Robert Richard O`Reilly Alexandre Louis Honoré Lebreton

Transcription

Robert Richard O`Reilly Alexandre Louis Honoré Lebreton
Robert Richard O’Reilly
Alexandre Louis Honoré Lebreton Deschapelles et Robert Richard O’Reilly avaient
écrit en commun une Loi du peuple publiée en 1848. Longtemps j’ai privilégié les recherches
sur Deschapelles, réputé républicain intrépide, jusqu’à ce qu’un contrôle croisé ne m’ait
intrigué plus que jamais. Alors qu’en 1828 Deschapelles rendait plusieurs visites à Béranger
incarcéré à Sainte-Pélagie (1), n’émargeait-il pas à la liste civile (2) ! Or, Deschapelles eût-il
été secrètement républicain, ne lui eût-il pas fallu à tout le moins le masque – et la carte - de
l’espion de police pour rester sur la liste civile ? On peut se poser la question. Connaîtra-t-on
jamais ses pensées profondes ? On a dit de lui : « … il se laisse entraîner à rechercher de
petits succès dans les discussions de société, où on l’entend souvent soutenir des idées
paradoxales, seulement pour ne pas dire comme un autre, et pour avoir le plaisir de faire
briller une adresse remarquable à manier la plaisanterie, ainsi qu’une dialectique sophistique
non moins rare et remplie d’esprit. » (3).
Et quid d’O’Reilly ? Républicain, policier ? Donc, tentons sa biographie en gardant
cette question à l’esprit.
L’identité d’O’Reilly elle-même pose problème.
Le registre d’écrou de la prison de Sainte-Pélagie (4) où il avait été incarcéré après
avoir brandi le drapeau rouge lors de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832, ce registre donc
indique qu’il était né de Robert Bray O’Reilly et de Clotilde Loiselle à Paris, qu’il était âgé de
32 ans et veuf. Or l’acte de naissance est introuvable et ce registre d’écrou est la seule source
mentionnant un veuvage et donc un mariage d’O’Reilly, sous réserve du décès d’une Mme
O’Reilly évoqué ci-après. L’extrait d’acte de décès d’O’Reilly, + au Raincy le 10 février
1876, indique que « Robert Richard O’Reilly, sans profession, célibataire, âgé de soixantequinze ans, né à Paris … était fils de Robert Bray O’Reilly décédé et de mère non dénommée
… ».
L’ascendance d’une Clotilde Loiselle n’est pas démentie par le prénom d’une fille hors
mariage, Clotilde Athalie, née à Paris le 31 janvier 1833 d’Anne Françoise Golliard, fille
qu’O’Reilly reconnaîtra à Sainte-Pélagie par acte passé le 5 janvier devant Me Couchies et
son collègue. En 1874 O’Reilly sera condamné à payer à sa fille, Mlle O’Reilly, une pension
mensuelle de 100 francs. Dans le dossier d’O’Reilly aux Archives de la Préfecture de police
une page d’un journal non identifié, du 13 avril 1874 d’après une note manuscrite, reproduit
l’arrêt du tribunal. O’Reilly avait plaidé sans succès qu’il était en état de mort civile en 1833.
Plus accessible, une brochure antirépublicaine de 1877 donne les mêmes informations sur ce
point (5)
Les activités d’ingénieur d’O’Reilly, sous le Second Empire, ne démentent pas non
plus la paternité de Robert Bray O’Reilly. Google.books révèle qu’O’Reilly fabriquait du
coke-charbon, également des serres en fer en collaboration avec la compagne de Deschapelles
– décédé en 1847 – Marie-Anne-Caroline Lefèbvre, 92 rue du Faubourg du Temple. Plus tard,
à la même adresse, on trouve la société O’Reilly et Dormoy, fabricants de serres. A la mort
d’O’Reilly en 1876, Mlle Lefèbvre réclamera sur son héritage le solde lui revenant du compte
de liquidation de l’ancienne société Lefèbvre et Cie, dont O’Reilly avait été partie prenante
(Notaire CV, carton 1598, janvier 1833). Il faut dire que cette liasse de janvier 1833 contient
une pièce évoquant la liquidation de 1876.
Que d’actes notariés derrière ces activités ! Un extrait d’acte de naissance aurait-il pu
s’y glisser ? Recherchons ces actes.
