De l`usage du tapis de Loge

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De l`usage du tapis de Loge
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De l’usage du tapis de Loge
Mes TT∴ CC∴ SS∴, mes TT∴ CC∴ FF∴,
Je vais commencer par vous donner deux définitions du tableau de Loge.
Pour les obédiences, du point de vu administratif, c’est la liste des membres d’une Loge,
c’est un document profane qui sert à faire entrer des sous dans les caisses.
Du point de vu ésotérique, voici ma définition ; c’est une gravure qui représente un certain
nombre d’hiéroglyphes et d’emblèmes qui sont les principaux symboles du grade auquel se
déroulent les travaux. Il représente toute une architecture et sa perfection symbolique nous
imprègne et nous incite à la réflexion.
Le tapis de Loge est un tableau déposé au milieu de la Loge et éclairé par trois chandeliers.
Ceci est une caractéristique des rituels de type Moderne, c'est-à-dire des héritiers de la Grande
Loge de Londres et des constitutions d’Anderson. Les trois lumières sont le soleil, la lune et le
maître de la Loge. La colonne J est celle des apprentis. Les pas se font en démarrant du pied
droit.
Dans les rituels de type Antients, le tableau est placé devant le plateau de second surveillant, au
milieu de la colonne du midi. Ce sont les héritiers de Laurence Dermott. Le livre de référence
est Ahiman Rezon. Les trois grandes lumières symboliques de la Franc-Maçonnerie sont le
Livre de la Loi Sacrée, l’Equerre et le Compas. La colonne B est celle des apprentis. Les pas
se font en démarrant du pied gauche.
Quand on entend certain maçons pseudo historiens, on retient, que des temps les plus anciens
les maçons, même les plus analphabètes, se réunissaient dans la loge pour apprendre, dessiner,
analyser et comprendre les hiéroglyphes. Il n’en est rien comme je vais vous l’expliquer
maintenant.
Je vais me servir de 3 documents authentiques et bien identifiés, 2 documents anglais et un
français.
1730 la maçonnerie Disséquée de Samuel, la plus ancienne divulgation complète, avec le grade
de Maître, connue à ce jour.
De la gravure de Picart datée de 1735.
Du rituel de G.H. Luquet des années 1742-1745.
La maçonnerie disséquée
49
D.
R.
Avez-vous des Lumières dans votre Loge?
Oui, trois.
50
D.
R.
Que représentent-elles?
Le Soleil, la Lune et le Maître Maçon.
51
Ces lumières sont trois grandes chandelles placées sur de hauts chandeliers.
D.
Pourquoi cela ?
Le Soleil pour gouverner le Jour, La Lune, la Nuit et le Maître
R.
Maçon sa Loge.
Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/
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52
D.
R.
Avez-vous des lumières fixes dans votre Loge ?
Oui.
53
D.
R.
Combien?
Trois.
N.B. Ces lumières fixes sont trois fenêtres, Qu’on suppose (mais ce n’est pas le
toujours le cas) se trouver dans toute salle où une Loge est tenue, mais plus
exactement les quatre points cardinaux conformément aux antiques règles de la
Maçonnerie.
54
D.
R.
Comment sont-elles disposées ?
L’Est, au Sud et à l’Ouest.
55
D.
R.
Quel est leur usage ?
Eclairer les hommes lorsqu’ils vont au travail, lorsqu’ils y sont, et
lorsqu’ils en reviennent.
56
D.
R.
Pourquoi n’y a-t-il pas de lumière au Nord?
Parce que le Soleil n’envoie aucun rayon à partir de cette région.
57
D.
R.
D.
R.
Où se tient votre Maître ?
A l’Est.
Avez-vous votre Maître aujourd’hui
Oui
81
82
D.
R.
Comment était-il vêtu ?
D’une veste jaune et d’une culotte bleue.
N.B. La veste jaune est le compas et la culotte bleue les pointes d’acier.
Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »
La réponse au N° 82 est une petite astuce, comme adorent les Maçons en général et les
Anglais en particulier. A travers le symbole on dit quelque chose d’autre. Ici le Maître est le
compas. Et par le Maître on remonte au Grand Architecte de l’Univers, à Dieu. On peut se
rappeler ces belles représentations qui montrent le Grand Architecte de l’Univers qui trace
le plan à la surface du monde en tenant le compas. La main qui le tient est en forme
d’équerre.1
Ce Maître est la symbolisation du Grand Architecte de l’Univers et non pas du Maître de
Loge, bien qu’il le recouvre aussi. En effet, le Maître de Loge est dans sa Loge comme Dieu
est dans l’Univers. Car il y a le recouvrement des symboles. Avec ses bas bleus et sa veste
jaune il peut être considéré comme le Maître.
Le compas est extrêmement important. On a souvent l’occasion de présenter les très beaux
compas de charpentier. Le compas, qui sert à symboliser le Grand Architecte de l’Univers,
peut avoir une représentation humanoïde, comme ici, ou comme le compas de mesure, qui
sert à mesurer des épaisseurs, qui s’appelle « maître à danser ».
1
Voir le dessin de William Blake intitulé "Le Grand Architecte de l'Univers".
Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/
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Le compas évoque la figure humaine avec les jambes, et la tête. C’est une assimilation, d’où
la notion de bas bleus et de jaquette. Le jaune évoque le laiton et le bleu l’acier. Voilà pour
ce qui est des couleurs qui ne sont pas symboliques, mais liées à l’outil.
83
D.
R.
Pendant combien de temps servez-vous votre Maître ?
Du lundi matin au samedi soir
84
D.
R.
Comment le servez-vous ?
Avec la craie, le charbon de bois et la terrine.
Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »
Le troisième élément cité n’est pas une terrine. Pour la plupart des commentateurs c’est le
balai. Mais pas un balai de végétaux (le plus souvent en genêt, en anglais "broom"). C’est un
balai à franges (en anglais "mop"). L’usage de ce balai à franges était dans les pratiques de
l’époque. Il était normal de nettoyer le sol et d’enlever les traces de craie avec ce balai. Mais
pas les traces faites au fusain, qui s’effacent très difficilement.
85
D.
Que désignent-i1 ?
R.
Liberté, Ferveur et Zèle.
Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »
« Liberté, Ferveur et Zèle » ? Aucun des nombreux auteurs consultés, comme Harry CARR
ou Bernard JONES ne donnent une raison précise vraiment convenable pour associer ces
trois vertus avec les trois éléments. Et ceci nous amène à penser, comme c’est souvent le cas
quand on procède à l’étude de documents anciens, que cette réponse est destinée à soutenir et
à mettre en évidence quelque chose, à attirer l’attention sur quelque chose qui serait trop
compliqué et qui soulèverait des questions.
D’ailleurs il faut remarquer qu’il y a une sorte de rupture entre ce qui a été dit précédemment
avec l’évocation du Grand Architecte de l’Univers et la notion qui suit qui est totalement
professionnelle :
Q. : « Pendant combien de temps servez-vous votre Maître ? »
R. : « Du lundi matin au samedi soir ».
Cette réponse n’est pas cohérente avec ce qui a été dit avant. En effet, si le dimanche est le
jour du Seigneur, ce serait plutôt le dimanche qu’il devrait être servi. Alors le passage N° 48
doit comporter quelque chose qui se réfère au professionnel et non au Grand Architecte de
l’Univers.
Dans tout cela, il n’y a rien qui fasse penser à un tableau, je pense plutôt au jeune qui sur les
chantiers approvisionne et nettoie.
Gravure de Picart
Dans la gravure de Picart datée de 1735 on voit bien les deux tables en Equerre autour duquel
les frères se réunissaient on voit bien les chandeliers sur la table, il n’y a rien au sol.
