médecin de campagne

Transcription

médecin de campagne
a
Ciném
garanti sans 3D
www.cinemas-utopia.org • Toulouse (24 rue Montardy - 05 61 23 66 20) • Tournefeuille (Impasse du Château - Ciné 05 34 57 49 45 - Bistrot 05 34 51 88 10)
MÉDECIN DE CAMPAGNE
Thomas LILTI
France 2016 1h42
avec François Cluzet, Marianne
Denicourt, Isabelle Sadoyan, Christophe
Odent, Patrick Descamps, Felix Moati…
Scénario de Thomas Lilti
et Baya Kasmi
On a découvert Thomas Lilti, médecin
passionné devenu cinéaste du même
métal, avec Hippocrate, formidable portrait d'un jeune interne plongé dans le
maelstrom d'un grand hôpital parisien
en proie à la réduction des effectifs et
à la surchauffe. Son nouveau film s'in-
téresse encore à la médecine – le titre
ne laisse aucun doute sur la question –
mais, bien loin des grands complexes
hospitaliers parisiens, il nous parachute
dans le Vexin, région encore largement
rurale à cheval entre la Normandie et les
confins de l’île de France. La vie quoti-
No 225 Du 23 mars au 3 mai 2016 / Entrée: 6,50€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 48€ les 10 places
Dimanche 17 avril à 10h à Tournefeuille, la projection du film sera suivie d’un débat
autour de la revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique, qui vient de fêter
ses quarante ans d’existence sans une once de publicité ! Évelyne Malaterre, Séraphin
Colle… (médecins et rédacteurs) seront là pour présenter les valeurs de la revue, de sa
conception du soin (l’écoute, l’humanité, le lien social, l’accompagnement des patients…).
Amenez les viennoiseries, on offre le café (achetez vos places à partir du 8 avril).
MÉDECIN DE CAMPAGNE
dienne est sans doute ici plus sereine,
son rythme est plus raisonnable, à la mesure de ces paysages paisibles, qui n'ont
guère bougé depuis un siècle… Il n'empêche que pour Jean-Pierre Werner, seul
médecin dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, la surchauffe est
bien présente aussi. Du matin au crépuscule, il sillonne les départementales de la
région, au devant des petits bobos et des
grandes solitudes, tour à tour médecin
généraliste, psychologue, assistant social, homme à tout faire, dans une campagne peuplée essentiellement de personnes âgées, pour qui il est parfois une
des rares visites. Les consultations à domicile s'enchaînent – très belles scènes
qui témoignent bien du regard chaleureux de Thomas Lilti, en même temps
que de sa connaissance approfondie
de son sujet – et quand il revient, quasi
systématiquement en retard, à son cabinet, la salle d'attente est souvent pleine
de patients… Pas de doute, la tâche est
rude. Et les confrères ne se bousculent
pas au portillon pour accepter de s'installer dans une région pas spécialement
attractive et fort peu lucrative : travailler
dix à douze heures par jour à ce prix là,
c'est du sacerdoce !
Mais pour l'instant, ce n'est pas la surcharge de travail qui préoccupe JeanPierre. C'est même tout le contraire : ce
qui le mine, c'est qu'il risque d'être obligé d'arrêter…
Et c’est comme ça que débarque
Nathalie, qui a tout pour déplaire au vieil
ours Jean-Pierre, habitué à travailler tout
seul, à ne rien expliquer à personne, et
claffi de préjugés éventuellement machistes : Nathalie est incontestablement
une femme, une citadine qui n'a aucune
expérience de la campagne, incapable
de distinguer un jars d'un canard et qui
en plus a suivi un parcours peu orthodoxe puisqu'ancienne infirmière ayant
repris des études de médecine sur le
tard… Ce qui nous vaudra quelques
scènes de bizutage aussi répréhensibles
que cocasses.
Thomas Lilti livre un bel hommage, d'une
évidente authenticité, à cette profession de médecin de campagne, somme
toute méconnue et guère valorisée – pas
étonnant qu'elle soit en voie de disparition –, en première ligne face à la crise
générale de notre système de santé. Et
il agrémente cette chronique bien sentie
d'une fine trame romanesque où l'amour
et la peur de la mort vont se croiser. Pour
incarner ce couple à priori pas du tout
fait pour s'entendre mais dont les solitudes vont évidemment se rapprocher,
Marianne Denicourt et François Cluzet
excellent.
TOURNEFEUILLE
Pratiques, les cahiers de la
médecine Utopique, c'est cette
passionnante revue qu'on laisse
à votre disposition dans le coin
cheminée de Tournefeuille. Loin
d'être une publication technique
c'est avant tout une revue très
humaine, qui parle de vous, de
moi, des autres… Car à travers
le soin on en apprend beaucoup
sur nos contemporains, leurs fragilités. On découvre leurs peurs,
l'influence du monde du travail sur notre santé, le résultat
de la précarité, des mauvaises
conditions de vie, d'alimentation.
Pratiques c'est une revue entièrement indépendante, portée par
une bande de passionnés (médecins, infirmiers, sociologues, philosophes, gens lambda comme
vous et moi…). Il y est question
de la qualité des soins, de la philosophie qui se cache derrière,
ainsi que des soignants, de leurs
difficultés, de leurs inquiétudes,
de leurs combats. Les articles
sont tour à tour dérangeants, touchants, parfois point une note
d'humour… Et vous trouverez sur
leur site (pratiques.fr) une mine
d'informations…
Et cela dure déjà depuis
40 ans ! Bon anniversaire !
MAGGIE A UN PLAN
Écrit et réalisé par Rebecca MILLER
USA 2016 1h38 VOSTF
avec Greta Gerwig, Ethan Hawke,
Julianne Moore, Bill Hader, Maya
Rudolph…
La Maggie du titre est une adorable tête
de linotte, un peu rêveuse, lunaire, un
brin gaffeuse, ce qui provoque parfois
des situations loufoques et hilarantes.
Bien vivante avec son autodérision et
ses taquineries, elle semble parfois ailleurs, promenant sur le monde des yeux
écarquillés, perpétuellement étonnés,
comme dans l'attente d'une chose qui
ne se produit jamais. Tiens par exemple :
les mecs… Comment faire pour en garder un ? Un qui lui corresponde, la soutienne, la supporte, avec lequel tout serait rose et limpide. Bien sûr il y a Tony
et son amitié indéfectible, Tony qui n'abdique jamais, tel un scout toujours prêt
à lui tendre une oreille, une main, ou une
épaule sur laquelle se reposer. Un « ex »
grand teint et grande classe, magnanime
et perspicace, qui reste envers et contre
tout attaché à cette blondinette que la
stabilité affective semble fuir de manière
chronique. Elle lui confie tout, jusqu'aux
détails les plus intimes et improbables.
Lui tente de jouer les mentors, les direc-
teurs de conscience tout en charriant
Maggie à longueur de temps, histoire de
lui remettre les idées en place. Entre eux
c'est pas du réchauffé, du tiède, c'est du
tac au tac et Felicia, la propre compagne
actuelle de Tony, se prend aussi au jeu.
Toujours à épauler cette sorte de petit
poussin romantico-comique, à lui fournir
un coin de table ou un nid douillet pour
panser ses désillusions.
Mais Maggie ne se laisse pas abattre
longtemps et refuse que ce fichu destin
préside à sa place. Si le prince charmant
n'arrive pas, elle peut très bien s'en passer, et avoir un bébé sans lui ! Et pourquoi faire simple quand on peut pimenter
sa vie de scénarios alambiqués ? Voilà
Maggie en train d'échafauder un de ces
plans décalés dont elle a le secret tandis que Felicia et Tony finissent par se
faire une raison. Mais évidemment, entre
les rêves et la réalité, celui qu'on croyait
écarté, sieur Destin en personne, ne va
avoir de cesse que de revenir pointer
son nez pour tout chambouler.
Quand Maggie rencontre John dans le
bureau d'une employée de bureau grincheuse de la fac où ils sont tous deux
professeurs, y'a comme une sorte de
petite étincelle. John (le trop séduisant
Ethan Hawke) se prend d'amitié pour
cette jeune femme à l'allure enfantine, si
drôlement fagotée dans des tenues pittoresques qui oscillent entre puritanisme
et coloris improbables qui lui correspondent si bien. Il se grise de ses mots,
de son regard si compréhensif et attentif. Et peu à peu il se confie, parle de sa
morne vie en ménage où il étouffe face à
son épouse Georgette trop parfaite (il n'y
a pas d'autre mot pour Julianne Moore
!). Georgette est brillante, organisée, directive… l'antithèse de notre Maggie
perpétuellement indécise. Mais, même
si cette dernière compatit avec John, n'a
d'yeux que pour lui, rien ne la détourne
de sa décision : il ne fait pas partie de
son plan. Celui qui en fait partie c'est
un vendeur de gros cornichons au look
néorural, qui semble être descendu de
sa campagne sans passer par la case
rasage, pas de ceux qu'on imagine en
train de traîner dans les beaux quartiers
new-yorkais…
Voilà, vous connaissez maintenant
quelques personnages mais vous vous
doutez bien qu'on n'en dira pas plus sur
cette délicieuse comédie, fraîche et enjouée, légère comme une brise de printemps. Faut pas s'en priver !
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
Mort programmée du documentaire sur les antennes
régionales de France 3 ?
C'est une pétition qui vient de
surgir sur change.org : en Janvier
2016, la direction de France 3
a décidé brutalement et sans
concertation de déprogrammer
les 240 documentaires régionaux qu'elle coproduit chaque
année, pour reléguer le Lundi soir
après minuit des films qui jusqu'à
maintenant étaient diffusés les
fins de semaine en journée. Il sera ainsi démontré ainsi que, décidément, personne ne s'intéresse
aux documentaires en dehors des
insomniaques… Dieu bénisse les
insomniaques !
Au même moment, l'émission
emblématique de France 3 « La
Case de l'Oncle Doc » disparaît
des radars. Depuis des années,
elle rediffusait une partie de ces
œuvres régionales au plan national. Serait-ce la mort annoncée du documentaire produit
en dehors de Paris par le service public ? Pour nous, Utopia,
ce nouveau coup porté aux films
de la diversité, déjà fragilisés par
la disparition de TLT, va dans le
sens tant dénoncé d'un appauvrissement, d'une normalisation
des programmations, orientées
de plus en plus vers le sport, les
jeux, les feuilletons couillons, les
docu-promotion de régions…
« Je signe, écrit Jean-Louis
Comolli, parce que le documentaire est nécessaire à la démocratie… »
« Il y a forcément un élément
émancipateur dans ces documentaires, cela ne plait pas
aux néolibéraux en place » écrit
Gérard Robert… La pétition frôle
les 3000 signatures.
DES NOUVELLES
DE LA PLANÈTE UTOPIA…
On devrait pouvoir vous en donner dans
la prochaine gazette : nos avocat(e) s
s'activent… que ce soit pour cette
histoire à épisodes de loyer, ou pour la
plainte déposée contre X à la suite des
dégradations et des méchancetés visant
Utopia et BDS pour une soirée-débat
sur l'invasion israélienne du Liban et
Georges Ibrahim Abdallah : voir l'édito
de la gazette 224 où nous racontions
comment nous nous étions retrouvés
un matin devant les serrures du ciné
bloquées et des affichettes injurieuses
collées sur les portes d'Utopia (« BDSMerah- Utopia – même combat »)… les
mêmes amalgames déplaisants étant
aussitôt étendus à d'autres (Fofana,
Kouachi…) par des communiqués du
Crif et de la Licra simultanément pris en
compte par JSSnews, un site internet
qui s'est mis à l'abri des poursuites
en se domiciliant en Chine, tandis que
son créateur et animateur, chantre de
l'extrême droite juive francophone,
basé principalement en Israël, reprend
(en plus méchant et en plus menaçant)
les arguments développés par nos si
proches voisins. Ce n'est pas nouveau,
vous connaissez, nous connaissons bien
ces méthodes et pratiques qui consistent
à insinuer les pires horreurs, et à brandir
injures et insultes pour discréditer et
intimider tous ceux qui, peu ou prou,
osent interroger le bien fondé de la
politique de colonisation israélienne.
Il y a assez peu de chance pour qu'on
retrouve les coupables et qu'on gagne
notre procès contre la Licra, même si
Thierry Levy et associés sont les plus
formidables avocats de la terre… mais
peut-on accepter sans rien tenter de
voir ainsi museler de façon répétée
une liberté d'expression déjà bien
malmenée ?
On y reviendra dans les prochaines
gazettes, car le temps judiciaire est un
temps long. On remercie les associations
et les nombreuses personnes qui
nous ont témoigné leur soutien : AFPS,
Artisan du Monde Toulouse, BDS France
Toulouse, CGT Educ'Action 31, Coup
pour Coup 31, Couserans Palestine, NPA
31, Palestine Libre, Sud Educ 31, Sud
Santé Sociaux 31… et en tout premier
lieu l'Union Juive Française pour la Paix
qui publie par ailleurs un « Appel juif
pour le BDS » que vous pouvez rejoindre
(www.ujfp.org)
LA GAZETTE D’UTOPIA,
vient jusqu’à vous…
Vous nous le demandiez depuis
longtemps, et voilà qu’elle arrive : que
vous soyez à Dunkerque, à Massat, à
Agen, à Lille ou Brighton… vous pouvez
désormais télécharger le PDF de la
gazette sur le site d’Utopia et ce depuis
le numéro 219 de septembre 2015,
suivre le feuilleton des éditos, rattraper
celles que vous avez ratées, où que vous
soyez : La Gazette vous accompagne.
Vous pouvez l’imprimer en son entier,
la remettre dans le sens qui vous
agrée, numéroter les pages… toutes
ces petites facilités qu’on s’obstine
à vous refuser par pur sadisme… ou
imprimer seulement les pages qui vous
intéressent, les agrandir, les afficher : au
boulot, dans votre cabinet de kiné, vos
lieux de réunion… partout où il vous
semblera bon de relayer un événement,
un débat qui vous concerne, et vous
pourrez aussi l’envoyer à votre cousin
en estive, à votre fille qui fait un stage
à l’étranger, faire découvrir Utopia à
d’autres… Un espace d’hébergement
vous permettra prochainement de
vous procurer les gazettes des années
passées. Et pas seulement pour Utopia
Toulouse, mais aussi pour les autres
Utopia.
C’est un outil pour les professionnels
du cinéma qui nous titillaient depuis
belle lurette et une bonne nouvelle pour
les « annonceurs » qui voient ainsi leur
publicité propulsée au-delà de l’édition
papier puisque s’ajoutent ainsi aux
60000 exemplaires de la N° 225 (le
tirage est à géométrie variable), les
5000 personnes qui visitent chaque jour,
en moyenne, le site des cinémas Utopia
(www.cinemas-utopia.org).
Augmentation en vue à partir du 5 mai ! À partir du 5 mai (deuxième jour de la prochaine gazette), le prix
des places augmente à Utopia : 7 euros la place, 50 euros le carnet de dix places non limité dans le temps.
Les premières séances de la journée et toutes les séances du mercredi restent à 4 euros pour tous.
La passion d'Augustine
Léa POOL
Québec 2015 1h43
avec Céline Bonnier, Lysandre
Ménard, Valérie Blais, Diane Lavallée,
Pierrette Robitaille…
Scénario de Marie Vien et Léa Pool
Prix du public, Festivals de
la Baule et d'Angoulême
C'est une drôle de coïncidence : deux
films dans cette gazette, très différents l'un de l'autre, nous viennent du
Québec et parlent de la passion de la
musique (l'autre est Mobile étoile).
Dans celui dont je vous cause ici, Simone
Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige d'une main ferme un couvent au
Québec. Un couvent qui, dans les années 60, reçoit des jeunes musiciennes
et dont elle a fait un creuset extraordinairement productif d'une quantité formidable de talents qui raflent tous les
prix de piano de la région.
Elle a de l'oreille, mais elle a l'œil aussi, Augustine, et rien ne lui échappe. On
peut la trouver dure, intransigeante, implacable, mais on voit bien que chacune
des quarante pensionnaires se laisse gagner par sa passion et dans la demeure
somptueuse où les parents viennent en
confiance accompagner leur fille, les
parquets craquent, on chuchote, on critique, mais il n'est pas questions de mollir sur l'exercice, de transiger sur la discipline de fer qu'Augustine fait régner.
La musique est omniprésente que c'en
est un bonheur et on passe des chants
religieux à la musique profane, à Purcell,
Chopin et quand Alice déboule, nouvelle pensionnaire indisciplinée et rebelle… à Bach revisité en jazz. Mais
pour Augustine, le talent compte plus
que tout.
Curieusement, dans un contexte où la
religion semble être un étouffoir qui ne
laisse pas beaucoup de place à la fantaisie, Mère Augustine a quelque chose
de très libre, en avance sur son temps.
Au Québec (mais ailleurs aussi), les
nonnes étaient parfois des bâtisseuses
qui avaient souvent des idées plus à
gauche qu'on ne pense et apportaient
beaucoup au niveau social et culturel.
Il fut un temps où les femmes n'envisageaient pas tellement de solutions pour
parvenir à une vie autonome et pour certaines, entrer au couvent pouvait être
un moyen de ne pas se soumettre à un
homme, de s'émanciper, d'exprimer leur
goût pour l'étude, les arts, voire le social,
les voyages… Il y avait toutes sortes de
couvents, toutes sortes de communautés et en leur sein même, d'horribles rétrogrades cotoyaient des progressistes
pleines d'humour (moi-même qui vous
cause, je me souviens d'une jeune dominicaine qui surveillait les dortoirs en patins à roulette et chantait des chansons
qui n'avaient rien de chants d'église).
Le film raconte aussi le dégel d'une société, mais ce dégel-là va entraîner la
suppression des aides aux écoles privées, et malgré le soutien financier de
certains parents, cette évolution menace le musical pensionnat. On sera attentif à la scène du dévoilement, « quand
on parle aujourd'hui du port du voile ou
de la burka, la problématique n'est pas
très différente » dit la réalisatrice. Les
occidentaux ont tendance à l'interpréter
négativement, mais cela peut être aussi constitutif d'une identité, il arrive aussi que le choix de se couvrir préserve
et rassure… « Il ne faut pas oublier que
cet abandon du voile nécessite tout un
chemin, dit elle encore, perplexe de voir
une des comédiennes, impliquée dans
son rôle, pleurer : « c'est comme si on
m'arrachait la peau… Ce geste n'est pas
anodin. »
Lysandre Ménard, jeune pianiste de
21 ans qui joue Alice, a commencé le
piano à cinq ans, a obtenu un grand
nombre de prix dans toute sortes de
concours et ajoute ici, avec son premier
rôle au cinéma, une distinction de plus
à son actif, celle de la meilleure actrice
au festival de Newport. Quant à François
Dompierre qui a dirigé musicalement le
film, il a signé la musique d'une bonne
soixantaine de films (dont Le Déclin de
l'Empire américain, Jésus de Montréal…)
et a composé quelques partitions régulièrement jouées un peu partout dans le
monde.
TOURNEFEUILLE
Grands projets inutiles
et imposés
Où l’on recause de ce projet
d’implantation d’un énorme
centre commercial à Plaisance
du Touch, sur le Plateau de la
Menude. Le projet, bloqué depuis
dix ans en raison des oppositions
locales (seulement trois maires
y étant favorables), a valu
moult recours et manifestations
joyeuses sur le site depuis. Si
vous lisez la gazette d’Utopia,
la chose n’a pas dû vous
échapper…
L’affaire est en train de reprendre
de la vigueur, mais pas dans le
sens espéré par les opposants,
grâce à quelques tours de passepasse : un permis de construire
recyclé in extremis, et un appel
à trancher au plus haut niveau
devant l’impossibilité de faire
aboutir le projet.
C’est pas bon signe, surtout si
on s’ait qu’un des conseillers de
François Hollande est l’ex-PDG
d’Unibail-Rodamco, promoteur
du bazar : l’Elysée a décidé de
se mêler de l’affaire (tous aux
abris !). N’importe quel naïf
peut deviner ce qui va suivre :
malgré l’opposition du Collectif
d’habitants qui dure depuis
toutes ces années, du Maire de la
Salvetat St Gilles, du Président du
Conseil Départemental du Gers et
autres… qu’on s’était bien gardé
d’inviter, la réunion parisienne
a débouché sur la nomination
d’un médiateur… dont on devine
d’avance les conclusions, déjà
perceptibles dans l’annonce faite
par le Préfet le 14 janvier 2016.
Voir la suite sur le site du
Collectif :
www.gardaremlamenude.com
Happy birthday Fukushima…
Happy birthday Tchernobyl…
de toute existence sur la planète bleue.
Et là, ça ne rigole pas ! L’Institut de radio
protection et de sureté nucléaire a en ef30 ans pour l’un, 5 ans pour l’autre et dans fet froidement calculé qu’un accident males deux cas, la catastrophe est toujours jeur sur un réacteur standard de 900 méen cours, les coûts induits ne cessent gawatts, l’essentiel du parc hexagonal,
d’augmenter. Greenpeace parle de 1000 nous coûterait la somme astronomique
milliards pour Tchernobyl, on n’en est de 430 milliards d’euros, plus de 20 %
qu’au début pour Fuskushima : trop tôt de notre PIB. Cette fusion du réacteur et
pour annoncer des chiffres de toute façon ses rejets massifs de particules radioacimprévisibles. La construction de l’arche tives dans l’environnement entraîneraient
enfermant le sarcophage de Tchernobyl la contamination de 1500 Km2 et l’évane sera terminée qu’en 2017 (108m de cuation de 100 000 personnes… dans le
haut, 270m de long…) et pendant les tra- meilleur des cas, et bien pire en fonction
vaux, la contamination continue et conti- des conditions météo et des vents… On
nuera encore longtemps longtemps après n’ose imaginer ce que deviendraient nos
que le dernier poète contaminé ait dispa- flamboyants vignobles bordelais et notre
ru. Tchernobyl for ever : c’est un bouquin, rutilante maison des vins à Bordeaux, reun DVD qui racontent que le monstre ato- cyclée pour la circonstance en la maimique n’a pas fini de sévir (voir sites in- son de l’atome si, d’aventure, un réacteur
nous pétait à la gueule à la centrale du
ternet en bout de texte)
Du côté de Fukushima, c’est le Monde du Blayais (57 km du centre de Bordeaux).
11 mars, date anniversaire de la catas- Quant à celle de Nogent : 100 km du cœur
trophe, qui le raconte : le démantèlement de Paris avec la Seine comme indispenprend du retard, il y faudra a minima une sable source de refroidissement…
quarantaine d’années (optimiste !) et les Très mauvais pour le commerce, le toueaux radioactives continuent de s’accu- risme mondial dont la France est la premuler sur le site, quand elles ne sont pas mière destination… sans compter le boystockées dans des réservoirs en attente cott inévitable de la production de nos
de traitement et de rejet dans l’océan (ce braves agriculteurs… On ne parle pas
que refusent les pêcheurs de Fukushima). de l’EPR, catastrophe économique avant
Les déchets radioactifs remplissent déjà même d’avoir commencé à fonctionner, ni
près de 3000 conteneurs alors que le re- des mines d’uranium et autres problèmes
trait des combustibles des piscines de re- induits par la persistance à ne pas vouloir
froidissement prend du retard pour cause lâcher une filière qui ne représente pourde haut niveau d’irradiation qui empêche tant que 10% de la consommation monque des personnes puissent intervenir di- diale d’électricité, 19,5% aux USA (mais
rectement : le « robot serpent » introduit 77% de la consommation électrique frandans un tuyau du réacteur 1 a vu ses cir- çaise)…
cuits grillés par les radiations… Je ré- La part du nucléaire ne cessait de baisser
sume mais on imagine la souffrance des dans l’électricité mondiale depuis le dépopulations évacuées, le retour de cer- but des années 2000 et ce déclin s’est fatains dans des zones contaminées faute talement accéléré depuis Fuskushima…
de pouvoir vivre ailleurs, les problèmes nos voisins sont inquiets de voir vieilde santé des liquidateurs : déjà 250 000 lir les centrales françaises qui leur sont
morts dit-on, parmi ceux de Tchernobyl ? proches. Mais EDF se bat pour garder à
la France sa position de N°1 du nucléaire
Mais qui sait exactement ?
On a souvent du mal à comprendre nos mondial avec ses 58 réacteurs (contre
contemporains et cela ne date pas d’hier. 33 en Russie) et ses 1100 sites enferEn effet, dans la masse des informations mant des déchets, qui en font le pays le
qui nous tombent chaque jour sur le pale- plus nucléarisé au monde par tête d’habitot, une petite dizaine au moins devraient tant… Et notre gouvernement tente vailpour le simple exercice de notre survie lamment d’exporter son savoir faire au
nous conduire plusieurs fois par jour à Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Eubattre le pavé pour prendre et reprendre la rope, tandis que certains, comme l’AlleBastille. Un rapport récent nous apprend magne, se tournent résolument vers les
au saut du lit qu’un accident nucléaire en énergies renouvelables…
France serait une catastrophe pour l’économie. Pas pour la santé de nos chères www.connaissancedesenergies.org
têtes blondes ni pour nous mêmes, qui www.observatoire-du-nucleaire.org
avons bien largement assez vécu, ça tout www.amisdelaterre.org
le monde s’en fout, mais pour l’économie www.nucleaire-nonmerci.net
dont on sait qu’elle est la finalité ultime www.criirad.org
DES NOUVELLES DE
LA PLANÈTE MARS
Dominik MOLL France 2016 1h41
avec François Damines, Vincent Macaigne, Veerle Baetens,
Michel Aumont, Catherine Samie, Philippe Laudenbach…
Scénario de Dominik Moll et Gilles Marchand
ÉVOLUTION
Lucile HADZIHALILOVIC
France 2015 1h21
avec Max Brebant, Julie-Marie Parmentier,
Roxane Duran, Nathalie le Gosles, Mathieu Goldfeld…
Scénario de Lucile Hadzihalilovic et Alanté Kavaïté
Grand Prix du Jury, Festival
des Utopiales de Nantes
Le propre du fantastique, c'est d'introduire des éléments
étranges dans un univers tout à fait crédible, contemporain ou
passé. Et de fait rien – du moins au début du film – ne paraît
particulièrement incongru dans la vie de Nicolas, un gamin de
onze ans qui vit au bord de la mer. Dans une maison cubique
et pour le moins austère, qui ne permet pas de situer précisément l'époque mais peu importe. Il s'adonne aux jeux que
tout enfant du littoral pratique, en particulier la plongée en
apnée. Jusqu'au jour où il croit apercevoir sur le fond marin,
entre étoiles de mer et bancs coralliens, le corps d'un enfant
noyé. Mais sa mère ne le croit pas, lui dit assez sèchement
que tout cela est le fruit de son imagination. Et petit à petit le
doute nait chez l'enfant, qui était tout innocence et amour filial fusionnel. Des questions s'immiscent : pourquoi dans ce
village ne vivent-ils qu'entre garçons du même âge et leurs
mères, toutes jeunes et diaphanes ? Quel est cet étrange traitement qu'on leur impose dans cette clinique fantomatique ?
Et si sa mère ne l'était pas ?
Scénariste puis réalisatrice singulière, Lucile Hadzihalilovic
s'immerge dans le monde aquatique qui l'a toujours fascinée
(elle a grandi au bord de la mer, au Maroc), elle aborde les angoisses de l'enfantement, de la mutation, de l'univers médical
et chirurgical. Elle interroge l'ambivalence du rôle de la mère,
qui ne veut pas forcément que du bien à son enfant…
La réalisatrice crée un univers bien à elle, installe un climat
fascinant grâce à une mise en scène d'une grande maîtrise
qui joue parfaitement de la lumière, des paysages singuliers
des Canaries, des fonds marins ou des intérieurs quasi-carcéraux de la clinique… Le film est profondément étrange et
séduisant, comme le visage de madones flamandes de ses
deux magnifiques actrices, Julie-Marie Parmentier et Roxane
Duran.
TOULOUSE
Philippe Mars, ingénieur informaticien, ne comprend plus rien
au monde dans lequel il vit. Ni aux gens qu'il croise au boulot,
ni à ce type qui refuse de ramasser la crotte de son chien, ni
au végétarisme soudain de son fils, ni à l'obsession de « réussite » de sa fille, ni à l'agitation de son ex-épouse… On ne
peut pas dire que l'époque soit caractérisée par une grand
confiance dans l'avenir : agitation, stress et désarroi semblent
gagner du terrain chaque jour un peu plus.
Alors Philippe s'enferme dans sa bulle immobile, se rêve cosmonaute, plane entre les étoiles et reçoit régulièrement la visite des fantômes de ses père et mère qui ont pu gratter un
petit rab de présence sur terre et lui font un brin de compagnie avec une bienveillance inquiète et amusée.
Le plus gros problème de Philippe, c'est qu'il est trop gentil, incapable de dire non, incapable de mettre quelqu'un qui
l'emmerde dehors, de refuser le boulot de trop : indifférence,
flemme de s'opposer, ou tout simplement parce que faire de
la peine à quelqu'un est au-dessus de ses capacités…
Sa vie subit tout à coup une série de coups de tabac qui
l'obligent à sortir de sa posture d'observateur immobile. Ça
commence le jour où son ex-femme, journaliste survoltée
qu'il croise plus souvent dans l'écran télé que dans son quotidien, lui ramène sans prévenir leurs deux ados qu'elle était
censée garder pour la semaine. Au moment même où son patron lui a filé la lourde responsabilité de contrôler et de cadrer
un collaborateur au bord du burn out : inénarrable Jérôme
(Vincent Macaigne), un allumé de première, qui réussit néanmoins à être fichtrement attendrissant.
Philippe, qui se trouvait plutôt peinard à se faire la popote en
solitaire, distant du monde et de sa propre vie, va donc devoir
affronter une réalité aussi multiple qu'insaisissable…
TOURNEFEUILLE
saison
2015/2016
Midi-Pyrénées
Grep
Groupe de Recherche
pour l’Education
et la Prospective
•
Vendredi 8 Avril 18h30
cinéma Le Cratère
Tarif unique 4,50 €
— Regards croisés —
“La Sapienza”
Film d’Eugène Green
Projection du film (durée 1h50)
suivie d’un débat avec Alice VINCENS,
professeur de sémiologie.
Samedi 9 Avril 17h00
TBS (ESC)
Entrée : 6 €, réduit 2€,
gratuit pour les adhérents
“La démocratie
face à la corruption ?”
Séverine TESSIER,Vice-Présidente
& membre fondatrice de l’association Anticor,
auteur de Lutter contre la corruption
en France - À la conquête d’un nouveau
pouvoir citoyen, Éd. Francois Bourin (2015).
Mardi 12 Avril 18h00
salle Duranti-Osète
Entrée libre et gratuite
— Lectures croisées —
“Jeunes écrivains dans la lignée
de Maylis de Kérangal”
Paule Brocard et Annick Maumus,
animatrices du GREP.
•
programme détaillé, adhésions
www.grep-mp.fr
05 61 13 60 61
Formules de 12 à 17€
Tout à volonté et végétarien :
salades, soupe, tartes salées,
plat du jour, desserts...
05 61 22 49 25
Ouvert 7 jours/7, 365 jours/an
2 bis, rue du Puits Vert
www.lafaimdesharicots.fr
Jeudi 14 avril à 20H30, avant-première à Tournefeuille animée par Frédérique Bianchi
dans le cadre du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Suivi d'un échange convivial
autour d'un thé indien. Achetez vos places à partir du 1er avril aux tarifs habituels.
LA SAISON DES FEMMES
Écrit et réalisé par Leena YADAV
Inde 2015 1h57 VO
(essentiellement hindi) STF
avec Tannishtha Chatterjee, Radhika
Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan…
Quel film réjouissant, avec un ton qui
oscille constamment entre Bollywood
chatoyant et sésuisant pamphlet féminin, pour ne pas dire féministe ! Un cri
de guerre joyeux au service des femmes
mais aussi des hommes, tout autant prisonniers qu'elles des règles de convenance imposées par leur société patriarcale. Cet effeuillage candide nous
livre les dessous d'une Inde contemporaine très éloignée de nos images d'Épinal occidentales. Non content de nous
faire passer un agréable moment, La
Saison des femmes remet les pendules
à l'heure efficacement. Trop ? Le comité de censure indien va-t-il accepter sa
diffusion dans son pays ? C'est déjà un
petit miracle que le film ait vu le jour :
entre les producteurs qui refusaient de
le soutenir, les villages qui ne voulaient
pas accueillir un tournage dirigé par une
femme plus adepte du port des pantalons que du voile… Mais Leena Yadav
n'a jamais baissé les bras, comme ses
personnages, ces terribles drôlesses qui
vous feront tourner la tête.
Il y a Rani, la toujours sage, celle qui
s'étiole dans une morne tenue de jeune
veuve et peine à élever seule son insup-
portable fiston. Il y a Bijli, la délurée,
celle dont le métier est de se trémousser, d'émoustiller ces messieurs, voire
un peu plus à la demande de son patron.
Entre les deux femmes : un monde ! Et
pourtant Rani refuse, malgré l'opprobre
de son entourage, de renier cette amitié « contre nature », construite dans
les ferments de l'enfance. Cette façon
de résister, de tenir tête, c'est peut-être
un de leurs points communs les plus
forts. Chacune a réussi à s'émanciper
de la gouvernance d'un homme : l'une
en n'en ayant aucun, l'autre en les ayant
tous. Pourtant, sous leurs carapaces
d'amazones indomptables, toutes deux
partagent ce désir inavoué de l'autre, la
même sensualité, une soif inextinguible
de romantisme. Les hormones qui les
titillent, torrides, poussent leurs corps
à exulter. Oser rêver de s'échouer sur
des rivages voluptueux d'un monde de
jouissances et de libertés inaccessibles
aux femmes ? C'est déjà franchir bon
nombre d'interdits.
Bijli et Rani représentent tout un pan de
la population féminine de leur pays, mais
le tableau resterait incomplet sans Lajjo,
la femme maltraitée par un mari qui lui
reproche sa stérilité ; et sans la toute
jeune Lehar Khan, qui incarne a elle
seule le cercle vicieux que chaque génération a tendance à reproduire. Celui
dans lequel s'enferre Rani en voulant la
marier avec son propre fils, faisant subir
aux deux jeunes ce qu'elle a dû endurer
jadis à son corps défendant. Difficile de
sortir des schémas que la pression sociale martèle sans arrêt.
Pourtant la bande des quatre (Rani, Bijli,
Lajjo et Lehar) va s'enhardir peu à peu
et devenir un quatuor explosif, vibrant,
exalté. Si elles n'ont pas encore les mots
pour la décrire, sourd une saine révolte
grisante, radieuse. Sentir le vent dans
ses cheveux, déposer son voile, mettre
les voiles… Tant de choses à expérimenter, à inventer. Certes, en face ils ont
la puissance pour les rappeler à l'ordre,
mais qu'est-ce que la puissance face
à la force que donne le sentiment de
n'avoir rien à perdre ?
TOULOUSE & TOURNFEUILLE
Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, 4e édition du 08 au 17 avril
projections de films indiens, bollywood party, buffets et échanges avec le public, prix du public décerné lors de la soirée de clôture le 17 avril à 19h
[email protected]
LES DÉLICES
DE TOKYO
Écrit et réalisé par Naomi KAWASE
Japon 2015 1h53 VOSTF
avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase , Kyara Uchida…
D'après le roman An, de Durian Sukegawa
(en librairie le 3 Février)
Tokyo… Un quartier, excentré, banal et terne, s'il n'y avait…
les cerisiers en fleurs ! Ils donnent un air printanier aux maisons sans charme. Mais le printemps peine à pénétrer dans
certaines boutiques. Celle que tient Sentaro reste résolument
insipide, à l'image de son gérant et de la pâte « an » des « dorayakis » qu'il cuisine… Vous ne connaissez pas les dorayakis ? Qu'importe, vous aurez tout le film pour les découvrir…
Mais ne croyez pas que vous avez affaire à un film culinaire :
nous sommes dans l'univers de Naomi Kawase, avec sa douceur, sa subtilité habituelles, sa gourmandise de la vie. Ces
dorayakis se révèlent être plus que de savoureuses pâtisseries, ils recèlent l'essence des choses, la saveur de l'enfance,
l'attention aux autres, aux petites choses. Ils sont une invitation à s'ancrer dans le présent, à aimer tout ce qui nous entoure, à jouir de la vie. Une ode au Carpe Diem…
Les jours de Sentaro se suivent et se ressemblent, sans
grande joie. Des litres de pâte qu'il transforme en dizaines
de petites crêpes pour les gosiers voraces d'une poignée
de collégiennes qui les ingurgitent en se moquant de lui, de
ses airs bougons. Seule Wakana semble prendre racine, une
fois la nuée de ses copines passée. Elle n'a guère d'alternative puisque ses camarades filent vers des cours particuliers
qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir. Elle n'ose tout bonnement plus espérer accéder à l'université faute de l'argent nécessaire. C'est une drôle de complicité qui se tisse en silence
entre le quadragénaire et la collégienne. La tristesse désabusée de ces deux égratignés de la vie n'a pas besoin de mots
pour s'exprimer. Jusqu'au jour où apparaît drôle de petite
vieille, hésitante et bancale : Tokue et sa recette de pâte « an »
vont bousculer les choses, bouleverser Sentaro et Wakana,
dans tous les sens du terme…
TOURNEFEUILLE
LES
INNOCENTES
Anne FONTAINE
France 2016 1h55 VOSTF (français, polonais, anglais…)
avec Lou De Laâge, Agata Buzek, Vincent Macaigne,
Agata Kulesza, Joana Kulig… Scénario de Sabrina
B. Karine, Alice Vial, Anne Fontaine et Pascal
Bonitzer, sur une idée de Philippe Maynial
Ce film est un moment de grâce. Plus qu'un beau film, une
expérience à la fois humaine et quasi spirituelle. Si l'histoire
de départ est bien réelle – celle de Madeleine Pauliac, jeune
et jolie Française, provisoire médecin-chef de l'hôpital de
Varsovie en 1945 –, elle sert ici de révélateur à des relations
aussi universelles qu'intemporelles qui prennent une intensité
particulière dans le huis-clos de ce couvent austère, magnifié par les images de Caroline Champetier. La part faite aux
chants grégoriens, interprétés essentiellement par les comédiennes, contribue au sentiment de sérénité, de plénitude si
particulières à l'ambiance monastique qui contraste ici avec
la violence de la situation.
1944 : la Pologne a été dévastée par l'occupation allemande.
Tandis que les autochtones tentent de survivre, la Croix
Rouge française s'est installée dans ce qu'il reste d'un hôpital pour soigner et rapatrier les Français qui se trouvent encore sur le territoire polonais. L'équipe médicale n'a pas pour
mission de s'occuper des Polonais, et quand une jeune religieuse vient demander du secours, on l'éconduit dans un
premier temps, mais Mathilde Beaulieu, interne de vingt-cinq
ans, se laisse toucher par sa détresse et accepte de la suivre
jusque dans son couvent, malgré l'interdiction qui lui est faite
de s'éloigner du cadre de sa mission. Là, elle découvre une
communauté de Bénédictines qui continuent à vivre leur vie
de moniales, rythmée par les sept offices quotidiens, mais qui
cachent dans la honte et le désarroi un secret terrible. Les
soldats de l'armée rouge, suivant le reflux de l'armée allemande, ont pénétré dans le couvent à plusieurs reprises, brutalisé, violé les jeunes religieuses et certaines sont sur le point
d'accoucher…
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
LE COEUR RÉGULIER
Vanja D'ALCANTARA
France 2016 1h35 VOSTF
(une partie du film est en anglais…)
avec Isabelle Carré, Jun Kunimura,
Niels Schneider, Fabrizio Rongione,
Masanobu Ando…
Scénario de Vanja D'Alcantara,
Gilles Taurand et Emmanuelle
Beaugrand-Champagne, d'après
le roman d'Olivier Adam
Parfois, quand on a envie que tout
cesse, qu'on s'apprête à sauter dans le
vide, apparaît une main secourable, qui
redonne le courage d'avancer. Au dessus de falaises battues par les vents
marins, dans le lointain Japon, s'agrippe
une petite maison où veille Daïsuke, un
homme entre deux âges, qui guette ceux
qui n'ont plus le cœur à vivre. Dans sa
bouche, ni jugement, ni mots de consolation. Il est juste une oreille qui écoute.
