Niger Fréquence des morsures d`animaux Thaïlande Trichinella

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Niger Fréquence des morsures d`animaux Thaïlande Trichinella
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Niger Fréquence des morsures d'animaux
doi: 10.1684/mst.2014.0428
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D
e nombreux animaux sont responsables de morsures chez
l’homme ; ce sont en particulier les chiens et les serpents
– ces derniers étant responsables de 20 000 à 90 000 décès par
an dans le monde –, mais aussi les bovins, les caprins, les
chevaux ou encore les chameaux. Au Niger, où l’agriculture
et l’élevage occupent une grande partie de la population,
les morsures d’animaux sont une préoccupation constante, car
elles sont fréquentes et sous-déclarées. Pour apprécier
l’épidémiologie et les aspects cliniques de ces morsures, une
étude a été réalisée à l’hôpital national de Niamey. Ont été inclus
quatre-vingt-douze patients, d’âge moyen 19,13 ans 25 jours
(de 21 jours à 71 ans), dont 35 % avaient moins de 10 ans
et 34 % avaient entre 11 et 20 ans. Ces sujets étaient très
majoritairement des garçons (68 %) avec un sex-ratio H/F de
2,17. L’animal responsable était un chien dans cinquante-six cas,
un serpent dans trente-quatre cas, et plus rarement un âne ou un
chameau. La majorité des patients (76 %) provenaient de
milieux urbains, avec un délai moyen de consultation de 1,4
jour et de moins de 24 h dans 69 % des cas, alors que 5 %
seulement des patients étaient admis plus d’une semaine après
la morsure. Parmi ces morsures, 35 % sont survenues à la suite
d’agression, 30 % ont été accidentelles et 12 % lors de la
marche. Le site de la morsure était les membres inférieurs
(53 %), la tête (24 %), les membres supérieurs (19 %), le
tronc (2 %) et les organes génitaux (1 %). Le symptôme le plus
fréquent a été la douleur (96 %), l’œdème (94 %), la
température (43 %), les vomissements (15 %), l’agitation
(9 %) une obnubilation (8 %) ou une détresse respiratoire
(6 %). Les lésions anatomiques étaient musculaires (29 %),
osseuses (3 %) et tendineuses (1 %). Sur le plan biologique, 4 %
des patients avaient un taux d’hémoglobine à 7 g/dL et 20 % ont
nécessité une transfusion. Ces patients ont bénéficié d’une
antibiothérapie par amoxicilline et acide clavulanique (35 %) et
34 % par pénicilline-imidazolés. Par ailleurs, l’analgésie a été
obtenue par le paracétamol (67 %), les anti-inflammatoires
(23 %) et la morphine (4 %). En outre, 99 % des patients ont
reçu les vaccinations antitétaniques, un sérum antitétanique
(54 %) et un vaccin antirabique (44 %). La durée moyenne
d’hospitalisation a été de 1,3 jour. La mortalité a été de 1 %
(Chaibou et al., Med Afr Noire 2014; 61: 39-45). Dans cette série,
la majorité des patients avaient moins de 20 ans, avec une
prédominance masculine comme dans d’autres séries. Ceci n’est
pas étonnant car les enfants font parfois des gestes mal compris
des animaux. Très souvent, les cas ne sont pas déclarés, car ils
sont pris en charge par les tradipraticiens et parfois les centres
locaux de soins. Seuls les cas compliqués arrivent à l’hôpital de
Niamey. Les morsures des membres inférieurs sont naturellement observées par les différents auteurs. La durée d’hospitalisation a varié, selon les études, de un à quatre-vingt-treize
jours. La guérison a été la règle dans 90 % des cas. Les blessures
entraı̂nent parfois des complications infectieuses nécessitant
une reprise chirurgicale et pratiquement toujours une antibiothérapie et une vaccination antitétanique dès l’admission. Il
faut donc conseiller aux enfants et parfois aux plus grands d’être
très prudent avec les animaux et d’éviter les gestes brusques. &
P. Bourée
Thaïlande Trichinella papuae : une nouvelle espèce
L
a trichinellose est une zoonose cosmopolite, due à la
consommation de viande crue ou mal cuite de différents
animaux – essentiellement le porc, le sanglier, l’ours et le
cheval. En Thaı̈lande, la première épidémie documentée de
trichinellose a été rapportée en 1962, après consommation de
viande de porc dans une population montagnarde. De 1962 à
1991, 118 épidémies de trichinellose se sont succédé, qui ont
touché environ 5 400 personnes et entraı̂né quatre-vingt-quinze
décès. Dans tous les cas, le porc était identifié comme étant à
l’origine de l’épidémie et l’agent responsable était Trichinella
spiralis. En 1994, une nouvelle épidémie, dans le sud de la
Thaı̈lande, due à T. pseudo-spiralis, a touché cinquante-neuf
personnes et provoqué un décès. En 2006, une petite épidémie
est survenue après consommation de viande de porc sauvage ;
le parasite en cause a été identifié comme étant T. papuae. Une
nouvelle épidémie est survenue récemment à proximité du lieu
de l’épidémie de 2006, dans une région de collines dont les
villageois cultivent le maı̈s et chassent les porcs sauvages qui
quittent la forêt pour se nourrir dans les champs de maı̈s. La
viande de porc est consommée crue, mélangée à du riz cuit, du
piment, du persil et du jus de citron, pour former un plat local
très apprécié (le lab moo pa), servi avec une boisson alcoolisée.
Un groupe de trente-quatre villageois (personnes âgées de 11 à
67 ans, moyenne de 37 ans, sex-ratio de 1/1) ont été suspectés
d’être atteint de trichinellose. Les principaux symptômes ont été
les myalgies (91 %), la fièvre (11 %), les œdèmes périorbitaires
(11 %), les douleurs abdominales (8 %) et les céphalées (8 %),
alors que la diarrhée, habituellement fréquente, n’était notée
que dans 3 % des cas. L’hyperéosinophilie a varié de 58 %
(20 600/mm3) à 64 % (19 100/mm3). Le sérodiagnostic par
Western-Blot était positif dans 97 % des cas (bande 109 kDa), et
la biopsie musculaire a trouvé des larves, identifiées en biologie
moléculaire comme étant T. papuae. Les patients ont été traités
par mébendazole (200 mg/j/3 j, puis 400 mg/j/10 j, avec de la
prednisone (15 mg/kg/j/5 j) pour les cas sévères. Les patients
ont tous guéri, sans séquelles, avec un suivi de cinq mois
(Kusolsuk et al., Trans Roy Soc Trop Med Hyg 2010; 104: 433-7).
En Thaı̈lande, la trichinellose sévit sous trois espèces : une
espèce enkystée (T. spiralis) et deux espèces ne formant pas de
kystes (T. pseudo-spiralis et T. papuae). Cette dernière espèce,
décrite pour la première fois en Papouasie-Nouvelle Guinée en
1999 (Pozio, Int J Parasit 1999; 29:1825-39), semble assez
Médecine et Santé Tropicales, Vol. 24, N8 4 - octobre-novembre-décembre 2014
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