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Grande Loge de Londres Picart 1735
Rituel de Luquet
Ce rituel en usage au XVIIIe siècle est la copie d'un rituel ancien transcrit en français moderne
par G.H. Luquet. Le manuscrit n'était pas daté, mais plusieurs indices permettent de tenir pour
certain qu'il a été écrit au plus tard en 1745, et, par suite, d'y reconnaître une des plus anciennes
rédactions françaises du Rituel de Compagnon, que ce soit la copie d'un cahier préexistant ou
plutôt -ce que je crois- la mise en écrit par un Frère de ce qu'il avait vu en Loge. De toute façon,
il échappe au soupçon, peut-être insuffisamment justifié, de déformations, involontaires ou
voulues, auquel donnent lieu les «divulgations» imprimées à la même époque.
72
D - Qu’ordonna le V∴ M∴
R – De me faire mettre les pieds en Equerre et de me faire parvenir à lui par trois
grands pas en partant de l’occident à l’Orient
La Loge est tendue comme celle d'apprenti à l'égard du Trône et de la décoration. Dans ce grade,
le sol montre l'étoile flamboyante, la seconde colonne du temple, la pierre cubique à pointe, les
sept marches du temple. On ne fait l'explication de ces choses qu'après la réception. Ces figures
qui ne vous sont point connues vous seront expliquées.
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«Cette colonne qui porte la première lettre du mot qui vient de vous être confié est celle où
étaient payés les Compagnons et où ils renfermaient leurs outils. Cette pierre cubique à pointe
était celle sur laquelle ils les aiguisaient. Les sept marches que vous avez montées sont pour
vous faire connaître que vous êtes au nombre de ceux qui travaillent au-dedans du temple (Note
J.C.V. dans la Loge, nous verrons tout à l’heure le pourquoi.)
Dans les 2 premiers documents, il n’y a ni tapis, ni tableau de Loge, c’est clair. Dans le rituel
Luquet, on trouve Les Colonnes, la pierre cubique à pointe et les 7 marches, sans pouvoir les
situer dans la Loge, n’est-ce pas l’embryon du tapis de Loge surtout quand on a découvert la
premier tapis de Loge daté de 1742, connu à ce jour en France. Voir le doc 2.
Secret des Francs-Maçons en 1742. Nous reproduisons ici le premier tableau de Loge des grades d'Apprenti et
de Compagnon probablement jamais révélé au grand public français.
De ce petit exposé nous pouvons conclure que dans l’état des connaissances actuelles, le
tapis de Loge apparaît en France vers les années 1742
A quoi sert ce tapis de Loge ? Pour ce faire nous allons nous servir de 4 Rituels de base
Moderne, et de 2 tapis : celui d’Aliénor d’Aquitaine avec un tapis daté 1751 et le rituel de
Stricte Observance avec un tapis du milieu des années 1760.
Lors de l’initiation d’un profane, après les 3 voyages autour de la Loge, l’impétrant fait 3 pas
en ligne droite pour aller à l’Orient. Voici ce qui est écrit dans trois rituels que nous
qualifierons de Traditionnel Français
L’Heureuse Alliance de la ville d’Uzerche vers 1780
Le Maître des cérémonies campe le candidat en maçon et luy fait faire les 3
pas, luy fait saluer le Vénérable, luy donne le maillet et le fait frapper 3
coups ainsi sur la pierre brute.
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Londres 1751
Rituel Bonseigneur sous la présidence du Duc de Clermont 1744/1761
Le Vénérable Maître ordonne de lui faire marcher les trois degrés du Temple et de le faire
avancer vers l'autel en Apprenti; y étant arrivé, on lui fait mettre le genou droit en terre, la main
droite sur l'Evangile, et, de l'autre, il tient un compas sur la mamelle gauche.
