Migros Magazine N° 21 / 19 MAI 2008 (française)

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Migros Magazine N° 21 / 19 MAI 2008 (française)
Dix ans après le succès
de «Notre-Dame
de Paris», Garou sort
son premier album
en anglais.
Migros Magazine 21, 19 mai 2008
PHOTO DUKAS / REX
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Entretien
Migros Magazine 21, 19 mai 2008
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«J’adorerais jouer dans
un film d’horreur»
Garou, le Bossu de Notre-Dame, sort un nouvel album – en anglais cette fois-ci – qu’il dédicacera le
26 mai à Migros Crissier. De passage à Zurich, il nous parle de sa carrière, de sa fille et de Lorie, sa
«chérie». Le chanteur québécois de 36 ans est aujourd’hui un homme heureux.
Que faites-vous à Zurich? Personne ne vous
connaît ici!
Mais ça fait partie du bonheur de ce métier!
Rencontrer de nouvelles personnes, découvrir
de nouveaux endroits. Mon objectif n’est pas
d’être une star. J’adore l’idée de débarquer à
Zurich et de me présenter: «Hello, my name is
Garou.» C’est comme un redémarrage, ça me
ramène à l’époque où je chantais dans les bars,
avant que je ne sois connu. Vous savez, j’ai été
lancé dans ce métier à mon insu. Au départ, je
m’amusais, mais je pensais qu’un jour je trouverais un vrai boulot. (Rires) Puis il y a eu
Notre-Dame de Paris et tout s’est enchaîné.
En somme, vous faites maintenant ce que
vous auriez fait s’il n’y avait pas eu «NotreDame».
Tout à fait.
En ayant tout de même dix ans de carrière
sur lesquels vous appuyer…
C’est sûr, certaines personnes n’accepteraient
certainement pas de bosser avec moi si je
n’avais pas déjà vendu des millions d’albums,
tout comme on ne viendrait pas m’interviewer
si j’étais un illustre inconnu.
Votre nouvel album est en anglais: une autre
manière de vous replonger dans le passé?
Oui, avant Notre-Dame, je chantais à 90% en
anglais. Au Canada, il y a une énorme excitation autour de l’album: cela fait des années
qu’ils l’attendaient. Les autres pays francophones, en revanche, s’interrogent sur la raison de ce choix. En Pologne ou en Russie, on
me demande même: «Mais pourquoi tu chantes en anglais, c’est banal, tout le monde chante en anglais.»
Alors, pourquoi ce choix?
C’était prévu de longue date: cela fait six ans
qu’on y travaille. Quand j’ai signé avec Céline
(Dion) et René (Angélil), mon deuxième album devait être en anglais. Mais à l’époque,
c’était le bordel dans l’industrie du disque, tout
s’est mis à dégringoler. L’album a été repoussé,
il y en a finalement eu un deuxième en français, puis un troisième. L’année dernière, je
suis venu à Zurich rencontrer les gens de Sony
BMG, histoire de voir s’ils étaient intéressés à
sortir cet album en anglais. On a fait un showcase (n.d.l.r.: concert privé). Ça a cliqué tout
de suite. On s’est dit que plusieurs nouveaux
territoires s’ouvraient.
Bio express
Né à Sherbrooke en 1972, Garou (Pierre
Garand de son vrai nom) reçoit sa première
guitare à l’âge de 3 ans. Deux ans plus tard, il
se met au piano et s’initie à l’orgue.
A l’adolescence, un groupe composé par des
copains de classe le recrute comme guitariste.
Il monte sur scène pour la première fois...
Après un passage à la fanfare des Forces
armées canadiennes(!), Garou cumule les
petits boulots le jour, et chante la nuit, à la
sortie des pubs et dans le métro. En 1993, une
amie lui offre l’opportunité de jouer dans un
bar. Séduit par sa prestation, le patron l’embauche sur-le-champ.
En 1995, il fonde un nouveau groupe, «The
Untouchables». C’est lors de leur prestation, en
1997, que Luc Plamondon découvre son futur
Quasimodo. La comédie musicale «Notre-Dame
de Paris» connaîtra le succès que l’on sait.
Après trois albums en français, «Seul»,
«Reviens» et «Garou», il sort cette année son
premier disque en anglais, «Piece of my soul».
Côté privé, il a une fille, Emelie, avec le mannequin suédois Ulrike. Agé aujourd’hui de 36 ans,
il vit depuis 2007 une histoire d’amour avec la
chanteuse française Lorie... au grand désarroi
de ces dames!