Il a laissé derrière lui son étrange passé,
la somme de toutes ses impuissances
pour se placer du côté de la barrière où
il peut encore tenter de faire bifurquer le
cours des choses. Ni héros, ni gourou, il
est là où il lui semble devoir être.
Tout cela est étranger à Alice (Isabelle
Carré), à son pays (la France), à sa réalité. Douillettement installée dans un quo-
tidien impeccable : jolie maison design,
sages chérubins, mari aimant (Léo).
Chaque chose à sa place et pas plus de
place pour la fantaisie que pour un grain
de poussière. Alice pourrait être une illustration du poème de Jean Richepin :
« Possédant pour tout cœur un viscère
sans fièvre, un coucou régulier, et garanti dix ans ». Cette chose qui bat en elle,
parfois un peu trop fort, qui brouille son
regard sous ces cils disciplinés… elle
évite d'y prêter attention et s'acharne à
la faire taire. Nul soupir n'émane de ses
lèvres sagement fardées et si tel était le
cas, on imagine sans peine comment
les braves gens de son entourage fondraient sur celle qui a tout pour être heureuse.
Elle se meut par habitude, sans conviction, comme si elle passait à côté de sa
propre vie, à côté d'elle-même. Alors
que Léo se régale de soirées fréquentées par des gens de sa condition sociale, triés sur le volet, il s'étonne de
voir sa femme étrangement absente, en
souffrance d'une chose qu'elle ne sait
même pas nommer.
C'est dans ce couple qui s'étiole que déboule, sans crier gare, Nathan, le jeune
frère d'Alice. Vif, indépendant, bohème,
vivant de l'air du temps, n'ayant pas peur
d'avouer ses faiblesses, ses sentiments,
ivre d'un amour incommensurable pour
la vie. C'est une brise rafraîchissante qui
déferle dans la maisonnée. Tout semble
soudain respirer : les meubles, la cuisine qui déborde soudain de casseroles pleine de pâte à crêpes, les gosses
qui se lèchent les doigts, osant rire de
tout, comme mus par un droit à la désobéissance… et Alice qui s'illumine soudain. C'est un joyeux bordel ! Tous se
régalent, s'enthousiasment, mis à part
Léo, sans doute jaloux de voir le frangin
prodigue réussir là où lui-même échoue
depuis trop longtemps.
Nathan parle de ses voyages, de ses
rencontres, d'une en particulier qui l'a
bouleversé. Mais tout en babillant, il voit
ce que les autres ne savent pas voir et
pose la seule vraie question : « T'es où
ma sœur, mon Alice ? Tu restes là, coincée dans ta petite vie parfaite… » Alice
va alors entreprendre un voyage qui la
conduira tout au bord des falaises de
Tojimbo, que son frère arpenta, là où
l'espoir peut renaître parfois. Au bout de
son cheminement elle trouvera quelque
chose qu'elle n'attendait pas. Un roulement de plus en plus régulier, comme
celui d'un cœur qui bat…
TOURNEFEUILLE
À Tournefeuille, Samedi
26 mars à 16h et 18h, et
dimanche 27 mars à 18h20
REPRISE DU PALMARÈS DE LA
COMPÉTITION DOCUMENTAIRE
du FESTIVAL CINÉLATINO
En guise de séances de
rattrapage, une semaine après
la remise des prix et la fin des
28e rencontres des cinémas
d'Amérique Latine de Toulouse,
trois films primés dans la section
documentaire du festival seront
projetés à Utopia Tournefeuille.
Les films présentés dans la
section documentaire cette
année :
CUERPO DE LETRA de Julián
D´Angiolillo (Argentine, 1h17)
EL LEGADO de Roberto AnjariRossi (Chili, 1h23)
FUTURO JUNHO de Maria
Augusta Ramos (Brésil, 1h37)
JUANICAS de Karina García
Casanova (Mexique, 1h18)
LA SOMBRA de Javier Olivera
(Argentine, 1h12)
PACIENTE de Jorge Caballero
(Colombie, 1h10)
JONAS E O CIRCO SEM LONA
de Paula Gomes (Brésil, 1h21)
À l'heure où nous bouclons
cette Gazette, le palmarès n'a
pas encore été dévoilé… Vous
pourrez donc trouver le détail
des films programmés, dès le
Dimanche 20 mars, sur le site
internet du festival :
cinelatino.com.fr et sur celui
de votre ciné préféré :
cinemas-utopia.org
ALIAS MARIA
Jose Luis RUGELES
Colombie 2015 1h31 VOSTF
avec Karen Torres, Carlos Clavijo,
Erik ruiz, Anderson Gomez…
Scénario de Diego Vivanco
Maria ne s’appelle pas Maria. C’est le
nom qu'elle porte depuis qu’elle a pris les
armes pour rejoindre la guérilla, au cœur
de la forêt amazonienne de Colombie.
Un surnom, un pseudonyme, un nom de
guerre, la marque que celle qu’elle était
avant n’est plus, et qu’elle a perdu, en
embrassant la cause, son nom de baptême et les traces de son passé.
De Maria on ne saura pas grand chose.
Ni pourquoi elle a rejoint les FARC – à
moins qu’elle n’ait été enrôlée de force –
ni ce qu’était sa vie. Ses parents, son village, sa famille : tout cela n’a plus d’importance pour elle et n’en aura pas plus
pour nous, spectateur. Maria est une
compañera, soldate armée et en treillis
d’un commando composé essentiellement de femmes, souvent très jeunes.
Dirigé forcément par un homme suffisamment habile pour être accepté par
ses soldates, le commando doit rejoindre
un lieu plus sûr. Peut-être parce qu’elle
est plus coriace et déterminée que les
autres, ou simplement par hasard, Maria
se voit confier une mission : transporter
en lieu sûr le nouveau-né du commandant. Car en dépit des précautions et des
avortements pratiqués régulièrement,
des bébés naissent dans la jungle.
Nous allons suivre l'improbable expédition de Maria et de ses acolytes (dont
un gamin enore plus jeune qu'elle) au
plus profond de la jungle, qui définit un
étrange huis-clos oppressant et moite où
chaque pas de travers peut-être fatal.
Au-delà de la dimension documentaire
du film, qui s’inspire bien évidemment de
la brutale réalité de la Colombie et de ses
guerres internes, sans pourtant jamais
poser un regard moralisateur ou inquisiteur, Alias Maria est surtout le portrait
bouleversant d’une gamine luttant pour
sa survie. Sa force vive, son courage,
mais aussi son empathie et son désir incandescent de se sortir de ce bourbier
résonnent comme les promesses fragiles
d’une vie meilleure, loin de la violence arbitraire, des règlements de comptes, de
la prédation des mâles.
TOULOUSE
EVA NE DORT PAS
Écrit et réalisé par Pablo AGÜERO
Argentine 2015 1h27 VOSTF
avec Gael García Bernal, Denis Lavant,
Daniel Fanego, Imanol Arias, Sofia
Brito, Sabrina Macch…
C'est un film étrange et assez fascinant,
un récit surréel au croisement de la petite et de la grande Histoire.
En 1952, Eva Peron, bien qu'elle n'ait
que 33 ans, est déjà une icône pour tout
un peuple. Femme du président d'obédience marxisante, elle a obtenu pour
l'Argentine le vote des femmes et a créé
une fondation qui œuvre pour l'émancipation sociale de la classe ouvrière. Mais
la maladie va interrompre brutalement
cette trajectoire hors du commun, un
cancer foudroyant va l'emporter à l'âge
où le Christ est monté sur la croix. Dans
ce pays catholique, la disparition prématurée de la jeune femme à la blondeur
pure, au regard déterminé mais bienveillant, va la transformer en sainte des
forces progressistes, toujours adulée de
nos jours et à qui se réfèrent des générations de femmes politiques, la dernière en date étant Christina Kirschner,
récemment présidente…
Si Eva Peron est une personnalité
connue du monde entier, on ignore généralement le destin rocambolesque
de sa dépouille. Dans la plus pure tradition soviétique, le corps d'Evita Peron
fut embaumé grâce à une technique
ultra moderne (l'injection d'une substance plastique pour remplacer le sang
et momifier les tissus). Rien de très neuf,
Lénine l'avait été bien avant elle…
C'est avec le renversement de son mari
et l'arrivée au pouvoir d'une junte militaire que tout va basculer. Le corps d'Eva
Peron, gardé au mythique batiment de
la CGT, fait l'objet d'un culte bien gênant pour le nouveau pouvoir en place.
Mais les généraux sont des catholiques
convaincus, leur électorat aussi, on ne
peut donc se débarrasser du cadavre de
celle qui pourrait être leur pire ennemie,
même d'entre les morts. Alors va commencer le périple ubuesque d'Eva Peron
momifiée, enlevée en grand secret et
cachée via le Vatican durant près de 25
ans.
Le film, à la construction assez déroutante, à l'esthétique stylisée, au récit extrêmement théâtralisé, mêle avec
maîtrise scènes de fiction et images d'archives passionnantes, montrant bien la
liesse qui entourait chaque apparition de
l'héroïne. Pablo Agüero prend le parti de
mener son récit en suivant des hommes
de l'ombre au rôle trouble : l'embaumeur qui fut de long mois l'unique gardien d'Evita, le sinistre colonel d'origine
française (rappel du rôle de quelques
anciens d'Indochine dans la dictature
argentine) qui eut la mission d'enlever et
de transporter en lieu sûr le corps, bien
plus tard les geôliers d'un des généraux
enlevé pour lui faire justement avouer la
cachette de la dépouille d'Evita. Et enfin un des généraux de 1976, heureux
d'enterrer enfin celle qui tenait une trop
grande place dans le cœur et l'esprit des
Argentins.
Eva ne dort pas est une belle réflexion
sur la valeur symbolique, et éventuellement irrationnelle, des grandes figures
historiques, qui, malgré les périodes
sombres de persécution et de dictature,
ont continué à inspirer des générations
successives.
TOULOUSE
Soirée FADO CINÉ-CONCERT exceptionnelle avec le
duo Minha Lua mardi 29 mars à 20h à Tournefeuille.
Projection en avant-première du film Volta a terra précédée
d’un concert de fado (tarif unique 8€, achetez vos places à
l’avance dès le 23 mars, le film sort le 30/03 à Toulouse).
Minha Lua est un groupe de fado porté par la belle
voix chaude de Victoria Cruz et la guitare élégante de
Gabriel Pancorbo reconnu par la critique et salué par
le public au cours de nombreuses performances en
France, Espagne, Portugal, Brésil, Allemagne, Suisse…
­
Aikido
Franck Noël
7e Dan Aikikai
VOLTA À TERRA
João Pedro PLACIDO
Portugal 2015 1h18
au Dojo de la Roseraie
4, chemin Nicol - 31200 Toulouse
Tél : 05 61 26 10 31
metro Argoulets
www.aikido-noel.com
Cours tous niveaux, du débutant complet
au plus avancé
Tous les jours midi et soir.
Tarifs réduit ado., étudiant et chômeur.
Qui voudrait vivre dans la campagne
perdue en haut des monts du nord du
Portugal ? Pas grand monde. Dans le
village d’Uz, beaucoup sont déjà partis.
Des panneaux avec la mention « vendu »
sont accrochés sur les murs des maisons. Il ne reste plus que quelques irréductibles, une poignée de familles, avec
les anciens et les jeunes, qui s’obstinent
à travailler dans ce lieu où ils sont nés et
à y élever des animaux. En particulier des
vaches magnifiques, mais pas toujours
faciles à faire avancer dans les passages
pentus et parfois glissants.
Au mois d’août, les habitants organisent
des fêtes traditionnelles où ils manient
les outils du passé. Mais, le restant de
l’année, ils ne paraissent pas beaucoup
plus modernisés – on y fauche encore
dans certains endroits à la faux. La région est pauvre, chaque tête de bétail est
un bien précieux, et on compte sur un
nombre minimum de mises à bas dans
l’année. Tandis que la télévision diffuse le
discours d’un homme politique portugais
évoquant la troïka et un « plan de sauvetage » du pays. Une réalité si lointaine, si
hors-champ…
Que signifie avoir vingt ans dans une telle
contrée ? On fait ainsi plus particulièrement connaissance avec Daniel, un garçon sortant à peine de l’enfance, un peu
rêveur, qui n’a pas d’autre destinée que
de faire le même métier que ses aïeux :
paysan. Mais le jeune homme envisage
aussi d’avoir une vie sentimentale et de
se marier.
Au long de ce film qui se déroule sur une
année, la communauté vit au rythme des
saisons – l’hiver y est la saison la plus difficile mais la plus belle à l’écran – et des
rites de la vie quotidienne, notamment religieux. Volta à terra raconte aussi le début d’une idylle. Pendant les fêtes estivales, Daniel fait la connaissance d’une
jeune fille… Une merveille d’authenticité,
de lucidité, de délicatesse, de poésie…
(C. Kantcheff, Politis)
TOULOUSE
PAULINA
(LA PATOTA)
Santiago Mitre
Argentine 2016 1h43 VOSTF
avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez,
Esteban Lamothe, Cristian Salguero…
PRIX DE LA CRITIQUE
INTERNATIONALE ET GRAND PRIX
DE LA SEMAINE DE LA CRITIQUE
FESTIVAL DE CANNES 2015
PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE
FESTIVAL DE BIARRITZ 2015
Paulina, deuxième film du jeune réalisateur argentin Santiago Mitre après El estudiante, s'ouvre sur une longue joute
verbale. Dans le bureau de son juge de
père, dont les ors dévoilent sa haute
place dans la magistrature, Paulina tente
d'expliquer les raisons qui la poussent à
quitter sa prometteuse carrière d'avocate pour aller enseigner dans une région défavorisée. Son père désapprouve
et s'énerve, la jeune femme s'entête :
pour elle, les idéaux politiques ne valent
rien s'ils ne sont pas incarnés, s'ils ne
servent pas des causes justes pour lesquelles il est nécessaire de s'engager
personnellement. Sa ténacité aura raison de son père, et les enjeux du film
sont ainsi posés : là où El estudiante
s'intéressait au discours politique de
manière théorique, voire rhétorique, via
le parcours initiatique d'un jeune étudiant d'une université de Buenos Aires,
Paulina se pose la question de la mise
en pratique concrète de ces idéologies.
Dès son arrivée dans la classe qui lui est
assignée, Paulina se trouve confrontée à
ses contradictions : elle ne parle pas le
dialecte de la région, elle ignore tout des
us et coutumes de ceux à qui elle doit
faire cours et n'arrive pas à contenir certains de ses élèves qui ne semblent que
peu intéressés par cet enseignement qui
lui paraît à elle si essentiel. Mais Paulina
est têtue, elle s'accroche à ses convictions et ne se laisse pas déstabiliser
sans tenter de reprendre le dessus. Et
malgré la désapprobation de son père et
de son fiancé – qui la rejoint moins pour
passer du temps avec elle que pour tenter de la raisonner –, Paulina s'ancre peu
à peu dans cette région hostile, noue
des amitiés, s'échine à faire accepter
son rôle de professeur à des jeunes récalcitrants… Jusqu'au jour où elle est
violemment agressée, et où elle reconnaît dans ses agresseurs certains de ses
élèves. Ébranlée, Paulina n'en perd pas
pour autant sa détermination. Le film
suit alors le cheminement tortueux de
la jeune femme pour réagir aux événements tout en restant en accord avec
ses idéaux et sa vision de l'engagement.
Porté par une actrice fascinante
– Dolores Fonzi dont le réalisateur loue
« le travail mystérieux et si sensible,
sans lequel le film n'aurait aucun intérêt » –, Paulina est un film profondément
troublant, qui parvient à restituer la complexité de ses personnages et des situations qu'ils traversent, à en dévoiler les
enjeux, et à nous faire comprendre des
choix qui pourraient pourtant paraître
impensables. Avant de se tourner vers
la réalisation, Santiago Mitre fut scénariste, notamment des films de son
compatriote Pablo Trapero (Leonera,
Carancho, Elefante Blanco). Cela se
ressent dans Paulina : sans jamais céder au didactisme ni au jugement, il
construit avec une intelligence remarquable une histoire complexe et ambiguë. Il n'hésite pas à brouiller les pistes,
à se jouer de la temporalité, à déplacer
l'axe de la narration d'un personnage à
l'autre pour saisir au mieux leurs motivations. Paulina use ainsi des ressorts dramatiques de la fiction pour approfondir
avec brio les questionnements – amorcés par El estudiante – de la croyance
idéologique, de l'engagement politique
et de leur confrontation à la réalité. En
un mot : brillant.
TOULOUSE
MOBILE ÉTOILE
Écrit et réalisé par Raphaël NADJARI
France/Québec 2016 1h59
avec Géraldine Pailhas, Luc Picard,
Félicia Shulman, Eléonore Lagacé,
Natalie Choquette…
Musique – essentielle pour le film –
de Jérôme Lemonnier
Si vous aimez la musique, si vous êtes
avide d'œuvres rares, attentifs, voire
fascinés par l'expression de la passion
obsessionnelle d'artistes exceptionnels
autant qu'obstinés… alors vous devriez être intrigués, touchés et peut-être
même davantage par ce film délicat qui
se passe pour l'essentiel à Montréal et
raconte l'histoire d'Hannah, chanteuse
classique qui dirige une petite chorale
avec son mari, son fils… et s'est spécialisée dans la recherche de musiques
liturgiques composées dans les synagogues de France à la fin xixe et au début
du xxe siècles. Ça peut paraître « pointu » dit comme ça, mais la découverte
n'en est que plus belle et plus forte.
Le petit groupe vit de concerts et l'originalité de ses productions lui a constitué un public d'amateurs fidèles, émer-
veillés à chaque découverte de trésors
débusqués dans des archives poussiéreuses, de manuscrits parfois difficiles
à reconstituer. Si tous sont embarqués
dans la même aventure où vie privée et
engagement ne sont jamais dissociés,
Hannah est particulièrement immergée
dans cette passion où elle se fond toute
entière, guidée par Samuel, son vieux
mentor exigeant qui justement débarque
de Londres avec un parchemin rare, à
peine déchiffrable… un tyran dont on
sent bien que l'influence agace l'entourage d'Hannah, même si elle reste incontestée.
C'est donc l'histoire d'un groupe de
gens fédérés autour d'une passion,
c'est aussi l'histoire d'une émancipation où l'élève parvient à se dégager de
la vénération portée au « maître » et arrive enfin à donner sa propre mesure : un
cheminement difficile qui comporte aussi de grands moments de fulgurances,
de joies intenses et fusionnelles. On y
voit comment la musique participe de la
construction d'une identité culturelle, le
lien qu'elle crée, la connivence que provoque le partage d'un engagement pas-
sionné.
Il faut dire, pour l'apprécier à sa juste
mesure, que la musique du film est une
création pure de Jérôme Lemonnier,
composée à partir d'éléments de musique liturgique et de poèmes inspirés de la Bible hébraïque et qu'il se
dégage quelque chose de particulier des interprétations, à la fois fondées sur la tradition et néanmoins curieusement modernes comme on dit.
Natalie Choquette, superbe soprano
Québécoise, est la voix de la tout aussi superbe Géraldine Pailhas (on ne s'en
doute pas tant le boulot technique a
été finement fait) et c'est sa propre fille,
talent prometteur du Québec, qui interprète la jeune recrue qui vient redonner
un élan nouveau à la petite troupe.
Jérôme Lemonnier a déjà composé la
musique de plusieurs films (notamment
du beau La Tourneuse de pages de
Denis Dercourt, avec Catherine Frot et
Déborah François). Il raconte : « L'idée
était de créer les chants du film à partir de cent ans d'histoire de la musique
française. Nous voulions une musique à
la fois moderne, romantique, dégagée
de l'empreinte communautaire, mais
fidèle à ce que les musiciens de cette
époque recherchaient : une élégance,
une émotion pure et une fierté. Une manière de se relever par la musique ».
TOULOUSE
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CHEBURASHKA
et ses amis
Film d’animation de Makoto Nakamura
Pour les enfants à partir de 3/4 ans
Cheburashka est une drôle de petite
créature, qui pourrait ressembler à un
ourson en peluche avec une bouille toute
ronde et de grandes oreilles à la Mickey.
Il débarque dans une petite ville russe à
l’intérieur d’une caisse d’oranges venue
d’un pays lointain. Le brave épicier qui
le découvre veut assez logiquement le
confier au zoo de la ville, mais l’établissement ne veut pas le garder au
prétexte que personne ne peut dire à
quelle espèce animale il appartient.
C’est primordial pour l’administration,
l’identité animale… Sans domicile fixe,
Cheburashka va être embauché comme
décoration de vitrine par un brocanteur
dynamique, qui lui propose en guise de
logement la cabine téléphonique voisine
de son magasin… Généreux, le boutiquier ! Bref, ce n’est pas la joie pour
notre ami, qui doit se coltiner avec un
sentiment terrible, la solitude…
Sa chance, c’est qu’il n’est pas le seul
à se sentir seul. C’est aussi le cas de
Gena, qui lui est un citoyen tout à fait
identifié : crocodile de son état, il fait
tous les jours ses huit heures contractuelles au zoo, avant de regagner son
coquet appartement, où il souffre désespérément du manque de compagnie…
Vous avez bien sûr compris que
Cheburashka et Gena sont faits pour se
rencontrer, ils vont devenir les meilleurs
potes du monde, et entreprendre de
construire un endroit formidable qu’ils
vont appeler « La Maison des amis »…
Cheburashka et ses amis est une très
chouette réussite, pleine d’invention et
de drôlerie, jamais niaise.
et plus de 130 films au catalogue :
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LES SAISONS
Jacques PERRIN
et Jacques CLUZAUD
Documentaire France Allemagne
2015 1h37
POUR LES ENFANTS
À PARTIR DE 7/8 ANS
Après avoir parcouru le globe à tire-d’aile
avec les oiseaux migrateurs et surfé dans
tous les océans en compagnie des baleines et des raies manta, Jacques Perrin
et Jacques Cluzaud reviennent pour ce
nouveau film sur des terres plus familières. Ils nous convient à un voyage à
travers le temps pour redécouvrir ces
territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire. L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un
temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle
configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle des saisons se met en
place, le paysage se métamorphose, la
faune et la flore évoluent. L’histoire commence… À un interminable âge de glace
succède une forêt profonde et riche puis,
sous l’impulsion d’hommes nouveaux,
une campagne riante.
Un peu plus qu’un simple film documentaire animalier, Les saisons est une épopée sensible et pédagogique à travers
les âges qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme
aux animaux. Le discours n’est pourtant
pas assommant et si le film s’adresse à
un public large (et donc aussi scolaire), il
reste avant tout très visuel. Pas de grand
exposé scientifique ni trop de blabla universitaire : la beauté des images se suffit à elle-même et les mots, dévoilés avec
parcimonie, ne sont là que pour situer les
grandes lignes du propos. La caméra suit
au plus près les animaux petits et gros,
lents et rapides, prédateurs ou simple
habitants de cette planète bleue et verte
que l’homme et sa technologie n’ont pas
épargnée. Bébés renard et oisillons, majestueux cerfs, sangliers, oies sauvages,
hibou, en solo ou en troupeau, sous le
vent, les feuilles, la neige ou le soleil, le
règne animal est filmé dans toute sa sublime diversité, dans sa sauvagerie autant que son authentique poésie.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
PORCO ROSSO
Hayao MIYAZAKI Japon 1992 1h33 VF
A PARTIR DE 7/8 ANS
Un superbe dessin animé, un grand film
d’aventures, romanesque à souhait, avec
des personnages attachants, de l’humour
à revendre, et même du lyrisme et de la
poésie. Ca se passe en Italie, dans les
années trente, sur les bords et au-dessus de l’Adriatique. Porco rosso (« cochon rouge ») est un pilote d’hydravion
solitaire, qui a élu refuge dans une petite
île déserte. Drôle de citoyen, ce Porco ! Il
était homme et aviateur pendant la première guerre, et il s’est retrouvé cochon,
victime d’une malédiction jamais élucidée. En tout cas, il a gardé son amour du
ciel, sa passion pour l’avion, et plus préci-
sément donc pour l’hydravion, qui règne
en maître en ces contrées maritimes. Les
pirates aériens pullulent, rançonnent les
riverains, profitent de la montée du fascisme en Italie pour imposer leur propre
loi, à coups de kidnappings et de raids
aériens… Les pirates, Porco n’aime pas !
Le fascisme non plus. Alors il emballe le
moteur de son vieux coucou écarlate et
s’en va livrer dans le ciel d’azur des duels
flamboyants.
TOURNEFEUILLE
MIMI & LISA
Tarif unique : 4 euros
Programme de 6 films d'animation
de Katarina KEREKESOVA
Slovaquie 2011-2013 Durée totale : 45 mn
POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4/5 ANS
Au départ de ces petits films assez épatants, une très très bonne
idée : s'attacher à deux copines inséparables dont l'une est
privée de la vue. Timide et non-voyante, Mimi perçoit le monde
différemment grâce à ses autres sens. Lisa, sa voisine de palier délurée, est toujours prête à provoquer des situations amusantes. Ensemble, elles découvrent les univers de leurs voisins
dans lesquels le moindre objet peut devenir le prétexte d’une
aventure fantastique, avec l’imagination pour seule frontière.
MA PETITE
PLANÈTE VERTE
Tarif unique : 4 euros
Programme de 5 films d'animation
Des 4 coins du monde 1995-2015 Durée totale : 40 mn
POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3/4 ANS
Un programme qui aborde intelligemment quelques grandes
questions environnementales, sans discours, sans lourdeur,
au contraire : tout en douceur ludique, drôlerie et poésie, il raconte aux plus petits l'écologie, le bio, les gestes qui font du
bien à la planète.
Bienvenue chez moi – Corée du Sud, 2012, 5mn30
Comme son igloo a fondu, un petit Inuit part à la recherche
d'une nouvelle maison. En chemin, il rencontre des animaux polaires qui fuient. Où trouver un nouveau chez soi ?
Comment aider les animaux ?
S'il vous plaît, goutelettes ! – Mexique, 2013 5mn
Ponkina aime jouer avec l'eau. Parfois, forcément, elle en
gaspille un peu trop. Si bien qu'un jour, il n'y en a plus ! La
petite fille décide alors d'aller trouver la source de l'eau bienfaisante…
Paola, poule pondeuse – Belgique, 2008, 6mn
Paola est une poule qui travaille dans une usine où elle pond
à la chaîne. Un jour elle reçoit une carte postale de sa cousine qui vit bienheureuse dans une ferme. Pas d'hésitation,
Paola va s'évader et la rejoindre. C'est une nouvelle vie qui
commence !
Prends soin de la forêt, Pikkuli ! – Finlande 2015 5mn
Par une belle journée, au fond des bois, les animaux ont
l'idée d'organiser une grande fête, avec de la musique et des
danses. Mais la forêt est pleine de déchets, de toute sorte
d'objets dangereux. Un tout petit oiseau prend alors les
choses en main.
Le Bac à sable – Canada, 1995, 13mn
Il faut absolument une maison pour l'ours en peluche !
Deux enfants imaginent un vaste espace pour leur compagnon. Mais attention, ce n'est pas facile de protéger un animal sauvage. Ni même de préserver un coin de nature…
TOURNEFEUILLE
N'aie pas peur du noir
Mimi a construit un superbe château de cubes dans sa
chambre. En découvrant sa création, Lisa l’entraîne à l’intérieur. Mais les lieux sont hantés par la poupée de Lisa, un malicieux fou du roi.
Adieu, grisaille !
Aspirée dans un monde de couleurs, la gardienne de l’immeuble
se retrouve piégée par le gris qu’elle aime tant. Mimi et Lisa
partent la sauver en lui montrant la beauté des autres couleurs.
Le Jeu de cartes
Alors qu’elles jouent aux cartes en cherchant des paires
d’animaux, Mimi et Lisa sont interrompues par deux voisines
couturières. Il n’en faut pas plus pour qu’elles se retrouvent
dans un monde de tissus dans lequel tous les animaux sont
en double, à l’exception d’un crocodile esseulé.
Où est passée l'ombre
Mimi et Lisa ont besoin de l’ombre d’un arbre pour jouer tranquillement dans la cour de l’immeuble. En cherchant des
graines sur le balcon d’un voisin, elles tombent dans un pot
de fleur et atterrissent dans une jungle sauvage.
Monsieur Vitamine
Une artiste lyrique vient de perdre sa voix à cause d’un virus
amoureux de rock and roll. Avec l’aide de Monsieur Vitamine,
Mimi et Lisa partent déloger le microbe qui tambourine dans
la gorge de la chanteuse.
Le Poisson invisible
Dans un grand aquarium, un poisson magique doit se rendre
invisible pour échapper aux moqueries des autres espèces
aquatiques. Mimi et Lisa décident de le retrouver pour l’aider
à assumer sa différence.
TOULOUSE
NO LAND'S SONG
Film documentaire écrit
et réalisé par Ayat NAJAFI
Iran/France 2016 1h31 VOSTF
avec Sara Najafi, Parvin Namazi, Jeanne
Cherhal, Elise Caron, Emel Mathlouthi…
Imaginez un instant ce que serait la
scène musicale française sans qu’aucune femme ne puisse chanter seule
sur scène. Imaginez que toutes nos
chanteuses soient dans l'impossibilité
de se produire devant un public mixte.
Imaginez qu’elles soient contraintes,
pour pouvoir être sur scène, de se placer docilement au second plan, dans les
décors, derrière des interprètes uniquement masculins. Imaginez encore qu’on
leur demande fermement de ne pas trop
pousser leur voix et si possible de se limiter à des chuchotements, de se faire
discrètes, de devenir invisibles…
Cela semble impensable. C’est pourtant
la réalité que vivent les femmes dans
la République islamique d’Iran : elles
n’ont pas le droit de chanter en public, à
moins que l'audience ne soit composée
uniquement que de leurs semblables
(entendre par semblables : « femmes,
êtres inférieurs à l’homme »). Un interdit
d’une violence inouïe qui prive les « auteures compositrices » du plaisir singulier de jouer pour les autres, de vivre sur
scène un art qui est fait pour être partagé, pour vibrer à l’unisson.
Cet état de fait imposé par un régime
autoritaire et considéré par tous comme
une immuable fatalité, Sara Najafi, auteure et compositrice de Téhéran, a décidé de lui tordre le cou. Mais « tordre
le cou », quand on est une femme, une
audacieuse autant que charismatique
artiste, on se doit de le faire avec intelligente et talent, avec grâce et délicatesse, avec persévérance et diplomatie.
C’est cette histoire que nous raconte
cet incroyable documentaire, l’histoire
d’une femme qui veut faire chanter des
femmes dans une société patriarcale
qui connut pourtant un passé libre où
une femme pouvait chanter et danser
l’amour devant un public conquis composé de ses semblables (entendre par
semblables : êtres humains des deux
sexes jouissant des mêmes droits – ou
presque).
Sara va monter un projet ambitieux et
fou : organiser un concert officiel pour
femmes solistes en faisant monter sur
scène non seulement des Iraniennes
(Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi) mais
aussi deux Françaises (Elise Caron
et Jeanne Cherhal) et une Tunisienne
(Emel Mathlouthi, qui donna une série
de concerts lors du printemps Tunisien).
Mais rien ne peut se faire sans l’accord
des autorités et du terrible département
culturel, qui va tout mettre en œuvre
pour empêcher le concert…
No land’s song se vit presque comme
un film d’aventure, avec du suspens,
des rebondissements et des déceptions, avec des instants de grâce nés
de l’extraordinaire beauté des voix et
de la musique iranienne et de très forts
moment de partage que seule la langue
commune de la musique sait faire naître.
Et au-delà de la musique, bien sûr, c’est
une plongée dans le système kafkaïen et
souvent totalement ridicule d’une « république islamiste » qui ne sait plus sur
quel pied danser, entre un renouveau politique incarné par l’élection du président
Hasan Rohani et une vision sclérosée
venue d’un autre âge. Mais heureusement, en Iran, en Egypte, en Tunisie,
comme hier au Chili, en Argentine, en
Tchécoslovaquie… : Kelmti Horra ! (en
arabe : « ma parole est libre », chanson
de Emel Mathlouthi)
TOURNEFEUILLE
Jeudi 31 mars à 20h30 à Toulouse, projection unique
suivi d’une rencontre avec Françoise Lavisse, la
réalisatrice, et Jean Pierre Mercier, ouvrier cariste délégué
syndical CGT chez PSA Aulnay. Soirée organisée avec Les
Amis du Monde Diplomatique et l’Université Populaire de
Toulouse, avec la participation des syndicats CGT, SUD et
FSU (achetez vos places à partir du 23 mars).
COMME DES LIONS
Film documentaire
de Françoise DAVISSE
France/Belgique 2015 1h55
Le film commence par la fin. Point de
surprise puisque l'usine Peugeot d'Aulnay, fleuron de la marque durant des décennies a, malgré quatre mois de grève
d'une partie de ses ouvriers, fermé ses
portes en Avril 2014, victime des stratégies financières d'un grand groupe pourtant bénéficiaire et largement aidé par
l'Etat. Dans la séquence d'ouverture, on
voit quelques ouvriers autrefois grévistes
dans leur usine à l'arrêt, en passe d'être
démantelée, exprimer leur sentiment. Et
étrangement, au lieu d'être hébétés, résignés, écœurés, ils ne se montrent pas
peu fiers d'une lutte qui non seulement
leur a apporté des avancées significatives mais a surtout prouvé la force de
la solidarité ouvrière et sa dignité inaliénable. Vous l'aurez compris, Comme des
lions est un magnifique portrait de travailleurs que rien, pas même la perspective
du chômage injuste, ne semble devoir
abattre.
Mais revenons deux ans auparavant. Les
chaînes de montage tournent à plein,
l'usine fabrique la célèbre C3, grand succès que l'on peut croiser à chaque coin
de rue. L'usine semble une fourmilière,
où les ouvriers de toutes origines (plus
de quarante nationalités différentes) se
côtoient, symbole d'un monde ouvrier
qui transcende les différences culturelles. Et puis tombe, anonyme, dans la
boîte aux lettres du syndicat CGT PSA,
la copie d'un plan secret du groupe pour
fermer l'usine et sceller le sort de ses
3000 ouvriers. La réalisatrice, habitante
de Saint-Denis et voisine du secrétaire
CGT de l'usine Philippe Julien, filme les
premières réunions, les premières mobilisations, les premières entrevues avec
les politiques, notamment avec François
Hollande qui, en pleine campagne présidentielle et sous le regard des caméras,
promet aux « lions » de se battre pour
eux. Et puis, malgré le déni initial de la
direction, le couperet tombe et PSA annonce – comme par hasard au cœur de
l'été 2013 – la fermeture d'Aulnay. Ce sera ensuite le Plan Social d'Entreprise en
Octobre et à partir de Janvier 2014 le début de la grève, les promesses des ministres (le très beau parleur Montebourg),
les actions coup de poing, comme l'occupation du siège du MEDEF ou de la
Direction du Travail.
Comme le disait le regretté philosophe
marxiste Daniel Bensaïd, « Les seuls
combats que l'on perd sont ceux que l'on
n'a jamais menés. »
TAKLUB
Brillante MENDOZA
Philippines 2015 1h37 VOSTF
avec Nora Aunor, Julio Diaz,
Aaron Rivera… Scénario de Mary
Honeylyn Joy Alipio
Brillante Mendoza est l'un de ces réalisateurs qui semble faire du cinéma
par nécessité absolue tant ses films témoignent de la situation d'un pays, audelà des récits personnels, petits ou
grands. Toujours surgissent, derrière
l'histoire qu'il raconte, des moments,
des réalités parfois difficiles, la situation d'une ville, la débrouille de ses habitants. La solidarité aussi.
Taklub s'inscrit tout à fait dans cette démarche mais de manière plus frontale
encore, puisque le film s'attache à raconter un épisode particulièrement tragique : l'après typhon Haiyan, qui a dévasté la ville de Tacloban aux Philippines
en 2013.
Le film commence par un incident dramatique, avant même qu'on ait pris
conscience de l'ampleur du désastre lié
au typhon : un incendie. Nous n'avons
pas pu apprécier la situation que nous
sommes déjà dépassés par l'urgence du
moment. Peu à peu, on comprend que
c'est une tente d'un camp de fortune
qui est en feu. Panique, entraide… tout
va très vite… rien à faire… drame sur
drame, cette famille qui avait été épargnée par le typhon est aujourd'hui touchée par les flammes…
Mais point de pathos : dès le lendemain, la communauté s'organise et des
initiatives de soutien surgissent d'ellesmême. Le film suit les déambulations de
plusieurs personnages. Bebeth tient une
cantine de fortune avec sa fille. Elle recherche ses enfants qui probablement
n'ont pas survécu à la catastrophe. Mais
elle organise également une collecte
pour aider la famille touchée par l'incendie, elle fait la cuisine pour la communauté, s'enquiert en permanence de ses
voisins et proches. Larry, veuf, s'investit
dans un groupe religieux qui récolte des
fonds pour aider les survivants. Il participe à porter une croix au milieu des
tentes, le tout sans réussir vraiment à se
défaire de la culpabilité de n'avoir pas
réussi à protéger sa femme. Erwin et
son frère prennent en charge leur petite
sœur et apprennent à vivre sans leurs
parents…
Tout ça est montré de manière quasi documentaire : l'image est très réaliste, les
acteurs se fondent dans le décor, dans
la foule, les couleurs sont sourdes pour
correspondre à l'atmosphère des lieux,
et le film raconte ainsi, au plus près du
quotidien, l'histoire de ces personnages
et la manière dont ils parviennent à faire
leur deuil. Le décor est là, post-apocalyptique, mais sans surenchère spectaculaire. Ce sont des bateaux énormes
échoués au milieu des ruines, des débris surplombés par des habitats de fortune… Cette réalité à laquelle le réali-
sateur ne semble pas prêter attention
(c'est simplement là) nous saute aux
yeux et rend compte d'une situation qui
ne nous est jamais rapportée par les
médias. La force du film est là : nous
montrer la vie qui reprend après la catastrophe alors que le traitement médiatique fait que, une fois l'émotion de la
catastrophe passée, nous ne revenons
jamais sur les lieux.
C'est probablement (et paradoxalement)
l'une des œuvres les plus optimiste de
la filmographie de Mendoza : là où des
films comme Kinatay et Lola mettaient
en avant une violence sociale protégée
par un régime corrompu, Taklub raconte
une forme de « lâcher prise » face à la
fatalité de la situation. La population,
malgré les difficultés terribles qui l'accablent, a le réflexe de se rassembler
pour affronter ensemble le quotidien et
amorcer la reconstruction.
Travailler sur un drame comme celuici sans jamais mettre le spectateur en
position de voyeur, toujours garder une
distance respectueuse vis à vis de ses
personnages… C'était probablement le
meilleur moyen de rendre hommage aux
victimes et c'est d'ailleurs l'une des raisons qui ont poussé Brillante Mendoza à
réaliser ce film. Cette distance crée une
émotion toute particulière et rend les
personnages extrêmement attachants.
Car ce qui ressort du film, c'est important de le souligner, c'est la vie qui suit
son cours, qui s'adapte, se réajuste et
trouve des solutions jour après jour.
TOULOUSE
LES ARDENNES
Robin PRONT
Belgique flamande 2015 1h33 VOSTF
avec Jeroen Perceval, Kevin Janssens,
Veerle Baetens, Sam Louwyck, Jan
Bijvœt… Scénario de Jeroen Perceval
et Robin Pront
Ami spectateur, si tu ne rêves que de
bluettes, de comédies légères, d'histoires à l'eau de rose, l'honnêteté la plus
élémentaire nous oblige à te conseiller
de passer ton chemin. Ce séjour dans
les Ardennes belges n'est pas pour toi.
Ce n'est rien d'autre en effet qu'une tragédie que nous propose le réalisateur
flamand Robin Pront. Pas un drame,
non, une tragédie, une vraie, à l'antique.
De celles qui faisaient dire à Georg
Lukacs, philosophe et grand spécialiste
de la littérature, que lorsque le rideau se
lève « l'avenir est déjà présent depuis
l'éternité ». On laissera aux spécialistes
le soin de déterminer si George Lucas
connaissait la pensée de son presque
homonyme en créant Star Wars.
Le film s'ouvre sur l'échec d'un casse.
