Trois nouvelles naturalistes

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Trois nouvelles naturalistes
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Trois nouvelles
naturalistes
Anthologie
Présentation
par Stéphane Gougelmann
Étonnants Classiques, n° 198
2,75 €
I. P O U R Q U O I É T U D I E R
TROIS NOUVELLES
NATURALISTES ?
es raisons qui justifient l’édition de trois nouvelles
L naturalistes – Jacques Damour de Émile Zola (1880),
La Retraite de Monsieur Bougran de Joris-Karl Huysmans
(1888) et Hautot père et fils de Guy de Maupassant (1889) –
ne manquent pas. La première tient à leur valeur littéraire
évidente. Faut-il rappeler que Guy de Maupassant est un
maître du genre ? Émile Zola et Joris-Karl Huysmans sont en
revanche connus davantage pour leurs talents de romanciers.
Pourtant l’auteur des Rougon-Macquart écrivit également
nombre de récits brefs et celui d’À rebours, certes bien moins
prolixe, produisit dans la même veine quelques petits textes
d’un grand intérêt. On évoquera d’autre part les nécessités de
la pédagogie. Le format de la nouvelle présente l’avantage de
ne pas trop rebuter les lecteurs qui manquent d’appétit et se
lassent rapidement. La diversité thématique des trois textes
retenus permettra en outre d’éviter l’impression d’un déjà-lu.
Le récit zolien paraît tout particulièrement conseillé pour
capter l’attention des esprits inattentifs grâce à ses effets
d’attente et de surprise. La Retraite de Monsieur Bougran et
Hautot père et fils sont sans doute moins riches en rebondissements mais l’incongruité de leur histoire pique la curiosité.
Signalons enfin que les nouvelles naturalistes s’adaptent en
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tout point aux orientations du programme de seconde puisqu’elles répondent à deux objets d’étude : « le récit, le roman
ou la nouvelle », « un mouvement littéraire et culturel du
XIXe ou du XXe siècle (français ou francophone) ».
Nous avons donc conçu l’édition en pensant avant tout aux
élèves. La présentation (• p. 5-18) rappelle les critères de
reconnaissance d’une nouvelle, donne un bref aperçu de la
vie des trois auteurs et brosse à grands traits les caractéristiques du naturalisme. Une chronologie (• p. 19-35) vient préciser les repères biographiques, historiques et culturels. Les
textes sont abondamment annotés afin d’élucider tous les problèmes de compréhension littérale. Enfin, un dossier composé à la fois de documents complémentaires, de questions et
d’exercices permet l’accompagnement et la prolongation de
la lecture des trois nouvelles (• p. 131-153).
II. T R O I S
FACETTES DU NATURALISME
Les trois récits qui composent le recueil procèdent d’un
choix qui, comme souvent, s’est fait dans l’embarras. L’offre
était variée et abondante parmi les œuvres des écrivains
qu’on range, à tort ou à raison, sous la bannière naturaliste.
Nous avons donc fait de cette diversité le critère même de
notre sélection. Les nouvelles retenues appartiennent à la
même esthétique et pourtant sont très différentes. Jacques
Damour retrace la vie d’un brave ouvrier parisien emporté
peu à peu dans le maelström de la Commune. Déporté à
Nouméa, il s’évade et revient bien des années plus tard pour
retrouver sa famille. Mais sa femme s’est remariée et sa fille
semble avoir disparu. Dans La Retraite de Monsieur Bougran, Huysmans met en scène Bougran, un fonctionnaire
contraint de prendre sa retraite alors qu’il ne trouvait sens à
son existence que dans son travail de bureau, au ministère. Ce
changement ravage le vieil homme et le précipite dans la folie
et dans la mort. La nouvelle de Maupassant nous transporte
en Normandie et raconte un de ces secrets au parfum de scandale qui traînent dans les vieilles familles bourgeoises.
Hautot père charge, sur son lit d’agonie, son fils, César, de
prendre soin de Caroline, avec laquelle il entretenait une
liaison. Hautot fils rencontre la maîtresse de son père,
découvre son demi-frère, mais surtout tombe amoureux de
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cette femme. Il prend alors peu à peu la place de son père
dans le foyer de Caroline.
Les trois récits offrent donc une variété manifeste, du point
de vue de la diégèse, des types de personnages, des lieux, des
époques, des classes sociales, etc. Pourtant chacun d’eux procède à sa manière d’une visée naturaliste. Rappelons que les
trois auteurs se sont rencontrés entre 1875 et 1876 et qu’ils
ont participé aux Soirées de Médan (1880), recueil qui fait
figure de manifeste naturaliste 1. En outre, les trois nouvelles
ont été composées à la même période, dans les années 1880 :
Jacques Damour fut publié la première fois dans le Messager
de l’Europe en août 1880 2, La Retraite de Monsieur Bougran, prévue pour être insérée dans la revue britannique The
Universal Review, mais qui fut refusée par son directeur 3, a
été écrite vraisemblablement avant 1888, et Hautot père et
fils parut dans L’Écho de Paris du 5 janvier 1889 4.