Aliénor d’Aquitaine
Le F∴ Grand Expert, l’épée nue et pointe basse, fait placer le profane à la base du Tableau de la
Loge, dans sa moitié Nord, Les Trois Grands Pas se font, en partant du pied droit et en
assemblant, au sol, toujours le pied gauche en équerre, le talon gauche derrière le talon droit
Dans ces trois rituels le nouvel initié se rend à l’Orient par trois grand pas à côté du tapis qui
n’entre aucunement dans la cérémonie. Le tapis est au centre de la Loge, il est le rappel
permanent de nos principaux hiéroglyphes, emblèmes et symboles comme nous l’enseigne
l’orateur dans notre rituel.
Le tableau, comme la Loge dont il est l'image, a la forme d'un rectangle.
Il est exactement orienté de l'Orient à l'Occident, et du Midi au Septentrion, c'est-à-dire
au Nord.
La Loge est la représentation de l'Univers, n'a aucune limite connue dans aucune de ces
directions, non plus qu'en hauteur, ni en profondeur.
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Mais comme pour des raisons pratiques, nous sommes obligés de nous réunir dans un
édifice, trois fenêtres laissent symboliquement pénétrer la lumière des grandes lumières
auxquelles elles correspondent.
Près de ces trois fenêtres sont les objets symboliques que nous nommons les trois bijoux
immobiles : - tout d'abord la Pierre brute que vous avez déjà appris à dégrossir. Sachez
bien que cette Pierre brute n'est autre que vous même et que ce sont tous les défauts de votre
caractère qu'il faut dégrossir patiemment, à l'aide du Maillet et du Ciseau.
- vous apprendrez aussi à reconnaître la Pierre cubique à pointe et la Planche à tracer.
La Loge comprend trois bijoux mobiles :
- l'Equerre que porte le Maître de la
er
Loge.
- le Niveau que porte le 1 Sur∴ placé près de la colonne du Midi. - la
Perpendiculaire que porte le 2nd Sur∴ placé près de la colonne du Nord, la vôtre.
Toute Loge Traditionnelle est décorée de trois ornements :
- la Houppe dentelée,
terme qui désigne à la fois la belle bordure dentée blanche et noire qui entoure le tableau, et
la très harmonieuse suite d'entrelacs qui sont désignés par le nom significatif de "Lacs
d'Amour". - le Pavé mosaïque qui est placé à l'Occident.
- l'Etoile Flamboyante qui
est l'emblème du Maître de la Loge.
Allemagne dans les années 1760
Maintenant voyons le rituel de Stricte de la même période 1764 et de rituélie Moderne.
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Observons le Tapis de Loge, nous y voyons un certain nombre de symboles connus, ce n’est
pas le sujet de ce jour. Nous y voyons des marches qui mènent à une grande porte fermée,
sur les côtés 2 portes ouvertes et à l’est une petite porte fermée.
Accompagné par le Maître des Cérémonies, il lui (à l’impétrant) fait faire un tour de la
Loge en commençant par le côté nord et passant derrière SS∴ & FF∴ qui forment la Loge.
Il le fait ensuite s’arrêter à mi-chemin entre la porte de la Loge et le tapis, face à l’orient.
M∴ de Loge
Comment vous nommez-vous ?
Le candidat répond à chaque question.
Le Maître attend la réponse avant de passer à la question suivante.
M∴ de Loge
Quel est votre âge ?
Où vivez-vous ?
Quelle est votre religion ?
Où êtes-vous né ?
Quelle est votre profession ?
Après cette dernière réponse, le Maître continue :
M∴ de Loge
Monsieur (Madame), je vous dis que si vous êtes ici poussé par cette insurmontable pulsion d’exécuter tout ce qui est de
mode, et pas uniquement pour le motif d’être introduit dans une fédération où se sont réunies de nombreuses personnes sensées, le fait d’être
venu ici ne récompensera pas votre curiosité comme vous le pensez.
