Chronique marocaine l`affaire achraf diwane ou l`histoire d`une

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Chronique marocaine l`affaire achraf diwane ou l`histoire d`une
CHRONIQUE MAROCAINE L’affair e Achraf DIWANE ou l’histoire d’une vie brisée suite à une vaccination La malheureuse histoire de cet enfant marocain atteint de graves paralysies à la suite du vaccin hépatite B a été fortement médiatisée non seulement au Maroc mais un peu partout en Europe et même jusqu’aux Etats­Unis. Voici les faits. Achraf a reçu à la naissance le BCG et ensuite tous les vaccins de routine y compris le ROR, la coqueluche, l’Haemophilus. L’enfant se porte bien. Il reçoit le vaccin Hépatite B le 5 février 2000, il a 19 mois. Il est hospitalisé le 7 février 2000 pour tétraplégie d’installation brutale avec troubles respiratoires. Diagnostic : syndrome de Guillain Bar r é post­vaccinal. Le terme « Encéphalopathie post­vaccinale », figure sur le certificat médical établi par le médecin expert. Il restera trois mois dans le coma. Aujourd’hui il a 8 ans, il est grabataire, ses membres sont atrophiés, il ne peut se nourrir qu’avec des aliments liquides, il ne bouge pas, il ne parle pas, et il souffre en silence. Sa famille a été plongée dans le malheur. Les parents ont aussitôt saisi la justice et attaqué le fabricant du vaccin Engerix, GlaxoSmithKline. Après de très nombreux articles parus dans les médias au Maroc (pleines pages dans les journaux, plusieurs émissions de télévision), l’affaire a commencé à faire trembler le laboratoire. La famille DIWANE, grâce notamment à l’aide de nombreux amis et des représentants des Droits de l’Homme, a gagné en première instance le 7 novembre 2005 : le laboratoire est condamné à verser 3 millions de dirhams à Achraf au titre de dommages et intérêts. Glaxo a fait appel et le procès eut lieu le 15 mai 2006 (Françoise JOËT, présidente d’ALIS avait fait le voyage pour être présente) et le verdict du 29 mai confirma le jugement de première instance, en s’appuyant, entre autres, sur l’article 433 du code pénal (mise en danger d’autrui). Le laboratoire a versé la somme à la famille. La Cour d’appel n’a retenu aucune charge contre l’infirmière qui avait été mise en accusation par le laboratoire pour « injection défectueuse ». L’avocat de Glaxo a dit qu’il porterait l’affaire devant la plus haute instance judiciaire du pays (la Cour Suprême de Rabat). Pour le moment, aucune information n’est venue le confirmer. Retenons que ce procès fera jurisprudence, car la Cour a conclu à l’existence d’un lien de causalité direct entre l’administration du vaccin Engérix B et la paralysie d’Achraf. Ce procès a une très grande importance, d’abord parce qu’il a été mené au Maroc, un pays qui n’a pas fait parler de lui jusqu’à présent au niveau des accidents vaccinaux, alors que les vaccinations y sont pratiquées tout autant qu’en Europe. C’est donc une première. Par ailleurs, ce procès prouve que le problème du vaccin contre l’hépatite B n’est pas uniquement franco­français : les victimes de ce vaccin se comptent par milliers à travers le monde. Enfin, ce procès a eu un retentissement médiatique dans tout le Maghreb, car un grand laboratoire puissant a dû s’incliner et reconnaître la dangerosité d’un produit qu’il commercialise. Bravo à la famille DIWANE pour son courage et sa ténacité. Souhaitons que le malheur qui les accable servira à ouvrir les yeux de tous ceux qui pourraient être victimes à leur tour, où qu’ils se trouvent.

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