Et pour vous, qu’est-ce que ça change, de
chanter en anglais?
Je peux me permettre d’être un peu plus rock.
Stand Up, le premier titre, est beaucoup plus
pêchu que ce que je pourrais faire en français.
Et beaucoup de mes amis proches me disent
«Ta voix n’est pas pareille, elle ne sonne pas
pareil.»
Dans votre nouvel album, il y a une reprise
de Mel C (n.d.l.r.: des Spice Girls): «First
day of my life». L’avez-vous rencontrée?
Vous avez repéré ça!? En fait, c’est une chanson de Guy Chambers, j’en voulais une sur
mon disque, j’adore ce qu’il fait. Et comme ça
fait six ans qu’on bosse sur cet album, c’est
une chanson que j’avais enregistrée avant que
Mel C ne la reprenne sur le sien. On s’est demandé si on allait la laisser ou pas, mais une
bonne chanson est une bonne chanson. C’est
donc devenu une reprise de Mel C. Mais non,
je ne l’ai jamais rencontrée.
Dans l’un de vos autres titres, vous chantez
«I’m burning because of you» (je brûle pour
toi)… Because of Lorie, votre fiancée?
Ça aussi, c’était une reprise… pour changer de
sujet! (Rires) Il y a quinze ans, c’était un énorme tube en Suède. Or, la mère de ma fille est
originaire de ce pays. J’ai donc déjà travaillé
avec des Suédois. Pour eux, ça devient une reprise. Mais ce n’est pas la chanson préférée de
ma chérie. Surtout quand elle entend les paroles «I’m a heart breaker, heart breaker» (je suis
un briseur de cœurs)…
On ne vous avait pas beaucoup vu dans la
presse people ces dernières années... jusqu’à
ce que vous sortiez avec Lorie en 2007!
J’ai toujours pris garde à rester discret dans
ma vie privée. Etre avec quelqu’un de célèbre,
quelque part, c’est moins dangereux. Avant,
Entretien
PHOTO DUKAS / ABACA
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«Rencontrer de
nouvelles
personnes,
découvrir de
nouveaux
endroits font
partie du
bonheur de
ce métier!»
si la fille ne connaissait pas le milieu, je devais
la protéger. Parfois, la presse people raconte
des conneries et l’autre peut en souffrir. Tandis que Lorie, au moins, elle connaît le tarif.
Les paparazzis sont-ils aussi entreprenants
au Québec qu’en France?
Rien à voir! On peut se balader tous les deux
dans la rue. Les gens me reconnaissent, me
disent bonjour. Là-bas, il n’y a pas cette notion
de paparazzis, de magazines people. Les gens
se renseignent sur les stars américaines, mais
pas sur les stars locales.
C’est un peu comme en Suisse...
Tout à fait. D’ailleurs, quand j’arrive ici, je me
sens à la maison. Les gens sont respectueux:
ils te disent bonjour, mais ils ne vont pas te
sauter dessus pour un autographe ou pour te
prendre en photo. En fait, même au Québec, je
suis souvent entouré de Suisses. J’ai des restaurants à Montréal, et mon partenaire est de
chez vous. On reçoit constamment des délégations suisses.
Vous allez bientôt ouvrir un restaurant chez
nous, alors?
Je ne crois pas. A Montréal, j’ai mon petit
monde, des gens qui me font confiance, c’est
plus facile.
Pourtant, un restaurant à Genève ou à
Lausanne aurait sûrement beaucoup de
succès!
(Moue) Ouais, mais même pour le resto à
Montréal, je n’ai pas voulu m’afficher, ça a
pris du temps avant que je dise que c’était chez
moi…
Justement. Peut-on dire que vous êtes
Garou la nuit et que vous redevenez Pierre
Garand la journée?
Oui. Mais maintenant, la journée, je bosse davantage qu’avant. Je dois me lever plus tôt le
De passage à Lausanne
Un bout de son âme,
voilà ce que Garou
compte offrir à son
public avec son nouvel
album «Piece of my
soul». Vous en voulez
aussi? Rendez-vous
le lundi 26 mai, au
centre commercial de
Migros Crissier! Le Québécois y dédicacera son
album de 14 h à 15 h.
En tournée européenne jusqu’au 6 juin, il sera
également en concert aux Docks de Lausanne
les 25 et 26 mai.
matin. Du coup, ma vie nocturne s’est un peu
calmée. Ça ne saurait durer… (Rires)
Votre côté rebelle ne vous a donc pas quitté!