Ceci dit, la filiation précitée d’O’Reilly est incertaine. Quand, en 1979, je demandai
des renseignements aux Archives de la Préfecture de Police sur Robert-Richard O’Reilly, on
me répondit : « O’Reilly Richard, procureur de la république près le tribunal de 1ère instance
de Bernay (Eure), secrétaire-général de la préfecture de police 5 août 1848 – 26 décembre
1848, démissionnaire, maire du Xème arrondissement de Paris en 1870 ». Or Robert-Richard
O’Reilly n’a jamais été procureur. D’après les Notices biographiques sur les O’Reilly (1969)
du Père Patrick O’Reilly, le procureur de la république près le tribunal de 1ère instance de
Bernay (Eure) se prénommait Marie, Jacques, Ernest. Il fut juge suppléant à Neufchatel le 12
juin 1845 et substitut dans la même localité le 26 octobre 1846. Le Moniteur Universel de
1848 signale des affectations de Robert-Richard et d’Ernest. A la page 836 du n° 106 du
mardi 15 avril 1848, un O’Reilly – c’est Robert-Richard - est nommé consul de 2ème classe à
Malaga et d’après les Archives des Affaires Étrangères, il le fut à compter du 14 avril et
remplacé le 26 mai. De son côté, O’Reilly, substitut près le tribunal de Neufchâtel, est nommé
à Bernay (p. 1123, n° 44 du mardi 23 mai).
La confusion entre Robert-Richard O’Reilly et Ernest O’Reilly intrigue d’autant plus
qu’à vrai dire, c’est une autre usurpation d’identité qu’on est tenté d’attribuer à RobertRichard. Il aurait été ce Pierre-Romain O’Reilly, bien connu des stendhaliens, prétendument
décédé du choléra le 30 avril 1832, le jour où un journal annonçait par erreur le décès de Mme
O’Reilly (6). A peine Pierre-Romain serait-il mort que Robert-Richard entre à Sainte-Pélagie,
le 2 mai (7), le jour même où le décès de Mme O’Reilly est démenti. On aurait imputé un
charivari (8) à Robert-Richard. Il sort de prison un mois plus tard, juste assez tôt pour brandir
le drapeau rouge le 5 juin. André Doyon et Yves du Parc (9) précisent bien que Pierre-Romain
O’Reilly fut visité quatre fois par le grand Dupuytren mais lisons plutôt ce passage d’une
lettre de Mérimée à Stendhal, du 25 mai 1832 : «... Il [Dupuytren] faisait sa clinique entouré
de ses élèves et accompagné d'une soeur. "Messieurs, dit-il, vous voyez ce malade, je lui ai
fait prendre de l'acétate de plomb hier...". Ici, la soeur le tire par la basque. "Laissez-moi, ma
soeur, je suis à vous dans l'instant. Je disais donc que son état est sensiblement amélioré". La
religieuse tire encore... "Mais, ma Mère, attendez donc... Vous voyez que les symptômes sont
bien moins alarmants tandis qu'hier..." - "Mais, monsieur, dit la soeur, ce malade n'était pas
celui d'hier. Celui d'hier est mort, et celui-ci vient d'être apporté à l'instant. Il y a déjà eu trois
morts dans ce lit-là depuis hier"
(10). « Veuve » donc, Mme O’Reilly épousa le directeur
du Temps, Jacques Coste, né à Bordeaux le 9 septembre 1797.
Une dernière coïncidence. Mme Coste se sépara de biens de son mari le 28 octobre
1847 (11), le lendemain de la mort de Deschapelles qui était attendue depuis plusieurs mois.
Et là encore, que d’actes à rechercher dans la perspective d’une identification de « Robert
Richard » O’Reilly (12).
Donc, Robert Richard ou Pierre Romain ?
Mais poursuivons la biographie d’O’Reilly. Nul doute qu’il n’ait fait de brillantes
études. C’est en collaboration avec Deschapelles qu’il écrivit La Loi du peuple mais la
brochure anonyme de 40 pages De la force publique. A toutes les gardes nationales de France
est de lui seul. Le 15 juillet 1833 il l’adressait de Sainte-Pélagie au républicain Marchais,
souhaitant la faire publier pour l’anniversaire des Trois Glorieuses (AN, cote CC 613). Elle ne
le fut pas et la police la saisit chez Marchais de sorte que l’exemplaire de la Bibliothèque
Nationale de France, numérisé par Gallica, n’est pas unique.
