BAK Basel Economics
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BAK Basel Economics
Un benchmarking international dévoile les points forts et les points faibles La métropole bruxelloise néglige des chances en termes de croissance et d'emplois Comparée avec d'autres régions urbaines européennes, la métropole bruxelloise – la Région de Bruxelles Capitale et la Périphérie – est particulièrement productive. Mais la croissance économique y est plutôt modérée et le développement de l'emploi y est limité. La métropole bruxelloise néglige des chances de croissance et de création d'emplois dans des secteurs comme les transports, l'horeca et le tourisme, ainsi que dans le commerce et les services aux entreprises. C'est ce qui ressort d'un benchmarking international réalisé par le bureau d'études suisse BAK Basel Economics. Cette étude comparative constitue le point de départ pour l'élaboration d'un projet d'avenir économique pour la métropole bruxelloise, auquel œuvrent conjointement les organisations patronales régionales Beci, Voka, UWE et VBO. BAK Basel Economics a comparé la situation économique de la région urbaine bruxelloise avec quatorze autres régions urbaines européennes. Sur la liste figuraient également Édimbourg, Dublin, la Randstad, Stockholm, Londres, Luxembourg, Berlin, Francfort, Paris, Zürich, Vienne, Lyon, Milan et Madrid. BAK est spécialisé dans les statistiques régionales et urbaines pour l'ensemble de l'Europe. Les limites de la région urbaine bruxelloise prises en compte par BAK dans son étude comparative débordent nettement celles de la Région bruxelloise stricto sensu, pour englober aussi les arrondissements de Halle-Vilvorde et de Nivelles. BAK retient le concept de Brussels Metropolitan Region (BMR), une région peuplée de deux millions de personnes et où les liens économiques sont très denses. Il y existe par exemple de fortes interactions en termes de navettes, d'installations d'entreprises, de clients et de fournisseurs. Les échanges avec l'arrondissement de Louvain sont moins soutenus – raison pour laquelle cet arrondissement n'a pas été repris au sein de la Brussels Metropolitan Region. Productivité élevée, mais croissance limitée • De manière générale, l'économie de la Brussels Metropolitan Region n'a pas à rougir face à celle des autres régions urbaines envisagées dans le cadre du benchmark. La BMR vient même en tête de liste en matière de PIB per capita, juste derrière le Luxembourg. • Entre 1995 et 2006, la région urbaine a réalisé une croissance continue, de l'ordre de 2% en moyenne. Mais sur ce chapitre, la BMR n'enregistre qu'un score moyen au regard des autres régions urbaines européennes. Dublin, Luxembourg, Londres et Stockholm ont en effet connu des croissances beaucoup plus soutenues. • L'analyse macro-économique de BAK montre qu'au cours des 25 dernières années, l'économie s'est surtout développée dans la périphérie de Bruxelles, où la croissance est nettement supérieure à la moyenne belge. Au sein de la région bruxelloise, la croissance est, historiquement, restée inférieure à cette moyenne. • Fait remarquable, la croissance continue n'a pas entraîné un développement correspondant de l'emploi. Depuis 2001, le niveau de l'emploi est en effet demeuré relativement stable. BAK parle à ce sujet d'une jobless economic growth: la croissance du PIB dans la Région de Bruxelles et sa la Périphérie est entièrement due à des gains de productivité. Le Brussels Metropolitan Region vient au premier rang en matière de productivité. Secteurs clés Basel Economics a également étudié les performances de ce qu'il appelle les cinq driver sectors. En l'occurrence, le secteur urbain, le secteur politique, le secteur traditionnel, la vielle économie et la nouvelle économie. Si, dans toutes les régions urbaines européennes, les secteurs urbain et politique s'avèrent prépondérants, c'est davantage encore le cas pour la BMR. • Le secteur urbain des services financiers et aux entreprises, du commerce, des hôtels et restaurants, des transports et de l'immobilier prend la plus grande part de l'économie à son compte, avec 54 pour cent des emplois et près de la moitié de la croissance économique. Ces dernières années, la dynamique issue du secteur urbain a toutefois été moindre que celle observée dans d'autres régions urbaines. • Outre le secteur urbain, le secteur politique est également très présent dans la métropole bruxelloise, où il représente plus d'un cinquième de l'économie et 30% de l'emploi. Il s'agit de secteurs publics ou de secteurs fortement déterminés par la politique, comme l'administration, les soins de santé, l'enseignement, l'énergie et l'eau. Ce "secteur politique" affiche à Bruxelles une croissance relativement forte par rapport aux autres villes. Parmi les quatorze autres régions européennes, trois seulement enregistrent en effet une croissance plus élevée de ce secteur politique. • La nouvelle économie (informatique, télécommunications, électronique, matériel audiovisuel, services postaux) est aussi très performante dans la BMR. Au cours des 25 dernières années, ce cluster est parvenu à doubler son poids dans l'économie de la BMR, pour y représenter aujourd'hui plus de 8% du PIB. • Le secteur traditionnel a vu quant à lui sa part réduite de moitié au cours des 25 dernières années, pour ne plus représenter aujourd'hui que 7%. Sont notamment concernés