- sacre de Charlemagne, Fouquet, grandes chroniques de France

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- sacre de Charlemagne, Fouquet, grandes chroniques de France
Cité et pouvoirs, la société change par Anne Embs
Moment bien particulier qui n’a guère d’équivalent dans l’histoire de l’Europe. L’Italie présente un taux d’urbanisation plus proche de ceux du XIXe.
Développement urbain exceptionnel avec trois villes de 100 000 habitants. Et une soixantaine qui s’échelonnent entre 10 000 et 80 000. Les villes sont
transformées : il y a des chantiers partout, espace public est modifié.
Dans ces villes se concentre une partie démesurée des richesses de l’Europe et du pourtour méditerranéen.
Ces finances permettent aux citadins d’acquérir et de remodeler une bonne partie de la campagne environnante.
Foisonnement artistique d’une rare intensité, sorte de protorenaissance avec des figures comme
Dante, Boccace, Pétrarque, Giotto, représentés par Andrea del Castagno, Giovanni Pisano, Simone Martini, les frères Lorenzetti etc..
Le coup d’arrêt a lieu en 1347/48 : la grande peste noire. Arrive à l’été 1347 à Gênes. Puis en Toscane de mai à octobre 1348. Un tiers de la population
disparaît, voire la moitié dans certaine ville, et ce en quelques mois.
I.
L’Italie avant les communes
C’est au haut Moyen-Age que se fixe le cadre politique dans lequel se modèlent les institutions.
Conquis par Charlemagne en 774, le royaume lombard devient le royaume d’Italie. Il comprend l’Italie du Nord, la Toscane et tend à empiéter sur les états
pontificaux. Il est conquis en 951 par Otton 1er qui relève aussi le titre impérial.
Le royaume n’aura alors désormais d’autres souverains que ceux qui auront été choisis par les princes allemands : une fois élu roi de Germanie, acclamés
par la noblesse italienne, couronnés rois d’Italie à Pavie, puis empereur à Rome.
Le voyage à Rome est pour bien des souverains leur seul séjour dans la péninsule.
Cette situation pose de graves problèmes de contrôle politique et d’administration : le souverain ne gouverne réellement l’Italie que lorsqu’il y séjourne, et
le pays peut rester des dizaines d’années livré à peu près à lui-même.
Les détenteurs de l’autorité en l’absence du roi sont les évêques : ils ont presque tous reçus au Xe délégation de la puissance régalienne, avec les
ressources domaniales et fiscales qui l’accompagnent.
Le transfert général des compétences politiques aux évêques est un facteur important dans le maintien de la centralité urbaine, dont bénéficieront les
commues.
Au début du XIIe, il ne reste rien des moyens de gouvernement dont disposaient les carolingiens : palais, administration centrale, domaines fonciers,
péages, tout est perdu depuis longtemps.
Les principales ressources que conservent les souverains sont le forum et le service militaire.
La restauration que tentent Frédéric 1er Barberousse et ses descendants s’effectue à peu près sur une table rase : nul ne conteste l’autorité des empereurs
germaniques mais elle a perdu presque tous ses moyens matériels de l’exercer.
L’originalité majeure de l’Italie est le maintient d’une forte présence urbaine. Rome demeure une des très grandes villes d’Occident. La Toscane, et surtout
la plaine du Pô sont les seules d’Occident à avoir maintenu un réseau urbain dense, conservant sa centralité politique et économique.
L’état pontifical : Depuis 754, les rois des Francs puis les empereurs ont garanti aux papes une large bande de territoires qui coupe la péninsule en
diagonale. La réforme de l’Eglise leur confère une indépendance et un prestige qui vont leur permettre d’affirmer leur domination sur les territoires les plus
proches de Rome et de revendiquer les provinces les plus éloignées.
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Mais leur action est entravée par les autonomies locales. A Rome même, l’exercice du pouvoir est hérissée de difficultés : pendant une bonne partie du XIIe,
les papes y séjournent moins souvent que dans des villes comme Orvieto ou Viterbe.
Innocent III, profitant de l’éclipse impériale après la mort d’Henri VI en 1197, étend son autorité au duché de Spolète et à la Marche, après 1250 La
Romagne entre également dans l’Etat pontifical.
