Niger Fréquence des morsures d`animaux Thaïlande Trichinella
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Niger Fréquence des morsures d`animaux Thaïlande Trichinella
Actualités Niger Fréquence des morsures d'animaux doi: 10.1684/mst.2014.0428 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. D e nombreux animaux sont responsables de morsures chez l’homme ; ce sont en particulier les chiens et les serpents – ces derniers étant responsables de 20 000 à 90 000 décès par an dans le monde –, mais aussi les bovins, les caprins, les chevaux ou encore les chameaux. Au Niger, où l’agriculture et l’élevage occupent une grande partie de la population, les morsures d’animaux sont une préoccupation constante, car elles sont fréquentes et sous-déclarées. Pour apprécier l’épidémiologie et les aspects cliniques de ces morsures, une étude a été réalisée à l’hôpital national de Niamey. Ont été inclus quatre-vingt-douze patients, d’âge moyen 19,13 ans 25 jours (de 21 jours à 71 ans), dont 35 % avaient moins de 10 ans et 34 % avaient entre 11 et 20 ans. Ces sujets étaient très majoritairement des garçons (68 %) avec un sex-ratio H/F de 2,17. L’animal responsable était un chien dans cinquante-six cas, un serpent dans trente-quatre cas, et plus rarement un âne ou un chameau. La majorité des patients (76 %) provenaient de milieux urbains, avec un délai moyen de consultation de 1,4 jour et de moins de 24 h dans 69 % des cas, alors que 5 % seulement des patients étaient admis plus d’une semaine après la morsure. Parmi ces morsures, 35 % sont survenues à la suite d’agression, 30 % ont été accidentelles et 12 % lors de la marche. Le site de la morsure était les membres inférieurs (53 %), la tête (24 %), les membres supérieurs (19 %), le tronc (2 %) et les organes génitaux (1 %). Le symptôme le plus fréquent a été la douleur (96 %), l’œdème (94 %), la température (43 %), les vomissements (15 %), l’agitation (9 %) une obnubilation (8 %) ou une détresse respiratoire (6 %). Les lésions anatomiques étaient musculaires (29 %), osseuses (3 %) et tendineuses (1 %). Sur le plan biologique, 4 % des patients avaient un taux d’hémoglobine à 7 g/dL et 20 % ont nécessité une transfusion. Ces patients ont bénéficié d’une antibiothérapie par amoxicilline et acide clavulanique (35 %) et 34 % par pénicilline-imidazolés. Par ailleurs, l’analgésie a été obtenue par le paracétamol (67 %), les anti-inflammatoires (23 %) et la morphine (4 %). En outre, 99 % des patients ont reçu les vaccinations antitétaniques, un sérum antitétanique (54 %) et un vaccin antirabique (44 %). La durée moyenne d’hospitalisation a été de 1,3 jour. La mortalité a été de 1 % (Chaibou et al., Med Afr Noire 2014; 61: 39-45). Dans cette série, la majorité des patients avaient moins de 20 ans, avec une prédominance masculine comme dans d’autres séries. Ceci n’est pas étonnant car les enfants font parfois des gestes mal compris des animaux. Très souvent, les cas ne sont pas déclarés, car ils sont pris en charge par les tradipraticiens et parfois les centres locaux de soins. Seuls les cas compliqués arrivent à l’hôpital de Niamey. Les morsures des membres inférieurs sont naturellement observées par les différents auteurs. La durée d’hospitalisation a varié, selon les études, de un à quatre-vingt-treize jours. La guérison a été la règle dans 90 % des cas. Les blessures entraı̂nent parfois des complications infectieuses nécessitant une reprise chirurgicale et pratiquement toujours une antibiothérapie et une vaccination antitétanique dès l’admission. Il faut donc conseiller aux enfants et parfois aux plus grands d’être très prudent avec les animaux et d’éviter les gestes brusques. & P. Bourée Thaïlande Trichinella papuae : une nouvelle espèce L a trichinellose est une zoonose cosmopolite, due à la consommation de viande crue ou mal cuite de différents animaux – essentiellement le porc, le sanglier, l’ours et le cheval. En Thaı̈lande, la première épidémie documentée de trichinellose a été rapportée en 1962, après consommation de viande de porc dans une population montagnarde. De 1962 à 1991, 118 épidémies de trichinellose se sont succédé, qui ont touché environ 5 400 personnes et entraı̂né quatre-vingt-quinze décès. Dans tous les cas, le porc était identifié comme étant à l’origine de l’épidémie et l’agent responsable était Trichinella spiralis. En 1994, une nouvelle épidémie, dans le sud de la Thaı̈lande, due à T. pseudo-spiralis, a touché cinquante-neuf personnes et provoqué un décès. En 2006, une petite épidémie est survenue après consommation de viande de porc sauvage ; le parasite en cause a été identifié comme étant T. papuae. Une nouvelle épidémie est survenue récemment à proximité du lieu de l’épidémie de 2006, dans une région de collines dont les villageois cultivent le maı̈s et chassent les porcs sauvages qui quittent la forêt pour se nourrir dans les champs de maı̈s. La viande de porc est consommée crue, mélangée à du riz cuit, du piment, du persil et du jus de citron, pour former un plat local très apprécié (le lab moo pa), servi avec une boisson alcoolisée. Un groupe de trente-quatre villageois (personnes âgées de 11 à 67 ans, moyenne de 37 ans, sex-ratio de 1/1) ont été suspectés d’être atteint de trichinellose. Les principaux symptômes ont été les myalgies (91 %), la fièvre (11 %), les œdèmes périorbitaires (11 %), les douleurs abdominales (8 %) et les céphalées (8 %), alors que la diarrhée, habituellement fréquente, n’était notée que dans 3 % des cas. L’hyperéosinophilie a varié de 58 % (20 600/mm3) à 64 % (19 100/mm3). Le sérodiagnostic par Western-Blot était positif dans 97 % des cas (bande 109 kDa), et la biopsie musculaire a trouvé des larves, identifiées en biologie moléculaire comme étant T. papuae. Les patients ont été traités par mébendazole (200 mg/j/3 j, puis 400 mg/j/10 j, avec de la prednisone (15 mg/kg/j/5 j) pour les cas sévères. Les patients ont tous guéri, sans séquelles, avec un suivi de cinq mois (Kusolsuk et al., Trans Roy Soc Trop Med Hyg 2010; 104: 433-7). En Thaı̈lande, la trichinellose sévit sous trois espèces : une espèce enkystée (T. spiralis) et deux espèces ne formant pas de kystes (T. pseudo-spiralis et T. papuae). Cette dernière espèce, décrite pour la première fois en Papouasie-Nouvelle Guinée en 1999 (Pozio, Int J Parasit 1999; 29:1825-39), semble assez Médecine et Santé Tropicales, Vol. 24, N8 4 - octobre-novembre-décembre 2014 365