pAtRiCk olivA VIolON - Conservatoire de Paris
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pAtRiCk olivA VIolON - Conservatoire de Paris
DR : Mario Chaix pAtRiCk olivA VIolON ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 1 patrick oliva a étudié le violon à la Haute École de Musique de Genève où il obtient un Diplôme de Concert dans la classe de Margarita piguet-karafilova, puis un Diplôme de pédagogie. sa rencontre avec Michel kiener, claveciniste et piano-fortiste, associée à un intérêt particulier pour l’exécution des œuvres baroques et classiques le pousse à se spécialiser au Centre de musique ancienne de la HeM auprès de Florence Malgoire, puis au Conservatoire de paris en 2010, dans la classe de François Fernandez. il participe aux ateliers d’orchestre proposés par le Jeune orchestre Atlantique, l’orchestre Français des Jeunes Baroque, l’Académie de la Chaise-Dieu, l’Académie des vingt-quatre violons du Roi, et est stagiaire aux Arts Florissants, ce qui lui donne l’occasion de travailler auprès de personnalités musicales de premier plan telles que Gabriel Garrido, William Christie, Alessandro Moccia, paul Agnew et patrick Cohën-Akenine. Depuis 2008, il joue avec de nombreux ensembles : les paladins (Jérôme Correas), opera Fuoco (David stern), orfeo 55 (nathalie stutzmann) et l’ensemble Baroque du léman. il donne également de nombreux concerts en formations réduites. en 2013, il collabore avec la compagnie de danse Fantaisies Baroques autour d’un spectacle consacré à Jean de la Fontaine. plaçant la spontanéité et l’imagination au centre de ses préoccupations musicales, patrick oliva se passionne pour l’ornementation et l’improvisation, avec un intérêt particulier pour le répertoire du Xviiie siècle italien. sa démarche reçoit le soutien de la Fondation Meyer. il est également lauréat-boursier de Mécénat Musical société Générale pour l’année 2012-2013. Camille DelafOrge Diplômée du Conservatoire de paris, Camille Delaforge étudie auprès de Blandine verlet puis d’Élisabeth Joyé avant d’intégrer la classe d’olivier Baumont et de Blandine Rannou. elle travaille avec orfeo 55 (nathalie stutzmann), Matheus (Jean-Christophe spinosi), les Arts Florissants (William Christie), et joue avec l’orchestre de Radio France sous la direction de ton koopman. elle se produit également au piano-forte et assume la direction musicale de projets tant au clavecin qu’au piano-forte. elle crée en 2011 l’ensemble il Caravaggio, tourné vers le répertoire baroque. elle enseigne le clavecin et la basse continue au CRR de versailles et intervient lors d’académies d’été en tant que chef de chant auprès de Robert expert et isabelle Desrochers. Clément Geoffroy né à loudéac, Clément Geoffroy commence le clavecin à huit ans au CRR de nantes dans la classe de Jocelyne Cuiller. Après avoir obtenu son DeM, il part étudier à paris auprès de Bertrand Cuiller et de Frédéric Michel. il intègre ensuite, au Conservatoire de paris, les classes de clavecin d’olivier Baumont, de basse continue de Blandine Rannou et de musique de chambre de kenneth Weiss. il obtient son Master en 2013 et se perfectionne actuellement au CRR de paris dans la classe de chef de chant de stéphane Fuget. Curieux par nature, il a étudié la viole de gambe pendant six ans, s’intéresse au piano-forte et au clavicorde, et n’hésite pas à monter à la tribune d’un bel orgue quand l’occasion se présente. en novembre 2011, il remporte le premier prix au Concours de clavecin paola Bernardi de Bologne. Continuiste très demandé, Clément Geoffroy a déjà eu la chance de collaborer avec plusieurs ensembles comme la Rêveuse, stradivadia, la Chapelle Rhénane, les surprises. il a également joué sous la direction de paul Agnew et de lionel sow au Conservatoire de paris. il est membre fondateur de l’escadron volant de la Reine, actuellement en résidence à la Fondation singer-polignac, et s’ouvre à de nouveaux horizons en jouant régulièrement à deux clavecins avec loris Barrucand. il est aussi professeur de clavecin aux conservatoires de vannes, lucé et Franconville et accompagnateur au pôle sup’93. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 2 antoine Touche né en Bretagne, il commence le violoncelle à l’école de musique de saint-Malo dans la classe d’Aldo Ripoche. il poursuit ses études au CRR de Boulogne-Billancourt dans la classe de Xavier Gagnepain. C’est durant cette période qu’il se découvre une passion pour la musique baroque en participant à divers projets de musique chambre au sein du département de musique ancienne. Après avoir obtenu son DeM à Boulogne, il étudie le violoncelle baroque à la Hochschule de leipzig dans la classe de Balázs Máté. À son retour, il décide de se consacrer entièrement à la musique ancienne et intègre le CRR de versailles dans la classe d’ophélie Gaillard. il participe alors à de nombreux projets avec la maîtrise du Centre de Musique Baroque de versailles. la même année, il commence également l’étude de la viole de gambe avec emmanuelle Guigues et Guido Balestracci. en 2011, il entre au conservatoire du 7e arrondissement de paris où il travaille avec le violoncelle avec emmanuel Balssa et la viole de gambe avec Christine plubeau. Actuellement, Antoine touche est au Conservatoire de paris ou il étudie avec Christophe Coin et Bruno Cocset. il se produit régulièrement en concert dans la région parisienne et en Bretagne, au sein de différentes formations. Geneviève Koerver née au sein d’une famille de musiciens, Geneviève koerver débute ses études de violoncelle à l’âge de huit ans. À seize ans, elle entre à la purcell school of Music en Angleterre chez Michal kaznowski, violoncelliste du quatuor Maggini. Deux ans plus tard, elle intègre le Royal College of Music à londres où elle obtient un Bachelor ainsi qu’un Master dans les classes d’Alexander Boyarsky, thomas Carroll et de Catherine Rimer pour le violoncelle baroque. elle a participé à des master-classes de violoncelle et musique de chambre données, entre autres, par Bernard Greenhouse, Marie Hallynck, Maria kliegel, Raphaël Wallfisch, sir Roger norrington, ainsi que les quatuors Maggini et Chilingiran. C’est à la suite d’une merveilleuse expérience au sein de l’orchestre Révolutionnaire Romantique de John eliot Gardiner que Geneviève koerver décide d’entreprendre des études de violoncelle baroque. elle a ainsi intégré la classe de violoncelle baroque de Christophe Coin et Bruno Cocset au Conservatoire de paris en septembre dernier. en parallèle, Geneviève est régulièrement appelée à travailler avec des orchestres en France et en Belgique en tant que tuttiste et co-soliste. Au cours de l’année 2011, Geneviève a débuté dans le monde du spectacle avec des danseurs et un quatuor à cordes et cette année elle renouvelle l’expérience mais cette fois avec les arts de la parole. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 3 l’iMAginAiRe GalANt aperçu de l’ornementation pour violon en europe, au milieu du Xviiie siècle l’ornementation et l’improvisation sont deux pratiques souvent négligées dans l’exécution et dans l’apprentissage actuel de la musique classique occidentale, particulièrement pour les instruments mélodiques comme le violon : trop de risques sur une scène de concert, peu ou pas de cours dans les conservatoires. la plupart des interprètes n’accordent à ces disciplines qu’une importance mineure, laissant de facto à la partition et à la notation musicale une place quasi hégémonique. Au départ simple vecteur de l’idée musicale, la partition a pris plus d’importance que l’idée même du compositeur. l’écrit n’étant en soi pas soumis à l’évolution et au changement, le musicien qui n’a pour objectif que de rendre à l’auditeur le texte qu’il a devant les yeux dans sa version la plus épurée court le risque de figer son interprétation. Ce type de démarche peut à long terme nuire à l’œuvre elle-même en la normalisant et en la stérilisant. Quel dommage alors de se priver de ces savoirfaire certes difficiles à maîtriser, mais qui inscrivent l’interprétation dans le temps présent, rendant