Quant à l’Italie du Sud, elle est conquise par les Normands à la fin du XIe ;
Venise Née du repli des populations et de cadres byzantins fuyant l’invasion lombarde. Le chef de la communauté conserve un titre de fonctionnaire
byzantin (doge). Une évolution économique s'amorce au Xe siècle. La population double du Xe au XIVe siècle. Cette croissance concerne la population des
villes, encore renforcée par un mouvement massif d’exode rural.
Par l’augmentation de la population, les cités acquièrent une importance politique croissante. Le commerce se développe, tant au niveau local (grain, vin,
artisanat) qu’international (produits de luxe), en même temps que les systèmes bancaires et les techniques de crédit (capitalisme marchand).
II.
Genèse et premier développement des communes
Fin du XIe-milieu du XIIe La réforme dite grégorienne a dans les villes italiennes des conséquences politiques de grande portée : d’abord parce
qu’elle fait du pape un partenaire politique de premier plan, ensuite parce qu’elle s’accompagne dans certaines villes, Milan en premier lieu, d’un
mouvement populaire contre les clercs, enfin parce qu’elle place en position de vaincus une partie des évêques schismatiques.
Durant les 40 ans qui précédent le règlement du conflit (concordat de Worms en 1122), les communautés de cives s’organisent de façon autonome.
Le régime communal sanctionne l’ascension des citadins enrichis par le commerce, le prêt à intérêt. Autour de 1100, ils s’imposent à la tête des cités, en
alliance avec une partie des féodaux : c’est l’origine des communes.
L’avènement de Frédéric 1er constitue un tournant : la conscience collective des citadins et leurs institutions vont achever de se forger au cours de
l’affrontement avec Frédéric lorsque celui-ci entreprend de rétablir l’autorité impériale sur les villes. Le nouveau souverain est énergique, intéressé par les
affaires italiennes. Il y passera beaucoup de temps. En 1154, convoque une assemblée des seigneurs. Il restaure l’honor imperii et détruit trois villes qui lui
ont résisté : Asti, Chieri, Tortone. Ses séjours dans les palais urbains sont un moyen de contrôler les villes, mais la présence de l’escorte impériale dans les
murs déclenche des émeutes.
Communes du Nord ne supportant plus l’administration impériale s’unissent dans la fameuse ligue du Nord. L’alliance est dirigée par des représentants des
cités et repose sur des clauses d’assistance militaire mutuelle ; et ses objectifs sont l’abrogation de l’administration impériale, le rétablissement de la
libertas dont jouissaient les villes au début du siècle.
La fondation de la ligue est réellement une date très importante : les communes prennent conscience qu’elles ont les mêmes intérêts face à la
réorganisation politique voulue par l’empereur, acceptent d’oublier les rivalités qui les ont opposées jusque là et de soumettre leur politique extérieure et
leurs engagements militaires à des décisions collectives.
Victoire des communes sur Frédéric en 1177. L’empereur perd presque toutes ses prérogatives.
Les institutions à l’époque consulaire L’ensemble de la bourgeoisie est divisée en associations de voisinage, les gonfaloni, sortes de milices de la
sécurité intérieure dans laquelle tout citoyen masculin entre 15 et 70 ans est obligée de servir. A la tête de ces associations, le capitaine du peuple,
étranger à la ville, garant du respect de la constitution, est assisté du conseil des anciens.
Cette autorité suprême a pouvoir de décision sur tout projet de dépense, toute intervention militaire et alliance.
Le plus haut fonctionnaire de la juridiction est le podesta, qui rend la justice assisté d’un cabinet composé d’avocats et de notaires. En fonction pour deux à
cinq mois, les élus ne doivent jamais quitter leur résidence officielle, hôtel de ville ou tribunal.
Le cadre juridique Le droit de la communauté citadine est en effet fondé d’une part sur des conventions conclues à partir du XIe entre l’évêque et les
cives. Il repose d’autre part sur les privilèges accordés par l’empereur, qui sanctionnent plus ou moins explicitement l’usage local et accordent aux
habitants des avantages commerciaux, judicaires, fiscaux.