Les dépositions au procès de l’attentat de Meunier, du 27 décembre 1836, confirment
entre autres les études d’O’Reilly. Un témoin, Joseph-Edouard Dauche, avait connu O’Reilly
à Sainte-Pélagie. Ils avaient été élèves à Paris, dans la même pension. A l’époque de l’attentat
O’Reilly était en semi-liberté de sorte qu’un magistrat pouvait demander à Dauche « Vous
avez proposé un jour à Lavaux d’aller dîner chez le sieur Faucheur avec O’Relly [sic] et
d’autres personnes. A-t-il été question de politique à ce dîner ? ». A l’époque du procès
O’Reilly aurait été à Alger (13). On lit aussi : "Meunier déclare qu'il a vu quelques fois un
condamné de juin nommé O'Reilly, qui était de la connaissance du sieur Dauche, et qui était
venu chez Lavaux cinq ou six fois." ; « Lavaux a vu O'Reilly une fois chez son cousin
Faucheur où Dauche m'avait proposé d'aller dîner ». Il s’agissait d’un dîner en octobre ou
novembre 1836. Dauche, cousin de Lavaux, dit que O'Reilly est venu le voir plusieurs fois
chez Lavaux (14)
Aux Archives de Paris on relève : Dauche Joseph Edouard né dans le 6e le 24
vendémiaire an 11 de Hugues et de Marianne Lobé ; Dauche Antoine Emile rue Montholon
32, fils des mêmes, marié à Paris 2e le 13 mars 1825 à Marguerite Bourguignon ; Dauche
Marie-Fanny née à Paris en 1814, fille des mêmes, mariée dans le 2e le 16 janvier 1830 à
Faucheur Pierre François ; Faucheur Fanny Rose née à Paris le 17 juillet 1837 ; Faucheur
Pierre François né dans le 6e le 16 juillet 1805 ; Antoine Emile Dauche, fils de Hugues et de
Marie Anne Lobé, lieutenant d'artillerie, épouse Marguerite Bourguignon, fille de Philippe et
de Marie-Jeanne Cognard, décédée ; le 16 janvier 1830, Pierre Charles Dauche, fils d'autre
Pierre Charles et de Marie Elizabeth Garbe, décédée, épouse Marie Victoire Garbe.
Or le 32 rue Montholon était une adresse d’O’Reilly, on la retrouvera.
Emile Dauche, lieutenant d’artillerie, était X 1812.
Joseph Edouard Dauche participera à l’insurrection de juin 1848, sera arrêté et dirigé
sur Le Havre dans la nuit du 20 au 21 août 1848, parmi un convoi de transportés (15).
A l’époque O’Reilly sera secrétaire-général de la Préfecture de police et le 25 mai il
écrivait sur papier à en-tête de la République Française. Garde Nationale de Paris. Etat-Major
de la 5ème légion :
Paris, le 25 mai 1848
Mon cher ami,
Le capitaine Brandely que je vous / ai recommandé m’a rapporté il y a / deux jours, un
propos du citoyen Saisset, qui me paraît avoir / une certaine gravité, veuillez l’entendre / et le
mettre en rapport avec le / juge instructeur chargé de l’affaire / du 15 mai.
Je profite de cette occasion, pour / vous rappeler que le citoyen Brandely/ vous a été
désigné par moi pour / remplir près de la commission du / pouvoir exécutif des fonctions de /
toute confiance.
Bien à vous et de grand cœur
O’Reilly (16)
O’Reilly dut démissionner à la fin décembre 1848. Alors qu’avec le préfet de police
Gervais (de Caen) il visitait une prison modèle ils furent enfermés par mégarde ( !) dans une
cellule et démissionnèrent quelques jours plus tard.
En 1853 il était éditeur 32 rue Montholon mais mis en faillite le 24 avril (17)(18). Son
dossier de faillite n° 10 914 figure dans le carton D11 U3 1789. On peut y lire entre autres :
« N° 10914
fte O’Reilly
RAPPORT conformément à l’arte 506
du Code de commerce
------------------------------------------------------Messieurs les créanciers de la
faillite du sr O’Reilly, ancien négociant
éditeur, rue faubourg du temple, N° 92.
