Dossier de Presse _ Nuit de la chouette

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Dossier de Presse _ Nuit de la chouette
La Nuit de la chouette
Dossier de presse
le samedi 19 mars 2011
22 décembre 2010
Découvrez les chouettes et hiboux de nos régions
Chasser dans l’obscurité, pour un oiseau, ce n’est pas simple. Les rapaces nocturnes sont
particulièrement bien équipés pour cela : de grands yeux perçants pour détecter chaque
rayon de lumière, un vol silencieux et une ouïe fine pour entendre le moindre
mouvement dans la végétation... Même la nuit, les rongeurs ont grand intérêt à rester
discrets !
On distingue traditionnellement deux groupes de rapaces nocturnes : ceux qui arborent
de jolies aigrettes au sommet de la tête, appelés hiboux, et ceux qui ne possèdent pas
ces touffes de plumes, appelées chouettes. Cependant cette classification ne repose que
sur un caractère externe… et ne correspond à rien d’un point de vue classification
scientifique.
Avec leur silhouette très humaine – le corps dressé, la tête bien posée sur les épaules,
les yeux pointant vers l’avant – les rapaces nocturnes ont depuis l’antiquité fait partie de
nos mythes, de nos légendes, de nos histoires. Parfois adorées, comme la Chevêche,
compagne de la déesse grecque Athéna, ou Hedwige, le Harfang de Harry Potter, les
chouettes ont aussi longtemps été associées à la peur, à la mort. Heureusement,
l’époque où on clouait des Effraies aux portes des granges, pour se préserver des orages
et des mauvais esprits, est aujourd’hui révolue.
Le saviez-vous ?
La Belgique est riche de sept espèces de rapaces nocturnes réguliers : la Chouette
hulotte, la Chevêche d’Athéna, le Hibou moyen-duc et la Chouette effraie sont les plus
nombreux. Comme son nom l'indique, le Hibou grand-duc est, de loin, le plus grand.
Toutes les espèces sont protégées par la loi en Belgique. Il est donc interdit de les
blesser, de les tuer ou de détruire leurs nids et leurs œufs. Cela n’empêche pas des
menaces de peser sur certaines espèces.
La majorité des espèces cherchent leur nourriture dans des espaces ouverts et sont donc
extrêmement vulnérables à la circulation routière lorsqu'ils volent d'un accotement à
l'autre. La disparition des vergers hautes tiges a une influence considérable sur la
Chevêche d’Athéna (disparition des sites de nidification). L'utilisation à outrance de
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pesticides provoque également des ravages dans la chaîne alimentaire au sommet de
laquelle se trouvent ces oiseaux, prédateurs par excellence. Enfin, la Chouette de
Tengmalm, en limite d’aire, qui s’est fortement raréfiée ces quelques dernières années,
pourrait bientôt disparaître de notre pays sous le coup du réchauffement global du
climat.
Si nous voulons préserver les chouettes et hiboux, commençons par protéger leur
habitat.
Chaîne et pyramide alimentaire
Un hibou ou une chouette avale sa proie en une bouchée, peau et poils compris. Mais que
font-ils des pattes, du squelette, des poils et des plumes qu'ils ne peuvent digérer? C'est
simple : ils les régurgitent sous forme de petites boulettes appelées pelotes de réjection.
La composition de leurs régurgitations donne une idée des habitudes alimentaires du
rapace nocturne mais aussi de la répartition de mammifères. Il arrive qu’on ne découvre
la présence de mammifères rares dans une région que grâce aux rapaces nocturnes.
L'étude des pelotes de réjection montre également que les chouettes et hiboux
se nourrissent énormément de rongeurs.
Les bons gestes
Chacun peut initier à des gestes simples pour les sauvegarder et soutenir ainsi les
actions mises en œuvre au quotidien, sur le terrain.
•
Les rapaces nocturnes et leurs sites de nidification étant protégés par la loi depuis
1972, il est dès lors interdit de les capturer, de les vendre, de les déranger, etc. En cas
de non-respect de la loi, toute personne qui constate un délit peut s’adresser à la police
de l’environnement (081/336 007 en Région wallonne) pour dénoncer le fait.
•
Pour contrer les menaces sur l’habitat de certains rapaces nocturnes, des actions
utiles peuvent être mises en place. Dans la mesure du possible il faut favoriser la
plantation de haies et d’arbres fruitiers, la présence de saules têtards et la préservation
de vieux arbres creux (en milieu ouvert pour la Chevêche d’Athéna et en forêt pour la
Hulotte et la Chouette de Tengmalm).
•
Le plus souvent, ces animaux font les frais des excès de vitesse la nuit. Une
conduite plus lente la nuit réduit fortement les risques de collision avec les chouettes et
aussi d’autres animaux comme les hérissons.