La justice, la fiscalité, la monnaie, l’armée, les fortifications, le contrôle du commerce, l’autorité sur les campagnes tels sont les grands domaines dont les
communes se sont assuré le contrôle, de fait puis de droit.
Qui sont les citoyens ? Théoriquement tous les hommes de 14 à 70 ans. Enorme incertitude sur la participation effective de tous les citadins à la vie
politique : la montée des revendications laisse penser qu’une partie importante des habitants ne jouit pas de tous les droits civiques. La communauté des
citoyens est le plus souvent appelée populus. Elle est scellée par le serment auquel elle est astreinte lors de l’entrée en charge des consuls.
L’assemblée générale des citoyens (arengo) exprime la volonté populaire. L’arengo vote les lois. Elle oriente les relations extérieures de la commune
avec les autres villes, elle peut juger des causes exceptionnellement importantes, criminelles surtout.
Les consuls gouvernent les villes, élus pour un an en nombre variable selon les lieux et les années ; ils exercent tous les pouvoirs, militaires, judiciaires,
administratifs, fiscaux, législatifs et sont responsables devant l’assemblée des citoyens qui les élit. Des conseils intermédiaires s’insèrent entre les consuls
et l’arengo.
Toscane voit une incroyable croissance démographique et spatiale, une montée en puissance d’élites marchandes. Dynamique sociale et politique repose
sur les cités communales. Autorités concurrentes du pape et de l’empereur, les villes ont progressivement acquis leur autonomie politique. L’ancienne
noblesse est peu à peu marginalisée au profit d’une nouvelle alliance politique réunissant les grands marchands et les banquiers et le parti populaire, le
popolo, appuyé sur les arte (corporations de métiers). Mais l’instabilité politique est grande : au sein même des communes et entre cités voisines.
La fin du XIIe
C’est le temps des changements rapides pour les villes. Les affrontements se transportent en leur sein même avec les revendications du Popolo et les luttes
qu’elles suscitent. Période de conflits internes et de guerres civiles.
Naissance d’un nouveau modèle de gouvernement : le podestat. Technicien de haut niveau auquel on recourt parce qu’il détient un savoir ou un savoir-faire
que les dirigeants locaux maîtrisent mal. Podestat incarne la séparation entre les affaires publiques et affaires privées. Se manifeste de nouvelles attitudes :
sens de l’état, notion du bien commun, dépassement des intérêts personnels.
Le popolo domine une majorité de cité après 1250, en alliance avec le parti guelfe. Les arte s’affirment comme composante ou alliée du popolo. Les
institutions sont : conseil du popolo, instance délibérative, conseil des anciens ou prieurs (commission exécutive) , auquel s’ajoute le capitaine du peuple.
Celui-ci partage l’exécutif avec les anciens selon des modalités variables. Recruté à l’extérieur.
C’est le temps de croissance intense pour les villes italiennes en termes de population, d’activité et de construction. Les villes deviennent les moteurs de la
croissance. La croissance des villes s’accompagne de la transformation de leur aspect : remparts, églises, grands bâtiments publics palais et tours des
grandes familles, rues pavées.
Ce paysage monumental est très présent dans l’histoire des villes sociale quotidienne : les affaires se traitent sous les portiques des palais publics, la foule
s’assemble sur les places pour écouter les discours et les sermons, lignages et partis ennemis s’affrontent d’une tour à l’autre. Ce cadre compte dans la
conscience collective des citoyens.
L’Italie centro-septentrionale est de très loin la plus urbanisée de l’Occident ; on peut considérer qu’en 1300, un tiers des citadins européens sont italiens.
Florence, Venise et Milan comptent 100 000 habitants. Extension de la ville et donc des enceintes : construction de la muraille de Florence de 1248 à
1333. On passe de 97 à 430ha.
Aménagement des villes :
On voit la traduction dans le tissu urbain de l’influence et des pratiques sociales des lignages aristocratiques ; Tours et loggia : jouent un rôle décisif dans
les aménagements aristocratiques du tissu urbain. Les affrontements entre lignages gravitent pour une bonne part autour d’elles : on les assiège, on les
incendie. Course à la tour la plus élevée.