L’Ordre n’agirait pas sagement en dévoilant ne fût-ce qu’une infime partie de ses secrets à un nouveau venu qu’il ne connaît pas bien.
Mais, peut-être, avez-vous été incité à cette entreprise en sentant en vous une résistance, sans agir en votre propre conscience en
entrant dans notre Ordre.
S’il subsiste encore un doute en vous, je vous recommande de me le faire savoir ouvertement.
Car rien n’est encore fait, rien n’est commencé.
Si vous deviez déjà le regretter, nous vous reconduirions au premier lieu où vous avez été accueilli et vous rendrons votre liberté.
Nous vous promettrions un silence total.
Nous oublierions même que vous avez pu entrer un jour par hasard ici.
Même votre nom ne serait plus prononcé dans notre équitable réunion.
Je vais vous laisser quelques temps à vos pensées.
Examinez-vous avant de prendre une décision, car s’engager par une blâmable curiosité ou une pure indiscrétion dans un monde
inconnu est dangereux ; mais la peur de ne pas aller au bout d’une chose commencée est déshonorante.
Donc, examinez votre conscience.
Quelques secondes de silence.
M∴ de Loge
Qu’avez-vous décidé ?
Le candidat
répond.
M∴ de Loge
2nd Sur∴, faites-le entrer.
2nd Sur∴
pas.
fait avancer le candidat sur le tapis et placer les deux pieds sur les traces de
M∴ de Loge
A l’ordre, mes SS∴ & FF∴
SS∴ & FF∴
sur l’habit.
tracent le signe d’ordre en entier et le terminent en claquant la main droite
Ensuite, ils regagnent leur place en silence.
2nd Sur∴
prend le pied gauche du candidat et le pose sur la porte gauche (du nord).
Il lui prend ensuite le pied droit et l’amène contre le pied gauche, puis de la même façon, le
pied droit et le gauche sur la porte droite (du sud), et de nouveau le pied gauche puis le pied
droit sur la porte d’Orient.
Ensuite, il le fait avancer jusqu’au plateau du Maître et lui
fait mettre le genou droit sur le coussin.
M∴ de Loge
Donnez-moi votre main droite.
Il prend la main droite du candidat et la pose sur le cinquième verset du prologue de
l’Evangile selon Saint-Jean en disant: Le livre sur lequel vous posez la main est le livre des Saintes Ecritures.
2nd Sur∴
récupère son épée, prend le compas et le fait tenir de la main gauche du profane, pointe sur le cœur.
Le premier voyage se fait autour des frères qui forment la Loge, il se fait donc à l’extérieur.
Lors de son premier pas notre candidat tombe sur une porte fermée, l’accès des locaux lui est
interdit. Il essaie de rentrer côté nord, il y parvient mais ressort immédiatement côté sud.
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Souvenons nous les colonnes étaient sur les parvis du temple, ensuite il y avait le porche et
enfin le temple en plusieurs espaces. Regardez bien le frère vient de traverser le porche, au
nord ouest duquel était la Loge.
Orateur
Il est naturel, mon Frère (ma Sœur), que tous les objets qui nous étaient auparavant inconnus attirent notre
curiosité.
Déjà, en venant au monde, nous regardions et découvrions les choses avec étonnement et émerveillement. Tout ce qui nous
était inconnu attisait notre curiosité et notre soif de nous instruire amenait telle ou telle question à laquelle nous voulions une réponse concrète.
C’est exactement dans cet état d’esprit que vous vous trouvez maintenant, mon Frère (ma Sœur).
Une obscurité vous voile la lumière qui nous éclaire.
Nous le découvrons maintenant.
Cela seul déjà, nous permet d’en connaître les propres raisons et leur signification.
Après la préparation à laquelle vous vous êtes soumis et à la cérémonie qui a pu vous paraître bizarre, vous vous demandez quels pourraient en
être réellement les raisons et les motifs.