On objectera que Maupassant, s’il admire les romans de
Zola, ne reprend pas à son compte tous les présupposés idéologiques du maître de Médan 5. La nouvelle a été en outre
écrite la même année que Fort comme la mort, roman qui
relève davantage d’une psychologie à la Paul Bourget que du
déterminisme de Zola 6. Il faut noter à ce propos qu’Hautot
1. Les Soirées de Médan rassemblent des nouvelles prenant pour thème
la guerre de 1870. Outre Zola, Huysmans et Maupassant, Paul Alexis
(1847-1901), Léon Hennique (1850-1935) et Henri Céard (1851-1924)
ont participé au recueil.
2. La nouvelle reparut dans Le Figaro des 27, 28, 29, 30 avril et 1er et
2 mai 1883 avant que Zola ne l’adjoignît au recueil Naïs Micoulin (1884).
3. Harry Quilter.
4. Hautot père et fils fut à nouveau publié dans La Vie populaire le
24 avril 1889, avant d’être repris dans le recueil La Main gauche (1889).
5. Voir ce qu’écrit Maupassant à Flaubert le 24 avril 1879 : « Que ditesvous de Zola ? Moi, je le trouve absolument fou. Avez-vous lu son article sur Hugo ? Son article sur les poètes contemporains et sa brochure La
République et la littérature ? “La République sera naturaliste ou elle ne
sera pas” – “Je ne suis qu’un savant.” (Rien que cela. Quelle modestie) –
“L’enquête sociale”. – Le document humain. La série des formules. On
verra maintenant sur le dos des livres : “Grand roman selon la formule
naturaliste ; Je ne suis qu’un savant !”… Cela est pyramidal… Et on ne
rit pas… » (cité par Colette Becker dans son introduction aux Soirées de
Médan, Paris, Le Livre à venir, 1981, p. 25).
6. Zola, à la même époque, est contesté par une nouvelle génération
d’écrivains naturalistes. Voir le Manifeste des Cinq, brûlot lancé contre
La Terre par P. Bonnetain, L. Descaves, J.-H. Rosny, P. Margueritte et
G. Guiches.
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père et fils et Fort comme la mort 1 développent un motif
analogue : la confusion des sentiments entre parents et enfants,
le mélange incestueux des désirs. Nous reproduisons un extrait
de Fort comme la mort dans la partie « Dossier » de notre édition (• p. 149-151), ce qui permettra de rapprocher les deux
œuvres. Cependant, Hautot père et fils ne fournit aucune des
analyses psychologiques auxquelles Maupassant s’adonne dans
son roman. La nouvelle en reste à une description purement
comportementaliste, conformément à la manière, non pas de
Paul Bourget, mais des naturalistes de la première génération.
On pourra également s’interroger sur l’orthodoxie naturaliste de La Retraite de Monsieur Bougran. La nouvelle est en
effet postérieure au roman À rebours (1884) dans lequel
Huysmans s’éloignait ostensiblement de Zola, en cherchant
moins à représenter le monde moderne qu’à jouer avec le langage et les plaisirs de la rhétorique. On connaît par ailleurs les
raisonnements anticonformistes de des Esseintes et le fameux
« la nature a fait son temps » qui célèbre l’artifice et permet
d’échapper aux contraintes du réel. On retrouvera dans La
Retraite de Monsieur Bougran quelques marques d’exubérances verbales notamment dans l’imitation jubilatoire de ce
style propre à l’administration française. Le jardin du Luxembourg, décrit au chapitre II, apparaît également comme un
symptôme de cette dénaturation qui affecte, selon Huysmans,
la société civilisée. Il n’empêche. L’écriture de La Retraite de
Monsieur Bougran se rapproche du style d’En ménage (1881)
ou d’À vau-l’eau (1882) plus que de celui d’À rebours et
exprime une vision mécanique de l’humanité que n’aurait
sans doute pas reniée Zola.
Si Huysmans et Maupassant, chacun à leur façon, marquent leur distance avec les principes du Roman expérimental
(1880) de Zola, ils ne rompent donc pas les ponts. Et les trois
nouvelles témoignent de préoccupations communes.
Jacques Damour fournit un exemple en réduction de la
méthode d’écriture zolienne. Le destin du héros résulte en
effet des déterminations conjuguées du tempérament individuel, du milieu social et de l’époque. Le rapport entre les
êtres rappelle en outre les lois du comportement de certaines
espèces animales : les « mâles » luttent entre eux pour obtenir
1. Dans Fort comme la mort, Olivier Bertin tombe amoureux de la fille
de sa vieille maîtresse.
