MANAGEMENT-65:Mise en page 1
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MANAGEMENT-65:Mise en page 1
MANAGEMENT Qu’une entreprise cherche un profil pour une mission ou qu’un cadre recherche un emploi, les agences de travail temporaire sont des intermédiaires qualifiés pour pourvoir un poste de cadre ou d’agent de maîtrise en intérim, mais aussi en CDD ou CDI. Un emploi de cadre via une agence d’intérim, c’est possible ! i la crise joue un rôle, la tendance à la hausse de l’intérim chez les cols blancs s’avère structurelle. Selon le Baromètre Prisme-emploi d’avril 2012, 11,7 % des intérimaires sont des cadres ou des professions intermédiaires. « Le secteur transport/logistique étant cyclique, note Bruno François, Responsable grands comptes Transport logistique, Manpower, qui compte une trentaine d’agences spécialisées en logistique et d’autres spécialisées sur les emplois cadres, il a été très touché fin 2008. L’intérim associé a fortement diminué. Le redémarrage a été rapide en 2010 car les entreprises ne souhaitent pas s’engager à long terme sur la masse salariale qui mettrait en péril la trésorerie. Depuis 2008, l’intérim des cadres et agents de maîtrise augmente, notamment auprès des jeunes diplômés mais aussi parmi les personnes expérimentées. » L’intérim permet en effet de se positionner S ©FEDSUPPLY Romain Devrièse, Manager chez Fed Supply. 58 N°65 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JUIN 2012 sur le marché du travail ou de rebondir après un licenciement. Fin du monopole de placement de Pôle Emploi Depuis la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005, dite loi Borloo, qui a mis fin au monopole de placement de Pôle Emploi, les agences d'emploi peuvent exercer une activité de placement : recrutement en CDI ou en CDD, services de coopération avec Pôle Emploi et d’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi. Ainsi, le Prisme (Professionnels de l’intérim, services et métiers de l’emploi) parle d’agences d’emploi et non plus d’intérim ou de travail temporaire, même si ces termes restent usités par les acteurs du marché. Le Prisme regroupe 600 entreprises de toutes tailles qui représentent, avec 6.700 agences sur le territoire français, 90 % du chiffre d’affaires des professionnels de l’inté- ©REMY VALLÉE-FOTOLIA Briser les idées reçues Les idées reçues sur l’intérim persistent pourtant, résultant en partie d’une méconnaissance des agences d’emploi. Un argument entendu chez plusieurs Directeurs Supply Chain est la crainte de voir partir l’intérimaire, sans lien direct avec l’entreprise puisqu’employé par le réseau de travail temporaire, qui cherche du travail à côté. « Certaines entreprises préfèrent le CDI à l’intérim perçu comme un engagement plus fort entre le salarié et l’entreprise », souligne Sophie Lemoine, qui cherche un poste de Supply Chain Manager. D’autres, à l’inverse, utilisent l’intérim comme pré-embauche. » Or, il existe une courte période d’essai dans le contrat d’intérim. Si l’intérimaire décroche un CDI ailleurs, son préavis n’est qu’au plus de deux semaines. Sophie Aeschliman, Manager chez Experts en région Rhône-Alpes, groupe Adecco, remarque : « Pour l’intérim des hautes compétences, c’est un travail de longue haleine de démontrer que le candidat aura la même « motivation » qu’une personne en CDI/CDD intégrant l'entreprise via une période d’essai. Ce sont en fait les intérimaires qui ont une bonne formation et de l’expérience qui, par la qualité de leur travail dans l’entreprise, aident le plus à briser les idées reçues. L’intérim rentre progressivement dans les mœurs depuis 2008, quand nous avons créé Experts, dédié aux cadres et techniciens. Pour les candidats expérimentés, le travail temporaire ouvre les portes de grandes entreprises de secteurs recherchés et enrichit leur CV par des missions à forte compétence (projet, logiciel…) et par les formations Sophie Aeschliman, Manager chez Experts, groupe Adecco ©ADECCO rim. Sur les sites des grands réseaux d’intérim (Adecco, Manpower, Randstad) ou d’autres sont publiées de nombreuses annonces en intérim, CDD ou CDI dans le management de la Supply Chain. Le niveau de diplôme exigé est globalement en hausse et va de bac+2 à bac+5, de même que les compétences demandées : savoir utiliser un ERP, avoir une approche analytique… suivies (Supply Chain, gestion de stocks…). L’intérim qui exige d’être opérationnel de suite améliore leur adaptabilité et donc leur employabilité. Les entreprises s’en servent pour intégrer des compétences et aborder différemment le marché de l’emploi. » Sébastien Sanchez, Directeur exécutif de la division Achat et