Kenny se fait arrêter et il ne dénoncera ni
sa petite amie Sylvie, ni son jeune frère
Dave qui ont pu s'échapper. L'histoire
commence vraiment quatre ans plus
tard, à sa sortie de prison, alors que bien
des choses ont changé. Sylvie a rompu,
non seulement avec Kenny, mais aussi
avec la coke à laquelle elle n'a pas touché depuis deux ans, et surtout, elle vit
désormais une relation amoureuse avec
Dave. Cela, il faudra bien le dire à Kenny
et le plus rapidement serait le mieux,
mais cela n'a jamais été facile de lui parler et la prison n'a en rien apaisé la rage
qui sourd en lui, toujours prête à se retourner contre lui-même ou contre ceux
qu'il aime.
Ce n'est pas la Flandre opulente qui sert
de cadre à ce film et peu importe si on
y parle néerlandais ou français, nous
sommes plutôt dans l'univers des frères
Dardenne, chez les prolos, les précaires,
les chômeurs, les délinquants petits ou
grands. Le copain d'école qui s'en est
sorti possède des boîtes de striptease
à la légalité probablement douteuse.
Tous les autres galèrent. Et dans cet uni-
vers d'une noirceur totale, Robin Pront,
le réalisateur, et Robrecht Heyvaert, son
directeur de la photographie, nous proposent des images d'une force inouïe.
Qu'il s'agisse des deux frères silencieux
derrière la vitre d'une voiture ou celle
d'un snack, qu'il s'agisse de la forêt ou
des ciels ardennais gorgés d'eau, des
plans d'une totale beauté, jamais artificielle, rythment le film. Tout comme
la bande son – martèlement de la musique électronique, bruit de la machine
de lavage des voitures, ballade d'Adamo… – qui fait partie intégrante de la
narration qu'elle accompagnera jusqu'à
son inéluctable fin. Inéluctable car nous
sommes dans la tragédie, mais non
sans surprise toutefois. Parmi les acteurs, tous impeccables, vous reconnaîtrez Veerle Baetens, l'héroïne d'Alabama
Monroe, et Jan Bijvoet, tête d'affiche de
Borgman et de L'Étreinte du serpent.
Décidément, d'Alabama Monroe à
Bullhead, de Les Premiers les derniers à
Belgica, le cinéma belge connaît un moment de grâce. Aussi, rien que pour cela, ami spectateur du début de cet article, tu feras fi de ta méfiance et tu te
laisseras prendre dans les rêts tendus
par Robin Pront. Puis, comme nous,
surpris qu'il puisse s'agir d'un premier
long métrage, tu attendras avec impatience le deuxième film de ce réalisateur.
TOULOUSE
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Après Une Séparation et À propos
d’Elly, disponibles en HD, deux autres
films d’Ashgar Farhadi
LES ENFANTS DE BELLE VILLE
Écrit et réalisé par Ashgar Farhadi
Belle Ville, c’est un quartier de Téhéran
où se trouve un centre de détention pour
mineurs. Akbar y fête son dix-huitième
anniversaire, qui signifie pour lui transfert vers la prison des adultes et au bout
du chemin l’exécution capitale : il a été
condamné à mort pour avoir tué, deux ans
plus tôt, sa bien aimée : ce devait être un
suicide romantique à deux, pour fuir l’oppression et les tabous de la société, mais
il a survécu… Seule solution pour éviter
l’inéluctable : obtenir du père de la victime
le pardon qui signifierait la grâce, puisque
la loi du Talion prévaut dans la justice
iranienne… Ala, son meilleur ami, détenu
avec lui, va alors se débrouiller pour être
libéré, il va demander de l’aide à Firoozeh,
la sœur aînée d’Akbar… Ashgar Farhadi
suit pas à pas ce formidable combat pour
la vie et livre une analyse intelligente et
subtile de la société iranienne, incroyablement complexe et contradictoire.
LA FÊTE DU FEU
Écrit et réalisé par Ashgar Farhadi
Rouhi est à deux doigts du mariage, et
nage en pleine félicité. Pas riche, elle joue
les aide-ménagères et atterrit par la grâce
d’une agence d’intérim dans un couple
en pleine crise. C’est le bordel dans la
maison, et la belle maîtresse des lieux vit
une crise intense de suspicion, collant ses
oreilles sur les bouches d’aération de la
salle de bain pour tenter d’entendre ce qui
se passe chez sa voisine, qu’elle soupçonne d’avoir emberlificoté le cœur de son
mari. Soupçonneuse de tout, elle voit d’un
sale œil tout d’abord cette Rouhi envoyée
par son mari, la paie pour qu’elle s’en aille,
puis la rappelle, puis l’envoie chez sa voisine pour l’espionner…
et plus de 130 films au catalogue :
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MUSTANG
Deniz Gamze ERGÜVEN
Turquie 2015 1h37 VOSTF
avec Günes Sensoy, Doga Zeynep
Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan,
Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan...
Scénario de Deniz Gamze Ergüven
et Alice Winocour
C’est le dernier jour de l’année dans
ce collège d’un village de bord de mer.
Sentiments contradictoires : tristesse de
quitter ses camarades de classes, joie
d'être en vacances. Lale et ses quatre
sœurs serrent bien fort copines et copains dans leurs bras. Lale se montre
particulièrement émue par le départ
d’une de ses enseignantes pour Istanbul.
Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux qui
restent : les cinq sœurs et quelques garçons se dirigent vers la plage pour se
prêter à des batifolages aquatiques gentiment chahuteurs.
Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont
pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences
inattendues. L’honneur est en jeu, il faut
répondre à l’accusation d’une voisine,
une de ses gardiennes d’une morale d’un
autre temps qui crie à la débauche. La
grand-mère se lamente, l’oncle l'accuse
de laxisme et promet la remise au pas.
Mais rien ne semble atteindre cette fratrie unie comme les doigts de la main,
ces cinq filles belles comme des cœurs,
vives, espiègles, d'une complicité qui
crève l’écran.
Puis vient la goutte d'eau qui fait déborder le vase du puritanisme familial
lorsqu'elles bravent l’interdiction de se
rendre à un match de foot : le pot au rose
est découvert au travers d’une scène assez comique. À partir de là, serrage de
vis en règle. Une vaste entreprise matrimoniale se met branle et dès lors tout sera fait pour empêcher les sœurs d’échapper à leur destin contraint. On met sous
clef ordinateurs et téléphones, on installe
des barreaux aux fenêtres, on rehausse
les murs d’enceinte de la maison, qui
se transforme en prison. Tout est mis en
œuvre pour éduquer ces jeunes femmes
à devenir de bonnes épouses, dociles,
respectueuses de leur mari, de la tradition, de la religion. A la rentrée, aucune
ne retourne à l’école, les cours de pratiques ménagères suffisent ! Mais le désir
de liberté et d'accomplissement personnel est toujours là...
TOURNEFEUILLE
IN JACKSON HEIGHTS
Film documentaire
de Frederick WISEMAN
USA 2016 3h10 VOSTF
Alors que les chaînes d'info font leur
choux gras d'une des campagnes présidentielles les plus puantes que les EtatsUnis aient connues – avec son clown peroxydé, outrancier, raciste et misogyne
en meneur de revue –, le grand Frederick
Wiseman nous donne une magnifique
lettre d'amour à ce pays de contrastes.
Et ça fait un bien fou. Malgré Donald
Trump, malgré les flics pères la bavure,
malgré les armes en vente libre qui tuent
quotidiennement, on n'a qu'une envie à
la fin de In Jackson Heights : rejoindre la
grosse pomme et plus particulièrement
ce petit quartier new yorkais qui nous
réconcilie avec l'Amérique qu'on aime.
In Jackson Heights c'est, en trois petites heures qui ne doivent pas vous effrayer parce qu'elles passent comme un
charme, la plongée au cœur de la vie de
ce quartier niché dans le Queens, un peu
à l'écart de l'effervescence économique
et mondaine de Manhattan, quelque part
de l'autre côté de l'East River.
Frederick Wiseman est le roi de l'immersion documentaire, toujours sans commentaire, presque toujours sans interview, juste sa caméra qui pénètre au
cœur des situations et des conversations, qui se fait discrète voire invisible.
Wiseman a filmé avec une empathie
communicative les lieux ou les institutions les plus divers : des asiles, les coulisses de l'Opéra de Paris, la National
Gallery, une salle de boxe, l'université de
Berkeley… Il a aussi filmé des communautés tout entières, avec un regard parfois acide comme dans Aspen, portrait
de la célèbre station de ski du Colorado,
paradis de la jet set, ou un regard plus
tendre comme c'est le cas ici.
Jackson Heights est un exemple étonnant du vivre ensemble : pas moins de
167 nationalités s'y côtoient, avec régulièrement de nouveaux arrivants. Et
le choix de Wiseman de débuter le film
sur des images de jeunes Musulmans au
sein d'une école coranique n'est pas innocent, dans un pays où le spectre du
11 Septembre a généré une intense paranoia islamophobe… Jackson Heights
est aujourd'hui devenu un quartier majoritairement latino, avec de fortes communautés colombiennes et portoricaines, auprès desquelles vivent des
minorités pakistanaises, tibétaines…
sans parler des descendants des premiers immigrants italiens ou irlandais,
comme son chaleureux maire Daniel
Dromm. À cela s'ajoute une spécificité :
Jackson Heights, pourtant bien loin des
célèbres quartiers gays de Chelsea ou
Hell's Kitchen, fut un des premiers quartiers à avoir sa parade LGBT, sous l'impulsion justement de Daniel Dromm, un
des premiers à faire une place aux trans-
sexuels, la plupart hispanophones.
Le montage virtuose et malicieux de
Frederick Wiseman montre avec jubilation cette diversité : des petites grands
mères WASP parlent des cimetières oubliés devant un thé et peu après c'est
au tour des transgenres d'évoquer l'indifférence policière face à l'homophobie, avant de retrouver quelques survivants de la Shoah au fond d'une
synagogue. Cette balade a un charme
fou, elle pourrait être quelque peu anecdotique si Wiseman ne mettait pas en
évidence, comme un fil directeur, les
dangers qui pèsent sur cette harmonie
fragile, notamment la spéculation immobilière qui menace d'exproprier des petits commerçants installés là depuis plusieurs décennies au profit de grandes
enseignes plus lucratives. Face à cette
gentrification rampante, on voit émerger
une tentative de résistance, la construction d'une démocratie locale en action.
Wiseman réussit ainsi plusieurs paris : nous faire découvrir un petit bout
d'Amérique fier de sa diversité et respectueux de ses différences, nous alerter sur ce qui peut le menacer – en premier lieu la course aux profits – et enfin
nous montrer comment la démocratie
peut prendre des chemins de traverse,
bien loin de la politique-spectacle des
Trump, Clinton et consorts.
TOULOUSE
Demain on refait le monde !
Le cycle sur les initiatives
citoyennes réjouissantes continue
et s'amplifie grâce à vous ! Vous
trouverez dans ces pages des
débats, des rencontres, des idées
pour participer. Mais on attend aussi
les vôtres !
Le prochain rendez-vous avec
un débat autour du film est à
Tournefeuille le 3 mai sur l'économie
solidaire et il sera animé par IéS.
Avant la projection, à partir de
19 heures, il y aura un ou plusieurs
stands dans le hall pour vous
présenter des systèmes d'échanges
locaux différents. Seront présents
les SEL de Cocagne, mais on
espère bien la présence d'autres
collectifs pour nous parler des
zones de gratuité, des Sols Violettes,
d'Alternatiba… etc…Ceux qui ont
envie de tenir un stand peuvent
appeler Utopia Tournefeuille :
05 34 51 48 38.
D'autres moments d'échange sont
en train de se mettre en place
avec les groupes d'Alternatiba.
On organisera avec eux des
journées de rencontre, avec des
stands et des ateliers autour 5
thématiques du film : l'alimentation
responsable, l’énergie, les échanges
économiques alternatifs, l’éducation
et la démocratie.
Ne loupez pas non plus le débat
du 17 avril à 10h autour du
film Médecin de Campagne.
Une occasion de rencontrer
des soignants qui participent à
la rédaction des cahiers de la
médecine Utopique et d'aborder
des sujets comme celui de la
marchandisation de la santé.
Mais pour échanger après les
séances des films n'attendez
pas après des experts, des
conférenciers ! Après chaque
projection de Demain vous pouvez
aller bavarder tous ensemble
dans le coin cheminée. Vous y
trouverez un livre d'Or dans lequel
vous pourrez noter vos idées, vos
actions, vos projets… Il est mis en
place par Christian Durante artiste
sculpteur, animateur de La Baleine.
À ce propos alors que Christian
se bat comme un bon petit diable
pour mettre la Baleine aux normes
handicapé-e-s, la municipalité de
Plaisance du Touch vient de lui
interdire de fonctionner !
Toutes les actions possibles sur :
www.labaleine31.com
AU PIED DU MUR
Film documentaire de Gil CORRE
France 2015 1h27 VOSTF
Et les Chrétiens ? Voilà un documentaire unique et beau à voir : Gil Corre a
un talent certain pour réaliser de belles
images nourrissantes et sensibles.
Unique ?
Si la communauté internationale a pris
conscience récemment du sort réservé
aux Chrétiens du Moyen Orient, persécutés en Irak et en Syrie par l'extrémisme
islamiste, sous la bannière de EI ou celle
d'Al-Qaida… elle ignore toujours tout de
la communauté chrétienne de Palestine
et on ne connait pas de film qui aborde le
sujet. Certes, ils sont de moins en moins
nombreux : poussés à l'exil, leur population diminue inexorablement.
Doit on (peut-on ?) imaginer une « Terre
Sainte » bientôt débarassée des descendants des premiers Chrétiens ? Ceux
qui décident de rester se retrouvent aujourd'hui désemparés et, dans tous les
sens du terme, au pied du Mur.
Gil Corre est allé à la rencontre de
femmes et d'hommes qui, malgré leur
petit nombre, résistent à l'occupation.
Leur présence sur cette terre est choisie,
riche de sens et le film raconte leur diversité, les valeurs qui les fondent et leur attachement à une culture, à un patrimoine,
à une terre habitée par les Chrétiens depuis plus de 2000 ans.
Une façon d'aborder le conflit israelo-palestinien autrement qu'à partir de la vision
d'une lutte entre Juifs et Musulmans.
La chaleur des témoignages, les voix
contrastées expriment des différences,
mais le font en toute tranquillité car
l'empathie du réalisateur est évidente.
Chacun a été filmé sur son lieu de vie :
ses terres pour l'agriculteur, son église
pour le prêtre, son dispensaire pour le
médecin, son école pour l'enseignant…
Leur mise en situation fait la part belle
au paysage et au contexte. C'est leur attachement à cette terre qui justifie leur
combat pour rester vivre au pays, quels
que soient les écueils de l'occupation.
Tout fait sens et ce décor de Palestine
porte l'histoire ancestrale d'une terre qui
est sainte pour les 3 religions du Livre :
juive, chrétienne et musulmane. La parole a pour cadre des lieux mythiques
autant qu'historiques. Mais le paysage
porte aussi la trace extrêmement visible
des enjeux qui se livrent aujourd'hui : les
colonies juives de peuplement, la balafre
que trace du Nord au Sud le Mur de séparation, les oueds étouffés par les détritus, les vestiges millénaires disputés
par les trois religions, la concurrence des
églises et des mosquées… mais aussi
le spectacle de cette surprenante bouffée de liberté et du « vivre ensemble » où
l'on découvre, fanfares et cornemuses en
tête, le défilé de fête bon enfant de milliers de chrétiens palestiniens dans les
rues de Ramallah.
La bande son aussi est superbe, chants
religieux ou profanes, musiques porteuses de toutes les cultures qui traversent cette communauté polyglotte et
contribue à la transmission d'un humanisme profond.
TOURNEFEUILLE
DEMAIN ON REFAIT LE MONDE
Mardi 3 mai à 20h à Tournefeuille, la projection sera suivie d'une rencontre avec la coopérative IéS
(Initiatives pour une Économie Solidaire) et la Nef. L'argent : le nerf de la guerre ? Pour « changer le monde »,
on peut aussi épargner différemment, choisir de soutenir des projets qui ont des valeurs qui nous conviennent,
qui font du respect de l'autre et de l'environnement leur priorités… (places en prévente dès le 20 avril).
IéS est une société de financement coopératif qui propose à tout un chacun d’investir financièrement dans des entreprises sociales et
solidaires locales, et de contribuer à leur développement par un suivi régulier. Les investisseurs citoyens qui rejoignent IéS peuvent aussi
participer démocratiquement à la vie de la coopérative, et bénéficier de formations. Autant dire que c'est aussi et peut-être avant tout
une formidable aventure humaine à la portée de tous ! Même si on n'est pas riches, ensemble on peut beaucoup… www.ies.coop
sens du terme, qui nous montre bien que
tout est lié, qu'il s'agit bien d'un problème
politique, là aussi dans le sens noble du
terme. Et il présente des actions, des alternatives concrètes qui sont mises en
œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à
bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies
renouvelables, dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant,
c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un
monde qui tient la route, qui existe, où
tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les domaines,
c’est forcément inspirant ! »
DEMAIN
Film documentaire de Cyril DION
et Mélanie LAURENT
France 2015 2h
Qui n'a pas eu envie de changer le
monde ? Au moins de le rendre meilleur ? Qui n'a pas rêvé d'un monde où
chacun mangerait à sa faim, et sainement, aurait un toit, de qualité, pourrait
circuler librement, où l'argent ne serait
plus le roi, mais juste un moyen, où l'air
ne serait plus pollué jusqu'à l'asphyxie,
où les océans ne seraient plus pillés par
la pêche industrielle ni envahis par le pétrole ou le plastique, où les champs, les
arbres, les animaux ne seraient plus empoisonnés par les pesticides, infectés
par la radioactivité invisible, inodore ?
Un monde où l'intérêt commun serait
compris de toutes et tous : la nécessité de nous inventer une nouvelle et belle
vie, maintenant, pendant qu'il est encore
temps, pour que demain ne soit pas le
résultat inéluctable de nos errements…
Loin de l'écologie triste et punitive, loin
du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez
voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l'adversité, notre
extraordinaire capacité à imaginer, notre
extraordinaire capacité à faire.
Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à
travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable :
Inde, États-unis, Canada, Danemark,
Allemagne,
Islande,
Scandinavie,
Finlande, Grèce, France…
Le film est composé de cinq chapitres :
agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur
Tout s'enchaîne judicieusement et vient
renforcer la certitude qu'il faut d'urgence opérer une rupture symbolique,
mais aussi pratique avec notre système
actuel fondé sur le pétrole et les autres
énergies fossiles, sur le nucléaire, sur
le productivisme, sur le consumérisme,
sur la financiarisation de l'économie, sur
l'éducation normative et compétitive…
Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement
Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et
réalisatrice, tous deux activistes pour un
monde meilleur, ont réussi leur coup : sur
les thématiques qu'il aborde, Demain est
un film-somme, essentiel, un outil d'information et d'action qui est aussi un
spectacle passionnant et exaltant.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
Agenda 21 et participation
citoyenne.
Vous aussi vous pouvez vous
inscrire dans ces démarches !
L’Agenda 21 ? C’est un grand
programme d’action pour le
xxie siècle adopté par 173
chefs d’États lors du sommet
de la Terre à Rio de Janeiro
en 1992. On y déclarait « Les
êtres humains sont au centre
des préoccupations relatives
au développement durable.
Ils ont droit à une vie saine et
productive en harmonie avec la
nature. »
Il y était question des
problématiques liées à la santé,
au logement, à la pollution de
l’air, à la gestion des zones
naturelles, des ressources en
eau, de la gestion des déchets…
Depuis, cahin-caha, certaines
collectivités territoriales s’en
sont emparées, mais nous tous
citoyens pouvons aussi le faire
et y participer pour accélérer
le processus, faire bouger les
lignes, exprimer nos besoins, nos
envies… Ensemble on dresse
des constats sur ce qui se passe
dans notre ville, puis on essaie
de trouver des solutions, de faire
des propositions concrètes pour
améliorer la qualité de l’air qu’on
respire, limiter le réchauffement
climatique… C’est à nous
tous de nous préoccuper de
créer des zones harmonieuses,
d’échanges, de convivialité.
À Tournefeuille, des habitants se
sont déjà investis : vous pouvez
à tout moment les rejoindre, il
suffit de s’inscrire sur le site de
la ville (mairie-tournefeuille.fr).
Trois groupes ont été constitués :
le premier sur l’alimentation,
la santé, le climat… Le second
à pour thème « se déplacer
autrement au quotidien »…
Dans le troisième on prépare une
charte, un règlement pour faire
des appels à projets citoyens,
le but étant que les habitants
et usagers de la ville puissent
participer activement à la vie
de la cité, que leurs initiatives
positives soient entendues et
soutenues.
AGROFORESTERIE ET APICULTURE : dans le cadre de la Semaine
sans pesticides, projection unique mardi 29 mars à 20h30 à
Toulouse suivie d'un débat avec Olivier Fernandez, président
du Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, et Alain Canet, président
de l'Association Française d'Agroforesterie, sur les pratiques
agricoles respectueuses de l'environnement, organisée avec Arbres
et Paysages du Gers (achetez vos places à partir du 20 mars).
LA MAGIE DES HAIES
Sébastien Bradu
et Marie-Odile Laulanie
Documentaire France 2009 1h18
taine d’intervenants racontent leur expérience : agriculteurs, éleveurs, scientifiques, vignerons, boulangers...
Prix du meilleur film étranger au festival de film de Portneuf sur l’environnement (Québec). Hérisson d’or au 24e
Festival International du film nature et
environnement de la FRAPNA.
Les pesticides néonicotinoïdes ont une
lourde responsabilité dans le déclin des
pollinisateurs en général et des populations d’abeilles en particulier (30 à 40%
au niveau mondial, avec des pointes à
60% dans certaines zones du Sud-Ouest
de la France).
Après le remembrement brutal des années 60 et 70, une ode au rôles des haies
dans le paysage : protection de la faune
sauvage, des paysages, des cultures, de
la biodiversité ; lutte biologique intégrée,
qualité des eaux, ressources en bois,
baies et majesté du bocage. Une ving-
Devant ce constat alarmant, Nicolas
Hulot a lancé une pétition HALTE AU
MASSACRE DES ABEILLES, soutenue par le Syndicat Apiculteurs MidiPyrénées
DEMAIN ON REFAIT LE MONDE
Dimanche 10 avril à 10h00, projection unique du film en collaboration avec
les Jardiniers de Tournefeuille, suivie d’un débat proposé par L'A.P.A, avec Francis Hallé
qui nous fait l'amitié de venir nous parler du film et des forêts après la projection.
Botaniste de renommée mondiale, dont l'érudition est incommensurable, Francis Hallé sait nous captiver et nous passionner à travers ses livres, ses conférences… Ses exposés sont simples, limpides, clairs, saupoudrés d' une pointe de
poésie et d'humour. Il est le plus grand spécialiste des forêts tropicales, où il a travaillé une partie de sa vie, dans tous
les continents (le radeau des cimes). Il répondra à toutes vos questions avec l' affabilité qui le caractérise.
Accueil à partir de 9H30 autour d'une café. Un apéritif sera offert à la suite de ce débat suivi d'un pique-nique
(repas partagé, chacun amène un plat). Nous terminerons tous ensemble l'après-midi par une visite des jardins
familiaux de Tournefeuille. Achetez vos places aux tarifs habituels du cinéma à partir du 23 mars.
IL ÉTAIT UNE FORÊT
était une forêt offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté
dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand – connecté à tous les
autres, joue un rôle essentiel.
Le film donne aussi l’occasion de rencontrer un homme discret, méconnu, et
qui sera notre guide dans ce voyage à
la fois intime et grandiose. Pour Francis
Hallé, c’est l’aboutissement d’une vie
consacrée aux forêts : « Je bataillerai pour et aux côtés de la forêt jusqu’à
ma mort. Qui sait, nous nous éteindrons
peut être en même temps ». Le botaniste
espère que ce film aura, pour les forêts,
le même impact que Le Monde du silence (1956) a eu pour les océans.
Luc Jacquet
Documentaire France 2013 1h18
Texte dit par Michel Papineschi…
Pour les enfants à partir de 7 ans.
Sur une idée originale de Francis
Hallé. Musique Éric Neveu.
Après La marche de l’Empereur et Le renard et l’enfant, Luc Jacquet nous emmène dans un extraordinaire voyage
au plus profond de la forêt tropicale, au
cœur de la vie elle-même. Pour la première fois, une forêt tropicale va naître
sous nos yeux. De la première pousse à
l’épanouissement des arbres géants, de
la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et
animaux, ce ne sont pas moins de sept
siècles qui vont s’écouler sous nos yeux.
Depuis des années, Luc Jacquet filme
la nature, pour émouvoir et émerveiller
les spectateurs à travers des histoires
uniques et passionnantes. Sa rencontre
avec le botaniste Francis Hallé a donné
naissance à ce film patrimonial sur les
ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission,
de la poésie et de la magie visuelle. Il
Si les images sont magnifiques il ne faut
pas oublier ce qu’elles disent, car le récit s’appuie sur la restitution de nombreuses études. La nature est filmée
dans sa beauté primitive, le cycle de la
vie s’affiche dans son plus simple élément et dévoile ses richesses. Le documentaire raconte sept siècles d’évolution des forêts tropicales grâce à un
ingénieux dispositif d’images animées
qui viennent se fondre dans les images
de prise de vue réelles nous permettant
ainsi d’appréhender la vie de ces géants
immobiles.
Les forêts tropicales disparaissent, mais nos forêts européennes sont aussi en danger 70% de la biodiversité se trouve
dans les forêts tropicales, 20% au moins du réchauffement
climatique est due à la déforestation. Constat négatif…, mais
il y des gens qui se mobilisent à tous les nivaux : L'association Arbres et
Paysages d'Autan (A.P.A.) incite à la plantation d'arbres, accompagne les
planteurs, intervient pour la protection des vieux arbres en forêts ou dans
les champs ; la biodiversité y est très importante et vitale.
Mardi 26 Avril à 20h30 à Toulouse, en collaboration avec
les Amis de la Terre et les Amis du Monde diplomatique,
et avec le soutien de l'Université Populaire de Toulouse, projection unique suivie d'un débat avec Daniel Roussée et Marc
Saint Aroman, administrateurs du réseau Sortir du Nucléaire
et des Amis de la Terre (achetez vos places à partir du 16/04).
Café Botanique
Cinq ans après Fukushima et trente ans après Tchernobyl, la ligne politico-industrielle française en ce qui concerne le nucléaire n'a pas changé d'un iota.
Dans une véritable fuite en avant, le groupe AREVA, soutenu par l’État et EDF,
poursuit à grand frais ses projets : opération déficitaire en Finlande avec neuf
années de retard et un coût qui a plus que doublé, EPR de Flamanville dont le
coût supérieur à 10 milliards d'euros a triplé, projet de deux EPR au RoyaumeUni pour 24 milliards d'euros qui a conduit le directeur financier du groupe à
démissionner. Si l'on ajoute à cela les coûts cachés du traitement des déchets
et du futur démantèlement des centrales, non seulement le mythe de l'électricité nucléaire bon marché a vécu, mais les consommateurs-contribuables devront probablement en assurer les conséquences et payer l'addition.
Les rendez-vous mensuels des AJT
dans le coin cheminée d’Utopia
Vendredi 8 avril à 20h30
Plouf, la mare…
L’eau évoque la sérénité au détour
du jardin, un centre de vie et de réconfort. Nous partagerons nos expériences sur la mise en place d’un
bassin, sur les plantes d’eau et la
faune aquatique qui le composent.
Les jardiniers participent
activement aux commissions
de l’Agenda 21 de la ville, vous
pouvez participer aussi.
www.jardiniersdetournefeuille.org
06 32 32 07 00
ARE VAH
Un documentaire de
Micha Pataud et Sarah Irion
France 2014 1h11
Mettez votre PUB
Dans la Gazette
[email protected]
06 70 71 53 55
Que dire d'un projet de construction
d'une centrale nucléaire dans l'aire postFukushima ? Que dire si cette centrale
sera construite sur une zone hautement
sismique et en bordure de mer ? Que
dire si cette centrale s'enorgueillit d'être
la plus grande centrale nucléaire au
monde ? Que dire de ce projet s'il menace l'économie de 10 000 personnes ?
Un indien vous dira de manière impulsive : « Are Vah ! », pour marquer son
étonnement ou sa stupéfaction.
La France est l'heureux promoteur de cet
étonnement : le géant nucléaire français
Areva s'apprête à construire cette centrale sans commune mesure dans une région de l'Inde propice aux tremblements
de terres (Jaitapur, État du Maharashtra).
Il s'agirait de doter l'Inde de six réacteurs
de technologie EPR pour subvenir aux
besoins croissants en électricité du pays.
Après un gel des nouveaux projets nucléaires dans le monde dû à la crise nipponne, la France est à la recherche de
son modèle d'exportation et confirme
son obsession nucléaire. De son côté,
l'Inde rassure les entreprises étrangères
en minimisant leurs responsabilités en
cas d'incident majeur. De manière acharnée, la France parie sur une renaissance
nucléaire, et l'Inde parie sur le nucléaire
pour son développement énergétique.
Demandons-nous à quel prix ces grands
paris seront pris !
DEMAIN ON REFAIT LE MONDE
NOUS TROIS
OU RIEN
Écrit et réalisé par KHEIRON France 2015 1h42
avec Kheiron, Leila Bekhti, Zabou Breitman,
Gérard Darmon, Alexandre Astier, Kyan Khojandi,
Arsène Mosca, Jonathan Cohen…
C'est film marrant comme tout, intelligent, plein de surprises
et de chaleur, débordant d'amour pour l'humanité toute entière et en particulier pour ceux qui ont inspiré le film : les parents de Kheiron, drôle d'énergumène qui, dans ce premier
film très réussi, nous fait en plus traverser trente ans d'histoire de la façon la plus surprenante, franchir trois ou quatre
frontières pour atterrir dans une cité de la banlieue parisienne,
et nous donne une foultitude d'informations qui trouvent leur
prolongement dans notre histoire présente… endossant luimême le rôle de son propre père…
Quel tempérament ce Hibat (le nom du papa) ! Issu d'une famille très nombreuse, très solidaire, très animée. Jeune avocat, irréductible et turbulent opposant au Chah d'Iran et à son
régime répressif, il sera condamné à la prison, avec plusieurs
de ses copains et frères. Il passera sept années de mauvais
traitements dans les geôles iraniennes. Comme beaucoup
d'opposants, il se réjouit tout d'abord de la révolution qui renverse le Chah (79) et lui permet de retrouver la liberté. Mais
au premier discours de l'ayatollah Khomeiny, il comprend vite
qu'elle ne va pas amener la démocratie dont il rêve et se retrouve à nouveau dans l'opposition au nouveau régime. Entre
temps il a rencontré celle qui va devenir sa femme…
Leur fuite d'Iran à travers les montagnes enneigées du
Kurdistan (83), leur passage en Turquie, leur atterrissage à
Stains (84)… une épopée miraculeuse dont on se demande
encore comment ils ont pu en sortir… le tout emballé avec un
humour décapant.
C'est un hymne fichtrement positif et bienveillant à la liberté, à
la tolérance, à l'intégration et la réalité donne raison à ce parti
pris de prendre les choses du bon côté quoi qu'il arrive : une
bonne façon de donner le ton pour ce début d'année qu'on
vous souhaite excellente. Et que l'humour nous préserve tous
de devenir de vieux imbéciles craintifs et amers…
TOURNEFEUILLE
Jeudi 24 mars à 20h30 à Tournefeuille, soiréedébat sur le sport et la santé dans le cadre de la
27e Semaine d'information sur la Santé Mentale
(SISM) du 14 au 27 mars, organisée par l'association UNAFAM et qui a pour thème cette année : la
santé mentale, santé physique, un lien vital. Séance
unique suivie d'un débat avec deux membres de
l’hôpital Marchant : Patricia Marquez, infimière,
et Carole Brami, psychologue (achetez vos places
dès le 16 mars, tarif unique 4€).
VIVRE AVEC SON
BLEU À L'ÂME
Nadège Buhler France 2013 59 mn
Atteints de troubles psychiques, Antoine, Rémi et Cyril ont la
trentaine, l'âge où l'on construit sa vie. Aujourd'hui « stabilisés », ils ont parcouru tout un cheminement et livrent un combat de chaque jour pour vivre avec leur maladie, pour acquérir
autonomie et liberté, pour s'adapter au monde qui les entoure. Selon leurs mots la psychiatrie est un terme qui affole
l'ignorant, traine une mauvaise réputation. C'est comme s'ils
étaient déviants, malsains, débiles voire dangereux. C'est lié
à la peur de ce que l'on ne connait pas, de ce que l'on ne
comprend pas. C'est aussi ce qui les enferme dans la solitude…
Avec l'aide des médicaments mais aussi grâce au travail, à la
pratique d’un art, d’un sport, de la relaxation, grâce au soutien de proches, d’associations… ils ont retrouvé un équilibre,
souvent fragile, mais au moins, ils ont le sentiment de vivre, et
non plus uniquement de survivre.
Le film raconte le combat qu'ils ont dû mener pour parvenir
d’abord à traverser la rue, puis à reprendre des études, à trouver un emploi, et parfois, à s’engager dans une relation amoureuse durable…
MERCI PATRON
Film documentaire de François RUFFIN
France 2016 1h24
C'est l'histoire de Jocelyne et Serge Klur, ex-employés d'Ecce,
filiale du groupe LVMH. Ex-employés de son usine de Poixdu-Nord, jadis chargée de la confection des costumes Kenzo.
« Jadis » car, mondialisation oblige, le groupe a cru bon d'en
délocaliser toute la production en Pologne. Moyennant quoi
les Klur ont été invités à se rendre employables ailleurs.
Quatre ans plus tard, la fin de droits est passée depuis belle
lurette, on tourne à 400 euros par mois, la maison est fraîche
– forcément, il n'y a plus de chauffage, et il a fallu se replier
dans la seule pièce habitable…
On en est là quand survient un avis de saisie de la maison, ni
plus ni moins, à la suite d'une ardoise d'assurance de 25 000
euros…
On ne fait pas plus local que le cas Klur. Et on ne fait pas plus
global non plus. Car les Klur offrent un résumé presque complet du système. Pourtant, contrairement à bon nombre de
ceux qui ont traité avant lui de la condition salariale à l'époque
néo-libérale, le film de François Ruffin n'a aucune visée analytique ou pédagogique. C'est un film d'un autre genre… un
film d'action directe. Car Ruffin, qui a Bernard Arnault dans le
collimateur depuis un moment, va opter pour l'attaque frontale : Klur-Ruffin contre Arnault. L'époque néo-libérale enseignant que si l'on ne demande pas avec ce qu'il faut de force,
on n'obtient rien, Klur-Ruffin vont demander. Avec ce qu'il
faut de force. 45 000 euros de dédommagement pour réduction d'un couple à la misère, plus un CDI quelque part dans
le groupe LVMH pour Serge ! Et sinon, campagne de presse.
Pas Le Monde, pas France Inter, pas Mediapart : Fakir, journal
libre fondé par Ruffin et basé à Amiens. Tremblez, puissants !
… Et le puissant se met à trembler pour de bon. On ne
peut pas raconter ici la série des hilarantes péripéties qui y
conduisent… (Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique)
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
Lundi 4 avril à 20h à Toulouse, dans le cadre
du 6e Festival international audiovisuel FreDD
« Objectif Terre ! » du 1er au 10 avril à Toulouse et
en région. Séance unique suivie d'une rencontre
avec La Maison du Vélo, l'association Sens
Dessus Dessous, Benoit Van Oost (Université
Catholique de Louvain) et des membres de
l'association Festival Film, Recherche et
Développement Durable (FreDD). Achetez vos
places à partir du 26 mars aux tarifs habituels.
BIKES VS CARS
Fredrik Gertten Suède 2015 1h30 VOSTF
et accessible aux sourds et malentendants
Derrière l’activisme de quelques cyclistes et militants d’une
ville apaisée se dresse un mur : celui de la voiture et avec
elle son industrie, sa toute puissance, ses lobbies. C’est le
constat que dresse le réalisateur suédois Fredrik Gertten
dans son film Bikes vs Cars. Un tour du monde du changement de comportement et des usages nourri de témoignages
d’activistes à Sao Paulo, Toronto ou Los Angeles. La mobilité
douce du cycliste est mise en perspective avec les questions
énergétiques, financières et climatiques. En présentant des productions issues du monde entier, le festival vise à la sensibilisation et à l’engagement citoyen des différents publics sur les enjeux majeurs liés aux problématiques
d'un développement soutenable et solidaire. Le festival associe des projections de documents audiovisuels à des rencontres avec des laboratoires de recherche,
des associations militantes, des entreprises et des collectivités locales. Des universitaires des réalisateurs, des porteurs de projet et
des citoyens engagés échangent pour une meilleure compréhension des défis environnementaux, sociaux, économiques
et culturels de la Planète, et pour explorer ensemble solutions
et perspectives.
La présidence du Jury est cette année dévolue à Pascal
Dessaint, écrivain et scénariste toulousain. L’association
Film, Recherche et Développement Durable (FReDD), association de culture scientifique centrée sur les problématiques du développement durable, basée à Toulouse coordonne et anime le festival international FReDD.
Le festival FReDD fait partie du réseau international des
festivals dédiés à l’environnement : le Green Film Network.
Programme, renseignements et inscriptions : festival-fredd.fr
DEMAIN ON REFAIT LE MONDE
Dans le cadre du Festival Pink Paradize, deux soirées à Toulouse jeudi 24 mars et jeudi 7 avril à 20h30
autour de Pierre Carles, qui sera présent le 7 avril pour une rencontre (achetez vos places à partir du 16 mars).
Jeudi 24 mars à 20h30
Jeudi 7 avril à 20h30 suivie
d’une rencontre avec Pierre Carles
ATTENTION
DANGER TRAVAIL
Pierre CARLES, Christophe COELLO et Stéphane GOXE
France 1971-2003 1h49
Pierre CARLES, Christophe COELLO et Stéphane GOXE
France 2007 1h47
Avec Volem rien foutre al païs, Carles, Cœllo et Goxe poursuivent leur travail sur le travail et nous font découvrir des
gens qui s'activent autrement, en marge des comportements
majoritaires et trop souvent considérés comme obligatoires.
Certains parlent de « décroissance », d’autres opposent la
libre activité au travail, certains utilisent le RMI et se qualifient de travailleurs sociaux, d’autres récusent toute forme de
compromis avec l’État. À leur manière et avec leurs propres
moyens, ils résistent, au nom de la communauté humaine, à
ce que le système marchand a mis en place : de faux besoins et une kyrielle d’objets domestiques que personne ne
saura plus réparer. Loin de l'action politique traditionnelle et
des idéologies bien calibrées, il s’agit plutôt d’organiser ici et
maintenant la survie dans un monde qui aurait trouvé ses limites : celui du capitalisme.
Volem… est un film au ras de l’humanité, mordant, perspicace, jamais moralisateur ou donneur de leçons, c’est un
miroir à multiples facettes où chacun pourra contempler sa
propre faculté de résistance au système économique qui domine nos vies. Carles, Cœllo et Goxe ne sont sûrs de rien, ils
cherchent, il s'activent à trouver des gens qui s'activent aussi,
leur montage témoigne de leurs contradictions, qui sont celles
de l’époque.
Composé d’entretiens avec des déserteurs du marché du travail, de reportages divers, et d’extraits d’une dizaine de films
réalisés ces trente dernières années sur la question… Les
trois réalisaterurs, fervents défenseurs d’un journalisme d’investigation, sans concession, sans conformisme aucun, ont
décidé de nous livrer un petit brûlot qui n’a pas fini de susciter
de virulentes réactions. Pourquoi ? Parce qu’ils ont décidé de
s’attaquer à une valeur ancestrale, indéboulonnable de notre
bonne vieille société : Le Travail.