C’est de cette manière qu’en un moment donné on entreprend telle ou telle chose sans qu’il y ait pour autant une raison.
Ceci est valable
pour toutes les coutumes.
Il y va de même pour le plus petit trait qui se trouve sur ce tapis.
Leur signification nous vient de la plus haute antiquité.
Puisqu’il ne
m’est pas permis, en ce jour de votre entrée dans l’Ordre, de vous ôter totalement le voile du visage, je veux toutefois, en suivant les ordres de
notre Vénérable, et selon les circonstances vous apporter quelques explications.
Nous vous conduisons tout d’abord dans une salle calme et isolée où vous êtes aussi bien éloigné de ceux dont vous êtes proche que de ceux qui
vous sont lointains. De ce fait, nous vous demandons de bien vouloir réfléchir mûrement dans le calme et en tout repos, sans emportement ni
fougue, dans un esprit ouvert et sans idée préconçue, qui doit être le propre de celui qui va tout examiner, juger et méditer avant de se décider à
un certain acte.
Le mal a autant son bon côté que le bien peut avoir son mauvais côté, ce qu’un maçon doit savoir parfaitement percer à jour.
Les questions que vous allez en premier lieu vous poser sur vos propres raisons personnelles, le motif qui vous amène à vous engager dans
l’Ordre, vos opinions quant aux obligations de l’Ordre doivent nous assurer de votre détermination, car nous devons bien connaître celui que
nous allons incorporer dans notre société, sonder ses intentions, ses arguments, tout comme nous devons d’abord être sûrs qu’il se soumettra à
nos devoirs avant même que nous risquions à les lui dévoiler.
On vous a demandé encore si vous vouliez bien vous soumettre aux habitudes de notre Ordre ?
Cette question est l’une des plus importantes mais aussi la plus nécessaire chez nous car la promesse que vous avez faite est la vraie garantie
d’un silence absolu sur nos coutumes.
On exige la remise de votre épée comme preuve de votre obéissance envers vos Supérieurs.
Cette obéissance est l’un des premiers devoirs ainsi qu’un des principes fondamentaux de notre société.
Vous avez été déshabillé et on vous a dépouillé de tous métaux : argent, or, trésors sont des choses superfétatoires qui sont exposées à
l’altération et aux revirements de la fortune.
Tout ce qui est soumis aux hasards et aux changements extérieurs ne peut rien apporter à notre vrai bonheur.
Nous vous avons donc dévêtu pour cette raison, nous vous avons laissé à votre solitude, afin que seul vous recherchiez en vous-même et
cherchiez au plus profond de votre âme votre unique bonheur.
On vous a bandé les yeux et l’on vous a remis entre les mains d’un guide inconnu après s’être assuré de votre situation exacte : naissance et
qualité civile sont certes secondaires pour celui à qui l’on permet d’entrer dans notre lieu saint.
Seuls la soumission, le dévouement à notre Ordre nous imposent d’être prudents dans notre choix.
Les portes ne doivent être ouvertes qu’à la vertu et aux réelles et nobles qualités du cherchant.
L’obscurité dans laquelle vous vous êtes trouvé lors de votre entrée doit rappeler la sombre situation de toutes les choses avant que vous n’ayez
été éclairé par une céleste lumière.
L’assurance avec laquelle on vous a conduit est la preuve que vous n’aviez rien à craindre dans un temple où cette même obscurité est illuminée
par une lumière dissimulée qui rend sûr le sentier du voyageur.
Vous avez dû faire votre voyage dans l’obscurité, symbole de votre aveuglement quant aux buts réels de l’Ordre.
Vous avez prononcé une promesse volontaire et solennelle.
N’effacez jamais cela de votre mémoire.
Soyez assuré que la stricte observance de ceci vous apportera amis et protecteurs, mais que le contraire vous affrontera à des ennemis puissants
et vengeurs.
Vous avez ensuite découvert la lumière et avec elle une flamme vive qui s’est vite consumée.