logistique chez Page Personnel, dispose d’une base de 60.000 candidats ; la filiale de Michael Page International a pourvu 1.500 missions en 2011 en transport/logistique/achats pour des postes jusqu’à 40.000 euros annuels : « C’est une vraie stratégie RH que d’externaliser sa masse salariale via l’intérim, prisée plutôt par de grandes entreprises, ou d’externaliser le recrutement par manque de ressources RH, surtout parmi les PME. » Quand les groupes prévoient une hausse d’activité, les agences d’emploi sont les pompiers des PME qui appellent à la dernière minute. Les atouts de l’agence d’emploi Romain Devrièse, Manager de Fed Supply, explique le processus de recrutement : « Le principal avantage pour les entreprises est le gain de temps. Nous rencontrons et évaluons les candidats en amont. Centre de convergence entre les candidats et les JUIN 2012 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°65 59 MANAGEMENT clients, nous parlons le même langage : la Supply Chain. Nous diffusons les annonces d’emploi sur notre site, les sites généralistes, les sites spécialisés comme supplychain.fr, jobtransport. En parallèle, nous recherchons les profils adaptés dans les cvthèques internes et externes, et sur les réseaux sociaux. Les candidats présélectionnés sont reçus en entretien individuel, les références auprès d’anciens employeurs sont vérifiées. Nous présentons deux à trois candidatures ciblées en adéquation avec les besoins de l’entreprise. Nous conservons les dossiers des candidats non retenus dans notre base pour les positionner sur un prochain poste. En outre, nous avons une vision complète du marché Supply Chain/Achats et pouvons apporter un rôle de conseil sur les rémunérations actuelles du marché. » Et Bruno François, Manpower, d’ajouter : « Nous offrons des solutions d’optimisation de l’intérim et du recrutement pour accompagner la stratégie RH de l’entreprise, à travers la gestion de la durée des missions, l’utilisation des dispositions légales... Nous faisons du « push », appelant l’entreprise susceptible d’être intéressée par un profil qui vient de rentrer. Nous formons les candidats pour les faire évoluer vers des postes plus qualifiés. Autre atout, la proximité des agences avec les sites logistiques. » Les postes d’approvisionneurs sont très majoritairement en intérim, et dans une moindre mesure en CDD, de même que ceux d’affréteurs. Car ces fonctions sont en tension, avec peu de candidats. Ingénieurs et coordinateurs logistiques sont aussi prisés en intérim. En CDD ou intérim longue durée sont recherchés : Responsables Supply Chain juniors, Gestionnaires de flux, Prévisionnistes, Planificateurs, Chefs de projet Supply Chain et Directeurs de site adjoints lors d’une ouverture de site, dans une logique de réduction d’organigramme. En CDI, on cherche des Directeurs de site, Responsables d’exploitation, Responsables logistiques, Chefs d’équipe. Car « les postes en entrepôt sont soumis à un fort Turn-Over et les entreprises cherchent à pérenniser leurs employés », analyse Romain Devrièse. Pour les postes de Middle Management, le statut cadre ou agent de maîtrise varie selon l’entreprise et le secteur. Le statut selon les agences n’est pas la priorité des candidats, qui privilégient le contenu du poste et les perspectives d’évolution. Les postes par type de contrat Selon les agences d’emploi, les postes à pourvoir en CDI/CDD versus intérim varient mais de grandes tendances se dessinent. Globalement, les métiers du transport seront plutôt pourvus en CDD ou CDI, et moins souvent via une agence d’emploi, sauf pour les remplacements d’été, tandis que ceux en logistique pourront aussi l’être en intérim en plus grande proportion. Les postes de Middle Management pourront être plus aisément pourvus en intérim que les postes à responsabilité. Rentrons dans le détail. Rémi Munoz, 25 ans, a démarré dans la vie active en pleine crise, après avoir obtenu en 2009 un Bac+4 Logistique Commerce Sup de Log au pôle Léonard de Vinci (92) en alternance, travaillant chez Snecma comme Assistant Supply Chain. « Pendant nos études, rien ne nous prépare à l’intérim. Et Pôle Emploi ne connaît pas la Supply Chain… » Après six mois de chômage, il décroche deux mois d’intérim via l’agence Tertialis comme Chargé de clientèle chez UGC, où il est ensuite embauché en CDI. Comme ni le poste ni le salaire ne lui conviennent, il accepte l’offre de Manpower d’un mois d’intérim chez Sanofi en tant que Coordinateur Supply Chain. Au final, il y reste huit mois, grâce à des prolongations avec changements de motifs. Après un plan de restructuration, il est comme d’autres personnes en intérim ou