La question est enfin abordée : « Est-ce que les gens qui ont
du boulot doivent vraiment s’estimer heureux ? »
Et pour y répondre, ils ont donné la parole à des « déserteurs
du marché du travail », des personnes bien dans leur peau, ni
folles furieuses, ni irresponsables, qui n’adhèrent pas ou plus
au discours dominant sur le travail, qui disent ne plus vouloir
perdre leur vie à la gagner. Tous semblent légers, épanouis, ils
peuvent enfin profiter de la vie. Certains se tournent vers des
activités sociales, d’autres militantes, d’autres sont plus dans
une recherche intérieure… Et c’est là que ça devient subversif
car on en vient à se poser des questions sur le véritable sens
de la vie ! Surtout que pour couronner le tout, des extraits de
films, des petits sujets tous plus accablants les uns que les
autres, viennent s’intercaler aux entretiens. On assiste à un
pur moment de management dans une chaîne de restauration rapide, on découvre aussi quelques séquences gratinées
tournées au Medef et même si l’humour si cher à Carles est de
mise, le constat reste inchangé, le verdict indiscutable : le travail est dangereux ! À l’heure où le Medef semble mener notre
société par le bout du nez, ce discours salvateur, cette bouffée d’oxygène tombe à pic. Allez, on s’arrête tous…
Organisé par Les Productions du Possible, Pink Paradize est un festival auto-produit basé sur une programmation hybride, politique et indépendante au cœur de Toulouse. Dans ce sillon idéologique, Utopia a toujours été
un partenaire d'évidence, notamment avec The rocky horror picture show en plein air à Tournefeuille, et encore
cette année avec la venue de Pierre Carles. Pierre Carles est une figure emblématique du cinéma documentaire
engagé, également cheval de bataille des Productions du Possible lors de sa création en 2006, et correspond donc
idéalement à l'esprit de ce festival Pink Paradize (productionspossible.wix.com/pinkparadizefest).
DOCUMENTAIRE SUR
L’IMPROVISATION
THEATRALE
LIBERTE, EGALITE,
IMPROVISEZ !
L’improvisation théâtrale peut
servir à tous, et en toutes circonstances. Faire de celle-ci
une discipline scolaire reconnue par les pouvoirs publics, c’est le défi que Jamel
Debbouze, Alain Degois, créateur de la compagnie Déclic
Théâtre, et Marc Ladreit de
Lacharrière, un homme d’affaires, se sont fixé. Ce documentaire témoigne de leur engagement.
L'impro est un outil d’intégration qui brise les barrières et
les codes : donner à tous les
jeunes l'accès à l’improvisation s'avère un moyen d’équilibrer leurs chances de réussite,
quel que soit leur milieu social
ou culturel. Le travail réalisé
dans celui d’un collège bordelais constitue le fil rouge de ce
documentaire.
À UTOPIA TOURNEFEUILLE
Avec la Ligue d’Improvisation Collégienne (LIC).
DIMANCHE 17 AVRIL,
Si Vivre Ensemble
devenait un Jeu.
Matin : Documentaire
Liberté, Egalité, Improvisez.
Après Midi : Stage Théâtre
d’Impro animé par des comédiens professionnels
Informations / Réservations
[email protected]
Hervé au 06 80 43 95 44
www.legranditheatre.com
www.asso-melting.com
Séance spéciale Dimanche 3 avril à 10h00 à Tournefeuille
À l'occasion de la journée de l'autisme nous vous proposons de redécouvrir le film d'animation Mary et Max avec un regard différent. Que
vous soyez parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines,
voisins, grands-frères ou grandes sœurs…venez découvrir le monde
dans lequel nous vivons au travers des yeux de Max qui présente un syndrome d'Asperger et de Mary qui, par son empathie, va devenir son amie.
Le film sera suivi d'un échange avec Sébastien Roucayrol, adulte
Asperger et d'une partie de l'équipe d'InPACTS et InPACTS ADOM,
deux associations de professionnels qui proposent un accompagnement
personnalisé aux personnes avec autisme afin de leur permettre la meilleure inclusion possible dans ce monde qu'ils peinent tant à décoder.
Achetez vos places à partir du 23 mars. Tarif unique 4€
On offre le café, amenez les croissants !
MARY
ET MAX
Film d’animation écrit et réalisé par
Adam ELLIOT Australie 2008 1h35 VF
avec les voix de Philip Seymour
Hoffman, Toni Collette, Eric Bana,
Barry Humphries…
Grand prix du Festival du film
d'animation d’Annecy 2009
Adam Elliot, véritable référence de l’animation en pâte à modeler, (oscarisé en
2004 pour son court-métrage Harvie
Krumpet) impose un univers d'une beauté ténébreuse, secoué par un humour
noir désenchanté, peuplé d’êtres singuliers, loufoques, terriblement attachants.
Pour son premier long-métrage, Adam
Elliot réussit donc un coup de maitre :
l'expressivité des éclairages couplée à
un sens aigu et poétique de la mise en
scène font de Mary & Max un film d’animation parmi les plus remarquables et les
plus originaux qu’on ait vu dernièrement
et donc un vrai bijou de cinéma.
Mary Daisy Dinkle est une petite australienne de 8 ans qui vit dans la banlieue de Melbourne. Pour fuir son quotidien morne et sans joie, coincée qu'elle
est entre sa mère chancelante à force de
cherry et son père effacé jusqu'à l'inexis-
tence, elle va entreprendre une correspondance avec un New-yorkais, Max
Jerry Horovitz, un Juif de 44 ans, obèse
et atteint du syndrome d’Asperger (sorte
d'autisme qui handicape la vie courante
mais qui n'empêche nullement l'intelligence et la sensibilité de s'exprimer).
Leur échange épistolaire va durer près de
20 ans : les deux solitaires vont s’écrire
et se confier ainsi leurs angoisses, leurs
joies et leurs peines. De ces échanges va
naître une amitié littéralement extraordinaire, qui deviendra un exutoire et un refuge.
Avec une infinie poésie et un sens de
l'humour ravageur, Adam Elliot nous raconte le destin de ces deux êtres qu’en
apparence tout – la géographie, l'âge, la
culture… – oppose. Ses personnages ont
évidemment un petit quelque chose qui
cloche, une petite différence qui les renvoie à la marge de la société. Mais au lieu
de s'appesantir sur leur malheur, il nous
invite à pénétrer leur univers singulier, il
joue sur la manière atypique qu’ils ont de
percevoir et d’interpréter le monde qui
les entoure. Sorte de prisme déformant
de la réalité, il nous offre un point de vue
qui se pare d’une inquiétante étrangeté.
Un cocktail savoureux, entre burlesque
et lyrisme.
DEMAIN ON REFAIT LE MONDE
CHALA
,
UNE ENFANCE
CUBAINE
Écrit et réalisé par Ernesto DARANA
Cuba 2015 1h48 VOSTF
avec Armando Valdes Freire, Alina
Rodriguez, Silvia Aguila, Yuliet Cruz…
Visible par les enfants
à partir de 12 ans
Nous voici au cœur des quartiers populaires de La Havane, là où habite la majorité de la population de la capitale cubaine, là où le quotidien tourne toujours
autour du besoin de se nourrir. C'est ici
que grandit Chala, petit homme malin et
débrouillard. C'est une période de transition à la croisée de deux systèmes,
une période qui n'en finit pas, qui désespère les laissés pour compte d'un
régime à bout de souffle, d'une société
en pleine mutation.
Chala a onze ans et oscille entre deux
statuts. Celui de l'enfant qui devrait aller régulièrement à l'école et celui de
l'homme de la famille qui se charge
d'amener nourriture et attention particulière à une mère défaillante, qui vit la nuit
plutôt que le jour.
Afin de gagner quelques sous, Chala
élève des pigeons et des chiens de
combat sur les toits-terrasses de son
immeuble. Vaquant à ses activités illégales – mais nécessaires à sa survie –, le
gamin slalome entre la police qui guette
et Carmela, enseignante chevronnée qui
refuse d'abandonner les enfants à leur
sort. Elle est de la vieille école, Carmela,
garante des valeurs d'un projet social
basé sur la solidarité mais confronté
aujourd'hui à des pratiques bureaucratiques et autoritaires qui en ont déformé la générosité initiale. Acculée par un
système pour lequel les rapports administratifs priment sur une approche bienveillante et humaine des problèmes que
rencontrent les populations, la vieille institutrice lutte contre une infâme et détestable jeune inspectrice scolaire. Selon
cette zélée fonctionnaire, il n'est d'autre
solution pour Chala que de le placer en
foyer. Ce serait le seul moyen de l'éloigner d'un milieu familial nocif et d'activités inappropriées pour un enfant de cet
âge. C'est le règlement qui l'impose.
La déliquescence du système éducatif,
autrefois fer de lance de la révolution cubaine, est au centre de l'intrigue et témoigne de l'ère de changement qui se
profile. Non seulement au travers des difficultés que rencontre Chala mais aussi
de la vie de cette institutrice qui voit tout
ce pour quoi elle s'est battue lentement
disparaitre, douloureux constat renforcé
par le départ de ses propres enfants qui
ont fait le choix d'émigrer vers une autre
terre promise.
Pour Carmela, l'espace de la salle de
classe est un lieu où aucune différence n'est stigmatisée, où chaque en-
fant peut exprimer ce qu'il est. C'est
donc le lieu de l'expression ouverte
pour certains, celui de la discrétion
pour d'autres. La douce et charmante
Yeni est de ceux-là. Voisine de table de
Chala, elle fait naitre chez lui un nouveau
et agréable sentiment. Elle est originaire
de Holguín, dans la région orientale de
l'île. Avec son père, ils ont émigré clandestinement à La Havane, dans l'espoir
d'y vivre dans des conditions moins difficiles. A ce titre et de façon assez ironique, ils sont appelés les « Palestinos »
! Le père, bon chef de famille et vaillant
travailleur, veille à ce que sa fille s'élève
dans la société. Il lui offre des cours de
flamenco, l'accompagne chaque jour à
l'école. C'est donc à nouveau une autre
forme de lutte qui est abordée, une nouvelle forme de défiance face aux irrégularités du système.
Au fil du film, ce sont de superbes histoires d’amour qui s’additionnent. Celles
des personnages pour ceux qui les entourent mais aussi celle du réalisateur
pour son pays et ses habitants. La chaleur humaine des personnages, l'expression libre de leurs idées n'ont pas
trompé les spectateurs Cubains, qui ont
fait un triomphe au film lors de sa sortie sur l'île.
TOURNEFEUILLE
Mettez votre PUB
Dans la Gazette
[email protected]
06 70 71 53 55
Bazar au Bazacle
fête ses 10 ans !
Dix ans de ce carrefour
des luttes !
Comme chaque année des tas
de manifestations militantes,
rigolotes, intelligentes. Des
débats, spectacles, des stands,
des « villages » d’Alternatiba,
des documentaires… Et la
fameuse Foire à l’Autogestion.
Restauration possible sur place.
C’est du 29 avril au 1er mai au
Parc des Sports du Bazacle.
« Créer c’est résister, résister
c’est créer ! »
LES FILMS
À TOULOUSE
ALIAS MARIA
DU 23 AU 29/03
A PERFECT DAY
DU 23/03 AU 26/04
ARE VAH !
Mardi 26/04 à 20h30
LES ARDENNES
DU 13/04 AU 3/05
ATTENTION DANGER
TRAVAIL
Jeudi 7/04 à 20h30
LES INNOCENTES
DU 23/03 AU 2/05
PAULINA
DU 13/04 AU 3/05
LIBERTÉ, ÉGALITÉ,
IMPROVISEZ
Dimanche 17/04 à 10h
ROOM
DU 6/04 AU 3/05
ROYAL ORCHESTRA
DU 23/03 AU 12/04
MA PETITE
PLANÈTE VERTE
DU 13/04 AU 1/05
LA SAISON DES FEMMES
DU 20/04 AU 3/05
MARY ET MAX
Dimanche 3/04 à 10h
LES SAISONS
DU 23/03 AU 3/04
LES SENTINELLES
Mardi 16/04 à 20h30
BIKES VS CARS
Lundi 4/04 à 20h
LA SOCIOLOGUE
ET L’OURSON
Mercredi 6/04 à 20h45
PUIS JUSQU’AU 18/04
CERVEAUX
MOUILLÉS D’ORAGE
Dimanche 3/04 à 14h30
LE CHANT DU CYGNE
Jeudi 14/04 à 20h30
COMME DES LIONS
Jeudi 31/03 à 20h30
DÉGRADÉ
À PARTIR DU 27/04
DEMAIN
DU 23/03 AU 2/05
DON’T GROW UP
Dimanche 24/04 à 21h30
EVA NE DORT PAS
DU 6 AU 26/04
ÉVOLUTION
DU 23/03 AU 5/04
GOOD LUCK ALGERIA
DU 30/03 AU 3/05
MÉDECIN DE CAMPAGNE
DU 23/03 AU 3/05
MERCI PATRON
DU 23/03 AU 3/05
MIDNIGHT SPECIAL
DU 23/03 AU 3/05
SPOTLIGHT
DU 23/03 AU 10/04
MUSTANG
DU 23/03 AU 1/05
SUITE ARMORICAINE
DU 23/03 AU 5/04
NO LAND’S SONG
DU 13/04 AU 2/05
TAKE SHELTER
Lundi 2/05 à 20h
NOUS TROIS OU RIEN
DU 23/03 AU 30/04
TAKLUB
DU 13 AU 3/05
LES OGRES
DU 23/03 AU 12/04
THE REVENANT
DU 23/03 AU 5/04
UN MONSTRE
À MILLE TÊTES
DU 30/03 AU 26/04
VOLEM RIEN FOUTRE
AL PAÏS
Jeudi 24/03 à 20h30
VOLTA À TERRA
DU 30/03 AU 19/04
AKIRA KUROSAWA
DU 23/03 AU 3/05
HIGH-RISE
DU 6/04 AU 3/05
LES FILMS À
TOURNEFEUILLE
I DON’T BELONG
ANYWHERE
Vendredi 8/04 à 19h
A PERFECT DAY
DU 13/04 AU 3/05
IN JACKSON HEIGHTS
DU 23/03 AU 1/05
MAGGIE A UN PLAN
À PARTIR DU 27/04
SAINT AMOUR
DU 23/03 AU 12/04
AVE CÉSAR !
DU 23/03 AU 12/04
D’UNE PIERRE
DEUX COUPS
DU 20/04 AU 3/05
Les samedis 26 mars et 30
avril à 12h précises ! Ouvert à
tous, musiciens ou pas : rendezvous dans le coin cheminée pour
une auberge espagnole dans
la joie et la bonne humeur. Les
casseroles enchantées, c'est
un petit groupe de spectateurs
qui se réunissent le dernier samedi de chaque mois pour casser la croute ensemble. On partage ce qu'on a dans sa besace
: à boire, à manger, ses rires,
son instrument de musique…
On chante si on ose ou on se
contente de battre la mesure.
Amenez vos chants de lutte !
NO HOME MOVIE
DU 10 AU 18/04
AU PIED DU MUR
DU 23/03 AU 1/05
PALMARÈS CINELATINO
Samedi 26/03 à 16h et 18h
Dimanche 27/03 à 18h20
LA PASSION
D’AUGUSTINE
DU 30/03 AU 2/05
PORCO ROSSO
LES 30/03 ET 2/04
ROOM
DU 6/04 AU 3/05
ROYAL ORCHESTRA
DU 23/03 AU 19/04
SAINT AMOUR
DU 23/03 AU 3/05
LA SAISON DES FEMMES
Jeudi 14/04 à 20h30
PUIS DU 20/04 AU 3/05
LES SAISONS
DU 23/03 AU 10/04
LES INNOCENTES
DU 23/03 AU 1/05
CHALA UNE
ENFANCE CUBAINE
DU 13/04 AU 2/05
KAILI BLUES
DU 23/03 AU 5/04
LE COEUR RÉGULIER
DU 30/03 AU 2/05
LESBIENNES EN COURTS
Vendredi 8/04 à 21h30
LES DÉLICES DE TOKYO
DU 23/03 AU 30/04
MAGGIE A UN PLAN
À PARTIR DU 27/04
DEMAIN
DU 23/03 AU 3/05
THE ASSASSIN
DU 6 AU 26/04
LA MAGIE DES HAIES
Mardi 29/03 à 20h30
DES NOUVELLES
DE LA PLANÈTE MARS
DU 23/03 AU 19/04
THE REVENANT
DU 23/03 AU 19/04
MERCI PATRON !
DU 23/03 AU 3/05
MIDNIGHT SPECIAL
DU 13/04 AU 2/05
MIMI ET LISA
DU 6/04 AU 1/05
MOBILE ÉTOILE
À PARTIR DU 27/04
FRITZ BAUER
DU 13/04 AU 3/05
SPOTLIGHT
DU 23/03 AU 10/04
TEMPÊTE
DU 23 AU 28/03
LA VACHE
DU 23/03 AU 3/05
GOOD LUCK ALGERIA
DU 30/03 AU 3/05
VIVRE AVEC SON
BLEU À L’ÂME
Jeudi 24/03 à 20h30
IL ÉTAIT UNE FORÊT
Dimanche 10/04 à 10h00
2 séances supplémentaires
les 9 et 13/04
VOLTA A TERRA
Mardi 29/03 à 20h
PUIS DU 20/04 AU 3/05
24
MAR
VEN
25
MAR
SAM
26
MAR
DIM
27
MAR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
JEU
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MAR
11H40
A PERFECT DAY
11H30
LES INNOCENTES
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
23
4€
11H10
SPOTLIGHT
11H20
LES INNOCENTES
12H10
KAILI BLUES
4€
13H40
MERCI PATRON !
13H30 bébé
ROYAL ORCHESTRA
14H20
SUITE ARMORICAINE
4€
13H50
16H00
MIDNIGHT SPECIAL
MERCI PATRON !
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H15
LES OGRES
14H00
THE REVENANT
17H45
SAINT AMOUR
17H30
NOUVELLES DE MARS
17H00
LES INNOCENTES
17H00
SPOTLIGHT
19H50
MIDNIGHT SPECIAL
19H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H10
TEMPÊTE
19H30
ROYAL ORCHESTRA
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
21H00
LA VACHE
21H30
LES OGRES
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MER
11H40
AVE CÉSAR !
11H00
THE REVENANT
11H30
YOJIMBO
11H30
AVE CÉSAR !
11H50
A PERFECT DAY
10H40
IN JACKSON HEIGHTS
13H40
DEMAIN
14H00
THE REVENANT
14H10
ROYAL ORCHESTRA
16H00
LES SAISONS
17H00
LES INNOCENTES
16H10
KAILI BLUES
18H00
AVE CÉSAR !
18H20
ÉVOLUTION
20H15
MERCI PATRON !
19H15
A PERFECT DAY
20H05
YOJIMBO
22H00
SAINT AMOUR
21H30
SPOTLIGHT
22H15
ROYAL ORCHESTRA
11H40
MIDNIGHT SPECIAL
12H10
LES INNOCENTES
11H00
LES OGRES
11H50
ROYAL ORCHESTRA
13H50
MIDNIGHT SPECIAL
14H40
DEMAIN
13H40
DÉLICES DE TOKYO
14H00 bébé
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H00
PALMARÈS CINÉLATINO
18H00
PALMARÈS CINÉLATINO
17H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H40
NOUS TROIS OU RIEN
18H15
ROYAL ORCHESTRA
20H00
MIDNIGHT SPECIAL
19H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H40
NOUVELLES DE MARS
20H10
LA VACHE
22H10
MIDNIGHT SPECIAL
21H30
THE REVENANT
21H40
LES OGRES
22H00
SPOTLIGHT
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
PROGRAMME
Les séances sur fond gris sont à 4 euros.
(D)=dernière projection du film. L’heure indiquée
est celle du début du film, soyez à l’heure, on ne laisse
pas entrer les retardataires. www.cinemas-utopia.org
11H20
DEMAIN
11H00
SPOTLIGHT
11H10
ENTRE LE CIEL ET…
13H40
LES INNOCENTES
13H30
A PERFECT DAY
14H00
SUITE ARMORICAINE
16H00
MERCI PATRON !
15H40
ROYAL ORCHESTRA
17H50
A PERFECT DAY
17H35
ÉVOLUTION
16H50
KAILI BLUES
20H00
SAINT AMOUR
19H20
ROYAL ORCHESTRA
19H00
ALIAS MARIA
22H00
AVE CÉSAR !
21H15
THE REVENANT
21H00
LES BAS-FONDS
10H20
DEMAIN
10H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
10H00
LES OGRES
10H40
AU PIED DU MUR
12H40
MIDNIGHT SPECIAL
12H15
SAINT AMOUR
12H45
TEMPÊTE
12H30
NOUVELLES DE MARS
14H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H15
MUSTANG
14H40
LES SAISONS
14H30
ROYAL ORCHESTRA
17H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H10
MIDNIGHT SPECIAL
16H45
MERCI PATRON !
16H30
LA VACHE
19H10
SAINT AMOUR
18H20
PALMARÈS CINÉLATINO
18H30
NOUS TROIS OU RIEN
18H40
LES INNOCENTES
21H15
MIDNIGHT SPECIAL
20H20
THE REVENANT
20H30
LES OGRES
20H50
SPOTLIGHT
4€
4€
4€
4€
13H50
A PERFECT DAY
14H00
ROYAL ORCHESTRA
13H40
IN JACKSON HEIGHTS
16H10
LES SAISONS
16H00
LES INNOCENTES
17H10
KAILI BLUES
18H10
MERCI PATRON !
18H20
ALIAS MARIA
4€
20H00
A PERFECT DAY
20H15
SAINT AMOUR
19H20
ROYAL ORCHESTRA
22H10
MERCI PATRON
22H15
ÉVOLUTION
21H15
SPOTLIGHT
19H15
MIDNIGHT SPECIAL
19H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
LA VACHE
20H00
ROYAL ORCHESTRA
21H30
THE REVENANT
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
21H40
LES OGRES
22H00
SPOTLIGHT
22H10
ÉVOLUTION
14H20
LES OGRES
13H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H50
ROYAL ORCHESTRA
14H00
MIDNIGHT SPECIAL
15H40
LES SAISONS
15H50
LA VACHE
16H10
NOUVELLES DE MARS
17H10
SAINT AMOUR
17H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H45
MERCI PATRON !
18H10
TEMPÊTE
13H50
SAINT AMOUR
13H45
SPOTLIGHT
14H00
LES BAS-FONDS
15H55
MERCI PATRON !
16H15
ROYAL ORCHESTRA
16H45
ALIAS MARIA
17H40
DEMAIN
18H10
A PERFECT DAY
18H40
KAILI BLUES
20H00
AVE CÉSAR !
20H30 Pink Paradise
15H00
MIDNIGHT SPECIAL
15H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H10
MUSTANG
15H20
LES OGRES
17H20
MIDNIGHT SPECIAL
17H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H10
MERCI PATRON !
18H05
ROYAL ORCHESTRA
19H30
SAINT AMOUR
19H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H00
LA VACHE
20H00
15H30
A PERFECT DAY
15H25
SAINT AMOUR
17H15
ALIAS MARIA
17H40
AVE CÉSAR !
17H30
MERCI PATRON !
19H50
A PERFECT DAY
19H20
ROYAL ORCHESTRA
19H10
ÉVOLUTION
22H00
DEMAIN
21H15
THE REVENANT
21H00
ENTRE LE CIEL ET…
4€
4€
15H50
TEMPÊTE
16H10
SAINT AMOUR
VOLEM RIEN FOUTRE AL PAÏS + rencontre
21H00
SUITE ARMORICAINE
21H35
MIDNIGHT SPECIAL
21H45
NOUVELLES DE MARS
21H00
THE REVENANT
VIVRE AVEC SON BLEU À L’ÂME + rencontre
MAR
MAR
29
MAR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
28
4€
13H50
SPOTLIGHT
14H05
ROYAL ORCHESTRA
14H45
ENTRE LE CIEL ET…
16H30
A PERFECT DAY
16H00
THE REVENANT
17H30
ROYAL ORCHESTRA
18H50
MERCI PATRON !
19H00
AVE CÉSAR !
20H45
A PERFECT DAY
21H15
ÉVOLUTION
19H30
IN JACKSON HEIGHTS
12H20
MUSTANG
12H00
SAINT AMOUR
12H10
MERCI PATRON !
11H50
DEMAIN
4€
14H30
MIDNIGHT SPECIAL
14H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H00
TEMPÊTE (D)
14H10
THE REVENANT
16H40
LES INNOCENTES
16H30
LES SAISONS
15H50
LES OGRES
17H10
LA VACHE
18H50
NOUVELLES DE MARS
18H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H40
ROYAL ORCHESTRA
19H00
DÉLICES DE TOKYO
21H00
MIDNIGHT SPECIAL
20H40
SPOTLIGHT
20H30
LES OGRES
21H15
MÉDECIN DE CAMPAGNE
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
LUN
11H40
SAINT AMOUR
11H50
LES INNOCENTES
12H30
KAILI BLUES
11H30
AVE CÉSAR !
11H50
SUITE ARMORICAINE
12H05
ROYAL ORCHESTRA
13H40
A PERFECT DAY
14H40
THE REVENANT
14H00
YOJIMBO
15H50
LES INNOCENTES
20H15
MERCI PATRON !
20H30
22H00
A PERFECT DAY
16H10
ROYAL ORCHESTRA
18H10
SAINT AMOUR
17H40
SPOTLIGHT
18H05
ALIAS MARIA (D)
20H00
KAILI BLUES
22H10
ÉVOLUTION
15H00
MIDNIGHT SPECIAL
15H05
LES OGRES
15H30
SAINT AMOUR
15H15
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H10
NOUVELLES DE MARS
17H50
LA VACHE
17H40
MERCI PATRON !
17H20
LES INNOCENTES
19H10
MIDNIGHT SPECIAL
20H00
21H20
THE REVENANT
4€
4€
LA MAGIE DES HAIES + rencontre
VOLTA A TERRA + Fado
19H30
21H30
ROYAL ORCHESTRA
LES OGRES
19H40
21H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE MÉDECIN DE CAMPAGNE
MAR
JEU
31
MAR
VEN
1
er
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
30
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MER
12H00
AVE CÉSAR !
11H00
IN JACKSON HEIGHTS
11H20
LES BAS-FONDS
11H30
A PERFECT DAY
11H15
SUITE ARMORICAINE
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
À Toulouse, en prévision de la sortie du cinquième album du groupe Uniform Motion, le film A PERFECT DAY
sera précédé du clip de leur chanson False start, réalisé par Vincent Baudry (vincentbaudry.com). Vous pouvez
d'ailleurs pré-commander cet album, ou (re)découvrir les précédents sur leur site : uniformmotion.net
11H45
MERCI PATRON !
11H55
ÉVOLUTION
12H05
YOJIMBO
4€
4€
4€
14H10
GOOD LUCK ALGERIA
14H30
UN MONSTRE À MILLE...
14H00
VOLTA À TERRA
16H00
DEMAIN
16H10
ROYAL ORCHESTRA
15H40
LES SAISONS
18H20
MERCI PATRON !
18H05
A PERFECT DAY
17H40
KAILI BLUES
20H05
GOOD LUCK ALGERIA
20H15
UN MONSTRE À MILLE...
19H50
VOLTA À TERRA
22H00
ÉVOLUTION
21H50
SAINT AMOUR
21H30
SPOTLIGHT
13H40
MIDNIGHT SPECIAL
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
13H30
LE COEUR RÉGULIER
14H10
LES OGRES
16H00
PORCO ROSSO
16H00
SAINT AMOUR
15H40
LA VACHE
17H50
PASSION D’AUGUSTINE
18H00
GOOD LUCK ALGERIA
17H30
ROYAL ORCHESTRA
17H10
MIDNIGHT SPECIAL
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
LE COEUR RÉGULIER
19H20
NOUVELLES DE MARS
21H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H40
ROYAL ORCHESTRA
21H20
PASSION D’AUGUSTINE
13H40
GOOD LUCK ALGERIA
14H05
ÉVOLUTION
13H30
KAILI BLUES
15H30
LES INNOCENTES
15H50
UN MONSTRE À MILLE...
15H40
VOLTA À TERRA
17H50
GOOD LUCK ALGERIA
17H25
THE REVENANT
17H20
ENTRE LE CIEL ET…
19H45
A PERFECT DAY
20H30
21H55
MERCI PATRON !
20H10
ROYAL ORCHESTRA
22H05
UN MONSTRE À MILLE...
15H10
MIDNIGHT SPECIAL
15H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H00
LE COEUR RÉGULIER
15H20
DEMAIN
17H20
NOUVELLES DE MARS
17H30
GOOD LUCK ALGERIA
17H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H40
ROYAL ORCHESTRA
19H20
MIDNIGHT SPECIAL
19H30
GOOD LUCK ALGERIA
19H10
LE COEUR RÉGULIER
19H45
PASSION D’AUGUSTINE
21H30
LES OGRES
21H20
THE REVENANT
21H40
SPOTLIGHT
21H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H30
SPOTLIGHT
13H40
A PERFECT DAY
14H15
ROYAL ORCHESTRA
16H00
GOOD LUCK ALGERIA
15H50
VOLTA À TERRA
16H10
IN JACKSON HEIGHTS
17H50
SAINT AMOUR
17H30
THE REVENANT
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
20H30
UN MONSTRE À MILLE...
19H40
VOLTA À TERRA
21H55
DEMAIN
22H10
AVE CÉSAR !
21H20
KAILI BLUES
13H50
MIDNIGHT SPECIAL
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H40
LE COEUR RÉGULIER
13H30 bébé
PASSION D’AUGUSTINE
16H00
GOOD LUCK ALGERIA
16H40
LES OGRES
15H50
LES INNOCENTES
15H30
MERCI PATRON !
17H50
19H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE MIDNIGHT SPECIAL
19H30
GOOD LUCK ALGERIA
18H00
20H00
ROYAL ORCHESTRA
LE COEUR RÉGULIER
17H10
19H10
NOUVELLES DE MARS
PASSION D’AUGUSTINE
4€
4€
4€
COMME DES LIONS + rencontre
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
22H10
GOOD LUCK ALGERIA
21H10
THE REVENANT
3
AVR
LUN
4
AVR
MAR
5
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
DIM
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
4€
12H30
GOOD LUCK ALGERIA
10H30
THE REVENANT
11H30
ENTRE LE CIEL ET…
13H30
LES INNOCENTES
14H20
VOLTA À TERRA
15H50
A PERFECT DAY
16H10
LES SAISONS (D)
17H30
GOOD LUCK ALGERIA
18H00
UN MONSTRE À MILLE...
18H10
YOJIMBO (D)
10H00
DEMAIN
10H00 Petit déjeuner
12H20
MIDNIGHT SPECIAL
10H30
AU PIED DU MUR
10H20
GOOD LUCK ALGERIA
12H30
LE COEUR RÉGULIER
12H10
MUSTANG
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H00
ROYAL ORCHESTRA
14H45
LES SAISONS
14H10
LA VACHE
16H40
GOOD LUCK ALGERIA
16H10
MIDNIGHT SPECIAL
16H50
LES INNOCENTES
16H00
MERCI PATRON !
18H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H20
GOOD LUCK ALGERIA
19H00
PASSION D’AUGUSTINE
17H45
LE COEUR RÉGULIER
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
2
12H10
A PERFECT DAY
12H20
UN MONSTRE À MILLE...
11H40
KAILI BLUES
14H20 bébé
GOOD LUCK ALGERIA
14H00
A PERFECT DAY
13H50
SUITE ARMORICAINE
16H20
SPOTLIGHT
16H10
ROYAL ORCHESTRA
16H40
VOLTA À TERRA
19H00
MERCI PATRON !
18H05
UN MONSTRE À MILLE...
18H20
LES BAS-FONDS (D)
20H45
GOOD LUCK ALGERIA
20H00
21H00
VOLTA À TERRA
12H00
MIDNIGHT SPECIAL
12H05
ROYAL ORCHESTRA
11H50
LE COEUR RÉGULIER
12H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H10
SAINT AMOUR
14H00
THE REVENANT
14H20
MERCI PATRON !
14H30
PASSION D’AUGUSTINE
16H20
LES INNOCENTES
17H00
GOOD LUCK ALGERIA
16H10
LA VACHE
16H40
SPOTLIGHT
18H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H50
DEMAIN
18H00
LE COEUR RÉGULIER
19H10
PASSION D’AUGUSTINE
20H40
MIDNIGHT SPECIAL
21H10
GOOD LUCK ALGERIA
20H15
LES OGRES
21H20
ROYAL ORCHESTRA
12H20
GOOD LUCK ALGERIA
11H30
THE REVENANT (D)
12H30
VOLTA À TERRA
14H15
ROYAL ORCHESTRA
14H30
KAILI BLUES (D)
14H10
ÉVOLUTION (D)
16H10
17H45
UN MONSTRE À MILLE... GOOD LUCK ALGERIA
16H40
18H20
VOLTA À TERRA
AVE CÉSAR !
15H55
18H00 (D)
SAINT AMOUR
SUITE ARMORICAINE
19H40
A PERFECT DAY
20H30
IN JACKSON HEIGHTS
21H00 (D)
ENTRE LE CIEL ET…
21H50
DEMAIN
15H10
GOOD LUCK ALGERIA
14H50
THE REVENANT
15H00
LE COEUR RÉGULIER
14H40
ROYAL ORCHESTRA
19H15
LES INNOCENTES
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H00
LE COEUR RÉGULIER
19H30
PASSION D’AUGUSTINE
21H30
MIDNIGHT SPECIAL
21H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
21H15
SAINT AMOUR
21H40
NOUVELLES DE MARS
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
SAM
11H40
DEMAIN
11H20
AVE CÉSAR !
12H30
ROYAL ORCHESTRA
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
13H30
SPOTLIGHT
14H30
VOLTA À TERRA
15H50
LES INNOCENTES
16H00
UN MONSTRE À MILLE...
16H10
SUITE ARMORICAINE
18H10
MERCI PATRON !
17H35
SAINT AMOUR
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
UN MONSTRE À MILLE...
19H00
LES BAS-FONDS
22H00
A PERFECT DAY
21H15
THE REVENANT
21H45
ÉVOLUTION
11H40
MIDNIGHT SPECIAL
11H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
11H50
LE COEUR RÉGULIER
11H15
SAINT AMOUR
13H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H40
GOOD LUCK ALGERIA
14H00
LES SAISONS
13H20
PASSION D’AUGUSTINE
16H00
PORCO ROSSO
15H30
ROYAL ORCHESTRA
16H00
DÉLICES DE TOKYO
15H20
NOUVELLES DE MARS
18H00
LA VACHE
17H30
MIDNIGHT SPECIAL
18H10
MERCI PATRON !
17H20
NOUS TROIS OU RIEN
20H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H40
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
LE COEUR RÉGULIER
19H30
PASSION D’AUGUSTINE
22H10
MIDNIGHT SPECIAL
21H30
THE REVENANT
22H00
SPOTLIGHT
21H40
LES OGRES
19H25
SAINT AMOUR
19H40
ROYAL ORCHESTRA
20H20
ÉVOLUTION
21H30
AVE CÉSAR !
21H40
A PERFECT DAY
22H00
MERCI PATRON !
20H40
MIDNIGHT SPECIAL
20H10
THE REVENANT
21H00
NOUVELLES DE MARS
20H00
LES OGRES
4€
4€
4€
14H30 Printemps Lesbien
CERVEAUX MOUILLÉS D’ORAGES + rencontre
MARY AND MAX
4€
4€
4€
4€
17H00
MIDNIGHT SPECIAL
17H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H15
MERCI PATRON !
16H40
LES OGRES
BIKES VS CARS + rencontre
MER
6
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
Toute l'actualité cinéma et vidéo, c'est dans l'émission Pour 35mm de plus, le jeudi de 19h à 20h
sur l'antenne de Radio Radio Toulouse (106.8), ou en podcast sur radioradiotoulouse.net
12H00
MERCI PATRON !
11H30
AVE CÉSAR !
11H45
JE NE REGRETTE RIEN...
4€
13H50
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
HIGH-RISE
14H00
ROOM
15H45
17H20
UN MONSTRE À MILLE... A PERFECT DAY
16H00
17H05
MIMI & LISA
IN JACKSON HEIGHTS
16H20
18H00
VOLTA À TERRA
ROYAL ORCHESTRA
14H00
MIDNIGHT SPECIAL
13H50
GOOD LUCK ALGERIA
14H15
LES OGRES
13H40
PASSION D’AUGUSTINE
16H10
LA VACHE
15H40
IL ÉTAIT UNE FORÊT
4€
18H00
MERCI PATRON !
17H20
THE ASSASSIN
17H00
ROOM
15H50
17H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE NOUVELLES DE MARS
19H30
HIGH-RISE
20H45
22H00
GOOD LUCK ALGERIA
LA SOCIOLOGUE ET L’OURSON + rencontre
20H00
EVA NE DORT PAS
21H50
SAINT AMOUR
19H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
GOOD LUCK ALGERIA
19H20
ROYAL ORCHESTRA
19H55
PASSION D’AUGUSTINE
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
21H20
THE REVENANT
21H10
LE COEUR RÉGULIER
22H00
THE ASSASSIN
VEN
8
AVR
SAM
9
AVR
DIM
10
AVR
LUN
11
AVR
4€
15H00
MIDNIGHT SPECIAL
15H20
GOOD LUCK ALGERIA
15H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H10
LE COEUR RÉGULIER
17H15
PASSION D’AUGUSTINE
17H10
MUSTANG
17H40
ROYAL ORCHESTRA
17H30
NOUVELLES DE MARS
19H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H10
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
LE COEUR RÉGULIER
19H30
THE ASSASSIN
21H30
MIDNIGHT SPECIAL
21H00
LES OGRES
21H50
ROOM
21H40
SAINT AMOUR
12H10
GOOD LUCK ALGERIA
11H50
A PERFECT DAY
12H00
EVA NE DORT PAS
14H10
LES INNOCENTES
14H00
ROYAL ORCHESTRA
13H50 bébé
VOLTA À TERRA
16H30
DEMAIN
16H00
SAINT AMOUR
15H30
UN MONSTRE À MILLE...
18H10
MERCI PATRON !
17H10
SPOTLIGHT
19H00 Printemps Lesbien
I DON’T BELONG...
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
ROOM
21H30 Printemps Lesbien
LESBIENNES EN COURTS
21H50
HIGH-RISE
22H00
AVE CÉSAR !
15H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H30
NOUVELLES DE MARS
4€
13H50
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
ROYAL ORCHESTRA
14H15
LES OGRES
14H30
MIDNIGHT SPECIAL
17H45
THE ASSASSIN
17H30
LA VACHE
17H00
LES INNOCENTES
17H00
DEMAIN
19H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
GOOD LUCK ALGERIA
19H10
PASSION D’AUGUSTINE
19H20
LE COEUR RÉGULIER
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
21H20
THE REVENANT
21H10
SPOTLIGHT
21H40
NOUS TROIS OU RIEN
11H30
ROOM
12H00
LA SOCIOLOGUE...
11H00
DODES’KA-DEN
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
UN MONSTRE À MILLE...
13H50
JE NE REGRETTE RIEN...
15H50
DEMAIN
15H15
SPOTLIGHT
16H00
HIGH-RISE
18H10
AVE CÉSAR !
17H45
ROYAL ORCHESTRA
18H20
EVA NE DORT PAS
20H20
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
A PERFECT DAY
20H10
VOLTA À TERRA
22H10
MERCI PATRON !
21H50
HIGH-RISE
22H00
SAINT AMOUR
11H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
12H20
GOOD LUCK ALGERIA
11H30
LES INNOCENTES
11H40
LES SAISONS
14H00
MIDNIGHT SPECIAL
14H10
THE REVENANT
13H40
MERCI PATRON !
13H50
PASSION D’AUGUSTINE
16H10
IL ÉTAIT UNE FORÊT
15H25
ROYAL ORCHESTRA
16H00
NOUS TROIS OU RIEN
17H50
MIDNIGHT SPECIAL
17H15
DÉLICES DE TOKYO
17H20
NOUVELLES DE MARS
18H00
LA VACHE
20H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
GOOD LUCK ALGERIA
19H20
LE COEUR RÉGULIER
19H50
PASSION D’AUGUSTINE
22H10
MIDNIGHT SPECIAL
21H20
LES OGRES
21H40
ROOM
22H00
THE ASSASSIN
11H10
SPOTLIGHT (D)
10H20
IN JACKSON HEIGHTS
10H30
11H40
MIMI & LISA HIGH-RISE
13H40
VOLTA À TERRA
13H50
AVE CÉSAR !
