Le glucose : un doux poison

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Le glucose : un doux poison
Métabolisme et alimentation
Le glucose : un doux poison
[
Philip Home
Le glucose est le carburant dont dépendent de nombreux
composants de notre organisme. C’est également la substance
chimique sanguine responsable des dégâts qui causent autant
de problèmes potentiels aux personnes atteintes de diabète.
les muscles, simplement parce que
nous avons plus de muscles que de
foie et qu’il existe une limite à la
capacité de stockage du glycogène.
Dans cet article, Philip Home examine le lien existant entre ces
Un contrôle strict de la
glycémie naturel
propriétés du glucose.
Il est fascinant d’observer que, si du
glucose est donné à une personne qui n’est
pas atteinte de diabète ni d’intolérance
>>
au glucose, l’organisme fera tout pour
éviter que sa concentration dans le sang
Tout le monde aime ce qui est doux et
famine. Les femmes, cependant, sont
n’augmente de façon substantielle. Une
sucré. Les êtres humains ne sont pas les
constituées de plus de graisses que les
glycémie normale avant les repas tourne
seuls à avoir un penchant pour le sucre ;
hommes dans ces populations ; en fait,
autour de 4,5 mmol/l (80 mg/dl), mais après
les animaux l’ont aussi généralement.
ce tissu adipeux signale à leur organisme
un repas copieux, elle ne peut se maintenir
Dans la nature, le sucre se trouve
lorsqu’il y a assez de réserves pour
au-delà de 5,5 mmol/l (100 mg/dl) que
principalement dans les fruits et ces sucres
assurer une grossesse, un état où les
pendant 30 minutes. La sécrétion rapide
sont particulièrement doués pour attirer
besoins en énergie sont plus grands.
de l’insuline est la clé de ce contrôle :
les animaux à les consommer et disperser
( )
ainsi la semence qui y est associée. Mais les
sucres ont d’autres rôles dans la nature,
les deux rôles les plus évidents étant à des
fins structurelles dans les plantes et en tant
que réserves d’énergie et de carburant, à
la fois dans les végétaux et les animaux.
Notre énergie quotidienne
provient des hydrates
de carbone consommés,
d’une part, elle bloque la production de
glucose par le foie et, d’autre part, elle
stimule le stockage du glucose dans le tissu
musculaire sous forme de glycogène.
transformés puis stockés
en tant que glycogène.
Ceci est intéressant car cela est assez
coûteux en termes d’énergie. Aucun
Mais les besoins quotidiens en énergie
processus chimique n’est efficace à 100 %,
Besoins en énergie et ressources
viendront des hydrates de carbone
même le simple fait de brûler du pétrole
Selon un mythe moderne, la principale
consommés par nos ancêtres lointains,
ou du gaz peut n’être efficace qu’à 20-30 %
réserve d’énergie chez les êtres humains
décomposés dans l’intestin, absorbés,
pour extraire de la chaleur. La nature
est la graisse. Une simple observation
transformés en glucose puis stockés en
s’en sort plutôt bien avec les hydrates de
des populations de chasseurs-cueilleurs
tant que glycogène, l’équivalent animal de
carbone, mais il n’est pas très difficile de
révélera que naturellement l’être humain
l’amidon. Un autre mythe très répandu
calculer que la digestion, le stockage sous
n’est pas constitué de beaucoup de graisses,
est que ce stockage se produit
forme de glycogène dans les muscles, la
et que ce sont les protéines des muscles
principalement dans le foie. En fait,
décomposition ultérieure du glycogène
qui fournissent les calories en temps de
l’essentiel du stockage se fait dans
en intermédiaires carbonés transportés
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Décembre 2004 Volume 49
Numéro spécial
Métabolisme et alimentation
par le sang vers le foie et la reformation
non. A des taux normaux, un certain
de glucose (qui approvisionne notre
nombre de mécanismes chimiques
cerveau entre les repas), consomment
existent pour protéger l’organisme de
près d’un tiers de l’énergie absorbée au
la réactivité naturelle du glucose, tout
moment des repas. Mais les êtres humains
en laissant les tissus utiliser son énergie.
chasseurs-cueilleurs, tout comme d’autres
Toutefois, il semble que, une fois que
animaux, ne pourraient guère se permettre
les taux normaux sont dépassés, la
de dépenser autant d’énergie. Alors
concentration plus élevée de glucose
pourquoi développer un tel processus ?
surpasse les défenses et réagisse avec
( )
plusieurs autres structures cellulaires et
La digestion, le stockage,
processus chimiques pour provoquer
la décomposition et la
d’importants troubles biochimiques.