Il est toujours là! Et même dans les affaires. Parfois, je fais les choses complètement à l’inverse
de ce que je devrais faire. J’ai un esprit anarchique, mais dans le bon sens. J’aime brûler toutes
les balises pour voir ce qui pousse vraiment.
C’est ainsi qu’on se pose les vraies questions.
Etes-vous plus sérieux quand il s’agit de votre fille, âgée aujourd’hui de 7 ans? La
voyez-vous souvent?
Oui, elle habite à Montréal, avec sa mère. On
est très complice. Je passe beaucoup de temps
avec elle, du temps de qualité. Quand je dois
partir en tournée pour cinq semaines, c’est
dur. Mais quand je suis avec elle, ça veut dire
que je suis loin de ma chérie. Je suis tout le
temps torturé comme ça. D’ailleurs, dans mon
album, une chanson exprime bien cette douleur, la plus grande de ma vie: What’s the time
in NYC (Quelle heure est-il à New York). Chaque fois que je regarde ma montre, je vois
deux heures différentes: celle du Québec et
celle de l’Europe. C’est ce que cette chanson
raconte: «Qu’est-ce que tu fais, est-ce que tu
penses à moi en ce moment, quelle heure estil chez toi»…
Entretien
Pour votre fille aussi, c’est difficile?
Elle a l’habitude. Heureusement! Si à chaque fois
que je l’avais au bout du fil elle pleurait «Papa,
je m’ennuie, t’es pas là», ce serait encore plus
dur. Mais elle n’est pas comme ça. Par contre,
quand je reviens, elle est toute contente!
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PHOTO DUKAS / SIPA
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Se rend-elle compte que vous êtes une
star?
Oui, mais pas depuis longtemps. J’ai fait très
gaffe. Cela s’est passé progressivement. J’ai
pris du temps avant de l’emmener à l’un de
mes concerts. Et finalement, elle a regardé
deux chansons, puis elle est retournée dans la
loge avec ses jouets!
Ce n’est pas encore une fan alors!
Non, mais quand je suis loin, elle demande
constamment à écouter mes albums. J’imagine
que sa mère n’en peut plus! Dans la voiture,
elle veut entendre la voix de papa.
Pour en revenir à votre carrière: vous n’êtes
pas tenté par le cinéma? Vous aviez bien investi votre rôle de Quasimodo…
Ça fait dix ans que je reçois des scénarios. Cinq
à dix propositions par année. Je n’ai encore jamais dit oui. Mais je vais peut-être me laisser
tenter maintenant, comme je suis dans une période de redémarrage de ma vie. Je vais peut-être
goûter au septième art. D’ailleurs, je me souviens
d’une scène avec mes parents. On parlait carrière: je leur ai dit, je sais que vous avez toujours
pensé que je deviendrais avocat. Ils m’ont répondu, non, tu es fou, nous, on a toujours cru que
tu deviendrais acteur. Et j’étais étonné, parce que
mes parents ne m’ont jamais encouragé à entreprendre une carrière artistique. La musique, ça
allait comme hobby, mais pas comme métier.
Quel genre de film vous tenterait?
J’ai eu beaucoup de propositions: les réalisateurs, les scénaristes, les producteurs me voient
dans des univers différents. Peut-être parce que
Quasimodo était un rôle de composition. Moi,
Depuis 2007, Garou file le parfait amour avec la chanteuse française Lorie.
j’adorerais jouer dans un film d’horreur, mais
c’est à peu près la seule chose qu’on ne m’ait
pas proposée. Un film d’horreur pourri, de série
B. J’adorerais, je m’éclaterais avec des maquillages de dingues!
Des réminiscences de Quasimodo?
(Rires) Oui, exactement!
C’est bientôt le Paléo. Vous aviez participé
à l’édition 2003. Vous comptez y revenir un
jour?
J’aimerais bien, parce que j’avais adoré ça.
Même si en général je préfère les petites scè-
nes. En 2004, nous étions allés jouer à Prague, dans un bar de 500 places. Depuis, je
n’ai fait que des grandes salles, ce qui implique un grand déploiement et toute une série
de règles à suivre. Avec mon nouvel album,
j’avais envie de retrouver la liberté des petits
espaces. Au Québec, j’ai booké (n.d.l.r.: réservé) des endroits où je ne suis jamais allé.
A Lausanne, on va jouer aux Docks et à Paris
à la Cigale. Des salles que je ne me serais
jamais permis de faire avant. Avec tout ça, je
vais me régaler!
Propos recueillis par
Mélanie Haab et Tania Araman
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