Bloody Birthday

Transcription

Bloody Birthday
accumulée depuis le début de la charge : un
coup à l’estomac, l’autre au foie.
– Viens !
La jeune femme ne réagissait pas,
tétanisée devant le policier qui suffoquait à
ses pieds. Karl l’attrapa par la main et
l’entraîna derrière lui.
– Dépêche-toi !
Ils quittèrent rapidement l’avenue et, sans
cesser de courir, contournèrent Beaubourg
par un réseau de ruelles. Difficile de passer
inaperçus. Les passants se retournaient sur
leur passage. Malgré le mouchoir qu’elle
tenait plaqué sur son front, la jeune femme
avait le côté gauche du visage couvert de
sang. Karl hésitait, il avait fait ce qu’il pouvait
pour la sortir d’affaire. Séparés, ils se
feraient moins remarquer. Il avait pris assez
de risques, elle pouvait se débrouiller toute
seule. Brusquement il lui lâcha la main et se
précipita vers un immeuble où un gamin
peinait à sortir son vélo. Il lui tint la porte et
le regarda s’éloigner en souriant.
La jeune femme le rejoignit en soufflant.
– C’est ici que tu habites ?
C’était la première fois qu’il entendait sa
voix.
– Non, tu vas m’attendre ici, murmura-t-il
en entrant dans le hall. On va finir par se faire
repérer. Je vais chercher de quoi te nettoyer.
Je reviens tout de suite. Je taperai trois petits
coups à la porte…
Lorsqu’il revint, un quart d’heure plus tard,
il faisait presque nuit. Les jours
raccourcissaient à grands pas. Avec ses deux
ou trois réverbères vacillants, le petit passage
sympathique entre les immeubles paraissait
sordide. Il frappa discrètement. Aucune
réponse. Recommença un peu plus fort,
secoua la porte. Toujours rien.
Merde ! Du sang sur la poignée. Il en avait
aussi sur la main et la manche de sa veste.
C’était pour ça que la caissière le regardait de
travers dans la supérette. Il frappa une
dernière fois. Tant pis… Inutile de se faire
repérer. La petite Pomme en avait eu marre
d’attendre et elle avait mis les bouts. Il avait
acheté tout ce bazar pour rien. Il s’éloigna. Ça
suffisait ! Assez pris de risques ! Il avait déjà
évité une patrouille de flics de justesse.
Heureusement son sac de courses les avait
bluffés et ils ne s’étaient pas attardés sur sa
tronche. Si la brunette avait été avec lui,
ç’aurait été une autre paire de manches !
Il revint malgré tout sur ses pas. Il ne se
sentait pas tranquille. Encore un de ses foutus
pressentiments. Il ferait mieux de se barrer. Il
avait fait ce qu’il pouvait. Qu’est-ce qui lui
avait pris aussi de se farcir le flic ? Il aurait
pu se casser sans problème en la laissant se
dépatouiller toute seule. Elle aurait été quitte
pour un passage au poste suivi d’un ou deux
points de suture à l’hosto…
Il était trop impulsif. Avec ses conneries,
il risquait de faire foirer leur plan. Jusqu’ici
pourtant tout roulait. Il regarda la porte.
Frappa trois coups secs. Que s’était-il passé ?
Il n’aimait pas ça. Et si elle avait viré de
l’œil ? Après un tel coup sur la tête, c’était
pas impossible. Une rupture d’anévrisme ?
Putain, si jamais elle avait passé l’arme à
gauche… La porte s’ouvrit brusquement. Il
recula. Un couple sortit en le dévisageant
puis, toujours sans le quitter des yeux,
l’homme tira soigneusement le battant.
Grillé…
Karl s’écarta, les regarda s’éloigner et prit
la direction opposée. Au moins un problème
de réglé : la brunette n’avait pas claqué dans
les escaliers… Il n’arrivait cependant pas à se
détendre. Cassandre avait raison, cette idée
d’aller faire un tour à la manif était une
connerie. Les flics devaient être sur le pied
de guerre. Ils supportaient mal de voir un des
leurs au tapis, même si, de leur côté, ils s’en
donnaient à cœur joie. Il devait dégager, il
devait quitter le quartier en vitesse. La ruelle
se resserrait, au point qu’il aurait pu toucher
les deux côtés en écartant les bras. Il pressa
le pas, vira à droite dans une petite cour mal
éclairée et, l’apercevant trop tard, manqua
renverser la silhouette dissimulée dans
l’angle.
– Tu es revenu ? s’écria la brunette en
rangeant précipitamment son portable.
– Je t’avais dit de m’attendre dans
l’entrée ! grogna-t-il.
– J’ai entendu quelqu’un descendre. J’ai eu
peur, j’ai pensé… J’ai préféré sortir en

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