Messieurs,
Vous êtes convoqués pour délibérer sur la formation d’un / concordat avec le sr
O’Reilly, mais préalablement je dois / à ma qualité de syndic vous faire un rapport sur la /
situation de la faillite, sur les formalités qui ont été remplies / et les opérations qui ont eu lieu
La faillite a été déclarée par jugement du 22 avril dernier / sur dépôt de bilan par le sr
O’Reilly /
D’après ce bilan le passif s’élevait à
86790 = 80
L’actif y était porté pour 103622 à savoir : /
Actif mobilier en dépôt à la caisse des consigons
2230
Actif douteux se composant d’une part dans /
la propriété du Livre des familles et de droits résultant /
de 90 actions de la Société Alquier et Cie
70450
Actif fictif et pertes résultant de deux actions /
du National et de recours contre la société Armingaud /
et autres
30942
----------------Total
103622
L’inventaire fait à l’ouverture de la faillite n’a constaté / que des effets mobiliers d’une
faible valeur dont la prisée ne s’est élevée qu’à 182 francs.
La vérification des créances a eu lieu en quatre /
[saut de page]
assemblées successives. Cette opération a été de ma part l’objet d’un /
sérieux examen.
Je me suis également rendu compte des valeurs actives énumérées / au bilan.
L’examen auquel je me suis livré m’a démontré qu’il / n’y avait rien à en espérer . Je donnerai
plus loin des explications / à cet égard mais avant tout je dois vous faire connaître les /
principaux faits et circonstances intéressant votre débiteur.
Le sr O’Reilly a commencé à l’âge de 22 ans une série / de voyages en Amérique, en
Angleterre et sur le continent / qui ont duré environ 15 ans. Dans l’intervalle son père / est
décédé lui laissant une fortune assez considérable.
En 1837 il s’est fixé définitivement à Paris. Il / ne lui restait alors de la succession de
son père qu’un / capital lui produisant de 15 à 1800 francs de revenus.
Après être resté pendant deux ans sans occupations / sérieuses il est entré en 1839
comme caissier chez Mrs Blanc et Cie commissionnaires de roulage et il y est / resté 4 années.
En 1843 il s’est rendu adjudicataire d’une exploi-/ tation d’engrais dont la réalisation à
duré deux ans et / qui lui a procuré quelques bénéfices.
En 1845 il s’est occupé de l’organisation d’une société qui s’est formée sous la raison
Alquier & Cie pour l’éta- / blissement des entrepôts du nord et de l’est que l’on devait / sur les
terrains achetés par Mr Ardoin. Il lui avait / été attribué 20 actions libérées de 1000 francs
chacune / pour rémunération de ses soins et il avait souscrit un assez / grand nombre d’actions
sur lesquelles il a fait des versements / jusqu’à concurrence de 34000 francs.
Cette affaire n’ayant point réussi il a entrepris en / 1846 avec un sr Armingaud [19] la
publication de deux / ouvrages : L’histoire des peintres et le Livre des familles. / La société
formée pour cette opération suivant acte passé / devant Me Vatin en date du 20 octobre 1847 a
été / dissoute le 20 janvier 1850 et Mr Armingaud s’est /
[saut de page]
chargé de la liquidation à forfait moyennant l’abandon / qui lui a été fait de l’actif.
Pendant le cours de cette société la révolution de / février ayant éclaté le sr O’Reilly a
été nommé Secrétaire / Général de la Préfecture de police ; mais comme il était / embarrassé
dans des affaires, et que, par suite il a été / formé des oppositions sur ses appointements il n’a
pu / conserver son emploi que pendant six mois.
Depuis et jusqu’en 1850, il s’est occupé avec / le sr Armingaud des publications dont
j’ai parlé plus / haute. Après la dissolution de la société qu’il avait / formée avec ce dernier il
s’est placé comme employé / chez la dame Lefèbvre, fabricante de serres et chassis / rue
faubourg du temple n° 92 où il demeure en ce /moment .
L’actif déclaré au bilan énonçait une pendule et / autres objets remis à titre de
nantissement à un sr / Vidal.