- Plan de Florence avec les tours
- Monteriggioni
- Duccio, vue urbaine avec les tours
- Giotto, Assise, vue d’Arezzo
Loggia : petit bâtiment ouvert où se retrouvent les hommes d’une famille aristocratique ou d’un groupe de familles alliées pour délibérer.
L’habitat aristocratique prend la plupart du temps la forme de grands palais complétement fermés profondément inscrit dans le tissu urbain. Sans aucun
contact avec l’habitat populaire, ils forment des enfilades entières le long des rues.
- Sienne, palazzo Tolomei
III.
Troisième partie : la transformation de l’espace public
L’époque communale apporte un changement essentiel aux travaux dans la ville avec la diffusion de la notion d’espace public et de bien commun.
En un laps de temps assez court, l’aspect des villes de Toscane connait ainsi dans sa totalité un renouveau et une modification radicale consécutifs aux
grands chantiers des cathédrales, des églises, des palais privés et publics mais aussi de constructions d’utilité publique telle les murs d’enceinte, les
portes, les ponts, les fontaines.
La réalisation architecturale devait traduire la puissance et le prestige de la cité, le besoin d’affirmation et de reconnaissance de la nouvelle classe au
pouvoir. Relations du pouvoir à l’espace de la cité.
C’est le temps des grands travaux dans les cités de l’Italie communale. Dès le XIIe, un premier mouvement s’enclenche : ponts, routes..
Au cours du XIVe on voit des opérations monumentales, la volonté d’embellissement, des opérations de voierie, salubrité publique. Des sommes
considérables sont engagées, les conseils tranchent et décident, consacrant une bonne part de leurs délibérations aux travaux publics.
Génération de palais qui s’élève en Italie centrale :1284 : palais de Prato, 1287 : San Gimignano, 1294 : Florence, Pistoia, 1297 : Sienne
Les aménagements hydrauliques sont une reflet de la richesse d’une cité qui se mesure à l’abondance de l’eau, l’autorité communale trouve un des moyens
les plus sûrs pour fonder sa légitimité.
(Fontaine Majeure de Pérouse et son programme iconographique. Nicola et Giovanni Pisano, 1278)
Le tracé des rues est rectifié. Les rues sont pavées, dallées avec différents matériaux. Des magistrats en charge des rues, des eaux du domaine public sont
nommés.
A Florence :
Rle régime florentin est édifié pour assurer la domination des arte majeurs ceux des banquiers et des marchands entrepreneurs, les Médicis, Les Pitti, les
Strozzi.
Les arte moyens et mineurs concernent des groupes de métiers précis et spécialisés s’occupant d’artisanat et de commerce local.
Les Arts majeurs sont rejoints par les arts moyens en 1285 puis par les arts mineurs en 1282. Les grands marchands et entrepreneurs se procurent
l’appui des groupes socioprofessionnels de moindre envergure qui obtiennent en échange leur reconnaissance politique. Restent exclus, ceux qui
n’appartiennent à aucun art, petits métiers de l’alimentation et de l’artisanat qui ne sont pas organisés en art (les Ciompi) qui se soulèvent dès 1345 et
cherchent à prendre le pouvoir en 1378 (tumulte des Ciompi).
Les institutions florentines sont constituées de trois systèmes parallèles qui se superposent au fil des réformes et qui reposent sur une représentation
populaire à la fois professionnelle (par arts) et topographique (par quartier), et sur une rotation très rapide des charges.
Le choix des magistrats et des conseillers se fait par élection, cooptation et tirage au sort, procédures extrêmement complexes pour éviter une
personnalisation du pouvoir mais qui reste toujours aux mains des arts majeurs.
Exécutif est composé du Podestat, conseil des 90, conseil des 300 les prieurs. On choisit parmi la noblesse d’une ville amie un podestat. Garant de la paix
civile et arbitre entre les factions rivales.
Investi du pouvoir exécutif pour un an. Il doit suivre les avis des deux conseils : celui des 300 (corporations de métiers) et celui des 90 (consuls). Les 12
arts majeurs, organisés militairement en 12 compagnies dirigées par un gonfalonier
En 1282 : création d’un prieurat. La Seigneurie comprends les 6 prieurs des Arts, élus tous les deux mois, sur base topographique exclusivement
parmi les arts majeurs.
