G. APOLLINAIRE et la guerre

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G. APOLLINAIRE et la guerre
Guillaume APOLLINAIRE, Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-­‐Kostrowicki1, né le 26 août 1880 à Rome , mort le 9 novembre 1918 à Paris, poète et écrivain français, né polonais, sujet de l'Empire russe. Il tenta de s'engager dans l'armée française en août 1914, mais le conseil de révision ajourna sa demande car il n'était pas de nationalité française. Sa seconde demande en décembre 1914 fut acceptée, ce qui initia sa procédure de naturalisation. Peu avant de s'engager, il tomba amoureux de Louise de Coligny-­‐Châtillon, rencontrée à Nice en septembre 1914, qu'il surnomma Lou. Rapidement, Guillaume dut partir au front. Une correspondance naquit de leur relation. En 1916 il est blessé à la tempe d'un éclat d'obus puis trépané Une fois rétabli de son opération et ce, jusqu’à sa mort et en toutes circonstances, Apollinaire va continuellement se présenter dans sa tenue d’ancien combattant médaillé, la tête bandée bien en évidence. « Sur sa tête, le turban de toile était maintenant remplacé par un cabochon de cuir que maintenait une courroie et, coiffé d’un haut bonnet de police, il circulait à travers Paris, faisant admirer sa majestueuse prestance et son impérieux profil»(dixit André Billy) "Portrait prémonitoire de Guillaume Apollinaire " Giorgio de Chirico,1914 huile sur toile 81,5 x 65 M. N. A. M. , Paris Ce tableau, vraisemblablement intitulé "Homme-­‐cible" lors de sa création, n’a acquis son titre définitif qu’après la blessure de Guillaume Apollinaire en 1916, que De Chirico avait, en quelque sorte, annoncée. Cette coïncidence a été interprétée comme un signe du destin par Apollinaire lui-­‐même, ainsi que par les Surréalistes enclins à reconnaître chez De Chirico des facultés visionnaires. -­‐> Expli du tableau Apollinaire soldat en 1916 Louise de Coligny-­‐ Chatillon Reconnais-­‐toi Cette adorable personne c'est toi Sous le grand chapeau canotier Oeil Nez La bouche Voici l'ovale de ta figure Ton cou exquis Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré vu comme à travers un nuage Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat Guillaume Apollinaire, Calligramme poème du 9 février 1915 -­‐> rechercher la définition de "calligramme"
L'amour est libre il n'est jamais soumis au sort O Lou le mien est plus fort encore que la mort Un coeur le mien te suit dans ton voyage au Nord Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie On aime en recevoir dans notre artillerie Une par jour au moins une au moins je t'en prie Lentement la nuit noire est tombée à présent On va rentrer après avoir acquis du zan Une deux trois À toi ma vie À toi mon sang La nuit mon coeur la nuit est très douce et très blonde O Lou le ciel est pur aujourd'hui comme une onde Un coeur le mien te suit jusques au bout du monde L'heure est venue Adieu l'heure de ton départ On va rentrer Il est neuf heures moins le quart Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard Guillaume  Quel est le procédé utilisé ici ? APOLLINAIRE et la guerre ( petit florilège) Explications en classe La nuit d'avril 1915 À L. de C.-­‐C. Le ciel est étoilé par les obus des Boches La forêt merveilleuse où je vis donne un bal La mitrailleuse joue un air à triples-­‐croches Mais avez-­‐vous le mot Eh ! oui le mot fatal Aux créneaux Aux créneaux Laissez là les pioches Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient Entends chanter les nôtres Pourpre amour salué par ceux qui vont périr Le printemps tout mouillé la veilleuse l'attaque Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque Couche-­‐toi sur la paille et songe un beau remords Qui pur effet de l'art soit aphrodisiaque Mais orgues aux fétus de la paille où tu dors L'hymne de l'avenir est paradisiaque Si je mourais là-­‐bas... Si je mourais là-­‐bas sur le front de l'armée Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-­‐aimée Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l'armée Un bel obus semblable aux mimosas en fleur Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace Couvrirait de mon sang le monde tout entier La mer les monts les vals et l'étoile qui passe Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace Comme font les fruits d'or autour de Baratier Souvenir oublié vivant dans toutes choses Je rougirais le bout de tes jolis seins roses Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants Le fatal giclement de mon sang sur le monde Donnerait au soleil plus de vive clarté Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde Un amour inouï descendrait sur le monde L'amant serait plus fort dans ton corps écarté Lou si je meurs là-­‐bas souvenir qu'on oublie -­‐ Souviens-­‐t'en quelquefois aux instants de folie De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -­‐ Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie Ô mon unique amour et ma grande folie a nuit descend n y pressent n long destin de sang Guillaume APOLLINAIRE, Poèmes à Lou (1947) poème composé en janvier 1915 (1) Baratier : général français mort au combat en 1917. Tristesse d'une étoile Une belle Minerve est l'enfant de ma tête Une étoile de sang me couronne à jamais La raison est au fond et le ciel est au faîte Du chef où dès longtemps Déesse tu t'armais C'est pourquoi de mes maux ce n'était pas le pire Ce trou presque mortel et qui s'est étoilé Mais le secret malheur qui nourrit mon délire Est bien plus grand qu'aucune âme ait jamais celé Et je porte avec moi cette ardente souffrance Comme le ver luisant tient son corps enflammé Comme au cœur du soldat il palpite la France Et comme au cœur du lys le pollen parfumé Calligrammes 1918