MICHAEL JACKSON MICHAEL JACKSON

Transcription

MICHAEL JACKSON MICHAEL JACKSON
MICHAEL JACKSON
S VICTORY
&
Jacques Barsamian poursuit
la saga de Michael Jackson
qui, en passant de Motown
à Epic, voit les Jackson 5
devenir les Jacksons.
Reléguant dans l’ombre
Jackie, Tito, Jermaine et
Marlon, Michael explose
à la face du monde avec
l’album-phénomène
« Thriller ».
Enquête.
THE JACKSONS VICTORY
urant l’été 1973, les Jackson 5 font une
tournée, débutant, le 20 juillet, à Pittsburg
et s’achevant, le 2 septembre, encore à
Honolulu. Le 12 septembre, Motown sort l’album
« Get It Together », dont la pochette est découpée
suivant la forme des lettres G.I.T., montrant une
photo du groupe en concert. Il contient le très dansant « Get It Together », classé 28e en simple,
« Reflections » des Supremes, « Hum Along And
Dance » des Temptations, « You Need Love Like
I Do (Don’t You) » de Gladys Knight & The Pips, et
surtout un morceau au rythme infernal, « Dancing
Machine », qui redore leur blason. En 1973, les
Jackson 5 sillonnent également le Japon, visitant
des temples bouddhistes et traversant la campagne d’Osaka à Tokyo, et l’Australie, donnant des
shows à Brisbane, Melbourne, Perth, Adelaïde et
Sydney. Michael commente:«Grâce à ces voyages,
on découvrait des choses que les jeunes de notre
âge ne voyaient pas. C’est mieux que l’éducation
qu’on reçoit à l’école. » En février 1974, les cinq
frères sont engagés pour dix concerts au Sénégal.
Ne pouvant s’adapter aux conditions de vie, à la
nourriture et à l’eau, ils écourtent leur périple. La
famine qui touche tant de gens dans ce pays les
affecte profondément. Cependant, cela est loin de
leur laisser de mauvais souvenirs comme le soulignera Michael : « Les Africains sont chaleureux et
gentils. En plus, ils font des trucs incroyables. J’ai
toujours considéré que les Noirs, du moins sur le
plan artistique, étaient les plus talentueux. J’en suis
à présent encore plus convaincu car ils ont le rythme dans la peau. Je me rends compte d’où vient la
batterie. Il ne faut pas que les Noirs oublient leur
provenance et l’origine de cette musique. » Jermaine surenchérit : « Quand on est afro-américain, on
est fier en visitant l’Afrique, qui pourrait être la première puissance au monde. Seulement l’esclavage
a tout détérioré. Plus de Noirs américains devraient
s’y rendre pour y construire le futur au lieu de rester aux USA en criant des messages en faveur du
black power. »
D
DANCING MACHINE
En mai, à leur retour aux Etats-Unis, « Dancing
Machine », publié en 45 tours, atteint la 2e place du
Hot 100 derrière « The Streak » par Ray Stevens et
la 1re du classement R&B, devenant leur meilleure
vente (plus de deux millions) depuis « Never Can
58
Say Goodbye ». Auparavant, le 9 avril, les Jacksons ont entamé leur show au prestigieux et tout
neuf Grand Hotel MGM de Las Vegas, marqué par
les débuts à leurs côtés de leurs sœurs LaToya (née
le 29 mai 1956) et Janet (16 mai 1966) et leur frère
Randy (né le 29 octobre 1961). « J’avais la trouille,
racontera Janet. J’avais pris des leçons de piano,
parce que mes frères étaient meilleurs que moi, en
particulier Randy, brillant aux claviers. » Berry Gordy
ne voit pas d’un très bon œil le passage des Jackson 5 à Las Vegas, pensant que cela peut être dangereux pour eux. Pour Michael, cette démarche est
indispensable : « J’ai toujours eu envie de faire Las
Vegas. C’est dans la tradition du show-business.