chaque seconde de musique unique et éphémère. la musique prend vie, l’interprète trouve toute sa place au sein de la création musicale, s’appuyant sur la partition lorsqu’il en ressent le besoin, mais pouvant s’en affranchir pour proposer une vision personnelle de l’œuvre. Au Xviiie siècle, les compositeurs étaient souvent de très bons musiciens et, pour certains, des improvisateurs hors pair (Jeansébastien Bach était connu pour ses talents en la matière). ils avaient bien conscience que les interprètes s’approprieraient leurs œuvres en les parant de nombreux ornements. elles contiennent souvent des embellissements notés par le compositeur lui-même. Certains le font pour prémunir leurs pièces d’excès de zèle de la part des interprètes, d’autres pour en accroître la virtuosité. Mais les concertos et sonates écrits dans cette période invitent la plupart du temps l’exécutant à enrichir les lignes mélodiques des mouvements lents, et/ou à pimenter les mouvements vifs de trilles et ornements rapides en tous genres. Ceci est particulièrement vrai pour le répertoire italien. frAncesCo GeMiNiAni (1687, lucques – 1762, Dublin) Francesco Geminiani (1687, lucques – 1762, Dublin), s’établit à londres après ses études en italie. il effectue alors plusieurs séjours à paris. le contact avec les musiciens français lui permet d’appréhender l’agrémentation française. Dans son traité A Treatise of Good Taste in the Art of Musick (1749), il dresse une table d’ornements comme ses homologues d’outre-Manche. les sonates opus 4, publiées en 1739 à londres, existent également sous forme de concerti grossi. elles portent un grand intérêt aux possibilités expressives du violon. le contrepoint est délaissé au profit d’un langage plus homophonique, l’une des marques du nouveau style galant. l’influence française y est clairement décelable, non seulement par la présence de rondos et de mouvements nommés air tendre, mais également à travers le style d’ornementation que Geminiani emploie. on y retrouve certes des traces des ornements typiques de l’école italienne, mais il utilise le plus souvent une agrémentation à la française pour embellir ses mouvements lents. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 4 Au Xviii e siècle en europe, il est donc de bon ton d’orner. se pose dès lors le problème de savoir comment s’y prendre. les Anciens sont assez unanimes sur cette question : le meilleur moyen est d’écouter, puis d’imiter les interprètes doués en la matière. excellente réponse pour un apprenti du siècle des lumières, mais sans grande aide pour nous, car peu de musiciens ou chanteurs actuels ont approfondi la question. Fort heureusement, certains grands maîtres ont laissé des exemples qui nous aident à appréhender cet art trop longtemps mis à l’index. Cet enregistrement a été réalisé dans ce but : montrer et confronter les manières différentes développées par les grands violonistes du Xviiie siècle pour embellir les œuvres qu’ils jouaient. l’art de l’ornementation est cependant loin d’être l’apanage du Xviii e siècle. Des traces écrites de ces pratiques sont présentes aux Xvi e et Xviie siècles avec des traités comme le Tratado de glosas (Rome, 1553) de Diego ortiz, les Ricercati, passaggi et cadentie per potersi esercitar nel diminuir terminatamente con ogni sorte d’Istrumento (venise, 1585) de Giovanni Bassano, ou bien Selva de varii passaggi (Milan, 1620) de Francesco Rognoni. en France, le traité de Bertrand de Bacilly, Remarques curieuses sur l’art de bien chanter (paris, 1668), donne de précieuses indications sur l’art d’agrémenter pour les chanteurs. il s’agit là d’une toute autre façon d’orner que la manière italienne, l’agrément servant de décoration à une note précise (ornementation pointilliste), alors que la diminution remplit un intervalle. Au siècle suivant, les ornementations publiées par Étienne Roger à Amsterdam en 1710 sur les Sonate a violino e violone o cembalo opus 5 d’Arcangelo Corelli donnent certainement le meilleur exemple de ce à quoi peut