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les faveurs de Félicie. Berru convoite ainsi la jeune femme,
sitôt Damour déporté en Nouvelle-Calédonie. Damour, de
retour à Paris, essaie de reprendre sa femme et se sent prêt à
affronter le boucher. Mais le gros Sagnard n’a pas grand
peine à évincer le maigre prétendant, qui s’incline presque de
lui-même, se sentant rapidement « diminué » devant le boucher 1. De plus, Zola, quelques années avant La Débâcle, livre
à travers la nouvelle son point de vue sur la Commune, et,
plus globalement sa conception cyclique de l’Histoire. La
Commune apparaît comme un moment de dépérissement
national, une folie collective née des rigueurs du siège de
1870, de la nullité du gouvernement, et des mots d’ordre
révolutionnaires proférés par quelques habiles agitateurs
communistes. Loin de libérer les pauvres gens, la Commune
broie les destins individuels. Damour en est la victime
archétypale : un ouvrier moyen, père de famille, mû par une
indignation légitime mais emporté par les mouvements de
foule. Son retour à Paris, narré à partir du deuxième chapitre,
montre qu’il a tout perdu : non seulement sa famille s’est dissoute, mais la société tout entière n’a jamais été aussi avide
de « chair » et d’« or », ces deux vices si caractéristiques du
siècle, comme en témoigne La Curée. Le monde est donc
comme avant, et peut-être pire encore. Sa femme repousse
l’ouvrier, trop heureuse désormais d’avoir les mains plongées
dans le tiroir-caisse de sa boucherie, royaume sanguinolent
du matérialisme triomphant. Louise, sa fille, est devenue une
cocotte, à l’instar de Nana, logée dans un « hôtel luxueux »
du nouveau quartier de l’Europe, celui des nouveaux riches.
Elle déteste les communards mais, parce qu’elle est « bonne
fille », veut bien engager son père comme veilleur d’une
« propriété, qu’un monsieur venait de lui acheter, près de
Mantes » (• p. 82). Celui qui a naïvement rêvé d’une société
sans classe devient le domestique de sa fille ! Damour n’en
remercie pas moins la Providence : « Il engraisse, il refleurit, bourgeoisement vêtu, ayant la mine bon enfant d’un
ancien militaire » (• p. 82). L’ancien ouvrier échafaude bien
quelques projets révolutionnaires avec Berru, mais c’est pour
entretenir l’illusion de n’avoir pas tout renié. Ce ne sont en
effet que paroles vaines : en régime naturaliste, le destin
1. On pourra faire un rapprochement avec la lutte des « Maigres » et des
« Gras » dans Le Ventre de Paris.
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s’accomplit selon les lois des déterminismes, non celles
des velléités personnelles, encore moins des déclarations
d’intention. La fin de la nouvelle en atteste avec une ironie
certaine.
Et c’est ce même ricanement que l’on entend dans les nouvelles de Huysmans et de Maupassant. Dans Hautot père et
fils, on voit César marcher sur les pas de son père et s’installer peu à peu dans l’appartement et dans le cœur de Caroline. Lois de l’hérédité ? Mimétisme des habitudes ? Pulsion
incestueuse ? Maupassant ne nous le dit pas. Toujours est-il
que se joue cet inquiétant retour au même qui scelle la décadence bourgeoise : un univers qui se renouvelle dans la réitération, qui se féconde lui-même dans un rapport endogame et
consanguin.
Répétition encore dans La Retraite de Monsieur Bougran,
montrée non pas dans le décalque d’une génération sur
l’autre, mais dans la reproduction mécanique des faits et
gestes de la vie de bureau. Monsieur Bougran ne sait faire que
ce qu’il accomplit depuis plus de vingt ans au ministère :
recopier des formules administratives, remplir des imprimés,
user d’un langage impersonnel et stéréotypé. À la retraite, le
voici comme une vieille machine mise au rebut. Plutôt que de
changer de vie, il recrée artificiellement les conditions qui lui
permettront de retrouver tous ses automatismes. La mythomanie sert alors de paravent indispensable pour cacher le vide
abyssal d’une existence stérile (Monsieur Bougran fait partie
de ces héros célibataires, incapables de procréer, qui peuplent
les romans fin de siècle). Le vieux fonctionnaire s’éteint ainsi
dans l’illusion de mourir glorieusement à la tâche. Il y a
quelque chose de prékafkaïen dans cette évocation très drôle 1
d’un destin réduit à une pure et simple mécanique professionnelle.
Dans les trois nouvelles, donc, nous retrouvons cette idée
très naturaliste d’un destin qui échappe à la volonté et ne
fait qu’accomplir ce qu’exigent les lois du comportement
humain.
1. Rappelons qu’André Breton insère Huysmans dans son Anthologie de
l’humour noir.
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III. P R O P O S I T I O N
DE SÉQUENCE
Objectifs : découvrir le contexte ; s’assurer de la bonne
connaissance du contenu des trois nouvelles ; définir le
genre de la nouvelle.
Support : tableau à compléter.
• Travail préparatoire
Au vu de la chronologie et de la présentation, déterminer
les points communs entre les trois auteurs ; lire les trois nouvelles et remplir le tableau « Structure des nouvelles » situé
dans le Dossier (• p. 133).