Les prieurs étaient jusque là des dirigeants élus des Arts dans les différents conseils de la République. Leur collège devient le véritable moteur de la
commune. Elus pour deux mois, ils mènent une vie collègiale. Rééligible après deux ans. Elus par un collège qui comprend eux-mêmes, quelques sages, les
consuls, et le conseil spécial du peuple. Bourgeoisie marchande prend pacifiquement le pouvoir. 3 ou 6 prieurs recrutés au sein des arts Majeurs assurent
la maîtrise de l’exécutif.
Le législatif est composé du Capitaine du peuple avec conseils des 12 anciens : le popolo. En 1283 : le capitaine du peuple est remplacé par un défenseur
des arts, assisté de conseils.
Le Judiciaire est représenté par les Gonfaloniers des 20 compagnies Deux conseils de 150 et 36 membres.
Fin XIII : création d’un organisme, le Parte Guelfe, dont la fonction est la gestion des biens confisqués aux gibelins vaincus. Sorte d’Etat dans
l’Etat. Il a son propre palais, ses deux conseils, ses capitaines, son budget et ses fonctionnaires.
Contrôle toute la vie politique et économique. Sorte d’organisme de surveillance, contrôlant l’orientation du régime.
L’espace conquis pour ces nouvelles constructions a été arraché aux lignages nobles défaits. A force de spoliations et de confiscations, une faction prend le
pouvoir. Affirmant servir le commun, elle sert en fait son triomphe.
Expansion des espaces publics s’assimile à une entreprise politique.
Ces entreprises d’expropriation furent souvent brutales.
La montée en puissance de la ville de Florence se fait par la conquête d’un espace politique qui ne cessera de grandir. Les nobles sont écartés de la vie
politique au profit des grands métiers urbains au sein desquels les banquiers, les marchands et changeurs jouent un rôle central. En 1252 est crée le florin
d’or, monnaie qui devient rapidement la principale référence pour le commerce dans tout l’Occident. C’est une 1ère forme de République dont l’élément
moteur est la bourgeoisie d’affaire.
On voit le développement du grand commerce et de l’industrie.
Par exemple, les draps achetés dans les Flandres et dans les foires de Champagne sont teints et affinés dans les ateliers de la Calimala, avec des produits
importés d’Orient, re-exportés dans le reste de l’Europe. La plus-value est investie dans les prêts.
L’organisation professionnelle : A la tête de chaque corporation, un conseil fait observer les règlements et statuts, assisté de divers officiers. Les
membres des arts ne sont pas égaux entre eux. Les chefs d’entreprise et d’ateliers payent une cotisation élevée, peuvent parvenir aux fonctions de l’art.
Les arts majeurs : Change, merciers, laine, pelletier, fourreurs, juges et notaires
Les arts mineurs : Fripiers, lingiers, chaussetiers, bonnetiers, maçons, charpentiers, bouchers, artisans du fer, vin, hôteliers, marchands d’huile, de sel,
de fromage.
Les membres paient une cotisation. Ils sont dirigés par des consuls, élus pour 6 mois.
Objectif : défense des intérêts des membres et de la qualité des produits fabriqués. Respect de la concurrence loyale.
L’art exclut ses employés de la direction des affaires. L’art a son palais, ses blasons, son gonfalonier.
Vers 1340 : la laine est l’art le plus puissant. Bénéfices sont réinvestis dans la banque.
Florence compte ainsi environ 100 000 habitants vers 1300. Elle crée une nouvelle enceinte, de nouvelles rues : élargies et pavées. Elle aménagement de
grandes places : Santa Maria Novella, Santa Croce. Les maisons sont de briques et pierre.
Dans la première moitié du XIVe apparaissent de nombreuses crises politiques, guelfes et gibelins.
La Peste atteint Pise en janvier 1348. Florence en avril 1348. 40 000 morts, elle revient de façon cyclique en 1359, 1363, 1371 et 1383.