reformation du glucose
consomment près d’un
tiers de l’énergie absorbée
au cours des repas
Limitation des dégâts
Le tissu le plus exposé au glucose est
évidemment la paroi des vaisseaux
sanguins, une cellule connue sous le
Un carburant toxique en nous
nom d’endothélium. Cela peut expliquer
Les clés se trouvent dans les paragraphes
pourquoi le diabète, une condition
précédents ; le glucose est en même
essentiellement caractérisée par une
temps un carburant (et à ce titre, il
glycémie élevée, exerce la plupart des
est essentiel) et il est étroitement
dégâts sur deux groupes de vaisseaux
contrôlé dans le sang. Par définition, une
sanguins, à savoir les artères qui
caractéristique nécessaire de tous les
alimentent le muscle cardiaque, le cerveau
carburants et d’autres sources d’énergie
et les jambes, et les petits vaisseaux
(comme l’électricité) est qu’ils peuvent
des yeux, des reins et des nerfs.
produire beaucoup d’énergie, mais que,
pour faire cela, ils doivent être réactifs. Par
conséquent, nous nous entourons de gaz
et de produits explosifs à base de pétrole,
nous remplissons nos maisons d’électricité
à haute tension potentiellement mortelle et
( )
Le glucose, comme toutes
les sources d’énergie, est
destructeur une fois qu’il
n’est plus sous contrôle.
nous construisons des centrales nucléaires
Les cellules endothéliales et leur
pour diviser les atomes. Même les sources
réaction à de fortes concentrations de
d’énergie alternatives, comme le vent et
glucose ont été étudiées en culture, en
les vagues, peuvent être destructrices
dehors de l’organisme. En laboratoire,
lorsqu’elles ne sont plus sous contrôle,
il est possible d’étudier plusieurs des
comme les habitants de Floride et des
processus biochimiques normaux
Caraïbes peuvent en témoigner.
et les fonctions de ces cellules et il
Pendant que vous lisez cet article,
fonctions deviennent anormales en
votre cerveau consomme du glucose.
cas d’exposition à des concentrations
Heureusement, les taux de glucose
élevées de glucose. Ceci est dommage
dans votre sang sont bien contrôlés,
évidemment car cela signifie que les
que vous soyez atteint de diabète ou
processus anormaux qui causeraient les
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© mauritius
s’est avéré que bon nombre de ces
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problèmes de vaisseaux sanguins liés au
fait, la situation semble être plus grave
diabète seraient trop nombreux pour
encore : les principales études sur des
concevoir un nouveau médicament
personnes atteintes de diabète de
capable de bloquer les dégâts.
type 1 ou de type 2 suggèrent que les
dégâts qui affectent les yeux, les nerfs et
Tout cela est important pour le
les reins empirent de façon exponentielle
contrôle de la glycémie après les repas,
lorsque la glycémie augmente, c’est-à-
pour la simple et évidente raison que
dire qu’à chaque augmentation d’une
c’est à ce moment-là, même chez
unité de la glycémie, l’effet est pire que
une personne qui n’est pas atteinte
lors de l’augmentation précédente.
de diabète, que la glycémie est la plus
élevée. Si la nature permet que la
Un besoin toxique
glycémie atteigne des taux plafond de
Nous ne devons pas devenir
6,5 mmol/l (118 mg/dl) après les
paranoïaques ni obsédés par le glucose,
repas chez des personnes saines, il
mais, comme tous les autres carburants
est alors raisonnable de supposer
qui nous entourent, nous devons le
que des taux de cet ordre (45 %
traiter avec précaution et le contrôler.
plus élevés que le taux habituel
Si vous n’êtes pas atteint de diabète,
de 4,5 mmol/l, voir ci-dessus) ne
vous avez la chance de pouvoir laisser
soient pas très toxiques entre les
la nature se charger de ce contrôle
repas ou au réveil. Mais les taux au
pour vous ; si vous êtes atteint de
moment des repas risquent alors
diabète, alors vous devez consentir des
d’augmenter beaucoup plus, pouvant
efforts pour contenir les propriétés
souvent atteindre, malgré un traitement,
de cet ami toxique, pourtant essentiel,
12 mmol/l (220 mg/dl) chez les
en particulier après les repas.
personnes atteintes de déficience
de la production d’insuline.
Nous savons que de tels niveaux
sont très toxiques ; en effet, les
tissus des personnes atteintes
de diabète subissent des dégâts
importants lorsque la glycémie n’est
pas correctement contrôlée pendant
de longues périodes. Ceci explique
donc la nécessité de développer
des moyens pharmacologiques (voir
les articles de Thomas Kunt et Alan
[ Philip Home
Philip Home est le Rédacteur en chef
sortant de Diabetes Voice et Président
du Groupe de travail de la FID sur les
directives cliniques (IDF Clinical Guidelines
Task Force).
Garber dans ce numéro de Diabetes
Voice) afin de mieux contrôler les
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taux de glycémie après les repas et
l’importance du choix d’aliments qui
réduisent l’absorption de glucose (voir
l’article de Jim Mann et Alex Chisholm
dans ce numéro de Diabetes Voice). En
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