Fabiana Cozza: “Partir”, du Brésil à l`Afrique

TROPICALIA FM – DANIEL ACHEDJIAN
19 juin 2015
Fabiana Cozza: “Partir”, du Brésil à l’Afrique
Elle a le don de toutes les sambas
Catégories: Croniques d'albums | Croniques de concerts
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
C’est par un heureux hasard que j’avais acquis le premier album de Fabiana Cozza, «O
Samba é meu dom» conseillé, comme au bon vieux temps, par le vendeur d’un célèbre
magasin de disque maintenant disparu (Modern sound), de Rio de Janeiro. Il avait suffit
d’écouter la plage titulaire composée par Wilson das Neves/ P.C. Pinheiro, pour se
rendre compte qu’on avait affaire à une chanteuse hors normes, à tel point que
j’imaginais Fabiana plus âgée, avec déjà quelques années de route sur le circuit pauliste
(sa photo n’apparaissait pas sur le cd).[...]
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Deux ans plus tard, je réalisais une interview dans sa maison de São Paulo, et je me
retrouvais devant une jeune femme joviale, qui défendait «bec et ongle», la samba de sa
ville, qui n’avait rien à envier à celle de Rio de Janeiro. J’eu droit à regarder quelques
«shootings» du dvd en préparation qui allait sortir quelques mois plus tard.
Entre-temps, elle avait enregistré «Quando o céu clarear» (2009), qui flirtait déjà
davantage avec les rythmes de la samba de Bahia, ayant quelques noms renommés,
comme Roque Ferreira ou Gerônimo. Flirt qui se faisait plus intense dans le dvd que
j’évoquais, et qui vit le jour en 2009.
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Sur «Fabiana Cozza» (2011), la chanteuse à la voix puissante et limpide, diversifiait
son répertoire, voyageant tant à Bahia (Roque Ferreira) et Rio (Elton Medeiros,
Sombrinha, Wilson das Neves) que São Paulo (Kiko Dinucci), avec un égal bonheur,
sans rompre l’homogénéité du répertoire.
Depuis «O Samba é meu dom», on ne pouvait s’empêcher de penser à Clara Nunes qui,
avec son talent, avait le don d’interpréter les sambas des différentes régions du pays
avec force et clarté.
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Mais dans son nouvelle album, «Partir», Fabiana Cozza prend s’éloigne vers les
chemins de Salvador, et des terres africaines, voire de Cuba sur Borzeguita (Léandro
Medina).
Comme pour le show du lancement de l’album, c’est en mode mélodique et une certaine
retenue que la chanteuse ouvre le répertoire avec des titres comme Velhos de coroa
(Sérgio Pereré), Entre o mangue e o mar (Alzira E/ Arruda) ou Chicala (João
Cavalcanti), avant d’accélérer le rythme avec la prédominance de la samba du
Recôncavo, défendu avec force dans tout le Brésil par l’excellent compositeur Roberto
Mendes, qui participe à 5 compositions de l’album. Mendes, qui offre depuis déjà
longtemps quelques perles au répertoire de Maria Bethânia. Celle-ci, par ailleurs, écrit
le texte de présentation du cd physique.
Swammi Jr, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
En réalité, ce n’est qu’avec Fim de dança (Vidal Assis/ Moyéis Marques) ou O Samba é
meu dom, au milieu du show, que l’on revient un instant vers une samba plus
traditionnelle. Mais ce n’est qu’un bref détour, puisque, la chanteuse , qui a occupé la
scène plus sobrement la scène (le plus souvent derrière le microphone, interprétant tout
en subtilité et sans abuser de sa puissance vocale) aborde les terres africaines avec 2
titres du banianais Tigana Santana (Mama Kalunga et Le Mali chez la carte invisible),
et des parfums du Cap Vert ou d’Angola.
«Partir», le show, est moins théâtral et plus sobre que ses tournées précédentes, mais on
reste conquis par la beauté mélodique du nouveau disque, l’inteprétation souvent
envoûtante, et l’orchestration qui se basent uniquement (pour le concert) sur les 3
guitaristes (dont Swammi Jr, producteur de l’album) différentes et les percussions.
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Fabiana Cozza, 18-06, Sesc Vila Mariana (sp)-(photo Daniel Ach)
Fabiana Cozza est bien une diva qui n’a pas eu besoin de quelques années pour
continuer la filiation des grandes chanteuses de traditions, à l’aise tant les tons
dramatiques comme ceux légers et subtils.
Fabiana Cozza: «Partir» - Agô produções- (Excellent!)