en CDD parmi les premiers à partir. Mais son CV devient plus attractif. Après un détour en presse comme Chargé de diffusion, il décroche via une agence d’emploi deux postes de Chargé d’approvisionnement : l’un pendant quatre mois au siège d’Univar (distribution chimique), l’autre pendant cinq mois chez chez Cenexi (façonnage pharma- ceutique). Quand Fed Supply l’appelle pour lui proposer un poste similaire pour trois mois en intérim, mais dans le secteur qu’il convoite, le luxe, chez Berluti, il n’hésite pas. « Il faut être débrouillard et réactif en intérim, qui permet de découvrir différents domaines. » Aujourd’hui son contrat prend fin, mais il a deux propositions de postes de Responsable approvisionnement, via un cabinet de chasse de tête, susceptibles d’aboutir. ■ 60 N°65 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JUIN 2012 ©DR Rémi Munoz, Responsable Supply Chain/Approvisionnements « Etre débrouillard et réactif » Les secteurs qui recrutent par agence d’emploi Si les entreprises que nous avons sollicitées ont fait preuve d’une grande discrétion, preuve que l’intérim n’est pas encore totalement entré dans les mœurs pour les fonctions cadres, les réseaux nous ont fait part des secteurs qui recrutent par leur intermédiaire : l’agroalimentaire, la grande distribution et l’e-commerce, la cosmétique, les prestataires logistiques - notamment en région parisienne - l’électronique, les services informatiques et techniques. Ce sont souvent de grandes entreprises, ou des PME filiales de groupe. Les PME familiales sont plus réticentes pour une question de budget. CDD vs intérim ? Les motifs légaux pour un CDD ou un contrat d’intérim sont similaires : remplacement, accroissement d’activité temporaire. Le salarié percevra une indemnité de précarité. Aussi le choix entre intérim et CDD est une question de stratégie RH. L’intérim a pour lui la flexibilité, des délais courts, les postes étant pourvus en une à deux semaines en moyenne. L’intérimaire est salarié de l’entreprise de travail temporaire qui s’occupe de la gestion administrative ; il n’apparaît donc pas dans les seuils d’effectifs légaux. En outre, une habitude désormais usuelle, quoique à la limite de légalité dans certaines entreprises, est d’utiliser l’intérim comme préembauche, pour tester le candidat. Côté coûts, ce qui est perçu par l’agence varie selon les réseaux d’intérim et les postes de cadres et d’agents de maîtrise, selon un coefficient de 1,95 à 2,6 fois le salaire net (comprenant les charges salariales, patronales, l’indemnité de précarité et la marge). Pour les CDD et CDI, la marge de l’agence est environ 18 à 22 % de la rémunération brute annuelle. Selon les réseaux et leur spécialisation, la proportion de postes logistiques à pourvoir entre intérim et contrats en CDD/CDI varie de 50/50 à 70/30. ■ CHRISTINE CALAIS Sophie Lemoine, Responsable Supply Chain/ Logistique « Prendre des responsabilités tactiques et stratégiques » L’année dernière, Sophie Lemoine, 38 ans, a repris ses études avec un Master 2 Sciences du Management et Logistique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Avec son BTS Commerce International, elle a commencé en 1995 comme Responsable Administration des Ventes dans une petite entreprise d’importation de matériel médical de diagnostic, Imeda (à présent dans le groupe Welch Allyn). « Dans une petite entreprise, on est polyvalent et j’ai développé d’autres compétences (stocks, approvisionnement, achats). » Elle poursuit en 2001 au service client de Seaquist Closures, une grosse PME qui fabrique des capsules en plastique (appartenant maintenant au groupe Aptar), avant d’y passer Responsable planning/ ordonnancement et approvisionnements, poste quitté pour obtenir un Bac+5. « J’ai fait le tour de la Supply Chain opérationnelle ; j’ai souhaité par le Master 2 prendre du recul, acquérir de nouvelles connaissances et ainsi pouvoir me diriger vers un poste avec plus de responsabilités tactiques et stratégiques. » Pendant son Master 2, depuis terminé, où elle a rédigé un mémoire sur la mutualisation logistique amont et aval, elle a fait de la veille du marché de l’emploi. Elle s’est inscrite sur des sites d’emploi généralistes et à de nombreuses agences d’emploi, dont deux l’ont reçue en entretien : Michael Page International et Fed Supply. Elle cherche à retrouver rapidement un poste de Supply Chain Manager dans une entreprise industrielle de préférence, en Seine et Marne, dans l’Oise ou à Paris, quel que soit le type de contrat (CDI, CDD ou intérim). ■ JUIN 2012 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°65 61 MANAGEMENT ©DR Anne-Claire Peron, Responsable