•
La pose de nichoirs (Hulotte, Chevêche, Tengmalm) ou l’aménagement des
combles et des clochers (Effraie) permettent de limiter localement l’érosion des
populations. Mais des actions et des remises en question de fond, une meilleure
adéquation entre les activités humaines et les exigences de la nature seront
indispensables pour assurer la survie à long terme des rapaces nocturnes.
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Leurs caractéristiques
1. Chevêche d'Athéna (Athene noctua)
La Chevêche d’Athéna est une petite boule de plumes d’à peine 20 cm pour 200 gr, elle
fréquente les vergers hautes tiges, les bocages, les périphéries des villages, etc. et niche
dans les cavités des vieux arbres ou des murs.
Pour se reproduire, elle a besoin de cavités où elle pondra de 4 à 5 œufs blancs. Son
régime alimentaire se compose de nombreux insectes, de petits rongeurs, de reptiles, de
petits oiseaux, de vers de terre et de chauves-souris qu’elle chasse à l’ouïe.
Emblème de la sagesse pour les Grecs,
la Chevêche d’Athéna a des difficultés à
s’adapter actuellement aux trop
rapides bouleversements de notre
environnement et la principale cause
de sa régression est la perte de son
habitat.
Chevêche d’Athéna - Photo : Jean-Marie Winants
D’autres facteurs de notre vie moderne viennent limiter fortement ses effectifs : trafic
routier, pesticides (empoisonnement des proies), noyades dans les abreuvoirs, chutes
dans les cheminées, etc. ce qui cause des pertes très importantes dans certaines régions.
Les conditions climatiques, lorsqu’elles sont mauvaises (printemps pluvieux) perturbent
leur recherche de proies, ce qui entraîne des difficultés à élever correctement leur
progéniture.
http://www.especes.be/fr/4486
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2. Hibou moyen-duc (Asio otus)
Dès que la nuit tombe, le hibou moyenduc prend son envol vers les champs
pour y chasser essentiellement des
petits rongeurs (mulots, campagnols),
des musaraignes mais aussi des
passereaux et parfois même des
chauves-souris.
Hibou moyen-duc - Photo : René Dumoulin
En Wallonie, il est présent toute l’année et l’hiver venu, il est rejoint par ses congénères
du Nord, à la recherche de cieux plus cléments.
Ce hibou discret est relativement commun dans les paysages de bocages, les boisements
épars. Il emprunte les anciens nids de corvidés, souvent dans les bosquets de conifères.
Il est également possible de l’observer dans les grands parcs urbains. L’hiver, le moyenduc forme des dortoirs de parfois plusieurs dizaines d’individus, qui se regroupent à la fin
de la nuit.
http://www.especes.be/fr/4485
3. Chouette effraie (Tyto alba)
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L’Effraie est certainement la chouette
la plus proche de l’homme, ses
différents noms en témoignent.
Également dénommée Effraie des
clochers, elle s’appelle Chouette des
églises (Kerkuil) en néerlandais et
Chouette des granges (Barn Owl) en
anglais.
Visiteuse habituée des églises et des
cimetières, l’Effraie est la chouette qui
a le plus suscité les craintes et les
croyances mystiques ou diaboliques.
Ses cris stridents y sont aussi pour
quelque chose…
Effraie - Photo : Jean-Marie Poncelet
L’Effraie se reconnaît grâce à ses teintes claires. Son visage, tout blanc, a la forme d’un
cœur où se distinguent le bec et de grands yeux noirs.
Elle niche dans les granges, clochers et ruines. Elle élève deux nichées par an mais est
très sensible aux hivers rigoureux. Des milliers d’effraies sont tuées chaque année sur les
routes.
La « Dame blanche » capture les musaraignes, les mulots et les campagnols, parfois des
belettes, des rats ou des chauves-souris.
http://www.especes.be/fr/3959
4. Chouette hulotte (Strix aluco)
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Cette grosse chouette, grise ou rousse
selon les individus mais aux yeux
toujours foncés, est le rapace nocturne
le plus commun de Belgique.
Elle abonde dans tous les milieux
boisés, des grandes forêts aux
boisements plus modestes proches des
villes. Son hululement, qui hante
toutes les ambiances nocturnes au
cinéma, peut être facilement entendu
tout au long de l’année.
Chouette hulotte - Photo : Karlos Lomsky
Son chant est tellement caractéristique que de nombreux cinéastes en usent pour ajouter
une touche de suspens, de mystère, voire même de peur dans les scènes nocturnes.
Alors que la plupart des oiseaux attendent le retour du printemps pour s’activer, c’est au
cœur de l’hiver que la Hulotte est la plus active. Le mâle chante pour séduire sa femelle
et défendre son territoire. Bientôt, ils couveront leurs œufs et alors que certains
migrateurs seront encore dans leurs quartiers d’hiver, les jeunes Hulottes vont naître.
La Hulotte est la plus forestière de nos chouettes. Elle aime séjourner dans des cavités,
comme un trou dans un vieil arbre, parfois récupéré d’un Pic, dans des rochers ou dans
des murs.