ici des secteurs comme le textile, l'agro-alimentaire, l'édition et l'imprimerie, la production de bois et de papier, la métallurgie, les matières plastiques, la construction. • La vieille économie n'a qu'un poids limité dans l'économie bruxelloise, avec à peine 3%. Il s'agit de secteurs industriels à forte intensité de connaissances comme l'industrie pharmaceutique et les appareillages médicaux. Ce secteur est encore relativement dynamique dans la BMR. Points forts et secteurs faibles sous la loupe Parmi tous ces secteurs, ce sont les services financiers et les télécommunications qui performent le mieux. Le secteur chimique (surtout l'industrie pharmaceutique) demeure encore relativement dynamique. Les services aux entreprises sont relativement bien développés à Bruxelles, mais croissent moins que dans la plupart des autres régions urbaines européennes. La croissance de la BMR fait réellement piètre figure dans le secteur des transports et dans ceux de l'horeca, du tourisme et de la culture. • Dans le domaine des services financiers, la BMR se situe bien au regard des autres grands centres financiers, estime BAK. Seules Londres, Zürich et Luxembourg sont encore plus spécialisées dans les services financiers. Les services financiers y ont également connu une croissance relativement soutenue, de plus de 5% l'an au cours des dix dernières années. De toutes les régions urbaines étudiées, seules Londres et Édimbourg font mieux. Dans la BMR, la croissance des services financiers est pour ainsi dire exclusivement associée à une augmentation de la productivité et non à un accroissement de l'emploi. • Dans la BMR, la poste et les télécommunications sont relativement plus importants que dans les autres régions urbaines européennes, avec un poids d'environ 4%. Il n'y a qu'à Stockholm que ce secteur affiche une importance relative supérieure. Ces dix dernières années, la BMR a réalisé dans ces secteurs une forte croissance annuelle, proche de 10%, qui la met en tête du classement européen. • Les services aux entreprises sont très présents à Bruxelles (où ils constituent le plus important des secteurs privés). Ce secteur a connu une croissance correcte, en moyenne de 4%, au cours des 10 dernières années. Mais avec ce rythme de croissance, la BMR se trouve plutôt à l'arrière du peloton des régions urbaines européennes. • Frappante est la croissance négative réalisée ces dix dernières années par la BMR dans les secteurs des hôtels et restaurants, du tourisme et de la culture. Dans ces secteurs, la BMR est, parmi les régions européennes étudiées, celle qui réalise les performances les plus faibles. Qui plus est, le poids relatif de ces secteurs pour l'économie de la BMR demeure très limité. Il existe donc encore ici un énorme potentiel de croissance. • Le secteur des transports est relativement important dans la BMR mais a, lui aussi, connu une croissance négative ces dernières années. La BMR se trouve ici en queue du peloton européen. Seule Stockholm fait moins bien. Opportunités et menaces • Le cabinet d'études suisse caractérise la BMR comme un hub pour les services financiers et commerciaux à forte valeur ajoutée. Ces services sont le moteur d'une économie très productive et à forte intensité de connaissances. La BMR occupe une bonne position de départ pour poursuivre son positionnement international dans ces secteurs de croissance. Comparée à d'autres régions européennes, la BMR offre du reste un très bon accès international, précise BAK. Mais une des menaces réside au niveau de l'offre de main-d'œuvre qualifiée dont ces secteurs ont besoin. Actuellement, la demande est encore relativement bien rencontrée au sein de la BMR. La proportion de personnes hautement qualifiées est parmi les plus élevées parmi l'échantillon étudié. Moins positif est le niveau d'imposition particulièrement élevé du travail hautement qualifié dans la BMR, comme le confirme une fois de plus l'étude BAK. Qui plus est, ces personnes hautement qualifiées sont souvent très mobiles à l'échelon international, et en dehors du régime fiscal, elles se laissent aussi guider par la qualité de la vie et l'offre en matière de culture et de loisirs. Or, sur ce point, la BMR ne dispose pas d'une bonne image au plan international. Bref, la BMR se trouve confrontée à un défi majeur si elle veut continuer à attirer de nouveaux talents. • Les secteurs à haute intensité de main-d'œuvre comme les transports, l'horeca et le tourisme, mais aussi le commerce, sont relativement sous-développés dans la BMR. Il existe donc encore ici un grand potentiel de croissance avec, du reste, d'importants effets positifs potentiels pour le développement ultérieur de la BMR en tant que centre financier ou d'affaires et sa position dans la "war for talent". L'accessibilité internationale de la BMR constitue également un atout à cet égard. La BMR dispose aussi par ailleurs d'une réserve importante de travailleurs faiblement qualifiés qui pourraient être mobilisés à cette fin. Mais cela nécessitera de relever le niveau de formation existant. Comparée avec d'autres régions urbaines européennes, la BMR souffre en outre d'un manque de flexibilité et de mobilité sur le marché du travail. Bref, la BMR se trouve confrontée au défi de mobiliser sa réserve de main-d'œuvre faiblement qualifiée pour le développement d'activités urbaines à haute intensité de travail.