Supply Chain « S’adapter au marché pour reprendre une activité » Titulaire d’un DESS de gestion industrielle et innovation, AnneClaire Peron a fait une belle carrière dans la logistique industrielle depuis 1992 ou après un premier CDD, elle enchaîne quatre CDI, manageant jusqu’à plus de 40 personnes comme Responsable logistique usine chez Fagor Brandt. Mais après avoir suivi son mari aux Etats-Unis en 2006, retrouver un travail à son retour en France est difficile. Aussi en 2011, elle rejoint un réseau de 100 cadres dans le Loiret, CTP 45 (Compétences en Temps Partagé). Les cadres mutualisent leurs recherches d’emploi et les missions. Puis elle va voir des agences d’intérim, mais sans succès. Elle est en concurrence avec des personnes aux expériences plus récentes. Elle active aussi son réseau. En mai 2012, elle décroche un CDD de Responsable projet optimisation des process de suivi de stocks chez Mars Petcare France jusqu’à la fin de l’année, grâce à une annonce détectée par une connaissance. « Si les termes ont évolué, la logique d’optimisation logistique et de réduction de coûts reste la même, en industrie ou dans d’autres secteurs. » Elle n’est pas contre les missions courtes : « Il faut s’adapter au marché et ne rien négliger ; toutes les solutions sont bonnes. » Même si elle préférerait savoir si elle a une autre mission après celle de Mars Petcare France, « pour pouvoir construire quelque chose personnellement. » Elle cherche un poste de Responsable projet d’optimisation Supply Chain ou un poste opérationnel avec du management d’équipe en région orléanaise, privilégiant les perspectives d’évolution et l’ambiance de travail. ■ Mes news Ressources Humaines Le bien-être, critère fondamental au travail Egalité hommes/femmes chez Gefco e bien-être au travail est fondamental pour les salariés, bien plus que le salaire, selon l’enquête Kelly Global Workforce Index 2012, réalisée auprès de 168.000 salariés dans 30 pays. En France, les raisons pour être fidèle à son employeur sont, dans l’ordre, se sentir bien dans son travail, apprécier ses missions, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, devant le salaire. Dans les raisons qui font accepter un nouvel emploi, l’équilibre vie privée/vie professionnelle arrive en tête (38 %), devant l’évolution de carrière (32 %) et le salaire (23 %), loin devant la notoriété de l’entreprise (6 %). 72 % des interrogés pensent que leur travail a du sens. Ce qui lui donne son sens, c’est d’abord la capacité à exceller dans son domaine (68 %), avant les relations avec les collègues (43 %) et l’adéquation avec ses valeurs personnelles (41 %). Ne viennent qu’ensuite l’interaction avec la stratégie de l’entreprise, puis le fait d’offrir quelque chose à la communauté. C’est donc d’abord la perception de soi et de son entourage proche qui motive le salarié. 52 % d’entre eux se sentent reconnus par leur employeur « un taux qui reste faible » selon les enquêteurs. Le bonus financier est privilégié à 72 % comme récompense de la performance – alors qu’il n’est utilisé que dans 17 % des cas – devant la promotion. Un tiers pense fréquemment changer d’emploi. Les différences entre les générations X,Y et Baby-Boomers ne se révèlent pas significatives, les résultats étant similaires quel que soit l’âge. ■ CC L L 62 N°65 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JUIN 2012 e groupe Gefco a signé le 2 mai un accord d’égalité professionnelle hommes/femmes avec les partenaires sociaux. L'objectif est de tout mettre en œuvre pour que les situations d'inégalité et de discrimination éventuelles soient éliminées. Cet accord met l’accent sur l'articulation entre vie professionnelle et responsabilités familiales. Un rapport de situation comparée analyse la situation respective des femmes et des hommes dans l'entreprise et intègre un plan d'action. Gefco s’engage à féminiser les embauches, à rémunérer de manière identique quel que soit le sexe à niveau équivalent de poste, formation et expérience, à pousser la prise de congé de paternité par une politique de rémunération incitative et un accompagnement de carrière personnalisé au regard du congé maternité, ou encore à favoriser l'accès des femmes à des postes de responsabilité. Une commission de suivi et des indicateurs recenseront les avancées réalisées. L’accord prévoit des actions de formation au niveau national auprès de l'encadrement, des organisations syndicales et des institutions représentatives du personnel, afin d’en sensibiliser 80% en un an. Gefco communique aussi sur ce thème auprès de partenaires (cabinets de recrutement, intérim, écoles ou universités). ■ CC