14H00
ROYAL ORCHESTRA
15H20
LES INNOCENTES
15H55
SAINT AMOUR
16H05
NO HOME MOVIE
17H40
GOOD LUCK ALGERIA
18H00
ROOM
18H20
VIVRE DANS LA PEUR
19H30
HIGH-RISE
20H20
UN MONSTRE À MILLE...
20H30
EVA NE DORT PAS
21H50
GOOD LUCK ALGERIA
22H00
A PERFECT DAY
22H10
MERCI PATRON !
12H20
MIDNIGHT SPECIAL
12H40
IL ÉTAIT UNE FORÊT GOOD LUCK ALGERIA
10H30
12H15
AU PIED DU MUR
MERCI PATRON !
10H10
12H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE SAINT AMOUR
14H40
LA VACHE
14H30
MUSTANG
14H00
LES OGRES
14H10
LES SAISONS (D)
16H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H30
THE ASSASSIN
16H45
NOUVELLES DE MARS
16H10
ROYAL ORCHESTRA
18H50
PASSION D’AUGUSTINE
18H40
GOOD LUCK ALGERIA
18H45
LE COEUR RÉGULIER
18H10
LES INNOCENTES
21H00
MIDNIGHT SPECIAL
20H30
THE REVENANT
21H00
ROOM
20H30
SPOTLIGHT (D)
12H10
UN MONSTRE À MILLE...
12H00
GOOD LUCK ALGERIA
12H15
ROYAL ORCHESTRA
13H50
EVA NE DORT PAS
14H10
HIGH-RISE
16H50
GOOD LUCK ALGERIA
15H40
ROOM
16H30
VOLTA À TERRA
18H40
HIGH-RISE
18H00
LA SOCIOLOGUE...
18H10
SAINT AMOUR
21H00
A PERFECT DAY
19H40
IN JACKSON HEIGHTS
20H15
JE NE REGRETTE RIEN...
12H00
MIDNIGHT SPECIAL
12H00
DEMAIN
11H50
PASSION D’AUGUSTINE
12H20
THE ASSASSIN
14H10
PASSION D’AUGUSTINE
14H20
GOOD LUCK ALGERIA
14H00
ROYAL ORCHESTRA
14H30 bébé
LE COEUR RÉGULIER
16H20
LA VACHE
16H10
ROOM
16H00
SAINT AMOUR
16H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H20
MIDNIGHT SPECIAL
18H30
GOOD LUCK ALGERIA
18H10
MERCI PATRON !
18H50
LE COEUR RÉGULIER
20H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H20
THE REVENANT
20H00
LES OGRES
21H00
THE ASSASSIN
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
21H40
ROOM
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
19H45
ROYAL ORCHESTRA
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
7
4€
18H20
VOLTA À TERRA
18H00
HIGH-RISE
18H10
UN MONSTRE À MILLE...
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
JEU
16H30
GOOD LUCK ALGERIA
15H55
AVE CÉSAR !
16H05
VIVRE DANS LA PEUR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
Le 16 avril à la salle du Lac à Castanet-Tolosan : fest-noz balèti organisé par l'association Breizh en Oc.
Concerts, stages d'initiations aux danses bretonnes… Tous les renseignements sur www.breizhenoc.org
14H20
A PERFECT DAY
13H50
SAINT AMOUR
14H10
EVA NE DORT PAS
4€
4€
4€
4€
10H00
DEMAIN
10H00 Petit déjeuner
4€
4€
4€
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
20H30 Pink Paradise
21H50
HIGH-RISE
ATTENTION DANGER TRAVAIL + rencontre
12
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MAR
4€
11H15
DEMAIN
11H40
HIGH-RISE
12H00
NO HOME MOVIE
13H40
GOOD LUCK ALGERIA
14H00 (D)
ROYAL ORCHESTRA
14H15
SAINT AMOUR (D)
15H30
AVE CÉSAR ! (D)
16H00
LES INNOCENTES
4€
15H10
MIDNIGHT SPECIAL
15H00
LES OGRES (D)
15H20
LE COEUR RÉGULIER
14H50
PASSION D’AUGUSTINE
17H40
A PERFECT DAY
18H15
MERCI PATRON !
16H20
DODES’KA-DEN
19H50
22H10
ROOM
GOOD LUCK ALGERIA
20H10
21H45
UN MONSTRE À MILLE... EVA NE DORT PAS
19H05
20H45
VOLTA À TERRA
HIGH-RISE
17H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H50
GOOD LUCK ALGERIA
17H40
DEMAIN
17H00
SAINT AMOUR
19H30
MIDNIGHT SPECIAL
19H45
THE ASSASSIN
20H00
NOUVELLES DE MARS
19H00
LE COEUR RÉGULIER
21H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
21H50
GOOD LUCK ALGERIA
22H00
ROOM
21H15
THE REVENANT
JEU
14
AVR
VEN
15
AVR
SAM
16
AVR
18H00
GOOD LUCK ALGERIA
17H50
VOLTA À TERRA
17H10
EVA NE DORT PAS
19H50
PAULINA
19H30
LES ARDENNES
19H00
DODES’KA-DEN
21H55
MIDNIGHT SPECIAL
21H30
HIGH-RISE
21H45
ROOM
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
14H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H50
THE ASSASSIN
14H10
FRITZ BAUER
15H50
CHALA, UNE ENFANCE…
16H30
LA VACHE
16H00
NOUVELLES DE MARS
16H20
PETITE PLANÈTE VERTE
18H00
MERCI PATRON !
18H20
NO LAND’S SONG
18H00
PASSION D’AUGUSTINE
17H20
ROYAL ORCHESTRA
19H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
20H00
LE COEUR RÉGULIER
19H20
FRITZ BAUER
21H45
ROOM
22H00
A PERFECT DAY
22H10
SAINT AMOUR
21H30
MIDNIGHT SPECIAL
13H50
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
PAULINA
14H00
EVA NE DORT PAS
15H40
A PERFECT DAY
15H45
HIGH-RISE
15H50
VOLTA À TERRA
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
20H30 Cinébouleg
22H00
MERCI PATRON !
4€
17H50
ROOM
18H05
PAULINA
17H30
UN MONSTRE À MILLE...
15H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H50
GOOD LUCK ALGERIA
15H20
LES INNOCENTES
16H00
A PERFECT DAY
18H00
LE COEUR RÉGULIER
17H40
FRITZ BAUER
17H30
PASSION D’AUGUSTINE
18H20
MIDNIGHT SPECIAL
20H30
20H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H30
THE ASSASSIN
20H45
THE REVENANT
22H00
GOOD LUCK ALGERIA
21H40
FRITZ BAUER
12H00
GOOD LUCK ALGERIA
11H45
LES ARDENNES
11H15
DODES’KA-DEN (D)
13H50
LES INNOCENTES
13H40
ROOM
14H00
VOLTA À TERRA
16H05
PAULINA
16H00
EVA NE DORT PAS
15H40
TAKLUB
18H10
MERCI PATRON !
17H50
LES ARDENNES
17H40
UN MONSTRE À MILLE...
20H00
A PERFECT DAY
19H45
PAULINA
19H20
NO HOME MOVIE
22H10
GOOD LUCK ALGERIA
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
21H40
HIGH-RISE
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H00
MIDNIGHT SPECIAL
13H30
ROYAL ORCHESTRA
13H45 bébé
NO LAND’S SONG
16H40
SAINT AMOUR
16H10
GOOD LUCK ALGERIA
15H25
FRITZ BAUER
15H35
LE COEUR RÉGULIER
18H00
LA VACHE
17H30
LES INNOCENTES
17H45
PASSION D’AUGUSTINE
19H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
NOUVELLES DE MARS
19H50
FRITZ BAUER
21H15
THE REVENANT
21H50
ROOM
21H40
THE ASSASSIN
22H00
A PERFECT DAY
11H50
PAULINA
10H40
IN JACKSON HEIGHTS
11H30
NO HOME MOVIE
14H00
LES ARDENNES
14H10 bébé
TAKLUB
13H45
UN MONSTRE À MILLE...
15H55
GOOD LUCK ALGERIA
16H10
MIMI & LISA
15H20
JE NE REGRETTE RIEN...
17H45
LES INNOCENTES
17H15
MIDNIGHT SPECIAL
17H30
EVA NE DORT PAS
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
19H30
ROOM
19H20
HIGH-RISE
22H00
A PERFECT DAY
21H50
PAULINA
21H40
VOLTA À TERRA
11H30
THE REVENANT
11H50
MUSTANG
11H20
PASSION D’AUGUSTINE
12H00
FRITZ BAUER
14H40
LA VACHE
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
NOUVELLES DE MARS
14H20
SAINT AMOUR
16H40
DÉLICES DE TOKYO
15H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H40
CHALA, UNE ENFANCE…
16H30
PETITE PLANÈTE VERTE
17H55
NOUS TROIS OU RIEN
17H50
ROYAL ORCHESTRA
17H40
MERCI PATRON !
19H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
THE ASSASSIN
19H30
FRITZ BAUER
21H10
A PERFECT DAY
21H50
ROOM
22H00
NO LAND’S SONG
21H40
MIDNIGHT SPECIAL
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
15H40
DEMAIN
15H45
VIVRE DANS LA PEUR
15H30
UN MONSTRE À MILLE...
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
13
11H40
A PERFECT DAY
12H00
LA SOCIOLOGUE...
11H30
TAKLUB
4€
13H50
GOOD LUCK ALGERIA
13H40
PAULINA
13H30
LES ARDENNES
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MER
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
Du 15 au 24 avril, le CREA organise 10 jours d'autodéfense populaire ! Venez au Centre Social Autogéré
(58 allées Jean Jaurès) partager des moments conviviaux, cantine populaire, ateliers pour les enfants, échanges
de savoirs, scènes ouvertes, concerts, discussions… toutes les infos sur creatoulouse.squat.net
4€
4€
4€
4€
4€
4€
LE CHANT DU CYGNE
19H10
MIDNIGHT SPECIAL
21H20
LES ARDENNES
SAISON DES FEMMES + rencontre
LUN
18
AVR
MAR
19
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
16H10
A PERFECT DAY
16H00
LES ARDENNES
15H50
LA SOCIOLOGUE...
18H20
GOOD LUCK ALGERIA
17H55
PAULINA
17H30
ROOM
20H10
VOLTA À TERRA
20H00
TAKLUB
19H50
LES ARDENNES
21H50
HIGH-RISE
22H00
MERCI PATRON !
21H45
UN MONSTRE À MILLE...
14H10
GOOD LUCK ALGERIA
12H20
NO LAND’S SONG
12H30
FRITZ BAUER
14H00
SAINT AMOUR
16H00
PETITE PLANÈTE VERTE
14H20
LES INNOCENTES
14H40
MUSTANG
16H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H00
LA VACHE
16H30
ROYAL ORCHESTRA
16H45
CHALA, UNE ENFANCE…
18H10
ROOM
18H50
GOOD LUCK ALGERIA
18H30
LE COEUR RÉGULIER
19H00
FRITZ BAUER
20H30
THE REVENANT
20H40
A PERFECT DAY
20H50
THE ASSASSIN
21H10
MIDNIGHT SPECIAL
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
17
4€
13H40
DEMAIN
13H55
PAULINA
13H45
VIVRE DANS LA PEUR
10H50
12H00
14H00
MIMI...
MERCI PATRON GOOD LUCK ALGERIA
11H20
13H40
HIGH-RISE
MIDNIGHT SPECIAL
11H30
13H30
LES ARDENNES
EVA NE DORT PAS
15H50
LES INNOCENTES
16H00
TAKLUB
15H20
VOLTA À TERRA
18H10
LA SOCIOLOGUE... (D)
18H00
LES ARDENNES
17H00
NO HOME MOVIE (D)
19H50
GOOD LUCK ALGERIA
20H00
PAULINA
19H15 (D)
VIVRE DANS LA PEUR
21H40
A PERFECT DAY
22H00
UN MONSTRE À MILLE...
21H20
ROOM
12H00
THE ASSASSIN
12H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
11H50
LE COEUR RÉGULIER
11H40
MIDNIGHT SPECIAL
14H10
GOOD LUCK ALGERIA
14H20
THE REVENANT
14H00
FRITZ BAUER
13H50
MERCI PATRON !
16H00
LA VACHE
17H30
PETITE PLANÈTE VERTE
16H10
PASSION D’AUGUSTINE
15H40
CHALA, UNE ENFANCE…
17H50
GOOD LUCK ALGERIA
18H30
ROOM
18H10
NO LAND’S SONG
17H50
DEMAIN
19H40
A PERFECT DAY
21H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H00
ROYAL ORCHESTRA
20H10
SAINT AMOUR
21H50
THE ASSASSIN
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
DIM
11H45
GOOD LUCK ALGERIA
11H30
MIDNIGHT SPECIAL
10H45
11H50
MIMI & LISA EVA NE...
11H50
GOOD LUCK ALGERIA
11H20
PAULINA
10H50
12H00 (D)
MIMI & LISA
VOLTA...
13H50
16H00
A PERFECT DAY
GOOD LUCK ALGERIA
13H30 (D)
15H45
JE NE REGRETTE RIEN... LES INNOCENTES
13H40
15H40
TAKLUB
LES ARDENNES
17H50
DEMAIN
18H00
HIGH-RISE
17H40
ROOM
20H15
21H50
UN MONSTRE À MILLE... MIDNIGHT SPECIAL
20H30 Université Populaire
LES SENTINELLES + rencontre
20H00
22H00
EVA NE DORT PAS
LES ARDENNES
11H00
PETITE PLANÈTE VERTE
11H30
DEMAIN
12H00
LES INNOCENTES
11H40
PASSION D’AUGUSTINE
12H00
ROOM
14H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H10
CHALA, UNE ENFANCE…
13H45
FRITZ BAUER
16H45
19H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE GOOD LUCK ALGERIA
17H50
19H40
LA VACHE
THE ASSASSIN
18H15
20H30
LE COEUR RÉGULIER
NO LAND’S SONG
17H50
19H50
NOUVELLES DE MARS (D) FRITZ BAUER
4€
10H00 Petit déjeuner
LIBERTÉ, ÉGALITÉ…
10H00 Petit déjeuner
MÉDECIN DE CAMPAGNE
10H30
AU PIED DU MUR
10H15
DEMAIN
4€
4€
4€
4€
14H30
A PERFECT DAY
16H00
GOOD LUCK ALGERIA
16H20
ROYAL ORCHESTRA (D)
15H50
SAINT AMOUR
22H00
FRITZ BAUER
22H10
NOUVELLES DE MARS
21H00
THE REVENANT (D)
21H40
A PERFECT DAY
22H15
MERCI PATRON !
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
Le 1er mai à Tournefeuille, les jardins familiaux organisent comme chaque année la bourse d'échange de
plantes. L'occasion de troquer gratuitement plantes et boutures et de visiter ce très beau projet populaire. Les
jardiniers participent aussi activement à l'Agenda 21 de Tournefeuille www.jardiniersdetournefeuille.org
AVR
JEU
21
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
20
4€
13H40
SAISON DES FEMMES
14H20
D’UNE PIERRE DEUX…
14H10
PAULINA
16H00
GOOD LUCK ALGERIA
16H10
MIMI & LISA
16H20
TAKLUB
17H50
MERCI PATRON !
17H15
A PERFECT DAY
18H20
EVA NE DORT PAS
19H40
SAISON DES FEMMES
19H30
D’UNE PIERRE DEUX…
20H15
LES ARDENNES
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H15
PAULINA
22H10
UN MONSTRE À MILLE...
11H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
11H50
SAISON DES FEMMES
12H00
NO LAND’S SONG
11H40
MIDNIGHT SPECIAL
14H10
SAISON DES FEMMES
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
14H15
PASSION D’AUGUSTINE
13H50
FRITZ BAUER
16H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H50
LA VACHE
16H15
PETITE PLANÈTE VERTE
16H00
CHALA, UNE ENFANCE…
18H40
LES INNOCENTES
17H40
SAINT AMOUR
17H15
LE COEUR RÉGULIER
18H10
FRITZ BAUER
20H50
SAISON DES FEMMES
19H45
GOOD LUCK ALGERIA
19H30
THE ASSASSIN
20H10
VOLTA A TERRA
21H30
ROOM
21H40
MERCI PATRON !
21H45
A PERFECT DAY
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MER
11H20
LES INNOCENTES
12H00
HIGH-RISE
10H45
KAGEMUSHA
11H50
SAISON DES FEMMES
11H30
A PERFECT DAY
12H00
EVA NE DORT PAS
14H10
DEMAIN
13H40
LES INNOCENTES
13H50
LES ARDENNES
16H30
MIMI & LISA
16H00
PAULINA
15H45
UN MONSTRE À MILLE...
17H40
SAISON DES FEMMES
18H05
D’UNE PIERRE DEUX…
17H20
TAKLUB
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
MIDNIGHT SPECIAL
19H20
RAN
21H50
ROOM
22H10
MERCI PATRON !
22H00
HIGH-RISE
11H30
SAISON DES FEMMES
12H00
A PERFECT DAY
11H40
DÉLICES DE TOKYO
11H40
THE ASSASSIN
13H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H30
CHALA, UNE ENFANCE…
13H50
LE COEUR RÉGULIER
13H40
VOLTA A TERRA
15H50
ROOM
16H50
PETITE PLANÈTE VERTE
16H00
FRITZ BAUER
15H30
GOOD LUCK ALGERIA
18H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H50
LA VACHE
18H05
PASSION D’AUGUSTINE
17H20
LES INNOCENTES
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
SAISON DES FEMMES
20H10
MERCI PATRON !
19H30
FRITZ BAUER
21H50
SAINT AMOUR
22H10
NO LAND’S SONG
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H40
THE ASSASSIN
4€
4€
4€
23
AVR
DIM
24
AVR
LUN
25
AVR
MAR
26
AVR
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
SAM
17H45
GOOD LUCK ALGERIA
18H00
TAKLUB
17H20
EVA NE DORT PAS
19H40
SAISON DES FEMMES
20H00
D’UNE PIERRE DEUX…
19H10
PAULINA
22H00
A PERFECT DAY
21H45
LES ARDENNES
21H15
HIGH-RISE
11H30
DEMAIN
12H00
MUSTANG
11H50
MERCI PATRON !
11H40
LES INNOCENTES
4€
14H00 bébé
SAISON DES FEMMES
14H10
LA VACHE
13H40
THE ASSASSIN
13H50
FRITZ BAUER
16H20
PETITE PLANÈTE VERTE
16H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H50
PASSION D’AUGUSTINE
16H00
CHALA, UNE ENFANCE…
17H20
ROOM
18H20
GOOD LUCK ALGERIA
17H50
MIDNIGHT SPECIAL
18H10
VOLTA A TERRA
19H40
SAISON DES FEMMES
20H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H00
NO LAND’S SONG
19H50
SAINT AMOUR
22H00
A PERFECT DAY
22H10
GOOD LUCK ALGERIA
21H50
LE COEUR RÉGULIER
21H50
FRITZ BAUER
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
16H30
MIMI & LISA
16H10
MERCI PATRON !
11H40
ROOM
12H20
MERCI PATRON !
11H45
LES ARDENNES
14H00
SAISON DES FEMMES
14H10
TAKLUB
13H40
HIGH-RISE
16H20
MIMI & LISA
16H10
D’UNE PIERRE DEUX…
16H00
RAN
17H30
DEMAIN
18H00
A PERFECT DAY
18H40
EVA NE DORT PAS
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
20H15
D’UNE PIERRE DEUX…
20H30
UN MONSTRE À MILLE...
21H50
SAISON DES FEMMES
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
22H10
PAULINA
12H00
SAINT AMOUR
12H10
GOOD LUCK ALGERIA
11H30
PASSION D’AUGUSTINE
00H00
FRITZ BAUER
4€
14H20
SAISON DES FEMMES
14H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
13H40
MERCI PATRON !
13H50
LES INNOCENTES
16H40
PETITE PLANÈTE VERTE
16H00
LA VACHE
15H20
CHALA, UNE ENFANCE…
16H00
DÉLICES DE TOKYO
17H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
17H50
GOOD LUCK ALGERIA
17H30
NO LAND’S SONG
18H10
NOUS TROIS OU RIEN
19H45
SAISON DES FEMMES
19H40
A PERFECT DAY
19H20
FRITZ BAUER
20H10
THE ASSASSIN
22H00
ROOM
21H50
SAISON DES FEMMES
21H30
MIDNIGHT SPECIAL
22H10
VOLTA A TERRA
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
22
4€
14H10
SAISON DES FEMMES
13H50
ROOM
14H00
KAGEMUSHA
11H15
MIDNIGHT SPECIAL
10H30
11H40
MIMI & LISA TAKLUB
10H50
IN JACKSON HEIGHTS
13H30
D’UNE PIERRE DEUX…
13H40
A PERFECT DAY
14H20
EVA NE DORT PAS
15H20
SAISON DES FEMMES
15H50
PAULINA
16H10
HIGH-RISE
17H40
GOOD LUCK ALGERIA
17H55
D’UNE PIERRE DEUX…
18H30
UN MONSTRE À MILLE...
19H30
SAISON DES FEMMES
19H40
MERCI PATRON !
20H05
LES ARDENNES
21H50
DEMAIN
21H30 Dernière Zéance
DON’T GROW UP
22H00
PAULINA
10H00
DEMAIN
10H10
CHALA, UNE ENFANCE…
10H20
AU PIED DU MUR
10H30
12H00
PETITE PLANÈTE FRITZ...
4€
12H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
12H20
GOOD LUCK ALGERIA
12H15
LE COEUR RÉGULIER
13H40
MERCI PATRON !
14H30
SAISON DES FEMMES
14H10
ROOM
14H40
PASSION D’AUGUSTINE
15H20
MUSTANG
17H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H30
LA VACHE
16H45
SAINT AMOUR
17H20
VOLTA A TERRA
19H10
A PERFECT DAY
18H30
SAISON DES FEMMES
18H50
NO LAND’S SONG
19H00
FRITZ BAUER
21H20
GOOD LUCK ALGERIA
20H50
SAISON DES FEMMES
20H40
MIDNIGHT SPECIAL
21H10
THE ASSASSIN
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
VEN
11H50
MIDNIGHT SPECIAL
11H40
PAULINA
12H20
UN MONSTRE À MILLE...
11H20
SAISON DES FEMMES
12H30
TAKLUB
12H00
EVA NE DORT PAS
13H40
DEMAIN
14H30
LES INNOCENTES
13H50
UN MONSTRE À MILLE...
16H00
D’UNE PIERRE DEUX…
15H30
MIMI & LISA
17H50
SAISON DES FEMMES
16H50
A PERFECT DAY
16H40
KAGEMUSHA
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
19H10
ROOM
20H00
PAULINA
22H00
MIDNIGHT SPECIAL
21H30
HIGH-RISE
22H10
LES ARDENNES
12H10
GOOD LUCK ALGERIA
11H40
MÉDECIN DE CAMPAGNE
11H30
LE COEUR RÉGULIER
11H20
ROOM
14H10
SAISON DES FEMMES
13H50
LA VACHE
14H00
MIDNIGHT SPECIAL
13H40
VOLTA A TERRA
16H30
PETITE PLANÈTE VERTE
15H45
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H10
PASSION D’AUGUSTINE
15H20
CHALA, UNE ENFANCE…
17H25
A PERFECT DAY
17H50
SAISON DES FEMMES
18H15
FRITZ BAUER
17H30
LES INNOCENTES
19H30
SAISON DES FEMMES
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
20H20
MERCI PATRON !
19H40
THE ASSASSIN
21H50
ROOM
22H00
SAINT AMOUR
22H00
FRITZ BAUER
21H40
NO LAND’S SONG
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
Les 13/14/15 mai, c'est le Festival Le vent se lève à l'espace Job : 3 jours d'éducation populaire politique !
Puis à Utopia Tournefeuille : le 20 mai, conférence gesticulée Le travail est un sport collectif, comment lutter
contre la souffrance au travail… Le 6 juin, conférence populaire sur la place des jeunes dans la démocratie.
11H20
DEMAIN
10H30
MIMI & LISA
11H30
RAN
15H30
SAISON DES FEMMES
16H20
PAULINA
16H30
EVA NE DORT PAS (D)
17H50
GOOD LUCK ALGERIA
18H30
D’UNE PIERRE DEUX…
18H20 (D)
UN MONSTRE À MILLE...
19H40
21H50
A PERFECT DAY (D)
SAISON DES FEMMES
20H30
ARE VAH ! + rencontre
20H00
22H00
TAKLUB
LES ARDENNES
16H00
LA VACHE
16H45
PETITE PLANÈTE VERTE
16H20
NO LAND’S SONG
16H10
THE ASSASSIN
17H50
SAISON DES FEMMES
17H40
CHALA, UNE ENFANCE…
18H10
MERCI PATRON !
18H20
LE COEUR RÉGULIER
20H10
GOOD LUCK ALGERIA
19H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
20H00
FRITZ BAUER
20H30
VOLTA A TERRA
4€
4€
4€
4€
4€
13H45 bébé
D’UNE PIERRE DEUX…
11H40
14H00
HIGH-RISE ROOM
14H15
MIDNIGHT SPECIAL
4€
11H40
NOUS TROIS OU RIEN
12H20
A PERFECT DAY
12H10
FRITZ BAUER
12H00
SAINT AMOUR
13H40
SAISON DES FEMMES
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H20
PASSION D’AUGUSTINE
14H10
GOOD LUCK ALGERIA
22H00
SAISON DES FEMMES
21H50
ROOM
22H05
MIDNIGHT SPECIAL
22H10
THE ASSASSIN (D)
Le 21 mai à 14h, les citoyens du monde entier, dans une cinquantaine de pays et une vingtaine de villes
françaises, marcheront contre Monsanto et consorts. Rendez-vous place du Capitole et mobilisons-nous
contre le projet d'agriculture intensive, génétiquement modifiée et dépendante des pesticides !
AVR
VEN
29
AVR
SAM
30
AVR
DIM
1
er
MAI
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
28
21H45
SAISON DES FEMMES
22H10
PAULINA
22H00
HIGH-RISE
12H00
DÉLICES DE TOKYO
11H50
LES INNOCENTES
11H40
FRITZ BAUER
11H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H20
SAISON DES FEMMES
14H10
MAGGIE A UN PLAN
13H50
MERCI PATRON !
13H40
CHALA, UNE ENFANCE…
16H45
PETITE PLANÈTE VERTE
16H20
MÉDECIN DE CAMPAGNE
15H40
PASSION D’AUGUSTINE
15H50
VOLTA A TERRA
17H50
LA VACHE
18H20
GOOD LUCK ALGERIA
17H40
FRITZ BAUER
17H30
SAINT AMOUR
19H40
SAISON DES FEMMES
20H15
MAGGIE A UN PLAN
19H50
NO LAND’S SONG
19H30
ROOM
22H00
A PERFECT DAY
22H15
NOUS TROIS OU RIEN
21H40
MIDNIGHT SPECIAL
21H50
SAISON DES FEMMES
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
JEU
19H50
MAGGIE A UN PLAN
20H20
DÉGRADÉ
19H40
MOBILE ÉTOILE
11H20
DEMAIN
12H20
MERCI PATRON !
10H40
KAGEMUSHA
13H40
SAISON DES FEMMES
14H10
ROOM
14H00
MOBILE ÉTOILE
16H00
MAGGIE A UN PLAN
16H30
MIMI & LISA
16H20
TAKLUB
18H00
SAISON DES FEMMES
17H40
PAULINA
18H20
DÉGRADÉ
20H20
GOOD LUCK ALGERIA
19H45
D’UNE PIERRE DEUX…
20H05
LES ARDENNES
22H10
MAGGIE A UN PLAN
21H30
MIDNIGHT SPECIAL
22H00
DÉGRADÉ
11H30
MIDNIGHT SPECIAL
12H00
NO LAND’S SONG
12H10
PASSION D’AUGUSTINE
12H20
SAISON DES FEMMES
13H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
14H20
FRITZ BAUER
14H45
MAGGIE A UN PLAN
15H50
LA VACHE
15H50
SAISON DES FEMMES
16H30
CHALA, UNE ENFANCE…
16H50
PETITE PLANÈTE VERTE
17H40
A PERFECT DAY
18H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H40
VOLTA A TERRA
17H50
LES INNOCENTES
19H50
SAISON DES FEMMES
20H10
MAGGIE A UN PLAN
20H20
FRITZ BAUER
20H00
GOOD LUCK ALGERIA
22H00
ROOM
22H10
SAINT AMOUR
22H20
MERCI PATRON !
21H50
LE COEUR RÉGULIER
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
AVR
18H00
GOOD LUCK ALGERIA
18H30
D’UNE PIERRE DEUX…
17H45
LES ARDENNES
11H15
MIDNIGHT SPECIAL
12H30
DÉGRADÉ
11H50
TAKLUB
13H30
MAGGIE A UN PLAN
14H30
D’UNE PIERRE DEUX…
13H50
RAN
15H30
DEMAIN
16H20
MERCI PATRON !
16H30
MIMI & LISA
17H55
SAISON DES FEMMES
18H15
DÉGRADÉ
17H35
PAULINA
20H15
MAGGIE A UN PLAN
20H00
D’UNE PIERRE DEUX…
19H40
MOBILE ÉTOILE
22H10
GOOD LUCK ALGERIA
21H45
ROOM
22H00
LES ARDENNES
11H30
SAISON DES FEMMES
12H00
MUSTANG
11H50
FRITZ BAUER
12H10
GOOD LUCK ALGERIA
13H50
A PERFECT DAY
14H05
MAGGIE A UN PLAN
14H00
LE COEUR RÉGULIER
14H10
ROOM
16H00
GOOD LUCK ALGERIA
16H05
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H20
NO LAND’S SONG
16H30
PETITE PLANÈTE VERTE
17H50
SAISON DES FEMMES
18H05
LA VACHE
18H10
MERCI PATRON !
17H30
CHALA, UNE ENFANCE…
20H10
MAGGIE A UN PLAN
20H00
MÉDECIN DE CAMPAGNE
19H50
VOLTA A TERRA
19H40
MIDNIGHT SPECIAL
22H10
MAGGIE A UN PLAN
22H00
SAISON DES FEMMES
21H30
PASSION D’AUGUSTINE
21H50
FRITZ BAUER
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
27
4€
15H40
DEMAIN
16H15
MIDNIGHT SPECIAL
15H50
TAKLUB
11H30
SAISON DES FEMMES
11H50
DÉGRADÉ
12H00
LES ARDENNES
13H50
MAGGIE A UN PLAN
13H40
MERCI PATRON !
14H00
TAKLUB
15H45
LES INNOCENTES
15H30
ROOM
16H00
MIMI & LISA
18H00
GOOD LUCK ALGERIA
17H50
D’UNE PIERRE DEUX…
17H10
MOBILE ÉTOILE
19H55
MAGGIE A UN PLAN
19H40
SAISON DES FEMMES
19H30
DÉGRADÉ
21H50
MIDNIGHT SPECIAL
22H00
HIGH-RISE
21H15
PAULINA
12H00
SAISON DES FEMMES
11H50
LES INNOCENTES
12H15
MERCI PATRON !
12H10
LE COEUR RÉGULIER
14H30
MÉDECIN DE CAMPAGNE
14H00
MAGGIE A UN PLAN
14H10
VOLTA A TERRA
14H40
CHALA, UNE ENFANCE…
16H40
PETITE PLANÈTE VERTE
16H00
DÉLICES DE TOKYO (D)
15H50
PASSION D’AUGUSTINE
17H40
GOOD LUCK ALGERIA
18H20
LA VACHE
17H50
FRITZ BAUER
16H50
NOUS TROIS OU RIEN (D)
19H40
SAISON DES FEMMES
20H10
MAGGIE A UN PLAN
19H50
SAINT AMOUR
19H00
A PERFECT DAY
22H00
ROOM
22H10
MAGGIE A UN PLAN
21H50
NO LAND’S SONG
21H15
MIDNIGHT SPECIAL
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
MER
11H50
13H40
MERCI PATRON !
MAGGIE A UN PLAN
11H00
12H10
13H55
MIMI... D’UNE PIERRE... SAISON DES FEMMES
11H20
14H05
RAN
DÉGRADÉ
11H20
LES INNOCENTES (D)
10H30 (D)
11H40
MIMI & LISA LA SAISON...
10H45 (D)
IN JACKSON HEIGHTS
13H40
GOOD LUCK ALGERIA
14H00
DÉGRADÉ
14H15
LES ARDENNES
15H30
DEMAIN
15H45
D’UNE PIERRE DEUX…
16H10
MOBILE ÉTOILE
17H50
MAGGIE A UN PLAN
17H30
SAISON DES FEMMES
18H30
DÉGRADÉ
19H45
MIDNIGHT SPECIAL
19H50
PAULINA
20H15
KAGEMUSHA
22H00
MAGGIE A UN PLAN
21H50
HIGH-RISE
10H10
DEMAIN
10H00
CHALA, UNE ENFANCE…
10H20
AU PIED DU MUR (D)
11H00
PETITE PLANÈTE (D)
12H30
SAINT AMOUR
12H10
LES INNOCENTES
12H20
FRITZ BAUER
12H00
PASSION D’AUGUSTINE
14H30
SAISON DES FEMMES
14H20
MAGGIE A UN PLAN
14H40
NO LAND’S SONG
14H10
MUSTANG (D)
16H50
LA VACHE
16H20
A PERFECT DAY
16H30
FRITZ BAUER
16H10
LE COEUR RÉGULIER
18H50
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H30
MAGGIE A UN PLAN
18H40
MERCI PATRON !
18H20
MIDNIGHT SPECIAL
20H50
GOOD LUCK ALGERIA
20H30
SAISON DES FEMMES
20H20
VOLTA A TERRA
20H30
ROOM
4€
4€
4€
4€
4€
4€
4€
4€
4€
MAI
MAR
3
MAI
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
2
4€
14H15
D’UNE PIERRE DEUX…
14H00
GOOD LUCK ALGERIA
13H45
DÉGRADÉ
16H00
SAISON DES FEMMES
15H50
PAULINA
15H30
RAN (D)
18H20
DEMAIN (D)
18H00
D’UNE PIERRE DEUX…
18H10
MOBILE ÉTOILE
20H45
MAGGIE A UN PLAN
20H00 Cinéphil’o
11H50
LA VACHE
12H10
GOOD LUCK ALGERIA
11H40 (D)
PASSION D’AUGUSTINE
12H00
ROOM
4€
14H00
SAISON DES FEMMES
14H10 bébé
MAGGIE A UN PLAN
13h50 (D)
LE COEUR RÉGULIER
14H30
MIDNIGHT SPECIAL
16H20
VOLTA A TERRA
16H10
MÉDECIN DE CAMPAGNE
16H00
FRITZ BAUER
16H50
MERCI PATRON !
18H00
GOOD LUCK ALGERIA
18H20
LES INNOCENTES (D)
18H10
SAINT AMOUR
18H40
NO LAND’S SONG (D)
20H00
MAGGIE A UN PLAN
20H30
SAISON DES FEMMES
20H15
A PERFECT DAY
20h40 (D)
CHALA, UNE ENFANCE
T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE
LUN
12H20
MAGGIE A UN PLAN
11H40
MIDNIGHT SPECIAL (D)
11H50
LES ARDENNES
12H00
D’UNE PIERRE DEUX…
11H40
HIGH-RISE (D)
11H50
MOBILE ÉTOILE
13H45
SAISON DES FEMMES
14H00 bébé
DÉGRADÉ
14H15
KAGEMUSHA (D)
16H05
MAGGIE A UN PLAN
15H45
PAULINA (D)
18H00
MERCI PATRON ! (D)
17H50
ROOM (D)
17H40
TAKLUB (D)
19H50
SAISON DES FEMMES
20H10 (D)
GOOD LUCK ALGERIA
19H40
D’UNE PIERRE DEUX…
17H40 (D)
MÉDECIN DE CAMPAGNE
18H00
VOLTA A TERRA (D)
17H50
SAINT AMOUR (D)
17H10
ROOM (D)
20H00
4€
4€
15H30
MAGGIE A UN PLAN
15H40
SAISON DES FEMMES
16H00
LA VACHE (D)
15H00
A PERFECT DAY (D)
TAKE SHELTER + rencontre
20H30
DÉGRADÉ
DEMAIN + rencontre
19H40
SAISON DES FEMMES
19H50
FRITZ BAUER (D)
19H30
MAGGIE A UN PLAN
22H10
MAGGIE A UN PLAN
22H00
DÉGRADÉ
21H30
LES ARDENNES (D)
22H00
MIDNIGHT SPECIAL (D)
21H50
MERCI PATRON ! (D)
21H30 (D)
GOOD LUCK ALGERIA
Mardi 10 mai à 20h30 à Toulouse, projection unique suivie d’une rencontre avec le réalisateur, organisée avec l’Université Populaire de Toulouse (achetez vos places à partir du 27 avril).
ONCLE BERNARD, l’anti leçon d’économie
Richard Brouillette
Documentaire Québec 2015 1h19
Oncle Bernard, c’était l’incomparable
Bernard Maris, un des regrettés chroniqueurs de Charlie Hebdo abattus
comme Charb, Cabu, Wolinsky, Tignous,
Honoré, un sinistre 7 janvier. Bernard
Maris c’était l’économiste de la bande,
qui tentait de rendre moins opaque une
science souvent confisquée par des experts qui voulaient la rendre incompréhensible aux béotiens. Un homme à la
gouaille impressionnante, à l’accent
du Sud-Ouest très marqué, exécutant
les pompeux cornichons de la finance
à coup de formules fleuries et assassines. Il était truffé de contradictions :
proche d’ATTAC, des Verts, il défendait
l’importance de la gratuité, du don et du
contre don, tout en acceptant en 2011
un poste de membre au conseil général
de la Banque de France. Il était homme
de gauche mais s’était pris d’amitié pour
l’incontrôlable Michel Houellebecq à qui
il avait consacré un livre. Il avait voté le
traité de Maastricht, tout en disant plus
tard qu’il fallait sortir de la zone euro. Un
mec parfois agaçant, imprévisible, qui
fascinait et énervait.
En 2000, le cinéaste québécois Richard
Brouillette l’avait interviewé pour un
film qu’il finira bien plus tard, en 2008,
L’Encerclement, fascinant documentaire qui défendait des visions alternatives de l’économie (disponible en Vidéo
en Poche). La disparition de Bernard
Maris rendait important d’extraire cette
leçon ludique et jubilatoire d’économie
à la portée de tous. En 2000, Bernard
Maris porte joliment la cinquantaine et
à Charlie Hebdo, Siné sème encore sa
zone à la rédaction. Malgré le dispositif
volontairement austère (le film est tourné en pellicule 16 mm noir et blanc, et
Brouillette intègre même les changements de bobines tout en laissant tourner le son) destiné à laisser totalement
la place à la parole libératoire de Oncle
Bernard, on est subjugué par le fait que
cette pensée d’il y a quinze ans n’a pas
pris une ride au regard des événements
actuels. Oncle Bernard dénonce pêlemêle la collusion des trois strates des
économistes (les savants, les experts et
les journalistes), l’opacité organisée au
niveau international pour empêcher les
Etats de jouer leur rôle régulateur, l’incertitude absolue constitutive de l’économie capitaliste, la nécessité pour le
capitalisme de détruire tout ce qui est
collectif et par là-même l’environnement, les batailles stupides de statistiques pour masquer le réel aux yeux
de la population, le critère absurde de la
croissance… Il démonte le dogme de la
main invisible du marché, et a quelques
mots peu amènes pour les cadres (pardon pour ceux qui nous liront).
Tout cela est, malgré le dispositif aride,
extraordinairement vivifiant… Et on a
un petit coup de blues en entendant
Maris engueuler Luz qui fout le bordel pendant l’interview ou lors d’un bref
échange avec Cabu mort de rire, parce
que Bernard Maris s’apprête à partir dîner avec Line Renaud… C’est sûr que
ces gaillards n’auraient que moyennement goûté l’hommage des dictateurs et
de Johnny Hallyday. En tout cas merci
à notre réalisateur du pays des caribous
d’avoir ressuscité avec ce beau film
cet économiste irrévérencieux qui nous
manque tant.
