Faut-il le croire? Le Maroc classé 13ème mondial pour l

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Faut-il le croire? Le Maroc classé 13ème mondial pour l
Faut-il le croire? Le Maroc classé 13ème mondial
pour l'entreprenariat féminin
Le Maroc serait classé au treizième rang des pays les plus favorables à
l'entreprenariat féminin, selon une étude commandée par Dell.
es chiffres sont à relativiser, d'abord parce que l'étude, rendue publique le 4 juin
C
dernier, ne porte que sur 17 pays, et que le score du Maroc est de 38/100, mais surtout
au vu des critères flous retenus par l'index qui ne semble pas refléter la réalité de
l'environnement économique marocain.
Le Maroc offre-t-il aux femmes les conditions idoines pour créer une entreprise ?
Dans une économie qui se veut libérale et émergente, la question mérite d'être posée.
Selon l'index Mundi, le Maroc comptait en 2011 une femme pour 0,97 homme. Une
légère supériorité qui rejoint la moyenne mondiale, mais qui rappelle surtout que le
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développement socio-économique des Marocains ne peut se faire sans celui des
Marocaines.
epuis l'accession au trône du Roi Mohammed VI, la condition féminine au Royaume a
D
été marquée par de notables améliorations, notamment sur le plan civil. Certes, le bilan
actuel demeure encore insatisfaisant sur bien d'autres questions de droit objectif.
Mais force est de constater que les plus grands bonds en avant ont été observés dans
les zones rurales où les femmes réunies en coopératives ont gagné leur
indépendance financière et amélioré leur statut social.
«L'entreprenariat féminin est un moteur de prospérité pour les pays qui
investissent dans leur bien-être national et leur compétitivité», rappelle Allison Dew,
vice-présidente et directrice marketing chez Dell. Le géant de l'ordinateur, à l'origine de
cette étude, a présenté le classement de ces 17 pays lors d'une conférence tenue à
Istanbul à l'occasion de la quatrième édition du DWEN (Dell Women's Entrepreneur
Network), le 4 juin.
Basée sur l'index Gender GEDI, cette étude place le Maroc au 13e rang avec un
score de 38 points sur 100, devant le Brésil, l'Egypte, l'Inde et l'Uganda. Au top 5,
figurent les Etats-Unis (76 points), l'Australie (70 points), l'Allemagne (63 points), la
France (56 points) et le Mexique (55 points).
Ce classement ne reflète pas réellement le positionnement mondial du Maroc sur
la question, puisqu'il ne comprend que 17 pays représentant les différentes régions
économiques. Ce qui intéresse la situation des femmes d'affaires marocaines relève
surtout du score obtenu. Basé sur trente indicateurs retenant les aspirations individuelles,
l'environnement professionnel et l'écosystème entreprenarial, ce score de 38/100 est
plutôt décevant. Mais il ne faut pas pour autant le prendre au pied de la lettre.
n effet, l'étude rappelle qu' il n'existe pas de critère unique pour déterminer les
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pays les plus favorables à l'entreprenariat féminin. D'ailleurs, des pays aux scores
proches présentent des spécificités en fonction des critères retenus. Le Maroc, qui a
recueilli un score beaucoup plus élevé au classement général GEDI qu'au niveau du
classement touchant au genre, offre aux femmes un environnement d'affaires
moyennement propice (45/100) bien que le niveau des aspirations personnelles à
entreprendre ainsi que celui de l'écosystème demeurent particulièrement bas.
Contactée par Médias 24, Ilham Zhiri, présidente du Réseau des femmes pour le
mentoring et le networking, a accepté de les commenter.
«Ces chiffres ne sont pas tellement représentatifs de la réalité économique, même
s'il faut saluer un certain engouement pour l'entreprenariat féminin», nous explique-t-elle.
Si de nombreuses initiatives favorisant l'entreprenariat ont été mises en place au Maroc,
notamment les programmes de soutien aux entreprises développés par l'ANPME
(Agence Nationale pour la promotion des Petites et Moyennes Entreprises), qui devrait
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prochainement présenter un benchmark sur l'entreprenariat féminin dans la région
MENA.
me Zhiri rappelle toutefois qu'à l'heure actuelle, il n'existe pas de structure qui
M
favorise l'entreprenariat féminin. «Beaucoup de choses restent à faire, à commencer
par la mise en place de programmes dédiés». Le manque de statistiques sur la question
(les dernières remontent à 2004) est également un indicateur d'une prise en compte
quasi-absente de l'entreprenariat féminin.
«Les clés de réussite pour la femme chef d'entreprise sont le réseautage, l'accès
au financement et le mentoring», résume-t-elle. Mais il ne s'agit pas là d'un cas isolé :
déjà la vice-présidente de Dell expliquait que «beaucoup de femmes chefs d'entreprises
trouvent encore des difficultés à accéder au financement, aux technologies, aux réseaux
et au savoir-faire nécessaires à la croissance d'une entreprise».
Quelques avancées sont toutefois à relever, notamment la reconnaissance de la
coopérative en tant que TPE (très petite entreprise), qui demeure la forme juridique
préférée des entrepreneures marocaines. Pour autant, tout reste à faire selon la militante
marocaine : «L'entreprenariat féminin au Maroc dispose d'un grand potentiel qui mérite
reconnaissance, mise en valeur et encouragement. Avant tout, il faut mutualiser nos
stratégies pour installer un dialogue national qui passe nécessairement par un
partenariat entre les organismes publics et privés, mais qui intègre également la société
civile».
Elle préconise également une budgétisation au niveau des ministères en faveur de
l'entreprenariat féminin. Si d'autres réformes priment, les pouvoirs publics ne sont pas
totalement insensibles à la question : hier jeudi 6 juin, le ministre de l'Economie et des
Finances, Nizar Baraka, et la représentante de l'ONU-Femmes au Maghreb, Leila Rhiwi,
ont signé une convention de partenariat portant sur la création d'un centre dédié à la
budgétisation sensible au genre (CE-BSG). Un premier pas qui annonce la volonté de
l'Etat de miser sur ses femmes pour booster les affaires du pays.
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