Répartition des espèces de puces rencontrées chez le chat en France
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Répartition des espèces de puces rencontrées chez le chat en France
ARTICLE ORIGINAL Répartition des espèces de puces rencontrées chez le chat en France ° M.C. CADIERGUES, ° P. DELOFFRE et °° M. FRANC ° Unité de Dermatologie-Parasitologie, École Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23, chemin des Capelles, F-31076 Toulouse cedex 3 °° Unité Associée, INRA de Physiopathologie et Toxicologie expérimentales, École Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23, chemin des Capelles, F-31076 Toulouse cedex 3 RÉSUMÉ SUMMARY Une enquête a été conduite sur 403 chats infestés par des puces provenant de 75 départements répartis sur le territoire français. 1337 puces ont été récoltées et 8 espèces ont été identifiées : Ctenocephalides felis (97,9 %), Spilopsyllus cuniculi (0,9 %), Ctenocephalides canis (0,5 %), Ceratophyllus sp. (0,3 %), Xenopsylla cheopis (0,07 %), Pulex irritans (0,07 %), Archeopsylla erinaceï (0,07 %) et Leptopsylla segnis (0,07 %). 97,8 % des chats hébergeaient C. felis, 0,74 % C. canis ou Spilopsyllus cuniculi. C. felis est présente sur l’ensemble du territoire, dans le pelage des animaux vivant aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tous les animaux vivant exclusivement à l’intérieur n’hébergeaient que C. felis. Les espèces autres que C. felis ont toutes été retrouvées sur des chats ayant accès à l’extérieur, la plupart avec des habitudes de chasse. Species of fleas found on cats in France. By M.C. CADIERGUES, P. DELOFFRE and M. FRANC. A survey has been performed on 403 cats infected by fleas, coming from 75 departments distributed over french territory. Among the 1337 fleas collected, 8 species have been identified : Ctenocephalides felis (97.9 %), Spilopsyllus cuniculi (0.9 %), Ctenocephalides canis (0.5 %), Ceratophyllus sp. (0.3 %), Xenopsylla cheopis (0.07 %), Pulex irritans (0.07 %), Archeopsylla erinaceï (0.07 %) et Leptopsylla segnis (0.07 %). 97.8 % of cats were infected by C. felis and only 0.74 % by C. canis or Spilopsyllus cuniculi. C. felis has been identified on all over the country, on animals living inside or outside. All animals living inside were only infected by C. felis. On the other hand, other species were all collected on cats which had access outside, most of them had predatory habits. MOTS-CLÉS : puces - France - chat. KEY-WORDS : fleas - France - cat. Introduction LES ANIMAUX La plupart des enquêtes épidémiologiques concernant la nature des populations de puces hébergées par les chats ont été réalisées dans les années 1970-1980 [2, 3, 4, 6, 8, 9, 10, 11, 13, 16, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 26]. Depuis de nombreuses publications rapportent l’activité de nouveaux produits pour lutter contre les puces du chat, mais l’on ne dispose pas de renseignements précis sur les espèces actuellement présentes en France. Une précédente enquête a été réalisée en 1997 pour identifier les espèces présentes sur les chiens de notre pays et apprécier le taux d’infestation [7]. Une enquête similaire a été conduite en 1999 sur les chats. Les chats inclus dans l’étude étaient de tous âges, races, sexes présentés pour tous motifs à un vétérinaire. Le seul critère d’inclusion était l’infestation par des puces. Matériel et méthodes ZONE D’ÉTUDE Elle concerne tous les départements de France métropolitaine et de Corse. Les puces et les informations relatives aux chats infestés ont été récoltées par des vétérinaires praticiens. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 447-450 RECUEIL DE COMMÉMORATIFS Pour chaque chat, la race et le sexe ont été relevés ainsi que le mode de vie en distinguant les chats ruraux des urbains, ceux vivant en appartement ou en maison avec jardin. Le temps passé à l’extérieur a été apprécié en distinguant les chats vivant essentiellement dedans, ceux vivant pour moitié à l’intérieur et ceux vivant essentiellement à l’extérieur. Leurs habitudes prédatrices ont été relevées. Le taux d’infestation par les puces a été évalué visuellement par les vétérinaires ayant participé à l’étude et classé en 3 catégories : faible (< 5 puces), moyenne (5-30 puces) ou forte (> 30 puces). LES PUCES Sur chaque animal, une ou plusieurs puces ont été récoltées et conservées dans de l’alcool à 70°. L’identification a été 448 CADIERGUES (M.C.) ET COLLABORATEURS réalisée selon les clés de diagnose de BEAUCOURNU et LAUNAY [1]. MÉTHODE D’ANALYSE Les données brutes ont été saisies sur la base de données File Maker Pro (Claris, version 4.3). Résultats 403 chats provenant de 75 départements répartis sur tout le territoire ont été inclus dans l’étude (Figure 1). Sur chaque animal il a été récolté de 1 à 29 puces (en moyenne 3,3), soit au total 1337 parasites. ESPÈCES (Tableau I) 8 espèces ont été identifiées : Ctenocephalides felis (97,9 %), Spilopsyllus cuniculi (0,9 %), Ctenocephalides canis (0,5 %), Ceratophyllus sp. (0,3 %), Xenopsylla cheopis (0,07 %), Pulex irritans (0,04 %), Archeopsylla erinaceï (0,07 %) et Leptopsylla segnis (0,07 %). TYPE D’INFESTATION (Tableau I) 400 chats n’hébergeaient qu’une espèce parmi lesquels 391 hébergeaient C. felis, trois hébergeaient Ctenocephalides canis, deux Spilopsyllus cuniculi, deux étaient parasités par des puces du genre Ceratophyllus, un seul chat était porteur de Pulex irritans et un autre de Leptopsylla segnis. Trois étaient infestés par deux espèces différentes (C. felis associée à Xenopsylla cheopis, Ceratophyllus sp., Archeopsylla erinaceï). En bilan C. felis a été retrouvée sur 394 chats soit 97,8 %, la prévalence des autres espèces est inférieure à 1 %. INTENSITÉ DES INFESTATIONS L’information n’a été disponible que pour 348 chats. 311 animaux (soit 89 %) hébergeaient au moins 5 puces, et 37 d’entre eux étaient parasités par plus de 30 puces. CORRÉLATION ENTRE DIVERS PARAMÈTRES ET L’ESPÈCE DE PUCE IDENTIFIÉE Sexe de l’hôte Parmi les chats de l’étude pour lesquels ce renseignement était disponible, 175 étaient des mâles et 181 des femelles. La répartition mâles-femelles est équivalente pour les chats n’hébergeant que C. felis (171 et 178 respectivement) ou bien pour ceux hébergeant des espèces différentes de C. felis (respectivement 4 et 3). Mode de vie de l’hôte Les 62 chats qui vivaient exclusivement à l’intérieur n’hébergeaient que C. felis. Les espèces autres que C. felis ont toutes été retrouvées sur des chats ayant accès à l’extérieur, la plupart avec des habitudes de chasse. Lieu de vie de l’hôte (Tableau II) La répartition des puces est homogène quelle que soit la région climatique envisagée (climats océanique breton, océa- TABLEAU I. — Répartition des espèces de puces récoltées. Absence de prélèvement C. felis Autres espèces FIGURE 1. — Répartition des espèces de puces. TABLEAU II. — Répartition des espèces de puces en fonction de la zone climatique où vit l’hôte. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 447-450 RÉPARTITION DES ESPÈCES DE PUCES RENCONTRÉES CHEZ LE CHAT EN FRANCE nique aquitain, océanique parisien, montagnard, continental et méditerranéen). Deux des trois chats hébergeant C. canis vivent en zone de montagne ce qui rejoint ce qui avait été observé pour le chien [7]. Discussion Dans les 12 enquêtes réalisées en Europe (Tableau III), les puces récoltées sur les chats domestiques étaient les suivantes : C. felis (12/12), C. canis (4/12), et C. gallinae (1/12). C. felis est souvent la seule espèce identifiée [2, 3, 12, 14, 15, 18, 21]. Dans notre étude, nous avons retrouvé cette prédominance de C. felis qui serait une puce originaire d’Afrique apportée en Europe par les Croisés [1]. Mieux adaptée aux températures élevées des habitations humaines et animales et pour certains auteurs, du fait que ses larves détritiphages et carnassières élimineraient celles d’autres espèces, Ctenocephalides felis a pullulé et supplanté Pulex irritans et Ctenocephalides canis qui sont originaires de régions plus froides. Les autres espèces rencontrées dans cette enquête ont été vraisemblablement contractées lors d’activités de chasse à l’extérieur ou de cohabitation avec l’homme ou le chien. * : = nombre d’animaux parasités / nombre d’animaux examinés. TABLEAU III. — Puces hébergées par le chat (Felis catus) lors d’enquêtes épidémiologiques. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 447-450 449 450 CADIERGUES (M.C.) ET COLLABORATEURS Remerciements Les auteurs remercient sincèrement les vétérinaires praticiens qui ont accepté de participer à cette enquête : Docteurs Affre, Alaux Merotto, Allain, Andriamanga Rakotonanahary, Andrillon, Ansay, Antoine, Arnette, Aube, Auroy, Barriere, Beeckman, Bertelli, Berten, Bertrand, Besson, Billon, Blain, Boisseleau, Boisserand-Navillod, Bonal, Borrou, Boulogne, Bounoure, Bourdon, Bouteilles, Boutlier, Briet, Brossard, Cadic, Cadre, Callier, Calviere, Camadro, Canonne, Chauvy, Chevrier, Choquart, Clamen, Cluzel, Collinot, Condemine, Cornuau, Crespel, Dalloz, Daudeville, Debreux, Dejean, Debuf, Delamarre, Delerue, Delhom, Deloffre, Derry, Desmaris, Desmaris-Lejard, Farbos, Gaillard, Ganivet, Garcia, Giuliani, Goerlinger, Golinvaux, Gonnet, Goudal, Guillevic, Guitton, Heskia, Hiard, Hot, Hubert, Illa, Janvier, Jassaud, Julien, Kerbaol, Lalanne, Lancelot, Laplanche, Laroche, Lasternas, Lauby, Lelievre, Lenormand, Lesson, Levy, Leymonie, Menier, Monet, Marambat, Marguin, Marsat, Maugard, Maziere, Mens, Messin, Michineau, Mignard, Mirande-Broucas, Moisnard, Monot, Moreau, Neuhart, Ordano, Pequin, Plisson, Pollet, Pollisse, Ponchot, Pouillaude, Poulain, Quillez-Casulleras, Ragetly, Ravisy, Reginensi, Rigollier, Rouviere, Sarmouk, Saussier, Serignac, Siacard, Soubagne, Soulageon, Tabary, Thernay, Thiriet, Verhelst, Villeret, Vromman, Warez, Wolters, Wucher et Zylberberg. 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