Architecte urbaniste d’exception, Arnolfo di Cambio, remodèle la ville.
- lancement d’une nouvelle enceinte d’immense proportion ;
- tracé des voies qui vont desservir les nouveaux quartiers ;
- ouverture de rues rectilignes éventrant le vieux centre ;
- grandes places
- quais surélevés pour circuler le long de l’Arno,
- début de la construction de la cathédrale,
- palais communaux.
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Construction d’une halle aux grains à Orsanmichele.
Articulation de deux places, deux pôles : Autour du duomo et du palazzo.
Le duomo - Reconstruction est décidée en 1293. Le maître d’œuvre est Arnolfo di Cambio.
Plan du chœur avec ses trois conques et la coupole surmontant la croisée est sans doute d’Arnolfo.
Piazza est repensée en même temps. En 1339 : abaissement du sol pour renforcer l’effet monumental.
1363 : maisons autour doivent s’adapter à la forme de la place. Leurs arcades doivent être assorties à celles de l’abside.
Apparition de règlement d’urbanisme
Campanile 1334 : Giotto nommé maître d’œuvre succède à Arnolfo. Tour de plan carré de 84m de hauteur, 3 étages, chambre de la cloche, terrasse à
416 marches
décor : incrustations de marbres
Murs divisés en panneaux rectangulaires. : Série de bas-reliefs y retrace les métiers et activités humaines, découpés en nécessité , vertu et
sagesse ;
Orsanmichele Halle aux grains érigée sur les fondations d’une chapelle, construite 40 ans plus tôt. Portrait miraculeux de madones lui amena des
offrandes.
1336 : entrepôt à grain au dessus d’un oratoire. Travaux de 1337 à 1350. La nouvelle construction est en pierre.
En 1352 : commande d’un tabernacle à Andrea Orcagna. Occupe toute une travée pour un tableau de Bernado Daddi de 1346. Au XIVe : devient le siège
des corportations.14 exposent à l’extérieur les statues de leur saint patron.
- Nanni di Banco
- Donatello : St Marc et St Georges
Bargello Construit en 1255 pour être le siège du capitaine du peuple, il devint en 1261 la résidence du podestat.
Tour haute de 54m. Corniches et fenêtres rythment les étages. Loggia intérieure est édifiée entre 1280 et 1320
Place la seigneurie Palais construit à partir de 1299 - Plans d’Arnolfo. Pierres de taille en bossage. Fenêtres géminées gothiques. Chemin de ronde
en saillie. Apparence défensive. Biforiums richement ornés. Son modèle : le palais du capitaine du peuple, le Bargello, érigé vers 1250. Créneaux
couronnent le toit.
Le palais de l’empereur à Prato. Erigé entre 1238 et 1249. Constitue un des premiers à s’appeler palais, en référence au palais du Palatin. Siège
de la lignée des Alberti. Puis siège de Frédéric I et II qui l’agrandit. Cour intérieure parfaitement symétrique, non limitée par des arcade, pierre blanche, et
créneaux gibelins. Se situe à l’intérieur de l’enceinte du XIV.
Palazzo Pretorio à Prato Transformation d’une maison par le capitaine du peuple qui l’achète en 1284. Mi XIVe, on construit un nouveau bâtiment
autour de l’ancien.
Le ponteVecchio : A l’emplacement d’un pont romain en bois, reconstruit en pierre en 1345.
Pise : se situe à une quinzaine de kms de la mer, au confluent de l’Arno et du Serchio. Sa flotte est l’une des principales de la méditerranée. Espace
politique qui s’étend jusqu’à la Corse et la Sardaigne. Mais troubles intérieurs et destruction de la flotte pisane en 1284. Au XIVe siècle : déclin de Pise
jusqu’à son intégration dans l’état territorial florentin en 1406.
Architecture beaucoup plus décorative, avec des élévations complexes, jouant du contraste clair/obscur, emploi des arcades aveugles gravées en
profondeur, des galeries en saillies. Ensemble du duomo, baptistère et de la tour datent du XIIe.