ressembler l’ornementation italienne à cette période. en France, l’agrémentation est toujours préférée. les compositeurs mettent parfois à disposition des exécutants une « table d’ornements » expliquant les signes utilisés pour signaler un ornement. les musiciens allemands proposent quant à eux d’autres façons d’orner, plus ou moins inspirées de ces deux Écoles, comme Georg philipp telemann qui, avec ses Methodische Sonaten (Hambourg 1728), invente un style mêlé où se côtoient les caractéristiques italiennes et, dans une moindre mesure, françaises. l’art de l’ornementation s’étend tout au long du siècle et voit le style italien gagner en virtuosité, le style français s’italianiser avec l’introduction progressive du violon et du violoncelle, et le style allemand développer son propre langage ornemental. les quatre violonistes et compositeurs dont les œuvres sont présentées ici appartiennent à cette génération. ils ont chacun une approche spécifique et singulière de la façon dont on peut embellir une partition. la sonate n°4 en do majeur est un parfait exemple de ce mélange de styles : elle suit le schéma italien de la sonate d’église (AdagioAllegro-Affettuoso-Allegro). le premier mouvement se termine sur une demi-cadence qui ouvre sur un Allegro théâtral et virtuose. le tendre Affettuoso en la mineur apporte alors un contraste saisissant. le dernier Allegro en 3/8 conclut l’œuvre sur un ton jovial et humoristique. la particularité de cette sonate réside dans son ornementation, que Geminiani a pris soin d’indiquer dans la partition. Dans le premier mouvement, quelques traits typiquement italiens sont à relever, mais la plupart des agréments, notés en caractères plus petits, sont centrés autour d’une seule note. s’ils sont légèrement différents de ceux utilisés en France, leur utilisation est similaire. l’Affettuoso quant à lui est une tendre sarabande qui ne cache rien de ses influences françaises. les mouvements vifs ne sont que peu ornés, comme cela se pratique traditionnellement dans le style italien. Giuseppe tARtini 1692, pirano – 1770, padoue giuseppe tartini : première page de l’Adagio varié. gravure réalisée par Mlle Potel Fem callaudaux, montrée en annexe de la méthode de violon publiée par Jean-Baptiste cartier à Paris en 1798. l’ornementation de Giuseppe tartini (1692, pirano – 1770, padoue) allie l’héritage des diminutions italiennes de Corelli et une agrémentation des notes poussée à l’extrême. Des exemples écrits montrent la façon dont ce violoniste variait les mouvements lents de ses sonates ou concertos. les auteurs sont souvent des copistes ayant travaillé avec tartini, ou bien ses propres élèves. l’Adagio orné de plusieurs manières différentes est publié en annexe d’une méthode de violon intitulée L’Art du violon, (paris, 1798) par Jean-Baptiste Cartier. on y trouve cet Adagio extrait d’une des sonates du maître soumis à dix-sept ornementations toutes plus exubérantes les unes que les autres. les mordants, les trilles, les appoggiatures envahissent littéralement la ligne mélodique. Derrière ce foisonnement, on observe une certaine logique dans la manière de varier les différents passages. tartini, à l’instar de ses contemporains, utilise un riche système ornemental. Certaines figures caractéristiques apparaissent de manière récurrente. il écrit un traité très instructif sur la question : Traité des agréments de la musique qui sera publié en 1770 en France à la mort du maître où il détaille les différentes manières (modi) de varier une pièce. l’ornementation de la sonate dite Didone abbandonata (1739), ainsi que la version de l’Adagio orné plage n° 11 sont librement inspirés des exemples laissés par le compositeur ou ses proches élèves. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 5 GuillAuMe GoMMAR kennis 1717, lier – 1789, louvain Guillaume Gommar kennis (1717, lier – 1789, louvain) est un violoniste et compositeur flamand, maître de chapelle en 1742 dans sa ville natale, puis à louvain à partir des années 1750 jusqu’à la fin de sa vie. le jeu de ce grand virtuose était très apprécié par des personnalités telles que louis Xv et Charles Burney. sa virtuosité se retrouve dans ses compositions pour le violon. sa production se tourne surtout vers la musique de chambre, dédiée principalement à son instrument, mais il est également l’auteur de quelques œuvres religieuses. la sonate en sol majeur n° 6 opus 3 est publiée entre 1749 et 1754. elle annonce à plus d’un titre la période classique à venir, en exploitant le système de la variation, qui connaîtra un succès croissant. la variation a ceci de commun avec l’ornementation qu’elle s’appuie sur une ligne mélodique initiale, puis la transforme. la différence principale est que la variation modifie la structure mélodique du chant, alors que l’ornementation conserve et enrichit cette même ligne mélodique. Dans l’Andante assai initial, la ligne dite ornée que kennis propose, ressemble plus à une variation, ou encore à un double (semblable en cela aux exemples que l’on peut trouver dans la première Partita de J.-s. Bach pour violon seul) qu’à une ornementation au sens strict du terme. le fait de placer un point de Cadence au milieu de l’Allegro donne un nouvel espace de liberté aux interprètes. le violon reste seul après que la basse continue s’est arrêtée, et improvise à sa guise. Ce procédé aura un succès croissant au point que tous les concertos classiques et romantiques contiendront au moins une cadence de ce type. Dans le cas présent, elle est notée par kennis, mais nul doute que l’interprète peut la modifier selon sa convenance. le troisième et dernier mouvement est une aria soumise à quatre variations, qui sont une façon pour le compositeur d’extraire toute la substance musicale du thème initial. Ces techniques de compositions seront reprises par un grand nombre de compositeurs dans le futur. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 6 FRAnz BenDA 1709, Bohème – 1786, postdam Franz Benda : première page de la Sonate pour violon et clavecin avec violoncelle. Manuscrit anonyme conservé à la Sing-Akademie de Berlin. Franz Benda (1709, Bohème – 1786, potsdam) fut fortement marqué par la musique vocale qu’il pratiqua jusque dans son adolescence en tant que choriste à prague et à Dresde à la chapelle de la Cour. Cela se ressent à travers son jeu violonistique ainsi que dans sa manière d’embellir ses pièces, qualifiée de « hautement expressive » par Charles Burney dans son ouvrage A General History of Music (1776-1789). opté pour des formes tripartites simples : la première partie expose le ton principal de la sonate, la deuxième module vers le ton de la dominante ou du ton relatif majeur, la troisième conclut dans le ton initial. pour la sonate de Benda, une ligne mélodique non mesurée préfigure le caractère douloureux de la pièce à venir. pour la sonate de Geminiani, un bariolage en accords donne à entendre les principaux repères harmoniques de la pièce. il laisse un important corpus de sonates pour violon. une partie d’entre elles propose une ornementation à des fins certainement pédagogiques. les mouvements vifs sont également variés, ce que l’on trouve assez rarement. le style d’ornementation diffère sensiblement du style italien. improvisation et ornementation ont en commun la nécessité de s’écarter de la partition écrite, de prendre le risque de jouer sur le moment, de placer toute son attention dans le présent et non dans la préparation anticipée. il est difficile aujourd’hui de savoir avec certitude dans quelle mesure les musiciens du Xviii e siècle pouvaient orner à vue une partition. préparaient-ils leurs cadences et leurs ornementations à l’avance ? les improvisaient-elles sur le moment ? Cela devait dépendre des musiciens bien sûr, mais la place prépondérante qu’ils accordent à ce sujet dans un grand nombre de traités de cette période laisse à penser que leur talent en la matière devait être des plus remarquable. la pratique de l’ornementation et/ou de l’improvisation change la manière de percevoir et de vivre l’exécution