Elle mange des rongeurs, des musaraignes, oiseaux, chauves-souris, poissons,
mollusques, grenouilles, gros insectes…
http://www.especes.be/fr/3974
5. Grand-duc d'Europe (Bubo bubo)
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Soixante à septante centimètres de
haut, plus d’un mètre et demi
d’envergure, coiffé d’une majestueuse
couronne formée par ses aigrettes, le
Hibou Grand-duc est
incontestablement le roi de la nuit.
Alors que les autres rapaces nocturnes
se contentent de proies de petite
taille, le Grand-duc s’attaque surtout à
des cibles d’un tout autre calibre :
rats, campagnols, renards, écureuils,
hérissons, lapins, lièvres, jeunes
renards. Rien ne lui résiste. Mêmes
Grand-duc - Photo : Michel Mangon
d’autres rapaces comme la Chouette
hulotte ou la Buse peuvent se
retrouver parmi ses proies.
Le Grand-duc niche dans les falaises rocheuses, naturelles ou artificielles. On le rencontre
le plus souvent dans des carrières. Mais le Grand-duc a un ennemi : l’Homme. Les
poisons utilisés pour «réguler» les populations de petits rongeurs s’accumulent dans les
maillons de la chaîne alimentaire. Pour le Grand-duc, le grand prédateur au sommet de la
chaîne, ces produits se concentrent en telles quantités qu’ils deviennent toxiques,
mortels même. Et si la destruction par le fusil a heureusement disparu, elle a été
remplacée par celle liée aux aménagements de l’Homme : collision avec des véhicules,
avec des lignes électriques ou des clôtures, électrocution…
Il a fallu des programmes de réintroduction, à partir des années 1970, pour revoir ce
magnifique oiseau chez nous. Aujourd’hui, une trentaine de couples de Grands-ducs
nichent en Wallonie.
http://www.especes.be/fr/4500
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6. Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus)
Inféodée aux grands massifs
d’épicéas de Haute-Ardenne, la
Chouette (ou Nyctale) de Tengmalm
est une espèce extrêmement
discrète que seul le chant aux notes
ocarina permet parfois de repérer.
Pour ce qui est de l’observation
diurne de l’espèce, il vaut mieux ne
pas trop y compter si l’on ne
connaît pas l’endroit précis de son
nid.
Chouette de Tengmalm - Photo : Sébastien Leunen
La Chouette de Tengmalm adapte sa reproduction à l’offre en proies. Si les populations
de mulots et de campagnols sont importantes, le mâle chantera dès février, déposera des
proies au sein de la cavité de nidification. Si les proies sont moins abondantes, la
nidification sera plus tardive, moins d’œufs seront pondus et le taux de prédation des
pontes par la martre et l’écureuil sera plus élevé. Une ponte peut comporter jusqu’à 7
œufs qui seront couvés durant 28 jours. Les jeunes s’envoleront à l’âge de 32 jours.
La Chouette de Tengmalm s’aventure peu hors des massifs de conifères et le radiopistage a montré que l’oiseau exploitait, pour sa recherche de proies, les pessières âgées
ou les coupe-feu en voie de recolonisation. Elle chasse à l’affût en se perchant à faible
hauteur et en changeant régulièrement de postes. Elle se nourrit principalement de petits
rongeurs et accessoirement de petits oiseaux et d’insectes.
L’espèce est suivie de façon systématique en Belgique depuis 1988 par une poignée
d’ornithologues d’Aves-Natagora. Le nombre de cas de nidification annuel en Belgique est
monté jusqu’à 90 couples, alors que certaines années pas le moindre cas n’a été trouvé.
http://www.especes.be/fr/4493
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7. Hibou des marais (Asio flammeus)
Le Hibou des marais est un oiseau rare
en Wallonie. Seuls quelques rares
couples nichent à l’occasion dans les
Hautes Fagnes.
La majorité des Hiboux des marais
nichent beaucoup plus au nord, en
Scandinavie. Mais c’est un oiseau
migrateur, régulièrement de passage
chez nous lors de ses migrations
d’automne et de printemps. En
Belgique, il est beaucoup plus
régulièrement observé au littoral,
notamment au Zwin, qu’à l’intérieur
des terres.
Hibou des marais - Photo : Bernard Hanus
Le Hibou des marais aime chasser les rongeurs comme le campagnol des champs dans
de grandes plaines à la végétation assez rase. Il a également l’habitude de se reposer au
sol, très adroitement camouflé parmi les touffes d’herbe.
Le Hibou des marais se caractérise par ses yeux jaunes et, paradoxalement pour un
Hibou, par ses aigrettes… pratiquement invisibles tellement elles sont petites !
http://www.especes.be/fr/4484
Mieux les connaître pour ensuite mieux les protéger, c’est ce à quoi Natagora et
son pôle ornithologique Aves invitent les amoureux de la nature le samedi 19
mars 2011 pour une sortie nocturne à la découverte de ces oiseaux envoûtants.
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