• Correction du tableau (voir page suivante)
Pour les indications d’époque et de lieu, on aura soin de
faire relever aux élèves les expressions précises dans les
textes qui permettent de situer l’action dans un cadre spatiotemporel.
Le commentaire du tableau permet de faire apparaître
quelques caractéristiques de la nouvelle : nombre limité de
lieux et de personnages, période de temps assez courte ou
bien rendue sous forme elliptique. On insistera sur le traitement du temps. Les trois nouvelles se déploient selon un
déroulement, une chronologie.
On montrera l’originalité de Jacques Damour qui ressemble à un petit roman. Pour une définition de la nouvelle,
on peut demander de lire la première partie de la « Présentation » (• p. 5-6) et de la résumer.
LE SENS DES RÉCITS
Objectifs : faire émerger le sens qui émane de l’enchaînement
des actions du récit ; étudier le schéma narratif.
• Travail préparatoire
Étudier les grands mouvements de chacune des nouvelles.
Partir du récit le plus linéaire (Hautot père et fils), puis étudier les deux autres récits plus complexes (tout au moins dans
Trois nouvelles naturalistes
INTRODUCTION À LA SÉQUENCE
Personnage
Jacques Damour
Berru
Félicie
Eugène
Louise
Nouvelle
Jacques Damour
Idem
Idem
Idem
Idem
Couturière,
Bouchère
Ciseleur sur métaux,
Garde national,
Communard, blessé mortellement « aux Moulineaux »
Demi-mondaine
Communard,
Peintre en bâtiment
Dans l’ordre chronologique :
Ciseleur sur métaux,
Garde national,
Communard, déporté, évadé en Amérique,
mineur dans une mine à charbon belge,
sans-emploi à Paris,
gardien de chantier,
sans emploi,
gardien du Bel-Air, la propriété de sa fille
Fonctions du personnage
Structure des nouvelles
Tableau complété
Idem
Idem
Idem
Paris
Dans l’ordre
chronologique :
Paris,
Nouméa,
Amérique,
Belgique,
Paris,
Région de Mantes
Lieux où évolue
le personnage
De la fin du Second Empire
à la IIIe République
La guerre de 1870, le siège
de Paris, la Commune
Idem
Idem
Dans l’ordre
chronologique :
la guerre de 1870,
le siège de Paris,
la Commune,
la III e République
Époques traversées
par le personnage
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Sagnard
Monsieur Bougran
Monsieur Devin
Eulalie
Huriot
Hautot père
Hautot fils (César)
Caroline Donet
Émile
Idem
La Retraite de
Monsieur Bougran
Idem
Idem
Idem
Hautot père et fils
Idem
Idem
Idem
Idem
Rouen
Ainville,
Rouen
Ainville
Idem
Idem
Idem
Paris
Idem
Idem
Idem
Idem
Non mentionné. Sans
doute la III e République
Idem
Idem
Idem
La IIIe République, puisqu’on fait mention du
« temps des abominations
démocratiques » dans le
chapitre I
La III e République
Trois nouvelles naturalistes
Fils adultérin d’Hautot père
Maîtresse d’Hautot père et future maîtresse d’Hautot
fils
Idem
Riche propiétaire terrien
Garçon de bureau à la retraite, puis
garçon de bureau chez Monsieur Bougran
Bonne de Monsieur Bougran
Chef de bureau
Retraité de l’administration
Boucher, rue Nollet
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leur début). Demander aux élèves de déterminer les grandes
étapes de chaque récit. Corriger en donnant le schéma narratif
de chaque nouvelle. Demander de comparer les situations initiales et les situations finales pour faire apparaître ce qui s’est
transformé et surtout ce qui revient à un retour au même. On
montrera donc que l’histoire, dans les trois nouvelles, progresse en ressassant.
ÉTUDE DE JACQUES DAMOUR
• Des personnages caractérisés
Objectif : la notion de déterminisme.
Support : tableau à compléter.
Préparation : remplir le tableau « Les personnages de Jacques
Damour » dans le Dossier (• p. 136). Citer le texte pour
justifier les réponses. Vous trouverez dans le tableau corrigé page suivante un aperçu rapide des réponses que l’on
peut attendre.
Il faut montrer que la forte caractérisation des personnages
détermine leur destin. On pourra à ce propos souligner que le
physique des personnages est connoté. Par exemple, le dessèchement de Damour et son vieillissement prématuré révèlent
sa dégénérescence physique. L’embonpoint de Félicie, la
conservation de sa jeunesse (Damour la prend pour Louise la
première fois qu’il la revoit) montrent au contraire la force de
son tempérament.
On fera lire ensuite l’extrait du Roman expérimental, en
demandant aux élèves de répondre aux questions qui portent
sur le texte (Dossier, • p. 140-142).
• Explication de texte
→ Extrait du chapitre I, « Vers le milieu de décembre […].
C’était la Commune » (• p. 46-47)
Objectif : montrer le rapport entre roman et Histoire.
