésion de nouveaux membres à l'UE a obligé la Roumanie à passer des accords bi-latéraux avec ses voisins qui n'ont pas la perspective d'y entrer, rétablissant le régime des visas (Ukraine, Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine, Russie, Belarus …). Actuellement, les seuls pays ne demandant pas de visa d'entrée aux Roumains, outre les pays de l'UE (moins la Grande-Bretagne et l'Irlande qui en exigent toujours un), sont les suivants : Albanie, Corée du Sud, Costa Rica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc, Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse, Tunisie, Venezuela, soit au total 28 pays dans le monde. "C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place" Parallèlement, d'autres routes voient le jour, destinées justement à relier les villages isolés à l'axe Tulcea-Sulina. Ainsi la village de pêcheurs de Caraiaman sera définitivement réuni à Crisan cet automne par une voie de 12 km. Puis, par un chemin de 6 km menant au canal de Sulina, viendra le tour du village de Lipovènes, Mila 23. Un bac permettra de rejoindre la "grande route", emprunté par les charettes, voitures et camions (Notre photo) Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Il s'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne permettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêche qu'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mauvaises routes de la Roumanie profonde. Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creuser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pour traverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour et on envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour les endroits trop difficiles. Les maires, les élus, les parlementaires et l'administration se montrent très favorables à ce désenclavement du Delta, y voyant aussi une chance pour le développement du tourisme. "C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place" répondent-ils quand on leur parle de l'environnement. "On est isolé complètement, surtout l'hiver, quand les blocs de glace empêchent la navigation sur le canal" plaide le maire de Crisan, ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller à Tulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport au bateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sans compter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beaucoup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heure pour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'hélicoptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas trop l'apparition des voitures: "La route passera cent mètres derrière le village et les touristes se gareront dans un parking à son entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circulation, les gabarits des véhicules seront réglementés". Un projet de canal navigable ukrainien suscite aussi de vives inquiétudes 500 000 Roumains retenus à leurs frontières au cours du premier trimestre n peu plus de 500 000 Roumains ont été refoulés à leurs frontières au cours du premier trimestre parce qu'ils ne respectaient pas les conditions pour se rendre à l'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'assurance médicale, 24 000 n'avaient pas de titre de transport aller-retour, 30000 n'ont pu présenter la carte verte de leur véhicule et 345 000 la somme d'argent nécessaire à leur séjour (au minimum 500 €). Pendant cette période, 5 millions de personnes ont franchi les frontières roumaines, dont 3 millions de Roumains, 2 millions d'étrangers et 1 400 000 véhicules ; les sorties des citoyens roumains étaient plus importantes de 50 % par rapport à leur retour. 1880 Roumains partis légalement mais n'ayant pu justifier leur séjour dans les pays de l'Espace Schengen ont été renvoyés chez eux, et 7300 depuis d'autres pays (GrandeBretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli- Société L e projet de l'Ukraine de rendre navigable le canal Bâstroe, dans la partie du Delta lui appartenant, suscite de vives inquiétudes, aussi bien au niveau des organisations écologistes comme le WWF ou Birdlife International, que de la part de l'UNESCO, l'Union Européenne et les USA, lesquels ont demandé à faire partie d'une commission d'experts afin d'évaluer les risques que cette initiative fait peser sur les rives mêmes du Delta. Mais les plus soucieux sont les Roumains qui n'ont jamais été informés du contenu du projet, apprenant son existence l'année passée, malgré les accords de voisinage et internationaux qui lient les deux pays et leur font obligation d'agir en concertation pour maintenir la qualité de l'environnement dans cette région. Or le projet, qui n'est pas encore commencé, paraît mené dans la plus grande opacité. Aucune étude d'impact n'aurait été réalisée. On ne sait pas quelle sera la profondeur du canal, ni sa largeur, ni sa longueur. La Roumanie redoute les conséquences que le nouvel ouvrage pourrait avoir sur le bras voisin de Chilia Veche, entraînant une modification du régime des eaux, mais aussi sur tout le Delta. Kiev veut mettre fin au monopole roumain entre Danube et Mer Noire Les Ukrainiens se défendent en avançant que leur décision est conforme à la législation de leur pays et qu'il ne s'agit pas de la création d'un nouveau canal, mais seulement de la modernisation de l'ensemble de ses infrastructures. Pour justifier cette opération, Kiev fait remarquer que la Roumanie dispose d'un véritable monopole sur le trafic fluvial entre le Danube et la Mer Noire, indiquant que le transit des bateaux ukrainiens empruntant le canal de Sulina, ces cinq dernières années, lui a coûté 600 M€ (près de 4 milliards de F). Les organisations de défense de l'environnement manifestent une opposition résolue au projet, soulignant, en outre, que "pour faire venir les bateaux de fort tonnage, l'Ukraine sera obligée de draguer en permanence ce canal afin de lui maintenir artificiellement une profondeur suffisante. Les sédiments et les alluvions ainsi recueillis seront alors rejetés en Mer Noire, causant des dégâts irréparables dans la faune et parmi les poissons. D'autre part, les rives vont être renforcées par du béton, détruisant les espaces de migration de nombreuses espèces d'oiseau… sans parler des pollutions induites par le passage des bateaux, le rejet de carburant, qui affecteront la qualité des eaux". 22 31 Société Les NOUVeLLes de ROUMANIe BAIA MARE z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z z z z IASI z z BACAU z BRASOV PITESTI CRAIOVA z z PIATRA NEAMT ALBA IULIA VULCAN z z TARGU MURES z z z BRAILA PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Pelouse d'importation pour le Stade national 32 Sélectionneur, général et politicien Sports SUCEAVA BISTRITA La pelouse du Stade National de Bucarest, où l'équipe de Roumanie dispute ses matchs, est une véritable catastrophe. Lors de la rencontre contre le Danemark, remportée 5 à 2 par celui-ci, les deux équipes avaient évolué sur une surface faite de mottes de terre agglutinées au sable, où l'herbe poussait en touffes. Les spécialistes avaient avancé cette raison pour expliquer la sévère correction reçue par les Roumains, dont le fonds de jeu technique pâtissait de l'état du terrain. Ils avaient par ailleurs relevé que les défaites de l'équipe nationale à domicile contre l'Italie (0-2), la Norvège (0-1), la contre-performance devant la Slovénie (1-1) qui lui avaient coûté sa qualification pour la Coupe du Monde 2002 et l'Euro 2004, avaient été enregistrées par mauvais temps, sur une pelouse fortement abîmée. Malgré des mesures provisoires, rien n'avait été sérieusement tenté pour y remédier, le désastreux Roumanie-Danemark, conduisant les autorités à réagir. La phase éliminatoire du Mondial 2006 se profilant, la décision de planter une nouvelle pelouse, impliquant l'installation d'un système de drainage efficace ayant traîné, il a fallu abandonner cette solution qui aurait été moins coûteuse, car elle ne permettra pas au terrain d'être opérationnel pour le 26 mars 2005, jour où les Roumains doivent accueillir les Hollandais. Ceux-ci ont refusé de déplacer le match à l'automne. Il a donc été décidé de faire venir de la pelouse en bandes de l'étranger qui devrait être installée quelques semaines avant la rencontre. Le coût estimé de l'opération est de 1,5 M€ (10 MF). S électionneur de l'équipe nationale de football, Anghel Iordanescu a illustré les liens qui existent entre le monde des affaires, de la politique et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti Social Démocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille des élections locales auxquelles il était également candidat comme conseiller départemental. C'est son ami, le ministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissant aussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gou Anghel Iordanescu. vernemental dans ce judet, d'ici peu. Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée, remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colonel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélectionneur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescu l'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a été le témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Les deux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immobilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale. L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenue une semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe allemande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites de son histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro 84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pression du Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse. Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport. Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue professionnelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général de Bucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim Tudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Parti de la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader du Parti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alors que Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de Force Démocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce au football que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suite au PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains, après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de la capitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD. L Eliminatoires du Mondial 2006: la Roumanie commence par la Finlande a Roumanie connaît le calendrier des matchs qu'elle doit disputer au titre de la phase qualificative pour la coupe du monde qui se déroulera en juin 2006 en Allemagne. Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge" sont tombés dans un groupe de sept équipes, particulièrement difficile, dont les deux favoris sont les Pays-Bas et la République tchèque. Seul le premier est qualifié automatiquement, ainsi que les deux meilleurs deuxièmes des huit groupes européens, les six autres dispu- tant entre eux un match de barrage. 18 août 2004: Roumanie-Finlande 4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine 8 sept. 2004: Andorre-Roumanie 9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie 17 nov. 2004: Arménie-Roumanie 26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas 30 mars 2005: Macédoine-Roumanie 4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie 8 juin 2005: Roumanie-Arménie 17 août 2005 : Roumanie-Andorre 3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque 8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un millier de Roumains reprennent en chœur la Marseillaise à l'Athénée pour le premier 14 juillet libre Evénements A ncien ministre éphémère, lors des illusions de la période suivant la "Révolution de décembre 1989", Nicolae Dragulanescu, 54 ans, francophile envers et contre tout, évoque avec émotion son preNicolae Dragulanescu, mier 14 juillet libre, en 1990. témoin de 14 juillet marquants. "C'était le bonheur ; c'était presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plus d'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse de Roumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucoup pleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur. C'est comme si on avait chanté notre hymne". Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avait bien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'y rendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invitation, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nous posait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Je crois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en 1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous, nous étions plongés dans notre nuit sans fin". Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de A plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : Nicolae Dragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue de France montrant les festivités du bi-centenaire de la Révolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur les Champs Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait partager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, ce qui le laisse encore inconsolable aujourd'hui. Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à son public clandestin une autre cassette d'un spectacle de Thierry Le Luron. "Les réactions étaient étonnantes. Les gens ne comprenaient pas qu'on puisse se moquer aussi férocement de ses dirigeants. Certains m'ont même suspecté d'être un provocateur de la Securitate, visant à les piéger. Le 14 juillet 1990, l’Athénée a vibré au son de la Marseillaise. Puis, ils ont réfléchi et m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le serait pas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demande si le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alors que la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signe avant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ? Adriana : "un côté trop élitiste" driana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein même de sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans son pays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de la Grande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour de l'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurrence sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la population est appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtrage. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoque des déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent marginalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4 juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille". "C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exceptionnelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. On peut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le 11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ils veulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bien qu'ils ont un comportement indiscipliné". L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirment des Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau, ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays. 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements z z BAIA MARE ORADEA ARAD z z CLUJ z ALBA IULIA z z IASI z BRASOV z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES GALATI z SIBIU z BUZAU PITESTI z z z TURNU MAGURELE CERNAVODA BUCAREST z z CONSTANTA Alba Iulia: appel à Brigitte Bardot 22 20 Une association de propriétaires d'un immeuble d'Alba Iulia a décidé d'interdire l'accès de l'ascenseur aux animaux, afin de conserver sa propreté… soulevant la colère d'un quart de ses occupants qui possèdent soit un chat, soit un chien et crient à une atteinte aux droits des animaux. Ne sachant plus à qui s'adresser pour obtenir l'annulation de cette décision, les protestataires ont décidé d'écrire à Brigitte Bardot pour obtenir son soutien et lui ont demandé de venir sur place défendre leur cause. Festival pour homosexuels à Bucarest Se proposant de mieux faire accepter les "gays" et les lesbiennes dans un pays qui a dépénalisé l'homosexualité voici moins de trois ans, le "Festival des diversités" s'est tenu à Bucarest du 3 au 9 mai. Projection de films, exposition d'affiches, de photos, présentation de livres, débats, se sont succédés au cours de cette première qui avait reçu l'appui de plusieurs associations roumaines, ACCEPT, Centre de Ressource Juridique, Fondation pour une société ouverte, ainsi que des organisations américaines Freedom House, Civic Education Project. Cette initiative bénéficiait également de l'aide des Centres culturels français, polonais, allemand (Institut Goethe), anglais, espagnol (Institut Cervantes), et de l'ambassade de Suède. L’ambassade de France, meilleure table de Bucarest F rançoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'ambassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celleci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancellerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique. Bien sûr, le 14 juillet elle ne doit pas se manquer. La consigne coule de source : puisque c'est le jour de la France… on se doit de manger et boire français. C'est d'ailleurs l'habitude dans ces lieux. Charcuterie, foie gras, fromages, vins et Champagne viendront donc de l'Hexagone, par avion, plusieurs semaines à l'avance, et seront conservés au froid ou en cave. Seuls les fleurs et les fruits seront achetés sur place. La réception du soir, très courue, se prépare Les quantités à gérer sont très dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs. importantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jusqu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réception du soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les premiers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; les seconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne. Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq personnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui seront congelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter sur l'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre, maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pour assurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing demande des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, Françoise Bellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure table de Bucarest". "Bien sûr, on a pris tous vos défauts" M irela, professeur de français, écrivain, ne manque pas un 14 juillet qu'elle commente avec un brin d'amusement et d'étonnement : "Ce n'est pas facile de se faire inviter. Certains se font pistonner, d'autres récupèrent les cartons de relations qui ne peuvent venir ce jour là. Je crois qu'il y a même des faux qui sont imprimés. Il y a du monde, on est trop serré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, on a pris tous vos défauts : les Roumains se précipitent sur le camembert, la baguette, le saucisson, le Beaujolais, les yaourts Danone. Ils apprécient qu'on puisse boire et manger à volonté tout au long de la nuit, tout en discutant, ce qui n'est pas une habitude de chez nous. Cette abondance n'a pas toujours été le cas. Avant l'arrivé du précédent ambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassade de France avait la réputation d'être pingre. C'était mauvais pour son image, car bien sûr on comparait toutes les réceptions des ambassades et çà la fichait mal pour le pays du bien-vivre". "Heureusement" note l'écrivain, "les officiels ne nous embêtent pas trop avec leurs discours. On est là pour une fête après tout ? Roumains et Français s'y côtoyaient sans trop se mélanger, mais depuis l'instauration d'un bal populaire et d'un concours de danse, ils se rapprochent. Je constate aussi que les Roumaines font beaucoup plus d'effort, côté élégance, que les Françaises". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Sports Société Doublé coupe-championnat pour le Dinamo L e Dinamo Bucarest, ancienne équipe de la Police, a réalisé le doublé cette saison, terminant à la première place du Championnat de Division A, décrochant son 17ème titre, devançant son éternel rival, le Steaua (ex équipe de l'Armée), et remportant la finale de la coupe de Roumanie face à Otelul Galati (Acier Galati), par 2 buts à 0. Les “Câinii rossi” ("Les Chiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans la Ligue des Champions, mais devront disputer les deux tours préliminaires avant d'envisager de participer aux poules de qualification. Le Steaua participera au dernier des deux tours éliminatoires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'Otelul Galati, également qualifié, devra les franchir tous les deux. Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul Piatra Neamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs de Division B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti. L a joie était immense parmi les 1500 supporters du CFR Cluj, à l'issue du dernier match de la saison de Division B de Football: en s'imposant 3-0 face au Cetate Deva, leur équipe assurait son retour parmi l'élite pour la prochaine saison, après 28 ans de purgatoire. La performance relève du miracle, car pour s'assurer la remontée en Division A, le club du quartier Grivita de la capitale transylvaine devait aussi compter sur un improbable faux-pas du leader Jiul Petrosani face à Gaz Metan Medias. Or, sur son terrain, l'équipe de la vallée des mineurs n'a pu accrocher la victoire nécessaire, concédant le nul. Il s'agissait L Classement final de la Division A: 1er Dinamo Bucarest, 70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64 pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts, 4ème, Universitatea Craiova, 44 pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (en gras, les équipes qualifiées en coupe d'Europe), 6ème Apulum Unirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FC National 2000 Bucarest, 39 pts, 8ème Poli AEK Timisoara, 9ème Farul Constantsa, 37 pts, 10ème FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12ème Gloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts), 14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème Petrolul Ploiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernières équipes descendent en Division B et sont remplacées pour la prochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, Sportul Studentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes en championnat de Division A, en 2004-2005). A noter que le Dinamo a également remporté la finale du championnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori, par 32 points à 21. Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Cluj retrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire là d'une sorte de réminiscence de justice : c'est justement à cause de Medias que, l'année précédente, le CFR Cluj avait raté son accession ! Les dirigeants clujois s'attendaient si peu à ce scénario… qu'ils n'avaient pas prévu les traditionnelles bouteilles de champagne roumain, les joueurs devant se contenter de bière. Le CFR Cluj est le plus vieux club roumain. Il a été fondé en 1907 par des employés des chemins de fer de la région et est dirigé par deux fortes personnalités. Son président, Arpad Paszkani, est la seule personne à avoir été exclue à vie par la Fédération de Football Roumain, pour avoir déclaré que "les arbitres étaient des voleurs". La Cour d'Appel avait annulé cette décision. L'ensemble des arbitres de Division B l'avaient cependant traîné en justice… mais avaient retiré leurs plaintes par la suite. L'entraîneur, Aurel Sunda a pour particularité d'avoir fait monter ces trois dernières années en Division A les trois équipes différentes qu'il a dirigées (UM Timisoara, Apulum Alba Iulia et CFR Cluj). Il affirme sans ambages son credo: "Moi, je bâtis une équipe, pendant que les autres se construisent des villas". Il faut noter que, jusqu'à ce dernier succès, le CFR opérait dans la même division que son grand rival local, Universitatea Cluj. Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre a Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopage dans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu des championnats du monde d'athlétisme de Budapest pour ce motif, deux semaines après que son compatriote Sergiu Ursu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumains ont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests de tous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révélés positifs. Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produits dopants de dernière génération, qui restent longtemps indétectables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, le président de la Commission Nationale Antidoping, Ioan Dragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière, dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, il espère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membres de la délégation olympique seront contrôlés avant le début des J.O. d'Athènes. 33 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA z ARAD z IASI z z ALBA IULIA z z TARGU PIATRA MURES NEAMT CLUJ z z z z TIMISOARA z PRIUNISOR GALATI z SIBIU BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Six heures de sport seulement par mois 34 Manque de sensibilisation, de moyens et facilités, pauvreté… mais aussi paresse, sont les raisons évoquées pour expliquer le manque d'enthousiasme des Roumains à pratiquer un sport, ceux-ci préférant très nettement passer leur temps libre devant un poste de télévision. Pour se maintenir en forme, un Roumain ne fait que six heures d'exercice physique par mois, alors que cette moyenne est de 36 heures dans l'Union Européenne. Les Français sont les plus acharnés avec une moyenne mensuelle de 45 heures, devançant les Anglais, 43 heures, les Belges (40), les Irlandais (39), les Danois (37), les Suédois (35), les Italiens et les Espagnols (30). Avec moins de 27 heures, les Grecs et les Luxembourgeois ferment la marche. Conséquence évoquée par l'Association Roumaine d'Endocrinologie: un quart des Roumains sont obèses, ce qui leur donne le 3ème rang sur le continent, après l'ex Yougoslavie et la Grèce, un classement qui a fait réagir l'Organisation Mondiale de la Santé, laquelle a indiqué que l'impact de l'obésité sur la santé des Roumains dépassera bientôt celui du tabac. Les NOUVeLLes de ROUMANIe A quelques semaines des J.O. d'Athènes, les Roumains ont réaffirmé leur suprématie européenne Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeur aura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voitures le Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gouvernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également multiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières à la France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après une journée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pour tout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeil récupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendre ses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Le président Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France) Gymnastique: hommes et femmes… une équipe en or D epuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes roumaines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine. Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la petite prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci. C'était oublier que l'école roumaine de gymnastique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassablement ces générations d'athlètes de premier rang. Ses rivales, notamment les Russes s'en sont rendu compte lors des récents championnats d'Europe, tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement la Roumanie a confirmé sa première place mondiale au niveau des filles, mais elle a également et outrageusement dominé la compétition masculine - une première- faisant d'elle la plus grande nation de gymnastes de la planète, aucun continent n'étant en mesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine. Marian Dragulescu, Catalina Ponor et Dana Sofronie, nouveaux prodiges Marian Dragulescu, un gymnaste en or. Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plus grand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gymnaste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 km de Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et ne ratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de remporter la compétition par équipes. Un mois plus tard, à Amsterdam, les Roumaines relevaient le défi des hommes, glanant douze médailles européennes entre compétitions senior et junior, dont quatre titres et celui par équipes, le plus recherché. Les spectateurs ont ainsi découvert le visage et le talent des jeunes filles qui figureront parmi les grandes favorites à Athènes. Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia, Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor (trois titres), ainsi que de la nouvelle étoile Dana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué de justesse dans la quête de la médaille d'or de la compétition toutes catégories, qu'elle a dominée jusqu'à l'avant-dernière épreuve finalement s'incliner devant Catalina Ponor est l’un des grands espoirs pour de la Roumanie pour les J.O. d’Athènes. l'Ukrainienne Alina Kozici. Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire des prodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit son équipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agées aujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: Steliana Nistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, Rodica Marinescu et Oana Zbenghea. Société L Un rendez-vous tellement prisé par certains… qu'ils en fabriquent des fausses invitations 'organisation du 14 juillet est tellement lourde, que l'événement se prépare dès le début de l'année. Une équipe se forme, travaille avec la chambre de commerce franco-roumaine, les entreprises françaises implantées dans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale, Vivendi, etc. Cette coopération permet de faire sponsoriser les trois quarts des 40 000 € (260 000 F) que coûte la journée et notamment la soirée du bal populaire, le reste étant à la charge de l'ambassade. On réfléchit aux initiatives à prendre. Ainsi, un prix du 14 juillet a été créé en 2003, attribué à l'association "Valentina" pour son action en faveur de la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes français et roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'une école militaire roumaine, remplaçant les enregistrements qui officiaient jusqu'ici. Un des moments les plus délicats consiste à dresser la liste des invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir de place pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars, l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant en dernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou de provoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une partie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux relations entre les deux pays se montreront vexés de ne plus recevoir leur carton. Certains, soit recalés ou bien oubliés, insisteront. Début juillet, alors que les invitations sont déjà parties, et ce jusqu'au dernier jour, des demandes touchantes ou dithyrambiques, vantant par exemple l'amour porté à la Marseillaise, parviennent à l'ambassade. Car ce rendez-vous est très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoir y assister. De fausses invitations circulent même, ce qui a conduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de personnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des réceptions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler les fraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès ! (Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu). 19 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements z z BAIA MARE ORADEA TARGU MURES CLUJ z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA TURNU SEVERIN PITESTI z CRAIOVA z Le 14 juillet, la France à Bucarest, c'est son ambassade z SUCEAVA z z ARAD IASI z GALATI z BRASOV z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Sibiu capitale européenne en 2007 18 22 Pour beaucoup de Roumains, ce jour est un peu une seconde fête nationale Le jury de la Commission Européenne de Bruxelles a décidé de choisir Sibiu et Luxembourg comme capitales de la culture européenne en 2007, suivant le principe qui l'amène à désigner deux villes différentes du Vieux Continent chaque année, le plus souvent une de l'Ouest et une de l'Est. Les autorités roumaines avaient découvert le projet de Luxembourg de poser sa candidature, lors d'une visite dans le Grand Duché en 2002, et avaient proposé d'y adjoindre Sibiu. Le dossier de cette cité a été jugé sérieux par le jury qui l'a retenu à l'unanimité, demandant toutefois à ce que soient précisés certains aspects du programme de manifestations et expositions prévues, afin de l'examiner lors de sa prochaine réunion, en février 2005. Sibiu est considérée comme la ville roumaine ayant le plus grand héritage architectural du pays. La vieille ville s'étend sur 100 hectares, compte 20 000 habitants et 1200 bâtiments historiques, dont beaucoup sont dans un état avancé de dégradation. Un programme de réhabilitation germano-roumain a été mis en place pour les restaurer, en 2000. Ville au caractère allemand marqué, et dont l'actuel maire est allemand, Sibiu s'appelait aussi Hermannstadt, dans cette langue. Q u'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeur de France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14 juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et de Matignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là, pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritorialité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représentant, qui l'incarne. La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encore considéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pour les valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entre les deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se fera un devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet. L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier personne, il ne faut pas commettre d'impairs. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Insolite D ans sa ville de Prunisor (Mehedinti), Nicolae Ceausescu est une petite vedette locale, tout comme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les histoires ne manquent pas sur les deux homonymes du "Conducator", des policiers se mettant au garde à vous en découvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant, tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand une secrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae, professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nommer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas de combat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passait immédiatement le recteur. Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Parti communiste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas y entrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : ses parents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime Société Nicolae Ceausescu… interdit de Parti communiste avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que son homonyme a été un bon chef, mais mal conseillé. Après la "Révolution", Nicu est devenu le président local du "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliser l'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par les communistes, la Sécuritate et la nomenklatura. Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques. Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivait mieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du travail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faim et la misère". Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoir le moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetière Ghencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque fois qu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vin devant la télé" se console-t-il. Un coup de pied en vache… salvateur A Trois réceptions au cours de la journée Pour pouvoir accueillir tout le monde, la journée est organisée en trois parties. A midi, ce sont les autorités du pays et le corps diplomatique qui sont reçus. C'est le temps des officialités, des discours. Sur le millier d'invités, environ la moitié se déplace. Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font Puis, vers 18 la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage. heures, c'est au tour de la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille personnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cette réception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils viennent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la tradition républicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où que ce soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande. Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quand tout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire des sélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parc Herestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifestation précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressent autour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "se sardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'ambassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciée des Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir: le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale. Un drôle de bateau, en fac-similés de vieux numéros du Monde... planté là, sur un quai du port de Constantsa. Animaux de compagnie U ne habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vacciner un chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle a vu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois personnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans la capitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette foisci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirper une poche de pus. 800 000 Roumains portent un prénom de fleur H uit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent un prénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux (Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin, Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose), Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa, Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita (Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)… près avoir reçu un coup de pied d'une vache dans le ventre, un enfant de 9 ans du village de Calafinda a commencé à se plaindre de douleurs atroces. Très inquiets, ses parents l'ont conduit à l'hôpital d'urgence de Suceava où, en l'examinant, les médecins ont découvert que ses souffrances survenaient en fait d'une péritonite avancée, laquelle mettait en jeu son existence. Opéré immédiatement, il s'est rétabli, le chirurgien priant ses parents de ne pas réprimander la vache qui, en déclenchant des symptômes suffisamment tôt, lui avait certainement sauvé la vie. Six heures par jour devant la télévision B ien que disposant de près de trois fois moins de téléviseurs que la moyenne de l'UE, les Roumains passent deux fois plus de temps à regarder la télévision, restant devant leurs postes six heures par jour. On compte 230 postes de télévision par mille habitants en Roumanie, soit un pour cinq habitants, dont 35 % sont encore en noir et blanc, contre 600 dans l'Union Européenne, un pour moins de deux habitants. 35 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Littérature z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z z SIBIU GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z IASI BRASOV z z z z P. NEAMT z TIMISOARA La vénération des femmes et de la nature z SUCEAVA TARGU MURES z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z “Viata romaneasca” (La Vie roumaine), la revue du poporanisme fondée par Ibraileanu 36 22 “Adèle”, le roman d'un amour impossible de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu Garabet Ibraileanu dirigea la revue Viata romaneasca (La Vie roumaine) de 1906 à 1916 puis, après sa reparution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'entoura d'un groupe de collaborateurs dont le plus célèbre fut Mihail Sadoveanu (1880-1961). La revue, après 1933, fut dirigée par Mihai Ralea puis par Georges Calinescu. Avec ses collaborateurs, Ibraileanu passait des soirées entières à lire et à discuter de littérature. Sur l'orientation de la revue elle-même, la traductrice Georgeta Horodinca écrit ceci : "Socialiste dans sa jeunesse comme toute la fine fleur de l'intelligentsia moldave (Iasi est le berceau du socialisme roumain), il avait abandonné la doctrine de la révolution prolétarienne sous l'influence de Constantin Stere - ancien narodnic (de narod : peuple, en russe), arrivé clandestinement à Iasi après un stage en Sibérie - et tourné ses regards vers la paysannerie, qui formait la majorité de la population et qui vivait encore sous un régime semi-féodal. Le courant poporaniste (d'après le mot popor: peuple, en roumain) était né.” Depuis 1899, Ibraileanu, avec Stere, militait à l'aile gauche du parti libéral pour la réforme agraire et le suffrage universel. En fondant en 1906 la revue Viata romaneasca, il entendait donner au poporanisme son expression littéraire, opposée aux images folkloriques en cours dans la revue rivale “Semanatorul“ (Le Semeur), dirigée par le grand historien Nicolae Iorga. C e n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu décide de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champ de la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un homme très apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dans ce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeune Adèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement une magnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt. Le premier des Moldaves Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le département de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu restera, sa vie durant, attaché à sa région natale. Même Bucarest ne parviendra pas à le séduire plus que la Moldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en 1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'y recevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujet qu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plus ancien des Moldaves puisque sa famille, de souche arménienne, était installée là avant même la création de la Principauté de Moldavie. Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où il était professeur à l'université. Mais c'est la région voisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle. Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses de préférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "non sans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruit possible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui permettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collaborateurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait les sentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la région afin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien. Une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psychologique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amoureux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragénaire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre naturel dans lequel cette affection se déploie : "Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'anciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, proportionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) il était impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon de route. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas de force majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nous embarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus en plus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecter les lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvreté et la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser des affaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des terrains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant sur une explosion ultérieure de leurs prix. Une même mentalité, un peu "mafioso", se retrouve chez les Russes auxquels il arrive, en plus, de ne pas payer les salaires pendant des mois d'affilée, comme cela se fait chez eux. On a aussi parfois des problèmes avec les Américains, comme la firme Solectron qui fabrique des composants électroniques à Timisoara et emploie 1400 personnes. D'une manière générale, on peut dire que lorsqu'on a à faire à la grosse industrie, des entreprises importantes, les rapports patrons-employés sont clairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose le plus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, le cuir (confection et chaussure)”. Avec le système lohn, l'esclavagisme moderne a fait son apparition H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe , avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans les grandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxe parisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays encore plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn? B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique qui fractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où il revient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à sa transformation, et permet d’empocher ainsi un maximum de bénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffre puisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara), se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sont moins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions de crise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40 %. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Les ouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douze heures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, travailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu par le Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils protestent, c'est la porte immédiatement. Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justification à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention collective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leur seul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.” H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagisme moderne ? B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratiquement rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'outillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail : les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Par contre, ils ont augmenté les normes de production… qui dépassent maintenant celles des machines, car elles sont plus grandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent Actualité impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire "Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée sur le salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pour l'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures de plus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et le reste"… histoire de faire comprendre qu'il n'est pas question d'heures supplémentaires. Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays, quelle que soit la notoriété de la firme. Il s'agit de comportements autoritaires, de mépris vis-à-vis des employés qui n'ont pas leur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire : on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ont pas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verser des indemnités de grossesse avec leur mariage, des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais les plus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangers délèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afin de se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que les dirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiers de dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie sur l'entente et la corruption avec les administrations locales”. Tester la réaction syndicale H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ? B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entreprises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndiqués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syndiquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et les grandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialogue social, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien. Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussions sont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont par contre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadre et les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont été créés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine, afin de désamorcer les conflits. Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relations de solidarité que nous avons nouées avec la Confédération Syndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire des observateurs syndicaux roumains dans des comités transnationaux de certaines branches (ciment, construction, services comme Accor). Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entreprises européennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile de discuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dans un environnement prenant en compte les questions sociales, qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture du dialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souvent devant la Justice. Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné un procès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syndiqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasse appel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a surpris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester la réaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”. 17 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BOTOSANI z BAIA MARE z ORADEA z z z ARAD HUNEDOARA TIMISOARA TARGU MURES IASI z z CLUJ z z SIBIU z BACAU GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Investisseurs étrangers: le hit-parade des relations sociales z SUCEAVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des Français réputés “radins” 16 22 Les Allemands viennent pour durer, les Italiens pour empocher le "Jackpot" H.G. : Les entrepreneurs français se singularisent-ils ? B.H. : “Ils sont assez nombreux, rien que sur Bucarest avec 80 entreprises et des groupes importants comme ACCOR qui a deux hôtels dans la capitale (Sofitel et Ibis), plus la Sodhexo et les chèques restaurants. Au hit-parade du bon comportement, je les mettrais en troisième position. Mais il existe des différences entre les secteurs. Les grosses entreprises de la production sont attentives au cadre social. Les services (hôtellerie, grande distribution), en général, se comportent maintenant relativement mieux. Mais c'est dans le sens d'une amélioration des conditions de travail pour augmenter leur rentabilité (formation, techniques) et ces entreprises se montrent toujours fermées au dialogue social. A Carrefour, on a attendu qu'une quinzaine d'employés découvrent leur intention de se syndiquer pour les mettre à la porte. On justifie par le niveau du salaire plus important que la moyenne, le fait de ne pas respecter les normes de travail, contrairement aux Allemands. Les Français ont la réputation de ne pas payer les heures supplémentaires, de faire travailler le dimanche ou à des horaires tardifs sans compensation salariale. Il existe un mécontentement à leur égard. L'enthousiasme et la motivation pour travailler dans certaines firmes françaises à baisser. Les jeunes ont le sentiment d'être exploités, de ne pas être payés à la hauteur des efforts fournis, comparent et vont voir ailleurs. C’est nouveau chez nous”. L es investisseurs étrangers sont de plus en plus nombreux en Roumanie, certains caressant l'espoir que ce pays se transforme en Eldorado, d'autres y voyant un marché potentiel important dans cette région du sud est de l'Europe. Mais qu'apportent-ils et comment se comportentils ? Henri Gillet a posé cette question à Bogdan Hossu (nos photos), le principal leader syndical roumain, responsable de Cartel Alfa. Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ? Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres, qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plus intéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot". H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économique avec la venue des entreprises étrangères ? B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant. Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, les cantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre où l'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du travail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre la pollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant les acides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à maintenant. Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaire minimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de 120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F), voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaise du groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire". Allemands et Autrichiens champions du bon comportement, Italiens et Russes mauvais élèves H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ? B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, à l'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sont vraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme des gens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je classerais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine des relations sociales. A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitude de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - qui viennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capitaux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sans reproche, dissimulant sous le voile transparent de la fiction littéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non moins réel ?". Il est vrai que la passion amoureuse que Garabet Ibraileanu décrit dans Adèle est tout ce qu'il y a de plus dévorant: "Je lui parle sans cesse de mon amitié pour elle. En réalité, je mens, ou, plus Dans un pli montagneux se cache le monastère d’Agapia, exactement, je me Un connaisseur dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu. fais des illusions. des littératures française et russe L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, or ce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les insSans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant en tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellement cela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sorcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même, tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus est j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et quant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique) placé devant l'alternative: Adèle ivre de pasGeorgeta Horodinca sion dans les bras d'un autre, ou inanimée sur présente le mérite le catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorrerais d'avoir proposé aux lecle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ". teurs français un très Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescu beau roman. Sans que n'a plus qu'à sombrer dans la neurasthénie soient véritablement qu'Ibraileanu lui-même connaissait bien et que connues les raisons de sa les lieux enchanteurs de Neamt ne parviennent réserve, Ibraileanu était plus à conjurer: plutôt réticent à publier "A ce moment-là commença le passé. ce texte portant aussi le L'écho d'une musique était d'ailleurs tout ce qui sous-titre de Fragments s'était passé dans les journées brûlantes de l'été du journal d'Emile La forteresse de Neamtz, qui, lui aussi, s'en allait. La forteresse de Codrescu (juillet-août ”molaire brisée de quelque monstre géant”. Neamtz, le Varatec, le Ceahlau, les promenades 189.). Il était pourtant en plein soleil, les clairs de lune m'apparaissaient maintenant déjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujets comme le merveilleux cortège de l'été, conduit par Adèle, et littéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908, qui avait disparu avec elle au-delà de l'horizon". Création et analyse en 1926. Bernard Camboulives En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste intitulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écriGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991. vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant, Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages. Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisait 16 euros. pas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce, Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sans réussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi la mienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais le monastère de Varatec, égaré sous le soleil, le pli montagneux où se cachait le monastère d'Agapia, les montagnes aux formidables seins de pierre, dont la dernière touchait l'horizon. Devant nous la forteresse de Neamtz, molaire brisée de quelque monstre géant, brillait dans le soleil de midi comme un ivoire et se faisait de plus en plus grande à mesure que nous approchions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozana montrait la courbe gracieuse de ses hanches de femme endormie. Et, au fond, avec un aspect de nuage, une énorme montagne obèse". P Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains olitiquement, le poporanisme prôné par Ibraileanu proposait une doctrine de l'Etat démocratique paysan selon une voie non capitaliste, alors que Nicolae Iorga avait engagé la critique de la société roumaine d’un point de vue conservateur. Ibraileanu imaginait une Roumanie démocratique, avec un Parlement de petits producteurs et une armée de paysans-soldats, à la mode des Boers sud-africains; ces chefs de famille permettraient à leurs cadets, filles et garçons, d'étudier des matières culturellement enrichissantes, à l'université ou dans des conservatoires, générant ainsi une nouvelle élite intellectuelle ayant acquis ses qualités en dehors de toute préoccupations utilitaires. Les poporanistes se considéraient comme les successeurs des révolutionnaires de 1848. Et ils refusaient d'inclure dans leur vision idéale de la société les éléments non issus des masses rurales. Du point de vue littéraire, Ibraileanu défendait le "spécifique national" dans la tradition populisto-paysanne et prônait le roman réaliste, traditionaliste, ouvert au social. Il rejetait la poésie symboliste qu'il jugeait non spécifique. Il sera toutefois l'un des premiers à accepter Proust… 37 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres BOTOSANI z ORADEA z BARLAD z z z SIBIU TIMISOARA z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z "La fille aux ibis" de Lax et Giroud z IASI z SIMERIA z z CONSTANTA BUCAREST z A lire aussi 38 22 Actualité Les tickets restaurant sont entrés dans les mœurs Social z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z ARAD z BAIA MARE Une merveilleuse bande dessinée avec la "Révolution" en toile de fond Les NOUVeLLes de ROUMANIe - Florin Turcanu, Mircea Eliade Le prisonnier de l'histoire, préface de Jacques Julliard, La Découverte, 2003. Prix 33 euros. Première biographie intégrale d'un savant ancré dans le siècle, personnalité bouillonnante et contradictoire. Biographie écrite par un jeune historien roumain. - Du Bois Pierre, Ceausescu au pouvoir: enquête sur une ascension, Georg (Suisse), 2004, 17 euros. - Roman Radu Anton, Savoureuse Roumanie, Noir sur Blanc, 2003, 25 euros. Où il est question de cuisine roumaine et de recettes gastronomiques. - Gavin Bowd, Paul Morand et la Roumanie, L'Harmattan, 2003. 13 euros. -Gregor Von Rezzori, Les neiges d'antan, Editions de l'Olivier, 2004. La Bucovine vue par un natif de Cernowitz (Cernauti). -Petre Raileanu, Gherasim Luca, Oxus, 2004. Biographie d'un grand poète surréaliste en Roumanie puis exilé à Paris - Jean Nouzille, La Moldavie, histoire tragique d’une nation européenne, paru aux Editions Bieler en collaboration avec le Comité européen d’histoire et de stratégie balkaniques, 27 rue Jean Jaurès, 67 300 Schiltigheim auprès duquel il faut commander l’ouvrage (22 € + 4 € de port). Professeur à Saint Cyr et à l’Université de Strabourg, Jean Nouzille analyse la situation actuelle de la Moldavie, divisée ethniquement, tout en rappelant son histoire, à l’ombre de ses voisins turcs et russes. D écembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop le goût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de la dictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sortie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elle La fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue? A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros et des destins poignants inspirés de la réalité, nous emmènent dans l'univers des dernières années du régime communiste, ses trahisons, ses désespérances, ses êtres abîmés, victimes et coupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la "Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et ses désillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "at-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu: "Je voudrais tant le croire". Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la "Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ont su croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalité de la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur place afin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C. Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées. Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, mais aussi un document d'histoire. La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F) Cinéma L Catalin Mitulescu distingué à Cannes e cinéma roumain a obtenu sa Palme d'or au dernier festival de Cannes, à savoir celle du meilleur court-métrage, attribuée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pour son film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans, terminant ses études à l'Université d'art théâtral et de cinéma, Catalin Mitulescu participait pour la troisième fois à la manifestation et a réalisé des films publicitaires ainsi que des vidéo-clips. Un autre Roumain a été distingué, Corneliu Porumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son courtmétrage "Voyage à la ville". L ancés en 1999, à l'initiative du syndicat Cartel Alfa qui voulait apporter un supplément de revenu aux travailleurs et s'assurer qu'ils mangent à leur faim, ce qui n'était pas toujours le cas, les tickets restaurants ont fait un bond prodigieux depuis, passant de 25 000 utilisateurs alors à plus de 1,6 millions en 2003. La moitié des entreprises en ont émis Les tickets restaurant l'an passé pour un montant estimé sont utilisés pour les achats des produits alimentaires. à 500 M€ (3,3 milliards de F). Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produits exclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoolisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 magasins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuellement représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié du salaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que L Deux millions de Roumains sont établis à leur compte 'INS (Institut National de la Statistique) relève que sur les 8,3 millions de Roumains classés dans la catégorie de la population active, pour une population globale de 21,7 millions d'habitants, 4,6 millions sont des salariés, 2,1 millions travaillent à leur compte, 1,4 millions sont des femmes au foyer, 200 000 des patrons, auxquels il faut rajouter 700 000 chômeurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000 personnes travaillent à l'étranger. Le plus grand nombre de travailleurs est enregistré dans l'agriculture et la sylviculture (2,3 millions, dont 50 000 ont plus de 75 ans), puis viennent l'industrie (2 millions), le commerce de gros et de détail (900 000), la construction (530 Un jeune sur deux veut émigrer P perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc un supplément de salaire appréciable qui a convaincu également les entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôts sur les bénéfices. Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ont même mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseur peut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à travers le pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, du matériel informatique, des vêtements ou simplement des fleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières, comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ou Noël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissance, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiver et de fidéliser le personnel. Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat également depuis trois ans pour faire accepter l'idée des ticketsvacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puissent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou se déplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loi qui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé. lusieurs enquêtes d'opinions concordantes illustrent le malaise, et même le mal-vivre, de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % de ceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire, saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plus que voici deux ans. Par contre le nombre de jeunes désireux de poursuivre leurs études à l'étranger (14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête des destinations choisies, le rêve américain n'intéressant que 7 % des candidats au départ. Un autre sondage révèle que seulement 1 % des jeunes estiment que le sérieux et les diplômes les assurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pensent que la réussite ne dépend pas des études. 57 % estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricher avec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et 11 % seulement accordent une place au travail et au mérite personnel. 000), le transport et les communications (450 000), l'énergie (195 000), l'industrie minière (165 000). La Roumanie compte également 6,5 millions de retraités ou pensionnés, 3,4 millions d'élèves et 300 000 étudiants. La proportion est d'un Roumain actif salarié acquittant les cotisations sociales pour cinq compatriotes non productifs. Empire médiatique pour un syndicat L e paysage médiatique roumain est en plein bouleversement. Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'est un syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption. L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regroupe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisions locales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deux radios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que du groupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour"). T Les charcutiers boudent l'Espagne rès contentes du travail accomplis par les bouchers-charcutiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara), des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposé de 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculé qu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entretien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit le salaire qu'ils touchent actuellement. 15 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Le leu lourd lancé le 1er juillet 2005 Economie SUCEAVA BAIA MARE z ARAD z z z IASI ORADEA CLUJ z TARGU MURES z TIMISOARA VASLUI z ALBA IULIA z z HUNEDOARA z SF. GHEORGHE SIBIU z GALATI z BRASOV BUZAU z R. VÂLCEA z CRAIOVA z PLOIESTI z BUCAREST z z z TULCEA CONSTANTA z Mise en service de la première éolienne roumaine 14 22 L z Installée fin novembre à Ploiesti, au cœur de ce qui fût la plus riche réserve pétrolifère du Vieux Continent, la première centrale éolienne de Roumanie fonctionne depuis janvier et dessert en énergie les sociétés du parc industriel de la ville. D'une hauteur de 79 m, équipée d' un ordinateur de bord, elle est prévue pour fonctionner à des vitesses de vent comprises entre 1,8 m et 13 mètres/seconde et sa capacité est de 660 MWh. L'investissement a été de 680 000 € (4,5 MF) et devrait être amorti en trois ans. Un second projet, d'une capacité de 26,7 MWh est en cours pour équiper le port de Constantsa, l'éolienne étant installée sur une digue. Les pouvoirs publics estiment que le littoral de la Mer Noire et sa plateforme continentale recèlent un potentiel important pour la production d'énergie éolienne. Au niveau du pays, ces ressources ont été estimées à une production annuelle de plus de 60TWh, permettant l'installation d'une puissance de 28 000 MW. En outre, le pays dispose déjà d'une expérience dans le domaine et plusieurs sociétés roumaines ont des références en matière de construction de certains éléments d'éoliennes. L'ambition du gouvernement roumain est d'arriver à ce que les énergies renouvelables représentent environ 7 % de la consommation nationale brute d'énergie électrique, à l'horizon 2010. e gouvernement a finalement arrêté la date du 1er juillet pour le lancement du leu lourd. Ce projet était dans l'air du temps depuis près de trois ans, mais il a fallu attendre que l'inflation se calme aux alentours de 10 % pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu perdra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000 anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu égalera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera la réapparition des bani (un leu sera divisé en cent bani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au 31 décembre 2006, les prix devant être obligatoireMugur Isarescu, Gouverneur de ment affichés dans les deux monnaies. Les anciens la Banque Nationale Roumaine. lei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009. Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir dans cette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition, et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro. Indigestion de taxes L 'Union Générale des Industries Roumaines a calculé que l'Etat "met la main dans la poche" du contribuable roumain à 183 reprises, par le biais des divers impôts, taxes, droits, permis, enregistrements, timbres, commissions, qu'il a institués. Impôts et taxes, au nombre de 89, viennent en tête, suivis par les commissions, timbres, permis 70). Il faut payer pour avoir le droit d'accès aux zones franches, consulter le catalogue des programmes artistiques de la télévision, pour obtenir une accréditation professionnelle…Les industriels roumains soulignent que pour un salaire net de 100 €, ils doivent acquitter des taxes de 120 €, ce qui conduit à de faibles rémunérations et à la généralisation des primes et salaires en sous-main, expliquant ainsi le départ des jeunes vers l'étranger. Ils ont donc demandé au gouvernement de baisser de 20 % les charges concernant l'emploi des jeunes. Un Roumain sur trois dispose d'un téléphone mobile L e nombre de Roumains disposant d'un téléphone mobile était de 7 350 000, à Pâques, en augmentation de 500 000 depuis Noël et de près de cinq millions sur trois ans, Orange étant l'opérateur le plus important devant Connex (Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipé d'un portable. La téléphonie fixe est également en développement, mais sur un rythme beaucoup plus modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voici deux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayant en charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplacerait tous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004. Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26 % dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pas le téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (Baia Mare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du pays ne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans le judet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Variétés Connaissance et découverte Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse A près une tournée dans les stations balnéaires françaises pendant l'été 2002, Dalila Cernatescu est devenue la coqueluche de nombreux festivals. La jeune et très belle virtuose roumaine de la flûte de pan avait été découverte huit ans plus tôt à Vienne, où elle jouait dans les rues de la capitale autrichienne avec son père, par le président du festival international de Montguyon, ville du département de la Vienne… française, celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitée surprise et sans être annoncée dans les programmes officiels, médusait littéralement le public. Elle est revenue en France l'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestre professionnel. Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pan dès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'influence de son père, qui est professeur de musique, elle a appris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière exceptionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinq ans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue en Autriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier sa Roumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de fois sur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans son pays à dix ans. La seule artiste à jouer les "Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des musiques traditionnelles. Dès l'âge de douze ans, elle interprétait des morceaux de musique classique, gagnant de nombreux concours nationaux et internationaux. En 1996, elle représentait l'Allemagne au concours de l'Eurovision en duo avec Angela Wield. Elle enregistra par la suite "Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestre symphonique de Radio Bucarest. C'était la première fois que le morceau était interprété à la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrement son père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chose d'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elle est la seule musicienne à jouer l'intégralité des "Quatre Saisons" avec son instrument. De nombreux enregistrements suivront dans toute l'Europe, dans des genres aussi variés que musique traditionnelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses études à l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalent du Conservatoire National Supérieur de Musique en France), Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, tout en obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et en préparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur de l'Université, Dan Buciu. En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanez donnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugurant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : les partitions musicales et même les flûtes capables de jouer les pièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père de Dalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde ! Concours de l'Eurovision : déception et élimination L es Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante au concours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto la Roumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que ce soit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des points que dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10 points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera" que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspectateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chanteuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates. L Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel e Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Université de Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'attribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement de l'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulaire avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumains s'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain… 39 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Quand "Le Monde" circulait sous le manteau, à la barbe de la Securitate, impuissante Médias BAIA MARE z BISTRITA z z ARAD z z z CLUJ DEVA z SUCEAVA z TARGU MURES IASI z ORADEA z SIBIU TIMISOARA z SIGHISOARA z z BACAU GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z L'armée forme les correspondants de guerre 22 40 Le ministère de la Défense Nationale organise des cours de correspondants de guerre pour les journalistes roumains accrédités auprès de lui et appelés à intervenir dans les zones de conflits et sur le théâtre des opérations militaires. Cette formation, inspirée de l'armée belge, se déroule à Bucarest et dans un bataillon de chasseurs alpins, à Predeal (Brasov). Les journalistes sont instruits sur les facteurs de risque, les armes, les munitions, les mines anti-personnelles, les mesures de protection, les premiers soins d'urgence. Ils participent aussi à des activités d'orientation sur le terrain, de jour et de nuit, ainsi qu'à des séances de tir à l'arme automatique. Selon le ministère, cette initiative a pour but de diminuer le nombre de journalistes tués sur le terrain, plus d'un millier dans le monde depuis dix ans. La Roumanie qui n'avait jamais été en guerre depuis 1945 participe désormais à trois conflits (Kosovo, Afghanistan, Irak) et cette situation risque de s'aggraver avec son entrée dans l'OTAN, augmentant le nombre d'envoyés spéciaux sur place des médias roumains. Cette subite sollicitude du ministre de la Défense a surpris les journalistes, habitués à être malmenés ou agressés. L'an passé, Ioan Mircea Pascu, excédé par les révélations de la presse sur les scandales touchant le pouvoir, les avait avertis d'une manière à peine ambiguë : "Attention, la vie se révèle parfois plus courte qu'on ne le pense". P if-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abonnement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi une contrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonnements souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût à Craïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques "L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accordant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils enduraient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa disposition par Ceausescu). En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu" Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "Le Monde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglosaxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspond au vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lors de son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radios étrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta vite avec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du "Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971. Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement "Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de la presse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant à l'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaient nombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendait immédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettait sous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulièrement, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suffisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprès de l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distribution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normalement. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fautif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays. Parfois avec deux ou trois ans de retard Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains en mains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs suivants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusion d'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient en place. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plus souvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on ne récupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'importance, tant on était content d'en disposer. Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles mais aussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation de livres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfois expurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors dominant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journaux anglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumains étaient rétifs, n'y étant pas habitués. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité 700 000 exemplaires prévus en 2010, assemblés dans plusieurs usines de montage à travers le monde L tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques, es premiers modèles de la Logan seront disponibles direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commerciaen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espérant lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F) en vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année, avec les options. puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en Dans certains pays d'Europe 2003). A terme, 200 000 exemCentrale, où les règlements complaires seront fabriqués à Pitesti munautaires s'appliquent, la Logan ainsi que 150 000 kits destinés aux basique sera équipée d'un airbag usines de montage de Russie (60 (800 €, 5000 F) et, dès 2006, d'un 000 unités), du Maroc (30 000), ABS, devenu obligatoire. En d'Iran (300 000, avec une producTurquie, elle coûtera au moins 8000 tion interne), de Colombie (16 €, en Russie, 7000 € (46 000 F), en 000)."A l'horizon 2010, les ventes Iran, 6000 € (39 000 F), car il faut se situeront à 700 000 exemplaires, compter aussi avec la fiscalité de soit l'équivalent de la Mégane et un ces pays. petit cinquième des ventes du grouEn Roumanie et en Europe pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdg Centrale, où Renault est déjà préde Renault qui précise que le nom Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers. sent avec une part de marché de 10de cette dernière née a été choisi 11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Logan parce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cirroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stanculation internationale. Mais le projet du constructeur inclut dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests de également la Chine qui se montre intéressée. sécurité, alors que la norme de la firme française tend vers les La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prix cinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nom qu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque la est connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera le Solenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, sera nom de la marque Renault. retirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima- En 1966, Ceausescu prend la décision de faire appel à l'industrie capitaliste de 133 km/h et sa consommation de 6,8 l aux 100 km. Peu de Roumains ont pu faire son acquisition, mais cette voiture équipait la police et la Securitate. Son premier exemplaire fût remis au La Dacia 500 - Lastun (martinet), "Conducator". un modèle peu connu, entre Trabant et Smart. Dacia 1300: sa fabrication a 'histoire de Dacia remonte à commencé un an plus tard, en août 1969, 38 ans. Un an après son avec des pièces importées de France, arrivée au pouvoir, en 1966, mais elle fût considérée comme la preCeausescu avait pris la décision surpre- mière voiture vraiment roumaine et la nante de faire appel à l'industrie automo- base de la gamme Dacia. Un peu plus bile capitaliste pour fabriquer annuelle- tard, est née la Dacia 1301, destinée aux ment 40 000 exemplaires d'une voiture de services de l'Etat, puis la Dacia 2000, moyenne cylindrée (1000-1300 cm3). copie de la Renault 20, réservée à la Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austin nomenklatura. étaient sur les rangs, mais c'est Renault Trois nouvelles variantes virent le l'emporta avec la R8. jour, à partir de 1979. La Dacia Sport, en Dacia 1100: le premier modèle pro- fait la Dacia 1300 restylisée, atteignant duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût la 150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant au Dacia 1100, dont la production fût lancée méthanol et la Dacia 500 - Lastun, qui le 3 août 1968. Sa vitesse maximum était n'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti, L construite par Tehnometal de Timisoara. Ce dernier modèle correspondait au vœu de Ceausescu qui voulait une voiture à usage urbain pour 2 + 2 personnes, à la vitesse limitée à 70 km/h (mais en fait elle atteindra 100 km/h), consommant 23 litres au 100 km et à la carrosserie en matière synthétique… en fait l'ancêtre de la Smart ou la sœur de la Trabant. Mais cette voiture n'eut pas de succès et sa fabrication fût arrêtée en 1989. Dacia Nova: lancée en 1995, cette voiture est la première Dacia 100 % roumaine. Elle atteint 160 km/h et consomme 6,7 litres au 100 km. Dacia SuperNova: lancée en 2000, elle concrétise le retour de Renault qui l'équipe du moteur et de la boîte de vitesse de la Clio. Dacia Solenza: le dernier modèle avant la Logan, lancé en 2003 dans 7 versions différentes, avec un design qui la démarque de la R 9. 13 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z BAIA MARE ORADEA z z z ARAD z z z TARGU MURES CLUJ DEVA z SUCEAVA ZALAU z z z SIBIU TIMISOARA GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z IASI BACAU z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les raisons d’un “miracle” 12 22 Le PDG de Renault. Louis Schweitzer avait décidé lui-même la réalisation d’ un modèle de voiture économique pour pays émergents en 1998, un an avant de prendre le contrôle de Dacia. Dans un premier temps, Renault a investi 100 M€ puis a rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F) pour développer le projet Logan. En annonçant l'objectif de 5000 €, qui ne concernera que 10 % des véhicules, Louis Schweitzer a voulu mettre sous pression l'ingénierie de Renault "afin qu'elle recentre ses rêves", refusant toujours de rallonger le budget. D'où un design parcimonieux, des vitres plates, une planche monobloc pour le tableau de bord, une ligne conçue pour limiter les coûts d'emboutissage. Autre facteur d'économie, le recyclage des pièces existantes. Le train avant de la Logan est celui de la Clio, le train arrière provient de la Modus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l) équipent déjà la Clio et la Mégane, tout comme la boite de vitesse. Et plusieurs pièces du cockpit sont issues de la Clio ou de l'Espace. L'équipement a été réduit au minimum sur la version de base : pas de climatisation, pas de vitres électriques et de verrouillage central, ni de direction assistée. "Juste le nécessaire" dit-on chez Renault. Mais c'est oublier l'indispensable : des coûts de production hors de portée de la France, avec un salaire moyen mensuel de 150 € (1000 F) et la réduction par deux du nombre d'ouvriers de l'usine de Pitesti, passé de 28 000 à moins de 14 000, depuis l'arrivée du constructeur français. R Renault Dacia a présenté son modèle le moins cher du monde "Logan", la voiture à 5000 € enault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet de voiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom de code de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi, un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des années d'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents. "Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait les meilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides de plusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, les équipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers roumains)… et le tour est joué". Le pari de la Logan revêt une importance stratégique décisive pour Renault, 7ème constructeur mondial avec 4,1 % des parts de marché, derrière, dans l'ordre, Général Motors, Toyota et Ford. Véhicule populaire et économique, doté d'un grand coffre pour le rendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gens qui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la "Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que les classes moyennes optaient pour des standards supérieurs. A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité, puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) sera concernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité, la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio, la Hyundai Accent. Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissait de remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grimper les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imaginait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont intéressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avant de rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et qui respecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossible est la voiture de l'exploit ". Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinq usines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, en Iran, en Russie, au Maroc et en Colombie. 175 km/h et 6,5 litres aux 100 km Voici les principales caractéristiques de la Logan : Longueur : 4,26 m Largeur : 1,70 m Hauteur : 1,50 m Cinq vitesses manuelles Moteur : 1,6 litres (1598 cm3) Puissance : 90 chevaux Coffre : 500 litres Vitesse maximum : 175 km/h Consommation annoncée : 6,5 litres au 100 km sur route, 8,7 litres en ville. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Médias S on nom, sa voix sont familiers à tous les Français et Suisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journaliste indépendant, Mirel Bran signe régulièrement des articles dans l'hebdomadaire "Le Point" ou le quotidien "Le Temps" de Genève. Il assure également des chroniques sur France Inter et la Radio Suisse Romande, ainsi que sur des radios anglaises. Mais cet Oltène de 39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest et Londres, où réside sa femme - roumaine comme lui et journaliste à la section roumaine de la BBC - est surtout connu comme correspondant permanent du journal "Le Monde", en Roumanie, ce qui lui occasionne des passages fréquents à Paris. Mirel Bran, chargé également par le quotidien parisien de superviser l'actualité bulgare, moldave et, éventuellement, hongroise, a pris en 1998 la succession de son compatriote Andrei Neacsu, lequel n'a été que quelques mois en fonction. "Le Monde" qui vient de créer un poste de journaliste à temps plein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS - confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement en Roumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989. Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes, l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudet a été son premier correspondant permanent, Christophe Châtelot lui succédant. Dur de parler sans fard de son pays… Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Les lecteurs français attendent de lui, non seulement une écriture parfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'information qui doit échapper à la tentation de concessions que pourraient lui inspirer ses origines. Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions de ses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsque l'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "Le Monde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profonde francophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sont immanquablement repris et commentés dans l'ensemble de la presse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expliquer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques, dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchent parfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée du pouvoir. Considéré par certains esprits étroits comme "le vilain petit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote", le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal le connaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquête sur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'embargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou- Connaissance et découverte Mirel Bran : la signature du "Monde" en Roumanie main et touchant, par ricochet, le financement de la campagne électorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation… qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pratiques d'un des plus importants ministres du gouvernement d'Adrian Nastase, Serban Mihailescu, dont il dévoilait le surnom révélateur, "Mickey le backchish", provoquait la colère des autorités… mais aucunes poursuites. En octobre dernier, Serban Mihailescu a dû démissionner en compagnie de deux autres ministres, accusés de malversations. Heureusement, dans ces conflits qu'il doit assumer seul sur place et qui sont autant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'un solide atout : la confiance et le soutien sans faille de sa rédaction. Pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, le journaliste a par ailleurs adopté un comportement discret, en harmonie avec son propre tempérament, se refusant de céder aux nombreuses sollicitations dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer à des débats télévisés, des tribunes dans les journaux… "La réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction" Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé par la lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, mais aussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeune homme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beauxarts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois, quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma en militant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà change" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à la mesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait du surplace; je voulais apprendre et voir le monde". En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé une carrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, Mirel Bran passa, un peu par hasard, le concours de recrutement organisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme de Lille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe. Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi le rythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocre de culture générale des étudiants français. Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînèrent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur les médias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspondances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à partir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une porte d'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier, Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redescendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction". 41 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z CLUJ DEVA z z SIBIU TIMISOARA z z z ARAD PUTNA SUCEAVA IASI VASLUI GALATI z BRASOV PITESTI z CHILIA z z BRAILA CRAIOVA z z z Etienne le Grand, voïvode moldave, "Athlète du Christ"contre les Turcs TULCEA z BUCAREST L CONSTANTA z Pieux et amateur de plaisirs terrestres 42 22 La Roumanie célèbre le 500ème anniversaire de la mort d'un monument de son Histoire Roi très pieux, Etienne le Grand n'était pas pour autant insensible aux plaisirs terrestres et aux charmes des femmes, bien sûr très belles. Une certaine Maruschka lui donna un fils, Alexandre. Fut-elle sa femme légitime ? L'histoire ne nous l'apprend pas. Son nom apparaît dans une litanie auprès des noms de ses autres femmes. En 1463, six ans après son avènement au trône de Moldavie, Etienne le Grand prit en noces Evdochia, sœur du prince Siméon de Kiev, vassal du roi de Pologne. Ils eurent deux fils (morts en bas âge) et une fille, Hélène. Quatre ans plus tard, Evdochia mourait. Une princesse byzantine, Maria Comnène de Mangop la remplaça en 1472 mais, une fois de plus, le temps se montra avare et en 1477, la princesse lointaine descendante de l'empire de Byzance, disparaissait sans laisser d'enfants. Elle fut enterrée dans le monastère de Putna, fondé par le voïvode, là où, plus tard, il allait reposer aussi. A la cour princière de Suceava, une beauté sans égal fleurissait : la petite prisonnière Maria Voïchitza , digne héritière de la beauté de son père, éblouit Etienne le Grand. Il avait 45 ans, elle en avait 20. En 1480 ils se marièrent et seule la mort du voïvode vingt-quatre ans plus tard, les sépara. C'était le 2 juillet 1504. Ils eurent deux enfants : une fille et un fils, Bogdan le Borgne qui lui succéda sur le trône. Sa fille, Maria, lui donna un petit-fils, Petru Rares qui fut le plus important voïvode moldave du XVIème siècle (1527-38, 1541-46). e deux juillet, la Roumanie célèbre avec faste le cinq centième anniversaire de la mort de Stefan Voda, plus connu sous le nom de Stefan cel Mare (Etienne Le Grand), survenue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode, qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans, de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glorieuses de l'histoire médiévale des Roumains, marquant le point culminant de leur lutte pour l'indépendance. Montrant d'évidentes qualités diplomatiques, Etienne le Grand a toujours évité de combattre deux puissances importantes à la fois, alternant les relations de paix et conflictuelles devant les appétits grandissants de ses redoutables voisins, Polonais, Hongrois, Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves. Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équilibre entre les différentes composantes sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires terriens), renforçant ainsi son pouvoir. Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 se caractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance de la Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, est celle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504, marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide de l'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leur payer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leur volonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les visées polonaises sur sa province. Une église ou un monastère construits après chaque bataille "O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princes qu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du monde qui aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de la bataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'être nommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accord de tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôt enclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait Jan Dlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae). Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? Un Roi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini, 1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple" prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu de Murano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre le Grand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âme roumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ? Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité OMV seul en piste pour racheter Petrom L es autorités roumaines ont décidé de ne retenir que la seule candidature de la compagnie autrichienne OMV pour la privatisation de la Société Nationale de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliard d'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiert un tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biais d'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement 51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeux du gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendre intégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuelle, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait une politique de développement avec promesse de gros investissements à venir. Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), qui envisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais maintient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négociations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § Gas Holding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stations services de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix de l'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre de super valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euro en Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne de carburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétrole à la production est inférieur de 130 € à la différence enregistrée dans les pays de l'UE. 6 millions de tonnes de pétrole extraites chaque année en Roumanie Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre, Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequel OMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro- blèmes de libre concurrence), Petrom est pratiquement la seule a extraire du pétrole en Roumanie, avec six millions de tonnes par année. Elle possède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient des concessions de prospection et exploitation dans plusieurs pays et dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services. La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoir externalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sa restructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffre d'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et son profit net de 38 M€ (260 MF). L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'investissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution de carburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Il possède des raffineries et des contrats de prospection dans seize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochimique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé un chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en 2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards de F)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/ bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom. Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient une soixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler sa production de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000 barils/jour. A savoir Président roumain Pour la première fois, la Chambre de Commerce et d'Industrie française en Roumanie a porté à sa tête un Roumain. Le nouveau président, Dan Bedros, 60 ans, élu pour deux ans et prenant la succession du Français Christian Estève (Renault-Dacia), est Pdg d'AlcatelRoumanie qui emploie 750 personnes, dont 89 % ont une formation supérieure et 400 sont ingénieurs informaticiens. Il est issu de l'Ecole Polytechnique de Timisoara. Dan Bedros a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2002. Contingents L'UE a fixé les nouveaux contingents annuels de produits alimentaires que la Roumanie peut exporter sans qu'ils soient taxés par des droits de douane. Il s'agit de la viande de volailles (9000 tonnes), de porc (15 625 t), de bœuf (4000 t), des préparations de viande de porc (2125 t), de volaille (1200 t), de bœuf (500 t), de fromages (2800 t), de lait en poudre (1500 t), de yaourts (1000 t), de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t), d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), de concombres (3000 t), de farine (18 000 t), de vin (345 000 hl). redéploie, abandonnant ses lignes transcontinentales, pour se consacrer à des vols à l'intérieur de l'Europe. Les quatre avions seront payés grâce à un emprunt de Tarom, garanti par l'Etat, et par une subvention du ministère des Transports. Malev, la compagnie hongroise, a acheté récemment dix Airbus similaires. Quatre Airbus pour Tarom Les réserves de la Banque Nationale de Roumanie s'élevaient à 7 milliards d'euros (45 milliards de F) fin mars 2004, en diminution d'un milliard à la suite de la baisse du prix de l'or, dont la BNR possède 105 tonnes. D'ici la fin de l'année, la dette publique externe du pays devrait baisser de la même somme. Tarom a signé un contrat pour l'achat de quatre Airbus A 318 qui seront livrés en 2006-2007, après la restructuration et le redressement attendu de la compagnie nationale roumaine, laquelle a enregistré des pertes importantes, l'an passé, et se Réserves de sept milliards d'euros 11 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z ORADEA z BAIA MARE z ARAD z z z SUCEAVA CLUJ z TARGU MURES z DEVA BACAU z z PITESTI CRAIOVA z z GALATI z SIBIU z TIMISOARA BRASOV HUNEDOARA IASI z BRAILA z BUCAREST z CERNAVODA z z CONSTANTA Le service militaire obligatoire éliminé d'ici 2007 22 10 D'ici 2007, date prévue de l'intégration de la Roumanie dans l'Union Européenne, le service militaire obligatoire devrait être supprimé. Le pays se dirigerait alors vers une armée de métier, basée sur le volontariat. Plusieurs évolutions avaient tout d'abord été proposées avant d'être rejetées avec véhémence : laisser au jeune appelé le choix entre l'accomplissement de son service militaire ou celui d'un travail d'intérêt public…ou encore la possibilité, pour les plus fortunés, de verser 37,5 millions de lei (environ 1000 €) soit 15 fois le montant d'un salaire roumain moyen. Pour ceux qui désirent quand même effectuer un service militaire, celui-ci devrait être réduit de 12 à 9 mois. L'obligation serait néanmoins rétablie en cas de situation exceptionnelle comme une guerre. Parallèlement, la démilitarisation de la police des frontières, de la gendarmerie, des pompiers et de la protection civile devrait se poursuivre Des inspecteurs du fisc qui rapportent L'administration fiscale a révélé qu'en 2003, la moyenne des sanctions financières prises à l'égard de chaque fraudeur était de l'ordre de 2000 € (13 000 F), chacun de ses inspecteurs ayant rapporté à l'Etat 240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limier du fisc se trouve dans le judet de Hunedoara, où un inspecteur a dressé des contraventions pour un montant de 2 M€ (13 MF), suivi par un collègue de Constantsa (1,2 M€, 8 MF). "Cotisations" entre 10 000 et 150 000 € pour devenir maire ou député en Moldavie U ne réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti SocialDémocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" que doivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cette rencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancien ministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreilles indiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glisser et d'apprendre le montant des sommes demandées. Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'étiquette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30 000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investiture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande et plus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un "municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenu secret. Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivant leur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire de leur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou sénateur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter 150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de "Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation. Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiant par la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fondements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent mensuellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants), et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les met dans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Il leur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sansdoute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peut imaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection… R L'Etoile de Roumanie, une décoration enviée efondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile de Roumanie" ("Steaua României"), la plus prestigieuse distinction roumaine, qui peut être remise à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, a été décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en est le grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre croissant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier, Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis à aucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais ne fixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu. Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI, Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autres ordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent les croix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité : Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre Nicolae Titulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangères roumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldave entré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes et des romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contre les envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre moldave afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes, Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, tous transformaient les Pays Roumains, la Moldavie et la Valachie, en carrefour de batailles. C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le quatorze avril 1457, sous les acclamations de la foule des paysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431) devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Son règne de 47 ans assura au pays une renommée jamais atteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - le peuple tout entier- et son credo - défendre la liberté et l'indépendance. Cela le conduisit à engager 36 batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacune d'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à la gloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés au combat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parler que des plus précieuses perles de cette couronne d'architecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne". Connaissance et découverte Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait normal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfois confisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitait pas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle des forces de l'ordre et des seigneurs, constituant une "petite armée" de 10- 15000 membres. Contre les Hongrois et les Polonais Si Etienne Le Grand consacra la majorité de son règne a repousser les Turcs, refusant de leur faire allégeance et de leur payer un tribut, il eut aussi à lutter contre ses voisins immédiats qui voulaient lui imposer leur suzeraineté. Tentant d'envahir la Moldavie, le roi Mathias Corvin en fit les frais en 1467 à la Bataille de Baia, trois flèches lui transUne armée de petits Après chaque bataille gagnée, Etienne perçant le corps. Vaincu bourgeois et de paysans le Grand faisait construire une église ou un mais survivant à ses blesmonastère, au total, près d’une quarantaine. Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'il sures, le Hongrois apprit à respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contre n'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celuiles Ottomans. ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteint Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois de pas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux qui Cosmin), ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à la défendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne le tête de 80 000 hommes, de subir une déroute, les neuf Grand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendance dixièmes de ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Albert de sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête. tomba malade et mourut. Le voïvode créa une organisation administrative, accorda En 1473, Etienne le Grand profita de ce des privilèges aux que le sultan Mahomed II était engagé en villes, aux négociants, Mésopotamie contre Uzun Hassan, pour défendit les axes comchasser Radu le Beau de Valachie, inféodé merciaux internatioaux Turcs et le remplacer par un prince loyal naux, fonda des églises, veilla à l'élaau Pays roumain. Radu s'enfuit chez ses boration des évanamis, abandonnant ses trésors les plus prégiles, mit en place un cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa fille système juridique Maria Voïchitza, qui épousera quelques rigoureux, assurant à années plus tard son ravisseur. la Moldavie l'une des périodes les plus floA Vaslui, vainqueur rissantes de son histoià 50 000 contre 120 000 Turcs re. Les plaintes des paysans étaient jugées Mais le plus grand fait d'armes d'Etienne Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand le Grand demeure la bataille de Vaslui (10 par le prince-même, aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria là, à Direptate (Champ de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera janvier 1475). Quarante mille soldats molla messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504. de la Justice), comme daves, la fleur des villages et des bourgs, le fit en son temps Saint Louis sous son chêne. hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avec La base politique et militaire de son pouvoir était constipour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerie (Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaires libre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40et spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultan 60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement. Mohamed II. (lire page suivante). 43 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z TARGU MURES ARAD z z z SUCEAVA IASI z DEVA z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z GALATI z BRASOV z z z BRAILA z z TULCEA PLOIESTI CONSTANTA BUCAREST z Traditions Dans le Maramures, les animaux fêtent Pâques... le jour de l'Ascension 44 22 A Desesti, dans le Maramures (Baia Mare), (voir rubrique tourisme du n° 23 des Nouvelles de Roumanie), les rites religieux concernent également le bétail. Ainsi, conformément à une tradition populaire, le jour de l'Ascension, les paysannes organisent les "Pâques des animaux" ("Pastele animalelor"), de la même façon que pour les fidèles. Vaches, porcs, moutons, chèvres restent enfermés dans leur étable ou enclos tandis que les femmes se rendent à l'église, emportant dans leur sac la pitance des animaux, farine, sel, herbe, sans oublier une bouteille d'eau, chaque aliment ayant une signification propre. La messe est identique à celle que suivent les paroissiens à Pâques et à l'issue de la cérémonie, tous se retrouvent dans la cour de l'église, attendant que le pope vienne bénir le contenu de leur sac. A leur retour, les paysannes servent dans les mangeoires les vivres ramenés et vont asperger d'eau bénite les quatre coins des endroits où vivent habituellement leurs animaux, récitant des prières. Pour les ethnologues, cette tradition exprime un lien étrange et fort entre la nature, les hommes et les bêtes. Il faut noter que les Roumains utilisent l’expression “La Pastele cailor”, (“A la Pâque des Chevaux”), équivalent français de “A la Saint Glinglin”... Connaissance et découverte La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'adversaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans des marais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sa débandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine. La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune armée turque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que "la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoire européenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cette occasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accoutumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats. Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, il demanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendant cette intervention. L'année suivante, en 1476, Mohamed II, revint à la charge, à la tête d'une armée "que la terre pouvait tenir à peine". En même temps, les Tatars, devenus vassaux du sultan attaquèrent à l'est. Etienne le Grand envoya son armée de paysans leur faire front et se retira dans la montagne avec sa La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône ont été reconstituées au musée du judet de Suceava. "petite armée", attendant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcs qui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoisonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule cité fortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves. Abandonné par l'Occident Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, le Pape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfait de leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, ne demeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincre l'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté. Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent la paix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec la Sublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée des deux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche), celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'autonomie de la Moldavie. Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur Barbu Delavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ont guidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'appartient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'à la fin des siècles". Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan Cel Mare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtés de Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plus grand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises de Roumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort. Paula Romanescu Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Un système de concessions qui réduit la condition des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier Politique Le député de Tulcea s'est taillé un royaume au cœur du Delta D éputé PSD (Parti Social Démocrate) du judet de Tulcea depuis 2000 et ancien maire de Crisan, au cœur du Delta du Danube, Dan Verbina, la quarantaine, s'est taillé un royaume jusqu'à la Mer Noire et le port de Le député Dan Verbina représente les Lipovènes Sulina, dans cette partie au Parlement de Bucarest. isolée de la Roumanie. Il a profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans, devenant le principal concessionnaire des eaux de la région et y obtenant le monopole du commerce des poisons. Les pêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle, modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libres auparavant. L'élu a également décroché d'autres concessions, délivrées par activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du village, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée, construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisant construire un restaurant, un disco. Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la nature, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rare qu’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Il ne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, il n'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairie de Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étant découragés. L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays, l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remettait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenant député et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russe dont il est issu) au Parlement. Des offres publiques sans transparence, faites à la dernière minute A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande. Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors des adjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont profité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus de Bucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touristiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevant cependant des subventions. Les offres publiques étaient souvent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… personne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner. Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse comme le plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôtelier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno- ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) de Tulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa famille un hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'Union Européenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard. Des concessionnaires qui font la pluie et le beau temps La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe, où un milliardaire achève la construction d'un impressionnant village avec des maisons en bois et toits de chaume - respectant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles de réception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être terminé à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma de Bucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce la venue de l'acteur Robert Redford. Autant dire que les habitants du Delta se sentent dépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent que leurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué la concurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépendent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilogramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euro à un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, conditionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faible quota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les magasins Metro de Brasov ou Bucarest. Le système des concessions a été créé en 2002, après une tentative en 1995. L'administration entend par ce biais discipliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne ne payait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appartient - mettre fin au braconnage et au déclin de la population piscicole, développer et moderniser les activités de tourisme, de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau et de son exportation. Pour la première fois, les pêcheurs en grève Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsi apparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, les pressions économiques, pour asseoir leur domination et faire taire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscience que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouver un siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"), décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les paysans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui les affamaient. L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta se sont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions. Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenu quelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais la colère reste toujours là. 22 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z BAIA MARE SATU MARE SUCEAVA z z ARAD DEVA z TIAGU MURES z z CLUJ z z SIBIU TIMISOARA z z IASI U z n des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards - gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féodal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura communiste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous les judets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur le département entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas euxmêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique et politique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux, agressés, menacés, en ayant fait les frais. GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA BACAU z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z ZIMNICEA Un empire de 23 sociétés Ioan Niculae. Main basse sur la presse 22 8 Tourisme Il est revenu le temps des boyards z z ORADEA A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième fortune du pays, règne sur sa ville natale Les NOUVeLLes de ROUMANIe Mécontent des articles que le quotidien "Curentul" consacrait à la privatisation frauduleuse d'Inter/Agro, Ioan Niculae l'a tout bonnement racheté, en faisant un instrument de sa campagne contre son concurrent en affaires, l'autre milliardaire Culita Tarâta. Proche du pouvoir, Ioan Niculae est souvent vu en compagnie d'anciens ou d'actuels ministres, dont certains sont impliqués dans des affaires douteuses, ainsi que de l'ancien responsable des privatisations, député de son judet, qu'il invite à des parties de chasse ou à des promenades dans le Delta du Danube à bord de son yacht. Les préfets ne seront plus politisés Désignés ou renvoyés jusqu'ici sur critères politiques, les préfets devraient l'être uniquement sur la base de leurs compétences, en 2006, après la mise en application de la réforme de l'administration publique, demandée par l'UE. Ils seront recrutés sur la base de concours et deviendront de hauts fonctionnaires représentant sur place le Premier ministre et les différentes administrations ministérielles, suivant l'exemple français. "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes la main-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4 milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 % de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'empire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents, allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture. Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offert une "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant propriétaire du club de football d'Astra Ploiesti. Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, de cigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie, trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospérité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis de ses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne bénéficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewé par le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pour cinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine. Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises par l'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe douanière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteuses du groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune de Zimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001. Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neuf conseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié sa fille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparaissant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une de ses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute la population. La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte, mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec 100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", que les habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudis construits à même la terre. Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement une croix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la population a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au temps des boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec sa famille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie. Connaissance et découverte La Roumanie authenthique A Purcareni, de vastes étendues sauvages, riches en faune, flore et sources d'eaux minérales S i vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrivelongtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneurs rez à Purcareni (Pürkercz), commune de venus de Bucarest. Târlungeni, sur les premiers contreforts des - La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13 Carpates, par de jolies routes ème siècle entourée d'épaisses fortificaombragées. Le chemin s'arrête là, dans tions, à l'intérieur desquelles, sur 4 un village paisible où Hongrois comme étages sont aménagées des chambres où Roumains ont souvent deux métiers, se réfugiaient les paysans lors des invaemployés à Brasov et paysans le reste du sions ottomanes. Prendre la route de temps. Ici, les responsables sont les plus Budila et Teliu, puis tourner à gauche, polyglottes du réseau OVR… L'atout Prejmer est à 8 km. principal de Purcareni est de se trouver à - Une autre citadelle paysanne, 20 minutes de Brasov. De plus, dans le Harman; depuis Prejmer rejoindre la village même, l'association OVR locale E574 (N11), la citadelle se trouve de organise de nombreuses activités et l'autre côté de la nationale à 2 km. balades avec guide, très bien structurées. - Un peu plus loin sur la N73, à Dans la montagne avoisinante, ranRasnov, importante citadelle paysanne. données d'une journée comprenant soit - A Bran le fameux château de une heure ou trois heures de marche, Dracula. pique-nique, retour le soir entre 17 et 19 - La grotte glaciaire de Dâmbovih. Vous découvrirez de vastes étendues cioara dans le défilé Rucar-Bran. La forteresse paysanne de Prejmer. sauvages, riches en faune, flore et - Sur l'E60 à Sinaia, le château sources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval sellé Peles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale. ou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour les amateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto. Evènements Initiation au travail de la ferme: participer au retour des troupeaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récomC'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes traditionpense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu ! nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial. Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folklorique Brasov: une région à la richesse exceptionnelle de jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vous êtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir, La région présente une richesse touristique et un patrimoicar à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oublié ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiert que leur amie Maylis vient de France ! une bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonne Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov qui longtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité tout réunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folkloson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent le riques du pays et est le principal évènement artistique de la plus de maisons médiévales peintes avec leurs originales Roumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia. enseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment un Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jour ensemble unique. A visiter : voici quelques années et a accueilli des vedettes étrangères - les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennes comme Patricia Kass, Tom Jones… demeures polychromes. Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recoutique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de la verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pour Transylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre en la riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur. charge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjour - Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas. en hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjà - Les différents bastions de l'ancienne citadelle. fatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose, - De nombreux musées etc... n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, on vous laissera une paix royale ! - La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov, Martine et Jean Bovon-Dumoulin juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Evasion en Roumanie avec le remarquable Guide Bleu qui vient de paraître Tourisme z z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z z DEVA z BRASOV z PITESTI CRAIOVA z z BACAU z SIBIU z IASI z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Bonnes adresses "The Harbour" à Bucarest 46 22 Le nom n'a rien de roumain, mais ce restaurant décoré comme l'intérieur d'un bateau est un des rares à proposer une cuisine locale à la fois traditionnelle et inventive. Chaque mets à la carte est une recherche. Il ne faut surtout pas manquer les soupes, délicieuses et très relevées, dont la goulasch et le bors de gâsca dolfana (potage d'oie à la moldave), une merveille. Vous pouvez tout tenter : des saucisses au fromage enroulées dans des tranches de bacon, à la tocanita marineasca, ragoût d'agneau et de bœuf, cuit dans un mélange de champignons et de divers légumes, servi dans une soupière en croûte de pain, en passant, pour les végétariens, par la tocanita de ciuperci (champignons, oignons, poivrons, tomates). Les amateurs de cuisine occidentale, qui ne supportent pas la viande attendrie à coup de battoir, se régaleront d'un filet de bœuf épais et tendre, servi vraiment saignant (in sânge). Situé à deux pas de l'ambassade de France, en face du théâtre Ion Creanga et du marché le plus réputé de la capitale, ce restaurant a ouvert en mars de cette année et a récupéré un chef qui a opéré pendant huit ans derrière les fourneaux de l'hôtel Intercontinental. Pour l'addition, compter entre 300 000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64 F) par personne pour un repas complet, vin à la carafe inclus. "The Harbour", 10-22 piata Amzei, tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686. Ouvert tous les jours, de 11 h 30 à minuit, terrasse ombragée. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les judets et leurs barons P aru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de La Roumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publié aux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements, d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de photos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre "ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusement humain" où on a toujours quelque chose à découvrir. Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documenté de la Roumanie : la culture roumaine et les minorités, l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois, les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsuica. "Même si le quotidien peut être parfois rude, les Roumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner de l'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et de légèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique Bernard Houliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans retenue dans ce pays passionnant et encore méconnu". Et les touristes français semblent de plus en plus convaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et 2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), les Allemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique en Roumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), les Britanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cette diversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand. 22 7 Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 € L Une sortie controversée en Roumanie a parution d'Eternelle et fascinante Roumanie a provoqué une controverse dans le pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité") se posant des questions sur le financement du guide, prévu comme une opération de valorisation de l'image de la Roumanie dans le contrat, très avantageux passé par l'éditeur français Hachette et le ministre roumain du tourisme de l'époque, Dan Matei Agathon. Au terme de celui-ci, l'Etat roumain engageait 870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé- E ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour les opérations de promotion (conférence de presse à Bruxelles et à Paris pour le lancement, voyage de presse en Roumanie pour journalistes et libraires, publicité dans les médias, affichage dans les rues de Paris et de 25 autres grandes villes de France), et 427 000 € (2,8 MF) pour l'impression et l'édition du guide. Or, selon "Adevarul", ce dernier poste n'aurait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Où est passée la différence (210 000 €, 1,4 MF) ?" demande le quotidien. Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti n travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer un classement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête à entrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pour qu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte le nom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements, le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est. Le journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent. Elections Du bon usage d'un ambassadeur Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visite privée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- mai en tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa campagne des municipales. Le représentant des USA était venu avec ses parents pour admirer une église dont son pays finance la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest a avancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement la visite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pour lui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alors que les "officiels" arrivaient. Bible pour les candidats PSD Quelques jours avant le lancement de la campagne des municipales, les candidats PSD de tout le pays se sont retrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand meeting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti, issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué un dossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession de foi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de la constitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublier leur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et une bible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, Le Premier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile du monastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'instauration du communisme. Dix kilos de pommes de terre pour acheter un vote La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis en examen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de Corneliu Vadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le vote d'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre. Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans de prison. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique Un pouvoir sans partage à l'échelle du judet ou localement Les NOUVeLLes de ROUMANIe Tourisme SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA z z z SIBIU TÂRGOVISTE CRAIOVA z IASI TARGU MURES z TIMISOARA z BAIA MARE z z CHISINAU z PIATRA NEAMT z BACAU z BRASOV BRAILA z z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Voisins Une chanteuse moldave de dix ans "trop roumaine" 22 6 Chantant, place d'Opéra, devant des milliers de personnes, Nicoleta Nuca a fait un triomphe lors du festival de Timisoara, fin mars, consacré à la Bessarabie (actuelle République de Moldavie), à l'occasion du 86ème anniversaire de son rattachement à la Roumanie (de 1918 à 1940). La jeune interprète de dix ans, originaire de Chisinau, capitale moldave, a chanté des poèmes d'Eminescu et remporte un grand succès dans son pays auprès de ses compatriotes, lesquels supportent mal leur séparation avec la "mère-patrie", imposée par l'Union Soviétique. Les autorités de Chisinau supportent mal la popularité de Nicoleta Nuca Cette popularité dérange les autorités moldaves, communistes et prorusses, de la petite république devenue indépendante en 1991 et dont les deux-tiers de la population sont d'origine roumaine. Ainsi Nicoleta est interdite de télévision et de radio, ses chansons étant jugées "trop roumaines". On lui a également demandé de changer tous les mots faisant référence à la Roumanie en les attribuant à la Moldavie. La fillette a remporté récemment le concours de la chanson européenne de Tallin (Estonie) consacré aux enfants de 25 pays du Vieux Continent. Les "barons" ont installé de véritables féodalités à travers le pays U ne nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur de pages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluent leur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'enrichir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs complicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les "barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'écoeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compte leur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pour ne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux qui leurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief. Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet de Gorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter à l'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais bien d'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea (Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc. Des fiefs entièrement contrôlés Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefs au fil de la "transition", utilisant l'omnipotence du parti dominant, le PSD. Profitant de leurs positions antérieures dans l'ancienne nomenklatura communiste, et des postes qu'ils occupaient dans certains secteurs, ils ont habilement mélangé proximité politique et détournement des réformes économiques pour s'accaparer des pans entiers des richesses nationales pour une poignée de lei, par le biais de privatisations biaisées, sans offres publiques d'achat. Pour “Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”, cela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autour “Baron du PNA” (Parquet anticorruption)... “Souriez SVP“ d'eux: administrations, justice, élus, ministres… (Caricature de Gazdaru: mariage des enfants Mischie et Rudeanu). créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur. Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leur pouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leur chemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du pope aux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou de celui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les commandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou dessous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention. Mariage entre enfants de "barons" Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leur modèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont même entrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président du judet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judet d'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et MarieAntoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistant à un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce. Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant à ce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances. C Connaissance et découverte De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos Eviter de rouler la nuit et prendre son mal en patience onduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'état que les contrôles sont assez fréquents, tout comme les de la chaussée et les trous ne sont pas seuls en contrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radars cause, les conditions de circulation rendent la pralongue distance. tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles et Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenez on est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit, votre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelques un paysan qui traverse tranquillement la route - voir même mots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, même l'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'emsous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille, bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume, lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant un que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il est étranger dans l'embarras. précédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de place Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulier pour vous rabattre. pour la voiture ? Pas plus Il faut en prendre son que pour un autre pays parce parti et se fixer comme ligne qu'on trouve de tout désorde conduite, l'extrême prumais en Roumanie, notamdence : ne jamais dépasser ment dans les stations Shell 90 km/h pour pouvoir s'arrê(mais pas Petrom), où on ter rapidement; ne jamais peut se procurer des chaînes doubler sans visibilité : sur pour la conduite sur neige, les trois voies, alors que et il en est de même pour le vous roulez en toute quiétucarburant (sans plomb, euro de sur la file de gauche qui plus - 98 octanes -, diesel est autorisée dans votre sens, appelé motorina), l'huile, il n'est pas rare de voir surgir l'antigel, le liquide de freins. en face, et à la sortie d'un Toutefois, il est prudent de virage, un véhicule qui a se munir de 3 ou 4 bombes franchi la ligne continue, Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes anti-crevaison, de courroies les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables. de ventilateur ou autres à la empruntant la file interdite. Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylinbonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : cela drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de parevous évitera éventuellement de les faire venir de France. chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse et de manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenkRondes de nuit latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraser de leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestes N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées qui ne sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer et Dacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pas chaque année, on enregistre des accidents. En outre, des polià provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance. ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contreAu moins la journée pour traverser tout le pays venant, surtout s'il est étranger. Attention également dans les villes, au deux voire trois Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend au rangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tourmoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on se ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentaux rend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif de qui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefour s'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoque à mauvais escient. les plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortes Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montrede charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Les ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. En risques d'accidents, et de graves complications par la suite, général, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, mais sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : la aux camions qui transportent de la marchandise, du bois, des conduite de nuit est exclue ! matériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurs De même, vous devez être particulièrement attentif lors du sont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduire coucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous troudeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et le vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenez plus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dans votre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparu les documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sont de notre univers occidental. appréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et 100 € en poche. 47 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Francophonie z z z ARAD z DEVA BACAU SIBIU TIMISOARA IASI z z z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Entre 5 et 13 % des Roumains parlent le français z SATU MARE ORADEA z z PLOIESTI z z TULCEA BUCAREST L'anglais est désormais en tête des langues apprises par les jeunes z CONSTANTA Q uelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la France s'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puissance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, personne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne faisant que s'accroître chez les jeunes Roumains. Bucarest devrait accueillir le XIème sommet francophone en 2006 48 22 Entrée au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie en 1994, la Roumanie devrait accueillir son XIème sommet en 2006, lequel se tiendra pour la première fois dans un pays d'Europe Centrale et de l'Est. Des manifestations culturelles importantes devraient marquer cet évènement. Bucarest avait déjà accueilli la XIIème conférence de la Francophonie en 1998, au cours de laquelle avait été lancée l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie et adopté la réforme structurelle de l'Agence de la Francophonie. La capitale roumaine accueille également en permanence le siège du Bureau Régional de l'Agence Universitaire de la Francophonie pour l'Europe Centrale et Orientale. Par ailleurs, les gouvernements français et roumains ont décidé de développer mutuellement les échanges culturels. Ainsi une exposition rétrospective d'art français, intitulée "Ombres et lumière", couvrant quatre siècles de création, se déroulera au Musée National des BeauxArts de Bucarest, en 2005, alors que la littérature roumaine et les écrivains roumains seront les invités de la France, dans le cadre de la manifestation intitulée "Belles Etrangères". Plus généralement, les deux pays organiseront une série de manifestations culturelles en France, durant la période 2005-2007, sous le titre générique "Paris-Bucarest ". Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains. Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que 15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125 000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de communication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnes ayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombre réduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions de Francophones et 65 millions de Francophones partiels). Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale roumain indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en 10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieur d'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même période et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussi tangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003 (- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %). Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais et remarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'Europe Centrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves apprenaient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ 6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17 filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) qui enregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an. S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français (Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatre Alliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats préparant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se distingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15 à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale Voisins Une ville allemande et sa sœur polonaise rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE G oerlitz, ville coupée en deux le long de la frontièAprès neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvée re germano-polonaise depuis la seconde Guerre divisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs de mondiale, rêve de réunification et compte servir l'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est, d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Union rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais. européenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA, Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulsés Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuis et, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelle plus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent de des pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerre l'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Union mondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froieuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque la de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspective Pologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club des d'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se Quinze. sont pris alors à rêver de réunification. A entendre le maire de Goerlitz, Mais tous ne sont pas aussi optimistes Rolf Karbaum, et son homologue poloque les maires des deux villes. nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz, "Je ne suis pas inquiète de voir l'avenir semble tout rose. "Nous avons Zgorzelec se joindre à nous, mais j'en une vision. Nous voulons redevenir une connais d'autres qui le sont. Vu le taux ville le long de la frontière qui nous a de chômage élevé, les gens ont peur de séparés pendant des décennies", déclavoir les quelques emplois encore libres re M. Karbaum. disparaître. Il y a aussi la peur de la Goerlitz et Zgorzelec ont signé en criminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49 2001 une déclaration pour devenir "une ans, habitante de Goerlitz. Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font ville dans deux nations" d'ici à 2030, Anne Rebiger, 30 ans, coordinatrice désormais sonner leurs carillons à l’unisson. faisant d'eux un modèle unique d'intédu projet d'"une ville dans deux gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement des nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment visconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus comà-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela va munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'endemander beaucoup de travail de restaurer la confiance des fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien les deux côtés". euros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, il Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une population y avait avant des panneaux avertissant des conséquences judiplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industrie ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz. du charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômage "Maintenant, il y a des affichettes informant que les commoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%. merçants parlent polonais", ajoute-t-il. En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, où vivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voisine délabrée : son centre historique mêlant des bâtiments Frères ennemis gothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueuet camarades qui s'évitent sement rénové. MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-être En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussi les meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de la un mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dolNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'eflars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gage forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand on d'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doit n'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M. rencontrer l'avocat du donateur secret. Karbaum. ("Les Echos de Pologne") L Monseigneur Glemp et l'antisémitisme e cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livres antisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nous jouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librairie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetés dans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre un non-lieu dans l'affaire de cette librairie. ("Les Echos de Pologne") 22 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z CLUJ ARAD DEVA z z z BACAU SIBIU BRASOV CHISINAU z z z TULCEA z z IASI GALATI z PITESTI CRAIOVA z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES z TURDA z z BAIA MARE ORADEA BUCAREST Plus de huit entreprises roumaines sur dix ne sont pas prêtes pour l'UE 22 4 Selon une étude portant sur la perspective de l'adhésion à l'UE, réalisée sur huit mois par une centaine de spécialistes universitaires, chercheurs et responsables du patronat roumain, seulement 15 à 20 % des entreprises roumaines sont aptes aujourd'hui à affronter les conditions de concurrence du marché européen. Les problèmes les plus importants identifiés touchent le domaine de la certification des produits en ce qui concerne les normes de sécurité, d'environnement, de qualité et de garantie. Il faudrait investir, au moins, entre 500 M€ et un milliard d'euros pour mettre à niveau les entreprises roumaines avec leurs concurrentes européennes. Un décalage qui a doublé en quarante ans, passant à un rapport de 1 à 60 Par ailleurs, il a été souligné que la demande de produits roumains risque d'être maigre car 80 % d'entre eux répondent à une faible demande, la présence de la Roumanie étant minime dans les secteurs les plus porteurs (communication, aéronautique, santé, environnement). L'étude note enfin, qu'entre 1960 et aujourd'hui, le décalage entre l'économie roumaine et celle des pays les plus développés a doublé, passant d'un rapport de un à trente, à un à soixante. "Faire bon cœur, contre mauvaise fortune" La "Journée de l'Europe"... pour faire oublier l'échec du Premier mai A ppelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, les Roumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désormais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre, sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieu dans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les festivités ont eu le plus d'ampleur. Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix à gagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi de football, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, de dix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plus grands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice, musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par le Français Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France et d'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profité de l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain permanent à la capitale et est visible à 20 km. Artistes roumains envoyés à l'étranger L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandes villes, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections municipales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné la journée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a pas souvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites. Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate), qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe à travers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens et des vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumains installés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", le groupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid, en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, Vasile Seicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premier semestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le Président Iliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana. Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basés des soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania et Etno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tous ces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançant l'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour des sommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir Compte à rebours pour 2007 Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'à cause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes les affiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'une mention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs que l'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à en rapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale, indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élections générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800… Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte 6,6 millions de Francophones en Europe Centrale et de l'Est Francophonie A vec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinq pays membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et de l'Est constituent une composante importante de la communauté francophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, pays largement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne, contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % de Francophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophones partiels), la Lituanie 1 %. La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% de A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurs cadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros Francophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophiBoutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie. le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis 1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dans près de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999, apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000 enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités. En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires, 25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000 dans le secondaire et autant à l'université. Blagues à la roumaine Humour Moustiques - Quelle différence y-a-t-il entre un député roumain et un moustique ? - Aucune. Tous les deux te piquent, font du bruit, te donnent des boutons, et t'as beau les écraser, il y en a toujours un pour te sucer le sang. Justification Dana, étudiante à Timisoara, écrit à ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plusieurs mois, après une année universitaire agitée: "Chers parents, excusez-moi pour vous avoir laissés aussi longtemps sans nouvelles, mais j'au eu beaucoup de pépins au cours de cette année et je vous conseille de vous asseoir pour lire cette lettre. Finalement, mes brûlures sont cicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit, ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance, c'est mon voisin qui m'a sauvée. Très gentiment, il m'a proposé de partager son studio. Nous vivons ensemble depuis. Je suis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a dit que c'était des triplés. Je suis sûre que vous serez contents d'être grands-parents. Nous allons nous marier bientôt. Il n'a pas la même religion que nous, mais je sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'a pas pu aller à l'école car dans son pays, en Afrique, ce n'était pas facile. Mais vous verrez, il est très intelligent. D'ailleurs vous serez ravis de discuter avec lui, parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pouvons pas venir actuellement vous voir, car il est hospitalisé pour soigner sa syphilis. Chers parents, quand je pense que toutes ces choses terribles auraient pu arriver… Heureusement, vous serez très contents d'apprendre qu'il en est rien et comprendrez que le fait que je n'ai pas réussi à mes examens et que je doive redoubler n'a rien de comparable". Politesses A sept heures, le matin, Ceausescu salue le soleil levant : - Bonjour Soleil, et bonne journée. Le soleil lui répond : - Mes respects, Camarade, et bonne journée. A midi, même cérémonie : - Je te salue Soleil, et bon après-midi. - Mes respects, Camarade, et bon après-midi. Le soir, à l'heure du coucher, le Conducator prend congé : - Je te salue, Soleil, et bonne nuit. - Vas te faire foutre, Camarade, je suis passé à l'Ouest. Congrès Les chiens se réunissent au cours d'un congrès international, à l'époque du communisme. Le délégué d'un pays occidental discute avec celui de la Roumanie. - Chez nous, on raconte beaucoup de choses sur les pays de l'Est. La vie n'est pas trop dure ? - On fait aller. J'ai un os à chaque Noël… - Ce n'est pas si terrible qu'on le dit, alors… - Ce qui nous manque, c'est de pouvoir aboyer de temps en temps. Rassurant - Docteur, prenez-moi la main… c'est la première fois que je me fais opérer. -Rassurez-vous, vous n'êtes pas seule, moi aussi c'est la première fois que j'opère. 