J'AIME REGARDER LES FILLES… Six années déjà que le lycée Urbain Vitry (ex Lycée Bayard)
occupe nos murs. Le projet initié par plusieurs professeurs a pour visée de permettre aux élèves de mieux maîtriser la rédaction de textes et d'analyser des œuvres artistiques autres que littéraires. Se mêlent donc lors des ateliers d'écritures plaisir et travail. Cette année, les trois films choisis s'intéressent à la place des femmes dans
la société. Trois personnages venus d'horizons différents mais animés par un même souffle d'exister et de s'affirmer. Vous trouverez ci dessous, trois critiques élaborées par des élèves pleinement motivés par ce projet.
Marthe sort de l'ordinaire, cette rencontre va lui apprendre à faire des choix
elle-même et c'est aussi grâce à Marthe
que la troisième rencontre se produira.
La troisième et dernière rencontre se fera avec Virginie, jeune serveuse humiliée par sa patronne. Lulu se voit dans
ce troisième personnage, elle se voit à
son âge. Elle finit par la délivrer de sa patronne et lui montrer l'importance de la
vie comme lui ont montré les autres rencontres qu'elle a faites juste avant.
Les rencontres que Lulu fait au fil du
temps dévoilent la vraie Lulu, faisant
écho au titre Lulu femme nue.
FATIMA
de Philippe faucon
VIOLETTE
de Martin Provost
L'affamée
« Ma mère ne m'a jamais donné la main ».
Phrase singulière pour une femme singulière, dans ses relations amoureuses
et ses choix de vie : du marché noir à
l'écriture, d'hommes en femmes…
Un plan très court nous montre sa mère
en robe de mariée. Elle est enceinte et
frappe avec haine sur son ventre. Cela
nous fait comprendre que Violette était
une enfant non désirée et nous éclaire
sur la relation, complexe, qu'elle entretient avec sa mère.
Violette est un film au rythme très lent,
découpé en chapitres qui nous parlent
du parcours de l'écrivaine Violette
Leduc. On peut s'interroger sur cette
lenteur qui peine à nous faire rentrer
dans l'histoire mais qui, peut-être, reflète
l’absence de « but ». Elle nous fait vivre
l'indécision de Violette, ses failles, son
mal-être…
Sa rencontre avec Maurice Saxe, qui
l'oblige à exorciser son mal-être par
l'écriture mais surtout celle, décisive,
avec Simone de Beauvoir, qui voit en elle
une grande écrivaine, vont la faire entrer
en écriture.
Ce film évoque la difficulté d'être une
femme dans les années 1945-1965,
et nous rappelle les grandes batailles
de l’émancipation féminine dans la seconde moitié du xxe siècle : la question
de l'avortement, le droit de disposer de
son corps, l'émancipation financière et
sexuelle des femmes. Finalement, l'histoire individuelle de Violette rejoint l'Histoire.
LULU FEMME NUE
de Solveig Anspach
Lulu, la dévoilée, la révélée ?
« Dis-donc j'ai raté le train, je ne sais pas
comment je me suis débrouillée… »
Lulu, femme dans la quarantaine, mariée et mère de trois enfants, loupe son
train après un entretien d’embauche catastrophique. Elle appelle sa fille pour le
lui dire. Elle décide de prendre des vacances.
Le film porte l'attention sur la liberté de
vivre, mais aussi sur les rencontres.
Ce film montre que la vie de Lulu est
un stéréotype du métier de mère et de
femme, sans rencontres, sans aventure, sans travail et très ennuyeuse.
Ce qui pousse Lulu à quitter sa famille
pour pouvoir réfléchir à sa vie et à la vie
qu'elle aurait pu avoir.
Les rencontres qu'elle fait marquent la
puissance de ce film, permettent de lui
faire changer sa perception de la vie et
de lui ouvrir les yeux sur la vie qu’elle
mène.
La rencontre de Charles est la plus importante à mes yeux, elle permet à Lulu
de s'ouvrir sur un nouvel amour et cette
première rencontre va la relancer…
La deuxième rencontre de Lulu avec
La dévouée
« Elles ont toutes besoin d'une Fatima »
C'est la chronique sociale d'une réalité,
celle qui « s'abat » sur des femmes qui
habitent dans l'environnement parfois
rude des cités.
Fatima , « maghrébine », la quarantaine,
femme voilée, élève seule ses deux filles,
Souad âgée de 15 ans ainsi que Nesrine,
18 ans. C'est le portrait tendre et non dénué d'humour d'une femme prête à tout
sacrifier pour ses filles. Elle enchaîne les
heures de ménage, s'épuisant physiquement mais aussi moralement.
Ses employeurs mais aussi sa fille cadette la dénigrent mais cela lui importe
peu. En effet, l'essentiel, pour Fatima,
est d'assurer l'avenir de ses filles. Elle
sacrifie sa vie de femme pour son travail… Elle sacrifie ses bijoux en or pour
financer les études de médecine de sa
fille aînée Nesrine à l'opposé de Souad,
la cadette, adolescente en révolte qui
fuit le travail et les responsabilités.
Dans ce film tout en finesse et en délicatesse, le rôle de Souad, l'adolescente
en révolte, est pourtant surjoué par la
jeune actrice, ce qui rend son interprétation peu réaliste. A l'inverse, Nesrine,
la fille aînée irréprochable mais aussi fille
modèle voire très moderne et qui s'oppose pourtant au père lorsqu'il est question de l'émancipation des femmes, est
formidablement bien interprétée dans
son combat sur elle-même pour bénéficier de l'ascension sociale (privation des
plaisirs estudiantins et de l'amour).
Ainsi, le réalisateur choisit des plans
fixes pour filmer les émotions de ses acteurs : colère, tristesse ou joie éclatent
sur l'écran. Il n'y a aucun plan large, tout
est filmé au plus près d'une réalité sociale qui frôle le documentaire : Il s'agit
de montrer les difficultés de vie d'une
population mais aussi le racisme dont
elle peut être victime au quotidien.
FRITZ BAUER, UN HÉROS ALLEMAND
Lars KRAUME
Allemagne 2015 1h46 VOSTF
avec Burghart Klaussner, Ronald
Zehrfeld, Lilith Stangenberg, Jörg
Schüttauf, Sebastian Blomberg…
Scénario de Lars Kraume
et Olivier Guez
70 ans après la chute du régime nazi,
le cinéma allemand n'a pas fini d'explorer les zones d'ombre de cette sinistre période. Entreprise pédagogique
ô combien louable qui nous donne en
plus des films passionnants : tout récemment, Elser, un héros ordinaire
d'Oliver Hirschbiegel réhabilitait la mémoire du premier (et unique !) civil à
avoir tenté d'assassiner Adolf Hitler en
1939. Quelques mois auparavant, Le
Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli
revenait sur les efforts menés au début
des années 1960 par les procureurs de
Francfort pour porter devant les tribunaux les responsables SS qui avaient
« travaillé » au camp d'Auschwitz, efforts largement entravés par une méconnaissance des camps dans l'opinion
publique, au diapason de la doctrine du
chancelier Adenauer prônant l'oubli au
nom de la réconciliation, et par la présence d'anciens fonctionnaires nazis au
sein de l'administration judiciaire. Dans
Le Labyrinthe du silence, on découvrait
fugitivement la figure de Fritz Bauer, Juif
allemand devenu procureur au tout début des années 1930, arrêté sous le régime hitlérien, mais qui parvint à fuir vers
le Danemark puis la Suède avant de revenir exercer ses fonctions dans la nouvelle Allemagne prétendument débarrassée du nazisme. Fritz Bauer (interprété
par un comédien magnifique : Burghart
Klaussner, inoubliable pasteur dans Le
Ruban blanc de Michael Haneke) est aujourd'hui le personnage central d'un film
qui raconte des événements qui se sont
déroulés près de dix ans avant ceux relatés dans Le Labyrinthe du silence.
Nous sommes en 1952. Le rugueux mais
chaleureux Fritz Bauer, magistrat atypique et médiatique, est à la tête d'une
escouade de jeunes procureurs dont le
but est de tenter de retrouver les anciens responsables nazis, non pas par
souci de vengeance mais pour s'assurer de la construction de l'avenir dans
une société démocratique. Retrouver les
nazis n'est pas très compliqué puisqu'ils
sont encore présents à tous les niveaux
des administrations, des directions des
grandes entreprises, mais ce qui l'est
plus est de rassembler des preuves de
leur culpabilité dans un contexte où les
anciens tenants du pouvoir meurtrier se
serrent les coudes. Les enquêtes piétinent, les jeunes substituts se font rudoyer par Fritz Bauer qui ne supporte
pas leur manque de zèle… Et puis, cadeau du ciel, arrive une lettre d'un ressortissant allemand en Argentine, indiquant que peut-être s'y trouve Adolf
Eichmann, l'horrible concepteur de la
solution finale et de toute sa logistique
mortifère. Ne faisant plus confiance aux
autorités allemandes gangrenées par les
complicités nazies, le procureur général Bauer va commettre l'impensable en
appelant au secours les services secrets
d'Israël, initiative qui s'apparentait clairement, pour la justice allemande, à de
la haute trahison.
On connait la suite : l'enlèvement et le
rapatriement d'Eichmann à Jérusalem
pour un procès qui fera date – pour tout
savoir et comprendre sur cet épisode
essentiel, on vous renvoie à l'extraordinaire film documentaire d'Eyal Sivan et
Rony Brauman, Un Spécialiste.
Thriller politique et historique palpitant,
le film raconte avec brio la quête de justice et le combat du procureur que la raison d'état a tenté d'entraver – en vain
heureusement –, au mépris de la mémoire de millions de victimes.
Sur un plan apparemment plus anecdotique mais finalement éclairant, le
film évoque aussi la question de l'homosexualité : Fritz Bauer était gay, ce
qui faillit lui coûter son poste et son enquête… On découvre une Allemagne
des années 1950 toujours soumise au
terrible Paragraphe 175, édité à l'époque
nazie, qui punissait de prison toute personne convaincue de pratiques homosexuelles. On perçoit bien ainsi toutes
les ambiguïtés de cette Allemagne post
nazie, pas encore totalement prête à
son examen de conscience et à un plein
exercice de la démocratie.
TOURNEFEUILLE
8 films en copies numériques, versions restaurées. « Kurosawa est un prodige de la nature
et son œuvre constitue un véritable don au cinéma et à tous ceux qui l’aiment. » (Martin Scorsese)
JE NE REGRETTE
RIEN DE MA
JEUNESSE
Akira KUROSAWA
Japon 1946 1h50 VOSTF Noir & Blanc
avec Setsuko Hara, Denjirô Ôkôchi,
Eiko Miyoshi, Susumu Fujita...
Scénario d’Eijirô Hisaita, Akira
Kurosawa et Keiji Matsuzaki
INÉDIT EN FRANCE
Kyoto, 1933. Alors qu’un régime militaire
est instauré au Japon, le professeur d’université Yagihara est démis de ses fonctions car jugé trop démocrate par ses
pairs. Il est soutenu par un petit groupe
d’étudiants progressistes auquel appartiennent Noge et Itokawa. Yukie, la fille du
professeur, tombe amoureuse du fougueux Noge qui se lance bientôt corps
et âme dans la lutte contre le régime.
La jeune fille décide de suivre son grand
amour quoi qu’il advienne…
Inspiré de deux faits divers bien réels, une
fresque sur la résistance de la jeunesse
intellectuelle japonaise de l’époque. Et un
magnifique portrait de femme moderne, incarnée par l’incandescente Setsuko Hara.
VIVRE DANS
LA PEUR
Akira KUROSAWA
Japon 1955 1h43 VOSTF Noir & Blanc
avec Toshiro Mifune, Takashi Shimura,
Eiko Miyoshi, Minoru Chiaki...
Scénario de Shinobu Hashimoto,
Fumio Hayasaka, Akira Kurosawa
et Hideo Oguni
Tokyo, 1955. Le chef de famille Kiichi
Nakajima dirige une fabrique de charbon
avec ses enfants et petits-enfants. Malgré
la prospérité de son entreprise, le vieil
homme souhaite la vendre car il est hanté par la peur d’une nouvelle bombe atomique lâchée sur le Japon. Pour échapper à cela, Nakajima est prêt à toutes les
concessions financières afin de s’exiler
au Brésil avec sa famille. Mais ses enfants
ne voient pas cette lubie d’un bon oeil et
souhaitent placer leur père sous tutelle…
Récit bouleversant d’humanisme sur la
déchéance d’un homme hanté par l’horreur atomique.
LES BAS-FONDS
Akira KUROSAWA
Japon 1957 2h17 VOSTF Noir & Blanc
avec Toshiro Mifune, Ganjiro
Nakamura, Kyoko Kagawa,
Bokuzen Hidari, Isuzu Yamada…
Scénario d’Akira Kurosawa
et Hideo Oguni, d’après la pièce
de Maxime Gorki
Dans les bas-fonds d’Edo, à l’écart du
reste de la ville, se dresse une auberge
miteuse tenue par l’avare Rokubei et sa
femme Osuji. Une dizaine de personnes
vivent dans cette cour des miracles, parmi lesquelles un acteur raté, un ancien
samouraï, une prostituée et un voleur. Un
jour, un mystérieux pèlerin débarque dans
ce lieu de misère. À son contact, les habitants de l’auberge se mettent à rêver et à
croire en de jours meilleurs…
Après Le Château de l’araignée, Akira
Kurosawa se lance dans une nouvelle
adaptation, celle des Bas-Fonds, célèbre
pièce de théâtre du Russe Maxime Gorki
– également adaptée par Jean Renoir en
1936. Transposant l’action dans le Japon
de l’ère Edo, période marquée par une
grande disparité entre les classes sociales, Kurosawa pose un magnifique regard humaniste et généreux sur la misère
des laissés-pour-compte.
YOJIMBO
Akira KUROSAWA
Japon 1961 1h50 VOSTF Noir & Blanc
avec Toshiro Mifune, Eijiro Tono,
Kamatari Fujiwara, Takashi Shimura...
Scénario d’Akira Kurosawa
et Ryûzô Kikushima
À la fin de l’ère Edo (fin xixe), un samouraï solitaire nommé Sanjuro arrive dans un
village écartelé entre deux bandes rivales,
menées d’un côté par le bouilleur de saké Tokuemon, de l’autre par le courtier
en soie Tazaemon. Pendant que les deux
bandes s’entre-tuent pour régner sur les
lieux, les villageois terrorisés n’osent plus
sortir. Lorsque Sanjuro découvre la situation, il décide de mener en bateau les
deux clans rivaux en travaillant alternativement pour l’un et l’autre…
Divertissement historique de haut vol,
Yojimbo restera le plus grand succès de
Kurosawa au Japon et inspirera directement Sergio Leone et son Pour une poignée de dollars.
RÉTROSPECTIVE AKIRA KUROSAWA
Acte 2
ENTRE LE CIEL
ET L’ENFER
Akira KUROSAWA
Japon 1963 2h23 VOSTF Noir & Blanc
avec Toshiro Mifune, Kyoko Kagawa,
Tatsuya Mihashi, Tatsuya Nakadai...
Scénario d’Eijiro Hisaita, Ryozo
Kukishima, Akira Kurosawa et Hideo
Oguni, d’après le roman d’Ed McBain
Actionnaire d’une grande fabrique de
chaussures, Kingo Gondo décide de rassembler tous ses biens dans le but de racheter les actions nécessaires pour devenir majoritaire. C’est alors qu’on lui
apprend qu’on a enlevé son fils et qu’une
rançon est exigée. Un second coup de
théâtre ne tarde pas à survenir… Le film
est scindé en deux parties. D’abord, un
huis clos dans la maison de l’industriel,
sur les hauteurs de la ville, tendu par un
dilemme moral. Kurosawa fouille au plus
profond des angoisses, menant une réflexion sur le sens du sacrifice. Puis la
traque du criminel. Kurosawa fait alors
descendre le spectateur dans la ville, la
vraie, les quartiers déshérités, moites…
laissant se déployer le film policier. Une
réflexion sur la morale et le capitalisme à
la beauté plastique époustouflante, à la
mise en scène virtuose.
DODES’KA-DEN
Akira KUROSAWA
Japon 1970 2h24 VOSTF Couleurs
avec Yoshitaka Zushi, Kin Sugai,
Junzaburo Ban, Kyoko Tange...
Scénario d’Akira Kurosawa,
Hideo Oguni, Shinobu Hashimoto
et Shûgorô Yamamoto
Dans un quartier en marge de la civilisation se dresse un bidonville peuplé d’hommes et de femmes durement
éprouvés par l’existence : il y a ce père qui
rêve de la maison idéale pendant que son
fils s’en va mendier en ville, ces deux maris alcooliques qui échangent leur femme,
cette jeune fille complètement soumise
à son oncle qui finit par abuser d’elle. Le
quotidien de ces personnages est rythmé
par les allées et venues d’un tramway invisible, conduit par Rokuchan…
Le premier film en couleurs de Kurosawa,
d’une audace et d’une originalité folles :
une œuvre de jeune homme !
taille, Shingen fait promettre à ses généraux de garder le secret de sa mort pendant trois ans, période durant laquelle il
sera remplacé par un « Kagemusha » ou
« ombre du guerrier ». Les qualités du sosie de Shingen en font un seigneur efficace et respecté, ce qui lui vaut la jalousie
du prince héritier, Katsuyori.
Mais le stratagème est bientôt éventé…
Une fresque historique d’une ampleur
hors du commun, emportée par un souffle
épique incomparable (sinon avec Ran).
KAGEMUSHA
Akira KUROSAWA
Japon 1980 3h VOSTF Couleurs
avec Tatsuya Nakadai, Tsutomu
Yamazaki, Kenichi Hagiwara, Jinpachi
Nezu... Scénario d’Akira Kurosawa et
Masato Ide. Version Intégrale.
1572. Dans un Japon en proie à des
guerres incessantes, Shingen Takeda
voudrait agrandir le territoire de son clan.
Mortellement blessé au cours d’une ba-
RAN
Akira KUROSAWA
Japon/France 1985 2h42 VOSTF Couleurs
avec Tatsuya Nakadai, Akira Terao,
Jinpachi Nezu, Ryu Daisuke...
Scénario d’Akira Kurosawa, Hideo
Oguni et Masato Ide, d’après Le Roi
Lear de William Shakespeare.
Fin du xvie siècle, l’époque des principautés belligérantes. Arrivé au seuil de la
vieillesse, le seigneur Hidetora décide de
partager ses biens entre ses trois fils. Le
plus jeune s’oppose à cette décision paternelle et se voit banni à jamais. Bientôt
ses frères se livrent à une guerre sans
merci, puis s’unissent pour combattre
leur propre père : c’est un vieillard fou de
douleur et désespéré, qui restera seul,
en compagnie de son bouffon, dans les
ruines fumantes de son domaine…
Magnifique relecture du « Roi Lear », la
chronique grandiose et impitoyable d’une
quête de pouvoir destructrice.
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Dans la Gazette
[email protected]
06 70 71 53 55
Mardi 19 avril à 20h30 à Toulouse, projection unique suivie d’une
rencontre avec le réalisateur Pierre Pezerat, organisée avec l’Université Populaire de Toulouse (achetez vos places à partir du 9 avril).
LES SENTINELLES
Film documentaire de Pierre Pezerat
France 2015 1h44
Henri Pezerat, chercheur et militant, a
consacré la deuxième moitié de sa vie
à défendre les victimes ouvrières contre
les atteintes à la Santé au Travail. Le film
raconte comment il a été un acteur important, même si méconnu, de l’interdiction de l’amiante en France, comment, à
sa mort en 2009, sa compagne Annie et
quelques autres ont repris le flambeau de
sa lutte, en créant l’association qui porte
son nom.
Qu’ils soient victimes de l’amiante, des
pesticides ou d’autres poisons, ces
hommes et ces femmes retrouvent leur
dignité dans le combat pour faire reconnaître leur maladie et demander
des comptes à ceux qui les ont empoisonnés. Ce besoin de justice s’affranchit totalement du cadre socio-culturel
de ceux qui sont victimes, il va casser
le clivage qui peut exister entre les milieux aussi éloignés que le monde ouvrier
et le monde paysan. Que ce soit avec
l’amiante, ou avec les pesticides, au xxe
ou au xxie siècle, les pratiques de certains
industriels peu scrupuleux et de leurs
lobbies sont toujours les mêmes, et en
plus ça marche. D’abord, il s’agit de produire au moindre prix une marchandise,
quelqu’en soit son caractère dangereux,
puis d’organiser le mensonge sur sa non
dangerosité.
Toutes les victimes d’atteintes à la santé au travail sont passées par la moulinette du soupçon. Soupçon de l’usurpateur, soupçon du dépressif, soupçon
du fainéant, chacun d’entre eux raconte
comment cela a été terrible de subir ces
accusations, y compris de la part de médecins. Le film explique d’ailleurs la difficulté de la médecine à explorer le lien
entre la présence toujours plus importante de produits d’origine chimique dans
l’environnement et la montée très importante du nombre de cancers en France.
Il montre aussi que c’est avec la mobilisation des travailleurs de l’amiante, puis
l’arrivée des problèmes de santé chez
les consommateurs que l’interdiction de
l’amiante a pu être possible.
En gagnant son procès en appel contre
Monsanto, Paul François, l’agriculteur,
montre combien la victoire est belle,
combien elle lui a coûté, et en quoi elle
est hautement symbolique et porteuse
d’espoirs.
Les rendez-vous de l’Université Populaire de Toulouse : le 24 mars 20h30 Bourse du
travail, Le code du travail en sursis ? avec Josepha Derringer • 5 avril 20h30 Bourse du travail avec Nicolas Hirt, débat sur l'éducation avec les AMD et UPT • 11 avril 20h30 Bourse
du travail, De la judéophobie à l’islamophobie, Shlomo Sand avec AMD et UPT • 13 avril au
Bijou Fin de cycle en Amérique du Sud ? Mouvements populaires, gouvernements « progressistes » et alternatives écosocialistes avec Franck Gaudichaud • 18 avril à la Bourse, Annie
Thébaud Mony Les risques du travail et débat autour de la réouverture des mines de Salau
Salsigne. Plus d’informations sur www.universitepopulairetoulouse.fr
LES OGRES
Léa FEHNER
France 2015 2h24
avec Adèle Haenel, Marc Barbé,
François Fehner, Marion Bouvarel,
Inès Fehner, Lola Dueñas… Léa Fehner nous avait bouleversés avec
son premier film Qu’un seul tienne et les
autres suivront, elle nous en offre un second dans un tout autre registre.
Les Ogres ! Voilà un titre rudement bien
choisi, qui colle aux personnages pantagruéliques de cette fable un brin amorale et à plusieurs vitesses. Ils croquent
la vie à pleines dents, sans se retourner
sur leurs ravages : à quoi bon ? Cela fait
partie de la nature de ces grands insolents qui n'ont pas renié la folie de leur
enfance. Baladins sur scène comme
dans la vie, ils surgissent d'on ne sait
où, sautant de ville en village, de scènes
en plateaux, de sourires en crises – de
rire, de colère comme de larmes. Ils
osent tout, de la tendresse à l'hystérie,
se jurant toujours de ne jamais abdiquer leur liberté. Ils bousculent le monde
et s'étonnent de le voir se fâcher ! On
ne sait si on doit les haïr ou les aimer,
mais peut-être est-ce au fond un peu
la même chose, tant l'amour et la haine
peuvent être des sentiments dévorants.
Et si Léa Fehner les dépeint avec autant
d'humour et si peu de complaisance, si
elle ose les chatouiller et les égratigner
jusqu'à la moelle épinière, c'est qu'il
coule en elle le même sang. Être une
ogresse et l'assumer fait partie de ses
gènes. C'est comme un exorcisme aux
vertus libératoires qu'elle nous offre là.
Elle semble avoir chaussé ses yeux de
petite fille pour filmer avec émerveillement l'exubérance déconcertante de
ces géants, ces monstres de scène, ces
adultes qui peuplèrent son enfance pour
le pire et le meilleur, à commencer par
ses propres parents. Elle aurait pu se
contenter d'en tirer une plate autobiographie ? Mais non ! Il fallait un défi à la
démesure de sa tribu sans renier l'infidélité de ses souvenirs travestis par le
temps, s'en servir au contraire, comme
d'une trame pour broder, repeupler, réinventer un univers, en faire cette pure fiction, cette allégorie prise dans les feux
de glace du rêve et de la réalité.
Nous voilà engloutis par ces grandes
gueules d'artistes, émus ou énervés par
leurs débordements qui questionnent
nos tiédeurs, nos docilités.
Drôle de road-movie perpétuel que celui de la troupe du Davaï, théâtre itinérant où il faut, à chaque étape, se lancer
dans un rituel éternellement renouvelé. Planter le chapiteau, aller appâter
le chaland : faire la parade quoi qu'il
arrive ! Donner le change même si le
temps ou quelques-uns font grise mine.
C'est comme un sacerdoce païen, grivois, libertaire. Un engagement au service d'un art populaire où l'on rend la
culture à la rue. La gravité, les grands
mots camouflés sous le voile de farces
légères, voilà nos saltimbanques prêts
à refaire le monde sans trop d'illusion.
C'est une vie de bohème tout à la fois
exaltante et éprouvante dans laquelle
François, le fondateur de la troupe, a
entraîné femme, enfants, comédiens et,
dans leur sillage, une ribambelle de loupiots incontrôlables, à l'instar de leurs
aînés. Une famille d'adoption qui protège mais où l'on n'échappe jamais tout
à fait au regard des autres. Ici tout se
sait et on rigole de tout, sinon on boit
pour oublier. En tout cas on ne fait rien
dans la mesure.
Alors, même s'il les tait, le chagrin
qui traverse le cœur de Monsieur
Déloyal, sa capacité d'autodestruction,
n'échappent pas à ses pairs. Et quand
il va merdoyer ferme, c'est toute la tournée et l'équilibre de la compagnie qui
vont en être affectés. Puis l'arrivée de la
pétillante Lola, son passif avec Marion,
la compagne de François, va finir par
rendre la situation explosive…
TOURNEFEUILLE
HIGH-RISE
Réalisé par Ben Wheatley
GB 2015 1h59 VOSTF
avec Tom Hiddleston, Jeremy Irons,
Sienna Miller, Luke Evans, Elisabeth
Moss, James Purefoy…
Scénario de Amy Jump,
d'après le roman de J. G. Ballard.
Musique de Clint Mansell.
C’est un des films que certains d’entre
nous attendaient le plus cette année,
nouvel opus de Ben Wheatley, connu en
France pour sa comédie grinçante très
british Touristes, moins connu pour son
film horrifique Kill list (qui avait eu une
sortie plus discrète), et alors pas connu
du tout pour ses deux autres films qui ne
sont même pas sortis en France, A field
in England, film médiéval surréaliste, et
Down Terrace, mélange improbable et
pourtant réussi entre Mike Leigh et les
frères Coen (à noter qu’il fut aussi producteur du très sophistiqué et sexy
Duke of burgundy, de Peter Strickland,
un autre britannique à suivre). Pour ce
cinéaste aux multiples facettes fan de
Zardoz, adapter le roman culte de J. G.
Ballard I.G.H. (Immeuble de Grande
Hauteur, « High Rise » en anglais), c’était
« l’éléphant dans la pièce », le gratte-ciel
dans la banlieue pavillonnaire.
Écrivain de l’urbanité violente et des
traumas modernes, auteur phare de
la nouvelle vague SF britannique,
J.G. Ballard fut le premier à débusquer
la cruauté intrinsèque à notre civilisation
de l’argent, très influencé par la psychanalyse et le mouvement surréaliste.
I.G.H. est le troisième volet de la Trilogie
de béton, qui explore les perversions
auxquelles mènent les valeurs inhumaines imposées par les mégalopoles.
Le premier opus, Crash, fut adapté au
cinéma par David Cronenberg et produit, tout comme High Rise, par Jeremy
Thomas. La présence du « cronenberguien » Jérémy Irons fait subtilement le
lien entre ces deux adaptations, pourtant très différentes dans leur approche.
Le film de Cronenberg propulsait le roman dans notre contemporanéité. Ben
Wheatley et Amy Jump ont fait le choix
d’ancrer leur histoire dans les années
70, période d’écriture du roman d’anticipation, comme si, depuis le futur, ils observaient le passé observant lui-même
le futur, une vertigineuse M.A.G.H. (Mise
en Abime de Grande Hauteur).
1975, le docteur Robert Laing emménage dans une tour d’un concept nouveau, quarante étages dans lesquels
se répartissent mille appartements et
les avantages et commodités de la vie
moderne : commerces, école, piscine…
La tour semble isoler ses occupants
du monde extérieur. La hiérarchie des
classes sociales correspond à la hié-
rarchie des étages de l’immeuble, de
sorte que les habitants du gratte-ciel se
répartissent géographiquement en trois
classes : la classe moyenne inférieure
logeant dans les bas étages, la classe
moyenne supérieure aux étages à mihauteur et la classe aristocratique dans
les appartements luxueux des étages
supérieurs, avec au sommet l’architecte
qui, telle une divinité, reste invisible au
plus grand nombre mais est sur toutes
les lèvres.
Tout va pour le mieux dans ce monde
sans histoire, sans événements, aux
produits standardisés industriels, organisant des fêtes contenant difficilement l’ennui et la violence des rapports
de classe. Une coupure d’électricité,
une panne d’ascenseur (social)… les
premiers rouages de l’édifice grincent,
conduisant d’abord à des orgies alimentées par les drogues, puis à l’hostilité de classes entre étages, jusqu’à
une guerre ouverte… On n’est plus dans
la lutte des classes telle que décrite
dans Métropolis, mais dans cette zone
grise béton des classes moyennes individualistes modernes, « quelque chose
de plus transversal, de plus insidieux ».
Psychopathes civilisés, ils vont au bout
des fantasmes qu’impose la ville occidentale en les libérant de toute retenue
et du respect de l’autre. Ainsi, Wilder (littéralement « plus sauvage ») dit à Laing :
« Ceux qui sont le véritable danger sont
les individus autosuffisants comme toi ».
Complexe, aux multiples « étages » de
lecture, fourmillant de détails raffinés
dans les décors, servi par une mise en
scène sophistiquée, High-Rise est à la
dystopie ce que la boule à facettes est
au disco, brillant, sexy et festif. De plus
en plus chaotique au fur et à mesure
qu’on s’enfonce dans le récit, il fait sourire, rire, tour à tour attire, dérange et
fascine… Il ne vous laissera pas indifférent car comme le disait Hitchcock, cet
autre britannique grinçant, « la logique
est ennuyeuse ».
TOULOUSE
Mettez votre PUB
Dans la Gazette
[email protected]
06 70 71 53 55
Les Evénements
Jeudi 7 avril, à partir de 19h
L A NUIT DES ÉTUDIANTS
Danser la peinture et la sculpture
En partenariat avec L’Institut supérieur
des arts de Toulouse département
spectacle vivant.
Tout au long de la soirée : moments
dansés et petits concerts (orgue,
chant, piano...), modèle et danseurs
prennent la pose pour dessins et
croquis et des étudiants en art
vous entraînent pour de petites
conversations autour des œuvres.
SPECTACLE
BD Concert
Au Vent Mauvais
Dimanche 10 avril à 16h
D’après la bande dessinée Au Vent
Mauvais de Thierry Murat & Rascal,
sur une musique jouée en live par
le groupe The Hyènes.
:: gratuit réservé aux étudiants
Du 11 au 24 avril
Médiathèque José Cabanis
www.bibliotheque.toulouse.fr
1 allée Jacques Chaban-Delmas / 05 62 27 40 00
Entrée libre et gratuite dans la limite
des places disponibles.
Graphisme : Bibliothèque de Toulouse
Crédits : Thierry Murat / Rascal
UEF A EURO 2016 T M
Participez à la grande collecte au
musée des Augustins
Toulouse
s’associe avec
le musée à la
grande collecte
nationale
patrimoniale.
Celle-ci vise,
avec les
contributions
des passionnés
de football,
à constituer
une mémoire
des pratiques
sportives et
de leurs supporters. Les matériaux
recueillis - objet fétiche, photo, mais
aussi, chant ou entretien filmé… entreront dans les collections du
musée national du sport de Nice.
:: informations et modalités à venir sur
www.augustins.org
les 30 et 31 mars
ŒUVRES ET PHILOSOPHIE
La philosophie prend dates au musée !
Pour les étudiants Visite-conversation
et lecture de Les entendre dire.
Et pour tous, P. Dupeyron, conteur,
propose des Regards croisés avec un
professeur de philo.
Les rendez-vous
Réservations : 05 61 22 39 03
Jeudi 24 mars à 19h
REPRÉSENTATIONS DU SOIN
EN PEINTURE
Dans le cadre de la Semaine
d’information sur la santé mentale,
avec le CH Gérard Marchand
Regards croisés de Rémy Puyuelo,
psychanalyste et Axel Hémery,
directeur du musée.
Vendredi 8 avril, à 19h
COURS DE MODÈLE VIVANT
Par J. P. Escafre.
Lundi 11 avril à 18h30
RENCONTRE AVEC LES
RESTAURATRICES
Autour de La Glorification de saint
Martin, peinture baroque d’André
Lebré.
Jeudi 14 avril à 12h30
L’ŒUVRE DU MOIS
Mercure volant, bronze d’après
J. de Bologne, 1623, par Ch. Riou,
conservatrice.
vacances de PRINTEMPS
Visites, ateliers contes et rencontres pour tous
les âges, voir www.augustins.org
NOUVEAU : STAGE DE PEINTUR E
Du 25 au 29 avril, à partir de 13 ans
avec l’artiste Chad Keveny : croquis,
composition, aquarelle, peinture à
l’huile (matériel fourni)
Le musée donne d’autres rendez-vous à tous, petits et grands ou en famille
Voir notre agenda sur www.augustins.org ou à l’accueil du musée au 05 61 22 21 82
Abonnez-vous à notre e.lettre mensuelle sur augustins.org
21, RUE DE METZ
31000 TOULOUSE
TÉL 05 61 22 21 82
Métro Esquirol
www.augustins.org
Mercredi 6 avril à 20h45 à Toulouse, la projection sera suivie d'un échange avec
Sébastien Nouailles, responsable de l'antenne Midi-Pyrénées de l'APGL (Association des Parents et futurs
parents Gays et Lesbiens), Lilian Roturier, militant de Aides Midi-Pyrénées et Jérôme Courduries, anthropologue à l'université de Toulouse-Jean Jaurès, auteur de Être en couple (gay). Conjugalité et homosexualité
masculine en France, publié aux Presses Universitaires de Lyon, et de Homosexualité et parenté, publié chez
Armand Colin (achetez vos places à partir du 26 mars, le film est ensuite programmé jusqu’au 18 avril).
LA SOCIOLOGUE ET L'OURSON
Film documentaire d'Etienne
CHAILLOU et Mathias THERY
France 2016 1h20
avec la sociologue Irène Théry
Prix du Public - Festival DIAM
(Des Images Aux Mots) 2016
Comme vous vous en souvenez, l'année
2012 a été marquée par d'interminables
débats et des affrontements parfois violents au sujet de la loi pour le « mariage
pour tous ». Ces discussions ont eu lieu
autant dans la sphère publique que privée.
A l'époque, la sociologue Irène Théry est
sollicitée par les politiques, les médias,
les associations pour éclaircir des points
du débat. Elle travaille en effet depuis
une trentaine d'années sur les métamorphoses de la famille dans la société française.
Son fils, l'un des co-réalisateurs du film,
décide alors de la filmer et de l'enregistrer, sans se douter que les conflits sociétaux liés à ce projet de loi allaient
prendre autant d'ampleur.
Le film est donc ancré profondément
dans l'actualité du moment : débats à
l'assemblée nationale, manifestations
anti-mariage pour tous, et traitement
médiatique de ces questions, le tout raconté de manière chronologique.
L'idée de génie de ce film, c'est la trouvaille des ours en peluche ! Le réalisateur et fils de la sociologue a enregistré sa mère dans leurs conversations
intimes et familiales, et s'est servi ensuite de ces enregistrements pour créer
des saynètes animées avec des jouets
et peluches de son enfance. La mise en
scène de ces « scènes de la vie quotidienne » et de ces discussions sur le sujet apportent une distance malicieuse
qui a cruellement manqué au moment
des événements. Dans le feu de l'actualité, l'ensemble du débat était monopolisé par l'angoisse liée à cette loi, perçue
par une partie des Français comme attaquant les fondements de notre société.
Dans ces moments d'hystérie collective,
Irène Théry, interrogée par son fils dans
la sphère privée, n'adopte pas du tout
la posture de l'experte et, au contraire,
explique longuement et de manière limpide ses positionnements et ses observations, le tout d'un ton familier et très
accessible. Pendant que certains crient
à la fin de la civilisation, Irène Théry tisse
des liens avec le passé, démontre que
les évolutions ont du sens, cherche à
tranquilliser les esprits.
Le résultat est un film à la fois didactique
et passionnant. Nous savons quelle sera l'issue de ces débats, mais nous les
revivons néanmoins de manière intense.
Portrait intime et feuilleton national, le
film nous permets de revenir sur un sujet que nous pensions tous comprendre
parfaitement : la Famille.
APGL : association (loi 1901) mixte, apolitique et a-confessionelle, l’APGL propose des activités d'information, de partage d'expériences et des services de
professionnels pour les familles homoparentales, leurs enfants et les futurs homoparents. Elle œuvre pour la reconnaissance légale de l’Homoparentalité, en
France et à l‘international et a pour objectif principal de faire cesser les discriminations dont les familles et leurs enfants sont les premières victimes.
Dans le cadre du 19e Printemps Lesbien de Toulouse du 2 au 14 avril,
organisé par Bagdam Espace lesbien (programme complet sur www.bagdam.org),
trois rendez-vous à Toulouse (achetez vos places à partir du 26 mars).
Dimanche 3 avril à 14h30
CERVEAUX MOUILLÉS D'ORAGES
Kharine Lhémon France 2015 1h15
Séance unique suivie d'une rencontre
avec la réalisatrice et les deux protagonistes, Hélène et Laurence, et
une grande partie de l’équipe du film,
100 % femmes.
« La blague, c’est qu’à nous deux, on
a un cerveau entier ! » Ainsi s’exprime
Hélène à propos du couple qu’elle
forme avec Laurence. Tout d’Hélène et
Laurence est singulier : leur handicap
survenu pour toutes les deux à l’âge de
vingt ans, l’appartenance à une identité
lesbienne affirmée, leur mode de vie et
le fonctionnement du couple lui-même,
dans lequel se révèle l’énergie motrice
de Laurence pourtant plus lourdement
handicapée qu’Hélène. Le film raconte
leur histoire, délivrée au fil du quotidien
ou comment le simple fait de se déplacer devient si fastidieux dans un monde
pensé essentiellement pour des valides. Entre Toulouse et l’Ardèche, elles
cultivent leurs passions : Hélène pour
son jardin et la campagne, Laurence
- alias Cocopirate - pour la musique
et sa création en peinture. Traverser la
tyrannie des apparences liées à des
formes d’exclusion, tel est le projet de
ce film documentaire qui donne à voir
des vies avec leurs manques, leurs dysfonctionnements, leurs imperfections,
ou comment finalement deux femmes
conjuguent ensemble force, complicité,
rire et souffle d’amour réjouissant.
Vendredi 8 avril à 19h,
Le Printemps lesbien rend hommage
à Chantal Akerman
I DON'T BELONG ANYWHERE
LE CINÉMA DE CHANTAL AKERMAN
Marianne Lambert Belgique 1h07
Séance unique suivie d’une rencontre
avec Nicole Fernandez-Ferrer, déléguée générale du Centre audiovisuel
Simone de Beauvoir à Paris.
Comment parler de Chantal ? Comment
la dire ? Comment ne pas tomber dans
le piège de l’exégèse ou du didactisme
avec une réalisatrice de cette trempe-là,
comptant plus de 40 films à son actif ?
Comment dresser un portrait sensible
de la cinéaste et mettre en lumière ce
qui caractérise sa personnalité, sa liberté, son indépendance ? Car il s’agissait
surtout de montrer à quel point Chantal
est un personnage singulier, doté d’un
incroyable instinct, tout en contraste
avec l’image d’intellectuelle qu’elle renvoie.
Chantal est beaucoup plus une cinéaste
pieds nus sur un lit qu’une intello froide
et austère assise dans un fauteuil en
train de vous parler de son regard sur le
monde.