Support : questionnaire de la microlecture n° 1 (Dossier,
• p. 137).
Préparation : répondre aux questions de la microlecture n° 1,
en citant le texte pour justifier les réponses.
Destin
« gaillard » solide, « très vert » Bourgeois (commerçant)
pour ses soixante ans
(chap. IV)
« grand diable de peintre » Ouvrier
(chap. I),
« grand gaillard en blouse
blanche » (chap. II)
Sagnard
Berru
Parasite
S’adapte en fonction des circonstances
Doté de sang-froid, coura- Propriétaire d’une boucherie prospère
geux
Naïf, fougueux, comme son « Oisif » pendant la Commune,
père (hérédité)
échauffé par les discours révolutionnaires.
Trois nouvelles naturalistes
Ouvrier
Non décrit
Eugène
Ascension
Ascension
Déchéance
Abandonnée par sa mère. Use de ses Ascension
charmes auprès de messieurs argentés
Demi-mondaine
Beauté (chap. V)
Louise
Frivole
Ouvrière puis bourgeoise Pragmatique, anxieuse, pru- Pendant la Commune, mariée à Jacques Ascension
(commerçante)
dente
Damour ; elle désapprouve son engagement
révolutionnaire.
Rencontre avec Sagnard après la Commune
« Oisif » pendant la Commune (perte de Déchéance
travail) ;
de plus en plus miséreux ;
échauffé par les discours révolutionnaires ;
révolté par la mort de son fils.
Après la Commune : une énergie qui s’amenuise ; la découverte de l’alcool
Circonstances
de la vie
Embonpoint,
beauté, jeunesse
(chap. III)
naïf, fougueux
Caractéristiques
psychologiques
Félicie
Ouvrier
Catégorie sociale
Maigreur
(chap. I)
Description physique
Damour
Personnages
Les Personnages de Jacques Damour
Tableau complété
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Le rapport entre l’Histoire et les personnages
1. Relevez les différents faits historiques mentionnés dans
l’extrait. Relier les faits mentionnés à la chronologie. Éventuellement, placer les événements sur un axe des temps.
2. Quels sont les termes qui relient logiquement le contexte
historique et la vie privée des personnages ? On introduira la
notion de connecteurs logiques (« mais », « alors »).
La réaction des personnages
1. Relevez les termes exprimant la réaction de Jacques
Damour et d’Eugène par rapport à la situation historique. Que
remarquez-vous ? Insister sur le champ lexical de la folie. La
fièvre révolutionnaire s’apparente à une maladie mentale, un
dérèglement psychique dû à des causes exogènes. On rappellera les présupposés déterministes et scientistes de Zola.
2. Même question appliquée au personnage de Félicie.
Souligner que, par tempérament, elle n’a pas la même réaction que son mari et son fils.
3. Même question appliquée au personnage de Berru. On
fera apparaître son hypocrisie et son absence de fiabilité.
4. Relevez les passages au discours indirect libre. Quel est
l’effet produit ? C’est un effet réaliste qui permet de faire
entendre les personnages. On prend ainsi mieux la mesure de
leurs réactions.
La place du narrateur
1. Le point de vue du narrateur est-il interne, externe, ou
omniscient ? Omniscient. On s’en rend compte ne serait-ce
qu’avec la dernière phrase. L’explication est ainsi l’occasion
de réviser la notion de point de vue.
2. Quelles sont les causes que semble privilégier Zola
pour expliquer l’emballement révolutionnaire ? La misère,
l’oisiveté (les « bras mous », • p. 46), l’échauffement mutuel
(Damour et son fils, Berru), « l’estomac vide » (• p. 46), les
rumeurs (l’extermination du peuple par le gouvernement),
la menace royaliste, la provocation prussienne (le défilé),
« l’affaire des canons de Montmartre » (• p. 47). Zola semble
énumérer toutes les conditions sociales, économiques et politiques qui favorisent l’insurrection.
3. D’après cette page, diriez-vous que Zola éprouve de la
sympathie pour le mouvement communard, ou bien manifeste-t-il une certaine distance ? Justifiez votre réponse. On
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• Travaux complémentaires sur Jacques Damour
1. Autres explications de textes : s’appuyer sur les questions des microlectures n° 2 et 3 (la description de la boucherie, l’excipit de la nouvelle, • p. 137-138).
2. Exposé : la vision de l’Histoire dans Jacques Damour.
3. Lectures complémentaires : Zola, La Débâcle, Le Ventre
de Paris, Nana. Voir également les extraits de La Débâcle et
du Ventre de Paris dans la partie « Dossier » (• p. 144-149).
ÉTUDE DE LA RETRAITE DE MONSIEUR BOUGRAN
• La satire de la fonction publique
Objectif : la notion de satire, un monde à rebours de la nature.
Support : essentiellement le chapitre I.
Préparation : relire le chapitre I. Relever les expressions de
l’habitude. Interroger sur la place prépondérante des références juridiques. Déterminer la tonalité (ou registre) du
texte.