49 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Infos pratiques A savoir z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z DEVA z z IASI z GALATI BRASOV PITESTI z BACAU z SIBIU CRAIOVA B z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Echange annuel franco-roumain de 300 stagiaires 22 50 Frontière hongroise plus souple pour les cyclistes et les piétons La Roumanie et la France ont décidé de procéder à un échange annuel de 300 stagiaires de 18 à 34 ans, issus de milieux professionnels, en activité, et ayant une qualification reconnue. Ces stages de perfectionnement d'une durée de un an, pouvant être prolongée de six mois, nécessitent la connaissance de la langue du pays d'accueil et la possession d'un diplôme permettant d'occuper le poste proposé. Les stagiaires recevront le salaire pratiqué pour la profession dans le pays hôte… ce qui risque de restreindre les candidatures françaises. Par ailleurs le judet de Covasna (Sfântu Gheorghe), à population majoritairement hongroise, s'est jointe à un accord signé entre le département du Maine et Loire (Angers) et celui de Vezprem (Hongrie), assurant par des professeurs français l'initiation à la langue française des élus locaux et des maires. Plus de visas pour Monaco Depuis le 15 mai, les Roumains n'ont plus besoin de visa pour entrer dans la Principauté de Monaco. Cette mesure est plus utile pour les Monégasques qui en avait besoin en sens inverse que pour les Roumains, aucun contrôle n'étant effectué à l'entrée du célèbre Rocher. Les citoyens des deux pays peuvent séjourner 90 jours, avec des intervalles de six mois. udapest a décidé d'assouplir un peu les conditions d'accès à son territoire des voisins roumains, rendues plus difficiles depuis son entrée dans l'UE. Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas à présenter de billet retour, d'attestation d'assurance maladie, ni de carte verte. Ces dispositions sont prises pour faciliter la vie des frontaliers qui vont travailler quotidiennement en Hongrie, utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion de la Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois vers leur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés) frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €). L Remboursement de la TVA pour des biens achetés en Roumanie es étrangers ou les Roumains vivant en Roumanie peuvent obtenir, sous conditions, le remboursement de la TVA pour les biens qu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ils veulent sortir du pays. Ceux-ci doivent coûter, au minimum, 2,5 millions de lei (65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de plus de trois mois, ni faire l'objet de restrictions à l'exportation. L'acheteur doit présenter à la douane, outre le ou les biens acquis, une facture, le double du formulaire spécial en deux exemplaires qu'il aura fait remplir par le vendeur, celui-ci en conservant une copie. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour seulement 25 € ! Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifeste de Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles de Roumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leur pays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule "Abonnez vos amis roumains". Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie*. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 25 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €). Cette somme représente les seuls coûts de fabrication, d'impression et d'expédition de la revue, soit le tiers de son budget, "Les Nouvelles de Roumanie" ayant décidé de ne pas répercuter les autres postes de dépenses dans cette formule. Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer à une meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renforcer leurs liens. * Formule strictement réservée aux abonnés ou personnes s'abonnant, et à destination exclusive de Roumains demeurant en Roumanie. Indiquer les coordonnées du ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonnements souscrits. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité "Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplissent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons des manele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) et pédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental dominant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)" poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pourquoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais et Hongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dix éléments fondamentaux de réponse : "1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonais ont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidents anti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communiste notoire. 2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisins ont balayé immédiatement les communistes du pouvoir et choisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ont continué à fonctionner avec des communistes de deuxième génération et même avec les thuriféraires de Ceausescu comme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor. 3 - Des services secrets toujours tout puissants : la Securitate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue à œuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrouve sa main dans des évènements comme les manifestations anti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Ses membres se sont partagés le pouvoir économique avec la nouvelle nomenklatura. Réformes repoussées, promesses non tenues 4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pas reçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et Ion Iliescu a été le plus grand frein à cette transformation. 5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a fait appel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, aux manifestations de l'opposition, puis chasser le Premier ministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plus sombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée du monde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratique n'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS. 6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du Roi Michel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classes sociales dressées contre les intellectuels, les étudiants… 7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article ou livre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque. 8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours promis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains ou d'organismes internationaux de prendre les mesures demandées ou attendues, mais repousse sans arrêt les échéances. 9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domaine de la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les décisions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute de Ceausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pas de leurs terres, mais de simples certificats que la Justice ne reconnaît pas. 10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de manière constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants et la nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales, étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limousines luxueuses ". Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régime Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrés du doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beaucoup plus difficilement que leurs voisins". "Le train ne s'est pas arrêté" P incements au cœur, désabusement, fatalisme, résignation… les réactions étaient bien roumaines en ce premier mai qui a vu les voisins intégrer l'UE. En voici quelques unes, entendues dans la rue ou à la télévision : - "J'ai eu le sentiment d'être sur le A quai, d'avoir mon billet en poche, et de voir le train passer sans s'arrêter". - "Nous, les Roumains, nous serons toujours dans une sorte de "no man's land" entre Russie et Europe… et on nous oubliera". - "Qui peut bien vouloir de nous, avec nos quatre millions de Tsiganes ? " (en fait, entre 1,5 millions et deux millions d'après les estimations, et 600 000 selon les autorités). - "Ce premier mai, tout le monde faisait la fête, et nous, les Roumains, nous étions agglutinés derrière les barrières, comme de pauvres gens, salivant en regardant les autres festoyer". La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser tous les fonds européens qui lui sont attribués près six mois d'exercice, seulement un peu plus de 20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit 32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F) attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routes dans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau, avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avait réussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en bénéficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importante des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles. Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'administration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le rythme de travail chute sérieusement pendant l'été… et cette année, la Roumanie se trouve en campagne électorale au printemps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitution des dossiers. Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Flutur s'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas la capacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à cause de l'incompétence de son administration" se demandant, au propre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprès des instances de Bruxelles. 22 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z BACAU z z z SIBIU z PITESTI z z VASLUI BRASOV SINAIA CRAIOVA "450 millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi ?" z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Sabin Pop, nouvel ambassadeur de Roumanie en France 2 Un premier mai amer pour les Roumains laissés à la porte de l'UE Conseiller du Premier ministre, Adrian Nastase, pour les problèmes de politique extérieure, Sabin Pop (notre photo) a été nommé ambassadeur de Roumanie en France, en remplacement d'Oliviu Gherman. Sabin Pop, qui a intégré le corps diplomatique voici plus de trente ans, a déjà été en poste à Paris, de 1990 à 1994, comme principal collaborateur de l'ambassadeur de Roumanie. Il a par ailleurs représenté son pays auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg, de 1995 à 2000. Q uatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi? Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?". Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amertume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveaux membres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le "paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien… Alors que les cloches des églises des expays de l'Est sonnaient à la volée pour célébrer l'évènement, que des feux d'artifice éclataient dans les cieux, enterrant définitivement le Rideau de fer, l'ambiance était morne à Bucarest. Les journaux y pratiquaient l'autodérision en soulignant que, désormais, la Roumanie avait une frontière commune avec l'UE, pour mieux souligner qu'il serait encore plus difficile d'y voyager, leurs compatriotes devant montrer "patte blanche" et présenter au moins 500 € aux douaniers afin d'accéder aux pays voisins, devenus de "respectables" membres de la Communauté et où il se déplaçaient librement voici encore trois ans. Les uns font la fête, les autres la tête Oliviu Gherman, ambassadeur à Paris depuis trois ans, devrait occuper à son retour un poste confortable au sein de son parti, le PSD. Agé de 74 ans, ancien président du Sénat, il devait sa nomination en France aux bonnes relations le liant à Ion Iliescu. Parlant très bien le français, il était cependant brocardé d'une manière générale et constante par la presse roumaine, qui l'appelait "l'ambassadeur somnolent", pour son manque d'initiative. Pour tout arranger, le premier mai tombait un samedi et les Roumains ne purent Roumains et Bulgares sont restés seuls bénéficier d'un solide pont, comme les années à la porte de l’Europe, comme le montre précédentes. En 2002, la fête du Travail coïncette caricature de Gazdaru, paru dans “Gardianul”, à la veille de Noël 2003. cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyé une semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale, le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gouvernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin de célébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN. A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement de l'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et de Hongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargé d'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme des compositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire universel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), Jan Levoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumains y figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, la pianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei. "Les dix raisons" d'un échec Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei", "L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour la Roumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliation d'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand bal du monde civilisé". Les NOUVeLLes de ROUMANIe CHANGE* ( en lei ) Euro Franc Franc belge Franc suisse Dollar Forint hongrois *Au 20 juin 2004 Infos pratiques Multi-abonnement Abonnez vos amis* et gagnez ensemble 40 750 6 212 1 010 26 972 33 910 159 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 24, juillet-août 2004 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 Fax: 02 40 49 79 49 E-Mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Bernard Camboulives, Catalina Iacob, Adriana Lungu, Nicolae Dragulanescu, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Paula Romanescu, Ovidiu Gorea. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA Impression : Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1102 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro : début sept. jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement Afin de rendre l'abonnement plus accessible aux particuliers et de faciliter la tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par nos soins la diffusion de notre revue auprès de leurs membres ou collaborateurs, "Les Nouvelles de Roumanie" proposent une formule spéciale: le multi-abonnement Le système en est simple : vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant de 75 € à 56 € (Multi-abonnement Formule 2). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement : 45 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement : 37,5 €). Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à la formule choisie. Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. (* dans la limite, au total, de quatre personnes) ABONNEMENT Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Normal: 100 € TTC / an Associations et particuliers : 75 € TTC / an Nom:……………………………………………………………………………… Adresse :…………………………………………………………………………. Code postal :.......................Ville……………………........................................... Pays :.................................Tel :………………........Fax :……………………..... E-mail :……………………………………. Cachet, signature : *Chèque bancaire ou postal joint , uniquement en Euro, à l'ordre de ADICA. R.I.B : Crédit Lyonnais, agence Saint-Pierre, Nantes 44 000. Code banque: 30 002. Code guichet : 07 437. N° de compte : 00000794 30 H. Clé RIB : 11. Coupon à retourner à : Les Nouvelles de Roumanie-ADICA 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France 51 Numéro 24 - juillet - août 2004 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Au cœur du Delta le français devient une langue d'avenir NOUVeLLes ROUMANIe Les B onjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, les yeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs fois par jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exercer leur français devant les visiteurs francophones. Le regain d'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste de la Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour une grande partie due à l'action de deux professeurs retraités bénévoles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF (Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuis l'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collègues le font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain. SOMMAIRE Actualité “Venez nous soutenir, nous sommes si isolés” 52 de Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concernant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder une vingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas toujours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de choses en regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire. Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide, avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheur dont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant. Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce programme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action. Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue, la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention. Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères de livres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit ses ressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentiel touristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais, dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nombreux que les visiteurs anglophones. Cours du soir pour femmes de pêcheurs Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux professeurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, à l’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfants réceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur les bancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaison rébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans à avoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés. Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, elles ont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombre est passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Se montant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Mais il faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !". C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ils regardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta. Vie internationale Politique Economie Social Entre modernisme et féodalité 2à5 6 à 10 11 à 14 15 à 17 Société Evénements Vie quotidienne Enseignement Santé Religion Environnement Sports Insolite 18 à 23 24 et 25 26 et 27 28 29 30 et 31 32 à 34 35 Connaissance et découverte Littérature, Livres Musique, Sciences Médias Histoire, Traditions Tourisme Francophonie, Humour Infos pratiques Abonnements Coup de coeur Lettre d’information bimestrielle 36 à 38 39 40 et 41 42 à 44 45 à 47 48 et 49 50 51 52 P ar bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunes suivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent sur Internet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, malgré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience. Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade longeant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faire oublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'ensemble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une large partie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élargi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expression politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti Social Démocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, accepter sa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à ses bras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrir une entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot . A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècle après la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman par Liviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les "barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos de leurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'école ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entreprises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelquesuns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local. Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi les milliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur le chômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'engranger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralisme s'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité, qui voit son statut régresser. Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises allemandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation… l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté de notre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" ! Henri Gillet