Cela doit vous faire penser à la clarté de toutes les splendeurs de ce monde, tirées de la poussière et qui, brillant à peine de tous leurs feux,
retournent déjà au néant.
C’est enfin sur les trois coups frappés par notre Maître que vous avez été reçu en tant qu’Apprenti et c’est à lui que vous avez demandé la remise
de votre épée.
Ces trois coups doivent imprégner votre cœur du respect de vos devoirs.
Poursuivez votre chemin dans la vénération sacré du grand Créateur.
Soyez respectueux de votre pays et prouvez-lui votre attachement, mais observez dévouement et amour envers l’Ordre et envers vos SS∴ &
FF∴ ; vous découvrirez alors le jour où vous recevrez de votre Maître d’autres récompenses et il vous témoignera sa confiance déjà manifestée
par la remise de votre épée.
Je vais encore me tourner vers les hiéroglyphes de ce tapis.
Il est reconnu que c’est une vieille habitude de cacher des secrets sous le voile des images
que l’on nomme secrètement hiéroglyphes.
Nos ancêtres nous les ont fidèlement légués.
Dans ces hiéroglyphes, il n’y a pas le moindre trait inutile ; chaque trait a sa signification
appropriée.
Vous avez devant vous l’effigie du temple de Salomon.
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Cet édifice somptueux n’était pas simplement une merveille du monde par sa magnificence
extérieure mais l’emportait par la divinité qui l’habitait, sur tous les trésors architecturaux et
autres éblouissantes antiquités.
Un haut mur entoure cet édifice et des trois portes, deux uniquement sont ouvertes.
Toute cette œuvre est une figure de notre secret.
Le silence en interdit l’entrée aux inconnus et les portes ne sont ouvertes qu’à ceux qui
appartiennent à notre Ordre et qui n’en ont atteint l’entrée que par une régulière réception.
Dans tout l’édifice règne, en plus de la régularité, une beauté particulière.
Nous sommes nous-mêmes une illustration de cet édifice.
Voulons-nous être parfaits ?
Alors il faut que tous nos actes soient ordonnés selon la plus juste régularité.
Ici, nous découvrons la voûte du temple et une porte fermée.
Mais pour y parvenir, il nous faut monter sept marches.
Chez nous, c’est un chiffre très significatif.
Nous le comprenons par référence aux sept merveilles du monde et cela nous permet
d’approcher d’une manière significative de la vérité.
A l’entrée, nous trouvons deux colonnes.
Elles conduisent assurément au vrai secret.
Celle de gauche porte le nom de Jakin et j’attire votre attention sur elle, car lors de la
construction du temple, c’est ici que les apprentis recevaient leur salaire.
Ici encore, le pavé mosaïque, près de la balustrade décorée, symbole de la beauté, qui, par sa
très grande simplicité n’est pas loin de la régularité.
En haut, nous découvrons les deux plus grandes lumières terrestres : le soleil et la lune, qui
ont aussi leur signification.
Chez nous, c’est une vieille tradition que de couvrir nos réunions par l’obscurité de la nuit et
de cacher, par la sûreté de nos travaux, notre Loge à ceux qui n’y appartiennent pas.
Par ce seul exemple, nous montrons que nous devons mettre une garde autour de nos
cérémonies et que nous ne pouvons les exposer aux regards des profanes.
Le compas et la règle que nous trouvons ici expriment la régularité de notre construction.
L’équerre, le niveau et le fil à plomb représentent votre Maître et ses deux Surveillants.
Il est encore quelques hiéroglyphes.
En haut se trouvent les étoiles novénaires et l’hexagramme entouré de flammes ; en bas les
trois pierres, dont je ne peux vous donner encore la signification.
La houppe dentelée à nœuds que vous trouvez ici tirés montre la chaîne qui lie tous les
francs-maçons de la terre.
Tout le reste vous sera expliqué le moment venu.