Ces objets que le sr O’Reilly estimaient [sic : P. B.] valoir 1000 fr. / avaient été remis
par lui au sr Vidal il y a environ / 5 ans en garantie de 1700 fr qu’il lui devait puis il les lui
avaient abandonnés / moyennant le dit prix de 1000 fr. Le sr Vidal s’est / prévalu de cette
vente que je n’ai pu contester.
Comme actif douteux le dit bilan énonçait un / quart de la propriété du livre des
familles, 10 actions / de l’Institut Militaire et des actions de la société / alquier & Cie . Le sr
O’Reilly aurait dû considérer / ces valeurs comme entièrement perdues car le Livre des
familles est abandonné depuis longtemps et les actions de l’Institut militaire ainsi que celles
de / la société Alquier & Cie sont sans aucune valeur.
Il existe à la caisse des Consignations une / petite somme de 230 -, provenant de
retenues sur les / appointements du sr O’Reilly alors qu’il était à / la Préfecture de police, mais
cette somme est arrêtée /
[saut de page]
Par de nombreuses oppositions dont ne n’ai pu obtenir / les main-levées amiablement.
Comme les frais que j’aurais eu à faire auraient absorbé la somme déposée / j’ai dû renoncer à
procéder judiciairement.
De toutes les valeurs actives énoncées au bilan il / ne reste donc qu’un chétif mobilier
estimé ...
182 –
Il m’a été versé par Mr O’Reilly en différentes fois une somme de 500- qui sera
absorbée par les / frais de la faillite, ce qui fait que je ne la porte ici /
que pour ----------------------------------------------------------- Mémoire
Le passif s’élève à 82,901- 17 savoir :
Créances vérifiées et affirmées
46.441- 75
do produites et non affirmées
5.659 - 42
do portées au bilan et non produites
30.800
-------------Francs
82 901 - 17
Ce passif provient en grande partie des engagements / que le sr O’Reilly résultant des
diverses / opérations auxquelles il s’est livré et qui ne lui / ont pas réussi.
La situation que je viens de présenter vous fait / voir, Messieurs qu’il n’existe aucun
actif à réaliser / et que vous n’avez à espérer que ce que vous offrira / votre débiteur.
Paris le 26 octobre 1853
[signé] Heurtey »
C’est en 1846 qu’O’Reilly écrivit cette lettre à Enfantin :
«
12 juin 1846
Monsieur Enfantin,
Je ne sais si vous avez encore souvenance de votre voisin de Ste Pélagie – peut-être
que non – mais enfin voici de quoi il s’agit : un de mes amis notaire à Lyon voudrait devenir
celui de la compagnie, y à-t-il possibilité ? Je ne vous dis rien sur son mérite ce sera l’affaire
d’une conversation si vous voulez bien m’accorder cinq minutes d’entretien.
En attendant mon cher compagnon d’infortune croyez moi votre bien dévoué et
affectionné
O’Reilly » (20)
Entrepreneur sous le Second Empire, O’Reilly n’en était pas moins en réserve de la
République, à en juger par la visite qu’il rendit en Suisse à Edgar Quinet et la lettre qu’il lui
écrivait en 1871 :
Paris le 28 juin 1871
46 Boulevard Magenta
Monsieur et cher concitoyen
Très certainement j’ai conservé / bon souvenir de Veytaux, comme / aussi de l’homme
éminent qui l’a / illustré pendant son séjour …
Vous me demandez mon concours / pour des hommes que j’aime et que / j’estime la
tâche est donc facile, / sauf Patrice Larroque, tous ont passé sur / la liste du comité central
républicain
Excusez le retard que j’ai mis à vous / répondre, mais quand vous saurez que j’ai
/gardé forcément la chambre pendant cinq / jours, où je suis encore retenu, mon pardon / me
sera j’en suis sûr très certainement accordé
Espérons, cher Monsieur, de meilleurs / jours pour notre pauvre France, et croyez
toujours à mes sentiments les plus dévoués
O’Reilly (21)
Quand on pense qu’Edgar Quinet avait connu Pierre Romain O’Reilly… Était-ce, dans
l’esprit de Quinet, Pierre Romain O’Reilly qui lui rendait visite en Suisse ou un homonyme ?