Je voulais aussi, après m’être rendue
compte que les jeunes étudiants en cinéma ne la connaissaient pas, la montrer sous un jour plus accessible, et donner aux spectateurs l’envie de découvrir
ses films, leur donner des clés de lecture.
Chantal n’a jamais voulu que son cinéma soit considéré comme un cinéma féministe, lesbien, juif ou expérimental. Je
ne voulais en aucun cas non plus faire
un film « commentaire » sur son œuvre.
J’ai choisi tout simplement de la replacer dans des lieux ou des décors où
elle avait vécu et tourné, à New York,
Bruxelles ou Paris, pour souligner ainsi l’entrelacement permanent entre ses
films et sa vie.
I don’t belong anywhere. Ce titre m’est
venu en un éclair. Chantal n’est ni d’ici, ni
d’ailleurs. Elle oscille entre le cinéma, les
installations et, encore et toujours, l’écriture. Son cinéma n’est ni totalement fiction, ni tout à fait documentaire… Il est
inclassable et unique. (Marianne Lambert)
biennes qu’ils veulent attaquer ?
Précédé du court métrage
SAUTE MA VILLE de Chantal Akerman
Belgique 1968 13 mn
18 ans ! Elle avait 18 ans quand elle a
tourné Saute ma ville, coup d’envoi – un
vrai coup de feu – à son œuvre. Critique
féroce et tragi-comique de la vie domestique et explosion littérale de l’univers dit
féminin, ce brûlot tourné en 1968, où elle
est seule en scène, est aussi un hommage à l’univers de Charlot. On a treize
minutes pour contempler le chaos méthodique, la pagaille crescendo, burlesque et jouissive qu’elle va semer dans
sa cuisine, pour finalement… Non on ne
vous dira rien de plus.
Appartement à vendre Jeanne Tachan
France 2014 12’. C’est un polar noir, très
noir, il y a mort d’hommes, car à crime
inexpiable, vengeance impitoyable…
Vendredi 8 avril à 21h30
LESBIENNES EN COURTS
SÉANCES DE COURTS MÉTRAGES
Durée totale1h29
Butch Tits Jen Crothers, Canada 2010
4’ vostfr. Des butchs témoignent des relations, parfois compliquées, qu’elles
entretiennent avec leurs beaux seins.
First Clue Susan Sullivan États-Unis,
201 6’ vostfr. Comment as-tu compris
que tu étais lesbienne ? Un échantillon
des premiers indices qui nous mettent la
puce à l’oreille.
My Big Mouth Vagina Jasmine Manari
Italie 2013 8’vostfr. Récitatif, oratorio, mugissement, mélopée, hurlement,
psalmodie, ritournelle, beuglante, complainte, rugissement, litanie… voyage hilarant dans le monde enchanté des BO
(bruits orgasmiques).
Bombshell Erin Sanger États-Unis
2013 14’ vostfr. Daisy, 10 ans, saurat-elle faire le bon choix entre son désir
d’entrer dans la bande de crétins de son
grand frère ou se solidariser avec les les-
J’étais une petite fille Gülçin Balta
Tezcan Turquie 2013 3’ vostfr. L’horreur
patriarcale ou comment « meurent »
chaque année, sur la planète Terre, des
millions de petites filles.
Amelia Rose Towers Jackie Farkas
Australie 1991 11’ vostfr. Audacieux
dans sa recherche visuelle, soutenu par
une bande son tout aussi originale, ce
court explore le monde d’Amelia, où
s’affrontent art et science, sensualité
et puritanisme, raison et folie – et c’est
drôle.
J’ai faim j’ai froid Chantal Akerman
Belgique 1984 13’. Deux jeunes fugueuses sans le sou à Paris, où comment
neutraliser, vite fait bien fait, l’hétérosexualité et partir vers de nouvelles aventures, lesbiennes, qui sait… Bonus : l’un
des premiers rôles de Maria de Medeiros.
I am the Mace Kelly Gallagher ÉtatsUnis 2013 4’vostfr. Harceleur, fini de rigoler… « Je suis la bombe dans ma
poche, prête à te cramer les yeux. Je
suis le couteau dans mon sac, prêt à te
trouer la peau. »
09:55-11:05, Ingrid Ekman,
Bergsgatan 4B Cristine Berglund &
Sophie Vukovic Suède 2014 15’ vostfr.
Quand le sexe prend de l’âge, le problème c’est nos tabous.
Fetch Gweneth Baillie Canada 2013 5’
vostfr. De l’utilité des animaux domestiques.
NO HOME MOVIE
Écrit et réalisé par Chantal AKERMAN
France/Belgique 2015 1h55
Chantal Akerman s’est donné la mort le
5 Octobre dernier. Son cinéma, marqué
par une radicalité et une puissance formelle implacable et hypnotique, a inspiré quelques uns des cinéastes que vous
avez coutume de voir sur nos écrans :
Apichatpong
Weerasetakhul,
Todd
Haynes ou Gus van Sant… Nous tenterons de programmer ultérieurement
quelques films et notamment son chefd’œuvre avec Delphine Seyrig, Jeanne
Dielman, 23 quai du Commerce, 1080
Bruxelles. Il y a quarante ans, elle osait
filmer trois jours de la vie d’une femme
dans son appartement, en déroulant
de façon imparable un enchaînement
de rituels répétitifs jusqu’à ce qu’advienne l’impensable. Aujourd’hui, avec
ce No home movie qui restera son dernier film, elle retourne dans un appartement à Bruxelles, pour y filmer cette fois
sa mère, cette femme au centre de son
œuvre, dont elle n’a pu surmonter la disparition…
« Cela fait des années maintenant que
je me suis mise à filmer un peu partout,
dès que je sentais un plan. Sans but
vraiment, mais avec le sentiment qu'un
jour ces images feraient un film, ou une
installation. Je me laissais juste aller, par
désir et par instinct. Sans scénario, sans
projet conscient.
« […] Ce printemps, avec Claire Atherton
et Clémence Carré, j'ai rassemblé une
vingtaine d'heures d'images et de sons
sans toujours savoir où j'allais. Et nous
avons commencé à sculpter dans la matière. Ces vingt heures sont devenues
huit, puis six, et puis au bout d'un certain temps deux. Et là, on a vu, on a vu
un film et je me suis dit : bien sûr, c'est
ce film-là que je voulais faire. Sans me
l'avouer. Et si j'avais dû me l'avouer, si
j’en avais pris conscience, si j’en avais
fait un projet dès le départ, je ne l'aurais
sans doute pas fait. J'aurais eu peur. Ou
pas assez peur.
« Parce que ce film est avant tout un film
sur ma mère, ma mère qui n'est plus.
Sur cette femme arrivée en Belgique
en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms
et les exactions. Cette femme qu'on
ne verra que dans son appartement
et uniquement là. Un appartement à
Bruxelles. Une mère tout le temps quittée et retrouvée après de longs voyages
par l'une ou l'autre de ses filles, ma sœur
et moi. C'est donc un film sur ma mère,
mais pas seulement. Entre les plans, les
moments passés avec elle, il y a les moments au loin, dans des terres parfois
arides. Et à chaque fois on la retrouve.
À chaque fois, un peu moins bien.
Jusqu'à ce qu'elle n'arrive presque plus
à nous parler, s'endormant entre chaque
phrase. Et pourtant, il ne faut pas qu’elle
s’endorme. Le médecin nous l’a dit : ne
pas la laisser s'endormir.
« […] Ce film est un film sur le monde
qui bouge et que ma mère ne voit pas,
elle qui ne bouge presque plus de son
appartement. Et pourtant, le monde
du dehors est bien là, il s’insinue entre
les plans de l'appartement, comme la
touche jaune d'un tableau qui fait exister tout le reste de la toile. C'est aussi un film d'amour, un film sur la perte,
parfois drôle, parfois terrible. Mais, avec
un regard qui garde une juste distance,
je pense. Un film où se fait une transmission, discrètement, presque l’air de
rien, sans pathos, dans une cuisine de
Bruxelles.
« Bien sûr, c'est un film brut, comme on
parle d'art brut. Il ne faut surtout pas
rendre lisse. Il en perdrait de sa force.
Le film est parfois maladroit, mais ici, la
maladresse est un plus. Le film vagabonde sans qu'on sache vraiment où il
va. Et pourtant il ne peut nous mener
qu'à une seule chose, la mort. La mort
de la mère, on ne la verra jamais. Seul
l'appartement, désormais vide, en parle
en silence. La narration avance à petits pas, un peu comme on entre dans
cet appartement de Bruxelles où une
femme marche avec la grâce fragile de
celle qui doit garder un équilibre précaire. Une femme qui ne se laisse pas
aller… » Chantal Akerman
TOULOUSE
KAILI BLUES
Écrit et réalisé par BI GAN
Chine 2015 1h50 VOSTF
avec Luo Feiyang, Xie Lixun
Yongzhong Chen, Zeng Shuai…
Poèmes de Bi Gan
Festival des Trois Continents, Nantes
2015 : Grand Prix, Montgolfière d'Or
C'est un premier film d'une beauté irradiante, œuvre d'un tout jeune réalisateur de 26 ans qui représente la relève
d'un cinéma chinois décidément passionnant. Dès les premiers plans on est
saisi par l'étrangeté fascinante de Kaili
Blues, chronique tantôt sociale tantôt
métaphysique qui nous plonge au cœur
de Kaili, dans l'état montagneux et subtropical de Guizhou : un univers humide
et brumeux, où la chaleur moite semble
perpétuellement coller à la peau des
personnages.
Chen exerce la fonction de médecin
dans un vieux cabinet décrépi, associé à une vieille doctoresse avec qui il
semble former un duo uni par les blessures de la vie. On comprend vite que
le passé de Chen fut tourmenté, qu'il a
fait un long séjour en prison à cause de
relations étroites avec les triades, et que
pendant son incarcération sa femme est
décédée, le laissant à jamais solitaire.
Ce qui le raccroche à la vie, c'est son
neveu Weiwei dont il s'occupe au mieux
alors que son père joueur et fêtard le délaisse totalement.
La vie de Chen va basculer quand son
irresponsable de frère va vendre Weiwei,
aussitôt exilé dans un village lointain !
L'objectif de Chen désormais, c'est de
faire le voyage – qui sera autant intérieur
que physique – pour récupérer Weiwei
coûte que coûte. Son amie doctoresse
en profite pour lui confier une cassette
audio destinée à un vieil amour de jeunesse à qui elle veut envoyer un dernier
message avant qu'il ne soit trop tard…
Kaili Blues est un film magnifique
consacré au voyage et à l'errance vus
non seulement comme une ouverture
sur l'ailleurs et sur l'autre, mais aussi comme une redécouverte de soi. Le
voyage s'accomplit par tous les moyens
possibles : train, vespa brinqueballante
ou bac fluvial, tous ces déplacements
filmés avec un brio de mise en scène
qui force l'admiration. On pense notamment à ce plan séquence de quarante
minutes – dont on se demande comment il a pu être tourné – qui permet de
découvrir tous les recoins de l'étrange
village de Dangmai, minuscule port au
bord du fleuve. Bi Gan se plaît à balader
le spectateur au fil de flash back improbables, dans un esprit très bouddhiste
où se mêlent le passé, le présent et le futur. C'est dans ces allers et retours que
se construit toute la richesse du personnage, interprété d'ailleurs (comme
la quasi-totalité des rôles du film) par un
non professionnel, lui-même repris de
justice, qui dégage une intense authenticité – sans compter sa ressemblance
étonnante avec le cinéaste fétiche de
Bi Gan, Hou Hsiao Hsien (celui qui vient
de nous offrir l'incroyable The Assassin).
Et comme souvent dans le cinéma asiatique, la beauté des paysages magnifiés
par la mise en scène va à l'unisson de
celles des âmes. La brume se lève sur
la vallée de Kaili alors que le destin de
Chen s'ouvre enfin à la lumière.
TOULOUSE
Une pétition lancée par Pierre
Stambul, membre du Bureau
National de l'Union Juive
Française pour la Paix (UJFP),
adressée au premier ministre
Manuel Valls, et à signer en ligne
sur change.org
Appel juif pour le BDS
La guerre menée par l’État d’Israël
contre le peuple palestinien n’est ni
raciale, ni religieuse, ni communautaire : c’est une guerre coloniale.
Depuis des décennies, le peuple palestinien subit l’occupation, la colonisation, le blocus, la fragmentation,
la négation de tout droit, l’emprisonnement massif, les destructions de
maisons, les exécutions extrajudiciaires, le vol de la terre et de l’eau,
les pires discriminations…
Le fait d’être juif-ve n’implique aucune obligation d’allégeance à Israël
ni à sa politique criminelle.
Je suis juif-ve et avant tout attaché-e
aux droits, aux libertés et à la justice
pour tous.
A ce titre, j’appelle :
• à boycotter Israël parce que le
crime prétend se faire en mon nom.
Je refuse que le peuple palestinien
paie pour des crimes (l’antisémitisme, le génocide nazi) commis par
les sociétés européennes.
• à boycotter Israël parce que les dirigeants occidentaux sont complices
de la politique israélienne et que,
sans sanctions, le rouleau compresseur colonial se poursuivra.
• à boycotter Israël parce que je suis
fidèle à une longue tradition de Juifs/
ves considérant que la lutte pour leur
émancipation et contre l’oppression
qu’ils/elles ont subie est indissociable de la lutte pour l’émancipation
de l’humanité.
• à boycotter Israël parce que la politique de ce pays n’est pas seulement
criminelle contre les Palestiniens,
elle met sciemment les Juifs/ves en
danger.
• à boycotter Israël pour les mêmes
raisons qu’on a boycotté I’Afrique du
Sud à l’époque de l’apartheid.
• à boycotter Israël parce que la
situation faite au peuple palestinien
viole les droits humains les plus fondamentaux et qu’elle doit cesser.
C’est le peuple palestinien qui a lancé cet appel au BDS et les anticolonialistes israéliens nous adjurent de
boycotter leur pays.
Je refuse la justice d’exception qui
veut criminaliser le BDS et museler la solidarité envers les droits
des Palestinien-ne-s.
Jeudi 14 Avril à 20h30 à Toulouse, séance unique suivie
d’une rencontre avec la réalisatrice Aurélie JOLIBERT (achetez vos places à partir du samedi 2 Avril – Tarif unique : 4 euros)
Incroyable ! Il semblerait que des cinéastes fassent encore des films ici,
en région ! Quand en plus ils veulent repenser la façon de les montrer ça
donne : « Ciné Bouleg ! » (de l'occitan : Bolegar : secouer). Tous les deux
mois, « Ciné Bouleg ! » bouscule la place du spectateur lors d'une soirée
participative. La salle de cinéma devient alors un lieu de création et de réflexion collective autour de films d'ici qu'on ne voit pas ailleurs !
LE CHANT DU CYGNE
Aurélie Jolibert
France 2013 52 mn
remonter là-haut, reprendre le flambeau
pour la saison toute entière.
Francis est berger à Soulas depuis plus
de trente ans. Mais cette année, la fatigue l’oblige à prendre sa retraite. Marion
l’a remplacé là-haut. Elle était celle qui
allait reprendre sa montagne. Après un
mois d’estive, Marion chute mortellement. Francis doit remonter pour finir la
saison.
Aurélie, la réalisatrice, connaît déjà
Francis depuis quelques années quand
il lui annonce qu'il souhaite prendre sa
retraite, la saison étant trop douloureuse pour lui maintenant. C'est Marion
qui montera à sa place. Aurélie Jolibert
tient son film, qui parlerait des adieux de
Francis à sa montagne de toujours, et
à la passation qui se ferait en douceur
entre lui et Marion…
Mais suite à la terrible nouvelle du décès
de Marion, Francis n'a pas le choix, il doit
Le chant du cygne est un film comme
dernier témoignage entre un homme et
« sa » montagne, une dernière marche,
un dernier « chant » avant la retraite définitive. Le film nous raconte ces longues
marches matinales, le plaisir d'être làhaut à nouveau, l'attente sous la pluie. Et
l'appréhension, toujours plus grande, de
n'avoir plus sa place ici. Comme une séparation lente et douloureuse, qui se prépare et s'appréhende, le film se construit
autour de trois « montées » réparties
dans le temps, comme des répétitions de
petites séparations avant la grande rupture. Marion fait partie du film, elle en est
toujours le deuxième personnage principal. Elle est partout avec nous, dans la
cabane qu'elle avait commencé à aménager, où maintenant une photo d'elle
veille sur nous.
Pour cette cinquième soirée, et comme pour toutes les soirées Ciné Bouleg, le film sera
accompagné de surprises ! Ensemble, nous nous mettrons dans la peau d'un cinéaste et
nous expérimenterons différentes postures de réalisation documentaire ! Puis nous verrons
Le chant du cygne, d’Aurélie Jolibert, qui sera présente accompagnée du berger, Francis
Chevillon (sous réserve) pour nourrir le débat et la réflexion à la fin de cette soirée.
personnages à situer leur rôle au beau
milieu de cette guerre. Cette « parfaite
journée » se situe quelques jours après
la signature des Accords de Dayton, en
décembre 1995, durant cette période
de fin de guerre où règne l'incertitude,
les soldats ne sachant pas tous si c'est
vraiment fini, les profiteurs de guerre
voulant encore se gaver jusqu'au dernier moment et les civils des ONG, entre
deux missions, ne sachant pas si leur
rôle est terminé ou pas dans cette région du monde.
Une équipe comme une autre, d'une
ONG comme une autre (Aids across
borders), essaie de sortir d'un puits un
cadavre jeté au fond par des trafiquants
A PERFECT DAY
d'eau potable. Ils ont vingt-quatre
heures pour sortir le corps avant que
le point d'eau ne devienne inutilisable,
mais ils n'ont plus de corde assez solide
pour le tirer de là ! Les deux voitures de
leur petit groupe vont donc partir à la recherche de cette précieuse corde, véritable fil d'Ariane du récit, sillonnant les
lacets des montagnes au son très rock'n
roll des cordes des guitares de Marilyn
Manson et Lou Reed. Il y a quelque
chose de Don Quichottesque dans leur
quête et dans le regard que portent sur
eux les autochtones imperturbables,
mais non dénués d'humour – c'est
d'ailleurs ce que dit l'interprète de leur
groupe : « la région est réputée pour son
yaourt et son humour ». Comme Don
Quichotte, leur aventure est aussi le récit
tragique de la fin d'une époque, témoin
ce soldat qui garde seul une cabane de
sentinelle perdue dans la montagne, et
qui ne veut pas céder la corde qui sert
à maintenir le drapeau en haut du mât,
seule raison de sa présence.
(UN JOUR COMME UN AUTRE)
Réalisé par
Fernando LEON DE ARANOA
Espagne 2015 1h46 VOSTF (anglais)
avec Benicio Del Toro, Tim Robbins,
Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja
Stukan, Sergi López…
Scénario de Fernando León de
Aranoa et Diego Farias, d'après le roman Dejarse Llover de Paula Farias
Une des grandes réussites de cette comédie géopolitique, au rythme soutenu
et millimétré, est l'assemblage hétéroclite de son casting international (mention spéciale à Benicio Del Toro et Tim
Robbins, excellents en vieux baroudeurs sans frontières). Il reflète bien celui des ONG et des Casques Bleus, per-
dus dans les Balkans, assemblage de
nations au beau milieu du conflit fratricide de Bosnie-Herzégovine issu de la
dislocation de la République Fédérale
de Yougoslavie. Jamais leur rôle ne
fut autant questionné, et si la comédie
est très réussie, A perfect day est aussi une parabole d'une rare acuité sur le
désarroi humanitaire de ces années-là.
L'action est située « quelque part dans
les Balkans », l'imprécision géographique de cette histoire renforce sa dimension parabolique et la difficulté des
Comédie toujours sur le fil, le film ne
tire jamais trop sur la corde et, sur
fond d'une bande-son endiablée façon
« Rock around the Balkans », fait le portrait mélancolique et touchant de ces
nouveaux « chevaliers à la triste figure »
qui tentent de donner un sens à leur
existence dans ces endroits du monde
qui n'en ont plus. Qui mieux, à la fin de
cette journée parfaite et décidément pas
comme les autres, que Marlène Dietrich
pour chanter la mélancolie des champs
de ruines avec la chanson Where have
all the flowers gone ? (« Où sont passées
toutes les fleurs ? »).
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
À Toulouse, en prévision de la sortie du cinquième album du groupe Uniform
Motion, le film sera précédé du clip de leur chanson False start, réalisé par
Vincent Baudry (vincentbaudry.com). Vous pouvez d'ailleurs pré-commander cet
album, ou (re)découvrir les précédents sur leur site internet : uniformmotion.net
Dernière
Zéance
Dimanche 24 avril à 21h30 à Toulouse (préventes dès le 16 avril).
Prochaine Dernière Zéance
dimanche 5 juin :
La soirée sera présentée
par Laurent Hellebé, auteur
du livre Walter Hill, l’esprit
d’équipe aux éditions Panik.
DON’T GROW UP
THE DRIVER
Walter HILL USA 1978 1h31 VOSTF
avec Ryan O’Neal, Isabelle Adjani,
Bruce Dern, Ronee Blakley…
Los Angeles. Le meilleur chauffeur à
gages de la ville se fait prendre en chasse
par un flic obsessionnel. Animés tous
deux par une quête chimérique de perfection, ils s’enfoncent dans une compétition malsaine alors qu’une femme
entre dans la vie du chauffeur pour tenter de lui dérober le butin de son dernier
contrat.
Véritable réanimation du film noir américain des années 40, le cinéaste se sert
d’une intrigue prétexte pour orchestrer
une sorte de ballet immobile, une partie d’échec mentale entre trois archétypes anonymes (le chauffeur, le flic, la
joueuse) seulement mus par leurs névroses respectives ou par une destinée
morbide qu’ils semblent désirer plus que
subir. Sous le ciel nocturne d’une mégapole déserte, ces trois fantômes se
cherchent, se croisent, s’évitent, dans
une partie jouée d’avance et dont les
courses-poursuites automobiles – parmi
les plus impressionnantes jamais tournées – les mènent de plus en plus sûrement vers leur fin.
Objet fantasmatique, pur film de miseen-scène, The Driver est une réussite
étourdissante, Hill parvenant à marier
avec une grâce et une subtilité déconcertantes l’épure Bressonienne et la vigueur du cinéma d’action américain
pour un résultat aux confins de l’abstraction, l’inscrivant comme un des derniers gestes flamboyants du Nouvel
Hollywood. Nicolas Winding-Refn s’en
souviendra trente ans plus tard pour
Drive, quasi-décalque de ce Driver à la
beauté et à la puissance de fascination
toujours intactes.
Thierry Poiraud
France/Espagne 2015 1h21
VOSTF (anglais)
avec Fergus Riordan, Madeleine Kelly,
McKell David, Darren Evans…
OEIL D’OR (PRIX DU PUBLIC)
PARIS INTERNATIONAL FANTASTIC
FILM FESTIVAL (PIFFF) 2015
INÉDIT EN SALLES
Un groupe d’adolescents placés dans
un foyer isolé de toute habitation se retrouvent livrés à eux-mêmes lorsqu’ils
constatent que l’éducateur chargé de
leur surveillance a disparu. Profitant
d’abord de cette liberté provisoire, ils décident de rejoindre la ville pour chercher
de l’aide, sans savoir que les habitants
de l’île sont atteints par une étrange infection qui ne touche que les adultes…
Nous vous parlions à l’occasion de la
précédente Dernière Zéance – la projection en avant-première et en sa présence
du dernier film de Lucile Hadzihalilovic,
Évolution – de la rareté des bons films
fantastiques français… Voici encore,
à peine un mois plus tard, un nouveau
contre-exemple de cette affirmation un
brin fataliste qui voudrait qu’en matière
horrifique notre cinématographie nationale fasse une part trop belle à la culture
des navets. Car si Don’t grow up est une
coproduction franco-espagnole tournée
en langue anglaise, c’est bien un réalisateur français qui en est aux manettes.
Thierry Poiraud, dont c’est le troisième
film après le déjanté Atomik Circus et la
deuxième mi-temps du bonnard Goal of
the dead, s’affranchit ici du côté délirant
de ses précédents opus pour construire
une fable fantastique et contemplative
sur le malaise adolescent.
Images et cadres léchés, atmosphère
mélancolique et crépusculaire, Don’t
grow up est un film sensible et épuré,
privilégiant l’ambiance à la violence (qui
reste majoritairement hors-champ). Ses
personnages naviguent entre drame adolescent, sous l’influence de Larry Clark
ou de Gus Van Sant, et film d’infectés devenant de plus en plus malsain au fur et
à mesure des événements. Cette odyssée paranoïaque aussi pessimiste que
touchante est également une belle allégorie de cette période particulière qu’est
l’adolescence, cet entre-deux instable et
souvent angoissant où il faut à la fois accepter de quitter le cocon de l’enfance et
trouver sa place en tant qu’adulte. Vous
l’aurez compris, Don’t grow up est un
film de virus plein de délicatesse et sans
concession, regorgeant d’images marquantes, une des ces œuvres rares au
charme vénéneux comme on en voit trop
peu pour ne pas les saluer lorsqu’elles se
présentent à nous.
UN MONSTRE À MILLE TÊTES
Rodrigo PLA
Mexique 2015 1h15 VOSTF
avec Jana Raluy, Sebastián Aguirre
Boëda, Hugo Albores, Nora Huerta,
Daniel Gimenez Cacho…
Scénario de Laura Santullo
Le « monstre à mille têtes », c'est le libéralisme sans frein et et ses conséquences, c'est le système kafkaïen qu'il
met en place, c'est la nouvelle bureaucratie de l'argent qu'il instaure. Rodrigo
Pla, comme dans l'excellent La Zona
qui nous l'a révélé (disponible en Vidéo
en Poche), s'attaque bille en tête au
monstre, et c'est aussi rageur que captivant.
Le film commence par un plan éloigné
sur une chambre d'où nous parviennent
des sons qui pourraient nous faire croire
à des ébats amoureux, mais la séquence
s'éclaire et l'on comprend rapidement
que les gémissements émanent d'un
homme qui souffre atrocement. Le mari de Sonia n'en peut plus du cancer qui
le ronge. Sonia, quadragénaire tout ce
qu'il y a d'ordinaire et de paisible, que
rien ne prédispose aux actes irréfléchis,
encore moins insensés, va faire ce que
toute épouse ferait en de telles circonstances : joindre d'urgence le médecin
afin de trouver avec lui le meilleur trai-
tement possible pour soulager son mari, peut-être celui de la dernière chance.
Mais voilà, nous sommes au Mexique,
laboratoire – comme bien d'autres pays
d'Amérique latine – des mesures ultra-libérales les plus délirantes. Résultat : la
santé est entre les mains de mutuelles
privées, promptes à encaisser des cotisations mensuelles extravagantes,
beaucoup moins à prendre en charge
les frais médicaux ou hospitaliers quand
elles considèrent que vous avez déjà un orteil dans la tombe. La décision
d'un nouveau traitement pour le mari
de Sonia appartient donc au médecin
conseil de la mutuelle. Évidemment injoignable en cette veille de week-end…
Qu'à cela ne tienne, Sonia réunit tous
les documents nécessaires et se rend en
compagnie de son adolescent de fils au
siège de la mutuelle. Et tout va s'emballer
quand elle croise le dit médecin qui prétend ne pas être là, raquette de squash à
la main, s'apprêtant à partir. Prouvant (et
approuvant !) que l'amour d'un proche
et l'instinct de survie peuvent tranformer une femme sans histoires en louve
prête à protéger sa meute, le film et ses
personnages basculent alors dans l'engrenage inéluctable d'un thriller social
palpitant… Sonia n'a d'autre choix que
de franchir les limites de la légalité pour
faire face à un système bureaucratique,
injuste et corrompu qui nourrit un peu
plus les riches et laisse crever ceux qui
ne le sont pas.
Rodrigo Pla et sa scénariste ont été inspirés par le documentaire canadien The
Corporation (programmé chez nous en
2005), qui décrivait l'action criminelle
des multinationales (en particulier les
sociétés pharmaceutiques ou liées à la
santé) contre l'intérêt des citoyens.
La mise en scène remarquablement
rythmée et tendue renforce le propos.
Elle oppose la course effrénée de Sonia
à la froideur aseptisée et inhumaine des
locaux de la mutuelle, au luxe glacé des
villas des différents dirigeants. Et cette
froideur des lieux est bien sûr le reflet de
celle des humains qui y travaillent, qui
y vivent. Aux accès de violence s'opposent des moments comme suspendus, figés, qui cassent volontairement le
caractère dramatique des situations, qui
pointent l'absurdité, le ridicule des puissants et de leur mode de vie ; autant de
subtilités qui contribuent à faire de ce
monstre à mille têtes, un puissant plaidoyer contre l’ultra libéralisme.
TOULOUSE
TEMPÊTE
Samuel COLLARDEY
France 2015 1h29
avec Dominique Leborne, Matteo Leborne,
Mailys Leborne, Patrick d'Assumçao…
Scénario de Samuel Collardey et Catherine Paillé
SUITE
ARMORICAINE
Écrit et réalisé par Pascale BRETON
France 2015 2h28
avec Valérie Dréville, Kaou Langoët, Elina Löwenshon,
Manon Evenat, Laurent Sauvage…
C'est une grande et belle découverte que ce film romanesque
qui nous charme et nous captive par la richesse de ses thématiques et de ses personnages, par une mise en scène touchée par la grâce. C'est à la fois foisonnant et fluide, réfléchi
et sensuel, littéraire et musical, très personnel et universel,
érudit et tout à fait accessible. Une réussite de haute volée,
qu'on pourrait inscrire, pour donner une idée, dans la veine
des meilleurs films d'Arnaud Desplechin. C'est un compliment !
Françoise (magnifique Valérie Dréville) est de retour dans la
Bretagne de son enfance. Elle vient enseigner l'histoire de
l'art à l’Université de Rennes où elle a étudié, reprend contact
avec de vieux copains perdus de vue. Dans la même fac, Ion,
dix-neuf ans, arrivé de nulle part, s’inscrit en géographie et
tombe amoureux de Lydie, une étudiante malvoyante. C'est
en fait le passé qui va les réunir…
Femme aimable, intellectuelle brillante, prof inspirée – on voit
quelques très belles scènes de cours –, Françoise a quitté la
capitale, un compagnon, une psychanalyse. Elle ne ressent
plus « l’obsession morbide de la Gare Montparnasse », elle
guérit de son eczéma. Elle renoue avec ses racines.
Ion dit qu’il est orphelin. Il a honte de sa mère, SDF, qui toujours le retrouve, le harcèle. Il la fuit, il s’absente, il devient
comme un fantôme hantant les angles morts de la vie estudiantine.
Françoise revoit les copains en compagnie desquels elle
écumait les concerts de rock à l’aube des années 80. Il y
a la grande Catherine, locataire d'un appartement au sommet d’une tour que le vent fait bouger. Il y a John, qui n’a jamais abjuré le rock’n’roll. Et il y a Moon, la plus folle d’entre
tous, qui a trébuché, qui est « comme une pierre qui roule »,
sans domicile fixe. C'est elle bien sûr la mère de Ion, et nous
sommes tous des fantômes dans la vie des autres…
TOULOUSE
Premières images saisissantes… Nous voilà perdus au milieu de l'océan, brinquebalés par une somptueuse tempête,
écartelés entre admiration et peur au ventre face à la beauté, à la force de la nature. Dans cette première scène magistrale, tout est dit. L'excitation puissante en même temps que
le sentiment de vulnérabilité qui transpercent ceux qui vivent
de tels instants. Après cela, infranchissables semblent les
abysses séparant le monde des terriens et celui des marins,
qui cœxistent pourtant sur la même planète. Combien revenir
sur le plancher des vaches, malgré toutes les attaches qu'on
y a, doit paraître fade ! Quels charmes terrestres pourraient rivaliser avec les envoûtements impérieux de la mer ?
Dom ne cherche même pas à leur résister. Ce beau trentenaire, forgé par des années de pêche en haute mer, n'imagine
pas faire autre chose de sa vie, il s'en sait d'ailleurs complètement incapable.
Mais à terre, sur l'île d'Yeu, vivent ses deux gosses dont il a
la garde : Matteo et Maylis. Pas facile de construire des relations équilibrées et constructives quand le père est en mer
les trois-quarts du temps… En filigrane : un contexte social
peu réjouissant, où la crise qui guette les pêcheurs se révèlera plus vorace que les plus féroces requins et où aucun banquier, aucun syndicat ne mouille sa chemise pour les aider à
surnager…
On ne peut terminer sans préciser que, pour chacun des acteurs principaux, justes, exceptionnels, charismatiques, c'est
un premier passage à l'écran. On en ressort complètement
bluffé, à tel point que deux grands festivals prestigieux n'ont
pas hésiter à décerner à Dominique Leborne leur grand prix
d'interprétation masculine. Et ils ont eu bien raison ! C'est
qu'avec une grande et humble simplicité, il a offert sa propre
histoire à Samuel Collardey, qui respecte et filme ses personnages de manière admirable, magnifiant cette humanité vibrante à laquelle nous appartenons tous.
TOURNEFEUILLE
Dégradé
Écrit et réalisé par Tarzan
et Arab ABU NASSER
Palestine – France 2015 1h23 VOSTF
avec Hiam Abbass, Maisa Abdelhadi,
Nelly Abou Sharaf, Manal Awad, Mirna
Sakhla, Wedad Al Naser, Dina Shebar…
Depuis que les Italiens ont abandonné
le créneau, rop rares sont les cinéastes,
issus de ces quatre coins du monde où
on s'en prend plein la poire plus souvent
qu'à son tour, qui tâchent de se colleter vraiment avec la représentation de
la banale désespérance de leurs concitoyens. Vraiment, c'est à dire en y instillant ce qu'il faut d'humour, de violence,
de cruauté si nécessaire, pour qu'en
ressorte d'autant plus vivace toute l'humanité des populations qui n'ont guère
que la survie pour horizon quotidien. Et
s'il y a un territoire d'où l'on ne s'attendait pas à voir émerger une résurgence
de la comédie italienne, satirique et sociale, que nous avons tant aimée, c'est
bien la Palestine – même si par moments, les films d'Elia Suleiman portaient en germe des fragments de ce
regard doux-amer. Et pourtant : porté
par une mise en scène impeccable, une
écriture au cordeau et des interprètes
unanimement épatants, Dégradé tient
toutes les promesses de cette proposition de cinéma qui rend justice aux petites gens, aux sans-grade, aux oubliés
de l'Histoire, dans le Gaza d'aujourd'hui
dont on sait si peu de choses, une fois
que les bombardements israéliens se
sont momentanément interrompus. Et,
singulièrement, aux figures féminines
de cette société qui tente de s'organiser
normalement – si tant est que quoi que
ce soit puisse être normal sur un territoire qui est comme une prison à ciel ouvert donnant sur la mer…
Soit, donc, dans la bande de Gaza,
un salon de coiffure féminin, où s'activent une patronne, d’origine russe, et
son apprentie, autour d'une douzaine
de femmes de tous âges et de toutes
conditions venues là se faire belles, profiter de l'accalmie, sortir de chez elles,
simplement être ensemble. Ça virevolte entre les ciseaux, les fers à friser
et les téléphones portables avec une
efficacité très, très relative, tout en insistant sur l'urgence de la situation de
chacune : qui son mariage, qui son accouchement imminent, qui le retour au
foyer de son homme, qui son divorce
en instance… Le salon se révèle très
vite un petit théâtre du quotidien gazaoui où on évoque presque avec insouciance les pénuries alimentaires, le
trafic d’essence, les drones israéliens,
les tracas de la vie de couple, le rationnement, les incessantes coupures
d'électricité (« quand ça coupe, on dort,
quand ça marche on regarde les Feux
de l'amour »). Comme partout, le pingpong verbal du salon de coiffure fait se
répondre les situations individuelles et
les considérations politiques, avec une
acuité et un humour féroces, comme
lorsqu'on évoque le parcours du combattant que constitue, pour de banals
déplacements, le passage successif
des différents checkpoints, du Hamas
d’abord, du Fatah ensuite et ceux d’Is-
raël pour finir. Mais très vite, la tension
monte d'un cran. Le lion du zoo de Gaza
a été enlevé par la famille d'Ahmad,
l'amoureux de la jeune apprentie, et le
Hamas, menant une expédition punitive,
impose un couvre-feu à effet immédiat.
Dès lors, cloitrées dans les petits 30 m2
du salon, les relations entre coiffeuses et
clientes vont logiquement s'exacerber
et révéler des facettes moins glorieuses
de leurs vies confinées.
On pense évidemment à Caramel, ou à
Vénus Beauté Institut, mais ici le salon
de coiffure comme métaphore de la société prend une dimension tragique, le
possible symbole de la futilité se colletant radicalement avec la violence de la
réalité guerrière – les rafales de mitraillettes et les tirs de mortier s'intensifient
progressivement, rendant le chaos extérieur, invisible, effroyablement présent.
La vie quotidienne à Gaza nous est immédiatement familière. Sans se laisser
aller à trop expliciter les origines de la folie dont ils décrivent les conséquences,
les frères Nasser s'inspirent, comme on
dit, d'un fait réel (l'enlèvement du lion, la
répression qui s'en est suivie) mais font
un pas de côté et tiennent jusqu'au bout
le parti-pris de ce huis-clos oppressant
qui mêle la comédie à la tragédie. Et,
dénouant grandes et petites intrigues,
ils rendent finalement justice à chacune
des figures féminines de la société gazaouie, qui sont le vrai sujet de ce formidable (premier) film.
TOULOUSE
SAINT AMOUR
Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE
et Gustave KERVERN France 2016 1h42
avec Gérard Depardieu, Benoît Pœlvoorde, Vincent Lacoste,
Céline Sallette, Chiara Mastroianni, Gustave Kervern, Solène
Rigot, Michel Houellebecq, Ana Girardot, Andréa Ferréol, Izia
Higelin… et la voix de Yolande Moreau !
AVE CÉSAR
(HAIL CAESAR !)
Écrit et réalisé par Joel et Ethan COEN
USA 2015 1h46 VOSTF
avec Josh Brolin, George Clooney, Clancy Brown,
Ralph Fiennes, Jonah Hill, Scarlett Johansson,
Christophe Lambert, Frances McDormand,
Tilda Swinton, Channing Tatum…
Nous sommes en 1951 à Los Angeles. Eddie Mannix (le personnage est inspiré d'un adjoint d'un studio hollywoodien qui
a réellement existé) est chargé d'huiler les rouages de l'industrie du rêve, en préservant les stars de leurs penchants et
des scandales, en tenant la bride courte aux réalisateurs qui
se prennent pour des artistes et en muselant les journalistes
avides de ragots.
La fonction de ce héros à la moustache très précisément taillée l'amène à faire le tour des plateaux, ce qui permet aux
réalisateurs, premièrement, de poser sous toutes les formes
possibles la question de la croyance à la fiction – que les cowboys chantent ou que les nageuses sourient interminablement sous l'eau – et, secondement, de s'essayer un instant à
des genres qu'ils avaient jusqu'ici négligés (il en reste, malgré
l'étendue de leur registre).
En premier lieu, le péplum chrétien : deux plateaux des studios
Capitol sont occupés par le tournage d'« Ave César ! », qui
raconte la conversion d'un centurion sur le Golgotha. Le rôle
a été confié à Baird Whitlock (George Clooney), bel homme
alcoolique et infidèle… qui va être enlevé par un groupe de
scénaristes communistes…
En voyant Ave Cesar !, il arrive qu'on se sente presque aussi fatigué qu'Eddie Mannix. Joel et Ethan Coen ont accumulé une science du cinéma si compacte qu'ils sont capables
de charger chaque plan d'une infinité de significations, d'y
mettre d'un seul mouvement un hommage formellement impeccable au genre original et une satire dépourvue de tout
respect.
Ce pourrait être trop, c'est en fait juste assez. Trop parce
qu'on pourrait croire que les Coen mettent sur le même plan
toutes les images, pour s'en moquer, parce qu'on peut toujours croire dans une image, quand on la voit. Juste assez
parce que, en y réfléchissant bien (et rarement farce a exigé
autant de l'intellect), Ave César ! choisit son camp, celui des
images auxquelles on a cru quand on les a créées.