Pour plus de commodité, on peut limiter l’étude de la satire
au chapitre I. On peut orienter l’étude selon trois axes :
– montrer, par l’étude du champ lexical notamment, que
l’administration est le règne de l’habitude, de la répétition.
Voir, par exemple : « […] cette habitude d’un bureau vous
enfermant dans une pièce toujours la même, pendant
d’identiques heures, avec cette coutume d’une conversation
inchangée, chaque matin, entre collègues » (• p. 93) ;
– mettre en lumière l’importance du langage. On fera
relever les formules administratives et on en demandera le
sens aux élèves pour qu’ils prennent la mesure de leur vide
sémantique ;
– montrer que la vie de bureau est frappée d’artifice. Rien
n’est improvisé, tout est prévu par les codes et les lois. Il y a
même un effet de prolifération qui confère à l’administration un
aspect monstrueux : « Partout s’épandaient les protocoles ; les
salutations de fin de lettres variaient à l’infini » (• p. 92). Les
fonctionnaires adoptent en outre une attitude fausse, hypocrite
(voir par exemple la fin du chapitre I). C’est cette artificialité
Trois nouvelles naturalistes
relèvera les termes dévalorisants et ceux connotés négativement. Zola comprend le mouvement révolutionnaire mais n’y
adhère pas.
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qui permet à Bougran de recréer chez lui l’illusion d’être au
ministère. Le monde de l’administration est donc celui de
l’antinature, vain et stérile.
À chaque fois, on insistera sur l’humour de Huysmans,
notamment à travers les figures d’exagération (hyperboles,
énumérations, etc.).
• La folie de Monsieur Bougran
Objectif : montrer que la conduite de Bougran révèle une psychopathologie.
Rappelons d’abord qu’émerge au XIXe siècle la psychiatrie
moderne. Or les aliénistes, hygiénistes ou psychologues
(Esquirol, Janet, Charcot, Ribot, etc.) se penchent sur la question de l’automatisme. Ils y voient une figure de l’aliénation :
celui qui agit comme un automate ne pense plus par luimême. Les naturalistes, nourris de lectures scientifiques, se
montrent fascinés par ces êtres qui fonctionnent comme des
mécaniques déréglées. Dans La Bête humaine par exemple,
les mains de Lantier commettent d’elles-mêmes le crime.
Dans La Retraite de Monsieur Bougran, la folie du vieux
fonctionnaire prend la forme d’une domination des habitudes
sur la volonté. Bougran, à force de travail, a assimilé sa vie à
sa fonction, calqué son langage sur celui de l’administration :
« comment se distraire d’un métier qui vous prenait aux
moelles, vous possédait, tout entier, à fond ? » (• p. 93).
Évincé de son poste au ministère, Bougran se montre incapable de s’adapter à sa nouvelle vie. Cette incapacité ne peut
le mener qu’à sa disparition, conformément aux théories de
Darwin sur l’évolution des espèces.
On peut étudier la folie de Monsieur Bougran en fonction
de trois axes :
– on fera relever aux élèves les symptômes de sa maladie
mentale, chapitre par chapitre, en soulignant l’évolution de
son mal. L’altération de la parole (Bougran, en ressassant le
langage du ministère, semble atteint d’une glossolalie inquiétante) est un des signes les plus patents de son dérèglement ;
– on étudiera ensuite les causes de cette maladie qui semblent exogènes : c’est la vie de bureau qui a rendu fou Monsieur Bougran (n’est-ce pas même la cause de son renvoi ?).
Nous avons affaire à ce qu’on nomme ordinairement une psychopathologie de la vie quotidienne. Mais au-delà, ne peut-on
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pas voir dans la folie de Monsieur Bougran un signe de la
maladie du corps social ?
– dans une dernière partie, on pourra donc aborder la
vision pessimiste de Huysmans : la vie moderne aliène
l’homme et finit par le détruire. Monsieur Bougran meurt
célibataire, sans laisser d’enfant. On pourra donc conclure sur
le décadentisme de Huysmans.
• Explication de texte
→ Extrait du chapitre II, « Mais ces pelouses soigneusement
peignées […] à ceux que l’on pouvait prévoir » (• p. 9698)
Support : questionnaire de la microlecture n° 4 (Dossier,
• p. 139).
Objectif : l’analyse d’une description ; la portée symbolique
de l’extrait.
Préparation : répondre aux questions de la microlecture n° 4,
en citant le texte pour justifier les réponses.
Un corps torturé
1. Relevez les termes appartenant au champ lexical du
corps. Quelle figure de style Huysmans utilise-t-il par ce
biais ? Les élèves doivent connaître la figure de la personnification pour répondre à la question.
2. Relevez les expressions qui dénotent la torture et celles
qui la connotent. Faire un tableau à deux colonnes (dénotation, connotation). Montrer que la métaphore de la « cave de
tortures végétales » résume le paysage.