Toutes nos connaissances s’accroissent progressivement, pas à pas, et lentement nous nous
rapprochons de la lumière qui aveuglerait nos yeux dès le moment où nous quittons
l’obscurité si nous la découvrions dans toute sa splendeur et dans tout son éclat.
Il n’est rien ici qui ne puisse vous donner lieu à réfléchir.
Exercez-vous dans cet endroit.
Percevoir les secrets est une noble école de sagesse.
Seul avec vos propres pensées, vous n’êtes sûr de rien.
Un cœur noble a aussi ses faiblesses mais trouver l’amour rend fier et conduit parfois à
d’autres erreurs.
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Ouvrez votre cœur à votre Maître ; faites-lui part de vos pensées ; confiez-vous à son autorité
et ainsi je ne doute pas que nos secrets, qui vous paraissent encore obscurs, feront place à la
lumière et que vous connaîtrez le jour où vous serez triplement joyeux lorsque vous aurez
atteint la plénitude de cette lumière.
Je vous souhaite de tout mon cœur beaucoup de bonheur au nom de notre vénérable Maître et
tous les SS∴ & FF∴.
Quelque soit le rituel et le tapis en aucun cas, vous ne rentrez dans le temple, même si celui
de Stricte Observance est un peu plus précis. Cela est conforme à notre cheminement
initiatique. L’apprenti est une pierre brute qu’il faut façonner pour qu’elle puisse s’intégrer
dans la construction du temple. Les francs-Maçons travaillent dans la Loge qui est située à
l’angle Nord-ouest du temple. Evitons de confondre, comme s’est souvent le cas Loge et
Temple.
Le tapis sous vos yeux est une véritable bible de l’enseignement Maçonnique, c’est un appel
permanent à la réflexion.
Je vous ai choisi ces deux tapis, parce qu’ils sont attachés à des rituels du milieu du 18 ème
siècle et que je les connais bien jusqu’au plus haut. Pour mémoire création de la Stricte
Observance en 1751 par le baron von Hunt, 1751 Laurence Dermott crée une nouvelle
Obédience qui nomme des Antients et par dérision qualifie la maçonnerie Andersonnienne
de Moderne.
Pourquoi une différence d’enseignement dans ces 2 tapis ? Une fois de plus pour bien
comprendre notre Ordre, il faut se référer à l’histoire.
Le rite Moderne s’est construit à partir de la fin du 17 ème siècle, depuis l’Angleterre, d’abord
avec 2 grades, puis à partir du milieu des années 1720 le grade de Maître et la légende
d’Hiram, ensuite au milieu des années 1730 le grade de Maître Ecossais, à partir de 1740 il y
aura prolifération de grades complémentaires dit « hauts grades ».
Le rite de Stricte Observance est l’œuvre, avec quelques disciplines, du baron von Hund, un
défenseur des Stuart, reçu dans les hauts grades à Paris. Il veut donner à cet ordre l’esprit des
Chevaliers du Temple. Il commence par écrire le rituel le plus élevé : Chevalier du Temple,
et ensuite les rituels courts, concis, denses, complets qui amèneront le profane au grade
ultime.
Le tapis de Loge est une explication du cheminement qui amène à cette porte fermée à l’est
qui est peut-être la porte du temple intérieur.
Ce tapis de stricte Observance trace un chemin pour accéder au Nec Plus Ultra.
Au rite Moderne, cela ne s’impose pas. Méfions nous des apparences : je vais vous faire une
confidence. Sur ce tapis il y a des symboles dont vous n’aurez l’explication complète que si
vous accédez aux hauts grades.
Pour conclure, le rituel que vous pratiquez est surement le meilleur ou celui qui vous
convient le mieux, si vous voulez bien le comprendre, visitez d’autres rituels et essayez de ne
pas vous contenter des grades bleus.
J’ai dit
Jean-Claude Villant
Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/

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