Camposanto Construction d’un nouveau cimetière monumental sur les instances de l’archevêque Ubaldo dei Lanfranchi, revenu de sa croisade en 1202
avec 50 galères chargées de terre du Golgotha. Les habitants de Pise voulurent alors être inhumés en terre, sur un campo santo. L’architecte Giovanni di
Simone entame en 1278 sa construction. L’extérieur est composé d’un sobre alignement d’arcatures aveugles régulières. Entouré d’une enceinte de
galeries couvertes en forme de cloître rectangulaire avec une cour intérieure plantée de gazon. Tabernacle gothique surmonte l’entrée : Vierge Marie
entourée des saints.
- 126m de long X 52m de large
- Dentelles de pierre sur les baies du cloître
- Sur les murs : fresques illustrant le triomphe de la mort et le jugement dernier. Peintre Buonamico Buffalmacco (1315-45) Fresques de
1340/45 ; fresques déposés au musée du camposanto.
Sienne : montée en puissance tout au long du XIVe. Bataille de Montaperti remportée en 1260 sur les Florentins. Prospérité des grandes banques
siennoises, croissance urbaine de la ville qui compte 50 000 habitants. Edification du palais communal, projet d’une nouvelle cathédrale et essor d’une
université, efflorescence d’une vie artistique intense.
Tire sa puissance des activités de la banque. Symbole de la ville : la Louvre, fils de Rémus, Sénus aurait fondé la ville.
Tradition gibeline de la cité tire son origine dans son passé ostrogothique, mais surtout lutte politique contre Florence la Guelfe. S’étend sur 3 collines. (Au
sud : contrée montagneuse et sauvage. A l’ouest : la Maremme .Pas de larges plaines riches, mais une féodalité qui survit dans les montagnes)
Système de gouvernement original : Mi laïc/ mi clérical. Le contado appartient à l’évêque, élevé au rang de comte, et la ville est administrée par les consuls.
Sienne est la banque de Rome.
Les banquiers : Bandinelli, Tolomei, Colombini collectent de l’argent pour le mettre à la disposition de la papauté.
En contrepartie, le pape excommunie les mauvais payeurs.
Pas d’industrie à Sienne car pas d’eau, d’où le développement de la banque. Sienne se lance dans le commerce international dès le XIIe siècle : les nobles
se lancent dans la création de grandes sociétés commerciales. Cie des Piccolomini. Commerce de draps et d’argent.
Banquiers, changeurs et usuriers. Possèdent des maisons de change dans les villes d’Europe.
Plusieurs formes de prêts :
- le prêt maritime, remboursement si le navire entre sain et sauf
- la commenda : contractants s’y présentent comme des associés dans la mesure où il y a partage des risques et des profits. Le coprêteur avance
au marchand le capital pour un voyage d’affaire, s’il y a perte, il supporte tout, s’il y a gain, il remporte.
- La compagnia.
Sienne se rallie à la cause des guelfes, excommunication coûte trop chère. Mise en place en 1287 du gouvernement des neufs, reste en place jusqu’en
1354. Au cours du XIV, plusieurs crises financières. En 1340/44 : 30 sociétés commerciales font faillite. 1348 : arrivée de la peste noire. - 1355 : chute
du conseil des 9.
Piazza del Campo : A la jonction des trois collines de Sienne. Au départ, un espace de terre battue.
Deux digues sont construites au XIIe. Site prend alors la forme d’une conque.
Cahier des charges pour que les constructions soient toujours en arc de cercle : règlement d’urbanisme.
Sans auvent, avec un seul type de fenêtre sans colonnes.
Elevée à partir de 1278 par Giovanni de Simoni.
Arcades de la galerie forme un cloître rectangulaire.
Pavage en brique réalisé en 1347 par le gouvernement des 9, d’où les 9 bandes.
Inclinaison du sol jusqu’au palais.
Palazzo Publico
A la fin du XIII, il faut trouver un lieu de réunion. Volonté de construire un véritable siège de l’autorité.
Palais entrepris en 1297, achevé en 1310. Parties hautes en 1342. En 1338 : on édifie la tour en brique, la Maggia, visible de partout, haute de 88m.
(Rdc en travertin, puis étages en brique. )
Arc siennois : arc brisé sur un arc surbaissé, armes de Sienne dans les fenêtres.