C’est pour nous un grand pas. » Vu leur succès
dans la capitale du jeu, c’est lui qui a raison. Et, en
août, ils y retournent pour d’autres galas. Le 13 mai,
quarante-trois personnes sont arrêtées lors de leur
concert au RFK Stadium de Washington, des
jeunes ayant lancé de l’extérieur des bouteilles faisant une cinquantaine de blessés. (Le 5 juillet 1975
le maire d’Atlanta leur refusera de donner un
concert avec James Brown en raison de ces événements). La tournée d’été 1974 en Grande-Bretagne est annulée, Berry Gordy ne voulant prendre
aucun risque à la suite de la mort d’une fan et des
centaines de blessés lors du show londonien de
David Cassidy, autre coqueluche du moment. En
effet, leur père Joe Jackson a révélé à un reporter
anglais l’heure où leur avion devait atterrir à l’aéroport d’Heathrow, un risque qu’il ne devait pas
prendre pour le patron de Motown. Autre poulain
de la firme, Stevie Wonder est en tête du hit-parade
américain le 2 novembre 1974 avec « You Don’t
Have Done Nothin’ » sur lequel les Jackson 5 sont
dans les chœurs. Leur nouvel et unique album de
cette année-là est titré « Dancing Machine ».
Comme le précédent, il reprend ce titre, mais se
classe beaucoup mieux : 16e. Tiré de ce disque, le
45 tours « Whatever You Got, I Want » est 38e au
Hot 100 fin 1974 voyant les Jackson 5 en couverture d’Ebony. En janvier 1975, Michael présente les
premiers American Music Awards avec son rival
Donny Osmond. En mars, la formation prend la 15e
place du Hot 100 avec « I Am Love », un morceau
de près de huit minutes réparties sur les deux faces.
En solo, Michael est 54e avec « We’re Almost
There », un titre de Brian et Eddie Holland. Quant à
son quatrième album, « Forever, Michael », aux
arrangements pompeux, il n’entre pas dans les cent
meilleures ventes, faisant pire que « Music And
Me ». Joe Jackson s’écrie : « Plus question que
Michael n’enregistre d’autres 33 tours pour Gordy.
Il est en train de ruiner sa carrière. » Il y a de l’eau
dans le gaz quand les Jackson 5 entament leur
septième année chez Motown. Le 14 mai, Michael
rencontre Berry Gordy dans son manoir de Bel Air,
lui annonçant que les siens ne sont pas heureux
dans sa compagnie. Diplomate et timide, Michael
admet que grâce à lui les Jackson 5 sont devenus
des stars. Par contre, ils sont frustrés de n’avoir
aucun contrôle artistique, de ne pouvoir enregistrer
leurs compositions ni produire leurs disques. De
son côté, Joe Jackson contacte Atlantic, autre label
spécialisé dans la musique noire. Le patron, Ahmet
Ertegun, ne se montre pas enthousiaste vu la
récente baisse des ventes de ses fils. De son côté,
CBS est intéressé, sa filiale Epic relançant des
artistes de couleur telle Patti LaBelle dont « Lady
Marmalade » a été N°1 fin mars. De plus, les producteurs Kenny Gamble et Leon Huff, responsables
de l’irrésistible son de Philadelphie, travaillent avec
CBS, réalisant les succès des Intruders, Three
Degrees, O’Jays et Harold Melvin. Le 30 juin, au
cours d’une conférence de presse, les frères Jackson annoncent qu’ils ont signé un accord avec
Epic, qui prendra effet le 10 mars 1976, mettant un
terme au contrat avec Motown. Il est révélé que 469
titres ont été enregistrés pour cette firme, qui n’en
a édité que 174 ! Cette déclaration souligne la faiblesse des royalties, Berry Gordy imputant le coût
des enregistrements inédits aux Jackson 5. En juin,
paraît un autre simple tiré de « Forever, Michael »,
« Just A Little Bit Of You », 23e au Hot 100.
EPIC
L’album des Jackson 5 « Moving Violation » – toujours chez Motown et produit en partie par Brian
Holland, Lamont Dozier et Eddie Holland – monte
à la 36e position et le 45 tours « Forever Came
Today » à la 60e. Ce dernier est encore un tube des
Supremes dont ils font un chef-d’œuvre disco. Toujours en 1975 sort le « Best Of Michael Jackson »
(LP Motown M6-851). Puis, quand les frères Jackson quittent Motown, Jermaine, lui, reste. Il a épousé Hazel Joy Gordy, la fille du patron, le 15
décembre 1974, et tient à être loyal avec son beaupère. Il commente les faits : « Je rentrais d’une partie de pêche quand mon père m’a demandé de