musicale. Être en mesure de s’écarter de la partition pour l’embellir focalise l’attention de l’interprète sur d’autres aspects de la création musicale que les préoccupations d’ordre technique. Cet état d’esprit modifie sensiblement le rapport que l’interprète entretient avec le texte qu’il doit exécuter. Bien sûr, ce « lâcher-prise » s’apprend, il n’est pas inné et demande un certain travail pour l’interprète qui souhaite emprunter cette voie. J’espère que cet enregistrement attisera l’inspiration et permettra de se détacher de l’écrit pour explorer un chemin plus intuitif. la sonate en fa mineur (lee iii-73) nous est parvenue sous forme manuscrite. on observe par exemple un travail sur l’articulation des coups d’archets entre la ligne simple et la ligne ornée, ainsi que la présence d’un point de cadence à la fin du premier mouvement. Franz Benda exploite les ressources techniques et expressives du violon, alliant savamment ornementation italienne et agrémentation française, à l’image du style mêlé qui s’épanouit à cette période en prusse. Dans l’Andante initial, les embellissements renforcent l’expressivité et le pathos de la ligne mélodique. Dans l’Allegro et le Presto suivants, ils ajoutent brillance et virtuosité. on décèle chez Benda la volonté d’utiliser la palette d’outils techniques la plus large possible : doubles-cordes, traits, positions aiguës placent l’exigence violonistique au plus haut point. les deux préludes servant d’introduction aux sonates de Geminiani et de Benda rappellent une pratique totalement disparue aujourd’hui. il s’agissait pour l’interprète d’improviser librement quelques notes de façon à ce que le public appréhende le ton, le caractère, et le langage de la pièce qui allait être exécutée. J’ai ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 7 frAncescO GeMiniAni Sonate pour violon & basse continue op. 4 n° 3 en do majeur 1- Prélude improvisé (51’’) ; Adagio (2’18) 2- Allegro (4’19) 3- Affettuoso (2’49) 4- Allegro (2’56) Basse continue : Clément Geoffroy, Geneviève Koerver Giuseppe TArTini Sonate pour violon & basse continue op. 1 n° 10 en sol mineur « Didone abbandonata » 5- Affettuoso (9’08) patrick oliva, violon Gaspard Borbon, 1696 Camille Delaforge, Clément Geoffroy, clavecin David Jacques Way & Marc Ducornet, modèle flamand à grand ravalement, 1994 Antoine touche, violoncelle de Robert sourzac, 2004 Geneviève koerver, violoncelle Ambroise Decomble, 1766 6- Presto (2’39) 7- Allegro (2’51) Basse continue : Clément Geoffroy, Antoine Touche Giuseppe TArTini Adagio « varié de plusieurs façons différentes » en fa majeur 8- Adagio (2’40) Basse continue : Camille Delaforge, Geneviève Koerver 9- Ornementation n° 1 (2’49) Basse continue : Clément Geoffroy, Antoine Touche Je tiens à remercier chaleureusement pascal Duc, François Fernandez, Matthieu Camilleri, Rafael palacios et Julien podolak, ainsi que patrick Cohën-Akenine, pour l’aide qu’ils m’ont apportée dans ce projet. 10- Ornementation n° 16 (2’49) Basse continue : Clément Geoffroy, Antoine Touche 11- Ornementation de l’interprète (2’55) Basse continue : Clément Geoffroy, Antoine Touche GuillAuMe GOMMAr Kennis Sonate pour violon seul & basse continue op. 3 n° 6 en sol majeur 12- Andante assai (4’48) 13- Allegro (3’19) 14- Aria (3’58) Basse continue : Clément Geoffroy frAnz BendA Sonata per il Violino solo e Cembalo con Violoncello en fa mineur 15- Prélude improvisé (1’20); Andante (4’11) 16- Allegro (4’34) 17- Presto (3’04) Basse continue : Camille Delaforge, Geneviève Koerver enregistrement réalisé en septembre 2013 par le service audio-visuel du Conservatoire, Grand plateau d’orchestre. prise de son : Jean Gauthier. Direction artistique: Jonathan lefebvre, étudiant en Formation supérieure aux Métiers du son (FsMs). Collection Jeunes solistes, avec le soutien de la Fondation Meyer pour le développement culturel et artistique. Centre de Recherche et d’edition du Conservatoire (CReC). CReC-audio 13/092. ColleCtion Jeunes solistes patrick oliva l’iMAGinAiRe GAlAnt 8