Un paysage artificiel
1. Quelle est la valeur du pronom indéfini « on » ? Comment
interprétez-vous l’emploi de ce pronom ? Montrer que le pronom indéfini « on » se substitue aux hommes. La nature est
réorganisée par la main humaine, force anonyme et vaguement
menaçante. Voir, par exemple, le rapport sujet/objet dans la
phrase commençant par « On les écartelait […] » (• p. 96).
2. Relevez les expressions révélant l’intervention de l’homme
dans le paysage. Il s’agit de relever le champ lexical de l’artifice.
Parmi les métaphores et comparaisons employées, on soulignera
celles qui relèvent du champ lexical de la médecine.
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3. Relevez les négations. Que remarquez-vous ? Les négations et les oppositions portent sur la nature. Le jardin du
Luxembourg apparaît comme le parfait exemple d’un lieu de
l’antinature, un véritable paysage à rebours. Cette extrême
artificialité signifierait-elle que les lois de la nature ne s’exercent plus dans le monde civilisé et que le naturalisme s’épuise
à vouloir les retrouver ? L’homme apparaît comme maître et
possesseur de la nature et peut agir sur le réel comme bon lui
semble.
La portée symbolique de la description
1. Relevez les figures d’analogie et commentez-les. La question doit amener les élèves à comprendre que les comparaisons
et les métaphores permettent d’associer le jardin du Luxembourg non pas à sa réalité référentielle mais à d’autres réalités :
la chirurgie, la salle de torture, le ministère.
2. Expliquez pourquoi le jardin du Luxembourg est le
« parfait symbole avec l’administration ». On insistera sur les
deux points de comparaison importants : « l’embrouillamini »
des textes comparable à l’entrelacement des plantes, l’absurdité administrative similaire à la dénaturation.
3. En quoi le paysage peut-il être révélateur de l’état
d’esprit de Monsieur Bougran ? On pourra préalablement
poser les deux questions fondamentales : « qui voit ? qui
parle ? ». La focalisation interne nous montre que le paysage
est vu par Monsieur Bougran. Mais la voix narrative est
autant celle intérieure du personnage que celle du narrateur.
Ce dernier nous fait même entendre ce dont Monsieur Bougran semble ne pas avoir conscience : « sans même s’être
aperçu que cette chirurgie potagère […] » (• p. 97). Le paysage peut donc se lire comme une représentation de l’inconscient du personnage à la fois structuré comme un texte administratif embrouillé et porteur d’une souffrance (voir le
champ lexical de la mélancolie) équivalente à une véritable
torture corporelle.
• Lectures complémentaires
– Huysmans, À vau-l’eau, En ménage, À rebours.
– Balzac, Les Employés.
– Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir.
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ÉTUDE DE HAUTOT PÈRE ET FILS
Objectif : montrer comment est rendue l’illusion du réel.
Support : le chapitre I (• p. 115-121).
Préparation : relire le chapitre I. Pourquoi le récit vous paraîtil vraisemblable ?
Suggestion : on pourra présenter cette partie sous forme de
tableau en plaçant en ordonnée les grands procédés (indications de lieu, d’espace, détails réalistes, logique du récit,
utilisation du dialogue, niveaux de langue, etc.).
• Explication de texte
→ Du début du chapitre III à « la croûte du pain n’était pas
ôtée » (• p. 127-128)
Objectif : analyser un récit, percevoir le mouvement de la
répétition.
Préparation : répondre aux questions de la microlecture n° 5
(• p. 139), en citant le texte pour justifier les réponses.
Les procédés narratifs
1. Relevez les indications de temps et les temps verbaux.
Commentez votre relevé. Quelle différence temporelle existe-til entre le dernier paragraphe de l’extrait et les paragraphes
précédents ? L’étude de la temporalité permet de dégager la
dimension à la fois itérative et elliptique du récit.
2. Déterminez les points de vue utilisés. La focalisation est
tour à tour omnisciente et interne.
3. Repérez le passage au discours indirect libre. Quel est
l’effet produit sur le lecteur ? Le passage commence à « Elle
lui avait plu » (• p. 128). Le discours indirect libre permet de
rendre le discours intérieur du personnage.
Les sentiments de César
1. Dans quel état d’esprit se trouve César dans les deux
premiers paragraphes ? On exposera toutes les manifestations de la douleur du deuil.
2. Quels sont les sentiments que César commence à éprouver pour Mlle Donet ? La réponse semble évidente : « Elle lui
avait plu. »
Trois nouvelles naturalistes
• Les procédés réalistes dans la nouvelle
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3. Commentez la phrase : « C’était une espèce de famille
qu’il avait là dans ce mioche clandestin qui ne s’appellerait
jamais Hautot, une famille qu’il pouvait prendre ou laisser à
sa guise, mais qui lui rappelait le père. » On insistera sur
l’ambivalence du discours de César. César retrouve une
famille qui lui rappelle son père. Mais la différence de patronyme l’autorise à prendre la place de son père. Se joue un
désir incestueux qui ne dit pas, dans tous les sens du terme,
son nom.