Que dire de plus ? Qu’O’Reilly avait été décoré de Juillet, qu’il fut le seul condamné
de juin 1832 à être amnistié à titre individuel, maire du 10ème arrondissement de septembre à
novembre 1870, membre du conseil de surveillance du Mont-de-Piété après la Commune. Mr
Thomas Bouchet lui a consacré une notice sur le CDROM du Dictionnaire Biographique du
Mouvement Ouvrier Français.
Pierre Baudrier
1) Cf. Gaulmier (Jean).- Béranger et son médecin, Travaux de linguistique et de littérature, I, Strasbourg, 1963,
pp. 219-232
2) Cf. Liste générale des pensionnaires de l’ancienne liste civile, avec l’indication sommaire des motifs de la
concession de la pension (Cette liste a été dressée en exécution de la loi du 23 décembre 1831.).- Paris : Impr.
Royale, 1833.- 490 p.
3) Notice du tome V de la Biographie universelle et portative des contemporains de Rabbe, Vieilh de Boisjolin
et Sainte-Preuve (1834)
4) Archives de Paris : D2y13 – 19, n° 209
5) Guillaumot (Henri).- La Morale révolutionnaire en action ou Choix de Faits mémorables & Anecdotes
instructives propres à faire aimer la Marianne, à former le cœur des jeunes citoyens par l’exemple de toutes les
vertus civiques.- Paris, Bureaux de la Gazette Française, 82, rue Bonaparte, 1877, pp. 7-8
6) Mérimée (Prosper).- Correspondance générale établie et annotée par Maurice Parturier avec la collab. de
Pierre Josserand et Jean Mallion... Tome 16, p. 27.
7) O'Reilly.- [Lettre sur la liquidation de la commission des réclamans de juillet publiée le 14 avril 1833].- Paris,
A. Mie, 1833.- 8°, 2 p. Cote à la BN : Lb51 1846. Reproduit dans : Les Associations républicaines 1830-1834.Paris, EDHIS, 1974.- 8°, pagination multiple (Les révolutions du XIXème siècle . 1)
8) Gazette des Tribunaux, 26/27. 11. 1832
9) P. 151 de : Doyon (André), Du Parc (Yves).- Les Amitiés parisiennes de Stendhal. Préf. de Victor Del Litto.Lausanne, Grand-Chêne, 1969.- 8°, 163 p. (Collection stendhalienne. N° 11)
10) Même tome de la correspondance de Mérimée que précédemment, p. 34.
11) Cf. Doyon, Du Parc, ci-dessus note 8, p. 160
12) Cf. Baudrier (Pierre).- Les métamorphoses de Robert Richard O’Reilly, Généalogie en Yvelines, n° 93,
septembre 2010, pp. 147-149
13) Pp. 88, 93, 94, 108 de : France. Cour des Pairs.- Attentat du 27 décembre 1836. Procédure. Dépositions de
témoins.- Paris : Impr. Royale, 1837.- 275 p. ; pp. 79, 161 de : France. Cour des Pairs.- Attentat du 27 décembre
1836.- Interrogatoires des accusés.- Paris : Impr. Royale, 1837.- 210 p.
14) Pp. 44, 53 de : France. Cour des Pairs.- Attentat de décembre 1836. Rapport fait à la Cour par M. Barthe.Paris : Impr. Royale, 1837.- 87 p.
15) Cf. Journal des débats politiques et littéraires, mercredi 23 août 1848, p. 2.
16) Archiv. Nat. C 932A, chemise du 26 mai 1848
17) Cf. p. 358 de : Dictionnaire ou tableaux synoptiques d’après les journaux judiciaires des faillites, séparations
de biens, nominations de conseils judiciaires, interdictions et réhabilitations. Prononcées par les tribunaux de
Paris, depuis le 24 février 1848 jusqu’au 1er janvier 1863, précédé de la jurisprudence y relative et suivi d’un
supplément annuel.- Paris : Chez l’Auteur, Rue Rambuteau, n° 2, 1863.- CVI-477 p.
18) Archives de Paris, registre D10U13 29
19) Jean Germain Désiré Armengaud
20) Arsenal Ms 2768/69 Fonds Enfantin
21) Bibliothèque Nationale de France : NAF 20794, correspondance d’Edgar Quinet, feuillet 315

Documents pareils