Démission de Denis JACOB - Alternative Police CFDT

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Démission de Denis JACOB - Alternative Police CFDT
Lu pour vous – Vendredi 28 août 2015 ‐ Dépêche AEF 505896 Reproduit avec l’aimable autorisation d’AEF INTERVIEW Par Clément Giuliano www.aef.info Le numéro trois d'Alliance
démissionne pour créer "Alternative
police" au sein de la CFDT
Denis JACOB responsable d’Alternative © Alliance police nationale Denis Jacob, secrétaire général administratif d’Alliance police nationale, annonce, jeudi 27 août 2015, sa démission du syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix depuis décembre 2014. Il prend la tête d’une nouvelle organisation baptisée "Alternative police", qui sera créée au sein de la CFDT au cours des prochaines semaines. "Je suis déçu de voir ce que devient Alliance", déclare‐t‐il dans un entretien accordé à AEF. "Alliance prend une voie encore plus politisée qu’avant. Or, en tant que majoritaire, il ne devrait pas être systématiquement dans l’opposition", note Denis Jacob, qui dénonce également le manque de démocratie interne au sein du syndicat. Concernant la nouvelle structure qu’il pilote, il déclare : "Alternative police sera un syndicat dans lequel les policiers se retrouveront, fondé sur la proximité et sur une organisation participative." AEF : Vous annoncez, jeudi 27 août 2015, votre démission du syndicat Alliance, dont vous étiez secrétaire général administratif. Dans votre lettre de démission, vous dénoncez l’orientation politique prise par le syndicat. À quoi faites‐vous référence ? Denis Jacob : Depuis le changement de gouvernement, en 2012, la marque de fabrique d’Alliance a disparu. Nous avions toujours privilégié la négociation et adopté la technique des petits pas, avec notamment l’idée qu’il valait mieux, sur le plan indemnitaire, prendre ce qu’il y avait à prendre plutôt que de voir un budget alloué à un autre ministère. L’un des exemples frappants est la revalorisation de l’Ijat (indemnité journalière d’absence temporaire) des forces mobiles. Alliance a considéré que l’augmentation de l’indemnité n’était pas suffisante. Parce qu’elle a été proposée par un gouvernement de gauche, le syndicat ne l’a pas signée, sans argument sérieux (lire sur AEF). Alliance prend une voie encore plus politisée qu’avant. Or, en tant que majoritaire, il ne devrait pas être systématiquement dans l’opposition au prétexte que le gouvernement est de gauche. En outre, chacun est libre de s’engager politiquement, et je l’ai moi‐même fait au niveau local (1), mais l’engagement politique de Jean‐Claude Delage accole à Alliance une image de droite, proche des Républicains (2). Cela me dérange fortement. AEF : Vous critiquez également le fonctionnement interne de l’organisation. C’est‐à‐dire ? Denis Jacob : En premier lieu, l’annonce d’un congrès anticipé 18 mois avant celui‐ci a été catastrophique pour la vie interne du syndicat. Chacun se demande, depuis juillet 2014, où il va aller, et ce climat a été terrible en pleine campagne pour les élections professionnelles de décembre 2014 (3). Il y a, par ailleurs, un manque de démocratie interne au sein du syndicat. Un exemple révélateur : les statuts ont été réformés récemment pour faire en sorte que seuls sept membres du bureau national soient élus par les adhérents, contre quatorze auparavant. Dans le domaine de la communication, dont j’avais la charge au sein du syndicat, la prise d’initiative était officiellement encouragée mais, dans les faits, tout était systématiquement validé et centralisé par le secrétariat général. Résultat, Alliance n’écrit plus en fonction de ce que veulent véritablement les collègues, mais pour plaire ou déranger untel ou untel dans l’administration… AEF : Vous expliquez également votre démission par le fait que vous avez été mis à l’écart au sein de la direction du syndicat… Denis Jacob : J’ai été progressivement écarté mais, depuis janvier, c’est flagrant. Mon poste me conduisait à superviser la vie administrative, technique, logistique du syndicat, ainsi que la communication. Mais je n’avais plus accès aux informations, que j’apprenais par les uns ou par les autres. Les derniers temps, j’arrivais au bureau et allumais mon ordinateur en attendant que la journée se passe… AEF : Comment expliquez‐vous cette mise à l’écart ? Denis Jacob : Ayant annoncé assez tôt que je ne me représenterais pas sur le poste du numéro trois, je pense que le secrétariat général a, en quelque sorte, anticipé l’organisation prévue après le congrès. Mais il y a une ambiance très malsaine au sein du bureau national d’Alliance. Certains sont mal traités… Le syndicat se comporte comme une pâle copie de l’administration ! Je pars d’Alliance sans rancœur. Je suis néanmoins déçu de voir ce que devient le syndicat. Je ne suis pas le seul à le penser : depuis que j’ai annoncé ma démission, je reçois de nombreux messages de soutien mais il y a une chape de plomb et personne n’ose parler. AEF : Ne craignez‐vous pas que votre départ soit perçu comme une trahison de l’organisation que vous avez participé à diriger depuis plus de 20 ans ? Denis Jacob : C’est ce que certains vont penser, mais la réalité est que je ne reconnais plus le fonctionnement syndical d’Alliance. Aujourd’hui, il a oublié les fondamentaux : négocier avec l’administration, trouver des solutions pour les collègues, trouver des compromis… AEF : Vous annoncez la création du syndicat Alternative police au sein de la CFDT. Quel sera son positionnement ? Denis Jacob : En premier lieu, et cela est très important, il sera indépendant. Alternative police sera également un syndicat dans lequel les policiers se retrouveront, fondé sur la proximité et sur une organisation participative. Aujourd’hui, les décisions sont prises dans les syndicats sans consulter la base. La nouvelle organisation saura écouter les policiers. Par rapport à l’administration, Alternative police sera un partenaire fort en matière de dialogue social et fera des propositions dans lesquelles tout le monde se retrouve : les policiers, évidemment, mais aussi l’administration. Aujourd’hui, on n’obtient rien sans contrepartie. Le système de confrontation systématique, tel qu’il est pratiqué par les syndicats historiques, conduit l’administration à faire ce qu’elle veut ! AEF : Quel sera l’avenir de la CFDT police, qui existe déjà et a présenté une liste aux dernières élections professionnelles (lire sur AEF) ? Quels sont vos liens avec le SCSI (lire sur AEF) ? Denis Jacob : La CFDT police se fond au sein d’Alternative police, dont la création sera officialisée par les instances statutaires de la CFDT en octobre. Quant au SCSI, nous travaillons ensemble depuis juillet. C’est par le biais de ce syndicat que j’ai pris contact avec les instances dirigeantes de la CFDT. Avec le SCSI, qui ouvre une section dédiée aux commissaires prochainement, et le SMI‐CFDT, nous couvrirons l’ensemble des corps et personnels du ministère de l’Intérieur lors des élections professionnelles de 2018. AEF : Vous siégez actuellement au comité technique ministériel et au comité technique de réseau de la police nationale, qui sont les deux principales instances de concertation (lire sur AEF). Conservez‐vous ces sièges ? Denis Jacob : Oui. Je siégerai en mon nom propre, mais parlerai évidemment au nom d’Alternative police et de la CFDT. Pour les questions intéressant les officiers de police, je pourrai faire intervenir les responsables du SCSI au comité technique de réseau (4). Alliance disposera à présent de quatre sièges au sein de cette dernière instance et de cinq au comité technique ministériel. Si je suis absent, mon suppléant sera toutefois issu d’Alliance.