Rupture et continuité
1. Relevez les expressions qui montrent la proximité entre
Hautot père et Hautot fils. On insistera sur la similarité entre
le père et le fils, qui résulte à la fois du mimétisme et de
l’hérédité.
2. Quel changement majeur intervient dans la vie de César ?
César est seul désormais.
3. Que suggèrent les deux derniers paragraphes à propos de
la vie de César ? Les deux derniers paragraphes indiquent un
certain retour à l’ordre. Hautot fils se substitue à Hautot père.
La différence entre les deux est minime, superficielle comme
la croûte qui demeure sur le pain.
• Lecture complémentaires
– Romans de Maupassant : Une vie, Fort comme la mort.
– Nouvelles de Maupassant : Monsieur Jocaste, Adieu,
Fini, Le Champ d’oliviers, La Main gauche.
SYNTHÈSE :
LES CARACTÉRISTIQUES NATURALISTES DES TROIS NOUVELLES
Objectif : comprendre quelques principes de l’esthétique
naturaliste.
Support : Présentation (• p. 5-18), extrait du Roman expérimental et Préface de Pierre et Jean (Dossier, • p. 140-143).
Préparation : lire et résumer la Présentation ; répondre aux
questions portant sur les extraits du Roman expérimental et
sur la Préface de Pierre et Jean.
Le plan du cours pourrait être le suivant :
I. Les procédés réalistes : on pourra présenter cette partie
sous forme de tableau en plaçant en ordonnée les grands pro-
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cédés (indications de lieu, d’espace, détails réalistes, logique
du récit, etc.) et en abscisse les nouvelles.
II. Les présupposés scientifiques : on insistera sur la
question de l’évolution de l’espèce humaine (présente dans
les trois nouvelles), sur le déterminisme (Zola), l’automatisme (Huysmans), le mimétisme et l’hérédité (Maupassant).
III. La position du narrateur : la voix narrative est à la
fois neutre (pas de « je »), par souci d’objectivité, et omniprésente. Les textes révèlent le « tempérament » de l’écrivain.
Les trois auteurs adoptent un point de vue ironique et pessimiste sur l’évolution humaine.
TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES
• Exposés
– Comment naît un mouvement littéraire ? L’exemple du
naturalisme.
– Darwin et la théorie sur l’évolution des espèces.
– La recherche médicale au XIXe siècle.
• Commentaires composés
– Jacques Damour : chapitre II, de « Un soir, dans un
cabaret » à « Qu’allait-il faire là ? » (• p. 55-56).
– La Retraite de Monsieur Bougran : chapitre III, de « Il
vécut, pendant un mois, de la sorte » à « Monsieur Bougran
secouait doucement la tête, et sortait » (• p. 103-105).
– Hautot père et fils : chapitre II, de « Il entra dans Rouen »
à « avec des yeux stupéfaits » (• p. 122-123).
• Dissertation
Dans Le Roman expérimental, Zola définit le but de l’écrivain naturaliste : « Notre grande étude est là, dans le travail
réciproque de la société sur l’individu et de l’individu sur la
société. […] Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre
scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société. » Vous apprécierez ce jugement en vous appuyant sur Jacques Damour, La
Retraite de Monsieur Bougran, Hautot père et fils ainsi que
tous les textes naturalistes que vous connaissez.
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• Sujet d’invention
Eulalie et Huriot échangent leur point de vue sur Monsieur
Bougran. Inventez leur dialogue. Vous tiendrez compte des
caractères opposés des deux personnages. Chacun d’eux analysera à sa façon la conduite du vieux fonctionnaire, en expliquant à l’autre son jugement pour le rendre plus convaincant.
• Travail en module
On peut travailler en module sur les questions « qui voit ?
qui parle ? » et réviser ainsi les notions de point de vue et de
discours rapporté. Pour ce faire, on peut s’appuyer sur des
exemples dans Jacques Damour. Ainsi, dans le chapitre III, à
partir de « Tout en causant et en rendant la monnaie »
(• p. 63).
IV . O R I E N T A T I O N S
BIBLIOGRAPHIQUES
Sur le naturalisme
BAGULEY David, Le Naturalisme et ses genres, Paris, Nathan, 1995.
BECKER Colette, Lire le réalisme et le naturalisme, Paris, Dunod,
1992.
CABANÈS Jean-Louis, Le Corps et la Maladie dans les récits réalistes (1856-1893), Paris, Klincksieck, 1991.
PAGÈS Alain, Le Naturalisme, Paris, PUF, « Que sais-je ? », n° 604,
1989.
Sur Zola
MITTERAND Henri, Zola et le naturalisme, PUF, « Que sais-je ? »,
n° 2314, 1986.
Sur Huysmans
BONNET Gilles, L’Écriture comique de J.-K. Huysmans, Paris, Honoré
Champion, 2003.
Sur Maupassant
Maupassant, miroir de la nouvelle, colloque de Cerisy, 1986, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, « L’imaginaire du
texte », 1988.
Stéphane GOUGELMANN.

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