A l’intérieur : mise en place du décor en 1338/40. Allégorie du bon et du mauvais gouvernement.
Tour Clocheton blanc la fait paraître plus gracieuse que son modèle florentin . c’est le peintre Lippo Memni qui dessina en 1341 le sommet en travertin
Sur la place
Palazzo Sansedoni Regroupe trois hautes tour en 1339, Augostino di Giovanni. Matériaux et éléments de composition sont identiques à ceux du
Palazzo. Palais est percé de fenêtres trigéminées aux délicates colonnes de travertin ; façade est couronnée de créneaux surmontant une frise d’arcs en
plein cintre.
Spedale della Scala :Exemple significatif de l’architecture hospitalière du XIVe.
Duomo :Un des plus grands de la chrétienté. Projet très ambitieux de l’agrandir, mais la ville avait vu trop grand. L’argent nécessaire à la construction ne
tarda pas à manquer
Dès 1326, travaux pour construire une nouvelle enceinte, avec des portes d’accès : porte romaine et porte tufi
Nouvelle fontaine : fontana nuova, 1298-1303.
La concurrence dans l’architecture profane Celui qui avait la plus haute tour dotée des cloches les plus sonores conservait le pouvoir. Beffroi de
San Gimignano est aujourd’hui le plus élevé.
Autres exemples d’architecture civile :
Le palais
Palais communal : édifice entièrement fermé, en forme de forteresse avec un rdc aveugle ; c’est sur une cour interne qu’ouvrent toutes les pièces. Dominé
par une tour.
- Exemple : palazzo del popolo à San Gimignano.
- Palazzo publico à Sienne 1297/1298 à 1310.
- A Florence : palazzo du capitaine du peuple (aujourd’hui le Bargello) 1340
- Palazzo Vecchio : palais des prieurs 1299 à 1314 sur les plans d’Arnolfo di Cambio.
Ces lieux de pouvoir paraissent sanctionner au plan monumental la consolidation des institutions communales et la mise en place du régime des podestats.
Le pouvoir entend se symboliser en même temps qu’il se dote très concrétement de lieux utiles au fonctionnement de son pouvoir.
Simplicité structurelle, servent à abriter la suite nombreuse de juges, notaires, hommes d’armes, et les nouveaux organes administratifs et judiciaires.
Souvent la construction du palais s’accompagne du réamangement de la place qui l’environne. C’est le cas à Florence, à Sienne ou à Pérouse.
Le palazzo communal de Pistoia Edifié en 1294 et agrandi au XIVe.
Palazzo communal d’Arezzo Construit en 1333 Couronné de créneaux gibelins Tour contemporaine
Palazzo comunale de Montepulciano Piazza en forme de scène de théâtre Centre politique et religieux de la ville. Austère bloc à trois étages
Monteriggioni Point de contrôle du territoire entre Sienne et Florence. Première enceinte construite en 1203, une seconde en 1260. Ils étendirent les
fortifications sur un plan quadrangulaire avec un périmètre de 574m. 14 tours pour la défendre.
San Gimignano 15 tours encore conservées sur 72 édifiées au MA. Production d’étoffes et culture du safran rendirent la ville très prospère. Lutte
acharnée entre les différentes familles : les Ardinghelli à la tête du parti des guelfes et les Salvucci, à la tête de celui des gibelins, construisirent des tours
de plus en plus hautes, pour des raisons de prestigaes mais aussi dans un souci offensif ou défensif. La piazza della Cisterna : triangulaire, fut toujours la
place centrale, d’où la ville était approvonnée en eau depuis le puit construit en 1346. Palais médiévaux entourent la place. Pavement en partie du XIV.
Palazzo del popolo Situé sur la piazza del duomo. La tour fut construite en 1300. 52m 3 étages percés de fenêtres à arc surbaissé
Volterra Piazza dei priori Centre du pouvoir politique
Palais communal édifié dès 1208, le plus anciens des palais communaux toscans. Armoiries qui retracent son histoire sur sa façade au rdc. Il a 4 étages. Il
a servi de modèle à ceux de Florence et Sienne (initialement entouré de galeries de bois)