(T. Sotinel, Le Monde)
TOULOUSE
Tout commence au salon de l'agriculture. Jean (Gérard
Depardieu, grandiose), éleveur de bovins de compèt, et son
fils Bruno (Benoit Pœlvoorde, formidable avec le cheveu gras
collé) participent comme tous les ans au Salon dans l'espoir
que la médaille tant espérée viendra enfin récompenser leur
taureau bien couillu. Mais Bruno n'y est pas… Tout ça le déprime. Il a la bonne quarantaine, bosse tout le temps dans la
gadoue, se prend des vestes dès qu'il approche les filles et
il n'est pas question pour lui de reprendre la ferme familiale.
La seule chose qui le console, c'est de profiter de cette semaine parisienne pour faire la route des vins… à l'intérieur du
salon… éclusant des godets à tous les stands de dégustation
représentant les vignobles des régions françaises.
Face à cette situation pathétique, Jean va prendre les choses
en main et embarque son grand fiston dépressif pour une
vraie route des vins dans le taxi de Mike (Vincent Lacoste,
parfait), jeune frimeur parisien, mythomane patenté. Un périple initiatique en forme de road movie drolatique, qui va permettre au père et au fils de renouer les liens au gré de rencontres détonantes : avec une jeune serveuse obsédée par la
dette abyssale de la France, un hôtelier airbnb très inquiétant
(Michel Houellebecq, très très flippant), une cavalière pré-ménopausée en recherche immédiate de géniteurs… Tout ça
agrémenté de bitures légendaires.
Il n'y a que Delépine et Kervern pour concilier avec autant
de verve, d'invention, de poésie brute les scènes hilarantes,
parfois délicieusement borderline, et les séquences d'émotion pure… Et mine de rien, sans larmoyer ni pérorer, cette
truculente comédie se révèle un des plus beaux hommages
qui soient au monde paysan (pas celui de l'agriculture industrielle, rassurez-vous !), à son courage, son sens de l'abnégation et de la transmission.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
ROOM
Lenny ABRAHAMSON
Canada/Irlande 2015 1h58 VOSTF
avec Brie Larson, Jacob Tremblay,
Joan Allen, William H. Macy…
Scénario d'Emma Donoghue,
d'après son roman
L'idéal serait de voir Room comme on
l'a lu. En ouvrant la première page du roman d'Emma Donoghue (paru en français chez Stock, en 2010, et en Livre de
poche), on entend la voix d'un petit garçon qui décrit son environnement avec
minutie, émerveillement, le jour de son
cinquième anniversaire : un lit, un évier,
la lumière qui passe par un vasistas que
l'on ne peut ouvrir. La pureté de ce regard transcende et dissimule la réalité.
Il faudra quelques chapitres pour parachever la traduction de ces mots d'enfant : Jack et sa maman vivent dans une
pièce dont un homme détient les clés…
Ce tour de force littéraire devient un tour
de force cinématographique : le réalisateur irlandais Lenny Abrahamson se
joue de l'espace confiné où vivent Jack
et Ma. La caméra adopte tantôt le regard innocent de l'enfant, tantôt la vision
désespérée de la mère, enlevée, violée,
prisonnière.
On court bien des dangers à exécuter
des gestes virtuoses pour dire ou mettre
en scène la souffrance. Mais, comme le
roman d'Emma Donoghue (qui l'a ellemême adapté pour le cinéma), le film de
Lenny Abrahamson ne s'écarte jamais
de la perspective humaine de ses deux
personnages principaux. Pour y parvenir, il fallait choisir très justement les interprètes.
On sait désormais que Brie Larson s'est
vu décerner un Oscar pour le rôle de Ma.
L'actrice marche sur les traces de Meryl
Streep ou de Kate Winslet, fondant
son personnage avant tout sur la vraisemblance, en accumulant les signes
(expressions, locutions, attitudes) qui
disent la force qu'elle oppose à la violence de son geôlier.
Il fallait aussi un enfant qui soit un acteur, sans que cette propension à l'artifice se voie trop (ce n'est pas le moment d'être mignon). Jacob Tremblay
(huit ans au moment du tournage, plus
vieux que son personnage) restera
comme un de ces prodiges enfantins
qui donnent toute leur force à un film…
Avec sa longue chevelure d'enfant sauvage, son teint blafard, il pourrait faire
peur, pourtant il revient sans cesse à la
vérité de l'enfance avec ses questions
incessantes, ses caprices, ses enthousiasmes.
Brie Larson joue, elle, une très jeune
femme prématurément vieillie. Enlevée
alors qu'elle était encore au lycée, elle
a mis au monde l'enfant né d'un viol,
dans lequel elle met tout ce qu'il lui reste
d'espoir. Forcée de négocier chaque
parcelle de son existence avec son geôlier (que l'on voit à peine), elle a développé une ruse guerrière impressionnante,
qu'elle exerce au seul profit de son fils.
On peut aussi voir Room comme l'image
d'un amour fusionnel, qui ne laisse aucun espace à ses protagonistes.
Plus tard Room prend un autre risque,
celui de se frotter à la normalité de la vie
quotidienne. Après un moment de tension presque insupportable, fils et mère
retrouvent le monde et, privés de l'ennemi, doivent trouver à employer leurs
forces autrement… Ma doit supporter
le regard des autres, les noms qu'on
donne à ce qui lui est arrivé. Lenny
Abrahamson ne fait qu'effleurer la dimension collective de cette peur qui resurgit à chaque fois qu'une captive est
libérée, en Autriche ou aux Etats-Unis…
Le cinéaste préfère s'attacher à la douleur de la jeune femme qui doit affronter
la répulsion qu'elle inspire à son père et
la protection étouffante que lui offre sa
mère.
Cette seconde partie dilue forcément le
formidable impact du début de Room.
Elle est pourtant indispensable à ce film
qui, à partir de la plus mortifère des situations, cultive délicatement les raisons
de vivre. (T. Sotinel, Le Monde)
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
The Assassin
HOU HSIAO-HSIEN
Taïwan 2015 1h45 VOSTF
avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou
Tsumabuki Satoshi, Ching-Tien Juan…
Scénario de Chu T'ien-wen
et Hou Hsiao-Hsien
Festival de Cannes 2015 :
Prix de la Mise en scène
Pour quelques-uns d'entre nous – et
pour pas mal de critiques aussi –, The
Assassin était le plus beau film du
Festival de Cannes 2015, stupéfiant de
splendeur, un film qui rentrera à coup sûr
au panthéon du cinéma asiatique.
Dès son subjuguant prologue en noir et
blanc, on est saisi par la beauté sidérante de chacun des plans, de leur minutie frisant la folie : sensation rare de
se trouver littéralement happé par une
œuvre, de perdre ses repères, d'être
hors du temps qui défile…
The Assassin nous propose un bond en
arrière jusqu'au ixe siècle, au cœur de
la dynastie Tang. Une période souvent
considérée comme une des plus florissantes, des plus prospères de l'histoire
de la Chine, tant économiquement que
culturellement. La capitale Chang'An
était à l'époque la plus grande ville du
monde. Bien plus et bien mieux que
dans la plus soignée des productions
hollywoodiennes, la reconstitution historique est d'une précision vertigineuse,
fruit de cinq ans de recherches et de repérages. Nous allons suivre une jeune
femme, Nie Yinniang, qui revient chez
elle après plusieurs années d'exil mystérieux. On découvre peu à peu qu'elle a
séjourné auprès d'une nonne non moins
mystérieuse, qui lui a enseigné dans le
plus grand secret les arts martiaux. Nie
Yinniang est devenue une professionnelle de l'assassinat, envoyée à Huebo,
capitale provinciale, pour tuer Tian Ji'an,
le gouverneur félon de la province, dans
le contexte troublé de désagrégation de
l'Empire, miné par les ambitions féodales.
Inspiré d'une nouvelle de l'époque, The
Assassin signe le retour du grand Hou
Hsiao-Hsien (Poussières dans le vent,
La Cité des douleurs, Le Maître de marionnettes, Les Fleurs de Shanghaï…)
et c'est la première incursion du maître
taiwanais dans un genre culte en Chine,
le wu xia pian (film de sabre à connotation historique), qui le fascina adolescent mais auquel jamais il n'osa s'attaquer. Un genre immortalisé par les
chefs d'œuvre de King Hu dans les années 70 (Raining in the moutain, Touch
of zen…) puis par les délires virtuoses et
virevoltants de Tsui Hark (Zu, les guerriers de la montagne magique), enfin
plus récemment par le divertissant Tigre
et dragon d'Ang Lee. Mais Hou HsiaoHsien aborde le genre de manière totalement différente, beaucoup plus intimiste, mêlant le mélo au film de sabre.
Le film est ponctué de combats magnifiquement chorégraphiés, sublimés
par une harmonie de couleurs toujours
idéale, mais ils s'apparentent davantage aux combats des films de chambara de Kurosawa qu'à ceux de Tsui Hark
ou Ang Lee. La tension réside essentiellement dans l'atmosphère feutrée et
élégante des palais où les intrigues se
nouent. Hou Hsiao Hsien filme magnifiquement ses personnages noyés dans
les paysages grandioses de la Mongolie
intérieure ou du centre de la Chine : on
les croirait sortis d'une estampe médiévale… Il magnifie aussi, toujours en clair
obscur, les intérieurs couleur sang et or
que n'aurait pas renié un Caravage. Des
intérieurs enveloppants où se nouent les
amours déçues, les vengeances longtemps enfouies, où la mort peut surgir
à tout instant, dans une volute de fumée
incompréhensible qui cache l'assassin.
Il faut insister une fois encore sur l'admirable précision de la mise en scène : rien
n'y est inutile, les plans séquences les
plus impossibles sont maîtrisés à la perfection… Avec en prime un couple d'acteurs au charisme renversant, tout particulièrement la splendide Shu Qi, égérie
du cinéaste.
TOURNEFEUILLE
Vidéo en Poche
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Venez au ciné remplir une clé USB
avect des Vidéos en Poche, il y en a
pour tous les goûts et les âges.
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quand c’est possible, la résolution
minimale étant celle d’un DVD !
Lundi 2 mai à 20h à Toulouse : soirée CINÉPHIL'O
En collaboration avec l'association Cinésoφia, projection unique
suivie d'une rencontre avec Marie Gayzard, intervenante cinéma
dans le cadre des dispositifs d'éducation à l'image : École, Collège,
Lycéens et Jeunes au Cinéma (achetez vos places à partir du 23/04).
Cinésoφia est un pôle du Bureau des Arts (BDA) de la Toulouse Business School
(TBS), association loi 1901 qui a pour vocation de collaborer de façon pérenne avec
les cinémas de Toulouse afin d’organiser des manifestations filmiques régulières,
du type « ciné-philo ». Le déroulé de cette séance de Cinésoφia commencera par
une présentation du déroulement de la soirée et de l’intervenant, puis la projection du film sera suivie d'un exposé de l’intervenant et d'un échange avec la salle.
L'orientation de cette première soirée sera plus du côté du cinéma (analyse / mise
en scène) que de la philo, même si le premier n'est jamais bien loin de la seconde.
MARCEL CONCHE
la nature d’un philosophe (HD)
Écrit et réalisé par Christian Girier.
Bonus : extraits chapitrés d’entretiens
avec Marcel Conche. Durée totale : 2h14
C’est une belle découverte et le documentaire de Christian Girier est la preuve
que oui, le cinéma est un bon moyen
pour se rapprocher de l’œuvre du philosophe. Surtout quand il s’agit comme l’a
fait le réalisateur d’aller le rencontrer, en
chair et en os, chez lui, dans sa maison
natale d’Altillac en Corrèze. De le filmer
au plus près, mais sans indiscrétion,
sans intrusion, dans son quotidien, à
table en train de manger, peu et sans
sel, en balade… De parler avec lui de
son enfance paysanne, de sa jeunesse,
de ses amours, de sa passion des livres
et de la philosophie, de sa tendresse
pour les philosophes antiques et pour
Montaigne. Aussi de son parcours intellectuel, de sa foi dans l’homme.
« Un film sur un philosophe vivant est
chose rare. Avec Marcel Conche, cela
signifie avant tout aller à la rencontre
d’un homme qui vit sa philosophie. Pétri
de sagesse, Marcel Conche se montre
tel qu’il est, tel qu’il pense : loin des
dogmes et des vérités figées il est en
perpétuel mouvement. Son charisme,
coloré de malice et d’humour, en fait une
personne authentique devant la caméra.
Il s’agit d’un film ni pour érudit ni pour
spécialiste mais bien d’un film qui
s’adresse à tous. » (Christian Girier)
Marcel Conche a aujourd’hui 93 ans, des
yeux qui n’ont pas oublié de pétiller et
des neurones qui carburent au renouvelable. Sa métaphysique s’ouvre à une
Nature qui ne se réduit pas à ce que
l’on croit voir. En cheminant dans les
paysages de son enfance corrézienne,
il nous livre avec délice une sagesse
vécue au plus près de sa vie.
et plus de 130 films au catalogue :
www.videoenpoche.info
TAKE
SHELTER
Écrit et réalisé par Jeff NICHOLS
USA 2011 2h VOSTF
avec Michael Shannon, Jessica
Chastain, Tova Stewart, Shea Whigham,
Katy Mixon, Kathy Baker…
Prix de la Critique internationale, Festival de Cannes 2011
Grand Prix du Festival du cinéma américain de Deauville 2011
Take shelter est un grand film, tendu, intense, maîtrisé. L'histoire prend place
dans l'Amérique profonde, au cœur
d'une famille de la classe moyenne, cette
Amérique du milieu qui se retrouve en
première ligne de la crise économico-financière qui frappe durement le pays.
Sur ce terreau ultra-réaliste, Jeff Nichols
fait naître une intrigue qui nous amène
aux portes de la folie, flirtant même avec
le fantastique, et qui sert de révélateur à
la souffrance d'un individu, d'une famille
et par extension au malaise de toute une
société.
Une petite ville au fin fond de l'Ohio, le
vent souffle dans les branches d'un arbre,
le ciel s'assombrit dangereusement, une
nuée d'oiseaux fuit une menace imminente, une tornade se forme, prête à tout
dévaster sur son passage… Et Curtis La
Forche se réveille en sursaut, s'évadant
d'un violent cauchemar qui ne cesse de
hanter ses nuits. Curtis mène pourtant
une vie paisible, entouré de Samantha,
sa femme aimante, de leur petite fille
Hannah, atteinte de surdité, et d'un brave
chien qui vient compléter le tableau familial. Il a un bon job de contremaître sur
des chantiers de forage, un bon pote sur
lequel il peut toujours compter et, en bon
catholique, il va à la messe toutes les semaines. Mais cette menace d’une tornade l’obsède, comme si la récurrence
de ces visions était prémonitoire. Et peu
à peu son comportement inexplicable
fragilise son couple, provoque l’incompréhension de ses proches. Mais rien,
ni l'apaisement que tente de lui apporter Samantha, ni la crainte de remettre
en question l'équilibre familial, ne peut
vaincre la terreur qui l’habite…
PS : Take shelter, ainsi que le précédent film de Jeff Nichols, Shotgun
stories, sont disponibles en Vidéo en
Poche.
MIDNIGHT SPECIAL
Écrit et réalisé par Jeff NICHOLS
USA 2016 1h51 VOSTF
avec Michael Shannon, Kirsten Dunst,
Jaeden Lieberher, Joel Edgerton, Adam
Driver, Sam Shepard…
ment et démarre en trombe dans la nuit
à bord d'une Ford Mustang (à moins que
ce ne soit une Dodge Charger, pardonnez ma méconnaissance des voitures de
légende du cinéma américain).
Du jeune maître texan Jeff Nichols,
qui nous impressionne de film en film
(Shotgun stories, Take shelter – tous
deux disponibles en Vidéo en Poche –
et Mud), on attendait l'inattendu… et on
n'est pas déçu.
La première scène de Midnight Special
nous plonge dans l'inconnu. Deux
hommes armés semblent attendre, anxieux, dans une chambre de motel aux
fenêtres recouvertes de carton. Sur le lit,
caché sous un drap, un petit garçon lit
à la lumière d'une lampe de poche, imperméable aux événements extérieurs,
un casque anti-bruit sur les oreilles,
les yeux étrangement recouverts de lunettes de piscine. La télévision diffuse
en boucle l'information de la disparition
d'un enfant appartenant à une communauté religieuse. Est-ce un kidnapping ?
Ou l'enfant a-t-il été au contraire soustrait par ses proches à un destin funeste ? Soudain le trio sort précipitam-
Ce qui est passionnant dans le nouveau petit bijou de Jeff Nichols, ce sont
ses multiples entrées. Ça commence
comme un film de cavale, porté par la
musique aérienne et lancinante de David
Wingo, traversant les paysages magnifiques du Sud des États-Unis, du Texas
à la Floride, sans qu'on connaisse au
demeurant la destination ni la raison de
cette fuite précipitée. Ce n'est que peu à
peu que l'on en comprend les tenants et
les aboutissants. La tension monte… et
le film bascule sans esbroufe spectaculaire vers la science-fiction, en une sorte
d'hommage virtuose aux grandes réussites des années 70/80 – on pense en
particulier au Spielberg de Rencontres
du troisième type –, à l'époque où le cinéma américain imaginait que « l'autre »,
la créature venue d'ailleurs, n'était pas
forcément un envahisseur mais pouvait
être animé d'intentions pacifiques et
bienveillantes, bien plus que les terriens
recroquevillés sur leur petite planète…
Mais derrière le suspense paranoïaque
et la SF, derrière l'action qui avance tambour battant, on retrouve les thèmes récurrents de Jeff Nichols, principalement
la paternité, le lien indéfectible qui unit
père et fils. Et son acteur fétiche Michael
Shannon incarne formidablement ce
père déterminé, prêt à tout pour permettre à son fils d'aller jusqu'au bout du
destin qui est le sien… Ce personnage
emblématique représente l'abnégation
paternelle poussée à son paroxysme,
celle qui vous pousse à croire à l'incroyable, à abdiquer votre rationalité, à
vous affranchir de la loi pour contourner ou forcer tous les barrages, même si
toutes les forces de l’État le plus puissant
au monde sont à vos trousses. Michael
Shannon est comme toujours impressionnant mais on appréciera aussi les
personnages secondaires remarquablement dessinés et interprétés, tels Sam
Shepard très flippant en gourou de secte
ou Adam Driver, parfaitement ambivalent en enquêteur faussement dilettante.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
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Dans la Gazette
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06 70 71 53 55
ROYAL ORCHESTRA
Film documentaire
de Heddy HONIGMANN
Pays-Bas 2015 1h34 VOSTF
(néerlandais, anglais, espagnol et russe)
avec le chef et les musiciens du Royal
Concertgebouw
Orchestra
(RCO)
d'Amsterdam…
presque tentaculaire (une tête qui dirige
et de multiples bras : plus de cinquante
musiciens) et en faire une œuvre vivante,
cohérente, originale, qui tienne le spectateur en haleine ? Comment trouver des
plans d'attaque originaux, ne pas sombrer dans le « déjà vu » ?
Le tour du monde en cinquante concerts !
Ainsi s'appelait dans un premier temps
cet incroyable documentaire, d'une simplicité vraie, qui nous a tous emballés au
Festival de La Rochelle, avant d'être débaptisé. On aimait ce premier titre : Le
tour du monde en cinquante concerts…
Comme un petit clin d'œil à Jules Vernes
qui disait bien la patte espiègle et subtile de la réalisatrice Heddy Honigmann.
Heddy Honigmann réussit tout cela avec
brio et dirige sa caméra avec les gestes
précis et limpides d'un véritable chef
d'orchestre. Toujours à capter la petite
chose, le menu détail qui en disent plus
long que bien des discours et ménagent
des moments de respirations joviaux ou
tendres. Son plaisir indéniable derrière la
caméra est immédiatement perceptible,
communicatif et jamais elle ne se met
en avant. Cinéaste discrète, marionnettiste de l'ombre, qui nous entraîne avec
bonheur dans les coulisses, l'intimité des virtuoses et même celle de leurs
plus modestes admirateurs. La musique
devient plus qu'un simple loisir, elle est
un art de vivre démocratique, presque
une philosophie. Elle est aussi un langage à part qui relie entre eux les mélo-
D'un travail de commande (passée par
le prestigieux Royal Concertgebouw
Orchestra d'Amsterdam pour célébrer
ses 125 ans) elle a réussi à faire une véritable aventure de vie qui se déguste
comme un roman ! Ce n'était pourtant
pas gagné d'avance : comment filmer la
tournée internationale de cet organisme
manes venus de tous horizons. De Saint
Pétersbourg à Buenos Aires en passant
par Soweto… Heddy ne se contente pas
de survoler les sujets et en peu de plans
elle brosse un contexte politique, humain… passionnant.
Première séquence : mais quel est ce
petit point insignifiant sur cette grande
scène, perdu au milieu de cet immense
opéra vide qui semble l'engloutir ? Voilà
le percussionniste de cette formation
symphonique ! Et c'est fort malin de
commencer par lui. Le bougre parle de
son boulot avec tant d'humilité et de
drôlerie que, d'un coup de baguette, il
brise la glace et un mythe. La grande
musique n'est pas une affaire d'élite,
elle aussi accessible aux petites oreilles,
celle des obscurs, des sans-grade. Elle
est avant tout une merveilleuse aventure
à la portée de tous. On finirait même par
croire qu'un jour elle parviendra à briser
les ridicules frontières érigées par la petitesse des hommes !
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
THE REVENANT
Alejandro GONZALEZ IÑARRITU
USA 2015 2h36 VOSTF
avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall
Gleeson, Will Poulter… Scénario de Alejandro
González Iñárritu et Mark L. Smith, d'après le
roman de Michael Punke. Musique de Ryuichi
Sakamoto, photographie d'Emmanuel Lubezki.
« Tant que tu peux t'accrocher à une respiration, bats-toi, respire… continue à respirer » C'est sur cette leçon de survie que
commence l'odyssée de Hugh Glass selon Iñárritu (Oscar),
expérience immersive dans les étendues glacées et les montagnes enneigées du Dakota du Sud. Rien ne peut vous préparer à sa beauté, à la magnifique photographie d'Emmanuel
Lubezki (Oscar). Rien ne peut vous préparer à la fulgurance
de sa sauvagerie, à l'animalité viscérale de sa violence. Rien
ne peut vous préparer à l'éclat bouleversant, au cœur des ténèbres, de la lueur d'humanité qui subsiste, malgré tout ce qu'il
endure, dans le regard de Leonardo DiCaprio (Oscar, enfin).
Hugh Glass était un « mountain man », un de ces trappeurs,
explorateurs américains qui parcouraient les montagnes de
l'Amérique du Nord au xixe siècle, motivés par le profit, chassant les castors et vendant leurs peaux. Le film mêle deux
épisodes qui ont fait la célébrité de Hugh Glass, durant l'expédition du général William Ashley remontant le Missouri.
Le premier épisode est celui de la rencontre avec les indiens Arikaras, qui les pourchassèrent et auxquels il parvint
à échapper, aidé ensuite par des Sioux pour rejoindre le fort.
En 1823, lors d'une reconnaissance, Glass surprit une femelle
grizzly, accompagnée de ses deux oursons, qui le chargea. Il
réussit à tuer l'ours, mais très grièvevement blessé, fut laissé
pour mort par les deux compagnons qui devaient rester à ses
côtés. Sans armes, il parvint en six semaines à gagner Fort
Kiowa, distant de plus de 300 kilomètres. Glass se remettra
ensuite en route pour traquer Bridger et Fitzgerald, et en tirer
vengeance.
Resserrant la durée du récit originel, le film reprend en grande
partie les épisodes de cette histoire pour en faire une aventure humaine dont la profondeur et la force en font dores et
déjà un classique intemporel, hors catégories.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
Spotlight
Tom McCARTHY USA 2015 2h08 VOSTF
avec Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo,
Brian d’Arcy James, Liev Schreiber, Stanley Tucci,
Billy Crudup, John Slattery, Jamey Sheridan…
Scénario de Josh Singer et Tom McCarthy
Ce remarquable Spotlight… s’inspire de faits réels. L’équipe
de journalistes d’investigation du Boston Globe, surnommée
« Spotlight » (littéralement « le projecteur »), enquête, au début des années 2000, sur une affaire de crimes pédophiles
perpétrés – et dissimulés – par l’Église catholique. Pour autant, il ne faut pas chercher la moindre héroïsation du reporter.
Car ce qui intéresse McCarthy, c’est de montrer le journaliste,
ce soutier de la démocratie, au travail… D’ailleurs le réalisateur ne s’attache à ses personnages qu’à travers le prisme
professionnel, sans s’attarder inutilement sur leur sphère personnelle qui aurait risqué de parasiter leur indéfectible trajectoire… McCarthy excelle à camper cette petite ruche industrieuse que forme le groupe Spotlight – les visages anxieux
minés par la fatigue croissante et les rebuffades récurrentes,
les innombrables appels téléphoniques infructueux, les allées
et venues entre le journal, le Palais de justice et le bureau des
avocats – et à humer l’atmosphère solidaire qui règne à la rédaction…
Peu à peu, le travail acharné des journalistes esquisse les
contours des violences insondables subies par les jeunes victimes d’hier. À cet égard, la force de Spotlight, c’est le traitement du hors-champ. S’il ne fait preuve d’aucune fausse
pudeur dans l’évocation des viols, le cinéaste évite soigneusement les flash-back insistants, le pathos racoleur…
Ce plaidoyer pour la fonction salvatrice de la presse écrite
ne serait pas aussi puissant s’il n’était pas ancré dans un
contexte géographique bien spécifique. Car dans le film, la
responsabilité écrasante de l’Église se confond avec celle
de Boston : Boston la patricienne, discrète et « provinciale »,
Boston qui exècre l’ostentation, et surtout Boston la catholique, où le crime s’épanouit pourtant… Dans ce film subtil
qui ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme, tout le
monde, ou presque, partage les mêmes origines et, partant,
une responsabilité collective… Un film passionnant, de bout
en bout ! (F. Garbarz, Positif)
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
D'UNE PIERRE DEUX COUPS
Écrit et réalisé par Fejria DELIBA
France 2016 1h23
avec Milouda Chaqiq, Brigitte Roüan,
Myriam Bella, Zinedine Soualem, Samir
Guesmi, Claire Wauthion, Linda Prevot
Chaïb…
Prix du Public, Festival
Premier plans – Angers 2016
Zayane a 75 ans, elle est mère de onze
enfants et déjà plusieurs fois grandmère. Elle habite en banlieue parisienne,
un petit appartement en haut d'une tour.
Elle n'est pas beaucoup sortie de la cité
depuis son arrivée en France. Pourtant,
pour être venue d'Algérie, elle a dû en
vivre des choses… Mais tout ça, c'est
du passé.
Aujourd'hui, elle est là où on attend
qu'elle soit. Toujours disponible pour qui
a besoin d'elle. Toujours des cornes de
gazelles dans le placard de sa cuisine,
toujours de bons petits plats au congélateur au cas où l'un des enfants passerait pour déjeuner. La vie semble passer
comme ça, et Zayane s'en satisfaire. Elle
ne se plaint pas, son rôle consiste à être,
avant tout, présente pour ses enfants
qui la sollicitent sans jamais se soucier
de ses disponibilités. Le fonctionnement
est bien rodé.
Un jour elle reçoit une lettre. Ne sachant
pas lire, la première mission consiste à
trouver une voisine qui, bienveillante et
en échange de quelques biscuits, lui délivre le précieux message. Un homme
est mort, quelqu'un qu'elle a connu autrefois, en Algérie… Pudique, elle ne
laisse rien paraître de son trouble, mais
de retour dans son petit appartement,
on sent l'urgence, la nécessité, quelque
chose s'est réveillé en elle. L'homme a
laissé une boîte à son attention et elle
doit aller la chercher, pas d'obligation
réglementaire, mais une petite voix intérieure et pressante qu'elle ne peut plus
taire.
Un voyage tout petit : Paris-province,
mais une grande aventure pour Zayane.
Sans savoir lire tout est plus difficile, à
commencer par le fait de prendre le bon
train, dans le bon sens. Un périple dans
lequel la vieille femme va se révéler :
sortir de la cité lui fait l'effet d'une formidable respiration ! Elle a finalement un
sacré caractère ! Dans ce voyage c'est
tout un passé enfoui qui ressurgit, elle
parle, se confie, s'affirme, existe !
Pendant ce temps, les enfants, poussés
par l'inquiétude, se retrouve peu à peu
regroupés dans l'appartement famillial.
De la colère à l'incompréhension, les retrouvailles sont par moment houleuses.
Connaissent-ils vraiment leur mère ?
Ont-il jamais essayé de la connaître ?
Aurait-elle ses secrets ?
Les réactions les plus extravagantes
cachent un désarroi total face à une situation tout à fait inédite : Zayane, la figure même de l'abnégation, aurait laissé tombé sa famille ? Quel événement
suffisamment dramatique et important
pourrait justifier une telle attitude ? Tous
regroupés autour de cette absence,
les enfants sont amenés à chercher à
comprendre leur mère d'une manière
complètement nouvelle. Tous les indices étaient présents sous leurs yeux.
Il s'aperçoivent simplement qu'ils n'ont
jamais pris la peine d'essayer de s'y intéresser. Mais peut-être n'est il pas trop
tard pour changer de regard et voir, derrière leur mère, cette femme qui toujours
s'est sacrifiée, pour ses enfants, pour sa
famille…
Ce premier film a été récompensé par
le prix du public au festival Premier Plan
d'Angers et on comprend pourquoi. Tout
commence simplement mais le scénario jamais ne s'épuise, trouvant toujours
un ressort dramatique, une idée nouvelle qui nous émeut ou nous surprend.
Le tout est formidablement généreux et
bienveillant, un film qui fait du bien par
les temps qui courent…
TOULOUSE
GOOD LUCK ALGERIA
ce Good luck (bonne chance) leur donnera un angle de vue salutaire en même
temps que la banane !
C'est une histoire vraie. Celle d'un type
ordinaire et de sa petite entreprise montagnarde, une de celles qui connaissent
la crise. C'est pas faute de bosser, pas
faute d'avoir des produits de qualité, pas
faute d'avoir la passion de son métier.
Sam et Stéphane, quand ils démarrent
leur affaire, ont le feu aux tripes, ce sont
de merveilleux artisans, leur boite est à
taille humaine, chaque salarié s'y investit, se bat, a du plaisir à y travailler. Les
skis qui sortent de leurs ateliers sont
passés par de longues étapes de fabrication où rien n'est laissé au hasard, rien
n'est bâclé. Plus que tout, leurs créateurs
ont la fierté de les avoir fabriqués, et celle
de ne pas vouloir se parjurer en cédant
aux modes de l'époque. Mais la concurrence mondialisée devenant de plus en
plus féroce, les skis Duval dégringolent
et perdent peu à peu des parts de marché. Il suffirait de sous-payer l'équipe,
de licencier, de ne plus travailler avec
des matériaux aussi nobles… ou de fusionner, de vendre leur renommée au
diable (comme le suggère leur banque)
pour remonter la pente. Mais à tout cela
Sam (Sami Bouajila), le gérant, se refuse.
Il essaie de faire bonne figure, de ne pas
avouer à sa délicieuse et ironique compagne Bianca qu'ils sont en totale faillite. Bien sûr c'est illusoire et il faudrait
qu'elle soit aveugle et stupide pour ne
rien voir…
Quand Bianca finit par découvrir l'ahurissant et ridicule trait de génie qui anime son
mari, son tempérament italien explose !
Il veut se qualifier pour les épreuves de
ski de fond des Jeux Olympiques d'hiver
et défendre les couleurs du pays de son
père : l'Algérie ! Rien que ça ! À son âge
! Représenter une nation qu'il ne connait
même pas, dont il ne parle même pas la
langue ! La réponse de Stéphane (son
partenaire et ami d'enfance), qui s'est
auto-désigné comme son coach sportif, fuse : « Pas besoin de parler algérien
pour skier ! » Bianca pouffe d'incrédulité, de rage, de rire, mais peut-être aussi
de tant d'autres choses qui ne s'avouent
pas… Et comme elle, tout le monde se
gausse de nos deux hurluberlus… Puis
malgré tout, comme il n'y a pas grandchose à perdre ni grand chose à espérer
d'autre, tous finissent par se prendre au
jeu de ce conte de fées, piégés dans la
poudreuse de leurs rêves fous… Surtout
Kader, le père de Sam…
Et ce n'est que le début des (més)aventures de notre athlète sur le retour, de ses
péripéties qui vont l'entraîner bien loin,
au delà des frontières de la France et du
ridicule : vers l'Algérie. Et alors qu'il était
venu y quémander un hypothétique soutien d'une fantomatique fédération de
glisse, il va découvrir le pays de ses origines et ressentir les traces qu'il a laissées en lui, le Français de seconde génération, l'enfant d'immigré qu'il restera
à tout jamais.
TOULOUSE & TOURNEFEUILLE
C'est à Calais : une école pour
les migrants
Inaugurée en Juillet 2015, l'école du
chemin des Dunes continue à Calais.
Une trentaine de bénévoles s'activent
depuis huit mois pour fabriquer une
scolarité aux enfants de migrants, et
proposent aussi une formation aux
adultes : Britanniques, Nigérians,
Français, Belges… les bonnes volontés ne manquent pas et la fragile
structure de planches et de plastique
tient le coup grâce aux bénévoles
qui viennent donner de leurs temps.
Les promesses faites par Najat
Vallaud-Belkacem en Septembre
2015 n'ont pas été vraiment suivies
d'effet… alors, ils bricolent comme
ils peuvent.
Plusieurs centaines de gamins en
âge d'être scolarisés traînent dans
la « jungle », mais aussi des adolescents débarqués d'Erythrée
du Soudans, d'Ethiopie, de Syrie,
d'Afghanistan… Pour tous, l'enjeu
de la scolarisation est loin d'être
secondaire. « Aider les plus jeunes à
renouer avec la socialisation : elle est
là, la raison d'être de cette école »…
Utopia 56
« Imaginer un monde meilleur, refuser une réalité inadmissible… »
Ce ne sont pas vos cinoches préférés qui le disent. C'est Utopia 56, une
association qui s'est créée à Calais
pour favoriser la participation de
bénévoles venus d'ailleurs. « On fait
ce qu'on peut, on donne du temps,
de l'argent, on les accueille à la maison ». Depuis le 15 Janvier, l'association encadre ceux qui déboulent
de toute la France (et d'ailleurs ) pour
filer un coup de main : construire des
abris, vider les tonnes de détritus
accumulés en quelques mois, trier
les vêtements, aider en cuisine, distribuer les repas. Depuis le 7 Mars,
ils sont présents dans le nouveau
camp de Grande Synthe en collaboration avec d'autres associations
plus anciennes : « L'Auberge des
migrants », « Salam »… Vous pouvez
les rejoindre si vous avez quelques
vacances, mais aussi les soutenir
financièrement. Vous pouvez aussi
faire des dons en nature – vêtements, nourriture stockable, tentes,
bâches, couvertures… – aux trois
associations ci-dessus mentionnées.
www.utopia56.com
www.laubergedesmigrants.fr
www.associationsalam.org
LA VACHE
Mohamed HAMIDI
France/Maroc 2016 1h31
avec Fatsah Bouyahmed, Lambert
Wilson, Jamel Debbouze, Julia Piaton…
Scénario de Mohamed Hamidi, AlainMichel Blanc et Fatsah Bouyahmed
Il était une fois… Cette délicate de
vache, aussi tendre qu'un steak taillé dans le filet, est un véritable conte
de fées. Un de ces films d'antan où se
feuilletait au générique et en technicolor un gros livre chargé de dorures. Sauf
que nos sociétés, aujourd'hui, n'aiment
plus trop les contes. Trop dangereux,
les contes, car on pourrait y croire. Trop
subversives, ces histoires qui, invariablement, se terminent bien alors qu'il
entre de nos jours dans la stratégie de
nos élites de ne jamais nous faire rêver à
des lendemains heureux.
Pensez donc ! Imaginez un monde où
tous se réconcilieraient autour d'une
vache en route, sur les chemins buissonniers de France, vers un Salon de
l'agriculture où chacun serait payé au
juste prix de son travail. Impensable…
Les contes, en effet, dérangent et
troublent l'ordre productiviste établi en
laissant croire au pauvre peuple qu'il est
toujours possible de changer la vie pour
le meilleur, alors qu'on devrait bien savoir qu'elle est en route vers le pire à travers la stricte observance de l'évangile
néolibéral qui n'arrête pas, lui, de nous
beugler aux oreilles, via les prix nobels
d'économie, qu'il faut être réaliste et
se contenter de peu, alors qu'il y aurait
avantage à se contenter de beaucoup
en ignorant les sornettes qui s'obstinent
à nous marteler qu'il faut se préparer
maintenant à changer trois ou quatre
fois de boulot au cours de sa vie, pour
en trouver… du boulot, sans réfléchir un
seul instant à ce que seraient ces boulots…
Pour Fatah en tout cas, modeste paysan d'une vallée perdue du Magreb, pas
question de céder aux oukases des prix
Nobel d'économie. Paysan il est, paysan
il restera toute sa vie, tout comme Jamel
Debbouze d'ailleurs, producteur et acteur du film, dont on peut parier qu'il le
gardera à vie, lui aussi, son boulot sympa d'amuseur public. Pour l'heure, notre
ami Fatah s'occupe avec tendresse de
sa vache, une belle tarentaise à la robe
brun fauve nommée Jacqueline, qu'il
inscrit chaque année avec persévérance
au Salon de l'agriculture à Paris. Une
constance qui finit par porter ses fruits :
une lettre officielle lui annonce qu'il est
invité avec Jacqueline. Néanmoins, restrictions budgétaires obligent, le voyage
n'est pas pris en charge. Qu'à cela ne
tienne, Fatah qui ne doute de rien prend
le bateau direction Marseille, puis entame le chemin Marseille/Paris à pied.
Le voyage, on s'en doute, sera haut
en couleurs, à l'image de ce premier
contact avec les gendarmes qui, héberlués, acceptent de se faire photographier, sans sourciller, aux côtés de
Jacqueline.
Avec un bel appétit de découvertes,
Fatah parcourt une France dont il a une
haute idée et qui, surprise, le lui rend
bien. Son sourire engageant et son
compagnonnage animal font merveille
et attirent une sympathie mâtinée de curiosité de ceux qu'ils croisent, à l'image
de cette troupe de théâtre fraternelle qui
lui fait découvrir le « flirt » et la poire, ou
de ce chatelain perclus de problèmes
qu'il parvient à sortir d'un égocentrisme
déprimant en l'entraînant dans la folle
ronde de l'entr'aide.
Mais plus que tout, il émane de La Vache
un peu de ce qui fait le succès inattendu et incroyable de Demain : cette impression que, malgré la période assez
misérable que nous traversons, nous ne
sommes pas définitivement abonnés au
malheur. En effet, sur un ton bon enfant
et sans mièvrerie, le film délivre un message sain mais généreux : de quelque
côté de la Méditerranée que l'on vienne,
il est possible de se retrouver sur les
mêmes valeurs…
TOURNEFEUILLE
Ciném
a garanti sans 3D
www.cinemas-utopia.org • Toulouse (24 rue Montardy - 05 61 23 66 20) • Tournefeuille (Impasse du Château - Ciné 05 34 57 49 45 - Bistrot 05 34 51 88 10)
GOOD LUCK ALGERIA
Farid BENTOUMI
France/Belgique 2015 1h30
avec Sami Bouajila, Franck
Gastambide, Chiara Mastroianni,
Hélène Vincent, Bouchakor
Chakor Djaltia…
Scénario de Farid Bentoumi,
Noé Debré et Gaëlle Macé
Good luck Algeria est un de ces petits
bonheurs qui ne courent pas les rues :
une comédie épatante et rafraichissante qui fait énormément de bien par
les temps qui courent. On y rit volontiers,
on y réfléchit aussi. C'est aussi un pamphlet humoristique particulièrement bien
venu, qui pourrait ouvrir les yeux de tous
ceux qui oublient combien l'immigration a aussi contribué à construire notre
beau pays. Allez : que chacun d'entre
nous essaie d'attirer devant ce film réjouissant un de ces drôles d'oiseaux qui
croient aux vertus des frontières et, avec
une humilité et une gentillesse infinies,
No 225 Du 23 mars au 3 mai 2016 / Entrée: 6,50€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 48€ les 10 places