LIFESTYLE Et si nous consommions différemment ?

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Et si nous consommions différemment ?
LES COSMETIQUES – Jeunesse et beauté pour nous, et désert pour les orangs-outangs ?
Et que je me tartine ma crème de jour, une bonne couche de fond de teint, un peu d’anti-rides par ci,
d’anti-cellulite par là, de la couleur au bout des doigts de pieds, de la mousse dans les cheveux, une
goutte de parfum dans le cou et de l’anti-puant sous les bras... Et cela, tous les matins !
Ce n’est pas nouveau, l’être humain s’est toujours occupé de sa petite personne ! Déjà les hommes
préhistoriques utilisaient des peintures corporelles, les Egyptiens, trois siècles avant J.-C., possédaient
des onguents et des huiles parfumées, ils connaissaient le maquillage et le dentifrice... Petit à petit, on a
appris à connaître et à utiliser les propriétés des plantes pour notre bien-être et notre beauté. Maintenant,
tout le monde doit avoir la même peau lisse et uniforme, une odeur ne laissant en aucun cas imaginer que
l’on puisse transpirer et un bronzage total en toute saison…
Les cosmétiques ont connu un grand boom au cours du dernier siècle, poussés par l’industrialisation et la
découverte de nouvelles substances synthétiques. Maintenant on peut acheter des milliers de produits sur
le marché, du coup plus personne ne sait fabriquer son propre dentifrice ! Parfums de synthèse, dérivés
pétroliers, tensioactifs synthétiques et stabilisateurs d'émulsion sont maintenant les principaux ingrédients
de nos cosmétiques. Pour le meilleur, et pour le pire.
Impacts écologiques
L’impact des produits cosmétiques commence, comme pour tous les autres produits, par leur production.
On ne se contente plus de mélanger quelques plantes, la plupart des ingrédients de nos produits
corporels sont désormais synthétiques, c’est à dire qu’il faut de l’énergie pour les produire, les
transformer, les mélanger...
Mais le problème principal posé à l’environnement par l’industrie cosmétique est celui de l’huile de palme,
matière première la plus importante de nos produits, naturels ou non. Cette huile est extraite des fruits du
palmier à huile, originaire d’Afrique. 100 kg de fruits donnent 20 kg d’huile. Autant dire qu’il faut
énormément de palmiers pour fournir à la fois l’industrie agro-alimentaire et l’industrie cosmétique.
C’est ainsi que d’immenses surfaces de forêt tropicale, en Amérique du Sud et en Asie, sont déboisées
pour laisser la place à des palmeraies. Le sol s’épuisant rapidement sous ces cultures intensives, les
terres sont vite délaissées pour en déboiser de nouvelles, les premières se désertifiant. La biodiversité
énorme qu’elles abritaient est à jamais perdue. En Malaisie et en Indonésie, de loin les deux plus gros
producteurs, cette destruction atteint 90% (Wikipedia), menaçant ainsi directement les orangs-outangs,
qui disparaîtront totalement d’ici 2020 si rien n’est entrepris...
L’énergie grise de nos soins quotidiens ne s’arrête pas à la production des produits eux-mêmes : en
attendant les fontaines à dentifrice et les puits de crème solaire, ceux-ci se trouveront toujours dans des
emballages nombreux, multiples et superflus. Il n’est pas rare de trouver une crème dans un pot en verre,
enfermé dans une boite en carton, elle même emballée de plastique... d’où la notion de superflu! Un
Suisse produit en moyenne 100 kg/an de déchets d’emballages, autant d’énergie grise que pour parcourir
3000 km en voiture... (SIGA/ASS)
Autre effet néfaste, l’industrie cosmétique utilise toutes sortes de composés toxiques qui, lorsqu’ils ne
s’accumulent pas dans notre corps, passent dans l’eau et finissent par polluer l’environnement. Un
exemple ? les filtres UV chimiques de nos crèmes solaires, qui s’accumulent dans le lac tout au long de
l’été, sont des perturbateurs endocriniens pour les poissons. En clair, ils ne les tuent pas directement mais
menacent les populations en jouant le rôle d’hormones féminines, perturbant directement la reproduction.
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Impacts éthiques
Non contentes de détruire la forêt et sa biodiversité, les grandes entreprises productrices d’huile de palme
se sont établies en Amérique latine sur des terres ancestrales Afro-Colombiennes et indigènes. Des
centaines de communautés ont été expulsées et déplacées de manière souvent violente, par des actions
militaires et paramilitaires.
Dans un autre registre, l’industrie cosmétique soulève de grandes questions éthiques en ce qui concerne
l’expérimentation animale. D’une cruauté inconcevable, ces tests sont souvent inutiles car les animaux ne
réagissent pas toujours de la même façon que l’homme à certains produits. Un simple exemple :
l’Aspirine, 100 milliards de cachets avalés chaque année, est toxique pour rat, chien, chat et singe, les
principaux cobayes des labos...
Impacts sur la santé
Cela peut paraître absurde, mais les produits sensés être de soin ont des effets néfastes sur notre santé.
La jeunesse à tout prix, souffrir pour être belle (beau) ? Ok mais n’abusons pas !
On le sait, en quelques décennies, les allergies ont explosé, le nombre de cancers en tous genres a
augmenté de 40%, l’asthme a doublé et la fertilité a chuté. Sans être les seules responsables, les
nombreuses substances chimiques qui nous entourent y sont pour beaucoup. Et les soins cosmétiques
nous mettent en contact direct avec ces substances, ayant des conséquences négatives sur notre santé.
200, c’est le nombre de substances chimiques que l’on peut retrouver dans notre corps, sans que les
effets à long terme de la plupart d’entre elles, et encore moins de leur combinaison, ne soient connus.
Parmi les substances visées le plus souvent, on trouve par exemple les parabens, excellents
conservateurs bactéricides, fongicides, soupçonnés de favoriser les cancers du sein depuis qu’on en a
retrouvé de grandes concentration dans des tumeurs mammaires. Pour en savoir plus, consultez le guide
Cosmétox de Greenpeace...
Alternatives
Non, nous n’allons pas renoncer à nos soins, notre beauté, notre jouvence ! Mais peut-être allons-nous
penser un peu plus à la santé de la forêt, des eaux, et de nous-mêmes avant de nous tartiner avec
n’importe quoi… Pour nous soutenir dans ces démarches, une réforme de la réglementation chimique
européenne est en cours : REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of CHemicals). Des listes
des produits dangereux, des classements des marques sont proposés par Greenpeace dans le but d’aider
les consommateurs dans leurs choix (guide Cosmétox).
De plus en plus de lignes proposent des produits avec de l’huile de palme cultivée de manière écologique
et durable, des ingrédients biologiques… Attention, les publicités ont tendance à nous parler de
« naturel » à toutes les sauces sans que cela ait une réelle implication, seuls les produits certifiés bio le
sont vraiment.
Enfin, le mot d’ordre principal reste « économiser ». En ne gaspillant pas les produits, en choisissant ceux
qui n’ont pas d’emballages superflus ou les rechargeables, en privilégient les substances naturelles, on
envoie moins de substances chimiques dans l’eau, on diminue nos déchets, on préserve aussi notre
santé. On peut aussi se poser la question de savoir si l’on a vraiment besoin de douze tubes de crème
différents, cinq shampoings et quatorze savons…
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